Auteur Sujet: Se perdre dans les pensées  (Lu 4614 fois)

Dyalwen de Bordebure

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Se perdre dans les pensées
« le: 22 mars 2020, 18:50:36 »
5ème jour de la deuxième décade d'été 1485

On aurait pu croire que Dyalwen se ferait vite à Haven. Après tout, son frère et son grand-père étaient déjà là, n’est-ce pas ? Et puis, elle avait été élevée pour ça, non ? Pour se présenter un jour à la capitale, finir ses apprentissages et… faire ce qu’on attendait d’elle. Et il fallait reconnaître que la plupart des cours au Collegium étaient plus un complément à ce qu’elle avait déjà appris que de pures nouveautés. Même si Mère n’avait pas forcément tout géré comme il l’aurait fallu, Dyalwen avait eu des leçons de maintien, d’étiquette, d’histoire et tutti quanti. Elle savait à peu près comment gérer une maisonnée et, contrairement à certains de ses camarades Bleus, elle ne s’offusquait pas de devoir participer aux corvées du Collegium. Pour pouvoir diriger ta maison, tu dois savoir exactement ce que doivent faire ce que tu emploies, avait dit Mère un jour. À l’époque, elle avait donc un peu partagé les différentes tâches des domestiques… et, objectivement, ce n’était pas plus salissant de passer un coup de balai que de brosser sa jument – même si c’était moins agréable, certes.

Les leçons pour lui apprendre à maîtriser son Don était déjà un peu plus particulières. Pour le coup, ce que lui avait enseigné sa mère n’était clairement pas suffisant et elle devait donc mettre les bouchées doubles. Ce n’était pas facile. Se barricader, ce n’était pas facile. Pense à un mur, lui avait dit Mère ; construis-le avec ton esprit, avait dit son professeur. Ça, c’était facile. Le truc, c’est que c’était beaucoup plus difficile de garder le mur debout en pensant à autre chose. Et il était difficile de ne pas penser à autre chose au milieu du Collegium et de ses camarades qu’elle avait pour certains beaucoup de mal à supporter. Alors, pour éviter d’émettre ses pensées à tout va, la rouquine s’était-elle repliée vers les jardins. Elle se serait bien dirigée vers les écuries mais elle avait déjà entendu quelques remarques sur le temps qu’elle y passait et elle ne voulait pas risquer que ça remonte aux oreilles de Grand-père. Non, les jardins, c’était bien.

Elle déambulait donc dans les allées, entre les parterres de fleurs et les arbres, en essayant de construire son mur mental. Qui était constitué, évidemment, des mêmes pierres que les bâtiments de Bordebure. Ce qui l’amena irrémédiablement à penser au domaine. Surtout qu’un des rosiers avaient des fleurs de l’exacte nuance que Mère aimait. Et que les petites pensées violettes lui rappelaient celles qui poussaient dans les pâturages. Comment ça se passait là-bas ? Est-ce que Mère réussissait à tout gérer toute seule ? Les domestiques savaient ce qu’ils faisaient bien sûr, mais Derlyth ne pouvait pas l’aider. Ni veiller sur l’élevage. Lorsqu’elle était partie, la plupart des juments pleines avaient déjà mis bas mais il en restait deux ou trois à pouliner. Est-ce que les poulains étaient nés ? Est-ce que ça s’était bien passé ? Et les deux poulains à débourrer ? Etaient-ils bien avancés ? N’avaient-ils pas eu peur ?

Plantée devant un rosier, Dyalwen effleurait machinalement les pétales des fleurs, tandis que ses pensées dérivaient vers toutes les tâches qui devaient occuper les gens du domaine et sur lesquelles elle ne pouvait pas veiller…
« Modifié: 22 mars 2020, 21:08:41 par Dyalwen de Bordebure »

Isabeau d'Armentières

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #1 le: 22 mars 2020, 19:38:09 »
Isabeau se promenait dans le jardin avec Rinnerl. Elles jouaient au frisbee. C'était rigolo le frisbee. Rinnerl, du haut de sa morgue d'adolescente, ne pouvait résister à un frisbee.

Elle était détendue et à l'écoute de son kyree aussi ne s'étonna-t-elle pas de commencer a se demander comment ça se passait là-bas ? Est-ce que Mère réussissait à tout gérer toute seule ? Les domestiques savaient ce qu’ils faisaient bien sûr, mais Derlyth ne pouvait pas l’aider. Ni veiller sur l’élevage. Lorsqu’elle était partie, la plupart des juments pleines avaient déjà mis bas mais il en restait deux ou trois à pouliner. Est-ce que les poulains étaient nés ? Est-ce que ça s’était bien passé ? Et les deux poulains à débourrer ? Etaient-ils bien avancés ? N’avaient-ils pas eu peur ?

C'est qui Derlyth? demanda Rinnerl

"Hein?"

L'air interrogateur de Rinnerl permis à Isabeau de comprendre qu'elle avait capté les pensées d'autrui. Elle ne connaissait pas de Derlyth. Hum, ça sentait le gris mal entrainé, ça. Elle chercha autour d'elle, mais pas de gris, juste une bleue. Tiens?

"Excuse-moi? C'est toi qui connais Derlyth?"
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #2 le: 22 mars 2020, 21:00:27 »
Toute à ses pensées, Dyalwen ne prêtait plus attention à ce qui l’entourait. Même le rosier devant elle n’avait plus d’intérêt. Elle ne pouvait s’empêcher de se poser des questions sur ce qui se passait à la maison, sur l’état de sa famille, des chevaux, du domaine… Peut-être que Grand-père avait des nouvelles mais qu’il ne les lui avait pas transmises. Et elle était sûre que Dubhán n’en avait pas reçu sinon il le lui aurait dit. Quoiqu’ils ne se voyaient pas tant que ça et…

« Quoi ? »

La voix qui retentit derrière elle la tira subitement de ses réflexions et elle pivota sur elle-même pour faire face à… une Héraut ! La tenue blanche de la femme ne laissa pas de place au doute quant à son rang. Et si elle se sentait, à force, un peu plus à l’aise avec le Héraut Jalena qui lui enseignait à maîtriser son Don – oubliant son rang derrière sa gentillesse – ce n’était pas vraiment le cas avec ceux qu’elle ne connaissait pas.

« Je… oui, c’est ma sœur, pourquoi ? »

Qu’une Héraut à Haven énonce le nom de sa petite sœur qui n’avait jamais quitté Bordebure, c’était quand même étrange. Et la formulation de la question était étrange aussi… Si elle connaissait Derlyth, elle ne l’aurait pas posée comme ça, non ? Sauf si…

« Oh ! J’ai encore émis mes pensées partout, hein ? Je suis désolée… »

Super. Vraiment, super. Polluer un Héraut, de mieux en mieux. Elle aurait mieux fait de retourner aux écuries, tiens, tant pis pour ce que Grand-père aurait dit. Et, fébrilement, la rouquine tenta de reconstruire le mur de Bordebure dans son esprit.

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #3 le: 22 mars 2020, 21:22:36 »
Isa verrouilla ses barrières contre le babillage mental de la jeune femme, moitié parce que ça la parasitait, moitié par respect pour l'intimité de la jeune fille.

"Bonjour à votre soeur alors..."

Elle n'eut pas besoin d'expliciter le problème à la jeune bleue. Celle-ci réalisa bien vite son erreur et remonta tant que mal ses boucliers. Isabeau le sentit à la diminution de pression sur ses boucliers.

"Bon, c'est déjà mieux..."

Elle l'examina en parole par l'esprit. La pauvre fille était nettement dé-ancrée et  donc forcement décentrée.

"... Mais c'est pas encore ça. Vous êtes là depuis longtemps? Vous avez signalé votre don? Vous avez cours avec le héraut Jalena?"
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #4 le: 22 mars 2020, 22:41:32 »
La remarque de la Héraut fit grimper la température des joues de Dyalwen de un ou deux degrés. Bonjour à sa sœur, hein. La jeune femme ne semblait pas réprobatrice mais cette seule remarque, ajoutée la réalisation qu’elle avait encore laissé ses pensées s’échapper partout, suffit à lui faire perdre contenance. Ce qui n’aidait pas vraiment à reconstruire ses boucliers. Oui, jusque-là, elle n’avait pas trouvé trop dur de visualiser son mur, mais c’était toujours dans un contexte calme. Ou en cours avec la Héraut Jalena. En tout cas, pas face à une Héraut inconnue, témoin de sa non-maîtrise de son Don, qui plus est.

Le commentaire de la Blanche aurait dû la rassurer un peu – c’était presqu’un compliment – mais les questions qui suivirent ne l’aidèrent pas. Conserver son bouclier en y répondant, ça ajoutait une difficulté.

« Je suis arrivée la décade dernière, déclara-t-elle d’un ton d’excuse. Et oui, j’ai cours avec le Héraut Jalena. Mais je ne suis pas très douée, apparemment. »

Elle retint un nouveau mot d’excuse. Elle s’était déjà excusée. Et si elle avait bien conscience du rang de la Héraut inconnue, elle n’allait pas s’aplatir complètement non plus. Ce n’était pas l’envie de disparaître qui lui manquait, mais elle était une Bordebure, et elle ne pouvait pas faire honte à son nom. Enfin pas plus qu’elle ne l’avait déjà fait, quoi.
« Modifié: 23 mars 2020, 00:39:38 par Dyalwen de Bordebure »

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #5 le: 22 mars 2020, 22:57:49 »
Et les boucliers retombèrent. Isa remonta les siens et pris la mains de la jeune fille dans les siennes.

"Mais ce n’est pas grave, Demoiselle. Vous êtes là depuis une décade à peine, personne n'attend de vous des compétences parfaites en une décade. Jalena n'a sans doute juste pas eu le temps de vous apprendre à monter un bouclier complet. Ce n'est pas facile, vous savez. En une décade, ce n'est pas étonnant qu'elle n'ait pas eu le temps de s'occuper de vous."

La héraut dirigea gentiment la bleue vers un banc.

"Asseyez-vous, je vais vous montrer l'essentiel."

Elle lui adressa un grand sourire:

"Moi, c'est Isabeau, et je vous présente Rinnerl!"

La Kyree agitait la queue, toute contente de rencontrer quelqu'un.

Bonjour!
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #6 le: 23 mars 2020, 01:14:14 »
Et, comme pour illustrer ses propos, son mur s’écroula à nouveau. Sauf que cette fois, Dyalwen en eut conscience. Maintenir ses boucliers en parlant, elle ne savait visiblement pas faire. Mais les reconstruire en sachant qu’elle était face à une Héraut, qui venait de capter ses pensées puis de la voir échouer lamentablement, c’était pas gagné non plus. Elle essaya toutefois encore, avec la certitude qu’elle n’y arriverait pourtant pas, persuadée que la jeune femme allait lui passer un savon ou… ou lui prendre les mains ?

« … »

Surprise, par les paroles rassurantes et la gentillesse de la Héraut, Dyalwen se laissa conduire jusqu’au banc où elle s’assit.

« Dyalwen, ench… »

Une voix dans sa tête l’interrompit. Une voix qui n’était pas du tout celle d’Isabeau. Les yeux écarquillés, Dyalwen se tourna vers Rinnerl qui avait l’air content. Ou qui aurait eu l’air content s’il s’était agi d’un gros chien comme elle l’avait cru premier abord. Sauf que les gros chiens ne lui parlaient pas par l’esprit.

« Oh ! C’est un Kyree ! » réalisa-t-elle.

Elle savait ce qu’était un Kyree, évidemment. Mais elle n’en avait jamais vu encore.

Bonjour ?

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #7 le: 23 mars 2020, 21:08:37 »
"Bonjour Dyalwen. Oui, c'est un Kyree, mais vous criez mentalement, là. Rinnerl, tu t'assoies, et tu nous laisse travailler. Dyalwen a du boulot."

Pendant que la Kyree s'executait, Isa se tourna de nouveau vers la bleue:

"Il est temps que je vous donne quelques bases. Vous êtes prête?"


Prete ou pas, Isabeau enchaina:

"Fermez les yeux. Vous devez d’abord apprendre à distinguer ce qui vient de vous de ce qui vient de l’extérieur. C’est ce que mon professeur appelait « la forme intérieure de votre tête ». Il faut trouver l’endroit où vous vous sentez le plus stable, puis travailler à partir de là. Sentez tout ce qui se passe en vous."


Isabeau parlait doucement, d'une voix calme, espérant que ça aiderait son élève improvisée a obéir a ses ordres.
« Modifié: 23 mars 2020, 21:27:51 par Isabeau d'Armentières »
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #8 le: 24 mars 2020, 01:24:20 »
Elle criait mentalement. Oooh. Dyalwen sentit ses joues prendre quelques degrés supplémentaires, morte de honte, tandis que la Héraut rappelait à l’ordre la Kyree. Sans un mot de plus – elle en avait déjà assez fait comme ça, non ? –, la rouquine hocha simplement la tête à la question d’Isabeau. Si être prête signifiait être détendue comme elle devait l’être en cours avec la Héraut Jalena, alors elle ne l’était définitivement pas. Mais elle ne pouvait pas répondre ça à la jeune femme, n’est-ce pas ?

Celle-ci n’attendait pas vraiment de réponse, de toute façon, puisqu’elle commençait déjà à lui donner des ordres conseils. Obéissante, Dyalwen ferma les yeux et tâcha de faire ce que sa professeure improvisée lui demandait. Mais elle n’était pas certaine de comprendre. Distinguer ce qui venait d’elle et ce qui venait de l’extérieur ? Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Ses émotions, ses sensations, venaient forcément d’elle, non ? Quant à trouver l’endroit où elle était le plus stable… Elle ne comprenait pas du tout la formulation…

Refusant de céder à la panique, la rouquine prit une profonde inspiration en tâchant de se concentrer sur la voix calme d’Isabeau plutôt que sur les suppositions et les questions qu’avaient fait naître ses mots. Sentez tout ce qui se passe en vous, avait-elle dit en dernier. Elle sentait son cœur qui battait plus vite que d’ordinaire depuis qu’elle avait réalisé qu’elle n’était pas seule dans les jardins et qu’elle avait parasité les pensées de la Héraut. Elle sentait l’embarras qui lui avait très probablement rougi les joues et qui l’empêchait de réfléchir clairement… ou de poser des questions. Et ça, c’était absurde, non ? Si la Héraut avait décidé de lui donner des conseils, elle devait s’attendre à des questions, non ?

« Ce que je sens… Vous voulez dire mes émotions ? »

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #9 le: 24 mars 2020, 21:33:41 »
Ok, c'était pas facile d'enseigner. Comment reformuler ça...

"Vos émotions font partie de vous, de votre esprit. Visualisez votre esprit. C'est une grande caverne. Elle abrite vos émotions, par là, vos souvenirs, ailleurs, et par devant, une grande fenêtre qui vous permet de voir le monde. C'est la forme de cette caverne, que vous devez sentir. Les limites de votre propre esprit."

La métaphore était pas mal, Isabeau décida de la filer.

"Et bien quelque part dans cette caverne, il y a un endroit, on vous êtes plus stable, plus à l'aise. Un endroit où vous vous sentez bien. Cela peut être près de votre imagination, de votre joie, de votre souvenir préféré... Je ne sais pas, c'est différent pour chaque esprit, vous devez cherche par vous-même."

[Si ton personnage a compris, fait un jet de D10, si tu fais 9 ou 10, tu trouves du premier coup.]
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #10 le: 25 mars 2020, 00:49:00 »
Bon. Ce n’était donc pas des émotions dont parlait la Héraut. Ou, du moins, pas uniquement.

Les yeux toujours fermés, Dyalwen écoutait avec attention les paroles de son interlocutrice. Elle nota machinalement que sa professeure improvisée ne s’agaçait pas du tout de ses questions et de son incompréhension, mais délaissa bien vite la pensée importune pour se concentrer sur les explications d’Isabeau. Visualiser son esprit. En entier. Comme une grande caverne. Les mots et les images étaient simples mais c’était un exercice qu’elle n’avait jamais fait. Elle ne s’était jamais demandé d’où venaient ses émotions, ses sensations ou ses souvenirs jusque-là. Et il fallait encore qu’elle trouve un endroit stable, là-dedans ?

« D’accord, je vois, » répondit simplement la rouquine, sans oser émettre ses doutes quant à sa réussite.

Au moins, c’était vrai, elle avait l’impression de mieux comprendre ce que la Héraut lui demandait. En silence, tâchant d’oublier la présence de la jeune femme assise à ses côtés – plus facile à dire qu’à faire – Dyalwen s’efforça d’explorer son propre esprit. Et, à sa grande surprise, maintenant qu’elle s’y essayait, ça ne se semblait pas si difficile que ça. Il y avait ses émotions, évidemment, et ses souvenirs, et son imagination et… Tout était plus ou moins connecté, bien sûr, mais aussi suffisamment distinct pour qu’elle les repère. Et là, là, dans ce coin, elle était bien. [1D10 : 10]. Dans ce coin-là, près des souvenirs mille fois répétés de ses escapades avec Veladora, où l’odeur de la jument, la douceur de son pelage sous ses mains, la sensation de sa puissance et de sa vitesse se mêlaient et formaient comme une cage de bien-être, elle était bien.

« J’y suis, » murmura Dyalwen, savourant la découverte.

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #11 le: 25 mars 2020, 18:48:57 »
Pendant que Dyalwen cherchait son centre, Isabeau se concentra sur la lourde tâche de câliner sa petite soeur d'âme. elle lui lança aussi deux ou trois fois le frisbee sans que le bruit ne semble déranger Dyalwen.

Enfin, la jeune femme déclara avoir trouvé son centre. N'ayant pas le don de vision, Isabeau ne put que la croire sur parole et elle passa à la suite de la leçon:

"Bien... Vous venez de trouver votre centre. Restez-y, n'en bougez pas. Mais de là, tendez une pensée vers l'extérieur et refaites le même travail. Vous devez trouver un endroit identique, un endroit stable où vous vous sentez bien. Connectez-vous à cette zone. Trouver l’endroit stable à l'intérieur s’appelle « centrer » et se connecter à l'extérieur, « s’ancrer ». C'est indispensable pour avoir de bons boucliers."

C'était Mina qui avait eu des problèmes de boucliers, et qui s'était faite rosser mentalement par Wylan pour y remédier. Dyalwen n'était qu'une bleue, mais ne pas avoir de boucliers solides, c'était toujours un risque. Pour son bien, elle se devait d'apprendre à centrer et ancrer. Ensuite seulement, elle pourrait avoir un bon bouclier.

[Tu retires un dé. Si tu fait 9 ou 10, tu y arrives. Si tu fait 1, tu viens me voir, il t'arrive des bricoles ^^]
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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #12 le: 27 mars 2020, 21:05:17 »
Les paupières closes, Dyalwen savourait la sensation de stabilité qu’elle avait trouvée, dans « son centre » donc, comme disait la Héraut. Silencieuse, aussi bien oralement que mentalement, la rouquine écoutait avec attention les paroles de sa professeure improvisée. Rester où elle était. D’accord, ça, ça semblait facile. Tendre une pensée vers l’extérieur, sans bouger, ça paraissait déjà plus compliqué. Jusque-là, lorsqu’elle émettait, c’était soit inconscient – comme lorsqu’elle avait parasité Isabeau, quelques instants plus tôt – soit instinctif – comme quand elle avait rencontré Liane à son arrivée à Haven. Envoyer volontairement une pensée vers l’extérieur en ayant conscience de ce qu’elle faisait et de l’intérieur de son esprit, c’était drôlement moins facile.

Lentement, en restant concentrée, la jeune fille se tendit vers l’extérieur.

Comme ça ?

Mais trouver un nouvel endroit stable, en dehors de sa tête, de son esprit, ce n’était pas simple non plus. Machinalement, Dyalen se mordilla la lèvre tandis qu’elle explorait les alentours. Mais rien ne lui apparaissait aussi confortable ou rassurant que là où elle se trouvait. Ses doigts se crispèrent sur sa jupe d’uniforme bleue, tandis que ses recherches s’éternisaient. Elle ne voulait pas s’avouer vaincue. Pas alors qu’Isabeau prenait du temps pour l’aider. Mais elle avait beau chercher, encore et encore, elle ne trouvait pas [1D10 : 6]. Et la sensation de bien-être procurée par la découverte de son centre s’étiolait sous la conscience du temps qui passait. Elle ne pouvait pas faire perdre son temps à la Héraut, celui-ci était bien trop précieux.

« Je ne trouve pas, » finit-elle par murmurer, dépitée, en ouvrant les yeux.
« Modifié: 27 mars 2020, 22:06:06 par Dyalwen de Bordebure »

Fabuliste

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #13 le: 27 mars 2020, 21:10:17 »
Tisia observait les deux jeunes femmes depuis un bosquet un peu plus loin. Elle se sentait un peu nerveuse. Aujourd'hui, c'était Le grand jour, Son grand jour. Et ce serait aussi celui de sa future Élue.  Aujourd'hui, après une dizaine d'années de solitude dans le champ, après que sa mère soit retournée sur les routes avec sa héraut, il était temps pour Tisia de revendiquer la jeune femme qu'elle complèterait et qu'elle porterait sur le chemin du service de Valdemar.

Elle l'avait senti tout de suite, quand elle était arrivée à Haven que cette demoiselle était la bonne. Mais elle avait eu un trac fou et avait mis quelques jours à se calmer, puis à observer son élue pour être bien sûre de son choix.

Quand Dyalwen avoua qu'elle ne trouvait pas, elle sut qu'il était temps de faire son entrée.

Elle regagna le petit chemin pavé, attirant l'attention des deux filles par le tintement de ses sabots d'argent.

Elle regarda nerveusement Isabeau, insatisfaite d'avoir un public puis plongea les yeux dans ceux de son élue.

Bonjour, Dyalwen de Bordebure. Je suis Tisia et je te revendique comme mon élue. Ton don actuel est la parole par l'esprit et tu as autre chose en cours de développement, mais ce n'est pas encore clairement établi.

Dyalwen de Bordebure

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Re : Se perdre dans les pensées
« Réponse #14 le: 27 mars 2020, 21:59:08 »
Dyalwen s’attendait à beaucoup de choses. À ce qu’Isabeau s’agace de son incompétence, à ce qu’elle abandonne ses explications pour retourner à ses devoirs, à ce qu’elle reformule ses conseils, peut-être, aussi, pourquoi pas… mais elle ne s’attendait certainement pas à entendre un son à la fois familier et étranger. Le bruit produit par les sabots ferrés d’un équidé sur un chemin pavé, elle connaissait. Mais, d’une, il n’y avait aucune raison qu’un cheval se trouve dans les jardins du Palais et, de deux, le tintement n’avait pas la sonorité exacte de sabots ferrés…

Parce qu’il s’agissait de sabots d’argent.

Incrédule, la rouquine regarda approcher le Compagnon. Si elle en avait forcément aperçu depuis son arrivée à la capitale, elle n’en avait encore jamais vu d’aussi près et ses yeux ne manquèrent pas de noter tous les petits détails qui le différenciaient d’un simple cheval. Ils n’étaient juste pas comparables. Et elle ne regrettait pas une seconde l’apparition, même si son arrivée signifiait la fin de son cours avec Isabeau qui allait sans aucun répondre à l’appel de son Compagnon…

… qui plongeait son regard bleu dans le sien ?!

La vague d’amour qui la submergea ne lui laissa même pas le temps d’intégrer pleinement les paroles qui résonnaient dans son esprit. Soudain, la crainte de décevoir sa famille ou de faire honte à son nom n’existait plus, pas plus que la gêne de ne pas savoir barricader ses pensées ou d’avoir pollué celles d’un Héraut. Quoiqu’elle ait raté jusque-là, Tisia – Tisia ! – l’acceptait !

Et, sans avoir eu conscience de s’être levée, Dyalwen se retrouva debout, les bras noués autour de l’encolure du Compagnon, le visage dans sa crinière. Comme elle l’avait fait si souvent avec Veladora et, pourtant, comme si c’était la première fois.