Shyrril était donc bien le Compagnon de la dame. Et les yeux de Dreyan pétillèrent à l'idée de pouvoir ne serait-ce que monter simplement sur le dos de l'équidé blanc, un de ceux qui faisaient la renommée de Valdemar, et les rêves des enfants.
Tenant la fine planche entre ses mains, Dreyan en tripotait la base trop flexible à son goût tendit qu'il se faisait disséquer par la dame Blanche qui lui faisait face. Pourquoi les Hrauts étaient-ils si clairvoyants ? Bon, d'accord, c'était mieux pour faire tenir le royaume, mais Dreyan aurait préféré qu'elle ne mette pas le doigt sur son « secret ». Elle l'avait percé à jour si facilement que s'en était vexant. Était-il trop nul ou bien elle trop douée ? Probablement les deux. Son éducation et ses manières n'étaient pas vraiment comparables à celles des autres ingénieurs.
« D'accord, je vous le concède, j'ai du sang noble, mais ce n'est pas ma famille qui fait ce que je suis. »
Dreyan jeta un rapide coup d’œil alentour pour vérifier qu'aucun de ses camarades de classe n'était dans les parages. Un geste plutôt inutile d'ailleurs, puisque même si personne n'était là, cela finirait par se savoir. Les informations circulaient vite par ici, comme il l'avait déjà appris.
« Mon truc à moi, c'est le bricolage, justement. Tous mes camarades sont d'origine modeste, et je n'ai pas envie d'être différent d'eux. »
Il était fils de seigneur, d'accord, mais dans le domaine qui l'intéressait, ça changeait quoi ? La fortune de son père pouvait lui procurer les moyens d'apprendre et lui donner accès à bien des choses auxquelles ses camarades ne pouvaient prétendre aussi facilement, de cela il comptait profiter, mais ça s'arrêtait là. De toute façon, il n'hériterait de rien, avec deux frères aînés pour reprendre les affaires de la famille. Autant qu'il fasse ce qui lui plaisait. Était-ce mal ?
Et si les Hérauts étaient aussi droits qu'on le disait, en plus de ne pas mentir, comme le prétendit celle qui se trouvait face à Dreyan, alors elle ne lui mettrait pas de bâton dans les roues. Du moins, il l'espérait. Alors, pour le plaisir et aussi pour la promesse de monter à dos de Compagnon, il allait réparer cette maison. Le Héraut Méra pouvait compter sur Dreyan, même s'il était un Orthallen.
Et même si elle doutait de ses capacités. Mais il allait lui montrer de quel bois il était fait.
Cessant de tripoter la paroi flexible, il la posa sur la table et attrapa le toit pour vérifier une hypothèse qui lui était venu en voyant l'état de la base du mur. Il soupesa la toiture dans ses mains avant de le reposer.
« Pour commencer, je n'aurais pas construit un toit si lourd. Comment voulez-vous faire tenir ça sur un bois aussi fin ? »
Mais refaire un toit entier serait un peu long. Il y avait plus rapide, quoi que plus technique, pour permettre l'utilisation de la maison à nouveau sans avoir à la refaire.
« Il faut construire de nouveaux appuis pour répartir un peu mieux le poids du toit. Et remplacer ce mur, malheureusement, sinon même avec de l'aide il ne tiendra pas bien longtemps et il faudra à nouveau réparer. »
Mais il manquait quelque chose pour être vraiment efficace. Dreyan releva les yeux vers le Héraut :
« Vous avez des outils ? Les miens sont dans ma chambre. »