Auteur Sujet: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?  (Lu 4951 fois)

Pluiechantante

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[Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« le: 23 octobre 2014, 11:49:47 »
Milieu de la 3ème décade d'automne 1481

Depuis sa récente fugue, Liane s’inquiétait souvent de l’homme noir qu’elle avait vu. Et Pluiechantante n’avait pas cru longtemps à une histoire d’enfants. Liane avait vu un homme qu’elle avait jugé inquiétant. Avec ses pouvoirs, elle avait la capacité de juger sans peine les gens. Si elle décrétait que l’homme était noir, c’était qu’il était profondément souillé, de quelque manière que ce soit.

Pluiechantante se désolait de son impuissance face aux craintes de la fillette. Or, elle s’occupait de Liane justement pour l’aider à se délivrer des expériences néfastes qu’elle avait vécues. Elle se sentait donc obligée de faire le maximum pour aider sa protégée. Dans le cas présent, cela impliquait de retrouver cet homme noir pour le faire arrêter, et pouvoir ainsi assurer la fillette que l’homme ne ferait plus de mal.

Elle avait voulu en parler à Sourcedésert. Mais celle-ci avait encore énormément de travail avec la Pierre-Cœur, et son bras n’était toujours pas remis. Elle avait fait la liste des gens à qui elle pourrait demander de l’aide. Mais tous étaient déjà impliqués dans des problèmes autrement plus importants. Finalement, c’était un petit rouage soigneusement tressé dans ses cheveux qui lui avait apporté la solution. Son sauveur ! S’il lui venait en aide cette fois encore ?

Elle repensa avec tendresse à son héros, et à leur soirée, entre discussion technique, projet de jouet et tendresse sur l’oreiller. Elle n’était pas persuadée que l’homme avait compris qu’elle n’était pas une perchi, mais en l’occurrence, cela ne la dérangeait pas vraiment. Après tout, perchi était une profession aussi honorable que kestra’chern, et bien souvent ils se trouvaient à remplir leur rôle. Et Ean finirait bien par comprendre que la profession de la jeune femme ne se résumait pas à satisfaire charnellement ses patients.

Plus elle y pensait, plus elle trouvait son idée bonne. Ce serait en outre l’occasion de revoir le bel homme. Il avait réussi à susciter un certain émoi chez la jeune femme, et une tendresse qui revenait l’habiter maintenant qu’elle pensait à lui. Finalement, elle arrêta une date pour son enquête.

Le jour dit, elle s’habilla de sombre (Qu’il était étrange de porter des vêtements aussi sobres !), tressa sa masse de cheveux en une natte épaisse, et, avec une hésitation, passa un petit couteau à sa ceinture. Elle prévint aussi Sourcedésert qu’elle sortait pour la journée au moins, mais qu’elle serait revenue avant le petit matin. Ainsi, si la mage ne la voyait pas revenir au matin, elle s’inquiéterait et enverrait la garde. Puis elle sortit du Palais et se dirigea vers l’atelier de Girier, où son sauveur avait dit travailler.

Malgré ce qui l’amenait, elle se sentait légère et heureuse. Elle était impatiente de revoir Ean. Vraiment, l’homme lui avait plu. Mais elle ne venait pas pour conter fleurette. Elle venait pour avoir de l’aide dans son enquête. Certes, elle n’était pas certaine qu’Ean pouvait vraiment l’aider, mais sa simple présence devrait lui faciliter les choses.

Enfin, elle arriva devant l’atelier des de Girier et tenta de repérer Ean à travers la fenêtre. Ne le voyant pas, elle entra et avisa ce qui était visiblement un apprenti.

« Je cherche Ean. Tu peux aller le chercher pour moi ? » Elle lui fit un beau sourire. « J’aimerais beaucoup lui parler. »

Son ton sous-entendait clairement qu’elle ne souhaitait pas que lui parler, et l’adolescent gloussa bêtement avant d’entrer dans la pièce arrière de l’atelier pour aller lui chercher Ean.

« Bonjour, Ean. Tu te souviens ? » Elle montra le rouage qu’elle avait volontairement gardé hors de sa natte. « Je... j’ai de nouveau besoin d’un héros. Tu aides ? »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Ean

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #1 le: 12 novembre 2014, 12:10:47 »
Cette idée de cheval le tracassait. C’était sûrement possible mais comment ? Le chariot miniature qu’il avait vendu à Micha en avait un mais qui ne bougeait pas tout seul. Il était poussé par la machine qu’il était sensé tirer. Tout était question d’illusion. Maintenant, faire avancer le cheval par lui-même, ça c’était un tout autre défi.

En ce jour de « repos », donc, Ean était, comme souvent, dans l’arrière salle de l’atelier, montant ses mécanismes, écrivant des calculs savants et testant, surtout, ses idées sur une ébauche de métal. Un corps creux de la taille adéquate n’avait pas été difficile à obtenir. Pour les pattes, il n’avait pas les compétences et ne voulait pas qu’on lui charge le travail du forgeron – et encore moins qu’on lui pique son idée – donc il avait fait monter des roues pour les essais. La clef était dans la queue, qu’il ne s’était pas donné la peine de faire représenter, et la tête, qui servirait de balancier pour donner plus d’équilibre à l’ouvrage n’était rien qu’une simple tige. Il fallait beaucoup d’imagination pour y voir un cheval. Par chance, c’était une denrée dont l’Alferban n’était pas pauvre.

Il était dessus depuis l’aube, reprenant avec entêtement le travail abandonné tard dans la nuit précédente. Quelque chose lui résistait. Il avait bien compris que ce devait être un ressort et non l’énergie hydraulique qui ferait avancer l’engin mais le tout restait trop saccadé et il n’arrivait pas à transmettre un mouvement croisé pour les pattes tout en réglant la tête en balancier. Il murmura une série d’imprécation typiquement des montagnes à son montage. La chose lui résistait et ça l’agaçait prodigieusement. Perdu dans ses réflexions –et imprécations, le jeune homme ne vit pas tout de suite l’apprenti. Puis, il pensa qu’il était venu aider, probablement poussé par un De Girier curieux. Et comme son prototype ne ressemblait à rien, ce n’était pas dérangeant. Il fit signe au petit d’approcher. Celui-ci obéit, sagement, mais au lieu de se taire, il murmura quelque chose à propos d’une visiteuse qui voulait « parler ». Il avait le sourire qui illustrait ses guillemets verbaux. Ean fronça les sourcils, avant d’hocher gravement la tête.

« Je viendre. »

Posément, il se leva, content d’être rentré dormir quelques heures, se rafraîchir et changer de vêtements. Si c’était une cliente, il devait bien présenter. Si c’était une collègue, une fille ou quelqu’un de la caravane qui l’avait fait venir, aussi. Il prit toutefois le temps de bien ranger l’atelier, démontant ses engrenages, roulant les plans, effaçant les calculs, moins par secret que pour laisser place nette à celui qui viendrait forcément derrière lui. Quant au prototype, il le fourra dans sa besace, avant de sortir d’un pas mesuré. Ne jamais se montrer pressé. Ne jamais se montrer trop enthousiaste. Et surtout ne pas montrer que le changement de luminosité lui faisait mal aux yeux. Il sourit à Pluiechantante. Il se souvenait, oui. Il était difficile d’oublier.

« Pourquoi pas. Ce dépendre de quoi. Tu vouloir cadeau pour quelqu’un ? »

Tout en parlant, il s’était avancé vers elle, replaçant tranquillement la mèche au mécanisme derrière son oreille. Puis, il lui avait indiqué deux chaises dans un coin de la cour. Quitte à parler, autant ne pas le faire bêtement au milieu du passage. Son visage était un peu plus détendu. Il souriait. Mais il restait prudent au fond. Aider ne posait pas spécialement de problème mais elle devait comprendre qu’il ne travaillait jamais gratuitement. Son art, c’était ce qu’il avait de plus précieux. Il lui montra l’engrenage du menton.

« Tu l’avoir gardé. Je pensais pas. »

Badiner par contre, était totalement gratuit.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Pluiechantante

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #2 le: 13 novembre 2014, 14:21:02 »
Elle se laissa entraîner avant de parler. Après tout, elle était mieux assise pour discuter de quelque chose d'aussi sérieux. Elle commença cependant par répondre aux propos légers d'Ean.

« Oui, c'est joli. Je garde toujours les souvenirs précieux. »

Et en disant cela, elle montra aussi une boucle d'oreille ornée d'une pierre bleue. Boucle qui lui rappela d'ailleurs le but de sa visite. Elle ne pouvait perdre de temps à flirter alors qu'elle avait une mission d'importance à remplir. Elle perdit rapidement son sourire joyeux et son visage prit un air grave.

Elle aurait aimé que la raison de sa visite fût aussi légère qu'Ean l'imaginait. Mais il s'était mépris sur le sens de ses paroles ; elle avait vraiment besoin d'un héros.

« Non... je dois guérir la peur d'une petite fille. Je... »

Elle regarda autour d'elle. La discrétion n'était pas la qualité première de Pluiechantante, et elle était bien rarement mêlée à des intrigues. Mais elle sentait bien que ce qu'elle s'apprêtait à dire n'était pas pour toutes les oreilles.

Elle reprit à voix basse, se penchant vers Ean.

« Je veux trouver un homme noir. Un homme méchant. Liane, ma euh... mon élève, elle a vu cet homme très noir. Et maintenant elle est tout le temps avec l'inquiétude qu'il est dehors, libre. Il est méchant, et dangereux. Et moi, je dois aider pour ses peurs, donc je dois trouver l'homme noir et l'empêcher de faire le mal. »

Maintenant qu'elle expliquait la raison de sa venue, Pluiechantante réalisa l'absurdité de son projet. Elle n'avait qu'une description sommaire de l'homme et le lieu où Liane l'avait vu. C'était peu.

« Je veux chercher, si je le trouve. Mais seule... c'est pas prudent. Sourcedésert, elle a pas encore le temps, et elle a été blessée. Je veux pas qu'elle est encore blessée. » Elle s'interrompit brièvement avant d'expliquer. « Sourcedésert est mon amie, une mage tayledras. Si elle savait que je pars chasser l'homme noir seule, elle serait en colère... » Elle eut un sourire malicieux. « Alors je dois pas être seule, donc je demande à Ean, car il est déjà un héros. »

Ce qu'elle n'avouait pas, c'était qu'elle avait saisi cette occasion pour revoir le bel inventeur. Sa mission était réelle, elle comptait bien mettre la main sur ce dangereux mage qui hantait les rêves de sa pupille. Mais elle n'allait pas refuser l'occasion de le faire en bonne compagnie.

« Tu te bats ? Moi, je connais l'autodéfense. Un kestra'chern doit toujours savoir se défendre. J'ai aussi pris un couteau. »

Elle omit de mentionner que la dernière fois qu'elle avait manié le couteau pour se battre, elle avait moins de vingt ans. Et qu'elle avait lamentablement perdu.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Ean

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #3 le: 28 novembre 2014, 14:41:19 »
Elle badina en retour, parlant de souvenirs précieux et le sourire de l’artisan s’agrandit. En effet, ça avait l’air d’être bien parti. C’était agréable, de se dire qu’une fille habitant dans les parages l’avait à la bonne. C’était un moyen de s’évader quand il avait envie de rêver, peut-être même la possibilité d’un corps chaud près du sien s’il se sentait seul un jour. Tant qu’elle ne lui demandait pas des mille et des cents, il était content de ce petit arrangement. Et, il l’espérait tout du moins, elle aussi.

Tout à ses pensées, il ne s’aperçut pas tout de suite du changement d’expression de sa compagne. Quand il le vit, il prit l’air grave, pour accompagner, laissant son esprit libre de toute pensée pour aborder le problème de la façon la plus neutre possible. Ses sourcils se froncèrent toutefois sous ses efforts pour bien saisir ce dont il s’agissait. Il ne parlait pas encore très bien le Valdémaran et l’accent et les hésitations de la jeune femme ne l’aidaient pas vraiment. Il se pencha vers elle pour mieux entendre ses murmures, ses doigts jouant distraitement avec l’engrenage glissé dans ses cheveux. Il était question de peur, de petite fille et d’homme noirs. Rien de très important à ses yeux, si ce n’était qu’on lui demandait de l’aide pour retrouver l’homme en question, lequel serait dangereux pour la petite fille. Il réfléchit rapidement, ne vit aucun homme correspondant à la description et allait formuler des excuses en ce sens lorsqu’on lui demanda soudain s’il savait se battre. Ean se redressa, perplexe.

« Se battre ? Comme dans bagarre oui ? »

Il était peut-être un héros mais il était avant tout artisan. Ses mains étaient son outil de travail. Il en prenait grand soin, ne voulait surtout pas les abîmer. Alors s’il s’était battu… et bien ça lui était arrivé dans sa vie, des bagarres de gamin, des disputes d’amoureux ou d’ivrogne, ça arrivait à tous mais se battre, pour de vrai, ça non. Il était un homme de paix avant tout.

« Oui bien sûr. »

Il était un homme de paix avant tout mais si on assumait qu’il savait le faire, si on comptait sur lui, il était hors de question qu’il admette sa faiblesse. Après tout, avec une arme, ce ne devait pas être très difficile au final. Il suffisait de frapper avec précision et force. Il ne manquait ni de l’un, ni de l’autre.

« Je de repos ce jour là. Je pouvoir aide dans recherches. Je pouvoir protéger aussi. Mais pourquoi toi pas avoir demandé à le garde ? Garde là pour arrêter hommes en noir qui font peur à petite fille non ? »

Et puis la garde, elle, elle savait se battre. Il caressa la joue de son amante.

« Je propose. Toi, moi, cherchons homme noir. Preuves de peur de fillette. Puis prévenir garde pour protéger mais sans être contre la loi. Fillette n’aura plus peur. Toi aura soigné ? »

Ses yeux cherchèrent les siens pour essayer de la convaincre autant par ses gestes que par sa raison. Ce n’est pas qu’il avait peur. Pas vraiment. Mais à tout prendre, il préférait encore être un héros sans avoir à prendre des coups.
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Pluiechantante

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #4 le: 07 décembre 2014, 17:46:48 »
Pluiechantante ne s'était même pas demandé si Ean avait appris à se battre. Pour elle, c'était une évidence. Sa question était plus rhétorique qu'autre chose. Elle aurait été plus que surprise que l'artisan ne sache pas se défendre. Pour elle, un enseignement martial minimum faisait partie de ce que chacun devait suivre.

«Tu te bats avec les mains?» Elle regarda un instant les longs doigts de l'artisan. «Non... Tu as une arme ici? Sinon il faut chercher.»

Un artisan ne pouvait se battre à main nue, c'était bien trop dangereux! Il risquait d'abîmer ainsi son principal outil de travail.

«Épée? Masse? Bâton peut-être?»

Pluiechantante avait de la peine à le visualiser en train de manier une épée. La masse ou le gourdin étaient déjà plus faciles à imaginer entre ses mains. Il se battait sans doute au bâton. Pluie l'imaginait très bien virevolter en tenant ses assaillants à distance avec des gestes élégants et des coups intelligemment portés grâce à un bâton ouvragé.

Ean cependant ne semblait très emballé à l'idée de partir à la chasse à l'homme noir. Il semblait penser (à raison) que c'était le travail de la garde. Pluiechantante aurait volontiers été voir un officier, mais elle doutait qu'il prenne au sérieux les dires d'une fillette — fût-elle la fille de son Commandant adoré.

«La Garde... la garde croit pas une petite fille. Liane a des Dons très forts. Mais elle est jeune, donc on la croit pas. Mais moi je la connais. Je sais qu'elle a vu.»

Elle ne put s'empêcher de sourire sous la caresse d'Ean, mais elle redoutait le refus qu'il semblait vouloir lui opposer. Après tout, il avait sans doute plus de raison de refuser que d'accepter. Ils n'étaient sans doute pas assez proches pour qu'il accepte d'aller se battre pour ses beaux yeux. Mais à sa grande surprise, Ean fit une proposition totalement sensée. Il acceptait de l'aider.

«D'accord.» Elle ne comptait de toute manière pas réellement arrêter l'homme seule. Elle voulait repérer l'endroit où il se terrait pour l'indiquer à la garde. Exactement ce que Ean lui suggérait de faire. «Rassurer Liane, oui. Guérir c'est plus compliqué.»

Elle se pencha pour l'embrasser, en remerciement, en récompense, pour le plaisir. Puis elle se leva, attirant Ean par le bras. Dès que l'artisan fut debout, elle vint l'enlacer.

«Merci.»

Elle resta quelques instants serrée contre Ean. Elle ne le montrait pas, mais elle avait peur. Elle n'était pas une aventurière. Elle n'avait jamais agi avec témérité, et s'était toujours soigneusement tenue éloignée de la violence. Mais cette fois, c'était la violence qui avait surgi dans son quotidien. D'abord parce que Sourcedésert s'était fait blessé au "combat", ensuite parce que sa protégée avait elle aussi croisé le chemin d'un de ces mages renégats.

Elle inspira profondément pour chasser son angoisse et s'écarta doucement.

«Tu dois aller chercher matériel, protection, habit? Je t'attends ici, oui...»

Sans doute voudrait-il ranger son travail avant de partir, ou au moins prendre un vêtement chaud pour l'extérieur. Elle espérait sincèrement qu'il emporterait une arme avec lui, signe qu'il la prenait au sérieux. Mais elle ne pouvait le forcer.

Quand Ean lui signifia qu'il était prêt, elle le précéda hors de la boutique, puis prit la direction de l'endroit où Liane avait vu l'homme noir.
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Ean

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #5 le: 22 décembre 2014, 12:38:41 »
Ean réfléchit. Il s’était toujours battu à mains nues et à pieds bottés mais c’était il y a longtemps et il n’était pas certain que cela soit approprié à ce qu’ils devaient faire. Il se débrouillait vaguement au bâton de berger aussi, quand ils gardaient les chèvres sur les pentes de la Montagne mais là encore, ce n’était pas du combat, ce n’étaient que les souvenirs de jeux d’enfant. Pour le voyage, il avait ceint une dague qu’il espérait dissuasive. Les caravanes qu’il avait rejoint l’avaient été pour deux et il n’avait pas eu de soucis.
 
« Dague. Piquer avec le bout pointu et couper avec le fil, oui ? »
 
Il sourit pour montrer qu’il plaisantait, cachant ses interrogations derrière sa tranquillité habituelle. Il avait décidé de ne pas trahir d’appréhension et de partir sur le fait qu’ils ne trouveraient pas la personne en question avec une description aussi sommaire et que, quand bien même ils croiseraient sa route, Pluiechantante accepterait d’appeler la garde. Il n’y avait donc aucune raison de s’inquiéter. Il était bien plus touché par l’hésitation de son amie quant à sa capacité de guérir l’enfant que par la peur qu’il se passe quelque chose de regrettable. Il lui sourit gentiment. Elle était tellement sérieuse ce matin. Tellement différente de l’autre soir. Plus intéressante aussi, quelque part. Il se leva quand elle lui prit la main, la laissant l’enlacer, l’embrasser. Il lui fit un baiser sur le front pour la rassurer.
 
« Oui, tu attendre, je revenir. »
 
Il lui caressa à nouveau les cheveux, la joue et s’écarta pour aller dans la Maison des Célibataires. Son travail était déjà rangé. Son travail était toujours rangé. Il entra dans sa chambre, attrapa une sous-chemise de laine bien épaisse des montagnes qu’il mit sous un pourpoint de toile bleu nuit. Il garda son bas qui était propre, ceignit une large ceinture de cuir et sa dague, un outil de fer forgé de chez lui, longue comme son avant bras et bien effilée. C’était un cadeau de départ du Village. Il l’avait pris comme une menace à l’époque, une sorte de chantage, comme si les autres lui disaient « part pas, le monde extérieur est dangereux, tu vas te blesser ». Comme s’ils n’étaient pas sûrs qu’il saurait prendre soin de lui-même. C’était faux. Tellement faux qu’il n’avait pas eu besoin de s’en servir pour autre chose que couper la viande durant tout son voyage. En y repensant, les couteaux s’étaient avérés plus pratiques et il en glissa dans sa manche en bricolant une sorte de poche avec un bout de ficelle et un bracelet en métal qu’il passa autour du poignet pour l’occasion. L’envie de s’entraîner à dégainer était forte – quel petit garçon n’a pas joué à être Garde ou Chevalier – mais il se retint. S’il se trouvait ridicule devant le miroir, il n’oserait jamais le faire en situation de danger. Mieux valait tuer tous ceux qui le voyaient maladroit que de figer cette image dans son esprit. De l’autre côté, dans sa bourse en cuir, il glissa un petit pulvérisateur d’acide qu’il gardait pour nettoyer certaines particularités du métal. Il vérifia une nouvelle fois que tout tombait bien, se répétant que c'était de l'admiration à moindre frais puisqu'il était impensable de trouver un type avec une description aussi rudimentaire que « homme en noir ». La dague tirait un peu sur son fourreau, mais l’ensemble était bien.  Il ajouta une simple cape à l'ensemble, plus pour cacher l’attirail que par crainte du froid et redescendit tranquillement vers sa conquête. La suivant tranquillement dans la rue.

« Tu savoir où commence chercher ? Valdemar grande. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Pluiechantante

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #6 le: 24 janvier 2015, 13:01:38 »
Pluiechantante répondit avec un sérieux inhabituel, ignorant la boutade de l'artisan.

«Je sais où commencer à chercher. Et je sais où c'est pas probable de trouver l'homme noir. Mais j'espère que je pourrais sentir l'homme noir. Liane elle a pu avec des Dons pas formés. Donc moi avec mon Don adulte, je dois être capable de trouver, s'il est si noir à l'intérieur. Et je sais qu'il est blond. Et moche...»

Et elle savait aussi qu'un homme blond, assez laid, parlant mal le valdemaran avait été vu faisant régulièrement le trajet des quartiers populaires jusqu'à l'enceinte du Palais. Ses fréquents aller-retour avaient attiré l'attention d'un membre de la Garde, mais en l'absence de faits précis à lui reprocher, il n'avait pas été arrêté pour être questionné.

Elle guida Ean à travers quelques rues. L'endroit où Liane avait vu l'homme n'était pas très éloigné du quartier des orfèvres. Un peu stressée, elle chercha à meubler le silence qui s'était installé.

«Tu... tu travailles bien? Tu es content ici? Tu apprends bien la langue? C'est très différent de ma langue, oui. Et toi?»

En fait, la principale différence était que les langues Kaled'a'in se déclinaient et utilisaient énormément de mots-valises. On pouvait créer un nouveau mot avec d'autres, sans nuire à la compréhension.

Pluiechantante se demandait comment était la langue maternelle d'Ean. Si elle continuait à le fréquenter, et quand il parlerait mieux le valdemaran, elle lui demanderait de lui apprendre un peu sa langue. Pluiechantante adorait découvrir de nouvelles langues. Parler d'un sujet qu'elle appréciait l'avait détendue, et elle souriait de nouveau, un peu au moins.

Enfin, ils arrivèrent dans une rue en pente, et Pluiechantante désigna un porche légèrement surélevé.

«Ici Liane a vu l'homme noir. Il était caché. Mais peut-être il fait beaucoup d'aller et retour vers le palais. Ici il se voit, donc il vit dans les quartiers plus bas, avec les tanneurs, et ce qui sent. Mais peut-être on va le croiser si on reste ici. Et sinon on ira en bas.»

Elle n'avait pas réussi à établir si l'homme en question avait un horaire précis pour ses rondes, mais elle en doutait. Revenir tous les jours à la même heure n'aurait pas manqué d'attirer l'attention sur lui.

«Je sais pas s’il passe maintenant, ou avant, ou après. Mais je vais chercher. Liane a pu lire dans ses pensées très facilement. Donc il a pas de barrières, ou pas bonnes. Il est noir à l'intérieur, elle a dit, donc je dois pouvoir sentir le noir... Et toi tu regardes, oui. Un homme bizarre, blond, avec un visage très laid, qui a l'air pas tranquille, pressé, pas aimable.»

Elle regarda autour d'elle à la recherche d'un endroit où s'installer pour observer la rue. Elle avisa une fontaine publique à la large margelle, un peu plus bas sur la rue et la montra à Ean.

«On va s'asseoir là-bas, oui.»

Elle l'entraîna avec elle jusqu'à la fontaine de pierre et s'assit en tailleur. Puis elle ferma les yeux et commença à respirer très profondément. Quand elle se sentit prête, elle abaissa lentement ses barrières. Elle se sentit écrasée par la masse d'émotion autour d'elle, sa respiration s'accéléra et son front se rida sous l'assaut*. Par réflexe, pour maintenir la conscience de son propre être, elle s'agrippa à Ean. Le calme de l'artisan l'aida à supporter l'agitation et elle parvint à laisser glisser le flot d'émotions*. Sa respiration redevint calme, son visage se détendit. Toujours accrochée à Ean, elle se préparait à commencer sa recherche. Elle laissa le temps filer, quelques instants ou une marque. Puis elle sentit prête et commença. Après un petit moment, elle murmura dans sa langue maternelle:

«Je ne le vois pas pour le moment...»

En effet, elle ne percevait aucun homme noir*.

[Je te laisse, expliquer comment tu recherches cet homme. Sur un 10, tu vois quelqu'un qui correspond à la définition de Pluiechantante, et cet homme te met profondément mal à l'aise. Sinon comme Pluie,  tu fais  choux blanc pour le moment. ]


*1d10: 3
*1 d10:8
*1 d10:1
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Ean

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #7 le: 25 janvier 2015, 14:13:51 »
Et bien voilà, si elle ne savait rien d'autre que les endroits à ne pas aller, la sortie serait probablement une simple promenade à deux, pimentée par un danger probablement inexistant, exactement comme il l'avait espéré. Gardant son visage sombre et concentré, le jeune homme se sentit soulagé, presque excité de jouer les héros à moindre frais. La seule ombre au tableau était l'inquiétude bien réelle qu'il lisait sur le visage de sa compagne. Il l'écouta donc avec attention, moitié par curiosité, moitié pour la rassurer.

L'homme en noir était donc blond, et laid. Il commençait à comprendre que cette appellation, « homme en noir » n'était pas descriptive, qu'elle reflétait autre chose que le physique, probablement une impression qu'avait eu la fillette et sur laquelle il ne fallait pas se fier. Ou alors, l'homme avait la peau noire et les cheveux blond ce qui expliquait sa laideur. Il hocha la tête avec sérieux mais un certaine gêne.

« Je ne pas avoir de don. Je ne pas voir l'intérieur des gens. Je vais chercher homme blond laid mais je pas être certain bonne personne pour toi. » Et puis soudain se posa la question qu'il aurait du se poser depuis le début. « To pouvoir voir couleur intérieure gens ? Ce être magie Kestra'chem ? » (il avait répété le mot de mémoire en espérant très fort ne pas l'avoir massacré). « Toi pouvoir dire quelle couleur être intérieur moi ? »

Tout en parlant, il avait pris son bras et s'était mis à chercher. Il aurait pu se taire évidemment mais un couple qui parle attire nettement l'attention et il était réellement curieux de sa réponse. Il savait qu'il n'était pas un homme bon. Qu'il n'était pas un homme bien. Il connaissait la jalousie et la rancœur et la violence qui le rongeait depuis son enfance. Son perfectionnisme. Son désir implacable et sa détermination. Ce n'étaient pas les qualité des gens bien. Ceux-ci vivaient pour les autres dans un but d'harmonie. Il vivait pour lui, dans un but personnel et de beauté. Car créer étai t la partie lumineuse qui écartait ses émotions négatives.

Ils passèrent encore quelques rues avant d'arriver non loin du palais. Ces rues courbes continuaient à le déstabiliser. C'était ingénieux mais contre toute attente d'une route. La ligne droite était bien plus efficace pour traverser. La courbe était comme un ressort. Un cœur. Il commença à se demander si toute la ville n'était pas une sorte e ressort de magie.

Il regarda un peu intensément un mendiant pas très beau qui faisait le mariole  coiffé d'une capuche pour attirer la foule mais un souffle de vent le décoiffa et montra une chevelure brune. Bah. Et puis il était plus moche que laid, certainement grimé pour faire pitié aux passants.

« Je très content travailler Girier. Lui s'occuper vente et marchandage, moi juste faire boite. Je avoir matériel et temps libre pour autre projets. Ce être très bon arrangement. Micha parler beaucoup mais voir beaucoup aussi, bon apprenti. »

Le seul point faible était la paye. Il allait devoir se serrer la ceinture pendant des années pour acheter cette petite maison près de l'Université dont il rêvait. Une simple bâtisse a deux étages, pour lui, pour un atelier, peut-être des serviteurs, pour continuer à gagner sa vie tout en étudiant la magie. Pour le moment il se contentait d'économiser pour ses études. C'était long et laborieux. Cela dit, il était industrieux et têtu.

« Langue d'ici proche ma langue. Même mots souvent. Pas même ordre et prononciation parfois différente. Et ordre des mots pas les même mais même, racine. Deux chênes poussent pas pareil mais restent chênes. Trop longtemps mon pays a coupé les autres pays. Trop longtemps ce pays utilise magie. Lui là ?»

Il montra dans la foule un homme blond de haute stature qui avait une immense balafre sur le côté gauche, le genre à déformer la forme de la paupière et donner à l’œil quelque chose de pleurnichard. Il marchait d'un pas incertain comme s'il avait déjà beaucoup bu.

Visiblement pas lui. Pluiechantante se mit à sourire, probablement à sa méprise et lui désigna un porche dans lequel ils s'abritèrent tous les deux. Doucement, le Alferban se glissa derrière sa sa belle, lui passant les mains à la taille et posa sa tête sur son épaule.

« Autant passer pour amoureux personnes, oui ? Gens regardent amoureux puis oublient. Et puis je être plus grand que toi. Pouvoir voir avec mes yeux, toi avec ton cœur. »

Mais il n'arriva pas à la détendre, elle répéta ses instructions – un homme blond moche, l'air pressé – comme s'il n'y en avait pas un millier dans la ville et se laissa traîner sur un banc près d'une fontaine. Bon. Ils pouvaient jouer les amoureux là-bas aussi mais c'était beaucoup moins drôle et l'humidité avait la sale habitude de lui friser les cheveux. Elle s'y assit en tailleurs et ferma les yeux. Autant pour les amoureux. Lui sortit donc de sa poche un vieux parchemin inutile et deux engrenages avec lesquels il commença à s'amuser tout en laissant ses yeux clairs inspecter les passants*. Elle s'agrippa alors à Ean, lui faisant perdre toute concentration. Il fit donc tomber ses leurres, se pencha pour les rattraper sans se défaire de la poigne de son amie, rangea le tout, se mit en tailleurs lui aussi et examina la rue comme un nouveau problème. C'était simple. Son esprit devait éliminer tout ce qui n'était pas blond. Tout ce qui n'était pas homme. Tout ce qui n'était pas laid. Tout ce qui n'était pas tranquille. Comme avec ses engrenages, ils ne devait pas chercher. Il devait garder ses exigences en tête et laisser le monde couler autour de lui jusqu'à ce que la pièce lui saute aux yeux. Il n'avait jamais fait ça auparavant. Il n'était pas certain du tout que cela allait fonctionner.*

Plusieurs personnes lui sautèrent ainsi aux yeux mais pas au point de déranger son amie dans sa méditation. Pour la plupart, ils lui semblaient blonds. Pas Noirs. Toutefois, un type en particulier se détacha dans son esprit et une idée vit le jour. Au même moment, la jeune femme ouvrit les yeux et murmura un truc dans une langue qu'il ne comprit pas.

« Je pas vouloir déranger toi, Douce Pluie mais si l'homme en noir sait que petit a vu lui, il peut changerr couleur de cheveux lui, non ? Plus être blond ? Comme monsieur là? »



* 1d10 : 3
* 1d10 : 9

[HJ : J'ai pas fait de 10 donc je considère qu'il ne l'a pas vu. J'espère que j'avais bien le droit de lancer deux dés puisque j'ai tenté deux « approche » mais si la seconde ne fait pas naturelle ou que je ne 'avais pas le droit, n'hésite pas à me le dire, j'éditerais et enlèverais le 9.
PS : Me suis gouré avec le lanceur donc celui qui s'appelle 1d10 c'est moi et comme le lanceur accepte que les mots de plus de 4 lettres, je suis aussi Eann]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Pluiechantante

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Re: [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #8 le: 07 février 2015, 14:43:02 »
«Non, je ne peux pas voir avec les yeux la couleur des gens. Je peux sentir, oui. Comme la main sent la chaleur. Mais c'est pas la magie Kestra'chern. Les Kestra'chern ont pas de magie. C'est les Dons, les pouvoirs de l'esprit. Partout les gens ils ont des Dons. Mais à Valdemar plus, parce que avant ils avaient pas la vraie magie, juste celle de l'esprit.» Elle n'était pas certaine d'être la meilleure placée pour expliquer l'histoire des Dons à Valdemar, mais Ean semblait avoir besoin d'un cours sur la question. «Il y a beaucoup de Dons, chez les humains, mais aussi chez les non-humains. Ici, à Valdemar, on surveille beaucoup les Dons, on apprend les utiliser bien. Il y a beaucoup de Dons. Toi, tu connais déjà le Don de la Magie, celui pour faire la magie comme dans les histoires. Il y a aussi le Don de Paroles par l'Esprit, pour parler avec les gens sans ouvrir la bouche, juste d'esprit à esprit. Il y a le Don de Vision à distance, qui permet de voir plus loin que les yeux voient. Il y a le Don de voir dans le temps, le futur ou le passé, en dormant, ou parfois en touchant des objets. Il y a le Don de Télékinésie, pouvoir bouger les choses sans les mains. Ou le Don de faire du feu juste avec l'esprit. Il y a aussi le Don de lire les esprits, pour savoir ce que pensent les gens. Ça, c'est les Dons des Hérauts, les gens en blancs qui protègent le pays. Il y a aussi le Don des Bardes, qui fait vivre la musique aux autres quand on joue. Il y a le Don de Guérison, pour soigner le corps plus vite. Et il y a l'Empathie, qui est le Don que j'ai beaucoup. L'Empathie, c'est sentir les émotions des gens, mais aussi transmettre des émotions aux gens.» Elle sourit. «Je peux pas dire quelle couleur tu es à l'intérieur, parce que c'est pas comme ça que je regarde avec mon Don. Liane est une petite fille oui, elle voit avec des idées simples. Moi, je suis une adulte, d'une culture très différente, je vois avec des choses de ma culture...» Elle jeta un coup d'œil amusé à Ean. «Mais je lis pas dans toi, Ean. Je peux sentir comment tu ressens, si je veux, mais je le fais pas, parce que c'est pas juste de le faire. Sauf quand j'ai pas le choix... Certains moments particuliers on sent forcément les émotions de l'autre.»

Bien souvent, les gens "normaux" avaient peur des gens Doués. Ils leur prêtaient les comportements qu'ils s'imagineraient avoir s'ils possédaient eux-mêmes ces Dons. Pourtant, l'éthique était enseignée aux Hérauts, aux Bardes, aux Guérisseurs et ils respectaient tous un code de déontologie très strict.

Quant à la question de la couleur qu'Ean pourrait avoir, elle amusait beaucoup Pluichantante; c'était une manière assez subtile de demander ce qu'elle pensait de lui. Elle aurait aimé pouvoir lui répondre, pour lui faire plaisir. Mais elle se représentait plutôt les autres à travers des visualisations, des concepts, c'est-à-dire à travers des noms traditionnels Tayledras ou K'Leshya. Les noms que les gens portaient ici ne reflétaient en rien leur personnalité, tandis que les noms de son peuple étaient censés refléter l'essence de la personne, son caractère, mais aussi ses intérêts, et la manière dont elle-même se percevait. C'était la raison pour laquelle beaucoup de jeunes gens abandonnaient le nom donné par leurs parents pour s'en choisir un en adéquation avec eux-mêmes.

«Mais si tu veux savoir ce que je vois en toi, je peux te dire comment je pourrais t'appeler, oui, même si je te connais pas depuis assez longtemps... Je pense quelque chose comme Rêveacier, oui Brumeacier... Mais Rêveacier c'est plus juste.»

Elle n'était pas certaine qu'Ean ait la sensibilité nécessaire pour comprendre ce qu'elle exprimait dans ce nom. L'acier, car Ean était un homme assez dur et froid, surtout au premier abord. Charmant, séduisant, mais gardant toujours un ferme contrôle sur lui, sur ses émotions. Le rêve, parce qu'il avait une sensibilité d'artiste, des envies, des désirs, une volonté d'aller au-delà de ce que lui offrait le quotidien. Mais l'acier et le rêve, c'était aussi ce qu'il lui avait offert dès leur première rencontre. Bref, ce nom, à peine esquissé dans l'esprit de la Kestra'chern possédait déjà une forte symbolique.

Aux questions qu'elle avait posées pour meubler un silence un peu gênant, Ean fit une réponse qu'elle ne comprit pas bien.

«Euh, ton pays utilise la magie? Ou Valdemar? Valdemar utilise la magie depuis pas longtemps. Et c'est quoi le rapport de la magie avec la langue?»

Elle-même n'en voyait aucun.

Pluiechantante fut presque désolée de devoir décliner la proposition d'Ean de jouer les amoureux pour mieux surveiller. Cela aurait été tellement plus agréable. Mais l'utilisation de son Don requérait une certaine concentration qu'il lui ferait assurément défaut dans les bras accueillants de l'artisan. De plus, elle avait besoin d'être assise pour pouvoir se consacrer pleinement à son Don.

Elle ne se soucia pas de la méthode employée par Ean pour trouver l'inconnu blond. Elle était bien trop occupée à résister à l'assaut des autres, puis à scanner la foule. Quand elle parla, ce fut de manière à peine consciente, tant elle était immergée en elle. Mais une voix familière parvint cependant à l'atteindre, et elle réalisa qu'Ean lui parlait. Elle ouvrit les yeux et tourna lentement la tête vers Ean. Elle mit du temps à reconstituer ce qu'il lui avait dit. Elle était tellement immergée en elle-même que parler une autre langue que la sienne lui semblait difficile.

«Non, il a pas vu. Sinon...» Elle frissonna à cette idée. «Sinon Liane aurait eu des soucis, oui. Et... je sais pas comment Liane a vu, avec ses yeux à elle ou autrement.»

Elle constata alors qu'elle était complètement serrée contre l'artisan, et que contrairement à ce qu'elle avait pensé plus tôt, la proximité d'Ean l'aidait à garder son calme face à la multitude d'émotions qui la traversaient. Car la rigueur, la rigidité intérieure d'Ean agissaient comme une chape de neige fraîche, étouffant les sons, lissant le paysage.

«Lacacier aussi, tu es...» murmura-t-elle avant de l'embrasser dans le cou.

Ce contact intime lui transmit une multitude d'émotions: scepticisme, douceur, légère incompréhension, envie (?) ou besoin de chaleur, peur (?). Mais elle buta très vite sur son sang-froid, la laissant sur sa faim, déçue. Mais Pluiechantante ne s'attarda pas sur ce détail, préférant enfouir son visage dans le torse d'Ean. Elle était heureuse qu'il soit là, et elle le lui fit sentir en partageant ses émotions.

[Ean ressent le bonheur de Pluiechantante, comme une chaleur irradiant d'elle. S'il n'a jamais connu d'Empathe, c'est assez perturbant pour lui.]

Elle ferma à nouveau les yeux et se remit à chercher. Malheureusement, malgré l'aide d'Ean, elle ne parvenait pas à sentir qui que ce soit de malintentionné, de noir, de fou*. Elle espérait qu'ils finiraient par le trouver, pour pouvoir le suivre et le faire arrêter. Mais rien n'était moins sûr...

«J'ai peur de pas voir parce qu'il est plus calme... Les autres jours, il redescend maintenant. On doit le voir!»

Elle tenta de donner plus d'énergie, de s'ouvrir davantage, pour percevoir plus loin. Elle avait le sentiment que quelque chose flottait juste au-delà de son rayon de perception*. Mais peut-être était-ce simplement son désir de trouver cet homme qui la parasitait.

* 1d10: 6
*1d10: 7

[ Maintenant c'est sur un 9 ou un 10 :D]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re : [Scénario] Qui a peur de l'homme noir?
« Réponse #9 le: 06 juillet 2016, 14:51:28 »
Résumé des événements

Les deux jeunes gens passèrent plusieurs marques à épier les gens alentour, jusqu'à ce que, grâce à l'aide d'Ean, Pluiechantante perçoive quelque chose à la limite de son champ de perception. Ils tentèrent de se rapprocher jusqu'à ce que l'artisan tombe nez à nez avec le mage noir. Heureusement pour lui, le mage ne réalisa pas qu'il était l'objet d'intenses recherches et passa son chemin. Ean et Pluiechantante suivirent aussi discrètement que possible l'homme jusqu'à une maison des bas-quartiers.

Alors que Ean restait pour surveiller l'homme, Pluiechantante rebroussa chemin pour aller chercher la garde. À son retour, elle trouva le jeune homme inconscient au sol, apparemment indemne, et l'homme noir disparu. Physiquement, Ean se remit très vite, mais il avait oublié toute sa vie à Valdemar, ce qu'il était venu y faire et les personnes qu'il avait rencontrées. L'homme noir avait effacé ses souvenirs récents, probablement pour ne pas être démasqué. Il ignorait donc qu'Ean avait une complice.