4e jour de la 3ème décade d'hiver 1485 —L'ArpenteurKate Venelgueste - Ingénieure en horlogerie - 26 ans
Le menton posé sur la paume de sa main, le coude sur la table, Kate regardait avec consternation son "rendez-vous", installée en face d'elle.
Elle s'était plantée, sur toute la ligne!
Quand elle avait fait la connaissance, dans un commerce voisin, de la jeune Aglaée, superbe jeune fille de 18 ans, la sensualité de l'ingénieure avait été tout de suite éveillée. Elle avait passée quelques minutes à l'observer, et l'admirer. Grande, pulpeuse, blonde, elle était tout à fait à son goût. Naturellement peu timide, comme son père, Kate l'avait abordée pour échanger autour d'une pièce de tissus qu'elle admirait, et la conversation s'était poursuivi très facilement entre elles.
La jeune Venelgueste avait cru déceler chez Aglaée certains signes, comme une connivence, quand la pétillante blonde lui avait proposé de se revoir. Et quand Kate avait lancé le nom de l'Arpenteur, croisant les doigts dans son dos, Aglaée avait accepté avec enthousiasme, ce que sa nouvelle amie avait prit pour un aveu.
Mais voilà, cela faisait plus qu'une marque qu'elles étaient ici, et Kate avait comprit qu'Aglaée n'avait aucune idée de la communauté qu'on pouvait trouver ici, ni du double-sens de leur rendez-vous. Elle était juste une gentille et très - trop - jolie fille pas très maligne, avide de se faire de nouvelles amies, en toute innocence.
Kate soupira, au désespoir. Elle n'était pas prête à écouter encore le discours futile de la blonde si ça ne menait à rien. De toute façon, Aglaée devait rejoindre son père, petit commerçant sans envergure et sans éclat, avec qui elle avait rendez-vous, et Kate la salua le plus cordialement possible, sans répondre à la promesse de se revoir très vite, non merci.
Une fois la jeune femme partie, elle se balança en arrière sur les pieds de sa chaise, la tête renversée aussi, ronchonnant, pestant contre elle-même. En manque, sinon d'amour, mais surtout de tendresse, de caresse, de plaisirs, elle s'était fourvoyée, et se retrouvait sur la touche, ce qu'elle détestait.
Elle laissa sa chaise retomber bruyamment, et, en tapotant des doigts sur la table, elle se mit à regarder autour d'elle, voir si elle connaissait quelqu'un.
Micha, si tu veux bien