Pluiechantante se demandait depuis quand le Don des Bardes était apparu chez Liane. Elle était certaine qu’elle ne le possédait pas quelques dizaines plus tôt. Ou en tout cas pas assez fortement pour qu’elle en sente les effets. C’était donc qu’il s’était lentement développé depuis l’ouverture forcée du bief.
« Je pense pas. J’ai trouvé … courte… récemment. Quand on jouait à cache-cache, oui. »
Elle sourit. Personne ne pouvait l’empêcher de s’intéresser à ce qu’elle estimait la regarder. Or la souffrance de sa petite plume la concernait au plus haut point. Elle était presque comme son propre enfant… si elle avait pu…enfin… elle aurait aimé avoir une fille comme Liane. A défaut, elle se satisfaisait d’être la marraine adoptive de cette merveilleuse enfant.
« Je me mêle toujours. Déf…déf…déformation professionnelle. Je… j’aime pas voir la souffrance et rien faire, oui. »
Dans le cas présent, elle aurait eu tort de ne pas s’en mêler. Liane était sa protégée. Or, comment pourrait-elle s’en occuper correctement si elle n’avait pas toutes les cartes en main. Avant de venir, elle ne saisissait pas les raisons de la relation alambiquée de l’enfant avec son père. Maintenant, elle comprenait mieux. Le problème ne venait pas uniquement de Beltran, mais de Riannon aussi. Elle ira lui parler le lendemain. Dès l’aube s’il le fallait.
« Oui, je sais ce que c’est lunatique. Je vois pas assez Riannon pour dire. Si elle avait du temps, ce serait plus pour Liane, oui? Peut-être elle a des soucis? »
Ce qui était probable vu la situation actuelle. Cependant, elle ne comprenait les raisons qui avait poussé Riannon à traiter Beltran de la sorte. Les Valdemarans étaient d’un compliqué pour tout ce qui touchait aux relations amoureuses!
« Mais si c’est plus facile pour toi, je peux venir te parler de Liane souvent, oui. Pour que tu sais ce qui se passe d’important dans sa vie à elle.»
Quoi qu’il en soit, Beltran semblait décider à faire des efforts et à s’occuper de la fille. Plueichantante en fut ravie. C’est avec large sourire qu’elle le rassura.
« Ça existe pas, le père parfait. Tu peux déjà être un père. C’est bien déjà. » Elle se leva. « Des conseils, j’ai toujours… mais pas maintenant oui. Un sujet à la fois… » Elle s’interrompit brièvement. « Tu vas mieux avec Mina maintenant, oui? J’ai entendu tu lui fais la cour à ton retour… Ça faisait beaucoup de bruit dans le Palais… C’est bien. Vivre à côté de son corps, comme Mina, c’est pas bon, oui. Je suis contente qu’elle avance, oui. »
Après un instant d’hésitation, elle lui tendit la main pour le saluer.
« Je suis heureuse d’avoir discuté, oui. Contente. Liane aussi, elle sera contente. »
Elle se dirigea d’un pas léger vers la porte. Alors qu’elle posait sa main sur la poignée, elle se retourna.
« Dis, Beltran, tu perces les oreilles de Liane oui? Elle veut des boucles comme moi… un trou par oreille, déjà, c’est bien. »
Puis elle sortit, légère et rassurée.