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Héraut Alemdar:
1er jour 3ème décade Été 1485
Alemdar et Taver n'étaient pas très proches, comparés à d'autres couples de liés. Leurs esprits étaient liés, l'un pouvait toujours accéder aux pensées de l'autre, mais Taver n'était pas devenu la béquille émotionnelle qu'étaient souvent les Compagnons pour leur Lié(e). Alemdar mettait cela sur le compte du fait qu'il était adulte lors de son élection, pas un enfant ou un adolescent hésitant sur sa place dans le monde. Taver mettait ça sur le compte du caractère trop indépendant du Batard Royal.

Ils avaient probablement un peu raison tous les deux.

Mais cela ne les empêchait pas d'être bons amis. Simplement, Alem se sentait presque plus proche de Wylan que de Taver. Mais il avait conscience qu'il devait plus se reposer sur Taver. D'une part parce que cet esprit ancestral en savait beaucoup sur son job. D'autre part parce que s'il ne s'affichait pas un minimum proche de son compagnon, il entendait d'ici les ragots. "Le Héraut du roi a usurpé sa place, il n'est pas vraiment héraut, on ne le voit jamais avec son compagnon..." Alors il descendait chaque jour voir Taver une petite heure.  Ils en profitaient pour discuter des problèmes du jour.

Ce jour-là, ils avaient évidemment discuté de la prémonition de Saskia de la veille. Ils en avaient discuté longuement et dans tous les sens. Alem était maintenant assez sur de lui sur ce qu'il voulait proposer. Il avait une réunion dans l'après-midi où il devrait en parler avec des tas de gens. Mais en attendant, il était à peine sept heures et il était temps de se consacrer à sa marotte du moment: son tableau de vacances.

En arrivant au bord du champ des Compagnons, il vit une jeune fille avec une Compagnon femelle...

Tisia.

C'est ça. Tisia.

C'est elle qui vient d'élire?
Oui. Elle s'appelle Dyalwen. De Bordebure.

Aussi lève-tôt que lui? Intéressant. Il aurait peut être l'usage de main d’œuvre. Et celle-ci serait sure, vu qu'elle avait été élue.

"Dyalwen? Vous avez du temps devant vous? Je suis Alemdar, le Héraut du Roi. J'aurais l'usage de vos services avant le premier cours."

Spoiler: montrerSi tu es d'accord pour l'aider, il te guide jusqu’à son bureau, dans l'aile Royale

Dyalwen de Bordebure:
Les vacances étaient finies.

Comme Isabeau le lui avait dit, elle avait été dispensée de cours pendant toute la fin de la deuxième décade pour passer du temps avec Tisia. Et elle ne s’en était pas privée. Mais la troisième décade débutait et, avec elle, les cours au Collegium des Hérauts. Heureusement, grâce au planning qu’on lui avait remis, elle savait à peu près à quoi s’attendre. Déjà, il ne semblait pas y avoir énormément de différence avec son emploi du temps chez les Bleus, ce qui était rassurant. Même si elle ne l’avait été qu’une décade, Bleue. Certaines classes étaient mixtes, Gris et Bleus, et elle n’aurait pas à s’habituer à autre chose qu’à la couleur de son nouvel uniforme. Et puis, elle avait déjà suivi quelques leçons avec le Héraut Jalena pour apprendre à maîtriser son Don – même si elle n’était pas très douée – donc ça non plus ce n’était pas nouveau. Les nouveautés, c’était qu’elle était dispensée de cours de musique et de gestion de la maison – joie ! – mais qu’elle allait devoir étudier le droit. Enfin, ça ne pouvait pas être si terrible, que ça, hein ?

Le plus terrible, en vrai, ce serait de ne plus pouvoir voir Tisia toute la journée.

Aussi, Dyalwen s’était-elle levée tôt pour être sûre de pouvoir passer un peu de temps avec le Compagnon avant de se rendre en cours. Bon, d’accord, pour pouvoir passer beaucoup de temps avec son Compagnon. Genre deux heures. Contrairement à certaines de ses camarades Bleues, elle n’avait jamais aimé passer des heures à se pomponner, et il ne lui avait fallu que quelques minutes pour se préparer et avaler un rapide petit-déjeuner. Alors que son planning prévoyait le début des cours à neuf heures, à sept elle était déjà en bordure du Champ, les mains dans la crinière de Tisia, partagée entre l’envie d’un petit tour à dos de Compagnon et la raison qui lui soufflait de se contenter d’un pansage soigné et d’une visite à Veladora avant que la journée ne commence vraiment.

Les palefreniers s’occuperont d’elle.

Tisia replia son encolure autour de son Élue, comme pour la pousser à monter en selle.

Oui, je sais, mais…

Une voix masculine, dans son dos, interrompit son plaidoyer, et la rouquine pivota sur elle-même pour faire face au Héraut qui l’interpelait. Au Héraut du Roi, même. Qui avait besoin d’elle ?

« Moi, Messire ? »

Non, pas toi. Une des douze autres Dyalwen qui sont autour de nous…

La taquinerie de Tisia, mettant en lumière la stupidité de sa question, fit monter le rouge aux joues de la Grise. Par réflexe, elle se redressa et releva le menton, pour lutter contre l’embarras et ne pas s’écraser devant l’homme.

« J’ai deux heures de libres avant le premier cours, Messire. »

Elle ne voyait pas en quoi elle pouvait être utile à l’Attitré mais il était évidemment hors de question de refuser. Même si elle avait envie de passer du temps avec Tisia, ça ne justifiait pas de refuser de l’aide à qui en avait besoin… et le rang du qui n’intervenait pas vraiment dans la décision. Même si la dernière chose à laquelle elle s’attendait, c’était d’être sollicitée par le Héraut du Roi. Elle. Par le Héraut du Roi.

Un petit coup de nez dans le creux de son dos et une pensée encourageante l’incita à emboîter le pas à l’Attitré – non sans un dernier regard à Tisia au moment où elle quittait le Champ – et Dyalwen se laissa conduire jusqu’à l’Aile royale du Palais. Elle n’avait jamais mis les pieds dans cette zone et elle oublia une seconde ses interrogations pour détailler les lieux qu’elle traversait, jusqu’au bureau du Héraut.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous aider ? »

Héraut Alemdar:
Non, pas elle, l'autre grise, se dit Alem, paraphrasant sans le vouloir le Compagnon. Mais la jeune fille n'avait cours que dans deux heures. Bien. Il li fit signe de le suivre et il monta a son bureau. Là, elle lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour lui. Il déverrouilla son bureau et lui fit signe d'entrer. Il lui montra le grand tableau posé sur une petite table basse:

"On va remplir ensemble ce tableau. C'est un tableau des vacances des hérauts. On va s'assurer que tout le monde a eu des vacances dans un délai raisonnable."

Il lui tendit une mine de plomb.

"Vous notez, et je vous dicte ce qu'il faut noter. Vous voyez, pour chaque ligne héraut, il y a une frise de 1480 a nos jours. Une case par mois, si le héraut a pris une décade, vous hachurez, deux décades, vous hachurez dans les deux sens, en faisant un quadrillage, s'il a pris trois décades, vous coloriez. C'est clair?"

Dyalwen de Bordebure:
Si Tisia ne s’était pas privée pour lui faire remarquer sa bêtise, le Héraut du Roi, lui, ne dit rien. En fait, il ne dit rien du tout du tout. Il lui fit simplement signe de le suivre, et Dyalwen obtempéra en silence, n’ayant pas de raison d’ouvrir la bouche. Déjà, en temps normal et malgré les efforts de Mère, elle n’était pas des plus à l’aise pour entretenir une conversation mondaine – du moins pas comme certaines Bleues qu’elle avait pu croiser depuis son arrivée ; il faut dire que niveau mondanités, à Bordebure, c’était un peu limité – mais, face au Héraut du Roi, elle ne voyait vraiment pas de quoi elle aurait pu parler. Et puis, de toute façon, on n’adressait pas la parole à une personne de rang supérieur sans y avoir été invitée, non ?

Mais bon. Le trajet jusqu’au Palais n’était pas instantané. Il était même suffisamment long pour que la rouquine se demande si le silence observé par l’Attiré était mauvais signe. Est-ce qu’elle avait commis une erreur ? S’il avait voulu la réprimander, il aurait tout aussi bien pu le faire dans le Champ, non ? Surtout qu’à sept heures, il n’y avait personne autour. Et…

Tu n’as rien fait de mal, émit Tisia, un peu blasée.

L’intervention du Compagnon coupa la nouvelle Grise dans ses interrogations… et l’arrivée au Palais détourna son attention. Elle ne connaissait pas le Palais et rien de ce qu’elle voyait ne ressemblait de près ou de loin à Bordebure. Elle finit toutefois par oser demander ce qu’il voulait lorsqu’il s’arrêta devant une porte. Son bureau sans doute. Et il ne lui répondit qu’une fois qu’ils furent entrés.

Un tableau des vacances des Hérauts. Ok, pourquoi pas.

Elle se saisit de la mine de plomb qu’il lui tendait, tout en écoutant les explications. Ça faisait un sacré nombre de cases à remplir quand même, sur cinq ans. Soixante cases par Héraut. Et il y avait un bon paquet de Hérauts, plus qu’elle ne l’aurait même imaginé. Mais le principe était simple et les indications claires.

« Très clair. Ce n’est pas très différent d’un plann… »

Elle laissa mourir sa phrase en réalisant que l’Attitré n’avait sans doute aucun intérêt pour les plannings d’élevage et que comparer les vacances des Hérauts au suivi de la reproduction des juments de Bordebure risquait d’être mal pris. Il suffisait de voir – ou de sentir – la désapprobation de Tisia à chaque fois que ses pensées s’égaraient vers les équidés.

S’agenouillant devant la table basse pour être à hauteur du tableau qu’elle devait remplir, Dyalwen attendit donc les premières indications du Héraut du Roi pour commencer à griser les cases qui devaient l’être. C’était long et fastidieux, mais pas franchement compliqué. Le plus difficile était de ne pas se tromper, au milieu de toutes les lignes et de toutes les cases, mais ça ne demandait qu’un peu de concentration. Ce qui ne l’empêchait pas de se poser quelques questions. Si l’Attitré voulait savoir quelles vacances avaient pris les Hérauts, il avait visiblement toutes les informations nécessaires, alors pourquoi faire un tableau ? Parce qu’un planning tableau, c’était fait pour être visuel et donc affiché, non ?

« Vous comptez afficher ça quelque part ? » s’enquit-elle donc.

Spoiler: La bête • montrer

Héraut Alemdar:
"Oui, c'est ça, c'est un planning. Un planning de vacances."

Alem alla à son meuble à dossier et s'expliqua:

"Vous êtes élus récemment, mais vous allez bientôt découvrir que nos camarades se pensent en majorité trop utiles pour prendre des vacances. Le but de ce tableau est de les surveiller pour les obliger à en prendre..."

Le héraut du roi entrepris de sortir chaque dossier, un par un et de dicter à Dyalwen les vacances du héraut depuis 1480. elles étaient rares et courtes. Alem culpabilisait.

"J'aurais dû les forcer à en prendre plus..."

Puis il reprit sa dictée jusqu'à ce qu'elle lui pose une question.

"Hum? Oui, je vais l'afficher dans ce bureau, pour l'avoir sous les yeux."

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