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[Arsène/Fleur/MJ] C'est bientôt le printemps

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Héraut Aranel:
Trois jours après l'annonce

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Le Vicomte Arkadia était un homme censé. Oh bien entendu, il n'était pas parfait. Néanmoins il avait toujours su diriger son domaine et ses affaires avec raison et intelligence. Il avait espéré que le mariage de sa première fille et les belles dots de ses deux belles filles suffiraient à stabiliser les finances familiales, hélas il n'en était rien. Si la situation n'était pas complètement désespérée, il ne se voyait pas permettre à sa cadette de faire un mariage d'amour fort peu heureux financièrement. Il avait toujours tenu à offrir à ses enfants un niveau de vie correct afin de leur apporter le nécessaire et le superflu et il espérait que Fleur -tout comme sa soeur- s’accommode de la vie d'épouse même si elle n'avait pas elle-même choisi celui qui la partagerait. Après tout il n'y avait bien que les bardes pour conter des histoires à dormir debout sur des âmes liées et des coeurs promis et les Hérauts d'en faire la déplorable démonstration. Quel exemple pour les jeunes filles de bonne famille...

Ainsi il étudiait les candidatures des prétendants potentiels avec grande attention. Il lui arrivait parfois de présenter les portraits des sires retenus à sa petite Fleur préférée mais il s'était lassé de voir les grimaces qu'elle ne manquait pas de partager.
Le prétendant qu'il avait fini par retenir était bien trop intéressant pour laisser l'état d'âme d'une jeune fille inexpérimentée gâcher les éventuels conciliabules que leur rencontre allait entraîner. On disait l'individu grossier et prétentieux. Il espérait que ces rumeurs fussent fausses et non fondées et il ne manquerait pas de faire comprendre à ce gendre potentiel que sa précieuse fille avait assez de sang bleu pour concurrencer son noble lignage. Les Arkadia étaient une grande et ancienne famille après tout !

Le rendez-vous avait été organisé dans un salon privé assez vaste pour y recevoir les protagonistes et assez proche des couloirs principaux pour encourager les oreilles indiscrètes. La rencontre Arkadia-Krohp se voulait bien entendu mondaine. Le Vicomte avait prié sa fille de passer l'une de ses plus belles toilettes et c'est à l'heure dîte qu'ils entrèrent dans le petit salon tapissé, au sol recouvert de magnifiques tapis ouvragés et aux bibliothèques riches d'ouvrages variés.
Sur un guéridon, le thé fraîchement préparé par un valet de pied fumait avec ardeur. Bien, tout semblait en place.

[A vous mes petits !]

Fleur de Trevale:
La chambre de Fleur Arkadia était dans un état indescriptible.
Comme la jeune femme en fait!
Son Père lui avait demandé en effet de venir la rejoindre dans un salon privé habillée le mieux possible, pour pouvoir éblouir.

Fleur n'était pas bête. Il se tramait quelque chose d'important dont elle était la clef, et cela voulait forcément dire un mariage.
Son Père avait déjà essayé de tâter le terrain en lui montrant quelques portraits, mais comme il ne semblait pas pressé et que Fleur s'amusait bien à papillonner, elle lui faisait comprendre qu'elle n'en voulait pas. Jamais il n'était allé plus loin qu'un portait. Jamais il ne lui avait demandé de se déplacer comme ça, en grand apparat.

Fleur avait bien envie de se marier. C'était normal, le but de sa vie de femme de bonne famille. Elle ne voyait pas un autre avenir possible. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle n'avait pas peur. Elle était terrifiée, parce qu'elle ne connaissait rien de la vie, elle était plus que naïve.
Elle était donc à la fois impatiente et effrayé. Elle avait envie de rejoindre son peur autant que de prendre ses jambes à son cou.

La jeune femme avait enfilé une très jolie robe, très chère aussi, qu'elle avait fait confectionner récemment. La jupe et le corset étaient mauves, le corset surpiqué de papillons blancs, et la chemise blanche bouffait au dessus de ses bras mais était décolletée, laissant entrevoir la naissance de sa poitrine.
Elle avait passé de nombreux bracelets en or qui tintaient sur ses poignets, de jolie boucles d'oreilles ouvragées et une longue chaîne avec un pendentif ayant appartenu à sa mère.
Elle avait fait attaché ses cheveux en chignon compliqué et très travaillé.
Bref, elle était jolie, bien qu'un peu blanche à cause de la tension.

D'un pas qu'elle voulut sûr, elle se rendit dans le salon privée, se fit ouvrir la porte et alla vers son Père:

"Père, c'est un plaisir de vous voir en privé!"

Elle l'enlaça dans ses bras, sur la pointe des pieds.

"Vous êtes très élégant, et j'ai l'impression que la raison de ma venue est un événement important, je me trompe?"

Elle ponctua sa question d'un sourire angélique.
Fleur aimait beaucoup son Père. Ferme mais tendre, affectueux. Et elle savait le faire craquer par un sourire.

Arsène Krohp:






Ses habits étaient impeccables, dans une teinte mauve sombre, ouvragés, chères. Très chères et cela se voyait. Sa mère trottinait à ses cotés, bien plus lumineuse que d’habitude. Ce jour était important, ils le savaient, c’était maintenant ou jamais.

Arsène était un rustre, beaucoup s’en doutait, mais il était surtout intelligent. Très intelligent. Et sa mère luttait depuis pas mal de temps pour le faire entrer dans le beau monde. A force de persévérance, et de messes basses, elle avait entendu que les Arkadia cherchaient à marier leur fille. Tant mieux elle avait un fils à proposer. Et les Krohp était un beau parti, un très beau parti. Surtout… Financièrement. Le noble jubilait, il aurait ce qu’il voulait. Tout ce qu’il voulait. Un poids supplémentaire en tant que gendre du Vicomte d’Arkadia, son rapprochement avec le conseil, et la jolie Fleur. Réellement Haven lui réussissait.

-Mère, tu as fait de l’excellent travail avec le Vicomte. Maintenant c’est à mon tour de jouer.

Ils approchaient de la porte. Arsène vérifia une fois de plus sa tenue, réajustant ses manches et son col.


Fais attention mon fils. Le Vicomte doit accepter cet accord tu en es conscient ?

Sa mère prenait la parole ? Arsène la fit taire d’un geste de la main. Bien sur qu’il comprenait les enjeux. Il n’avait jamais été aussi proche de ses buts. Tout se mettait en marche, son entrée dans Haven était pour l’instant passée inaperçue, mais avec un nom comme celui des Arkadia lié au sien alors… Alors tout serait différent. Il faudrait compter sur lui, on devrait le reconnaître, et enfin les gens oublieraient son père.

-Ne vous tracassez pas. Vous le savez mieux que personne non ? Je peux être une des personnes les plus agréables et enjoleuses de la planète

L’œil était malicieux, le sourire sincère, et un instant il semblait presque… Parfait. Le gendre parfait. Certes il n’était pas le plus beau du royaume, mais présenté ainsi il n’y avait plus rien du rustre, et du monstre que les gens décrivaient quand il avait le dos tourné.

D’une main ferme, il frappa à la porte, et après un temps qu’il jugea décent, il ouvrit. Son entrée était millimétrée, loin d’être sur jouée comme à son habitude. Il avançait d’un pas noble et direct, franc. S’inclinant devant le vicomte, puis devant sa fille.

-C’est un plaisir de vous rencontrer Vicomte d’Arkadia. Tout comme de vous revoir ma Dame. Je tiens à vous présenter ma mère. Walburg Krohp, sans qui à ce jour je ne serai rien.

La vieille dame se fendit d’une révérence, et vint se placer au coté de son fils, qui adressait toujours un sourire qui semblait sincère à ses hôtes. L’homme était transformé, bien loin de l’image qu’il avait donnée jusqu’à présent.

Moi, Walburg Krohp, je suis ravie de vous présenter en ce jour mon fils, Arsène Krohp de Sensholding, digne héritier et successeur du domaine des Krohp, et gestionnaire de nos biens.  

La voix de la vieille femme était ferme, emplie de fierté, résonnant dans la pièce, avec une puissance insoupçonnable pour le corps de cette vieille dame, qui maintenant se tenait droite, face à ses hôtes.

Héraut Aranel:
Lorsque Fleur était entrée dans la pièce, son père avait pivoté sur ses talons, faisant légèrement crisser le cuir de ses bottes d'intérieur et l'accueillit d'un léger sourire. Il aimait ce visage souriant et ce regard pétillant, il aimait la délicatesse de ses joues blanches et ne put qu'apprécier la tenue avantageuse qu'elle avait choisi. Bien entendu quelque part dans son âme de père, il n'appréciait guère de devoir présenter sa fille comme une marchandise bien faîte qui s'attirerait sans doute les oeillades alléchées d'un homme en pleine possession de ses moyens. Il chassa cette pensée de son esprit et lui embrassa le front délicatement.

"En effet c'est un jour important mais je ne puis t'en dire plus avant que les détails aient été réglés"

Il ne put d'ailleurs pas en dire plus car déjà on toquait et entrait dans la pièce. Le Vicomte s'éloigna légèrement de sa fille pour se tourner tout à fait vers la porte d'entrée l'air accueillant bien que légèrement solennel. La Dame Krohp avait été son interlocutrice depuis la demande officielle d'alliance entre leurs deux familles. Mais il n'avait pour le moment jamais échangé plus que des billets avec la vieille douairière et lui adressa tout particulièrement son sourire le plus charmant.

"Je suis ravi de faire enfin votre connaissance. Dame Krohp, vous me voyez enchanté de pouvoir associer plus précisément un visage aux mots. J'ai eu vent de votre récente arrivée en ville mais je dois avouer qu'entre notre domaine, la cour et les séances du Conseil j'ai manqué de temps."

Il marqua une pause et toussota légèrement avant de redresser le torse puis tendit la main pour désigner Fleur qu'il avait pris soin de garder près de lui.

"Permettez-moi de vous présenter Fleur Arkadia -ma fille- élève au Collegium et très appréciée à la cour du roi."

Il aurait bien vanté la relation privilégiée qu'elle entretenait avec la future épouse de l'Héritier mais il savait cette prétention légèrement exagérée. Il préférait garder cette information en temps que pièce maîtresse de son plan.

"Puis-je vous proposer une tasse de thé ?"

Il tourna les talons et se dirigea vers le guéridon entouré de fauteuils confortable, écartant l'un d'eux pour laisser Fleur s'installer.

Fleur de Trevale:
Un jour important...
Si Fleur avait eu des doutes, elle avait trouvé les réponses, dans les mots de son Père, et dans ses yeux, parce qu'il y avait cette tendresse habituelle, mais comme un regret aussi, comme un adieu.
Elle commença à se faire un peu de soucis, teinté d'impatience en regardant la porte qui ne tarderai pas à s'ouvrir. Sur quoi, sur qui?
Un jeune héritier, un homme dans la fleur de l'age célibataire endurci, ou un vieux veuf désirant se remarier?
La jeune femme avait un tas de noms potentiels dans l'esprit quand la porte s'ouvrit enfin... sur son pire cauchemar.

Elle se serait écoutée, elle se serait jeté au sol devant son Père pour lui implorer de ne surtout, surtout pas autoriser une telle chose. Elle aurait pleuré, elle l'aurait supplié. Mais ils n'étaient pas seuls, et elle ne pouvait pas se permettre de faire une scène pareille, et mettre à mal la réputation de sa famille.
Alors oui, Fleur était une jeune femme légère, babillante, charmante et un peu sotte, elle parlait fort, riait fort, mais on la regardait presque avec attendrissement, parce qu'elle n'était pas méchante, et qu'elle donnait une image sympathique à son nom de famille.
Elle avait été élevée avec la conscience de son rang et de la position qu'il fallait adopter. Jamais elle ne ferait honte à sa famille.
Alors elle n'allait pas commencer aujourd'hui, même si elle dut aller chercher des forces insoupçonnées pour garder une expression calme, à défaut d'avenante.
Elle écouta avec ahurissement le petit discours visiblement bien préparé d'Arsène Krohp.
Comment osait-il la saluer alors qu'il lui avait fait des propositions indécentes quelques jours auparavant?
Mais sa Mère n'y était pour rien, alors elle ploya dans une très légère révérence protocolaire. A son fils, elle n'accorda pas un regard, juste un signe de tête qu'elle voulut poli. Elle aurait bien voulu faire honneur à son Père et prononcer quelque mots, mais rien ne semblait pouvoir sortir de sa gorge.

En revanche, elle accepta avec soulagement la proposition de son Père pour s'installer. Elle dut se faire violence pour ne pas s'y laisser choir sans aucune grâce, mais c'était tout juste tant ses jambes tremblaient, tant elle était au bord de l'évanouissement.
Du thé?
Elle se tourna vers son Père, de sorte que les invités ne puissent voir son visage, et lui dit:

"Du thé? Volontiers Père."

Disant cela, elle lui lança un regard qu'elle voulut désespéré. Pour qu'il comprenne qu'elle ne voulait pas. S'il aimait, il comprenait, forcément! Il ne pouvait tout de même pas ignorer à qui il comptait marier sa fille, ignorer quel homme odieux était Arsène Krohp dont la réputation l'avait précédé dans la capitale.

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