Auteur Sujet: Conseil et Grand Conseil  (Lu 1397 fois)

Héraut Alemdar

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Conseil et Grand Conseil
« le: 31 mars 2020, 01:43:41 »
1er jour 2eme décade Été 1485

Alem toqua à la porte des appartements royaux. Il savait qu'Arthon était absent, mais la Reine venait de rentrer de la séance du grand Conseil:

"Ma Reine? Je viens aux nouvelles, comment s'est passé le Conseil?"



- Entrez, héraut Alemdar  !" lança Saskia depuis ses appartements.

Elle était assise derrière un bureau, et quand Alem entra, les feuilles qu'elle venait de jeter par-dessus son épaule finirent leur chute au sol. Elle porta une tasse fumante à ses lèvres e l'accueillit avec un sourire légèrement forcé.

- Que me vaut l'honneur de votre visite ?



Le sourire forcé de la Reine n'échappa pas à l'Attitré qui se retint de soupirer. Il ne réussirait donc jamais à se lier avec ce couple royal.

"Je venais voir si tout s'était bien passé, Ma Reine. J'ai ouï dire que le grand conseil était plus calme que d'habitude et je me disais que vous auriez peut-être envie d'analyser ce qui s'y est passé pour... pérenniser la chose?"



Saskia soupira et haussa les épaules.

- Calme... Calme... On peut dire ça. Le sujet du jour concernait l'influence que pouvaient exercer les créatures non humaines sur les humains et leurs habitudes de consommation - car voyez-vous, il semblerait que depuis quelques années, la fourrure est à la mode, sans doute lancer par une certaine créature non humaine dotée d'oreilles de chat.

Sa voix était devenue un grondement sur ces derniers mots, et elle avait serré des poings tremblants. Saskia inspira à nouveau, secoua la tête pour essayer de se calmer.

- Avez-vous un avis sur la question, Alemdar ?



Aïe. On avait attaqué son fils ainé. Ça n’avait pas dû lui plaire.

"Ah. Un sujet difficile. Mon avis c'est que de tout temps, en tous lieux, on a imité le pouvoir. Et Adrian est manifestement au coeur du pouvoir. Et surtout que quelqu'un a voulu utiliser cette mode stupide pour vous déstabiliser. Mais vous êtes plus forte que cela."

Alem réfléchi quelques instants.

"Je suppose que la fureur vous a poussé dans vos retranchements. Est-ce que la fameuse Peste n'aurait pas un peu refait surface ? Il ne faut pas hésiter à utiliser cette personna face à la cour, non?"



Saskia avait saisi une nouvelle liasse de papiers et s'apprêtait à les jeter. Se défouler le plus silencieusement possible... Mais la remarque d'Alemdar retint son geste - mais pas sa voix qui partit, bien malgré elle, dans les aigus :

- La FUREUR ?! Vous me croyez incapable de garder mon calme devant ces imbéciles ?!

Les feuilles volèrent vers le Héraut, sans l'atteindre. Elle se prit la tête entre ses doigts tremblants.

- Je ne dois pas m'énerver. Peu importe combien de fois ils s'attaqueront à moi ou à mes proches. Arthon n'a jamais besoin de crier pour se faire entendre. Et il n'est pas question que je retombe dans mes travers d'adolescente... Ils finiront par se lasser.

Mais Saskia savait que ce ne serait pas le cas. Elle le savait, mieux que quiconque... Elle fixa le Héraut du Roi à travers quelques mèches de cheveux :

- Ils finiront par se lasser, hein ?



"Je vous crois parfaitement capable de garder votre calme. Vous avez été élevé pour être une grande Dame. Et si je suggérais d'utiliser la Peste, c'était pour vous cacher derrière sa morgue, plutôt que de vous emporter. J'ai pensé que vous l'aviez fait."

Alem soupira et soutint le regard de Saskia:

"Non, ils ne se lasseront pas, vous le savez. Ils lâcheront peut-être Adrian ponctuellement, mais ils attaqueront toujours le pouvoir. Et vous êtes la Reine. Bientôt la Reine Regnante. Il faut vous blinder, vous le savez."



Saskia se massa à nouveau les tempes dans un soupir.

- Alemdar, vous ne comprenez pas.

Ses mots étaient tranchants. Non, il ne pouvait pas comprendre que, quelle que soit sa réaction, ça se retournerait forcément contre elle. Elle trimballait un sacré bagage derrière elle...

"Lui aussi..." intervint Antéa dans son esprit.

Le regard qu'elle lança au héraut était sombre, plein d'un ressentiment ancien. Elle se leva un peu brusquement, serra à nouveau les poings.

- Alors je fais ça comment ? Sans que ça se retourne contre moi ? Vous êtes le Héraut du Roi, il parait que vous pourriez être de bons conseils !



"Qu'est-ce que je ne comprends pas, expliquez-le-moi, Saskia."

Alem était né fils de Roi, il avait protégé de toutes ses forces un cadet vulnérable contre la tyrannie, malgré un envoutement. Il pouvait sans doute mieux comprendre le besoin de protection des siens que ressentait Saskia qu'elle ne le pensait.

"Moi ce que j'ai fait, c'est que je me suis choisi un second. À une époque c'était Jarhindel, maintenant, c'est plus Wylan. Un homme de confiance, a qui je puisse confier mes problèmes, mes peines, qui le garde pour lui et qui m'aide a trouver des solutions. Quelqu'un aussi sur qui je puisse hurler ma frustration. Un peu comme vous le faites sur moi maintenant. Vous pouvez me hurler dessus. Je n'ai rien contre. Vous pouvez aussi chercher ça chez une de vos amies. Il me semble que vous en aviez, vos témoins de mariage, mais que vous vous en êtes éloigné, non?"



"Il se fiche de moi ?!"

Antéa gardait étrangement le silence. Son Compagnon était toujours en première ligne pour tenter de calmer son Élue, mais pas aujourd'hui. Les mains serrées de Saskia tremblèrent un peu plus. Ça y est, lui aussi allait commencer à lui faire des reproches ?!

- Je me suis éloignée ? Non, elles sont devenues de Hérauts confirmées, parties en mission de probation... Ne commencez pas à me faire des reproches, vous aussi !

Une troisième liasse de papiers vola dans les airs.

- Vous ne comprenez pas ce que je traine derrière moi. Quoi que je fasse, quoi que je dise... Les gens ne me laisseront jamais le bénéfice du doute !



Alemdar ne réagit pas aux gestes de colères de la presque monarque.

"Vous entendez des reproches là où il n'y a qu'une simple constatation. Je ne vous ai accusé de rien. Parfois les amitiés s'étirent, cela arrive. Je vous suggère juste de renouer avec elles pour vous trouver une confidente dans le lot. "



Saskia fit un petit geste de la main, celui que l'on fait pour chasser une mouche importune :

- Elles sont occupées. Et je préfère qu'on ne les voie pas avec moi. Que les idiots du grand conseil ne se mettent pas à les prendre pour cible à leur tour.



"Elles sont hérauts. Elles sont très capables de supporter les pressions de la Cour. Surtout Enora de Lolryn et Isabeau d'Armentière. Elles sont de moins haute extraction que vous, mais elles  restent noble. De plus, elles vivent à la cour depuis des années. Lassez leur leur chance. Et laissez-les choisir."



Saskia leva les yeux et secoua la tête.

- Vous êtes fou ? Isabeau est jeune mère, et Enora est si gentille qu'elle tendra le bâton pour se faire battre ! Non, il faut que je trouve un moyen de rabattre leur caquet. Seule.

"Tu n'es plus seule, Saskia. Tu n'as pas les épaules pour supporter ce fardeau."

Antéa avait à nouveau fait une simple incursion qui n'appelait aucune réponse. Saskia n'était pas douée de beaucoup de parole par l'Esprit, aussi était-il frustrant quand son Compagnon décidait ainsi de se couper d'elle.

- Je finirai par y arriver.
« Modifié: 01 avril 2020, 20:56:18 par Héraut Alemdar »

Pour les mp, voyez avec la grise qui aspire à devenir archiviste, là, Isabeau de Girier, me semble

Héraut Alemdar

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Re : Conseil et Grand Conseil
« Réponse #1 le: 02 avril 2020, 00:58:05 »
"Je pense que vous sous-estimez vos amies. Après, il vous reste toujours moi. Vous ne m'aimez pas, donc pas besoin de prendre soin de moi. Je vis dans les intrigues de cour depuis ma naissance, donc je les connais. Vous pouvez me parler, Saskia."

L'Attitré s'approcha du bureau de la Reine et s'y appuya:

"Personne dans le cercle ne doute que vous y arriverez, Saskia. Mais peut-être pas toute seule."



- Je...

Saskia eut un mouvement de recul quand il s'approcha de son bureau. Une partie de sa colère, vis-à-vis du conseil, fondit, et elle détourna la tête. Mais elle gardait son expression des mauvais jours, limite boudeuse.

- Je ne vous déteste pas, Alemdar.

Elle avait des tas de choses à dire. Mais sa gorge la fit s'arrêter sur ces mots.



Elle eut un mouvement de recul. Bien sûr qu'elle avait eu un mouvement de recul. Le grand méchant Alemdar s'approchait d'elle. Elle se devait de fuir, elle et son mari ne supportait qu'à grand-peine leur héraut attitré, et... Hein? Elle ne le détestait pas? Pardon? Un instant déstabilisé par ces mots, Alem décida cependant de pousser son avantage. Il répéta donc, plus doucement, sur un ton plus gentil:

"Vous pouvez me parler, Saskia. Continuez."



Saskia serra les dents. Elle s'aventurait sur une conversation qu'elle ne voulait pas avoir.

- J'ai toujours voulu vous soutenir dans votre fonction, Alemdar. J'ai voulu convaincre Arthon que... Mais...

Elle fronça les sourcils...

- Pourquoi la conversation a dévié ainsi ?



Saskia se confia. Un peu. Alem décida de lui offrir un peu de réciprocité. Il lâcha le bureau et commença à marcher dans la pièce:

"Arthon... Pour Arthon, j'ai l'éternel défaut de ne pas être Aranel. Je ne sais pas comment surmonter cela."

Il sourit quand elle s'étonna du tour pris par la conversation:

"Les Dieux seuls le savent, ma Reine."



Saskia hocha la tête, mais la tristesse voilait son regard, malgré ses sourcils froncés :

- On ne vous déteste pas. Personne n'a eu le temps de faire le deuil d'Aranel, Alemdar. Elle a à peine poussé son dernier soupir que vous êtes arrivés, Taver et vous. Ça a été difficile pour tout le monde. Aranel était une amie, et elle nous manque. Et bien que tout cela se soit passé, il y a une éternité...

Elle haussa les épaules, et osa enfin couler un regard vers lui, où se mêlaient tristesse, froid et colère :

- Je n'ai jamais pris le temps d'apprendre à vous connaître, finalement. Même si je voulais vous donner une légitimité, je ne vous ai personnellement jamais laissé une chance de m'approcher et d'accomplir votre rôle de Héraut du Roi... ou de la future Reine...

Son nez se fronça sur ces derniers mots.



"Je sais bien qu'elle vous manque. Mais c'est dans l'ordre des choses que Taver et moi arrivions à ce moment-là. Bon... Je reconnais avoir été maladroit au départ, il est vrai."

Et bien que sa voix n'en laisse rien paraitre, ça lui arrachait la gueule de le reconnaitre.

"Je débutais, dans un cercle, un rôle et un pays nouveau. Vous avez été formée, vous avez droit à une probation. Je n'ai rien eu de tout cela. Oui, j'ai été maladroit."

Il y avait un peu de dépit dans sa voix. Ça avait tout fait foiré. Alors en attendant que les royaux se décongèlent a son égard, il se contentait de faire tourner le Cercle aussi parfaitement que possible.

"Mais vous me laisserez approcher, maintenant?"

Le dégel était-il enfin là? Alem avait de la peine a y croire.



Saskia détestait ce que disait Alemdar. Elle savait qu'il avait raison, mais ça n'empêchait que... Et bien... Taver et lui auraient dû attendre avant de s'annoncer. Ça n'aurait pas dû commencer ainsi. Le nouveau Héraut des souverains s'occupait du cercle héraldique, mais pas vraiment de son rôle premier. Saskia le dévisagea quand il posa sa question, et elle hésita avant de se diriger vers une armoire qu'elle ouvrit en grand avant de saisir deux bouteilles pleines.

- Venez avec moi.

Saskia sortit de ses appartements et se dirigea vers le Champ des Compagnons, et plus précisément vers le bosquet, où elle s'installa à même le sol. Elle tendit une bouteille à Alemdar et déboucha la sienne, la levant comme pour porter un toast.

- Au dégel !



Alem fit un petit signe de garde-à-vous quand la Reine lui ordonna de le suivre.

"Oui Madame!"

Il la suivit jusqu'au bosquet où elle s'assit dans l'herbe, sans aucun scrupule pour son uniforme blanc. Il ne savait pas trop ou elle voulait en venir, mais il ne voulait pas casse le moment, aussi s'assit-il avec son uniforme blanc dans l'herbe.

Il prit la bouteille, trinqua au dégel et but une lampée. Puis il joua un peu avec sa bouteille.

"Ok... On reprend depuis le début, je suppose? Faisons connaissance.  Posez-moi une question, n'importe laquelle et j'y répondrais. Après, c'est mon tour. Et ainsi de suite?"

Il aurait bien commencé a lui poser une question, mais ce ne serait pas courtois, les Dames d'abord.



Saskia but de concert avec Alemdar. Elle avait toujours bien tenu l'alcool, aussi ne craignait-elle pas d'agir de manière inconsidérée.

- Très bien, je commence... (Elle prit le temps de réfléchir, bt encore une gorgée au goulot de sa bouteille avant de lancer : ) Vous avez un souvenir avec Aranel ?

À vrai dire, elle ne savait même s'ils avaient eu le temps de se connaître...



"Aranel... Non, je n'ai pas de souvenir d'elle... À vrai dire, je ne crois pas l'avoir jamais rencontrée. Elle était déjà très malade à mon arrivée. Et j'étais possédé, donc mes souvenirs sont flous, voire inexistants. Après ma libération, je sais que je ne l'ai pas rencontrée. Et vous? Je suppose que vous avez plein de souvenirs d'elle. Mais s'il y en a un en particulier, c'est lequel?"



Saskia grimaça.

- À vrai dire, je ne saurai lequel choisir... Nous avons vécu des moments forts, toutes les deux, mais si je devais en choisir un...

Ses expressions changeaient à mesure que les souvenirs défilaient dans sa tête. Joie, tristesse... C'est ce dernier sentiment gravé le plus longtemps.

- Le soir où Antéa est morte... Ce soir-là, j'avais rendez-vous avec Aranel, mais elle a été appelée ailleurs... Cet ailleurs, c'était Antéa qui mettait bas, alors qu'elle était atteinte de la maladie. Ce soir-là, Aranel m'a fait confiance, elle m'a mise dans la confidence de la maladie qui touchait les Compagnons à l'époque, et qui était un grand secret...

Saskia secoua la tête, une boule dans la gorge - boule qu'elle fit descendre d'une rasade d'alcool. Elle leva la bouteille devant ses yeux :

- Mais c'est quoi comme bouteille, en fait ?



"Ça a dû être une soirée très difficile. Vous... Vous étiez déjà élue? Ou pas encore? Ce n'est pas clair dans votre dossier. Mais je retiens que c'est la confiance que vous a accordée Aranel qui vous a touché."

Alem pris une micro gorgée de la sienne, histoire de gouter plus attentivement.

"La mienne, c'est du vin cuit Hardonnien. Pas mauvais. Sinon, pas d'autre question? J'en tente une alors."

Il réfléchit quelques instants...

"Qu'est-ce qui fait de vous une héraut? Au-delà de votre élection. Qu'est-ce qui a fait en vous qu'Antéa vous a choisis?"

À l'écoute, Alem se préparait a répondre a la même question, s'attendant à ce qu'elle la lui renvoie.



Saskia secoua la tête pour signifier que non, elle n'était pas encore Elue à cette époque. Elle nota, cependant, qu'Alem avait lu un dossier sur elle...

La question qu'il lui posa était compliquée. Elle leva les yeux vers le ciel, en pleine réflexion. Elle finit par hausser les épaules :

- Je n'en sais rien. J'ai l'impression que l'uniforme que je porte... Ce n'est qu'un concours de circonstances. J'ai toujours rêvé d'être un héraut, mais... aujourd'hui encore, je me demande si j'en suis digne, de cette tenue.

Antéa ne s'invita pas dans son esprit pour lui donner de réponse, ce qui déstabilisa un peu plus Saskia. Elle se tourna vers lui, les sourcils froncés :

- Je sais que c'est étrange de demander cela à un Rethwellan, mais... J'ai juré à Arthon d'être un héraut digne de lui... Je me suis laissée déborder par les événements et au final... Est-ce que je suis vraiment un Héraut, à vos yeux, Alemdar ?



Oula... Elle n’y allait pas par quatre chemins. Alem but une microgorgée de vin pour se donner une contenance, puis il temporisa:

"Il y a... Il y a deux réponses à cette question. Elles sont toutes les deux vraies. L'une est complète et probablement en partie déplaisante. L'autre, plus diplomate est plaisante, mais incomplète. Laquelle voulez-vous?"



Les yeux de Saskia se plissèrent. Au moins était-il honnête avec elle... Pourtant, elle n'hésita pas une seconde :

- Vous êtes le Héraut du souverain. Je peux vous dire que vous ne feriez pas votre travail si vous commenciez à me cirer les bottes. Il y aura forcément des moments où vous direz des choses pour nous déplaire, mais qui seront réfléchis et probablement justes. Autant m'y habituer tout de suite.

Elle regarda sa bouteille, la leva et y but :

- Au dégel, on a dit.



"Certes."

Mais il peur de rebraquer la Reine. Il trinqua de nouveau, pris une grande respiration et dit ce qu'il avait à dire:

"Pendant plusieurs années, vous vous êtes replié sur vous-même pour élever vos enfants. C'est très honorable de la part d'une Reine Consort, pas de la part d'une héraut. Pour moi, à l'époque, vous avez failli à votre devoir. C'est pour cela que je me suis opposé à ce que vous preniez le blanc en même temps que vos camarades. Mais depuis, vous vous êtes bien éveillé, vous avez fini le cursus, commencé votre probation, pris les rênes du Grand Conseil... Depuis l'an dernier, oui, vous êtes une vrai Héraut. Vous remplissez très bien vos devoirs de hérauts. Et j'ai hâte de vous voir siéger au Conseil aux côtés d'Arthon."



- C'est... tout ?

Saskia en resta légèrement bouche bée. Elle éclata de rire.

- Excusez-moi, Alemdar ! Je m'attendais à un sermon bien plus mordant ! À croire que les gens du Grand Conseil, avec leurs attaques sournoises, m'ont endurcie ! Mais vous avez raison , je le sais. Je vais même vous avouer quelque chose...

Elle reprit un air sérieux, et son regard porta au loin :

- Le matin, la première fois que je m'habille, je remets mon uniforme gris. Parce que je n'ai encore rien fait qui mérite le blanc. Je ne le porte que... Comme un symbole de ce que je dois représenter.



Alem rit de bon coeur avec la Reine.

"Je me suis sans doute trompé sur vous. J'ai un mauvais passif avec les Reines. Vous n'imaginez pas comment réagissait ma belle-mère à une critique..."

Puis elle redevint sérieuse et presque sombre.

"Pour mériter le Blanc, il faut simplement finir ses études de gris. Ni moi ni le doyen Joald ne vous aurions laissé prendre le blanc si vous n'en aviez pas été digne. Après, il vous reste à mériter votre autonomie. Et les rapports que je reçois m'indiquent que vous êtes en bonne voie. C'est bien la modestie, mais il ne faut pas vous déprécier. Promis, dorénavant, si vous faites une erreur, ou si vous ne vous montrez pas digne de votre rang, je vous le dirais. Mais pour le moment, il n'y a pas de problème."



C'était la première fois qu'elle riait depuis longtemps, et c'était aussi la première fois qu'elle voyait Alemdar se détendre.

- J'ai encore une question à vous poser."

Elle leva un doigt sur ses lèvres, comme pour s'obliger à se concentrer.

- Vous avez un dossier sur moi ?

"Saskia !", intervint Antéa, outrée.

"Quoi ?! J'ai le droit de savoir !



A nouveau, Alemdar éclata de rire:

"J'ai des dossiers sur tout le monde! D'Aaron à Wylan. Pourquoi, vous voulez voir le votre?"

Il se permit de lui faire un clin d'oeil:

"Ou le mien, peut etre?"

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Héraut Alemdar

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Re : Conseil et Grand Conseil
« Réponse #2 le: 04 avril 2020, 21:35:52 »
Les lèvres de Saskia frémirent, hésitant entre rire franchement ou jouer la comédie en le houspillant. Elle décida de rire :

- Je n'aurai même pas imaginé demander votre propre dossier - mais je note que vous en avez fait un sur vous-même , ce qui va me pousser à m'interroger sur votre égo ou votre santé mentale ! En tout cas, s'il vous manque quelque chose dans votre dossier à mon propos, demandez-le-moi directement s'il le faut. Et vous comprendrez pourquoi il faut toujours que je...

Saskia laissa sa phrase en suspens, comme si elle venait de mettre le doigt sur quelque chose. Elle sentit un fourmillement au coin de son esprit, indiquant la présence de son Compagnon.



Alem haussa les épaules:

"Je suis un héraut comme un autre."

Il la laissa parler puis quand elle s'interrompit, il l'encouragea à continuer:

"Que vous...?"



- Que je...

Saskia se pinça les lèvres.

- ... dois faire plus d'efforts pour montrer que j'ai changé. Que je dois toujours prouver que je ne suis plus comme avant. Je crois que le regard des autres me pèse...

Plus elle parlait, plus elle étirait ses mots, pensive.



"Vous devez prouver que vous êtes adulte. La probation sert à ça aussi. Vous avez besoin de plus de calme et de contrôler plus votre caractère. Quant au regard des autres, pardonnez mon langage, mais qu'est ce que vous en avez à foutre? Le Cercle sait à quoi s'en tenir avec vous, le reste du pays vous doit obéissance. Point. Vous n'avez pas besoin d'avoir l'image d'une gentille petite reine de contes de fées. Moi-même, je passe souvent pour un connard de glaçon qui brusque la noblesse, et? J'ai mon rôle, ils ont le leur, et quand je vous représente vous et le Roi, ils m'obéissent ou se rebellent ouvertement contre la couronne, avec les conséquences que ça entraine."

Alem pris une micro gorgée de vin.

"Murissez, posez-vous, soyez plus calme. Mais cessez de vouloir prouver quelque chose aux autres. Vous ne leur devez rien."



"Je n'aurai pas mieux dit...", murmura Antéa d'une voix amusée dans sa tête.

Saskia prit le temps de réfléchir encore quelques secondes, avant de grimacer :

- Je crois que j'ai été trop habituée à voir des complots partout... Vous êtes de bons conseils, Héraut Alemdar...



"C'est mon métier, Madame! Et appelez-moi Alem."



- A... Alem ?

Cette simple idée semblait la choquer.

- Je n'aime pas utiliser de diminutifs. J'essaierai, mais je ne vous garantis pas de résultats immédiats.

Saskia décida de se relever et d'épousseter comme elle pouvait son uniforme blanc vert...

- Appelez moi juste Saskia quand nous sommes seuls.



"Je suis Rethwellan, chez nous, l'usage de surnom, c'est la norme. Mais faites comme vous voulez"

Alem se leva à son tour, époussetant comme il pouvait son uniforme. S'assoir dans l'Herbe... Non, mais vraiment...

"Très bien, Saskia."



Elle lui sourit, et regarda vers le château.

- Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Il se peut que j'aie quelques suggestions à faire au conseil demain... Il faut que j'arrête de leur montrer qui je ne suis plus, et qu'ils se contentent de qui je suis... Aujourd'hui, ils m'ont eue comme une bleue. Demain, je leur montrerai qui est la Reine...
« Modifié: 04 avril 2020, 21:37:44 par Héraut Alemdar »

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