«Je suis certain que oui. Déjà parce que je ne suis pas du genre à paniquer. Et tu crois que je n'ai jamais assisté à un accouchement? J'ai même aidé une femme à accoucher, figure-toi.»
Et il avait assisté à deux autres accouchements. Pas par choix, évidemment, mais il avait dû jouer les assistants-sages-femmes dans des situations d'urgence. Il savait donc pertinemment comment un accouchement se déroulait et il savait aussi à quel point c'était sale, plein de sang et long.
Wylan sourit avec indulgence aux conclusions erronées tirées par sa fille. Le fait qu'elle ne prenne en compte qu'une partie des données n'aidait pas tellement. Il n'y avait aucune chance que Pothire ne subisse le même sort que Fercente, car Wylan n'avait aucune raison de l'assassiner. De plus, les instigateurs de cette guerre ayant déserté le pays, il ne restait plus personne pour tenter de déstabiliser le gouvernement de transition du général Pothire.
«Sérieusement? Avec quel argent et quelle armée? Elle a été presque totalement démobilisée et je doute que qui que ce soit arrive à traîner les gens hors des champs. Car c'est maintenant la période des récoltes qui s'approche.»
Isibeal était chanceuse si elle n'avait jamais dû faire face à un mourant, ou à un malade que l'on savait condamné, à plus ou moins longue échéance. C'était sans doute le plus dur dans sa profession. Les Guérisseurs avaient pour but, pour besoin presque, de soigner les autres. Comment gérer l'impuissance? Comment se faire à l'idée qu'on était simplement humain? Qu'il n'était pas possible de sauver tout le monde?
«Tu as bien de la chance si tu n'as encore jamais vécu cette situation.»
Et il espérait que cela ne lui arriverait pas trop vite.
Isibeal pensait-elle vraiment que Wylan allait pouvoir se reposer? Certes, la guerre était terminée, mes les ennemis de Valdemar dormaient-ils jamais? La seule différence était qu'il pourrait à nouveau compter sur son réseau, plutôt que de devoir tout faire seul.
«Qui a parlé de se reposer? Enfin, je suis content que tu sois de retour et que tu puisses travailler là où tu en avais envie. Ce sera plus facile pour se voir. Greenfield, c'est vraiment trop loin de tout.»
Et c'était surtout trop proche de sa mère. Wylan adorait sa mère, mais il avait gardé une espèce de crainte enfantine et respectueuse pour sa mère.