Sou n'aimait pas, mais alors pas du tout la situation. Elle avait l'impression que quelque chose clochait. L'animal était bien trop calme. Ce que confirmait ses pas lents et mesurés vers elle. Elle savait qu'une bête intelligente pouvait être encore plus dangereuse que les autres. Surtout parce que leurs réactions peuvent être très différentes des chiens normaux. Elle avait déjà croisée un de ces chiens. Un jour qu'elle exerçait ses talents au beau milieux de la foule il n'avait cesser de la regarder. Pourtant elle n'avait marquée alors aucune peur, ni tensions. Elle faisait son travail avec détachement, ce qui la rendait invisible car les gens remarque la tension, malgré eux parfois. Mais ce chien lui, savait ce qu'elle faisait. Et il aurait alors été hors de question de s'approcher de son maitre ou d'un de ses amis. Sou avait même préférée changer de rue. Aujourd'hui l'animal en face d'elle la rendait tout aussi mal à l'aise.
Très nerveuse, la fillette sursauta quand une voix se fit entendre, les mots semblaient doux mais elle ne fit attention qu'au sens. Dans sa surprise le bol lui échappa des mains et il lui fallut toute sa dextérité pour qu'il ne tombe pas à terre ou renverse son contenu sur le sol. Cette chose avait faim ! Et cette chose pouvait la mordre. L'angoisse au ventre la page laissa ses réflexes travailler pour elle. D'un bond elle sortit de la pièce et claqua, plus qu'elle ne referma, la porte au nez de Barrn. La main sur la poignée et tremblante, elle veillait à ce que la bête qui parle ne puisse ouvrir l'huis.
A ça non, on ne lui avait rien dit. Sou ressentait un début de panique qu'elle jugula du mieux qu'elle put. On ne réfléchit pas bien sous l'effet de la peur. La fillette se força donc à faire un petit exercice respiratoire qui lui ramena un peu de calme, même si ses mains continuaient à trembler.
*Voyons, s'efforçait-elle de raisonner, c'est certainement un de ces animaux magiques, comme dans les histoires des ménestrels. Et s'il vit au palais il ne doit pas être dangereux... malgré ses crocs. Et il ne va pas me manger. C'est une chose intelligente. Il ne va pas me manger. Et il parle dans ma tête.*
Cette dernière réflexion lui fit froncer les sourcils, est-ce que la chose savait qu'elle l'avait traitée, et le traitait encore, de "chose". Il fallait qu'elle se reprenne, d'autant que derrière la porte le chien devait toujours attendre sa viande. Prenant une grande respiration, l'enfant rouvrit la porte et passa un bout de nez dans l’entrebâillement.
"Vous... vous êtes quoi ? Vous lisez dans ma tête ?"
Jusque là elle avait garder le bol de viande contre elle mais elle le tendit soudainement par la porte vers Barrn. Il valait mieux qu'il sente l'odeur de la viande plutôt que la sienne. Sa peur était encore trop palpable. D'autant qu'elle se méfierait encore plus d'un liseur de pensée. Les gens dotés de ce don la terrifiaient. Elle pensaient qu'ils pourraient lire tous ses secrets, tous ses méfaits et pour le coup, elle serait peut-être bien jetée en prison pour toute sa vie... et toute sa vie, ça lui paraissait trèèèèèèèèèèès long.