Auteur Sujet: Tirer les oreilles  (Lu 3957 fois)

Thalyana

Re : Tirer les oreilles
« Réponse #15 le: 29 août 2020, 16:20:41 »
- Allister -

Il arrêta la main de la Guérisseuse en lui saisissant le poignet et la regarda dans les yeux.

«Tu es triste pour moi ? C'est tout ? C'est que ton imagination n'a pas suffit à comprendre le monde que je te décris. Ton cher mari sera dépassé et pourra être tué par le premier venu. Tous ceux qui sauront qu'à présent, ils n'ont plus rien à craindre de l'élite et de leurs combattants, tu crois vraiment qu'ils continueront de courber l'échine pendant que vous les exploitez ?»


- Thalyana -
«Vous les exploitez? Allister, je vois mal comment je pourrais exploiter qui que ce soit. Je vis dans un petit appartement, que je n'arrive à payer que parce qu'il se trouve au-dessus d'un atelier. Je passe mes journées à soigner les gens. Gratuitement. C'est la couronne qui me paie, pas les gens qui viennent me consulter. N'importe qui se rendant chez nous sera soigné aussi bien qu'un membre de la noblesse. Nous ne faisons aucune différence.» Elle soupira. «Ici, à Valdemar, les gens ont confiance en l'armée, car elle n'a jamais été utilisée contre le peuple. J'aurais peur si je vivais dans un autre pays, sans doute. Mais ici...» Elle sourit tristement. «Personne ne fera de mal à l'homme que j'aime.»


- Allister -
Il dit d'un ton sarcastique : «J'admire ta confiance et je me réjouis que la réalité la mette à l'épreuve.»


- Thalyana -
Elle sourit.
«La réalité nous a déjà beaucoup mis à l'épreuve. Je ne m'inquiète pas tellement pour l'avenir.»

Elle soupira et le regarda d'un air doux.

«Tu dis que tu n'en as "rien à foutre" des gens qui t'ont blessé. Mais ta colère me dit le contraire. Si vraiment tu t'étais détaché de ce passé douloureux, ton ambition ne serait pas toute entière dédiée à leur faire payer, à les ridiculiser. Peut-être n'espères-tu plus voir de la fierté dans leur regard, mais tu te réjouis d'y lire de la peur. Et j'ai l'impression que cette colère te fait voir un ennemi en chaque personne que tu croises.» Elle baissa les yeux. «Je ne comprends pas ce sentiment. La vengeance... je ne comprends pas.»


- Allister -
Allister sentit sa colère grandir. Il ne savait pas exactement pourquoi. Probablement parce qu'elle osait remettre en doute ses certitudes ce qui, selon Allister, signifiait qu'elle n'avait rien compris. Il prit une voie douce et lui caressa le visage pour lui relever les yeux et que leurs regards se croisent.

«Tu as de la chance, Thalyana. Tu as su sauvegarder ta candeur et ta naïveté et ce sans payer le prix de cette innocence... Ne change pas, s'il-te-plait. Reste cette preuve vivante qu'on peut faire confiance aux autres et que nos seuls ennemis sont ceux qu'on se crée.» Sa voix changea alors et devint grinçante et ses doigts se refermèrent sur son menton comme les serres d'un rapace, maintenant son visage face au sourire malsain d'Allister «Mais surtout reste bien à l'abri dans ton petit écrin doré. Il serait regrettable que tu réalises que partager ta candeur stupide, c'est baisser sa garde et attendre l'arrivée inéluctable des coups de poignard, avec un sourire imbécile sur le visage.»

Il lâcha le visage de la Guérisseuse. «Ne me donne pas de leçons, tout ce que tu fais c'est montrer que tu ne comprends rien !»

Il dit cette dernière phrase avec un certain calme. Sa colère avait été dissipé partiellement par le fait d'agresser la Guérisseuse.


- Thalyana -
Thalyana n'avait pas peur d'Allister. Elle n'en aurait plus jamais peur, réalisa-t-elle. Pas maintenant qu'elle avait vu celui qui se cachait derrière le cynisme et les commentaires sarcastiques. Un enfant terrorisé, voilà ce qu'il était.

«Je ne vois pas ce que ma vision du monde vient faire dans tout ça, Allister. Je m'interroge, je te questionne, et toi, tu m'agresses. Je ne pense pas que j'essaie de te donner des leçons. J'aurais bien de la peine, après tout, je ne suis pas vraiment plus âgée que toi.» Elle eut un sourire triste. «J'ai l'impression que tu cherches à tout prix à me faire fuir. Tu veux me blesser pour que je m'en aille et que je te laisse tranquille.» Elle soupira. «J'aimerais juste parvenir à te comprendre, au moins un tout petit peu...»


- Allister -
«Et si je ne veux pas que tu me comprennes ? Tu m'as amené à manger, très bien, ton utilité à mes yeux a été remplie. Tes questions ne me servent à rien, tes interrogations me font perdre de l'énergie et du temps... pour être très explicite : Tu m'emmerdes, Thalyana.»

Sa voix était calme et grave. Il était épuisé.


- Thalyana -
«Pourtant...» Elle le dévisagea. «Pourtant, j'ai l'impression qu'au contraire, tu en as envie. Quelque part au fond de toi, tu en meurs d'envie, que quelqu'un te comprenne. Sinon, tu n'essaierais pas de "m'ouvrir les yeux".» Elle tendit une main, hésitante. «J'ai l'impression que tu as honte... Et que maintenant, tu essaies de me faire fuir parce que tu ne supportes pas de t'être laissé aller.»


- Allister -
Il se mit à pleurer d'épuisement.

«Putain mais qu'est-ce que tu me veux ? Pourquoi c'est essentiel dans ta vie de t'acharner sur ma carcasse. Pourquoi tu tiens tant à me retourner le cerveau ?»


- Thalyana -
Elle tendit une main pour lui caresser la joue.

«J'aimerais être ton amie, Allister. Je ne sais quel sens tu donnes à ce mot. Ni même si... enfin. Je ne peux pas te promettre de toujours tout comprendre, ni même d'être d'accord. Mais je te promets de t'écouter sans te juger et de taire tes secrets. J'apprendrai à lire la peur et la souffrance sous tes remarques caustiques, pour n'en garder que l'essentiel. Des fois, je te prendrai dans mes bras. Tu t'en plaindras, tu tenteras de me faire fuir, mais je tiendrai bon, parce que je sais que tu en as toi aussi besoin, parfois.» Elle s'interrompit et rougit. «Dieux! Ça ressemble à une demande en mariage.» Elle éclata de rire. «Je suis désolée. On me reproche toujours d'être trop sérieuse, et je réalise qu'ils n'ont pas tort!»


- Allister -
Allister ricana mollement.
«Pourtant, je trouve que tu as beaucoup d'humour...» Il reprit sa respiration un peu difficilement. «Ce que tu proposes était sans doute la plus honnête des absurdités que j'aie entendu de ma vie...»


- Thalyana -
Thalyana eut un sourire attendri.

«Au fond, tu es beaucoup moins méchant que ce tu penses, Allister.» Elle lui tendit un mouchoir. «Désolée, de t'avoir fait pleurer. Même si je sais, que, dans ton cas, c'était nécessaire.»


- Allister -
«Je ne suis pas méchant et ne pense pas l'être. Et tu n'es pas excusée.»


- Thalyana -
«Alors tu fais beaucoup d'efforts pour l'être, Allister. En tout cas avec moi. Et tu sais... je suis désolée, parce que je n'aime pas faire du mal. Mais je ne t'ai pas demandé de m'excuser.» Elle sourit avant de prendre le jeune homme dans ses bras. «Vas-y... là tu peux râler.»


- Allister -
Allister essaya vaguement de se débattre mais sa force était ridicule, il était tellement faible qu'un enfant aurai été capable de le maîtriser.
«Comme amie, tu es nulle.»
Sa voix était effectivement boudeuse.


- Thalyana -
Elle éclata de rire.

«Je sais... après tout, j'en viens à réclamer l'amitié d'un ingénieur irascible, c'est te dire à quel point je suis nulle.»

Elle le libéra et lui tendit la main.

«Il va falloir que tu m'aides à me relever, par contre.»


- Allister -
«À ce stade, c'est plus réclamer, c'est exiger.»Il soupira. «Je sais pas si je vais y arriver.  Je suis à bout.»


- Thalyana -
Thalyana prit appui sur la chaise derrière elle pour se redresser. Il lui fallut plusieurs essais pour parvenir à se remettre debout.

«Mhhh... ton repas est froid... J'imagine que ta machine peut pas réchauffer ton assiette?»

Le ton était sérieux, mais le grand sourire qu'elle affichait montrait bien qu'elle plaisantait.


- Allister -
Allister se remit également, à grand peine, sur une chaise. Il essaya de se relever et capitula rapidement. Il répondit faiblement à la boutade de la Guérisseuse.

«Si tu veux que je le fasse fondre, oui, je peux utiliser ma machine... mais ça sera plus mangeable.»

Il mangea un morceau du premier truc qu'il trouva sur le plateau et sentit qu'il n'avait même plus suffisamment de force pour ça.

«Bon... ben il y a plus qu'à espérer qu'un autre Guérisseur viendra s'inquiéter de ma santé... ou de ta disparition... parce que sinon, on va rester là jusqu'à ce que tu accouches... et j'ai aucune intention de jouer les sage-femmes.»

Allister rigola doucement à sa blague. Son rire n'était pas un des ricanements cyniques dont l'ingénieur avait le secret. C'était un rire différent, on aurait presque pu le qualifier d'enjoué et d'enfantin.

Allister reprit son souffle... et chuchota dans un sifflement : «Mal calcul...» puis il s'écroula sur la table de l'atelier, inconscient. Quelques instants plus tard, il se mit à gémir dans un sommeil agité.


- Thalyana -
Thalyana rit à la plaisanterie d'Allister. Il était très différent, maintenant. Était-ce toujours un masque? Se moquait-il toujours d'elle? Elle n'en avait pas l'impression.

Puis il s'effondra.

«Allister!»

Elle tendit la main pour le sonder. Et sourit. Il s'était endormi. Il était simplement épuisé. Elle le regarda dormir, veillant calmement sur son sommeil.

Thalyana

Re : Tirer les oreilles
« Réponse #16 le: 29 août 2020, 16:21:03 »
RP CLOS