Avec Noam, il n'y avait pas de jugement. Jamais. Même du haut de ses capacités de réflexion assez superficielles, Fleur se rendait bien compte de la chance qu'elle avait eu de le choisir lui.
Elle doutait que les Dieux aient quoique ce soit à voir avec cette relation adultère, mais on aurait pu croire que c'étaient eux qui avaient mis sur sa route un homme capable de l'aimer sans rien demander en retour, et ne pas poser de question.
Les femmes qui croiseraient sa route seraient chanceuses, et Fleur les jalousait déjà.
"Je ne suis pas malheureuse. Pas quand tu n'es pas là du moins. Je veux dire, ce n'est pas toi qui me rend malheureuse mais bon, c'est pas évident, c'est tout. Je ne suis pas maltraitée. Owen m'adore, ses parents aussi. Nous repartirons bientôt vers Haven et seront éloignés de ses cousins qui me regardent mal alors..."
Elle essayait de se persuader elle-même en faisant preuve de bon sens pour une fois.
Elle répondit avec ardeur à son baiser, plus longtemps qu'elle ne l'avait prévu.
Quand ensuite il lui parla de son futur rôle de mère, Fleur lui fit un sourire triste:
"J'espère".
Elle aurait voulu lui dire que lui aussi, il aurai fait un père formidable. Mais à vrai dire, ses sentiments au sujet de cette grossesse étaient trop partagés.
Un enfant, elle n'en avait voulu que pour assurer sa position sur l'héritage de Trevale. C'était donc un enfant d'Owen qu'elle avait désiré. Ca n'avait rien d'un besoin impérieux, comme ça l'était pour certaines femmes de sa connaissance. Et elle portait ceux de Noam, qui ne pourrait jamais avoir un rôle dans leur vie. Et l'aurait-il voulu ? Les Hérauts étaient réputés pour vivre au jour le jour. Et elle, si Owen n'avait pas existé, aurait-elle voulu d'un enfant de Noam ?
C'étaient là beaucoup de question, et Fleur décida qu'elle n'aurait pas les réponses aujourd'hui, et qu'il fallait mieux qu'elle rentre dans sa chambre avant que quiconque ne s'inquiète.
Elle posa sa main sur la joue du Héraut et lui dit au revoir:
"Je retourne dans ma chambre. Je ne reviendrai pas te poursuivre, mieux vaut être raisonnable n'est-ce pas? Merci d'avoir été là et de l'être encore."
Et c'était de loin une des choses les plus honnêtes, vibrantes et touchantes que Fleur ait pu dire dans sa vie.
[RP CLOS]