2ème jour de la 7ème décade d’été 1485
Les leçons avec Méra, c’était bien. Mais épuisant. Mais bien.
Presque quatre décades avaient passé depuis sa première rencontre avec la seconde du maître d’armes, et Dyalwen n’appréhendait plus les cours de défense. Méra n’était pas une brute et elle s’adaptait à son rythme et à sa progression. Ses leçons n’avaient rien à voir avec ce qu’elle avait entrevu de celles de son frère à Bordebure. Et, même si elle n’était pas très douée, elle devait reconnaître qu’elle les appréciait même plutôt. Elle n’était clairement pas très douée avec une arme, quelle qu’elle soit, mais elle faisait des efforts et, surtout, ça la changeait agréablement des heures passées à étudier, assise à une table. Même si elle récoltait son lot de contusions et de courbatures à chaque fois. Dès que ses muscles semblaient s’habituer à un exercice et cessaient de la faire souffrir, Méra changeait de programme et elle sentait son corps protester de nouveau.
Et quand ses muscles n’avaient pas encore décidé de se rappeler à son bon souvenir – ce serait pour le lendemain, elle ne se faisait pas d’illusion – c’était son estomac qui se manifestait : alors qu’elle quittait la Caserne pour se dépêcher de se débarbouiller avant de se présenter au bureau du Héraut du Roi, il gronda bruyamment, histoire de lui rappeler que l’heure du dîner était encore loin. Aussi, une fois presque propre, la rouquine fit-elle un détour par les cuisines, dans l’espoir de trouver un petit quelque chose à grignoter qui lui permettrait de tenir jusqu’au repas.
Et la chance était avec elle ! Une assiette de biscuits fraîchement sortis du four trônait sur la grande table, tandis que les aide-cuisiniers en sortaient d’autres. Personne ne vit d’inconvénient à ce qu’elle en prenne un… et l’un des domestiques lui apprit même que le Héraut du Roi les avaient bien aimés la dernière fois qu’ils en avaient fait.
Et on pariait combien que ledit Héraut du Roi était enfermé dans son bureau depuis le déjeuner et ne comptait pas en sortir avant le dîner ?
Avec la complicité du domestique, Dyalwen chargea un petit plat de biscuits sur un plateau, y ajouta deux tasses, une théière, et prit la direction de ses corvées quotidiennes. Arrivée à la porte du bureau de l’Attitré, elle eut un instant de doute. Peut-être qu’il n’avait pas envie de faire une pause, en fait. Mais bon, elle était là, le thé était chaud… et elle n’avait pas le temps de retourner aux cuisines sans être en retard. Sans compter que le cuisinier serait déçu. Alors… elle s’annonça mentalement en même temps qu’elle frappait – ça lui faisait encore bizarre, cette façon de faire, mais elle s’habituait, si si – puis actionna la poignée.
« Bonjour, Messire. Je vous ai trouvé de quoi faire une mini-pause. »
Et, comme le bureau d’Alemdar était toujours plein de paperasse, elle déposa le plateau sur le sien. Avant de verser la boisson dans une tasse qu’elle tendit au Héraut du Roi avec un petit biscuit sur la soucoupe.