Fiersaule adressa un sourire chaleureux à l'enfant quand il fut clair qu'elle ne serait pas tenue responsable de la catastrophe. Cette enfant était vraiment méfiante, comme un animal sauvage, ou sans doute plutôt comme un chat qui avait reçu trop de coups de balai pour encore faire confiance aux êtres humains. Que fait-elle ici? Elle n'était clairement pas sortie du même moule que la plupart des jeunes servantes. D'ailleurs, elle n'était pas bonne, mais page, comme l'indiquait son uniforme. Sa petite taille lui permettait sans doute de se glisser sans aucune peine au milieu des foules les plus compactes.
Il invita ensuite la fillette à s'approcher pour voir la blessure de la jument. Il espérait ainsi pour les "réconcilier". Fieraule ne voulait qu'elles gardent un mauvais souvenir l'une de l'autre. Dubitative, la gamine lui répondit avec effronterie.
«Elle avait peur. Même les humains font des choses stupides, quand ils ont peur.»
Fiersaule observa le comportement de la fillette. Elle était clairement mal à l'aise et n'avait aucune envie de voir la jument de plus près. Il avait un instant pensé qu'elle avait peut-être peur de s'approcher du palefrenier, qui l'avait grondée un instant plus tôt. Mais elle cherchait plutôt à éviter de se rapprocher de l'animal.
«Dis-moi, tu as peur des chevaux? Quel courage il t'a fallu pour monter sur le dos de Mirabelle, alors!»
Il fit signe au palefrenier de repartir avec la bête et se tourna vers l'enfant. Il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.
«Bon, on va reprendre où on en était avant. Je dois nettoyer tes blessures. Comme il faut que tu enlèves ta tunique, on va trouver un endroit tranquille. Et avant tout, quel est ton nom, petite page? Moi je suis Fiersaule, et je m'occupe de soigner les non-humains. Et parfois les humains aussi, quand il y a besoin.»
Il se releva.
«As-tu besoin d'aide pour marcher ou ça va aller? Je peux te porter, si besoin est. Tu n'es sans doute pas bien lourde. Mais c'est mieux si tu arrives à te déplacer seule, même si c'est avec mon aide.»
Il se doutait bien que la fillette n'accepterait jamais d'être portée. En présentant les choses ainsi, il espérait lui donner l'impression que si être portée n'était pas envisageable, accepter une main secourable l'était, en comparaison.