[justify:mc0qn9wy]La lueur de la lune inondait deux guerriers, en train de combattre. Un spectateur non averti n’aurait pu suivre les mouvements qui filaient comme le vent entre les diverses attaques et parades. Les deux hommes ne pouvaient être aperçus que par la clarté argentée des rayons lunaires qui semblaient les entourer d’un halo luminescent, vite absorbé par la noirceur de leur tenue. L’un d’eux était encapuchonné et l’autre faisait virevolter son corps à grande vitesse mais il semblait que l’homme dont le visage restait caché n’avait aucune difficulté à se défendre, son corps semblant immatériel mais pourtant bien présent.
Le kal’enedral fixait son maître leshya’e d’un regard farouche mais sans haine alors qu’il se concentrait sur une série d’attaques prévues à l’avance servant à déstabiliser son adversaire. C’était là peine perdue contre un homme ayant « vécu » plusieurs centaines d’années. Ce n’était pas une raison pour ne pas tout tenter.
Tel un éclair brillant d’un éclat métallique, une aiguille épaisse et mortelle fila à travers l’air vers l’esprit qui la dévia, plus par pur réflexe qu’autre chose lorsque un bruit retentit dans le dos d’Ann’dra. Il regarda son Maître un court instant, son regard laissant comprendre son trouble et tourna la tête vers le lieu d’où venait les sonorités dérangeantes. Ses yeux se posèrent sur une porte vitrée qui semblait-il donnait sur une cuisine dont il distinguait divers ustensiles. La lumière allumée dans la pièce faisait clairement savoir la présence de quelqu’un qui y avait pénétré, probablement pour y manger, mais peut-être pas après tout… Un kal’enedral se devait de toujours être en alerte et ces bruits incongrus, il les considérait comme suspects.
Pris d’un doute, il se retourna vers son adversaire qui, comme il s’en doutait avait tout simplement disparu sans mot dire. Ses Maîtres étaient tellement secrets. Celui avec qui il s’était entraîné ce soir là, depuis plusieurs heures était venu à lui à peine était-il sorti du bâtiment. Ils n’apparaissaient jamais qu’en extérieur. Le prenant par surprise et se jouant facilement du kal’enedral, le leshya’e avait sévèrement sermonné celui-ci avant de se détendre pour le conseiller sur ses actes, qu’ils soient pour s’entraîner ou tout simplement pour vivre. Lorsqu’Ann’dra lui avait demandé s’il devait rester à Haven pour parvenir à accomplir sa vengeance, son vis-à-vis était resté –comme de bien entendu- très sibyllin et c’est plus ou moins déçu qu’il avait entamé des exercices de plus en plus complexes suivi d’un combat acharné ou sa propre incapacité lui fit l’effet d’une gifle. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour s’améliorer plus encore.
Il savait déjà défaire la plupart des combattants, sa vitesse, sa souplesse, son agilité, étaient presque sans égales mais c’était manifestement loin d’être suffisant s’il voulait réussir à tuer le mage qu’il recherchait. Avec un immense soupir et en secouant la tête d’exaspération, il se dirigea vers les cuisines d’un pas lent et assuré, son épée à double tranchant à la main. La sueur coulait sur son front et lui piquait les yeux, il l’essuya d’un revers de la main, prit un instant pour laisser son corps refroidir et s’approcha de la porte fenêtre. De là, il pouvait voir une jeune femme en train de manger comme cela était des plus évident et le temps d’une seconde, il ne reconnut pas Matisa qui n’’était pas habillée comme à l’accoutumée. Leur rencontre n’était pas prévue de toutes les manières. Il allait ouvrir la porte pour aller lui parler lorsqu’il aperçut plus loin, de l’autre côté de la pièce, un homme entrant par la porte donnant sur les couloirs. Le kal’enedral ne le connaissait pas et bien que ce visiteur ne semblait pas le moins du monde belliqueux, il préférait s’assurer que la jeune femme ne courait aucun danger.
Poussant doucement la porte, l’arme toujours à son côté mais pointée vers le bas, il entra dans la salle et dit simplement :
« Bien le bonsoir Matisa et bon appétit. Et bonsoir à vous aussi. Je ne vous connais pas, permettez moi de me présenter, je me nomme Ann’dra, je suis un kal’enedral, et vous êtes… ? »
* Ô ma Déesse, faites qu’il sache ce que signifie mon statut !*
Il en avait plus qu’assez de sans cesse devoir répéter encore et toujours les informations liées à lui et à son clan. Il n’avait toujours pas pu en parler à qui de droit pour faire en sorte que les gens sachent ce qu’était un kal’enedral au même titre qu’ils savaient ce qu’était un héraut. Après tout, les kal’enedral n’était pas une source de danger ! Du moins, pas pour ceux qui ne le méritaient pas… .[/justify:mc0qn9wy]