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Débit de polisson

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Jehanne:
Bon visiblement elle n'est pas un bon agent commercial, Wylan ne lui sort pas de contrat de vente sous le nez. Tant pis pour Caspian.

Jehanne laisse Wylan tenter de la rassurer. Il y a longtemps qu'elle en est arrivée à la même conclusion. Pas besoin de Don envahissant ou de canasson élaboré pour bien faire son travail. Qui serait surement une perte de temps et d'énergie pour un Héraut. Et son sourire ne laisse aucune place à la jalousie ou à la rancœur. Wylan ne sait pas que le plus beau compliment qu'il lui ai fait c'est sous son personnage d'Alan qu'il le lui a offert. Héraut des putains. Cela lui convient parfaitement. Les belles de nuit ont aussi besoin de quelqu'un qui puisse veiller sur elles.

Elle s'amuse de la similitude de parcours entre leur deux familles. Des petits marchants qui à force de travail et d'ingéniosité se hissent un peu plus haut sur l'échelle sociale et commerciale.

Un instant Jehanne regrette d'avoir posé la question de son élection. Elle n'aime pas cette tension qu'elle lit dans ses gestes. Elle le sent déjà éluder les détails. Aussi est-elle encore plus étonnée devant cette véritable logorrhée et ses révélations. Jehanne est... fascinée. Comprenant que trop bien le jeune garçon incapable d'échapper à ces pensées parasites. Au moins elle, quand elle espionnait ses frères c'était par jeu. Comme toutes capacités non contrôlée un Don peut être une calamité. Wylan peut ranger ses craintes au placard. Elle estime être une femme parfaitement équilibrée et sans secret autre que ceux que tout à chacun peut avoir, ni plus, ni moins. De plus elle en a côtoyé quelques uns des ces hérauts aux pouvoirs étranges, des mages aussi. Ce n'est jamais le pouvoir qu'il faut craindre mais l'utilisateur et ses intentions. Elle n'a donc aucune peur. Elle n'en serait certainement pas là ou elle est autrement. Sa hiérarchie aurait mis le frein à son assention. Et si Wylan affirme qu'il maitrise son Don, elle le croit. 

Pour répondre à sa dernière phrase la jeune femme rit doucement.

"Il ne fonctionne pas très bien sur moi ton Don alors. - ses yeux fixent un point devant avoir son origine derrière l'oreille de Wylan - Ce n'est pas de toi dont je doute. Mais de moi. Enfin plutôt, je me fais confiance pour barricader - elle fait un X sur sa poitrine - mes sentiments afin de ne pas risquer de souffrir. Plutôt idiot."

C'est ironique. Elle n'a aucun doute sur leur complicité, ni sur ses sentiments à lui. Celle qui n'aime guère les mensonges est la seule à feindre une absence d'attirance. Et encore ! Très mal.

Jehanne prend une grande inspiration et s’efforce de retrouver le sourire ainsi que la légèreté de leur conversation précédente. Mais tout ce qui lui vient à l'esprit n'est pas forcément des plus intelligents.

"Cela doit être épuisant à la longue ce bruit de fond. Je comprends que tu sois près à plonger dans le mien, c'est un peu vide parfois."

Quelle idée fascinante tout de même que d'imaginer un ami... un amant... capable de recevoir des images d'elle et de les mettre en pratique sans qu'une seule parole ne soit prononcée. Et quelle douleur pour lui si on le rejette.

Héraut Wylan:
« Tu as peur de moi ou des sentiments que peut-être...? »

Il esquissa un sourire amusé. La demoiselle semblait aussi peu douée que lui en matière de relations. Avait-elle eu le cœur brisé par un prétendant, autrefois? Ou cette simple perspective suffisait-elle à la refroidir? Avait-il vraiment envie de le savoir? Et s'il n'y avait eu personne avant lui, se sentait-il capable de porter une telle responsabilité?

Jehanne sembla comprendre instinctivement le problème auquel Wylan était confronté avec un tel don. Sa dernière remarque fit cependant froncer les sourcils au Héraut.

« Vide? Je ne pense pas que ton esprit soit vide... J'en doute même fortement. Même un pilier de bar a l'esprit plein de choses. » Mais elle avait mis le doigt sur un élément important. Wylan avait tendance à chercher les relations charnelles, car, effectivement, elles lui permettaient d'atténuer le brouhaha qui occupait son esprit. Ou à défaut il buvait. « À t'entendre, je cherche à te séduire uniquement pour pouvoir faire taire mon Don. Je t'assure qu'une bouteille d'alcool Gr... de ma mère serait bien plus efficace. »

Il tendit une main timide vers Jehanne et lui effleura le poignet. Il s'attendait encore à être repoussé, voire à recevoir une claque.

« Mais effectivement, c'est épuisant. Et après, les gens s'étonnent que je boive autant. »

Il termina sa bière presque d'un trait et fit signe pour qu'on lui en resserve une autre. Il capta aussi le regard amusé et curieux du frère de Jehanne qui se demandait (et Wylan n'avait pas besoin de Don pour le savoir) qui pouvait être l'homme qui semblait accaparer sa sœur.

« Tu ne bois rien, ma colombe? Je vois, tu veux me saouler pour profiter de mon pauvre corps sans défense. »

Il remercia l'aubergiste d'un sourire quand il déposa une nouvelle chope devant lui et attendit qu'il s'éloigne pour reprendre la parole. Mais rien ne vint. Il ne savait pas quoi dire. Ses révélations avaient jeté un froid sur la conversation. Il avait envie de lui poser des questions sur sa vie à elle, et de l'entendre rire à nouveau. Mais il craignait que la transition soit trop abrupte. Il décida de continuer à parler de ses Dons.

« Et tu auras sans doute remarqué, mais il est très difficile de se souvenir de mon visage. C'est un autre Don. Un de ces Dons étranges qui apparaissent parfois et dont on ne sait pas trop d'où ils viennent. Dans mon cas, c'est comme si j'influençais involontairement l'esprit de mes interlocuteurs pour brouiller l'image qu'ils gardent de moi. Mais je te rassure, cela s'estompe, avec le temps. » Il rit, « Bientôt, tu seras capable de te souvenir de ma sale gueule et tu regretteras l'époque où je ne te laissais qu'une impression vague. Enfin, bientôt... si tu me permets de revenir te revoir pendant tes congés. » Il but un peu de bière. «Dis-moi, passes-tu tous tes congés ici? Tu aimes tant que ça récurer les casseroles sales et mettre dehors les poivrots? Ne sors-tu jamais de la ville, en balade, jusqu'aux fermes familiales, par exemple? Ou à la rivière, en amont de la ville, pour te baigner?»

Jehanne:
Non elle n'a pas peur de lui. Mais oui pour les sentiments que peut-être. Jehanne se connait bien. Elle se sait passionnée sous ses dehors de femme raisonnable. Passionnée par son métier d'abord. Et un jour passionnée par un homme. Et c'est là qu'il ne faut pas qu'elle se trompe.

Sa tentative d'humour tombe à plat. Le sujet tient peut-être trop à cœur à Wylan. Ou bien il n'aime pas qu'elle se déprécie. Mais le voir si désabusé lui fait étrangement mal. Elle préfère nettement son rire et son bagout habituel.

Et revient cette timidité dans son geste. Jehanne tourne sa main paume vers le haut et laisse ses doigts effleurer les siens. C'est de sa faute. Depuis qu'elle a comprit qu'il était sérieux, elle s'est fermée. Ils se sont enlacés en pleine rue, il s'est appuyé sur elle. Elle l'a vu dénudé - en deux fois c'est vrai. Un comportement hautement osé. On dirait qu'ils font les choses à l'envers tous les deux. Elle s'agace de constater qu'elle apprécie autant son côté bravache et impudent que cette tendre timidité.

Elle sourit tendrement. Aucune gifle n'ayant fusé ni aucune fuite cette fois. Elle secoue la tête quand il lui propose à boire.

"Tu m'as percé à jour. Je ne pouvais pas le faire dans la grange à cause de Kyra. Mais la cave est douillette tu verras."

Wylan continue à dévoiler ses dons. Qui explique comment elle a pu oublier la couleur de ses yeux et les traits de son visage. Une nouvelle fois elle secoue la tête.

"J'aime bien ta sale trogne."

Wylan revient sur des sujets plus légers. Se sentant démunie et incapable de l'aider elle lui en est reconnaissante.

"Ah ! Mais j'aime récurer une casserole bien attachée. Comme mes mains sont occupées mon esprit peut vagabonder à sa guise. Tu ne devineras jamais le nombre d'idée que j'ai pu avoir ou d'énigme que j'ai pu résoudre ainsi. Et non je ne passe pas tout mon temps ici. Je fais des courses, je vais au théâtre (je ne sais pas si ça existe ça ou une variante, sinon biffer la mention inutile.), assister à des représentations de chants ou de poésie. Je lis, beaucoup et je dessine, un peu. Je vais voir des amis ou d'anciens camarades, ce sont souvent les mêmes d'ailleurs - et parfois des tombes ou des veuves - . Je vais au temple ou bien je me ballade en ville. J'avoue je pense rarement à sortir de la ville."

Pour Wylan la campagne doit être reposante. Le bruit de fond se faire moins fort. Il faut qu'elle garde cela en tête pour leurs prochaines rencontres. En attendant... En attendant elle va cesser d'être une biche effarouchée parce que sinon elle va finir par se fâcher avec elle-même.

Jehanne se lève et tend une main à Wylan avec ce sourire joyeux et mutin qu'il doit commencer à bien connaitre. Il peut refuser de la toucher et elle ne le prendra pas mal.

"L'après-midi est loin d'être terminée. Je te laisse choisir ou tu souhaites aller."

Héraut Wylan:
La répartie de Jehanne aurait eu plus d'impact si elle avait su l'énoncer avec plus de conviction. Wylan sentait bien qu'elle n'avait répondu ainsi que par réflexe, voir obligation. Aucun sous-entendu n'avait percé dans sa voix, et du coup, l'échange tombait à plat. Lui qui comptait détendre l'atmosphère avec sa plaisanterie de mauvais goût... 

Ce fut donc avec un sourire un peu désabusé qu'il conclut:

« Ah? Je me réjouis de la tester alors. Voir si elle entre dans mon top 3 des caves. »

Un instant, Wylan se demanda s'il n'avait pas fait une erreur en venant ici. La garde semble éteinte, perdue. Il s'attendait à ce qu'elle se moque de lui, le remette à sa place s'il se montrait trop pressant. Et c'était cette Jehanne-là qu'il voulait voir. Était-il un tel incapable qu'il ne puisse que la perturber et l'angoisser?

:En même temps, tu es passé du mec plein de bagou, sûr de lui, frimeur, à un type sensible, qui a souffert et qui lui affirme qu'il est sérieux. Normal qu'elle ait la trouille. Et tu devrais aussi! Sérieusement, tu fous quoi là ? :
:Je passe l'après-midi avec une femme qui m'a invité ? :
:Arrête de te foutre de moi, Wylan. Tu ne fais pas que "passer l'après-midi". Tu espères plus... quoi d'ailleurs? Tomber amoureux, te mettre en couple avec elle, faire des projets d'avenir? Arrête de rêver. Tu vois bien qu'elle ne veut pas d'un relation! Elle te l'a dit. Elle ne veut pas souffrir.:
:Entre ce qu'on dit et ce qu'on veut, la différence est de taille. Et si elle me dit que je la dérange, je partirai sans insister.:

Wylan entendit un long soupir dans son esprit. Pourquoi Kyra réagissait-elle aussi vivement? Ce n'était pas la première fois qu'il cherchait à mettre une femme dans son lit. Même si cette fois, il devait s'avouer que la mettre dans son lit n'était pas ce qu'il voulait le plus.

Puis Jehanne affirma aimer son visage, mais c'était un compliment que Wylan ne pouvait accepter. Il savait qu'elle l'appréciait forcément, elle n'avait pas vraiment le choix. C'était ça aussi, le désavantage de ce putain de Don. Sa bouille était forcément rassurante, familière.

Heureusement, il avait réussi à changer la direction de la conversation, et la jeune femme sembla s'animer à nouveau. Elle répondit sans détour à ses questions.

« Ah... je crois que c'est quelque chose qu'on retrouve chez tous ceux qui doivent travailler avec leur tête. Il est agréable de s'adonner à des activités plus physiques et répétitives pour permettre à son cerveau de se reposer et de remettre un peu d'ordre. Tu serais étonnée de découvrir combien de Hérauts qui siègent à la cour tricotent, dessinent, font de la vannerie. Tiens, j'y pense, je devrais peut-être conseiller à Bouclette de s'y mettre, lui aussi. Je trouve qu'il se laisse envahir par les soucis. Il va vieillir prématurément. »

Wylan rit en s'imaginant Alemdar tricotant devant un feu, ou fabriquant un panier. Il adorerait pouvoir se moquer de lui. Mais, au-delà de la plaisanterie, il pensait sincèrement que cela ferait du bien à l'Attitré de se trouver un hobby pour se vider la tête. Un hobby autre que de tenter sans succès de mettre une pâtée à Mera.

« Les gens de Haven oublient parfois qu'il y a tout un pays, derrière les murs de la ville. La plupart n'ont jamais quitté la ville et ne le feront jamais. Je crois qu'ils éprouvent une espèce de fierté à être des citadins, des vrais. C'est totalement incompréhensible pour moi qui suis un enfant de la campagne. »

Puis Jehanne se leva et lui tendit la main. Wylan regarda cette main un instant sans comprendre. Puis la jeune femme déclara qu'ils pouvaient partir en balade. Avait-il réussi le premier examen?

« Où je souhaite aller? » Il prit la main tendue. Elle était un peu froide, comme souvent chez les femmes. Dans le brouhaha ambiant, une voix se détacha soudain. Il ne cherchait à comprendre ce qu'elle disait, mais sa mélodie était rassurante. « J'aimerais beaucoup voir ce qu'on appelle la mer... mais je crois que c'est un peu loin pour une après-midi. »

Il se leva et fit un signe à l'aubergiste avant de se diriger vers la sortie, tenant fermement la main de la jeune femme. Il ne voulait prendre le risque de la lâcher.

« Tu sais grimper un peu? » Il regarda le ciel. « Mmmh... il fait encore trop clair pour le moment. Si on grimpe sur les toits, on va se faire engueuler. Allons plutôt à la rivière. Si on remonte un peu dans les beaux quartiers, on pourra marcher le long des berges. »

Délicatement, il changea la position de sa main pour entrecroiser ses doigts avec ceux de Jehanne. Étrangement, il rougit un peu. À quand remontait la dernière fois où il s'était promené main dans la main avec une femme?

Jehanne:
Jehanne a enfin retrouver tout son allant. Elle ne sait toujours pas si elle est en train de tomber amoureuse et si cela est souhaitable. Mais sans dénier le droit de Wylan d'être triste ou d'avoir besoin de parler de ses problèmes et souffrance, elle souhaite plutôt qu'il réussisse à simplement apprécier sa compagnie comme elle aime la sienne.

Elle a bien prit note de cette nouvelle référence à Bouclette. Cette personne est surement importante pour lui. Elle rit doucement. Il se détend et elle aussi. Elle engrange ses questions pour le taquiner un peu plus tard.

Quand Wylan prend sa main, Jehanne s'éclaire d'un sourire radieux. Avant de laisser son visage exprimer sa surprise. La mer. Combien de décade faut-il pour aller juste voir la mer ? Jehanne éclate de rire. Non pour se moquer de son rêve. Et d'ailleurs elle s'explique rapidement pleine de malice.

"En une après-midi ce serait ambitieux même pour le Grrrraaaand Wylan ! Programme nous cela plutôt pour une journée complète. Que nous ayons le temps d'y pique-niquer."

Wylan ne compte pas lâcher sa main et elle ne compte pas la lui retirer. Tout est parfait. Elle voit le visage stupéfait de Caspian et lui fait un clin d’œil. En filant maintenant pour ne repasser que dans quelques temps elle sait qu'elle s'évite bien des questions embarrassantes. Oui c'est une excellente idée.

Elle rit quand il envisage de jouer les monte-en-l'air.

"Les toits ! Je pratique bien assez à mon goût. Je préfère encore mes deux pieds sur terre. Tu me diras j'ai rarement l'occasion d'admirer le paysage citadin ou de simplement m'y promener. - elle fait un petit geste du menton - Je saurais me faire à l'idée de simplement flâner le long des berges."

Ils entrelacent leurs doigts et de nouveau elle lit cette timidité qu'elle trouve charmante pour un homme de son âge et de son expérience.

"Bien. Puisque que te voilà menotté, vaurien, - elle lève leur deux mains étroitement liées alors qu'ils commencent à marcher - j'ai encore bien des questions gênantes pour toi. Quel est le hobby du Héraut Wylan ? Se laisse t'il seulement le temps d'en avoir ? Le vin et les femmes sont hors thème je te préviens.
Et qui est Bouclette ? Un ami proche ? Tu fais souvent référence à lui tu sais. Si tu continus je vais devoir t'obliger à me le présenter."

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