Auteur Sujet: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!  (Lu 6727 fois)

Beltran

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Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
« Réponse #15 le: 05 juillet 2014, 18:23:12 »
Beltran savait que faire confiance à Wylan sur certains sujets était suicidaire, mais bizarrement, il avait bien envie de suivre les conseils de son cousin sur ces sujets-là. Il fallait avouer que le Héraut parlait avec assurance et annonçait les choses d'un ton qui ne laissait pas de doute ou de place à une réplique. Il semblait maîtriser son sujet.

"Je me rappelle surtout l'horrible automne que j'ai passé chez vous pour vous aider à tout remettre en place. J'ai cru que j'allais mourir de froid chaque soir. En campagne, quand nous n'avons plus d'équipement, ça me parait encore moins froid que la maison de tes parents à cette époque..." rétorqua vivement Beltran.

Oui, il avait grandi dans une belle maison, et à l'époque où son père était Prévôt, il avait même vécu dans de vrais palais, mais les Greenhaven avaient beau être privilégiés, les hommes (comme les femmes) devaient se confronter à la réalité du monde pour être pris au sérieux. Et on s'entraide, dans la famille. Assez grand pour porter des sacs de gravat ou des planches pour boucher les trous, Beltran avait été réquisitionné tout un été et un automne chez ses cousins avant d'être renvoyé à son précepteur quand l'hiver avait atteint le domaine. Il n'avait jamais regretté de ne pas avoir à survivre à un hiver chez Wylan malgré son grand sens de ce qui fait la force d'un homme.
Le Capitaine tenta d'imaginer Mina se gelant les fesses dans une ferme hold et soupira. Image peu réjouissante, c'était pourtant une bonne raison pour préférer des manteaux et des bottes à un collier. Il espéra qu'elle l'accepterait quand même et nota dans un coin de son esprit qu'une belle cape pourrait également lui faire plaisir.

"Elle est au Collegium maintenant, elle doit être fournie." conclut cependant le blondinet avec pratique. En tout cas, il comprenait l'aspect ridicule de certaines modes: "Je vois ce que tu veux dire. C'est bien, une écervelée ne me plairait pas de toute façon. Demande à ma mère, elle désespère que je ne sois toujours pas marié. Elle n'a pas encore abandonné pourtant... A ce propos, un seul mot de tout ça à la famille et tu peux t'assurer que ton frère ne vendra jamais sa production..."

Le ton était léger et plaisantin mais Beltran lui-même ignorait quelle vengeance lui viendrait à l'esprit si son cousin le trahissait bassement. Enfin bon, après avoir donné des conseils, le Héraut aurait sans doute le bon sens de regarder l'affaire de loin sans s'en mêler.

En tout cas, il ne se gênait pas pour se moquer de son sérieux cousin. Beltran fit la grimace.

"J'ai de l'humour. Des fois. Vous ne le comprenez pas c'est tout." rétorqua-t-il.

Niveau camaderie... Beltran était loyal, efficace, parfois même amical, mais le mot camaderie ne s'appliquait visiblement pas au type d'homme qu'il était. Quant à la légèreté... Il savait faire semblant d'en avoir, quand il le fallait.

Concernant Liane, Beltran sourit:

"Il faudrait déjà que je la reconnaisse officiellement... ce qui n'est pas dans les projets immédiats. On verra avec Riannon... plus tard. Elle sait que je n'ai pas abandonné l'espoir de pouvoir le faire. Mais même si elle n'est pas Elue, je doute qu'on lui permette d'hériter de tout Greenhaven. Et je n'ai pas l'intention de l'élever pour ça. Ronan est plus... Fait pour ça. Depuis que j'ai pris le commandement de la garde, il assure le rôle de l'héritier, et bien mieux que moi. Nous en avons déjà discuté avec Père. Il y a des moyens légaux pour que Ronan et sa famille prennent le titre quand Père passera l'arme à gauche. Je n'en ai pas besoin - et ils ont déjà tellement donné pour le domaine. L'armée est mon seul vrai titre à vrai dire.... Mais si tu veux savoir ils en sont au troisième gamin, un garçon, et il excelle dans le rôle du patriarche comme tu dis. Il a l'air vieux avant l'âge..."

Souvent, Beltran avait un peu regretté de ne pas ressembler à son frère, père d'une tripotée d'enfants, marié, heureux dans ses fonctions... Mais il avait épousé l'armée et il était fait pour les armes. Alors il se contentait de gâter ses neveux et sa nièce quand il en avait le temps. Ronan ne comprenait pas Beltran mais les deux frères s'aimaient et cela suffisait.

Puis Beltran réenchaîna sur sa terrible mère:

"Mère fait pire que me battre. Tu n'as vraiment jamais eu l'occasion de la voir se mettre en mode commandant? Ca vaut le coup d'oeil. Même mon père ne s'y frotte pas dans ces cas-là..."

En tout cas, les parents vieillissaient et la visite de la famille leur ferait du bien. Depuis que le Seigneur avait quitté ses fonction de Prévôt, il s'occupait du domaine mais regrettait un peu l'agitation de la capitale. En tout cas, l'agitation actuelle ne lui aurait pas plu. A peine rentré, Beltran avait déjà eu vent de certaines rumeurs courant les rues de Haven et cela ne lui plaisait guère. Pas plus qu'à Wylan qui avait pourtant un temps de retard:

"La rumeur commence déjà à courir que nous n'avons aucune chance devant leurs mages. Certains idiots sont allés jusqu'à dire que si je suis rentré c'est que la frontière est perdue. Il faut empêcher l'angoisse de contaminer Valdemar. Les soldats se feront très présents à partir de maintenant, il faut assurer le calme civil." Il hocha la tête: "Mais pour les nobles oui... la technique de l'autruche marche bien. Arthon est au courant mais je lui rappellerai ce point. Je ne comprends pas plus que toi le pourquoi de cette guerre mais mon instinct me dit que nous n'en avons pas fini. S'il n'y avait pas cette équation inconnue avec les mages et démonistes, je serai plus sûr de moi, mais j'ignore encore à quel point nos forces peuvent résister à ce genre d'attaques..." avoua lentement le Capitaine. "Arthon semble plus confiant que moi sur ce point mais il n'a encore jamais dirigé une vraie tactique de guerre..."
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Wylan

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Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
« Réponse #16 le: 06 juillet 2014, 10:34:44 »
« Faut pas exagérer non plus... Mais c’est vrai que toi, tu n’as jamais traversé le Peigne en plein hiver, au milieu d’une tempête de neige.» Il rit. « Maintenant la maison de mes parents est quand même beaucoup plus agréable. Toutes les pièces sont habitables et le toit ne fuit plus. Et avec tous les alambics et les cuves de la mère, la maison est agréablement chauffée.»

La maison des Greenfield avait maintenant belle allure. Elle était très éloignée du Manoir des Greenhaven, tant par la taille que par la richesse de ses intérieurs. Mais elle était confortable, et bien assez grande pour loger toute la famille. Kyle avait bien évidemment ses appartements dans le manoir et il y resterait. Mais les trois soeurs de Wylan vivaient chacune avec son mari dans la demeure familiale, dans l’attente qu’on  construise pour chacune un cottage, où elles pourraient emménager.

Beltran ne réalisait vraiment pas ce que c’était que de ne vivre que du petit pécule accordé par le Collegium. La somme pouvait paraître importante pour des gamins, mais ils devaient se fournir sur cette somme tout ce que le Collegium ne leur donnait pas.

« Fournie sans doute. Mais je vois que tu n’as jamais porté les vêtements qu’on donne aux jeunes qui arrivent ici sans le sou. Évidemment, assez rapidement tu obtiens des affaires à ta taille, mais ils ne fournissent que les uniformes! Si tu veux des vêtements de ville, et que tu n’en as pas pris avec toi, ou qu’ils sont devenus trop petits, tu es condamné à fouiller dans la réserve... Les jeunes achètent assez vite des vêtements pour eux, mais ils ne reçoivent pas une somme si énorme qu’elle permet de faire des folies.»

Wylan fit semblant de s’effrayer de la menace de son cousin. Il savait pertinemment que Beltran ne ferait jamais payer son frère pour ses torts à lui.

« Je ne vois pas trop comment je pourrais en parler à ta mère. Je te rappelle que je repars bientôt pour la frontière. Et tu sais, elle sera très bientôt au courant. Ton comportement d’hier a fait sensation. Les rumeurs vont aller bon train... et quand elles arriveront à Greenhaven, elles seront tellement déformées qu’elles prétendront que tu as passionnément embrassé ta belle devant toute la ville réunie pour vous accueillir.»

Il s’imaginait la tête de la mère de Beltran, quand elle apprendrait qu’il avait enfin une femme dans sa vie. Il la voyait déjà en train d’écrire une lettre à son cher fils pour le prévenir de sa venue prochaine pour rencontrer de sa future bru.

Beltran se défendait sans enthousiasme des railleries de Wylan. Celui-ci prit l’air dubitatif quand le capitaine prétendit avoir de l’humour.

« De l’humour? Toi? Si tu en as, il est soigneusement caché avec ta légèreté et ta tendresse...»

Wylan trouvait cela un peu étrange de parler d’histoire de succession avec Beltran. Mais il imaginait que son cousin n’avait pas beaucoup d’amis avec lesquels partager ce genre de questionnement.

« Je pense que ce serait mieux en effet. Je ne vois pas Liane, même adulte, s’occuper d’un tel domaine. Elle a trop de Dons, et elle serait trop malheureuse. Ton frère par contre semble être né pour cela. Et si tu me dis qu’il se coule parfaitement dans le moule de ton père, c’est parfait... Trois enfants, par contre, ça me semble un bon nombre. Mais je suis certain qu’il en aura au moins encore un. Sa femme est encore jeune. »

Wylan croyait connaître assez bien les Greenhaven, aussi fut-il surpris d’apprendre que la mère de Beltran pouvait se comporter en véritable tyran.

« Non, je n’ai jamais eu ce plaisir. Alors c’est d’elle que tu tiens tes attitudes martiales? Ta mère m’a toujours semblé quelqu’un de décidé, mais je n’imaginais pas qu’elle pouvait faire peur au grand Beltran. Ou à son père d’ailleurs. »

Le Héraut, toujours sur les routes, toujours à l’affut, savait bien que la guerre était plus proche que ce qu’on pouvait en apercevoir de la capitale. Mais il ne comprenait pas les réactions contraires que ce fait suscitait. Les nobles mettaient la tête dans le sable. Les autres s’inquiétaient que Beltran put rentrer dans ces conditions. Mais la guerre n’avait pas encore commencé. Et Beltran était aussi précieux à Haven qu’au front. Quant aux mages, Wylan ne pouvait prétendre s’y connaître, mais ils ne l’effrayaient pas tant.

« Les gens n’y comprennent rien à la magie, moi le premier. Mais je peux t’assurer qu’un mage meurt aussi bien que n’importe quel homme sur le champ de bataille. Et nous avons nos propres mages. Et si tu es rentré, c’est parce qu’on ne t’a pas laissé le choix. Ta place n’est pas là-bas pour le moment. La guerre n’a pas à proprement parler commencé. Et même alors, tu seras mieux ici. Tes officiers font très bien leur travail.» Il soupira. « Les mages ne m’effraient pas tant à vrai dire. Je sais bien qu’ils sont vulnérables. En plus, nous nous sommes spécialement préparés pour ça. Chaque camps est prêt à faire face au feu, aux éclairs, aux hallucinations... Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de plus. Quant à Arthon... tu sais, les Compagnons sont inquiets, mais pas tant que ça. Je pense que ça le rassure. Mais c’est certain que je me réjouirais quand la guerre aura réellement commencé et que l’on saura contre quoi on se bat.»
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Beltran

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Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
« Réponse #17 le: 14 juillet 2014, 11:08:45 »
"On ne dirait pas comme ça mais je tiens quand même à ma vie. Traverser le Peigne en pleine tempête est légèrement suicidaire." Avant que Wylan ne le reprenne, Beltran ajouta: "Mais quand c'est vital je suppose qu'on doit prendre tous les risques. Sauf que passer un hiver chez toi n'était pas vital. Du tout même. Il faudrait quand même que je passe voir la maison finie. Peut-être après la guerre."

Quant au reste, Beltran n'avait aucune idée de comment le Collegium était géré. Il savait que les élèves recevaient une somme d'argent régulièrement pour les dépenses extérieures mais il ne s'était jamais intéressé à ce genre de détail. Pour lui un Héraut était en service ou pas là, il n'y avait pas d'entre deux. Voilà qu'Irmingarde bouleversait son univers mental.

"Je n'ai pas vraiment fait attention jusque là." acquiesça le Capitaine.

Se montrant un peu plus menaçant par rapport aux secrets que son cousin devait garder, Beltran secoua la tête avec desespoir.

" Ou alors, je serais déjà marié dans les rumeurs et ma mère en fera une crise cardiaque." complèta-t-il le charmant tableau familial.

Le Capitaine ne tenta pas vraiment de se défendre ensuite. Il avait de l'humour. Il en était même persuadé. Mais il était vrai que ses rares traits d'humour, prononcés avec son sérieux habituel, avaient tendance à être pris au pied de la lettre. Ce qui donnait parfois des situations cocasses au détriment de certains soldats. Et Beltran pouvait être léger et tendre - demandez à Mina. Mais ce n'était pas ses qualités principales, loin s'en faut.
Plutôt que de débattre de dons ordinaires qu'il cachait bien, il se rabbatit sur les histoires de succession. Son cousin était d'accord avec lui. Un jour Beltran aurait une conversation sérieuse avec son père et son frère. Il eut un petit sourire:

"Un enfant de plus et c'en est fini du calme à la maison. Ils sont déjà assez... bruyants." plaisanta-t-il. "Mère a fort à faire pour ramener le calme le soir. Et non, je tiens mon... attitude de mon père, mais mon habitude à être obéi de ma mère, je suppose. Elle a sa manière à elle de se faire respecter. Tout en douceur mais implacable. La Dame de Greenhaven est connue pour ça... Après tout, tous les grands hommes ont une femme qui leur chuchote à l'oreille comme on dit."

C'était un sujet légèrement plus léger que la magie et les combats - mais Wylan comme Beltran étaient plutôt des spécialistes du deuxième thème et ils ne pouvaient y échapper. Wylan analysa la situation simplement et résuma l'avis général.

"Moi aussi..." approuva Beltran d'un air concerné. "Moi aussi..."

Les deux cousins continuèrent à échanger leurs points de vue un petit moment, cernant la guerre avec cynisme et réalisme, avant que Beltran ne doive écourter sa visite pour rejoindre son état-major - une fois la bouteille vide cependant. Il promit à Wylan de garder le contact - privilégié - concernant les sujets martiaux et lui souhaita bonne chance au cas où ils ne se revoyaient pas avant la prochaine attaque. Puis Beltran retourna au sérieux de son poste, légèrement soulagé d'avoir pu parler à quelqu'un à coeur ouvert.

RP CLOS
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »