"Ca je le sais."
Kate n'avait jamais vraiment eu besoin d'alcool pour briser des barrières, du moins de son côté. Elle n'avait pas besoin de motivation supplémentaire, ou d'endormir une quelconque crainte. Quand elle s'était avouée, grâce à Micha, qu'elle aimait les femme, cela avait été si logique, si évident, que même sa première fois dans les bras d'une autre avait été d'un naturel désarmant. Elle ne se souvenait que trop du soulagement intense, sans même parler du plaisir, de voir que son corps pouvait réagir sous les caresses d'une autre. Puis elle avait appris à en donner aussi.
Il avait fallut au moins son sens de la famille et son esprit cartésien pour renoncer à une vie plus libre qui lui aurait permit d'assumer sa nature.
Mais, en tant qu'amante, elle avait eu plusieurs fois l'occasion de, disons, déniaiser des jeunes filles curieuses, qui avaient trop bu avant. Et même si Kate se considérait comme une amante assez douée, le résultat n'avait pas franchement était à la hauteur.
"Mais ce n'est pas comme je cherchais à éprouver du plaisir. Et pour le reste, je n'aime pas faire traîner les choses. Le devoir conjugal sera une obligation, autant en finir le plus rapidement. J'ai peur, je déteste l'idée d'avoir mal, et je sais que Micha a horreur de penser qu'il puisse me faire souffrir. Ca nous servirait à quoi, de vivre dans le stress d'une chose qui doit arriver et qu'on reporterai ? Je sais, j'ai bien compris que ma façon de penser te laisse perplexe, voire te... révolte ? Je ne dis pas que c'est logique, même si j'aime l'être. Je repenserai à ce que tu m'a dit, plus tard. La j'ai tellement de choses qui tournent dans ma tête que c'est certain, des solutions évidentes m'échappent. Mhh..."
Les doigts de Pluie étaient vraiment délicieusement agréables, et l'esprit de Kate vagabonda sur ce qu'ils seraient capable de faire ailleurs. Elle connaissait la réputation des Kestrachern, bien sûr. Ca l'avait toujours laissé curieuse. Soigner par le plaisir, parfois jusqu'à une relation sexuelle. Si Pluie ne comprenait pas comment pouvait raisonner Kate, c'était réciproque.
"Toute cette frénésie chez moi, je n'en peux plus... La pire je crois est ma soeur, une parfaite petite demoiselle qui attend de changer de nom d'ici quelques années. Quand je pense que je vais m'appeler De Girier... C'est tellement étrange. "
Elle écouta l'explication de Pluie et eut un petit rire:
"Je vois oui, un petit nom affectueux. Je vais proposer à Micha de l'appeler comme ça, je suis certaine que ça le fera rire."
Kate se retourna, torse nu sans aucune gêne, pour faire face à la Kestrachern. Elle fit tourner sa nuque, appréciant ses muscles nettement plus détendus.
"Merci pour ce massage, et tes conseils, ta réputation n'est pas volée. En tout cas, tu as une conception de l'amour et de l'affection très différente de celle de Valdemar, je suppose que ça n'a pas du être simple pour toi quand tu es arrivée ici. Valdemar se vante d'être cosmopolite de par son histoire, mais au fond, nous sommes plutot fermés non ? Et cela change d'une classe à l'autre. Chez les artisans par exemple, impossible d'assumer mes penchants sans que mon nom en pâtisse. Ce serait différent si j'étais Héraut, ou Barde par contre. Tout est si codifié..."
Sans vraiment se rendre compte de la portée du geste, Kate tendit sa main pour caresser un morceau d’étoffe composant la tenue de Pluiechantante.