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Haven / Comment ça, il est pas frais, mon canasson? (Kayann/libre)
« le: 24 mars 2020, 14:48:17 »
1ère décade d'été 1485
Au fil des années, sa patience s'était incontestablement développée. Patience à mettre sans doute sur le fait que de moins en moins de choses ne l'atteignaient vraiment, comme cela fut le cas dans sa prime jeunesse. Donc, plutôt de patience, on pouvait parler d'une sorte de flegme, sans être totalement dépourvue de sentiment pour autant, juste un peu plus de... comment pourrait-on le dire... Je m'en foutisme ? Elle pouvait écouter quelqu'un déblatérer les pires stupidités sans sourciller, tant que bien sûr, l'interlocuteur lui permette d'arriver à ses fins.
Non, finalement, on ne pouvait pas parler de patience. Disons un recul nécessaire à sa survie comme commerçante.
Pourtant.
Pourtant, elle devait admettre que l'individu en face d'elle faisait preuve d'une telle maîtrise de la mauvaise foi que si elle n'était pas sur le point d'exploser de rage, elle se serait presque montrée admirative. Un tel niveau de fourberie ne pouvait que forcer le respect. Serrant de son mieux son poing ganté dans sa poche, elle attendit la fin de l'odieuse tirade pour tenter d'y répondre, avec un calme qu'elle puisait dans le tréfonds de ses entrailles. Tout en elle lui hurlait de lui mettre son poing justement en pleine figure mais elle s'en retenait, non sans effort.
"Vous rendez-vous compte? A peine quelques semaines et il boîte comme une vieille carne! Allez pas me dire que vous ne le saviez pas! A prix d'or, vous me l'avez vendu! Une merveille des Dorisha! Mon cul oui! Vous m'avez escroqué et vous le savez fort bien! J'exige réparation! Ou tout du moins, remboursement! Il me faudra le meilleur guérisseur pour arriver au bout de ça! Une fortune! "
Il fallait bien dire que le pauvre animal qu'il désignait du doigt durant sa tirade avait bien mauvais allure, c'était un fait. Le poil terne, le mine basse, les oreilles en berne. Ce pauvre cheval faisait peine à voir. Kayann avait fait le commerce d'un nombre conséquent de chevaux, mais elle ne les oubliait pas facilement. Et cet équidé là, elle en avait l'absolue certitude, ne venait pas de chez elle. Il ressemblait à l'une de ses bêtes, un alezan docile, qu'elle avait bel et bien vendu à l'homme qui vociférait devant elle, mais en aucun cas il ne s'agissait du même. Quand même, tenter de faire passer cette pauvre bête pour un destrier Shin'a'in, quel toupet!
En soupirant, elle croisa les bras devant elle, son regard le plus sombre posé sur l'arnaqueur. Adossée à l'entrée de son échoppe, elle fut néanmoins soulagée de constater que la rue était presque vide, elle n'avait pas besoin qu'on lui plombe sa réputation.
Au fil des années, sa patience s'était incontestablement développée. Patience à mettre sans doute sur le fait que de moins en moins de choses ne l'atteignaient vraiment, comme cela fut le cas dans sa prime jeunesse. Donc, plutôt de patience, on pouvait parler d'une sorte de flegme, sans être totalement dépourvue de sentiment pour autant, juste un peu plus de... comment pourrait-on le dire... Je m'en foutisme ? Elle pouvait écouter quelqu'un déblatérer les pires stupidités sans sourciller, tant que bien sûr, l'interlocuteur lui permette d'arriver à ses fins.
Non, finalement, on ne pouvait pas parler de patience. Disons un recul nécessaire à sa survie comme commerçante.
Pourtant.
Pourtant, elle devait admettre que l'individu en face d'elle faisait preuve d'une telle maîtrise de la mauvaise foi que si elle n'était pas sur le point d'exploser de rage, elle se serait presque montrée admirative. Un tel niveau de fourberie ne pouvait que forcer le respect. Serrant de son mieux son poing ganté dans sa poche, elle attendit la fin de l'odieuse tirade pour tenter d'y répondre, avec un calme qu'elle puisait dans le tréfonds de ses entrailles. Tout en elle lui hurlait de lui mettre son poing justement en pleine figure mais elle s'en retenait, non sans effort.
"Vous rendez-vous compte? A peine quelques semaines et il boîte comme une vieille carne! Allez pas me dire que vous ne le saviez pas! A prix d'or, vous me l'avez vendu! Une merveille des Dorisha! Mon cul oui! Vous m'avez escroqué et vous le savez fort bien! J'exige réparation! Ou tout du moins, remboursement! Il me faudra le meilleur guérisseur pour arriver au bout de ça! Une fortune! "
Il fallait bien dire que le pauvre animal qu'il désignait du doigt durant sa tirade avait bien mauvais allure, c'était un fait. Le poil terne, le mine basse, les oreilles en berne. Ce pauvre cheval faisait peine à voir. Kayann avait fait le commerce d'un nombre conséquent de chevaux, mais elle ne les oubliait pas facilement. Et cet équidé là, elle en avait l'absolue certitude, ne venait pas de chez elle. Il ressemblait à l'une de ses bêtes, un alezan docile, qu'elle avait bel et bien vendu à l'homme qui vociférait devant elle, mais en aucun cas il ne s'agissait du même. Quand même, tenter de faire passer cette pauvre bête pour un destrier Shin'a'in, quel toupet!
En soupirant, elle croisa les bras devant elle, son regard le plus sombre posé sur l'arnaqueur. Adossée à l'entrée de son échoppe, elle fut néanmoins soulagée de constater que la rue était presque vide, elle n'avait pas besoin qu'on lui plombe sa réputation.