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[Scénario] Bienvenue au pays de l'ennui!

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Conteur:
Début de la 3e décade d’été 1481 - Ka’Ven’Ush’Ta

Aénor avait entrepris le voyage vers Iftel avec un soupçon d’appréhension. Elle n’était plus partie en mission loin du Palais depuis son année de probation, et elle n’était pas certaine de savoir encore comment tenir en selle aussi longtemps. Heureusement, Gaelian avait la foulée régulière, et il prenait garde à ne pas trop secouer son Élue.

Une fois arrivée au point de rendez-vous, Aénor avait commencé à être sur ses gardes. Puis ils passèrent le Portail, et ils furent accueillis de l’autre côté par un mage épuisé et une petite escorte, composée d’une dizaine de cavaliers et de deux griffons. Dès ce moment-là, le petit nœud dans la poitrine du Héraut se transforma en une boule de plombs douloureuse. C’était la seule partie risquée du trajet, et sans doute même de la mission. En effet, si les mages noirs avaient découvert la vérité, c’était ici qu’ils attaqueraient, quand la délégation serait encore suffisamment éloignée de la capitale pour disparaître sans laisser de trace.

Heureusement, ils ne subirent aucune attaque, et le seul événement exceptionnel fut l’évanouissement du mage qui avait ouvert le Portail. Visiblement, il n’aurait pas dû repartir aussi vite. Mais un garde le prit en selle, un autre attacha sa monture derrière son cheval, et la délégation arriva comme prévu en fin de journée à Ka’Ven’Ush’Ta.

Ils traversèrent la ville sous le regard des curieux jusqu’au siège du pouvoir. Arrivés aux écuries, ils purent enfin démonter. Les Compagnons furent menés avec déférence jusqu’à de gigantesques box ouverts dont le sol était généreusement recouvert de paille. Le Dyhéli qui avait porté Fiersaule, Teren, fut conduit auprès des gens de sa race. Les chevaux de bâts furent soigneusement étrillés avant d’être emmenés dans des box conventionnels. Les bagages furent déchargés et portés directement dans les futurs appartements de la délégation. Aénor profita pour récupérer un coffret de bois précieux qu’elle tendit à Isabeau. C’était son rôle, en qualité de secrétaire, de porter les affaires de son maître.

Les humains, eux, furent menés par un majordome tyrill jusqu’à une grande salle de réception, où les attendait un homme entouré d’une garde discrète, le Fils du Soleil, Probe Nader Élu de Vykaendys. Le majordome les annonça alors qu’ils passaient la porte. Pendant qu’ils traversaient la pièce, les membres du groupe se placèrent selon un ordre défini à l’avance : Barrn devant, Aénor et Raimon un pas derrière lui, jouant les gardes d’honneur, et un peu en retrait Isabeau, flanquée de Rinnerl, et Fiersaule. Arrivés devant l’homme, tous s’inclinèrent profondément. Probe Nader ouvrit largement les bras pour les accueillir, dans son Iftelien racé :

« Bienvenu à vous, amis de Valdemar. C’est un honneur de vous accueillir dans mon Palais, afin d’honorer encore le pacte d’alliance signé il y a si longtemps entre nos deux nations. »

Anéor laissa Barrn répondre, comme convenu, en espérant qu’il tiendrait correctement son rôle. Le fils du Soleil était certes au courant de leur réelle identité, mais les gardes non et il était indispensable d’être crédible dès cet instant.

[ Je vous laisse raconter le voyage, l’arrivée, etc.
Barrn: c’est à toi d’adresser officiellement les salutations de Valdemar, et tout ce qui va avec. Un cadeau a été prévu, c’est Isabeau qui le tient.
Isabeau: Aénor t’a donné un coffret, il s’agit du cadeau pour le Fils du Soleil. Il contient un magnifique bijou de saphirs jaune montés en une mosaïque solaire. Présente-le avec le bon timing ;-). Raimon jouera après pour interagir avec toi si tu le souhaites. ]

Barrn:
Quel voyage ! Barrn n’en perdit pas une miette. Cela faisait des années que le kyree était arrivé à Haven et depuis il n’avait plus quitté la capitale. Du moins l’avait-il fait une fois avant de devoir regagner ses pénates ventre à terre et la queue basse. Depuis, il passait pour un vieux avec ses rhumatismes, ce qui entachait quelque peu son orgueil.

Durant les premiers temps, dignement assis dans sa carriole, Barrn avait observé stoïquement le paysage, laissé trainer ses oreilles de kyree pour écouter les conversations, mais il était inquiet. En attente du moindre signe de douleur. Et puis, le temps passant et rien ne se faisant sentir, il avait commencé à se détendre et prendre plaisir au voyage. On avait eut la bonté de ne pas l’obliger à chevaucher et il était reconnaissant aux organisateurs de l’avoir installé si douillettement (tout était relatif bien entendu). Il aurait de toute façon fait le trajet à pied s’il l’avait fallu, appâté par la possibilité de trouver un remède en Iftel. Il était sûr que, là bas, on connaissait l’affliction dont il était atteint et qu’on saurait le guérir. Il allait de plus faire la connaissance d’autres non humains et découvrir un pays où ses semblables avaient une grande place, dans la politique, dans les mœurs… là bas il ne serait pas une curiosité ni un monstre. Qu’il soit au passage utile à son pays d’adoption était un plus non négligeable.

Ainsi se passa la première partie du voyage, en terre valdemarane et à peu près en sécurité. Mais alors qu’ils atteignaient le village d’où le portail serait construit, l’inquiétude de Barrn refit surface. L’objet n’en était plus le même cependant. A l’instant où il sut qu’ils arrivaient au point de rendez-vous, la mission devint le seul sujet des pensées du kyree. Il se souvint de la raison de ce voyage et des risques inhérents. Il se rappela qu’il y avait des risques de se faire roussir le poil. Il allait devoir tenir un rôle dans une improvisation où le moindre faux pas pouvait faire capoter la mission et les mettre tous dans une situation délicate (pour ne pas dire dangereuse).
Et cette fois, le frisson qui parcourut le pelage du kyree alors qu’ils entraient en Iftel était bien dû à la peur.

Pendant la demi-journée que dura le reste du voyage permettant de rejoindre Ka’Ven’Ush’Ta, Barrn nota qu’il était loin d’être le plus nerveux. A moins qu’il ne s’abuse sur le maintien des humains en selle, il les trouvait rigides.
L’arrivée ne détendit pas le moins du monde l’ambassadeur par intérim. Ils étaient parvenus au bout du voyage, à présent débutait la mission. Dès lors, Barrn adopta une attitude aussi digne que possible, plus que d’habitude. Il espérait faire bonne impression. Il n’avait jamais aspiré à une carrière politique et n’avait pas été formé pour devenir ambassadeur. Heureusement, ces quatre dernières décades, il avait été enseveli sous les conseils de toutes sortes, en plus des cours intensifs de langue iftelienne pris avec Isabeau (ce qui lui avait parut… étrange). Et Barrn se montra bon élève, du moins l’espérait-il, en appliquant ce qu’on lui avait enseigné.

Malgré cette peur, le bibliothécaire promu ambassadeur ne manqua pas de regarder autour de lui avec une certaine curiosité. Sans trop avoir l’air de se détourner de sa mission, il observa tout. Il ne pouvait pas s’empêcher de regarder l’architecture des bâtiments, au style si différent de Valdemar. Les habits avaient eux aussi leur part de curiosité. Le kyree était ainsi fait, et une montagne de conseil ne serait pas capable d’écraser sa curiosité.
Néanmoins, il laissa de côté ses observations pour plus tard, lorsqu’ils parvinrent dans la grande salle de réception et se présentèrent devant leur prestigieux hôte. Il inclina dignement la tête en guise de salut et répondit à son accueil à “haute voix” afin qu’on l’entende à la ronde, le tout dans un iftelien parfait (il avait répété cette phrase de nombreuses fois, le reste de la conversation serait cependant plus difficile).

En mon nom, au nom des mes compagnons et au nom de Valdemar, je vous remercie de nous accueillir. Afin de vous montrer notre reconnaissance, nous vous prions d’accepter ce présent offert en signe d’amitié entre nos deux pays.

Puis se faisant entendre d’Isabeau seulement : Isabeau ? Il lui demandait ainsi de porter le cadeau à leur hôte. Pour l’avoir vu, Barrn ne doutait pas un instant que cela plairait.

Isabeau d'Armentières:
Apres de grandes réflexion, avec les uns, les autres, ses liés, ses amis, Isabeau avait décidé de faire venir Rinnerl. Elle avait conscience de s'être braquée à la réunion, mais bon... elle estimait que sa méfiance première était justifiée.

La période qui avait suivi avait été pour le moins étrange. Les cours de langue avec Barrn, les cours d'arme accélérés... Ah, les armes... Pas qu'elle n'aimait pas cette matière, c'était juste que la matière ne l'aimait pas. Mais bon. Isabeau avait tout de même redoublé d'obstination dans cette matière (et avait écolé pendant des jours d'un énorme cocard suite à une séance de "combat à main nue" aussi appelé "balance tout ce que tu as a ton adversaire et prie très fort")

En comparaison, le voyage sur un Bethaniel au pas sur et moelleux avait été un rare plaisir.... bon, les séances d'arme menées par son connard de fiancé bien trop ravi de la rouer de coup, c'était moins bien, certes... Mais le fait qu’ils passaient ensuite un moment à s'embrasser compensait la ridicule obsession de Raimon de la voir capable de se défendre. Nan mais quelle idée...

Rinnerl, qui avait rattrapé la taille de Barrn, mais qui était tout en pattes ne tenait pas en place. Soit elle courait avec les équidés, soit elle était dans le chariot à causer de tout et du reste avec Barrn, soit elle ronronnait sur la croupe de Bethaniel, spécialement équipée.

Le passage par les portails fut... étrange. Quand ils arrivèrent devant le Fils du Soleil, Isabeau n'avait pas encore bien décidé ce qu'elle en pensait, honnêtement. Mais alors l'étiquette repris le dessus et elle se tint sagement, un pas derrière son maitre.

Un pas derrière ton maitre. Comme une bonne épouse.
Betha ! Ne me fais pas rire maintenant !

Elle réussit à garder son sérieux et au signal de Barrn, elle s'avança et ouvrit le coffret habillement. A l'intérieur d'un écrin écarlate reposait un soleil d'un or chaud et étonnement cuivré quand on savait que c'était une création de la Maison Fubos, plutôt adepte des ors pales ou blancs. Mais une commande est une commande et le maitre avait mis au point une nuance qui mettait parfaitement en valeur les dizaines de pierres précieuses serties: Topazes, saphirs et diamants jaunes...toutes disposée en un mouvement tournant qui évoquait le cycle du jour et le pouvoir de Vkandis.

Fiersaule:
Fiersaule avait pensé qu’il détesterait le voyage. Et ce fut effectivement le cas. Heureusement, Teren était un ami de longue date et leurs conversations animées firent passer le temps plus vite. C’était l’avantage d’avoir pour monture un dyhéli à la curiosité insatiable et à la langue acérée.

En passant le Portail, Fiersaule eut une brève pensée pour la Déesse. Loin de sa vallée, il se sentait aussi loin de Sa présence. Toucher d’aussi près la magie lui donnait l’impression de l’avoir à ses côtés. Il était peut-être temps pour lui de retourner passer quelques décades parmi les siens.

Kreel avait passé la majeure partie du trajet installé sur les bois de Teren, ou sur  l’épaule de Fiersaule. Il n’avait plus l’énergie de voler tout la journée. Kreel était un très vieil oiseau. À Haven, il avait ses petites habitudes et ne se fatiguait pas trop. Mais depuis leur départ, l’âge rattrapait Kreel et il semblait moins vif qu’auparavant. Fiersaule songeait que son heure approchait. Une raison de plus de retourner à K’Sheya.  

Arrivé à Ka’Ven’Ush’Ta, Keren avait été confié aux bons soins de palefreniers forts polis et s’était réjoui de faire la connaissance de ses semblables. Fiersaule avait suivi le reste de la délégation, et il avait respecté à la lettre les indications de Aénor. Quand vint le moment de rencontrer le Fils du Soleil, Fiersaule s’inclina avec grâce, mais garda la bouche hermétiquement close, comme le lui avait sèchement ordonné le Héraut, qui craignait qu’il ne raconte trop de bêtises. Il admira néanmoins le bijou offert à Probe Nader.



Raimon était content de se mettre enfin en route pour sa mission de probation. Les décades ayant précédé n’avaient pas passé assez vite à son goût, malgré les cours privés fort privés qu’il avait dispensés à Isabeau.

Le trajet se déroula sans encombre, malgré les craintes d’Aenor, qui s’attendait à une attaque quelque part à la sortie du portail. Raimon renouait avec ses habitudes de soldat et il chevauchait en tête, l’oreille aux aguets et le regard toujours en mouvement. Il guettait aussi Isabeau du coin de l’œil. Il était à la foi ravi et un peu inquiet que sa fiancée l’accompagne. Cette mission était une nouvelle occasion de resserrer leurs liens avant le mariage, ce qui était souhaitable. Certes, depuis sa demande, ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. Mais Raimon voulait épouser une égale, une partenaire, une amie. Et pour cela, il se devait de tisser une relation forte avec Isabeau.

Enfin, la délégation arriva à Ka’Ven’Ush’Ta. Raimon fut content de pouvoir relâcher quelque peu sa vigilance. Il était aussi ravi de laisser Edriss aux bons soins de palefreniers habitués à s’occuper de montures “intelligentes”.

: Comment ça, “intelligente” ? Qu’est-ce qui me vaut ces guillemets fort offensants ? :

: Je ne parlais pas pour toi... mais pour les Dyhélis par exemple. :

: Je ne pense pas que Teren apprécierait les guillemets davantage que moi. :

:... Navré. Mais si tu n’espionnais pas mes pensées, tu ne serais pas choquée par leur formulation maladroite. :

Après cet échange, Raimon suivit le majordome qui les mena à la salle d’audience du Fils du Soleil. Là, il ne put que reconnaître l’autorité naturelle qui se dégageait du dirigeant d’Iftel. Et il admira la grâce avec laquelle Isabeau présenta le cadeau des autorités de Valdemar.

Conteur:
Aenor avait retenu son souffle tout le long de la scène. Elle expira silencieusement quand Isabeau eut ouvert le coffret et que l’Élu de Vykaendys approuva le présent d’un sourire souligné par un hochement de tête approbateur.

« L’artisan a sans doute capturé un rayon de soleil dans son atelier, sinon comment aurait-il pu créer une telle splendeur ? C’est assurément digne de Vykaendys lui-même. Soyez-en remerciés. »

Le majordome fit un signe en direction d’une porte latérale et un homme en livrée entra dans la salle. Il vint cérémonieusement soulager Isabeau de son coffret et repartit après s’être incliné.

« Vous devez être fort las après votre voyage. Cependant, quelques-uns des membres de la Chambre des Peuples ont manifesté le désir de vous accueillir au nom du gouvernement d’Iftel. Si cela vous agrée, notre majordome, Konbert, vous escortera jusqu’au petit salon où vous êtes attendus. Une petite collation vous sera servie là-bas. »

Le Fils du Soleil attendit le consentement de Barrn avant de poursuivre.

« Nous nous reverrons demain. Une réception se tiendra en votre honneur dans les jardins du palais. Je me réjouis d’avoir l’occasion de m’entretenir davantage avec vous. »

Ces paroles signalaient clairement la fin de l’entrevue avec le Fils du Soleil, et Aénor s’inclina une fois encore, laissant le soin à Barrn de remercier Probe Nader de son accueil et de prendre poliment congé.

Le majordome s’inclina à son tour et reprit la tête de la petite délégation. Ils furent escortés hors de la salle, puis conduits non loin, dans un salon attenant à la salle de réception. Il annonça l’ambassadeur de Valdemar et sa délégation puis se retira, les laissant seuls face à un griffon et un homme d’âge moyen, aux cheveux d’un châtain terne et aux yeux calmes et intelligents.

« Je vous en prie, prenez place. » Le griffon désigna les fauteuils et la natte épaisse arrangés autour d’une table basse sur laquelle avaient été disposés de multiples plats et boissons.

L’homme alla soigneusement fermer la porte derrière eux puis revint leur faire face.

« Messire ambassadeur... » il avait légèrement appuyé le mot. « Mes dames, messires. Nous vous souhaitons la bienvenue au nom de la Chambre des Peuples. Je suis le député Byrion. »

« Et moi le député Feliss. Je bénis votre présence parmi nous. » Il avait parlé d’une voix modérée. « J’espère que vous avez fait bon voyage. » Il se tourna vers Aénor. « J'imagine que vous êtes la personne "en charge" ? »

« Je me présente, Héraut Aénor. Et oui, je suis responsable de cette délégation » répondit-elle en iftélien. Elle baissa la voix. « La pièce est-elle sûre ? »

« Oui, cette pièce est magiquement isolée. Elle sert à de nombreuses discussions confidentielles » la rassura le député Byrion. « Et qui sont vos compagnons ? » demanda-t-il en observant les autres.

[Je vous laisse réagir aux évènements et vous présenter. Les initiatives sont bienvenues. ]

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