Wylan avait trop mal à la tête pour réfléchir à l'attitude d'Allister. Il y repensait plus tard, quand il aurait pris du repos, quand ses Dons se seraient remis.
«Long? Pas forcément non. En tout cas pas pour acquérir les bases suffisantes pour continuer à apprendre seul. J'ai souvenir d'une Héraut qui avait horriblement peiné à apprendre à dresser ses boucliers en classe, mais à qui une seule matinée de travail en ma compagnie avait suffi pour acquérir un niveau tout à fait respectable.»
:Moui, après que tu l'as terrorisée en lui passant le savon de sa vie.:
:Elle en avait bien besoin. La preuve, elle maîtrise enfin ses Dons.:
Kyra s'abstint de répondre davantage et Wylan reprit.
«Personne ne va t'obliger à apprendre à te protéger. Mais si tu as toujours vécu avec cette protection, je soupçonne que tu auras du mal à t'en passer. Non que tu sois réellement capable de faire la différence, je pense, mais maintenant que tu sais que tu as cette possibilité, vivre sans te paraîtra sans doute angoissant. Est-ce que je me trompe? Et honnêtement, en protégeant ton esprit, tu rends service à tous les Hérauts débutants, et même aux Bardes, si par hasard tu te retrouves coincé un jour avec un apprenti Barde incapable de contrôler ses nerfs. Par contre, ça ne te servira pas avec les Guérisseurs. L'Empathie est un des Dons les plus difficiles à bloquer, et heureusement, quand on y réfléchit. Ça leur permet de soigner tout le monde, y compris les gens formés à ne laisser personne entrer dans leur esprit.» Il sourit. «Quant à Thalyana, je ne la connais pas vraiment. Elle est un peu trop jeune pour m'intéresser, et un peu trop mariée à mon goût. Plus sérieusement, elle est simplement le bras droit de Charwin, le Guérisseur en charge de la Guérison de l'Esprit. C'est un peu sa protégée, je dirais. Mais pourquoi cette question?» Wylan fronça les sourcils et soudain il comprit. «Ah... je vois. Le partage s'est fait dans les deux sens! J'ai pensé à ce brave Charwin et du coup, tu l'as perçu toi aussi! Mais je suis surpris d'apprendre que tu la connais. J'avais cru comprendre que tu étais un véritable ermite... T'es-tu laissé charmé par sa candide générosité?»
Il esquissa un sourire amusé. Si le gamin était sensible à la gentillesse et à la douceur de la jeune femme, c'était qu'il n'était sans doute pas aussi blasé et cynique qu'il le croyait.