Auteur Sujet: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie  (Lu 10285 fois)

Beltran

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Début de la 2ème décade de printemps 1481

Un cheval passa au galop sur la route principale direction Haven faisant lever le regard aux paysans occupés à semer les récoltes. Le cavalier portait le tabard de l'armée de Valdemar. Les paysans s'animèrent et des cris retentirent ça et là, pressant de question le messager qui ne pouvait s'arrêter. "Est-ce qu'ils rentrent?!" "Où est l'armée?!" "Mon mari?!" Personne n'osa cependant se mettre en travers de sa route pour exiger des réponses mais l'espoir venait de renaître chez les paysans, se mélangeant avec l'appréhension face à de potentielles mauvaises nouvelles. Le bruit des sabots finit par s'éloigner jusqu'à totalement disparaître mais le brouhaha des conversations dans les champs résista encore longtemps.

En fin d'après-midi, alors que le soleil commençait à bien baisser sur l'horizon, des gamins arrivèrent en courant dans les champs et alertèrent les adultes: "Un gros nuage de poussière arrive. L'armée est en marche!" crièrent-il avec enthousiasme. Ce fut un branle-bas le combat général. Le village tout proche se vida de ses habitants, les paysans quittèrent les champs, et toute la population s'amassa sur le bord de la route et attendit. Une heure plus tard, le soleil rougeoyait de mille feux - et l'armée fut là.

Beltran menait. Son premier lieutenant, Kalaïd, chevauchait à quelques pas. Suivaient les Hérauts, puis les cavaliers, les soldats à pieds, et enfin les chariots. Ils passèrent lentement la foule, silencieux, fatigués. Les paysans acclamèrent, oubliant un instant la lourdeur des impôts et célébrant le retour des guerriers. Cela redonna quelque vigueur aux soldats. Certains reconnurent des amis, de la famille, et lancèrent des saluts, mais personne n'avait le droit de répondre aux questions qui se pressaient sur les lèvres des curieux.
Beltran haussa la voix:

"Direction Haven! Nous y serons dans une heure."


La nuit serait déjà tombée, mais le Capitaine savait que le comité d'accueil était prêt. Il ne rentrait pas avec toute l'armée. Deux tiers des forces étaient restées à la frontière, sous le commandement d'hommes de confiance. Kalaïd et Beltran revenaient pour participer aux conseils stratégiques à Haven avant de retourner sur ce qui allait devenir le front. Ils ne rapportaient pas de bonnes nouvelles, et si un tiers de l'armée suivait les deux hommes, c'était pour organiser la protection du royaume à partir de Haven et assurer des troupes fraîches au retour. Bientôt les voix amicales des paysans s'estompèrent et la marche forcée reprit sans un mot.

Une demi-heure plus tard, les lumières de Haven apparurent. Les soldats eurent un regain de force et le pas accéléra légèrement.
Beltran se tourna vers Kalaïd:

"J'ai fait prévenir le Conseil de notre arrivée. Nous y sommes presque. Enfin à la maison."

Il ne pouvait s'empêcher lui aussi de se réjouir de retrouver ses propres appartements, même pour quelques jours. De revoir Irmingarde, si elle voulait toujours de lui. Il avait réussi à lui envoyer une missive régulière pour la tenir au courant, mais le blond n'était pas le plus poétique des écrivains, et il avait parfois été plus que laconique. Malgré tout, il rêvait de la revoir en chair et en os. Il savait que Kalaïd avait quelqu'un qui l'attendait également...

Devant la porte de Haven, au bout de la route, des silhouettes attendaient. Certaines portaient le Blanc des Hérauts, d'autres le Vert des Guérisseurs et le Rouge des Bardes, et d'autres encore des habits de cour. La petite délégation s'ébranla pour venir à la rencontre des hommes rentrant de la frontière. Les fronts se déridèrent, les sourires apparurent. La maison, pour beaucoup d'entre eux. Derrière les gardes escortant le petit groupe, les habitants de Haven jetaient des regards curieux aux arrivants. Les premières exclamations ne tardèrent pas à fuser. "Miguel!" "Lionel!" "Marc!" "Hé Capitaine, de retour?!" et autres joyeux cris.
Beltran ne put s'empêcher de sourire mais son regard reconnaissait déjà les personnes qui s'approchaient pour leur souhaiter officiellement la bienvenue et aider à organiser le repos des troupes. Le temps d'asserner les mauvaises nouvelles au Conseil approchait avec eux. Beltran jeta un regard entendu à Kalaïd:

"Tu te rappelles: pas un mot sur la situation tant qu'on peut nous écouter. Je demanderai à réunir le Conseil ce soir même. Tu te sens assez en forme pour y assister?"
offrit-il une porte de secours à son second.

[ Kalaïd en premier, puis qui veut venir accueillir les soldats et a une bonne raison d'être là. Attention, les non-Hérauts n'ont pas pu être prévenus au hasard, il faut une vraie excuse ou être là totalement par hasard ^^ ]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Kalaïd

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #1 le: 06 avril 2014, 21:23:23 »
Haven, enfin... Les lumières de la noble cité scintillaient dans l'obscurité de la nuit tout juste tombée. Quelques écharpes de brume ceinturaient les murailles de la ville ça et là, soulignant sa silhouette majestueuse.

Enfin, après tout ce temps passé loin d'ici, enfin de retour...

 Kalaïd avait déjà fait ça des dizaines de fois, des centaines peut-être durant toute la période qu'il avait passé dans l'armée régulière. Il avait toujours trouvé des gens qui attendaient l'armée à son retour, qui attendaient des proches, un ami, un amour, un enfant...

Cependant, personne ne l'avait jamais attendu lui. Personne n'avait jamais été là pour l'accueillir, pour s'inquiéter de sa situation, de son état de santé, de son état d'esprit, de lui en somme... Et il devait bien reconnaître qu'à l'époque il n'en avait cure. Cela lui avait toujours vraiment peu importé. Le seul inconvénient qu'il voyait à cette situation, c'était simplement qu'il devait quitter l'armée pour un temps donné, et c'était justement là le souci. C'était sa seule famille à l'époque, il ne connaissait rien d'autre. Maelth était comme un père pour lui, il était ce qui se rapprochait le plus d'un parent. Mais le Capitaine avait un passé et une famille qui l'attendait, aussi lorsqu'ils rentraient, Kalaïd essayait de ne pas trop empiéter sur sa vie privée même s'il avait toujours été le bienvenu...

Cette fois-ci, tout lui semblait différent...

C'était un autre Capitaine qu'il accompagnait sur le chemin du retour, Maelth goutant un repos éternel et mérité... "La Maison"... Kalaïd pris le mot de son supérieur de plein fouet. Il est vrai qu'il avait voyagé dans sa carrière, il n'avait jamais eu réellement de sentiment d'appartenance à un lieu quelconque. Lorsqu'ils rentraient en Hardorn, il n'avait jamais particulièrement trouvé qu'il s'agissait là de... sa "Maison". Il y avait sa chambre oui, mais son cœur n'y était pas attaché en réalité... Mais cette fois-ci, pour la première fois, il se sentait un sentiment nouveau d'appartenance à ces lieux. Valdemar, et particulièrement la noble cité de Haven, lui avaient fait vivre de formidables changements, et il se sentait en quelque sorte chez lui au sein des troupes servant les intérêts de cette communauté.

Enfin les portes...

- Mon Capitaine je ne dirai mot sur notre mission jusqu'à ce que vous m'ordonniez le contraire, admit Kalaïd avec un signe de tête entendu. Je suis assez en forme pour assister au conseil, mais si ma présence n'est pas indispensable, je me soustrairai volontiers à cette réunion...

Thalyana...

Voilà quel était véritablement le principal changement de ce retour. Son Lien était puissant mais il ne lui permettait pas de savoir quels seraient les actes de son aimée...
Serait-elle là ? L'attendrait-elle ? Quelle décision avait-elle prise ? Rien que de penser qu'il allait enfin la revoir, le cœur de Kalaïd se serrait...  A chaque sabot qu'avait posé Elazur sur la route en direction de Haven, le jeune Lieutenant ressentait de plus en plus cette force immense, ce pouvoir d'attraction imparable. L'imminence de ces retrouvailles rendait presque palpable ce Lien, il avait l'impression que son cœur voulait sortir de sa poitrine pour aller au plus vite retrouver celui de la jeune guérisseuse, et pouvoir enfin de nouveau s'accorder à son diapason...

Inconsciemment, les talons de Kalaïd avaient activé légèrement Elazur qui protesta, refusant d'avancer plus vite voyant qu'il était le seul de la troupe à subir ce traitement. Cela sorti le jeune homme de sa torpeur... Il ne pouvait se permettre de dépasser le Capitaine, même si la seule envie qu'il avait était de planter tout le monde sur place, de lancer son compagnon au grand galop pour retrouver sa bien aimée au plus vite...
Où était-elle ? Où était leur avenir qui grandissait en elle...

Une silhouette... Alder... Ce guérisseur ne lui était pas inconnu... Et cette mèche de cheveux qui dépassait derrière lui, rivalisant de luminosité avec le soleil...

*Amour*

- Thalyana... murmura-t-il en sautant littéralement au bas d'Elazur avant de courir vers sa moitiée...
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
«Personnellement je ne pense pas que le Commandant Beltran m'ait recruté en fonction de ma capacité à manier un rasoir.»
Kalaïd, 7e décade de printemps 1481

Fitz

Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #2 le: 06 avril 2014, 21:51:32 »
Au loin, en tête de cohorte, Fitz imaginait déjà le bonheur de Kalaid et du capitaine Beltran. L'ancien mercenaire quant à lui avait accepté de rester à l'arrière, surveiller qu'ils n'étaient pas suivi, veiller à ce que la queue de peloton suive bien le reste, transmettre les ordres du capitaine, et faire parvenir à ce dernier tout désordre qu'il aurait pu constater.

Il s'était porté volontaire pour ce poste. Deux raisons à cela:
La première était que l'humour persistant de Fitz permettait aux hommes d'oublier un peu la lourdeur de ce qu'ils venaient de vivre. Cela avait été pour certains leurs premières campagnes, et Fitz le savait que trop bien, on oubliait jamais une première campagne.
La deuxième raison finalement était une des causes de la première. Le capitaine et Kalaïd avaient du monde à retrouver à Haven, une personne à qui ils tenaient. Fitz lui personne ne l'attendait. Il savait très bien qu'à l'approche de Haven les deux officiers devenaient légèrement plus distants, plus distraits, plus tendus. Fitz lui.... Il racontait des blagues.

"Et les gars vous savez la différence entre ma hache et ma femme? Je ne prête jamais ma hache! "

Cela détendait les gars, leur permettant d'oublier l'espace d'un instant qu'il fallait avancer.

Et ils avançaient. Tant et si bien que bientôt Haven fut en vue, il sentit que le pas devenait plus pressant, que les hommes étaient plus tendus, moins disciplinés.

C'était là aussi son job, qu'ils restent en place jusqu'à ce qu'on les démobilise. Lorsqu'ils approchèrent des champs, le lieutenant mit pied à terre, laissant Mephisto marcher à son pas à ses cotés, il brandit la hache sur l'épaule, et dit d'une voix basse mais sans appel:

"Je vous rappelle une simple chose: on ne s’arrête pas"

Tout soldat connaissait maintenant assez bien le lieutenant, pour savoir qu'une menace restait une menace, même dite avec douceur. Il laissa quand même quelques troufions saluer dans une larme des connaissances qui hurlaient de joie.

Quand le pas se mit à accélérer, Fitz comprit que la grande ville approchait aussi. Franchement ces deux grands gaillards de l'armée qui les dirigeaient étaient autant menés par leurs hormones que des adolescents en goguette. Mais le guerrier ne put s'empêcher de sourire.

'Allez les gars, on y est presque! De la bière, vos femmes, un bon repas, et enfin un lit qui ne ressemble pas à deux planches de bois!!!"

Fitz fit un tour rapide des chariots, être sûr que tout se passa bien, et remonta d'un geste rapide et précis sur sa monture.

"Mon grand ce soir, tu auras une écurie propre!"

Il se mit à rêver un instant, d'être à la place de ses amis, être attendu lui aussi par une femme qui lui ouvrirait les bras. D'ailleurs il y aurait le conseil surement pour parler de ce qui s'est passé là bas..... En rattrapant Kalaïd il lui proposera d'y aller à sa place, histoire que le lieutenant puisse..... "Profiter" de son retour! Il avait bien plus à y gagner que Fitz.
« Modifié: 06 avril 2014, 21:56:10 par Fitz »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Thalyana

Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #3 le: 06 avril 2014, 21:54:40 »
Thalyana avait passé sa journée à tourner en rond, à la fois impatiente et inquiète. On l’avait prévenue du retour des soldats, et avec eux, de Kalaïd. Enfin! Mais elle ne pouvait se réjouir complètement de son retour: comment allait-il réagir à sa grossesse. Il n’avait pas répondu à sa lettre. Peut-être était-il fâché? Peut-être allait-il se mettre en colère?

Elle avait rempli ses obligations l’esprit totalement ailleurs, perdant le fil de ce qu’elle disait, se cognant un peu partout. Elle se tendait vers Kalaïd, dans l’espoir de capter quelques brèves impressions qui pourraient lui préciser le moment son arrivée. Mais elle était trop inquiète pour sentir quelque chose d’utilisable. Elle avait même dû renoncer à soigner aujourd’hui. L’émotion était trop forte, elle était trop déconcentrée. Elle ne voulait pas risquer de blesser quelqu’un. Elle s’était donc réfugiée dans le laboratoire et pilait machinalement des herbes.

Finalement, en fin de journée, on vint la prévenir que la troupe serait là d’ici une marque. Elle dut se retenir pour ne pas tout laisser en plan et partir se mettre en faction aux portes de la ville. Elle plaça donc la fine poudre dans un récipient hermétique, puis nettoya et rangea le mortier. Elle enleva lentement son tablier, vérifia que tout était en ordre. Puis elle partit en courant, traversant le Collegium des Guérisseurs sans prendre garde aux gens qu’elle bousculait. Elle dut bientôt ralentir… courir n’était pas mauvais pour le têtard, mais quand même. Elle se dirigea vers la porte du Palais en marchant d’un pas rapide, mais irrégulier. Elle fut prise en pitié par Alder qui se rendait lui aussi à la porte de la ville, mais à dos de cheval. Il la fit donc monter en croupe. Thalyana le remercia dans un souffle et profita du trajet pour tenter de calmer les battements affolés de son cœur.

Quand ils arrivèrent aux portes de la ville, la troupe était visible au loin. Ils seraient là très vite. Thalyana sentit son estomac se torde. Elle avait peur, tellement peur. Elle avait à la fois envie de rire et de pleurer. Elle avait envie de courir à sa rencontre et de rentrer se cacher chez elle. Alder dut lui rappeler qu’ils étaient arrivés pour qu’elle pense enfin à descendre de selle. Nerveuse, elle lissa sa jupe, remit en place son chemisier et la cape sur ses épaules. Elle tenta de mettre un peu d’ordre dans le chignon lâche qui maintenait ses cheveux. Puis elle posa sa main sur son ventre. Sa grossesse se faisait maintenant un peu moins discrète, mais uniquement lorsqu’elle était nue, ou qu’on lui touchait le ventre. Elle passait donc encore plus de temps la main posée sur son ventre, cherchant régulièrement à établir un contact émotionnel avec sa future petite fille.

Alder la rappela à l’ordre: elle diffusait son angoisse partout autour d’elle. Elle releva ses barrières avec peine. Ça devenait difficile le soir, et plus encore quand elle était stressée. A cause de cela, elle pratiquait les soins surtout le matin, quand sa concentration était la meilleure.

Enfin, la troupe arriva. La coeur faillit lui manquer. Il était là. Elle le voyait. Cela faisait maintenant presque dix dizaines qu’elle ne l’avait pas vu. Et la dernière fois, elle était encore seule.

Légèrement en retrait derrière Alder, elle se déplaça un peu pour que Kalaïd puisse la voir. Elle tremblait. Elle était terrifiée. Elle déglutit avec peine.

Elle s’approcha, timide, hésitante. Non, elle n’allait pas pleurer, pas devant une foule aussi importante. Sa fierté ne le supporterait pas. Elle resta donc là, bravement, droite, alors qu’elle sentait son cœur irradier de douleur, son estomac se tordre. Au fond d’elle, elle ne souhaitait qu’une seule chose, que Kalaïd la prenne dans ses bras, qu’il la serre fort et qu’il lui dise que tout irait bien.

« Kal… » Sa voix était voilée et faible.

Puis elle fut submergée par une vague d'amour. Un peut hébétée, elle le vit descendre de cheval et se précipiter vers elle. Elle fit quelques pas et se jeta contre Kalaïd, sans égard aucun pour le protocole, sans se soucier de la foule qui les entouraient.
« Modifié: 10 juillet 2016, 23:38:45 par Thalyana »

Héraut Irmingarde

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #4 le: 06 avril 2014, 22:28:12 »
« Toc, toc ? »
« Moui ? » répondit mentalement Mina à l’appel de son Compagnon.

Une conversation avec Ezarell serait la bienvenue pour tuer son ennui, alors qu’elle était de corvée de couture. Elle ne s’en sortait pas trop mal, du moins mieux que les grises de haute extraction, mais cette activité était d’un ennui...

« J’ai appris quelque chose aujourd’hui... » commenca Ezarell.
« Tu as encore fait la commère avec les autres Compagnons hein. Tu ne peux pas t’en empêcher, c’est terrible ! » répondit Mina.
« Ho, et tu ne veux pas savoir ce que j’ai appris ? »
« Ca dépend... » réagit la grise.
« De quoi donc? »
« De si cela est de l’ordre du privée, auquel cas je ne veux rien savoir, tu sais que je fais peu de cas des racontars. »
« M’accuserais-tu d’être friande de potins mon élue ? » s’exclama le Compagnon.
« Allons, il n’y a guère que Fleur Arkadia qui aime autant les petits secrets que les Compagnons. Cela dit, contrairement à cette demoiselle, tu as une éthique, je pense donc que ce que tu veux me dire me concerne. »
« Ais-je donc ton attention pleine et entière ? » demanda Ezarell.
« Parfaitement. » rétorqua Irmingarde.
« Bien. Il y a une rumeur qui agite les hautes sphères du royaume. Ce n’est même pas une rumeur en fait, c’est une certitude... »

Une dizaine de seconde passèrent.

« Tu prends en plus un malin plaisir à me faire lanterner ! »
ronchonna Mina.
« Oui... »
« Ezarell... » menaça la jeune femme.
« Une partie de l’armée revient à Haven, certains pour quelques jours, d’autres plus longtemps... » révéla Ezarell.
« C’est normal, il vaut bien faire tourner les troupes à un moment ou un autre. »répondit Mina.
« Certes. Cela dit, l’armée est menée... par Beltran en personne, qui sera donc à Haven pour quelques jours. »
« ... »
« Mon élue ? »
« ... »
« Toc toc ? »

***

Il ne l’avait pas prévenue. Il ne l’avait pas prévenue de son retour à Haven. Bon, en même temps, vu la constance avec laquelle elle répondait à ses lettre, on ne pouvait pas dire qu’elle pouvait jouer la fine bouche. Mais quand même !
Elle s’était sérieusement demandé si sa place était parmi le comité d’accueil. Au nom de quoi serait-elle là ? Quelle était sa raison, son excuse pour se déplacer jusqu’à la porte de Haven – alors qu’elle sortait peu de l’enceinte du Collegium, pour ainsi dire jamais ?  Mais elle avait sacrément envie d’y être aussi, c’était bien le problème. Finalement, elle s’était convaincu qu’elle y allait en sa qualité d’apprenti Héraut. L’excuse en carton... Mais on ne lui avait pas posé de question. L’avantage de ne pas avoir beaucoup d’amis.

Elle ne faisait pas partie du gros du comité, s’étant excentrée un peu derrière. Il y avait là un muret à priori inutile – datant sûrement de l’époque d’Elspeth la Pacifique, quand les riches marchands construisaient tout et n’importe quoi – mais qui pour aujourd’hui avait trouvé une mission parfaite, servir de tabouret à Irmingarde.
Celle-ci s’était juchée dessus, assise, les jambes collées contre la pierre, légèrement au-dessus du sol. A sa taille, dans son étui, pendait l’épée que Beltran lui avait offerte. Ca aussi c’était ridicule. Quel besoin avait-elle de se pavaner avec une arme dont elle ne savait pas bien se servir ? Mais si on devait faire le compte des choses ridicules qui l’avaient troublé ces dernières heures...
Elle s’était, l’espace d’une seconde, demandée si elle devait fait un effort vestimentaire. Elle avait chassé cette idée en enfilant son uniforme gris, mais l’uniforme en meilleur état qu’elle possédait. Elle n’avait pas non plus travaillé sa coiffure, ses cheveux – qui avaient repoussés depuis la mission, et avaient leur longueur habituelle, c’est à dire jusqu’à ses fesses -  étaient lâchés, tout bêtement.
Elle eut un doute, à un moment. Beltran lui avait promis d’essayer de nouveau de la séduire pour peu qu’elle y mette de la bonne volonté, en gros. Mais c’était juste avant de partir à la guerre. Ils n’avaient pas vraiment eu le temps de mettre ces bonnes résolutions à l’épreuve, et elle ne savait pas vraiment ce qu’elle devait faire. S’habiller mieux qu’elle ne l’était aurait-il était une chose qu’il aurait voulu, qu’il aurait décrypté comme un... signe ? Ah bon sang, mais pourquoi s’était-elle engagé dans cette galère ?!

La réponse lui vint quand elle l’aperçut enfin. Elle était venue, elle était là, parce que c’était Beltran, tout simplement.
Pour l’instant, il ne la voyait pas, et elle put l’observer en cachette tout à loisir. Il avait l’air harassé de fatigue, mais c’était bien lui, et il souriait, heureux d’être enfin rentré, même pour quelques jours. Il était là, et surtout, il était vivant.
Mina prit soudain conscience qu’il n’y avait pas eu que sa pudeur naturelle ou son orthographe déplorable qui l’avaient freiné à lui écrire plus souvent. Elle avait eu peur. Peur de s’attacher plus, et qu’il meurt. Qu’il revienne à Haven oui, mais entre quatre planches. Parce que c’était leur destin à tous les deux. Mourir, dans l’exercice de leurs fonctions.

Leurs fonctions... C’était en partie pour ça qu’elle ne se mettait pas en avant, outre sa discrétion. Il lui avait dit lui-même. C’était dangereux pour lui d’aimer. Ses ennemis deviendraient automatiquement les siens, elle serait une cible de choix. Ils ne devaient pas montrer aux autres qu’ils se tournaient autour, pour leurs propres sécurités. Puis elle observa la guérisseuse Thalyana sauter dans les bras d'un des lieutenant de Beltran, Kalaïd si sa mémoire était bonne, et elle se dit que finalement, c'était aussi bien qu'elle ne s'affiche pas ainsi. Pas qu'elle trouve ça ridicule, mais un peu trop mièvre pour elle. Les effusions, c'était pas son truc.

Elle se doutait aussi que Beltran n’aurait pas tellement de temps à lui consacrer. Elle essayait de se convaincre que ce n’était pas grave. Et ça ne l’était pas, quand on y pensait. Il était le Capitaine de la Garde, il avait un rapport à faire, des consignes à donner, la défense d’un pays à organiser, avec le Roi, les conseillers... La petite apprentie Irmingarde, elle, elle ne pesait rien face à ça, ne faisait pas le poids ! Le Héraut qu’elle était comprenait, approuvait même. La femme, c’était autre chose...

Enfin, elle était là, assise sur son muret, et elle attendait qu’il la voit. Le reste, elle aviserait. L’avenir était bien assez sombre pour y rajouter d’autres soucis !
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Feuillemalice

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #5 le: 07 avril 2014, 10:36:57 »
[justify:bjm4rw20]Feuillemalice connaissait une journée morne comme rarement elle avait eu l'occasion d'avoir. Peu de patient, travail finit tôt, Wylan occupé ailleurs... Et puis, ils se voyaient moins souvent ces derniers temps, bah oui, faudrait pas qu'ils s'attachent non plus. La jeune femme n'avait pas eu grand chose à faire aujourd'hui si ce n'est soigner quelques bobos sans grande importance. Le seul truc qui s'était passé, c'était Thalyana. La pauvre jeune femme n'avait pas réussi à prodiguer un soin ce matin, tant son émotion était forte et ses barrières fragiles.

En se renseignant un peu, la Guérisseuse avait appris le retour d'une partie des troupes du front. A tous les coups, le Lié de la jeune fille devait se trouver parmi eux. Tant mieux. Elle lui avait fait de la peine à sa dernière visite, ne pouvant pas partager tous ces moments avec la personne qu'elle aimait. Elle espérait au moins que celui-ci pourrait rester quelques temps, peut-être jusqu'à l'accouchement ? Feuille ne savait pas si elle voulait des enfants. Toute femme normalement constituée en rêvait... Mais elle pas spécialement. Parce que à Valdemar, avoir des enfants avec un homme, ça voulait dire souvent être lié à lui. Et pour l'instant, la jeune femme ne concevait pas de s'attacher à qui que ce soit. Elle aimait trop sa liberté pour cela.

Enfin bref, dans toutes ces pensées, Feuillemalice se dit que cela lui changerait sûrement les idées d'aller accueillir le retour des soldats et puis, avec un peu de chance, elle en reconnaîtrait un esseulé... ? Sait-on jamais ? Elle avait du en soigner quelques-uns par le passé. Du coup, lorsqu'elle sentit l'agitation qui annonçait l'arrivée imminente des hommes de Valdemar, la jeune femme avait déjà terminé ses affaires depuis longtemps. Elle s'était mis en route, quand elle vit passer en courant une tâche verte avec une chevelure blonde. Oui, l'aimé de Thalyana devait être parmi les hommes. Elle allait vite se fatiguer à ce train là !

La jeune femme marcha d'un pas souple et rapide jusqu'aux portes de la ville. Du monde se rassemblait au fur et à mesure que la rumeur grandissait. Sans doutes beaucoup de famille, de femmes et de parents, venus acclamer leur mari, père, amant, fils... héros revenu de la guerre... Bien que celle-ci soit sans doute pas encore terminée. Sinon tous les hommes seraient de retour. Feuille dut se frayer un chemin jusqu'à pouvoir passer au-delà de l'enceinte et avisa un petit endroit sur-élevé, d'où elle pourrait mieux voir le "spectacle".

Déjà les premiers hommes arrivaient. Elle regarda les premières retrouvailles, premières effusions, d'un sourire attendri. Ben oui, c'est pas parce qu'elle ne voulait pas s'attacher qu'elle ne trouvait pas ça mignon ! Elle vit alors sa patiente sauter littéralement dans les bras de son Commandant, dans un élan d'amour et de joie. Ahlala, la jeune fille d'habitude si réservée, ça faisait plaisir de la voir comme ça. Sans doute serait-elle plus détendue lorsqu'elle la verrait la prochaine fois !

C'est alors, qu'elle remarqua une tête pas tout à fait inconnue. Plissant les yeux, elle mit quelques temps à remettre un nom sur l'homme qui avait remontait la file en direction de la tête des hommes. Fitz. Lieutenant Fitz. Feuillemalice patienta quelques secondes, attendant de voir si quelqu'un venait à sa rencontre ou inversement, puis se dirigea vers lui, le sourire aux lèvres. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle l'interpella :

-Alors, Lieutenant Fitz, aucun cochon pas tout à fait mort pour vous planter un couteau dans le dos cette fois ?

Elle sourit, malicieuse, et se fendit d'une révérence :

-Bienvenue à Haven Messire.

Puis se relevant, elle haussa un sourcil :

-Je ne vois aucune jolie femme venue accueillir un héros de retour ? Quel grave manquement... Puis-je vous offrir mon bras pour remonter jusqu'au Palais ?

Oui. Sauf que lui à cheval et toi à pieds... comment dire. Bref, on réglera ça plus tard. Pour l'instant la jeune femme s'inquiétait surtout de voir surgir une autre femme énamourée... Auquel cas, elle aurait l'air cruche ![/justify:bjm4rw20]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #6 le: 07 avril 2014, 14:01:14 »
Beltran était le Capitaine. Et le Capitaine menait l'armée vers l'avant. Il n'avait d'autre devoir que de ramener ses hommes à bon port, s'assurer que tout roulait, et faire son rapport à la classe dirigeante avant d'élaborer les stratégies. Cependant, pour la première fois depuis longtemps, le Capitaine regrettait que le devoir passe avant tout. A ses côtés, son premier lieutenant jouait lui aussi avec les complexes notions de devoir et de désir.

"Je peux assurer seul ce soir." répondit Beltran à contre-coeur après avoir pesé le pour et le contre. "Mais demain tu n'échapperas pas aux réunions. Je te veux à mes côtés ainsi que Fitz quand nous planifierons tout." Le ton était grave, et le lieutenant savait à quel point les nouvelles ramenées étaient grave: la guerre était aux portes de Valdemar.

Le Capitaine se rendit immédiatement compte que son fidèle bras droit ne pourrait avoir la tête à une quelconque réunion. Il avait quelqu'un qui emplissait ses pensées et un Lien pour la Vie qui demandait à être satisfait. Beltran chercha la silhouette de Thalyana dans le groupe qui attendait patiemment leur arrivée. Il la repéra au même moment que Kalaïd et le sentit se tendre vers la jeune femme. Il eut un sourire sincère:

"Tu as ta soirée dès que les hommes sont libérés." offrit-il à Kalaïd en se rappelant une époque où lui aussi avait quelqu'un qui l'attendait au retour de campagne.

Le Capitaine jeta un coup d'oeil derrière lui.  Fitz n'était pas bien loin, vérifiant que les hommes soutenaient le rythme et ne s'évadaient pas pour quelques bras accueillants. Encore quelques heures et ils seraient tous libres de rentrer chez eux et profiter d'une pause bien méritée. Le Capitaine fit un signe à Fitz:

"Une fois à Haven, conduis les troupes aux casernements, fais leurs rendre les armes, vérifie les listes de présence et dis leur de se présenter demain pour la solde. Quartier libre pour tous jusque là."

Le comité d'accueil se mettait en branle. Certains participants bloquaient le passage et la colonne armée s'arrêta lentement. Les cris de joie retentissaient ça et là, et les soldats tremblaient d'impatience à l'idée de retrouver leurs familles. Sans sortir des rangs, certains engagèrent la conversation avec les curieux, qui promettant d'être là pour dîner, qui assurant qu'il rapportait des lettres d'autres camarades restés à la frontière. Beltran surveilla d'un oeil les premières effusions d'émotions et ne put empêcher un sourire épuisé mais content. Les pertes n'étaient pas encore dénombrées, les espoirs survivaient, et la guerre n'avait pas encore atteint la capitale. Place aux sentiments.

Thalyana s'approcha de Kalaïd. Elle semblait timide, sous le choc. Puis elle se précipita sur son amant pour le saluer comme le devait une amoureuse abandonnée depuis des mois. Beltran détourna le regard mais où qu'il pose les yeux, ce n'était que retrouvailles. Même Fitz avait été intercepté - Beltran se promit de suivre cette histoire de plus près.

Le Capitaine se rendit alors compte qu'il était jaloux. Personne n'était là pour l'accueillir en tant que Beltran. Devant lui, le saluant, ce n'était que Hérauts et membres du Conseil aux airs inquiets. Le blond se força à les saluer avec dignité. Il annonça le nombre de soldats de retour et promit un rapport complet pour la prochaine heure en salle du Conseil. Du coin des yeux, un mince espoir lui collant à la peau, il chercha quelqu'un qui ne voulait pas voir le Capitaine mais seulement Beltran de Greenhaven. Et alors que ce petit espoir s'évanouissait avec un relent d'amertume, il la vit. Irmingarde ne s'était pas mêlée à la foule grandissante ni au petit groupe officiel. Et elle le regardait. Le coeur de Beltran fit un triple-salto arrière avant de reprendre un rythme presque normal mais plus soutenu qu'à l'habitude. Il s'excusa brièvement, presque impoli, et se tourna vers Fitz:

"Donne le signal pour aller à la caserne. Relâche les troupes dès que tout est en ordre. Ensuite tu as quartier libre jusqu'à demain."


Puis il descendit lui-même de cheval et abandonna tout bonnement les Hérauts et autres officiels qui le regardèrent avec étonnement, peu habitués à ce genre de comportement de la part du si sérieux Capitaine. Ce dernier se fraya un chemin jusqu'à un certain muret et s'inclina profondément devant Irmingarde. D'une voix rauque, Beltran la salua:

"Ma dame."

Et il se tint là, comme un imbécile, ignorant ce qu'il devait faire.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Kalaïd

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #7 le: 07 avril 2014, 15:26:54 »
Kalaïd saisit sa Liée à bras le corps. Il la serra fort contre lui tout en pensant particulièrement à ne surtout pas appuyer sur son ventre. Il sentait le corps menu de sa moitié entre ses mains, sa peau et son corps tout près de lui. Il en avait rêvé maintes fois...

- Mon amour, enfin..., murmura-t-il. J'ai tant de fois souhaité que la déesse raccourcisse la durée des marques pour avancer nos retrouvailles...

La tête appuyée contre celle de sa dulcinée, il était fermé à tout ce qui n'était pas « eux ». Quand bien même la Déesse aurait pu faire une apparition au beau milieu de la foule, il ne la verrait pas. Car là, le cœur à quelques centimètres seulement de celui de Thalyana, le Lien qui les unissait était d'une force semblant imperturbable.

Si près d'elle, il ressentait un fond d'angoisse... Il la repoussa légèrement pour la regarder dans les yeux, baissa son regard vers son ventre puis revint à Thalyana.

- N'ai aucune crainte..., susurra-t-il doucement.

Il esquissa un sourire rassurant et l'embrassa sur le front, sur le nez puis saisit enfin ses douces lèvres entre les siennes...

Malgré son émotion, il avait bien pris note des remarques de son Capitaine.

- Je dois accompagner la troupe jusqu'à la caserne pour rompre les rangs avec le Lieutenant Fitz. Je ne vais pas lui laisser tout faire quand même...

Ce disant il se tourna pour observer son camarade et... Tiens donc. Qui était cette demoiselle en compagnie de son ami ? Alors comme ça il espérait pouvoir cacher cela hein... Kalaïd esquissa un léger sourire. Il avait fière allure celui qui quelques mois auparavant le taquinait avec sa relation avec Thalyana. Il n'allait pas manquer cette occasion de lui renvoyer la balle, c'était garanti.

Il recentra son attention sur l'objet de tous ses désirs.

Amour

Ce faisant, il vit du coin de l'oeil le Capitaine Beltran, à pied, fendant la foule d'un pas déterminé, et s'arrêter juste devant une jeune femme assise sur un muret. Ceci quelques secondes avant qu'il ne fasse une révérence devant elle. Les bras ne lui en tombèrent pas à proprement parler, mais du moins ses épaules s'affaissèrent.
Le Capitaine Beltran quand même...
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
«Personnellement je ne pense pas que le Commandant Beltran m'ait recruté en fonction de ma capacité à manier un rasoir.»
Kalaïd, 7e décade de printemps 1481

Fitz

Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #8 le: 07 avril 2014, 16:53:50 »
La fébrilité parmi  les hommes était palpable. Mais aucun ne rompait les rangs, et le lieutenant s'en félicitait.
Il acquiesça aux ordres de son capitaine sans oublier de rajouter:

"Vous inquiétez pas, je pense que tout le monde reviendra demain quand il sera question de solde. Bizarrement j'ai l'impression que ce genre de détails ils ne l'oublient pas, contrairement à la corvée de cuisine! "

Du haut de sa monture fidèle et obéissante, Fitz regardait chaque homme qui formait cette compagnie la hache sur l'épaule. De quoi couper définitivement toute envie de sortir des rangs!

Il allait s'approcher de Kalaïd pour lui dire qu'il prenait ses corvées afin qu'il puisse profiter convenablement de ses retrouvailles lorsqu'une voix familière l'interpella. Cochon ? Mort ? Et revoilà le grand et beau guerrier aussi cramoisi qu'une tomate gorgée de soleil. Et tandis que son capitaine s'enfuyait à une vitesse qui confinait à la pathologie, un petit peu comme un dépendant en manque, le lieutenant lui lanca une dernière phrase:

"Bien compris Capitaine. Et si vous savez pas quoi faire un de ces soirs, je serai ravi de vous offrir un verre! Histoire de se voir dans d'autres circonstances que la mort, la guerre, bref dans des conditions où l'on ne risque pas de mourir à chaque minute qui passe !"

Mais il se doutait déjà vu la vitesse, que l'homme n'entendait plus un mot de ce qu'il pouvait bien lui dire.
Puis il se tourna vers Feuillemalice, et ses joues reprirent cette magnifique couleur rouge qui maintenant était dans ses habitudes. A croire presque que cela était sa couleur d'origine.

"Non pas de cochon cette fois! Par contre des couteaux dans le dos y'a bien eu quelques tentatives croyez-moi! J'ai d'ailleurs quelques nouvelles cicatrices si vous voulez entraîner certains de vos étudiants à la couture'

Il vérifia d'un dernier coup d'oeil, profitant de la hauteur de Mephisto, si les hommes suivaient bien les règles, mais visiblement tout ces mois de campagnes avaient soudé le groupe et aucun ne semblait avoir l'envie  ni même l'idée de désobéir aux ordres directs. Tout en écoutant la proposition de la guérisseuse, le lieutenant sentit les regards de ses compagnons d'armes posaient sur son dos. Voilà t'y pas que lui le mercenaire bougon, l'ours solitaire, le mec que personne n'attend, se trouvait accueilli à son arrivée à Haven par une femme qui plus est fort agréable à l'oeil! Ca allait encore jaser dans la caserne. Mentalement le soldat se mit à rire, après tout il en était plus à cela prêt, et tant qu'à faire jaser autant le faire avec la manière!

"Ma dame c'est un plaisir d'être rentré! Et surtout d'être accueilli je pensais réellement me retrouver seul être de tout Haven sans personne à son arrivée! Grâce à vous je vais peut être échapper à  l'intégralité de mes corvées, je vous en suis redevable à un point que vous ne saurez jamais imaginer!

D'un geste rapide il attache son arme à l'arrière de la selle, tata l'encolure de Mephisto qui se baissa alors sur ses antérieurs dans une position digne du salut des nobles les mieux éduqués du royaume, un petit tour qu'il avait pris le temps de lui apprendre. Fitz tendit alors sa main à Feuillemalice

"Je ne peux malheureusement quitter ma monture mes ordres étant d'accompagner les hommes jusqu'au baraquement, par contre deux choses:
Je ne peux décemment pas vous laisser marcher ainsi à mes cotés, cela ne serait pas digne d'un gentilhomme vous en conviendrez !
Et personne ne m'a interdit d'emmener de la compagnie avec moi jusqu'au baraquements. Que diriez-vous de chevaucher à mes cotés jusque là ?
Vous pourrez ainsi m'entretenir de ce qui a bien pu arriver à Haven tout ce temps. Comme vous l'avez si justement remarqué personne ne m'a accueilli et vous comprendrez donc que je n'ai eu que très peu de nouvelles de la ville ces derniers temps"


Au moins là il leur offrait du spectacle, il leur donnait du grand Fitz, si ca venait à jaser que cela soit au moins avec panache, avec une histoire digne du personnage! On a sa fierté quand on s'appelle Fitz!

"Me ferez-vous cet honneur?"
« Modifié: 10 avril 2014, 14:49:51 par Fitz »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Thalyana

Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #9 le: 07 avril 2014, 16:58:00 »
Thalyana se retrouva étroitement serrée contre Kalaïd. Elle se sentit mieux, infiniment mieux. Certes, elle n'était pas encore capable de parler, mais cela n’avait aucune importance pour le moment. Elle avait l’impression de revivre, bien que l’angoisse qui la tenaillait depuis des dizaines ne pût disparaître aussi simplement.

Il dut sentir son inquiétude, car il s’empressa de la rassurer quant au bébé. Il n’était visiblement pas fâché. Il n’était peut-être pas fou de joie, mais il l’acceptait. Elle n’en demandait pas plus. Elle-même ne savait pas trop si elle était contente ou non de la naissance à venir. Parfois elle se réjouissait d'avoir une petite fille, parfois, elle s'effondrait en pleurant d'angoisse.

Quand Kalaïd mentionna les soldats, Thalyana jeta un bref coup d’œil autour d’elle. Ses joues prirent rapidement la couleur du vêtement des Bardes. Elle venait de se jeter au cou de Kalaïd… comme une gamine amoureuse… devant une foule, une très grande foule. Il l’avait embrassée au vu et au su de tous. Elle s’était laissé aller contre lui au milieu d’une troupe de soldat, des officiels du Palais, des Guérisseurs venus ici pour faire leur travail. Mortifiée, elle sentit l’angoisse revenir, ses barrières flancher…

Cherchant à reprendre son calme, elle suivit le regarde de son Lieutenant. Regard qui s’arrêta sur un Beltran qui faisait visiblement la cour à une belle. Elle ne put s’empêcher de sourire. Au moins n’étaient-ils pas les seuls à être ridicules. Kalaïd, par contre, avait l’air presque déçu de l’attitude de son Capitaine. Elle rit doucement et le força à se pencher pour lui parler à l’oreille.

« C’est le "problème de cœur" de ton capitaine… enfin, à ce que je vois, ce n’est peut-être plus un problème maintenant. Mais chttt… je le sais parce que… euh… j’ai écouté les ragots. »


 Petit mensonge. Mais elle n’avait pas parlé à Kalaïd de son entrevue avec Beltran. Après tout, cela ne le regardait pas, et d’ailleurs Beltran n’avait pas accédé à sa requête. Et elle avait dû se renseigner pour apprendre toute l'histoire.

« Tu devrais peut-être euh… jouer ton rôle de Lieutenant et aller saluer les officiels à sa place. »
Elle sourit. Elle se sentait tellement heureuse, soudainement. « Si personne ne le fait, ça va faire vraiment très très bizarre. Vas-y… je… euh… je garde Elazur… » Elle avait failli lui dire qu’elle l’accompagnait. Mais sa place n’était vraiment pas devant une bande de nobles et de Hérauts.

Et puis, elle aimait aussi Kalaïd car tout deux partageaient un sens aigu du devoir. Elle n’allait donc pas l’empêcher de faire ce qui devait être fait, de suivre les ordres qu’on lui avait donné. Même si cela l’obligeait à attendre. Maintenant qu’il l’avait rassurée quant à sa grossesse, elle pouvait encore patienter quelques marques.

Avec un sourire, elle s'effaça pour le laisser passer.
« Modifié: 10 juillet 2016, 23:39:08 par Thalyana »

Héraut Irmingarde

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #10 le: 07 avril 2014, 23:56:48 »
De loin, et Mina avait bonne vue, elle comprit tout de suite que Beltran ne l'avait pas aperçu. Elle le vit saluer la délégation officielle qui accueillait les troupes,et la chercher sans la trouver au début. Puis il la reconnut.
Elle allait lui adresser un sourire et peut-être un léger signe de la main, mais le voilà qui descendait de cheval. Un peu paniqué par la direction qu'il prenait, elle tendit le cou pour essayer de l’apercevoir, et vit la foule se fendre.

"Ho... ho..."
"Tu crois qu'il va venir te sauter dans les bras mon élue?" plaisanta Ezarell.

La situation amusait beaucoup son Compagnon, qui se trouvait quelques pas plus loin, là où elle pouvait dignement attendre que les évènements se déroulent - et s'en moquer - tout en gardant un œil sur son élue.

"Dispasça dispasçaaaa...."
"Il s'approche..." chantonna Ezarell.
"J'aurai pas du venir, j'aurai pas du venir..."

Et la seconde suivante, il était là. Il était là, et bien des gens le regardait faire avec curiosité. Et alors il fit ce geste incroyable, et surtout incroyablement gênant, il lui fit... la révérence! En la qualifiant de "Dame" en plus!
A cet instant Irmingarde pensa sérieusement à descendre de son muret, oui, mais dans l'autre sens, pour se cacher derrière. Attendre que ça passe, attendre la nuit, que tout le monde s'en aille, qu'on arrête de la regarder, parce que c'était elle que le Capitaine Beltran était venu voir au détriment de la politesse et du respect envers d'éminent membres du gouvernement.
Mina ne savait absolument pas comment réagir. Ou plutôt que choisir parmi toutes les idées qui lui traversaient la tête. La plus tentante était de le traiter d'idiot.

"Chiche..." la tenta son Compagnon.
"Chut!" la rabroua gentiment son élue.

Elle n'avait pas tellement l'état d'esprit pour goûter les provocations habituellement amusantes d'Ezarell.
Elle avait aussi très envie de se cacher derrière ses mains ET ses cheveux, pour cacher le rouge qui commençait à lui monter dangereusement aux joues.
Et puis, il y avait cette curieuse sensation. Comme des picotement dans les paumes de ses mains, comme des spasmes qui secouaient les muscles de ses bras. C'était ça, avoir envie de prendre quelqu'un dans ses bras? Curieux, et presque désagréable quand ce besoin n'était pas satisfait.

Mais au final, il fallait agir, où cet instant s'éterniserait au point d'en devenir ridicule.  
Irmingarde se laissa retomber sur ses pieds, avec sa grâce habituelle - c'est à dire aucune - et tendit la main avec dans l'idée de le pousser au niveau de l'épaule comme pour le taquiner. Finalement, elle se retint parce qu'elle sentit qu'il n'apprécierai pas forcément ce geste qui ressemblerai trop à un rejet, même si c'était de l'humour. Et comme l'humour et Irmingarde n'allait pas souvent de pair, mieux valait éviter, surtout devant tout le monde.
Elle préféra retourner sa main, paume vers le sol, légèrement pliée, et la tendit en forçant ses manières, singeant une dame de haute naissance qui attendrait un baise-main.

- Beltran de Greenhaven, tu es un indécrottable noble, même après des mois à faire la guerre. Je sais que ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, mais je n'en suis pas pour autant devenu une dame.

Et comme elle n'avait pas oublié qu'ils se comprenaient souvent de travers, elle espérait qu'il comprendrait, derrière sa remarque amusée, à quel point elle était heureuse de le revoir, qu'il le sentirait dans le tremblement de sa main, l'entendrait dans le ton de sa voix, et surtout le verrait dans ses yeux, quand il les regarderait. C'était dans ceux-ci qu'elle voulait qu'il lise les véritables mots qu'elle aurait voulu dire, mais que leur public bloquait dans sa gorge. Et sa timidité, et son incompétence sentimentale aussi. Il n'était pas impossible qu'elle n'ait rien dit de tout ça en privée non plus, mais c'était certainement plus poétique de penser que ce n'était que de la pudeur.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Feuillemalice

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #11 le: 08 avril 2014, 07:28:47 »
[justify:305yqfp9]Apparemment le Lieutenant la reconnaissait. Ouf, parce que ça aussi c'était une de ses craintes. Ils ne s'étaient vu qu'une fois et avant la Campagne, alors il aurait très bien pu ne pas se souvenir d'elle. Et ses craintes se retrouvèrent apaisées. Non elle ne prenait la place d'aucune femme en venant l'accueillir. Non parce que ça aurait pu être cocasse ! Mais elle l'avait fait rougir… Oups, c'était pas l'effet escompté. Elle espérait ne pas l'avoir gêné.

Elle le regarda saluer le Capitaine Beltran qui marchait droit vers une Grise, sans se soucier des officiels venus les accueillir. Cela fit sourire la Guérisseuse qui pensa qu'un homme, aussi important soit-il, restait un homme. Et c'était bien normal ! Elle hésita à le charrier sur les effets du soleil sur son visage pendant la chevauchée, mais se retint, le pauvre était déjà rouge, elle ne voulait pas en rajouter. Un sourire étira ses lèvres :

-Je ne doute pas un seul instant que nos étudiants se feront un plaisir de s'entraîner sur votre corps perclus de ces nouvelles blessures… Mais je pourrai aussi m'en occuper moi-même… Les étudiants auront bien assez de travail avec tous vos soldats à soigner.
 
Elle eut peur que l'homme ne décline son offre un instant, trop pris par ses devoirs… Ce qu'elle aurait compris cependant. Mais non ! Il la remercia même d'être venue. Bon, d'accord, elle n'était pas venue spécialement pour lui, comme la plupart des femmes qui étaient là pour un homme en particulier, mais le heureux hasard avait fait qu'elle le reconnaisse.

-Vous me voyez heureuse de faire que vous ne soyez pas le seul à n'avoir personne pour vous accueillir… ça aurait été injuste en fait. Et si je vous épargne vos corvées, vous m'en voyez encore plus ravie. N'ayez crainte pour votre "redevabilité", nous trouverons bien de quoi rattraper ça.

La jeune femme lui fit un clin d'œil malicieux. Elle avait toute une tripotée d'idées en tête, mais pas réalisable pour l'heure… Ro. Fallait qu'elle se calme la demoiselle. Maintenant qu'il avait l'air d'accepter sa compagnie, elle se demanda comme nt elle allait faire le chemin avec lui… Parce que bon, pondre un cheval comme ça… Il y avait bien celui du Capitaine, qui l'avait  délaissé, mais bizarrement, elle ne pensait pas que ce fut une bonne idée.

Heureusement, elle n'eut pas à mettre son machiavélique plan à exécution, puisque le Lieutenant fit faire un tour à sa monture devant les yeux ronds de Feuille, qui se mit à sourire encore plus. Elle saisit sa main en riant :

-Je vous remercie de votre sollicitude… J'avoue que je me demandais comment j'allais vous accompagner et vous me retirez une belle épine du pied… je me demande de quoi j'aurai eu l'air à tenter de monter discrètement sur la monture du Capitaine avant de vous rejoindre… Non vraiment, vous avez là une très bonne idée mon cher Lieutenant.

Heureusement encore une fois, elle était en pantalon et pas en robe et elle put monter à califourchon derrière l'homme .

-C'est pour moi un honneur de vous accompagner.

La monture se relevait. Elle ne doutait pas qu'ils nourrissent les ragots de nombreuses personnes en cet instant. Enfin, le Capitaine ne devait pas être en reste non plus ! Passant ses bras autour de la taille de l'homme –ben oui, elle allait pas tomber quand même- elle sourit :

-Je ne suis pas la mieux placée en racontars, mais dites-moi ce que vous voulez savoir sur Haven et je vous répondrai de mon mieux ![/justify:305yqfp9]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #12 le: 08 avril 2014, 09:51:37 »
Malgré le ton léger et les plaisanteries de Fitz, Beltran s'en remettait totalement à lui. Il le connaissait assez désormais pour savoir que sous le ton désinvolte, le sens du devoir était bien présent. Et si Kalaïd et lui l'oubliaient un instant pour s'autoriser un écart, Fitz conduirait les hommes à leur but le temps que ses compagnons reprennent leurs esprits. Beltran ne répondit pas à son lieutenant concernant la solde, se contentant d'un sourire entendu. Pour l'histoire de verre, le sourire s'agrandit:

"Volontiers, lieutenant. Je vous tiendrai au courant. J'ai moi-même quelques bouteilles intéressantes."


Il n'était guère temps de s'attarder sur d'hypothétiques soirées calmes. L'un comme l'autre savait qu'un tel soir ne se présenterait pas de sitôt avec la guerre à leurs portes. S'autoriser un instant d'espoir ne faisait pourtant pas de mal. Le Capitaine se détournait déjà pour s'adresser au comité d'accueil et laissa Fitz se débrouiller avec la jeune femme qui avait décidé de l'accueillir. Un coup d'oeil à Kalaïd lui assura que son autre lieutenant était bien occupé, mais il comptait sur lui pour ne pas s'enfuir avant la fin des manoeuvres. Beltran ne s'intéressa pas à ce que Thalyana racontait à son amant et il leur laissa un peu d'intimité pour promettre de son côté que son rapport serait fait dans les plus brefs délais. La découverte d'Irmingarde sur son muret courtcircuita toute vélléité de sérieux, et sans vraiment savoir comment, Beltran abandonna Hérauts et membres du Conseil pour aller alimenter les ragots pour une bonne décade.

S'inclinant devant Irmingarde et l'appellant "Dame", il se maudit d'être de si mauvais goût et si empoté. Il fut évident pour lui qu'Irmingarde était mal à l'aise. Son cerveau s'emballa alors: l'avait-elle oublié pendant son absence? le détestait-elle parce qu'il était parti si longtemps? Pire, avait-elle rencontré quelqu'un qui lui convenait mieux? Un Héraut peut-être? Plus jeune, plus beau, plus proche? Le temps qu'Irmingarde mit à réagir laissa la tête du blond en ébullition. Il ne bougea pas jusqu'à ce qu'elle saute de son muret. Puis, devant la main tendue de la jeune fille, Beltran se plia de nouveau en deux, pour un baisemain cette fois. Il n'était pas sûr qu'elle ne le rabrouait pas, mais il lui sembla sentir qu'elle faisait de l'humour. Il se força alors à répondre avec autant de légèreté:

"Tu sais bien que pour moi tu es une Dame à part entière. Et quiconque affirmera le contraire aura à tâter de mon épée. Parce que je suis un indécrottable duelliste, tu le sais bien."

Il n'avait pas lâché sa main et il avait la voix rauque. Il hésita une seconde puis regarda Irmingarde dans les yeux:

"Je suis heureux de te revoir. J'ai beaucoup pensé à toi même si je suis assez peu... prolixe en terme de missives. Je suis heureux que tu sois venue nous accueillir."

Il se redressa, toujours sans lâcher sa main. Il ne savait plus quoi dire, ayant déjà exprimé plus qu'il ne s'en croyait capable. Il mourrait d'envie d'embrasser sa belle mais avait plus que peur qu'elle le repousse. Il ne le supporterait pas devant ses hommes. Devant le Conseil. Il venait déjà de faire une concession énorme: le blond Capitaine, l'indécrottable célibataire, avait un coeur. Cela mettait Mina en danger autant que lui. Pourtant, à ses yeux, c'était également une grosse déclaration d'amour - chose qu'il était lui-même incapable d'expliquer.

Derrière lui, Thalyana prenait les choses en main et poussait Kalaïd à assumer le poste que Beltran venait de déserter. Les membres du comité d'accueil avaient été choqués par la brusque disparition du Capitaine et ils murmuraient entre eux d'un air indécis. L'un des Hérauts calma quelques chuchotements choqués en déclarant qu'au retour de guerre, tout homme avait le droit à un peu d'intimité et qu'il ne doutait pas que le Capitaine reviendrait assurer ses devoirs comme à l'habitude. Un noble grommela quelque chose à propos d'hormones et de chasteté, mais il fut interrompu d'un coup d'oeil méchant de la part des soldats les plus proches l'ayant entendu.
A ce moment, un bruit de galop se fit entendre, et une minute plus tard, le roi Arthon sautait de sa selle pour regarder d'un air soulagé l'armée qui stationnait. Il se tourna vers le petit groupe d'officiel et se fit expliquer la situation. Il eut un large sourire en voyant Beltran aux prises avec la jeune élève Héraut. Ensuite, il se tourna vers l'officier le plus proche et s'enquit auprès de Kalaïd:

"Avez-vous fait bonne route? Pas d'incidents à Valdemar même? ... Et qui m'a changé mon Capitaine en galant jeune homme?!"

Le ton était légèrement forcé, cachant la sincère inquiétude du dirigeant qui avait reçu dernièrement des missives plus qu'inquiétantes.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Kalaïd

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Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #13 le: 10 avril 2014, 13:59:35 »
Kalaïd sourit à Thalyana. Ce n'était pas vraiment qu'il fut déçu par l'attitude de son Capitaine, mais quelle surprise ! Le Capitaine Beltran était particulièrement emprunt de droiture et semblait arborer un esprit marqué du fer de l'honneur et de l'inflexibilité. Et là... Bah plus du tout. Le Beltran qui faisait le baise-main à cette jeune femme n'était plus du tout...

* Holà attends une minute, le baise-main ?? C'est une blague, qui s'est qui s'est déguisé avec le costume du Capitaine... *

Kalaïd ne put retenir un léger rire de voir l'attitude de son supérieur. Non qu'il soit ridicule, mais la situation créait un tel décalage avec son attitude habituelle. C'était particulièrement surprenant de sa part, mais pas dérangeant. En tout cas pas pour Kalaïd, et de ce qu'il voyait pas pour Fitz non plus.
En revanche, certaines sommités n'avaient pas l'air de goûter la situation avec le même intérêt.

- Pour moi ce n'est pas un problème que le Capitaine ait un cœur, répondit-il à Thalyana. Mais peut-être en est-ce un pour certaines personnes qui n'auraient plus la mémoire de ce qu'est un retour du champs de bataille tant ils en restent éloignés..., ajouta le Lieutenant d'une voix plus forte afin d'être bien compris de ceux qui pouvaient légitimement se sentir visés.

Il fit un léger clin d'oeil à sa compagne avant d'enfouir sa tête dans son cou pour y déposer un baiser :

- Alors comme ça tu es à l'écoute des ragots ? murmura-t-il doucement. Peut-être devrions nous t'envoyer discrètement derrière les lignes ennemies, tu en reviendrai sans doute avec certains renseignements utiles !

Il embrassa ses mains tenues entre les siennes alors qu'elle lui suggérait de se recentrer sur sa mission de représentation.

- A vos ordres, murmura-t-il avec un air malicieux.

Il se retourna pour passer les rennes d'Elazur à la jeune femme, lorsqu'il vit Fitz en train d'aider... Bin la personne qui était venue l'accueillir, à monter sur Mephisto. Et d'une manière tout à fait... Enfin à la Fitz quoi !

* Eh bin on n'a pas fini de rigoler... *

Il n'eut guère le temps d'aller voir les nobles, le Roi Arthon venait de fendre la foule pour les rejoindre.

Kalaïd s'inclina légèrement devant le roi pour le saluer comme il se devait, avant de répondre :

- Majesté, le voyage a été bon dans l'ensemble, les plus à plaindre sont les blessés qui ont dû l'endurer. Aucune attaque à déplorer en chemin toutefois.

Puis se tournant légèrement en direction du Capitaine :

- En revanche pour ce qui concerne mon supérieur le plus direct, je n'ai pas d'élément de réponse. Gageons toutefois que la demoiselle qui accapare son attention en aura quelques uns..., conclut-il avec un demi sourire.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
«Personnellement je ne pense pas que le Commandant Beltran m'ait recruté en fonction de ma capacité à manier un rasoir.»
Kalaïd, 7e décade de printemps 1481

Fitz

Re: [Scenario] La plaine qui poudroie et le soleil qui rougeoie
« Réponse #14 le: 10 avril 2014, 14:59:15 »
Fitz regardait avec amusement toute cette scène. Il se délectait toujours lorsque le protocole volait en éclat, et le capitaine venait (malgré lui il le savait bien) d'en être la principale étincelle.

Lorsqu'il entendit la phrase lancée par son ami lieutenant à l'assemblée, il ne put s'empêcher de rire.
Fitz avait toujours déploré que l'on oublie ne serait-ce qu'un instant que les hommes au combat n'étaient pas des armes mais bien des hommes. Et c'est pour cela que, continuant son manège, et espérant détourner l'attention de son capitaine qui visiblement avait bien besoin d'intimité (sans même parler d'Irmingarde qui finirait sûrement par faire prendre feu à tout le monde si les gens continuaient à la fixer), l'ancien mercenaire décida de capter l'attention du groupe d'accueil protocolaire.

D'un coup de talon sec il lança Mephisto, sifflant alors de toute ses forces afin d'attirer l'attention des hommes, qui en ordre de bataille se rangèrent derrière la monture de leur lieutenant.
Si quelqu'un se demandait encore quel instrument était utilisait pour battre le rappel de troupes sur le champ de bataille, alors c'est qu'il n'était pas dans Haven à cet instant ou alors qu'il était sourd. Fitz savait très bien l'effet que pouvait produire son cri de ralliement, il passa alors devant la troupe protocolaire, caressa doucement l'encolure de Mephisto qui se fendit d'une nouvelle révérence avant de se retourner vers sa compagne de monte.

« Ma Dame, se sera avec plaisir que je vous laisserai vous occuper de moi !  »

Il laissa planait un instant de silence avant de reprendre,

« il serait dommage que vos étudiants aient affaire à une carcasse aussi abîmée que la mienne ! C'est que protéger le royaume laisse des marques en général »

Répondit-il un grand sourire aux lèvres. Oui il aimait bien mettre le feu au poudre, il n'était pas non plus connu pour son tact et sa diplomatie, mais il était appréciait comme cela alors... Pourquoi cela changerait ?
Et alors qu'il s'éloignait, il remarqua l'arrivée (fracassante) du prin... Non pardon du ROI (il fallait vraiment qu'il s'y fasse) qui suffirait sûrement en terme de distraction. Kalaïd semblait être son interlocuteur, et Fitz se fendit alors juste d'un salut bien plus protocolaire et officiel que le précèdent.

Il chuchota donc deux mots à Mephisto, qui se remit en marche, la troupe de soldat à sa suite.
Se retournant sur sa selle, il reprit sa conversation avec sa charmante compagne.

« Désolé pour ce petit numéro et surtout de vous avoir utilisé ainsi, mais je pense que mon capitaine a bien le droit qu'on le laisse respirer un instant. Beaucoup de personnes oublient que nous n'allons pas au front pour le plaisir, et qu'il n'y a là bas que peu de distractions. »

Perdu dans ses pensées, le regard de Fitz sembla un instant fixer un point bien loin de leur réalité. Tout cela n'était que poudre aux yeux. Le retour des hommes, les sourires de façade, la comédie. Chacun devrait à un moment donné faire un simple et unique choix :
tuer, ou être tué.

Il entraperçu Thalyana du coin de l'oeil. Il faudrait qu'il parle à Kalaïd, il fallait qu'il prenne des risques à sa place, il faudrait aussi sûrement qu'il l'assomme le moment venu, mais il aurait l'avantage de la surprise alors....  
Secouant vivement la tête il reporta son attention sur la cavalière improvisée.
Il remarqua alors que, non seulement elle avait joué son jeu, mais qu'elle était en plus des plus agréable à l'oeil. Il n'avait jusque là pensait qu'à faire son spectacle, son Fitz, pensait à protéger son capitaine (comme il le ferait toujours), la vie intime de ses camarades (comme il le ferait encore), et à créer une distraction (ce qu'il faisait déjà très bien sur le champ de bataille). Maintenant il se rendait compte qu'en plus de cela il l'avait fait avec une personne bien au delà de ce qu'un homme comme lui pouvait espérer.

Et voilà que notre lieutenant la poisse redevint le lieutenant tomate.

« Vraiment, je me doute que vous  n'étiez pas là pour moi au départ, étant donné que la seule impression que j'ai du vous laisser est celle de « l'homme qui ne sait pas découper un jambon », ce qui vous l'avouerait manque cruellement de virilité, mais merci. C'est quand je vois ce genre de rassemblement que je sais pourquoi je dois protéger mes camarades. Je veux dire.... Regardez les ? Entre celui qui est en pâmoison, et monsieur droiture qui en oublie le protocole ! Je n'aimerai pas être celui qui devra annoncer à leurs veuves leur nouveau statut.... »

Il réfléchit un instant à la suite de ses propos et précisa

« Pour ce qui est des racontars, je ne suis pas non plus extrêmement doué, mais.. Le coup d'état, la naissance de l'héritier, la nomination du roi, les troubles à la frontière... Je veux dire... Il y a eu beaucoup de bouleversements ces derniers temps, et notre départ pour le front a été si précipité. Quel impact cela a eu sur la ville ? Les gens ont-ils encore confiance en leur armée ?  En la couronne ? Y'at-il eu des changements à  la cours ? Je sais que j'aurai le droit au débrief et au briefing habituel de tout gradé, mais ce sera le discours officiel, on nous dira ce que l'on est censé savoir... Venant de vous, plus proche des gens, plus proche des autres, peut être que je comprendrai mieux... Je n'aime pas me battre pour des causes que je ne comprends pas. »

Puis il sembla avoir une idée, une inquiétude même, car dans ses yeux passa une sorte de frayeur soudaine

« Et par pitié, dites moi que vous  n'avez pas eu d'autres poignardés par jambon interposé ????? J'ai normalement interdit à ce jeune garçon de retoucher à une arme, voir même tout ce qui pourrait être pointu ! Je lui ai même trouvé un poste aux écuries, à conditions qu'il ne touche jamais aux fourches !!! »

Oui c'était bien une de ses plus grandes frayeurs.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-