Justina était effectivement épuisée, ce qui avait valu son manque de contrôle quand au mage noir, cela et sa personnalité plus qu'entière. Elle s'était abreuvé de conte lors de son enfance, elle avait particulièrement aimé la période de Vanyel pour Valdemar et celle de la guerre d'Hardorn pour Rethwellan. Son héros préféré était Kérowyn. Elle ne s'en rendait peut-être pas encore compte, mais en venant à Valdemar, elle espérait, dans le plus profond secret de son coeur, d'être Élue. Sauf que son espoir de sauver son pays et son devoir d'y retourner pour sa mère et les terres de sa famille étaient contradictoires, si bien qu'elle l'avait refoulé avant même de se rendre compte qu'elle l'avait eu.
« Merci, merci de nous accueillir, merci de m’accueillir.»
Elle n'ajouta pas qu'elle espérait un jour être digne de leur accueil, mais elle le pensa. Lentement, elle se leva, puis s'interrompit en restant une seconde interdite que le Prince veuille lui servir d'escorte. Elle n'était qu'une femme de petite noblesse, bien indigne d'être seule avec le prince, mais ce n'était pas à elle de lui dicter sa conduite. Si bien qu'entre les deux et après leur discussion, elle préféra se taire. Son mentor lui avait souvent répété qu'aucun homme ne pouvait se rendre ridicule par son silence. Elle avait trop souvent tendance à l'oublier.
Elle ne montra pas non plus combien elle était mal-à-l'aise de devoir vivre avec d'autre femme. Depuis son écuyage, elle n'avait plus eu de contacts prolongés avec une femme et depuis ses six ans, elle n'avait plus été considérée ou traitée comme telle. Elle ne dit rien pourtant, elle devrait s'y faire au moins le temps que son pays soit libéré, ensuite, elle devrait ré-endosser le nom et le rôle de son frère. Étrangement, cette pensée ne lui donnait pas vraiment espoir, elle avait plus un sentiment de devoir désagréable que d'anticipation. Elle devrait faire de son mieux pour ne pas prendre goût à être considéré comme femme et comme elle-même plutôt que comme son frère. À ce moment, le soldat revint avec son ceinturon et ses armes, mais ne lui rendit que la dague. Elle hocha la tête à son explication, c'était malgré tout étrange pour elle d'aller sans au moins son épée. Son chevalier l'avait très tôt habitué à aller partout dans le campement avec son épée et l'arme avec laquelle elle s'entraînait dans le moment. Il disait que c'était pour qu'elle s'habitue à l'avoir, qu'elle lui soit aussi familière qu'elle-même. Bien entendu, quand elle partait en mission, elle emmenait toutes ses armes, mais effectivement, dans le camp, elle n'aurait besoin que de sa dague. Encore plus vrai si elle ne devait pas combattre.
« Je comprends et merci de me faire confiance à ce point.»
Elle se fit alors la réflexion que Rethwellan gagnerais à apprendre l'enchantement de vérité. Il y avait bien trop de mensonge, à la cour comme dans l'armée au détriment de la qualité de vie des plus petits et des plus faibles. La jeune femme le déplorait sincèrement. Elle regarda le prince alors qu'il la guidait vers le mess et lui répondit, elle aussi, dans leur langue. Même si elle croyait que cela aurait été plus polie pour les autres de rester de valdemaran.
« Je ne voudrais pas me montrer présomptueuse ou vous mettre de la pression sur le dos votre Altesse, mais vous devriez vraiment faire plus attention à vous. Je suis certaine que de vous voir dépérir ferais de la peine à vos frères. De plus, vous être certainement un espoir pour ceux qui, comme moi, finisse par voir au travers des mensonges du Régent.»
Qu'il ait été prince ou non, elle lui aurait au moins tenue la première partie de sa remarque. Les gens devraient toujours faire attention à leur corps, c'était la première chose que son premier professeur d'armes lui avait enseigné. Son corps était le premier instrument de notre travail, quel que soit le métier et plus encore pour ceux qui devaient se battre. Surtout dans une campagne, car on ignorait quand on ne pourrait le faire, il était donc nécessaire encore plus d'en prendre soin quand on le pouvait.
Elle se pris lentement une carotte et du fromage. Avec les villageois, ils n'avaient pas eu beaucoup de temps, ni de bras, pour prendre de la nourriture. Durant une semaine, ils n'avaient donc pu manger que ce qu'ils pouvaient cueillir agrémenter de la viande qu'elle avait eu pour ses propres rations et celle qu'elle avait embarqué dans les sacoches de Patience. Elle devait donc y aller doucement avec son estomac. Elle ne refusa pas la bière par contre, habitué à en avoir dans le campement, elle la buvait et la tenait comme un homme. D'ailleurs, avec son visage presque masculin, son attitude et sa coiffure martiale, elle n'avait jamais eu de problème à s'en faire servir, même sans son chevalier.