Ewenn avait suivi Sieur Barrn dans les rues froides de Haven en direction de la demeure des D'Armentières. Il n'était pas sûr d'être à sa place à cette réception, mais le Kyree semblait tenir à ce qu'il soit là. Pour sa part, toutes ces considérations de mariage et d'enfants étaient à mille lieux de ses préoccupations actuelles, et s'il était très heureux pour sa prédécesseuse de ce bel évènement, il avait du mal à se sentir concerné. Cependant ils étaient d'abord allés s'occuper d'un conflit opposant des habitants de Haven et une petite colonie d'Iftel, et Ewenn avait rédigé un rapport qui servirait à réfléchir à une solution équitable à apporter aux deux parties du conflit. Il trouvait toujours cela instructif et cette réflexion était la partie du travail qu'il préférait.
Mais ils ne s'étaient pas étendus en longueur, étant déjà en retard. Les deux accolytes avaient fini par arriver devant la porte de la maison d'Isabeau et sa famille. Comme ils étaient les derniers, ils entrèrent en douceur, alors qu'un barde ou un apprenti plutôt, chantait en l'honneur du nourrisson. Ewenn se laissa captiver par sa voix, avant de reconnaître Yvelin, qu'il avait déjà rencontré à la bibliothèque et avec qui il avait déjà pu échanger. Il prit donc d'autant plus plaisir à entendre la fin de la chanson. Puis, alors que le brouahah de la réception se faisait plus fort, il suivit son maître jusqu'à la jeune femme, qui irradiait de bonheur. A son tour il félicita la jeune maman et complimenta le nourisson en remettant le présent de Sieur Barrn, un bel ouvrage que l'enfant passerait sans doute des marques à lire et relire une fois qu'il serait en âge de le faire, connaissant sans doute déjà par coeur les histoires que sa mère lui aurait contées auparavant. Puis, peu à l'aise parmi tout ce monde, il recula derrière le bibliothécaire, lui laissant la place qui devait être la sienne, ne voulant pas se montrer impertinent.
Isabeau leur demanda des nouvelles de la bibliothèque et la réponse de Barrn fit sourire le jeune homme qui ajouta, amusé :
-J'essaie de faire un aussi bon travail que vous, mais il faut dire que vous avez fait forte impression et j'ai encore du chemin à faire pour vous arriver à la cheville. En tous cas je fais de mon mieux et je comprends pourquoi vous aimiez ce poste !
Il regarda Montaro, un instant attendri, avant de reprendre :
-Et vous-même ? Votre travail de chroniqueuse vous plait-il ? J'imagine que vous prenez une pause pour l'instant pour pouvoir profiter de votre petit garçon ?