Valdemar RPG

Palais - Collegia => Palais => Ailes des Hérauts => Discussion démarrée par: Héraut Wylan le 21 mai 2014, 20:55:29

Titre: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 21 mai 2014, 20:55:29
Début de la 2ème décade de printemps 1481, juste après le Conseil de Guerre

Une fois hors de la salle du conseil, Wylan se précipita sur son cousin. Ils avaient des choses à se dire. Beaucoup de choses à se dire.

« Tu as un peu de temps? Allez, viens!»

Il traîna littéralement son cousin à travers les couloirs, jusqu’à sa chambre. Il ouvrit la porte et invita Beltran à entrer. Il lui proposa la chaise alors que lui-même s’asseyait sur le lit.

«Alors... tu as aimé mon petit cadeau? Qu’en as-tu pensé? Kyle me harcèle pour avoir ton opinion.»

Si la maison-mère avait déjà eu le droit à une livraison du vin de glace de sa branche fille, Beltran, coincé à la frontière, n’avait pas encore eu l’occasion d’y goûter. Or, en tant qu’héritier, il avait une grande importance aux yeux de tous, et surtout de Kyle.

Alors qu’il écoutait son cousin, Wylan farfouillait sous le lit à la recherche d’une bouteille quelconque. Il finit par saisir un goulot et sortit une pomme qui datait de l’année passée. Il ramassa les deux verres qui étaient posés à même le sol au pied de son lit. Il souffla dedans et les remplit de liquide transparent.

«Tiens... c’est le moment de la boire celle-là.»

Il le brièvement son verre avant de le vider.

«Bon...» Il eut un sourire en coin. « Tu nous a traumatisé notre très cher Maréchal...»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 23 mai 2014, 14:48:55
En sortant de la salle de Conseil, Beltran était (légèrement) sur les nerfs. Toute son éducation de noble lui permettait de garder un air impassible tant qu'il était à l'intérieur, mais il s'autorisa un soupir d'énervement une fois la porte refermée. Il serra et desserra plusieurs fois les poingts, se tourna vers Kalaïd et se retrouva face à Wylan qui semblait avoir décidé que sa journée n'était pas fini.

"Heu..." fut la réponse intelligente du Capitaine avant que son cousin ne l'entraîne. "Quartier libre!" autorisa-t-il Kalaïd à partir avant de tourner au coin d'un couloir.

N'ayant guère son mot à dire sur le déroulement des opérations pour une fois, Beltran fit une fleur à Wylan et ne râla pas même quand il se retrouva devant la chambre du Héraut. Cela faisait longtemps que les deux cousins n'avaient pas eu l'occasion de parler en tant qu'amis et non en tant que collègues comme une heure auparavant. Beltran avait bien eu d'autres projets pour son après-midi (par exemple vérifier que son lit avait bien été déserté?) mais la famille passait avant tant qu'il n'y avait pas de catastrophe planétaire nécessitant le génie militaire ( :cool: ) du Capitaine. Beltran s'assit sur la chaise et eut un grand sourire, quelque peu évaporé:

"Très bonne bouteille. Très très bonne. Il n'en reste absolument rien."

Il omit délibérément le fait qu'il ne l'avait pas bue seule. Au seul souvenir du petit mot accompagnant la bouteille, il se sentit un peu coupable et espéra que Wylan n'y verrait que du feu et oublierait ce petit apparté. Beltran accepta le verre d'alcool que Wylan lui proposait et le leva à la santé de son hôte avant de l'avaler avec délice. Un peu trop d'alcool dans sa vie ces temps-ci. Mais il était reposé et plus en forme que le lendemain, il pouvait donc se le permettre... Sauf qu'il s'étouffa presque au commentaire de Wylan.

"Oh non... Tu sais ça aussi? Qui t'en a parlé?"

Beltran se sentait comme un petit garçon pris en flagran délit de vol de confiture dans les cuisines de sa grand-mère.
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 23 mai 2014, 16:41:17
Wylan était ravi pour son frère. Beltran avait apprécié l’alcool, les Greenhaven avaient apprécié l’alcool, même Brolin avait dû admettre qu’il était bon. Tout allait pour le mieux chez les Greenfield.

Il éclata de rire devant l’air penaud de son cousin.

«Évidemment que je sais ça... Qu’est-ce que tu crois? Je l’ai croisé. Il était à la fois choqué et écroulé de rire. Je n’ai pas pu m’empêcher d’essayer d’en apprendre plus. Tu sais, il n’y a aucune honte à inviter une femme à diner. Ni même à lui tripoter les seins entre la poire et le fromage...»

Wylan était même très content pour Beltran. Cela faisait trop longtemps qu’il était seul, et son honneur à la noix l’empêchait d’aller voir une femme ‘‘juste pour ça’’. C’était pire depuis qu’il était amoureux de la gamine. Elle était jolie, certes, mais elle ne méritait sans doute pas qu’il s’inflige de telles souffrances.

«En tout cas, je suis heureux de voir que ma bouteille a servi tes intérêts. Pour deux, ça a dû être un peu juste... mais avec deux bouteilles, j’aurais donné l’impression de vouloir te bourrer. Alors... comment ça s’est passé avec ta petite Grise? Tu as conclu? Ou tu étais un peu tout ramolli après cette longue marche?»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 23 mai 2014, 18:33:46
Beltran ne s'était pas attendu à une attaque en traître comme le fit son cousin. Certes Wylan ne lui était pas inconnu et il aurait dû se douter qu'une invitation forcée n'était pas tout à fait innocente, mais il aurait pensé avoir un peu plus de temps entre la soirée et un quelconque interrogatoire pour pouvoir mettre ses pensées en ordre.

Le Capitaine maudit le Maréchal de toute son âme. Il l'avait renvoyé comme un simple officier alors que leurs rangs se valaient mais il avait - naïvement - estimé que comme un simple officier, jamais le Maréchal ne se serait permis de jouer les commères. Avec Wylan en plus. De tous ceux qui n'avaient pas à être au courant, Wylan était le premier de la liste. Justement à cause de ce qu'il pouvait en dire. Et pourtant le sage, prude, coincé Capitaine fut ... soulagé. Que son cousin sache, qu'il n'ait pas à se cacher comme il se cachait la face depuis des mois. Mais bien sûr, il n'osa même pas s'avouer cela à lui-même alors il se contenta de pâlir distinctement. Par réflexe il précisa d'un ton outré:

"Je ne la tripotais pas. La carafe d'eau... enfin je l'ai renversée, elle était trempée - Mina, pas la carafe - et j'ai voulu... Il est entré... On a un peu paniqué."

On voyait bien à ce petit discours que le futur Seigneur de Greehaven avait pris des cours d'élocution et de diplomatie pendant des années. Il changea de couleur, passant du blanc Compagnon au rose nouveau-né. Il n'était pas sûr de vouloir parler de tout ça avec Wylan. Ils partageaient le même sang mais Wylan ouvrait sa couche à tout ce qui avait un joli minois (voire un moins joli d'ailleurs) alors que Beltran subissait assumait son célibat depuis... Riannon. Et Liane par la même occasion. Au moins. Parce que Môssieur Beltran n'allait pas faire subir ses assauts à une jeune femme, fut-elle payée pour cela. (Ou selon certains soldats, parce que Môssieur Beltran n'était pas tout à fait humain, d'ailleurs il devait sûrement être aussi complètement asexué que l'épée qui ne le quittait jamais, si si, genre Promis à l'Epee shin'a'hin).

"Elle a dormi chez moi."

Beltran laissa échapper l'information avant de se rendre compte de ce que cela impliquait pour leur conversation. Il hésita entre sa virilité de mâle attaquée par l'implication d'une Mina dans son lit pour dormir et son sens de l'honneur concernant la jeune femme. Il continua donc:

"Mais on a dormi. Elle avait trop bu. Elle ne pouvait pas rentrer alors elle a dormi là. Habillée. J'ai dormi aussi, j'avais aussi trop bu."

Là, Beltran savait une chose: jamais Wylan ne cesserait de se moquer de lui. A vie. Une autre chose était sûre: jamais il n'aurait dû se faire piéger aussi rapidement dans les appartements de son cousin pour raconter ce genre de choses. La retraite semblait une idée appropriée mais Beltran ne voyait pas trop comment il pouvait s'enfuir sans manquer à la politesse.
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 23 mai 2014, 20:38:21
Pour Wylan, il y avait anguille sous roche.

«Si vous ne faisiez rien de mal, pourquoi avoir paniqué?»

Ce qui était bien avec les gens coincés, c’est que très souvent, ils se sabordaient eux-même à force de justifications plus ou moins habiles. Et c’était précisément le cas de Beltran à cet instant.

Comment Beltran avait-il fait pour avoir une fille un peu éméchée rien que pour elle et d’être parvenu à ne rien faire?

« Normalement, c’est un peu le but de trop boire, ça facilite le rapprochement... ah non, j’oubliais. Ton inénarrable sens de l’honnêteté. Attends... c’est celle qui vient des Holds? Par les Dieux, Beltran, pourquoi tu choisis toujours des femmes compliquées? Déjà Riannon... et maintenant elle... Je sais pas, tu veux pas te trouver une femme qui n’ait aucune névrose et qui soit disponible pour toi? Je me trouvais pas doué en relations amoureuses, mais tu es bien pire. Moi, au moins, je m’arrange pour ne jamais tomber amoureux! Pfffff.»

Wylan se resservit un verre.

« Bon, vas-y... raconte. Comment tu gères cette situation de merde? J’admire ta retenue, j’avoue. Et surtout, comment tu vis ça, cousin?»

Oui, Wylan était légèrement inquiet de l’état de Beltran. Il était après tout sa seule famille dans le coin, et il l’appréciait plutôt, malgré sa légendaire raideur.
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 24 mai 2014, 16:24:05
Gêné, Beltran réfréna l'envie de se tordre les mains et répondit comme si tout était logique:

"Parce qu'on se rendait bien compte que la position était... louche. Surtout qu'elle dînait seule chez moi."

Voyons. Pas parce qu'il rêvait de glisser dans son décolleté une main baladeuse, ou d'aller plonger son visage dans le creux de ses seins pour sentir son odeur. Non non. Evidemment. Pas Beltran.
Wylan ne semblait pas totalement dupe et la suite des explications ne le satisfit visiblement pas totalement vu sa réponse. Les critiques se mirent à pleuvoir sur le pauvre Capitaine engoncé dans son sens de l'honneur trop développé. Beltran haussa les épaules:

"J'ai pas choisi. Si je devais décider, je ne tomberais pas amoureux et surtout pas d'elle. Mais... Elle est spéciale. Donc il faut que ça s'arrête, tu as raison." analysa-t-il à haute voix, se méprenant sur le sens de ce que venait de lui assener son cousin.

Cela sonnait logique: puisqu'il n'arrivait pas à avoir une relation normale avec Irmingarde, si la situation n'avançait pas, il faudrait qu'il y mette un terme, quitte à ne plus pouvoir se concentrer sur son travail. Le plus dur était désormais d'estimer si la nuit passée était une avancée assez significative pour garder espoir. Oui. Mais n'aurait-il pas été plus simple de dire stop maintenant? Loin de la tentation, l'esprit cartésien de Beltran reprenait le contrôle et lui soufflait qu'il devrait prendre ses distances.
Wylan exigea des précisions sur la situation. Avant que les barrières de son cousin se remettent totalement en place, Beltran céda une deuxième fois à la tentation de se confier. Peut-être que l'admiration (réelle? il en doutait) de Wylan le mit en confiance, ou alors c'était le ton honnête de la voix de son espion de cousin... Toujours est-il que le Capitaine répondait déjà avec sincérité:

"Pas si mal que ça. Quand je ne la fréquente pas, j'arrive à l'écarter de mon esprit le temps de faire mon devoir. Quand elle est là, si nous ne sommes pas seuls, j'arrive en général à ne rien montrer. Quand elle est seule avec moi... je désespère. Je n'ai aucune idée de comment elle fonctionne et chaque geste peut la faire fuir... ou tomber dans mes bras. Sauf que je ne sais jamais lequel fera quoi alors j'ai l'impression d'avoir quatorze ans et de n'avoir jamais séduit une femme alors que... la Cour n'est pas un endroit innocent. Elle me rend fou, elle me prend la tête, je suis complètement frustré et... C'est pas grave." conclut-il en haussant les épaules. "Je survivrai. Ca n'influe pas sur mon travail."

Pour le moment.
C'était étrange de dire tout cela à haute voix mais une petite part de la cervelle de Beltran lui soufflait que si Wylan voulait savoir ce genre de chose, autant le lui dire parce qu'il le découvrirait de toute façon d'un moyen ou d'un autre.
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 25 mai 2014, 15:35:04
Wylan eut envie de frapper son cousin. Quel crétin celui-là quand il s’y mettait. Le problème était que si le Héraut était un très bon combattant armé, dans un style à mi-chemin entre celui des rues et celui plus élégants des nobles, il ne faisait pas le poids dans un combat à mains nues avec Beltran. Il était trop léger.

« Hein? Mais j’ai jamais dit ça. Arrête de comprendre ce qui t’arrange. Si tu es amoureux de la petite, je ne vois pas pourquoi tu devrais mettre un terme à votre relation. Le problème c’est plutôt que coincé comme tu es, elle ne va pas avancer très vite, cette relation.»

Il rit à son bon mot puis écouta Beltran lui raconter comment il allait. Ce faisant, il vidait tranquillement son verre.

« Là, Beltran, je crois que tu es dans le même cas que tous les hommes amoureux de ce pays. Quand il n’est question que de cul, c’est facile. Quand il est question de sentiments...» Il soupira faussement. « J’imagine que son éducation ne facilite pas les choses. Mais, si tu veux mon avis, elle veut la même chose que les autres. Simplement moins vite. Mets-la en confiance, parle-lui, embrasse-la, cajole-la, gâte-la (et tu sais très bien que je ne parle pas de cadeaux). Bref... vas-y par étapes. Si tu vas trop lentement, elle te le signalera, je pense. Si tu vas trop vite...» Il ricana. «Aucune chance. Comme je te connais, Liane sera adulte avant que tu n’oses entreprendre quoi que ce soit de... concret.»

Il reprit un ton un peu plus sérieux.

«Tu es certains que ça n’influe pas sur ton travail? Je suis certain que tu es plus tendu et plus sévère encore que d’habitude. Sans parler du fait que tu as renvoyé le maréchal comme un simple troufion. Bref, fais quand même attention.»

Il fit une petite grimace.

«Vu qu’on parle boutique... Je sais bien que les chances sont minimes, mais... tu voudrais envoyer quelques uns de tes gars... pas tes soldats, les hommes de Greenhaven, chez mes parents? On ne sait jamais ce que la guerre peut amener avec elle, et je préférerais les savoir protégés, même si ce n’est que par quelques hommes. «
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 03 juin 2014, 11:36:49
Si Wylan estimait qu'il ne faisait littéralement pas le poids devant son cousin blondinet en termes de combat, il aurait dû réviser également son jugement sur sa capacité à faire face à la mauvaise foi du même cousin blondinet. Beltran face à des problèmes amoureux réagissait comme un chat face à un os pour chien: il l'ignorait ou le jetait de côté. Et quand il ne pouvait pas, il pouvait cependant atteindre des sommets dans l'incompréhension, le bouchage d'yeux, et l'imbécilité presque congénitale. A croire que ses parents avaient raté quelques cases à l'intérieur de la grosse tête blonde du Capitaine. Wylan osait assurer que la relation Beltran-Irmingarde avait peu de chances d'avancer. Malgré les paroles précédentes, le Capitaine l'interprêta comme une approbation de ses propres conclusions: il devait laisser tomber. Un instinct ancestral surgit en lui et l'empêcha de renchérir car il avait bien compris que Wylan n'était pas réellement de son côté.

"Elle avance un peu. Quand même." fit-il avec un vague geste de la main comme si tout cela n'avait pas d'importance à ses yeux.

Malgré ce masque choisi délibérément, il ne put s'empêcher de se laisser aller à la confidence. C'était son propre cousin et un héraut à qui il s'adressait. Il aurait pu tomber plus mal. Au moins, si Wylan se montrait caustique, cela durerait peu de temps et il serait débarrassé et sûr de ne plus jamais en parler. Beltran ne s'attendait cependant pas que l'incorrigible courreur qu'était l'espion se mette en devoir de lui expliquer ce qu'il devait faire. Par le menu. En détails.
Beltran était un soldat. Il avait l'habitude de l'humour de ses hommes, souvent graveleux et de bas niveau. Il connaissait les prostituées, le sexe, la luxure, les sous entendus plus bas que la ceinture, et toutes les joyeusetés d'un univers essentiellement macho. Pourtant, que son propre cousin lui parle de "gâter" sa copine lui laissa une impression certaine de malaise qu'il n'avait jamais ressenti dans les autres situations citées ci-dessus.

"Elle va me crâmer sur place si je vais trop vite aussi..." grommela indistinctement le Capitaine. "Mais je lui ai fait un cadeau. Une arbalète. Enfin je le lui ai promis, elle l'aura dès qu'elle sera finie."

Romantisme à son plus haut niveau, ça, une arbalète, non? Et puis Liane avait déjà quatre ans. Elle risquait effectivement de grandir trop vite. Il ne répondit pas sur ce point - non pas parce qu'il était assez insultant mais parce que le sujet Liane était pour lui aussi glissant que le sujet Irmingarde et qu'il voulait garder un minimum de contrôle sur la conversation.
Wylan s'inquiétait des conséquences de la vie amoureuse (ratée) de Beltran sur ses capacités. Le soldat secoua la tête:

"Je t'assure, je gère. Je me plonge dans le travail et je ne pense pas à ... elle. Je suis tendu principalement à cause de cette saloperie de guerre. Tu y es allé, tu as vu ce qui nous arrive dessus. Parfois je doute qu'on puisse y faire face, et ça me mets sur les nerfs d'être aussi impuissant. Et puis le maréchal, je n'ai pas eu le temps de trop réfléchir à ce que je disais. J'irai m'excuser. Un jour."

Et puisque Wylan abordait le sujet famille, Beltran secoua doucement la tête en signe d'approbation.

"J'écrirais dès aujourd'hui pour qu'une escouade aille sur vos terres. Par contre, si cela tourne mal, peut-être serait-il bon d'envisager de déplacer la famille directement à Greenhaven. Nous avons la place pour accueillir chez nous-même des membres de la famille, et en ville pour les paysans ayant besoin de protection directe. Mais je ne pense pas - enfin je l'espère- que la guerre aille jusque là. Bien qu'en temps de troubles, les bandits aient tendance à surgir de nulle part. Enfin bref, oui Greenfield aura quelques hommes de plus d'ici la fin de la décade."
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 03 juin 2014, 13:02:46
Wylan soupira. Beltran ne trompait personne avec son ton pseudo-détaché. Il connaissait trop bien son cousin pour se laisser prendre. Après tout, ils avaient quasiment grandi ensemble, et avaient étudié au Collegium en même temps.

«Je vois ça... elle avance comme Mamie Greenhaven les jours de pluie...»

Le Héraut eut envie de se pendre en entendant la réponse de son cousin. Il parlait de cajoler Irmingarde, de la gâter, de la faire grimper aux rideaux, et Beltran parlait d’arbalète. Comment était-il parvenu à faire un enfant avec Riannon en étant aussi désespérant. L’avait-elle pris de force?

«Une arbalète? C’est certain que ça, ça va lui permettre de dépasser son éducation.  Comme ça si tu vas trop vite, elle pourra refroidir tes ardeurs plus efficacement qu’avec ses flammes. Bon, je suis obligé de reconnaître que par les temps qui courent, une arbalète c’est très utile. Mais sérieusement Beltran, même toi... surtout toi devrais-je dire - après tout, tu as étudié ce genre de choses -  tu devrais savoir qu’on ne séduit pas une dame avec des cadeaux pratiques. Ou dirons-nous pas aussi pratiques que celui-là. Offre-lui quelque chose de plus doux. Un oreiller pour quand elle vient dormir chez toi.»

A nouveau, Beltran refusait de voir la réalité en face. Mais ce n’était pas le job de Wylan de lui ouvrir les yeux. Lui était là pour parler des sentiments de son cousin. Le reste, à dire vrai, il s’en fichait pas mal.

«Tarde pas trop. Même s’il l’a plutôt bien pris, ça fait pas trop sérieux. Sérieusement, comment tu veux faire croire que tu gères tout bien quand tu t’agites comme ça alors que tu ne faisais rien de mal, d’après tes dires? Comment tu veux qu’on te croie? Bref. La prochaine fois essaie de réagir de manière plus pondérée.»

Wylan se sentit soulagé. Sa famille aurait quelques soldats pour la protéger. Il dormirait mieux. Il pourrait partir au casse-pipe l’esprit tranquille.

«Je suis pas sûr qu’ils seront d’accord. Tu sais bien que la saison des fruits va commencer. Ils ne vont pas laisser les récoltes se faire sans surveillance. Ils sont têtus. Ce sont malgré tout des Greenhaven... Mais je suis rassuré de savoir qu’ils seront protégés.»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 09 juin 2014, 18:33:03
Beltran était bien conscient que son cousin n'était pas dupe mais s'il arrivait à presque se convaincre lui-même qu'il ne disait pas trop de bêtises et qu'il avait encore tout son bon sens, il ne voyait pas pourquoi Wylan ne faisait pas au moins semblant de croire qu'il faisait des efforts. Il en faisait, après tout! Simplement, ni Irmingarde ni lui n'étaient très ... n'avaient beaucoup de ... bref pouvaient se montrer rationnels en matière d'amour.

Beltran eut très envie de répondre à Wylan qu'une fois qu'on avait donné une canne à Mamie Greenhaven, elle avait galopé dans les couloirs ... mais son cousin lui aurait certainement rétorqué "oui jusqu'à ce qu'elle se casse le cocys dans l'escalier" ou un truc du genre. Alors il délivra son message de bonne foi: il faisait des cadeaux. A Mina. Une arbalète. Rien que pour elle. Bizarrement, le Héraut n'eut pas l'air de croire que c'était le présent idéal pour la situation. Beltran ne voyait pourtant pas le problème. Elle en voulait une, il lui en donnait une, elle était contente, il était content, et peut-être même qu'elle l'embrasserait encore une fois. Ou resterait dans son lit une deuxième fois. Ou même les deux. Wylan voyait plutôt l'aspect pratique de la chose.

"J'ai... j'ai fait faire un collier pour elle. Je voulais le lui offrir hier mais ça ne s'est pas... passé comme ça aurait dû. Alors j'attend encore. Fait par un DeGirier, le collier." précisa-t-il, sachant que les nobles se battaient pour avoir ce genre de réalisations. "Mais ça fait... sérieux. Un collier. Et s'il ne lui plait pas..."

Le mot "oreiller" faillit faire rougir Beltran mais le grand soldat avait de l'expérience, comme le signalait le Héraut, et il réussit à se retenir et prendre l'air innocent. Ce qui ne l'empêcha pas de noter l'idée. [spoiler:3asb9yim](Quelques jours plus tard, il devrait d'ailleurs accueillir une Mina étonnée avec un oreiller et une couette neuve pour le cas où elle voudrait rester. Ensuite, la demoiselle garderait donc ces présents à demeure pour les utiliser régulièrement.)[/spoiler:3asb9yim]

Le Capitaine se garda bien de rebondir sur le sujet et affirma qu'il allait bien. Et il comprenait la théorie de ce que disait Wylan. Après tout, élevé pour la Cour, ayant fait le Collegium en tant que Bleu avant ses classes, il savait tout de la chasse à la donzelle et de la traque à la bagatelle. Irmingarde avait juste l'énorme défaut (avantage?) de ne pas rentrer dans les cases pré-remplies que les autres nobles avaient eu jusque là. Riannon exceptée, mais ça c'était encore une autre histoire.

"Je ferai attention." Mais heu... Quelle prochaine fois? Beltran se retint de poser la question à voix haute.

"Heureusement", Wylan se consacra ensuite à des demandes pour sa famille. Bien que cela rappela (une fois de plus) la guerre imminente, Beltran fut soulagé par le changement de sujet. Ca, il pouvait gérer.

"J'espère qu'ils n'auront pas à se défendre avant les récoltes... et même après. Nous ferons tout pour que les combats ne remontent pas autant. Mais s'il le faut, tu sais que la famille voudra qu'ils reviennent auprès d'eux au lieu de se mettre en danger. Père ne laissera jamais des cousins dans la mouise s'il peut aider. Même si nous avons tous un sacré caractère. Ca me fait penser? Qui a eu l'idée de faire cet alcool là? Sérieusement, j'ai beaucoup apprécié, je n'en avais jamais bu de ce type jusque là."
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 10 juin 2014, 10:13:42
 « Un collier?  Mais c’est du sérieux, ça, cousin! Et hier tu n’as pas réussi à lui offrir? Ça aurait pourtant été l’occasion rêvée! Enfin... je te conseille maintenant d’attendre une occasion spéciale. Je sais pas, avant ton prochain départ, ou le sien, si elle est amenée à partir.»

Il n’était pas tout à fait certain de l’année dans laquelle se trouvait la demoiselle. Il était possible qu’elle parte en mission de probation, il n’en savait rien.

« Pourquoi ne lui plairait-il pas? Ce n’est pas comme si c’était une noble qui en avait déjà des dizaines! Ça lui fera forcément plaisir! C’est pour cela que je préfère les femmes du peuple, elles sont tellement moins guindées et blasées!»

Wylan avait évité les nobles jeunes filles comme la peste. Elles étaient trop compliquées, sophistiquées et chaperonnées pour lui. Certes, elles avaient souvent une beauté recherchée que leur enviaient les filles moins fortunées. Mais on trouvait parmi les femmes du peuples des visages plus doux, plus authentiques, une beauté plus naturelle et une véritable chaleur.

Beltran annonça qu’il ferait plus attention la prochaine fois qu’on l’interrompait en plein repas avec sa belle. Wylan y comptait bien. Si son cousin manquait à sa parole, il ne manquerait pas de le railler encore et encore pendant des dizaines entières.

« Le vin de glace? Ma mère évidemment. Elle avait entendu parler de ce procédé. Je crois qu’on fait ça au nord d’Iftel. Du coup ils ont tenté l’année passée pour la première fois, l’automne dernier était leur deuxième tentative. Mais toi tu as eu une bouteille de la première cuvée, vu que le vin de cet automne est trop jeune. Je dois avouer que c’est pas mal, même si personnellement, j’ai toujours préféré les liqueurs et eaux-de-vie au vin. Sans doute parce qu’il supporte mal d’être trimballé dans une gourde. Si ça t’a plus, je peux voir avec Kyle pour qu’il t’en livre d’autres. Je ne sais pas quand il viendra la prochaine fois, mais je peux lui laisser un mot.»

Il soupira.

« J’espère sincèrement que la guerre n’arrivera pas là-haut. Objectivement, je sais qu’il y a peu de risques. Cette guerre n’est qu’une mascarade, un coup d’esbrouffe, ou du moins je l’espère. Thelarson essaie de la légitimer avec l’"enlèvement" de Rafalentha. Mais c’est absurde de nous attaquer. La zone de Peigne est particulièrement inadaptée à des combats.»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 19 juin 2014, 16:13:57
"..."

Si sérieux que ça? Un simple collier? Pour une noble - et Beltran avait plus l'habitude des nobles que des gens du commun - un collier était une babiole. Ce qui était important c'était le motif personnalisé, le moment de lui donner... Si avec Irmingarde cela prenait une dimension supplémentaire, il était de moins en moins sûr qu'elle accepte le cadeau! Beltran n'y avait pas pensé jusque là et il se félicita de ne rien avoir dit à sa compagne pour le moment. Pas certain qu'il trouve le courage de lui offrir lui-même. Oui, le Capitaine avait la trouille.

"Une occasion spéciale." répéta le blond, prêt à désespérer. "D'accord."

Il rendait les armes. Pour le moment. Dieux que cette femme lui rendait la vie impossible. Il ignorait même si elle n'allait pas lui faire la tête maintenant qu'ils avaient passé la nuit à ne rien faire mais ensemble. Peut-être qu'elle fuierait de nouveau et l'ignorerait. Peut-être qu'elle lui sauterait dessus bientôt aussi, on pouvait rêver. Wylan exprimait son amour des "femmes du peuple" à son cousin... Peut-être pas le meilleur pour comprendre tout ça. Elevé comme noble, et fréquentant plus la Cour que les basse-cours, Beltran savait les codes féminins de la noblesse et qui accepterait de risquer son "honneur" pour quelques baisers bien qu'il se soit plus qu'à son tour refusé de jouer le jeu, et il ignorait tout du pragmatisme populaire. Il préférait une jeune femme lui soufflant doucement que "oh il fait un peu chaud ce soir" en s'éventant la poitrine d'un air facilement décodable qu'une jeune femme qui le prenait d'un air terre à terre dans ses bras et ... ne faisait rien. Mais comment expliquer ça à son espion de cousin? Leurs expériences étaient si différentes. En plus, Beltran évitait tellement bien toutes les situations de drague qu'il était bien rouillé.

Rouillé, mouillé, passons au vin de glace, sujet suffisamment sage pour que le Capitaine retrouve un peu de contrôle sur ses pensées.

"Ca ne m'étonne pas de ta mère. Je me demande parfois si elle ne devrait pas donner quelques cours à ma propre famille pour les sortir de l'immobilisme. Le graaaand honneur des Greenhaven sent parfois un peu le rance. Bref, elle a eu une très bonne idée. Je suppose que vous aurez facilement le monopole sur ce genre de vin.... Les marchands iftelliens vont vous détester si vous leur faites de la concurrence locale..." Il sourit: "En tout cas, elle m'a convaincu, j'en veux bien encore. Je lui enverrai un mot bientôt pour avoir des nouvelles." promit-il.

Puis il secoua la tête d'un air moins heureux:

"C'est tellement absurde de nous attaquer là que je me demande ce que ça cache. Nous avons les moyens de les retenir, et nos stratèges connaissent leur boulot... Les leurs aussi, et ils ne peuvent qu'être conscients qu'ils sont en train de faire une folie. Alors soit Thelarson a complètement perdu le sens des mesures... ce qui n'est pas à écarter... soit quelqu'un prépare quelque chose ailleurs. Il y a des troubles à Iftel et à Karse, et vu toutes ces saloperies de mages noirs dans l'histoire, je me demande à quel point tout est lié et tout ne va pas nous tomber dessus. Dieux que je hais la magie. Et les Dieux. Ils ne pourraient pas nous laisser tranquille un peu? Depuis que cette Aanor s'est fait connaître, on en prend plein la figure." râla l'incorrigible blondinet, se laissant aller puisqu'ils étaient en privé.

Il fit tout de même le signe qui éloignait le mauvais sort après sa tripotée de blasphèmes. Au cas où.
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 20 juin 2014, 11:30:24
« Bah elle ne doit pas en avoir beaucoup tu sais. Je serais déjà surpris qu’elle en possède ne serait-ce que deux. Du coup tu risquerais de la décevoir si tu lui offres ça comme une simple babiole. Tu n’es sorti qu’avec des nobles, je crois que tu ne réalises pas vraiment la valeur d’un objet comme celui-ci pour une femme du peuple.»

Wylan soupira.

« Tu comprends, un collier, ce n’est pas utile. Donc ce n’est pas le genre de chose qu’on achète. On commence déjà par ce qui est vital, nécessaire, puis utile. L’inutile, ça vient quand il reste de l’argent ou qu’on a une occasion vraiment spéciale à fêter.»

Ce n’était pourtant pas difficile à comprendre. Et il préférait la simplicité des femmes du peuple. Avec elles, pas de faux semblant. Elles exprimaient clairement leurs envies ou leur mécontentement. Elles ne minaudaient pas, elles ne trichaient pas sur la marchandise. Et une fois l’affaire conclue, elles savaient se montrer discrètes et ne demandaient pas davantage que ce qui avait été convenu au départ.

Beltran semblait bien plus à l’aise pour parler de leur famille que de sa vie sentimentale. Au moins était-il lucide sur ses parents.

« C’est certain qu’ils sont raides, Monsieur et Madame de Greenhaven. D’après mon père, c’est le titre qui fait ça. Ton père était beaucoup moins coincé quand il n’était que le fils du seigneur et pas le seigneur lui-même. Probablement qu’au moment de la succession,  on te demande de signer un contrat qui stipule que tu dois te comporter comme si tu avais la garde de ton épée enfoncée dans le fion. Dans la branche cadette, les mariages ont apporté un peu de sans frais. Regarde, tes parents sont deux héritiers de très vieilles familles. Tandis que mon père, héritier d’une branche cadette un peu défavorisée, a épousée la fille d’un riche propriétaire terrien. Je pense que cela a fait un bien fou à ma famille.»

Il sourit.

« Mais si tu veux, je demande à ma mère de s’inviter quelque dizaines chez tes parents, à la fin de la saison... je suis certaine qu’elle saura mettre de l’ambiance.»

Parler de la guerre n’était pas vraiment ce que Wylan avait espéré quand il avait traîné son cousin ici. Mais elle faisait partie intégrante de son quotidien depuis quelques temps.

« Franchement, je ne sais pas. Ça me paraît tellement déraisonnable de vider le pays de ses soldats alors que la révolte gronde chez les paysans... On dirait qu’il espère faire couler un maximum de sang, celui de ses soldats, des nôtres et de son peuple. Pour moi, c’est forcément lié à ces mages de sang, même si je ne sais pas trop comment. La magie c’est pas mon domaine. Mais on dirait qu’ils veulent entourer notre pays d’une marre de sang. Peut-être pour abattre notre réseau?»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 23 juin 2014, 09:22:17
Beltran fronça les sourcils, plongé dans ses réflexions, avant de répondre:

"Elle en a au moins un. Elle le portait la dernière fois. Presque sûr que c'est un DeGirier également. Elle est amie avec Isabeau de Girier, elles sont dans la même promotion... Et puis elle est élève héraut, elle pourrait se permettre un bijou de temps en temps..." tenta-t-il de minimiser la situation.

C'était une femme après tout. Dans leur société actuelle, une femme pouvait s'orner à son goût sans subir les railleries des gens, au contraire. Cependant, le pratique Beltran comprenait bien qu'un bijou ne passait pas en premier dans une liste de choses à acheter. Lui-même ne portait rien la plupart du temps, se forçant à ajouter une touche d'or lors des réceptions officielles à la Cour. A part cela, il avait estimé qu'une touche de brillant au cou de sa belle ne pouvait pas faire de mal. C'était un peu macho mais c'était Beltran.

Pour éviter de s'éterniser sur Irmingarde (alors que théoriquement, il se savait capable d'en parler plusieurs heures d'affilée), le Capitaine revint avec une once de soulagement à un sujet difficile: la famille. Il haussa un sourcil amusé à la réponse de Wylan.

"Je suis fort aise de ne pas porter le titre du coup..." grinça-t-il comiquement. "On risquerait de me taxer de "raide"..."

Beltran était fort bien au courant que c'était un adjectif déjà utilisé dans son cas. Il avait des oreilles... et beaucoup d'hommes à la caserne.

"Mon épée va rester où elle est, bien rangée. Et pour le moment, la... descendance a du sang frais même si Liane n'héritera pas forcément de Greenhaven. Je risque de ne pas avoir d'autre descendance, on en est tous conscients... Enfin... Ta famille est un peu moins bornée que la mienne, mais quand on regarde tes parents, je t'assure qu'ils ont aussi du Greenhaven dans le sang quand ils s'y mettent."

Il fallait bien défendre un peu sa propre famille non? Après tout, c'était bien eux qui refuseraient de quitter leurs terres pour se mettre à l'abri tant que le dernier fruit n'aurait pas été récolté. Une seconde, Beltran hésita devant la proposition de son cousin. Puis il sourit:

"Si tu le fais, évite de préciser que l'idée vient de nous. Ma mère ne manie le bâton que rarement mais je tiens à ma tête."

Beaucoup moins léger était le sujet de la guerre. Les deux cousins partageaient les mêmes questions, les mêmes inquiétudes.

"S'il a des mages noirs et qu'il fait couler le sang, ces mages pourraient l'utiliser, n'est-ce pas?" frissonna Beltran, peu à l'aise avec ces horreurs. "Si le réseau est attaqué... J'en parlerai à Arthon avant ce soir. Et à Abretempête. Il faut que la Pierre-Coeur soit..."

Il s'interrompit:

"Donc procédons par étapes. Disons que... Ils visent le réseau. Ou la Pierre-Coeur, ou les deux. Potentiellement. Attaquer directement au coeur de Haven. C'est une possibilité que je ne peux écarter. Les Mages doivent s'organiser ainsi que les Hérauts. J'ai déjà fait doubler la garde aux portes ... Je vais organiser de nouvelles patrouilles. Je ne veux pas diviser nos forces mais la possibilité qu'ils attaquent Haven, à distance ou non, ne me laisse pas le choix..." réfléchit le Capitaine tout haut. "Il va falloir que je retourne à la Frontière moi-même bientôt, je dois organiser ça avant mon départ. J'espère que les mages et les hérauts ont déjà eu les mêmes idées que nous bien qu'Arthon ne m'en ait pas encore parlé."
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 01 juillet 2014, 09:51:30
«C’est probablement le seul qu’elle a. Tu sais, les Holds sont très bizarres, et surtout, très très terre-à-terre. Alors je doute qu’elle ait même songé une fois qu’avoir un collier puisse lui être utile. Je parie que si tu lui donnes de l’argent pour qu’elle s’offre quelque chose, elle choisira une nouvelle paire de botte, ou une meilleure cape, ou un truc du  même goût. En même temps, je la comprends, être confortable dans ses chaussures ou avoir plus chaud prime sur l’apparence, surtout quand tu as passé ton enfance à pieds nus ou dans des chaussures trop petites, ou que tu as eu froid presque tous les hivers. Je me rappelle ce que c’est, d’avoir froid. Ça te marque à vie. Jamais je n’ai privilégié l’apparence sur le confort. Sérieusement, tu as vu la bâtisse de ma famille, tu te rappelles la tête qu’elle avait avant qu’on y fasse des travaux? J’ai passé mes automnes à vider des seaux et mes hivers à tenter de boucher les courants d’air. Alors ne t’étonne pas qu’elle ne ‘‘se permette pas’’ un bijou de temps à autre. Je parie qu’elle se permet des bas plus chauds et des capes plus épaisses.»

Comment Beltran, programmé pour conter fleurette à des nobles sans cervelle, en était-il venu à faire la cour à une des filles les plus terre-à-terre du Collegium? Il devait apprécier de se compliquer la vie.

« Sérieusement, quand tu vois ces jeunes nobles vêtus de manière parfaitement improbable, tu ne les envies pas, tu ne te dis pas que tu devrais toi aussi t’offrir de tels atours. Tu te dis que ça doit être singulièrement mal pratique ou ridicule. Irmingarde se dit sans doute pareil de la plupart des parures de dames.»

Ce qui serait la meilleure preuve de son bon sens. Wylan abhorrait les bijoux clinquants, les robes extravagantes et les visages fardées des dames de la cour. Quant aux tenues de certains jeunes nobliaux, elles le faisaient hurler de rire.

La famille Greenhaven constituait à elle seule un sujet de conversation des plus commodes, tant il y avait à dire. Et parmi les branches cadettes, le  seigneur et sa dame étaient un sujet de moquerie permanent.

« C’est certain que cela ne te conviendrait pas du tout. Tu es connu partout dans le royaume pour ton humour, ta camaraderie et ta légèreté.»

Lui-même avait beaucoup participé à la création de la réputation de son cousin.

« Je doute qu’ils laissent Liane en hériter. Et je doute qu’elle en ait envie. Elle sera Élue, cela ne fait aucun doute. Alors il vaut mieux que Ronan hérite du titre. Et puis, il a une femme, lui, et des enfants, même si j’en ai perdu le compte. La dernière fois que je les ai vu, sa femme venait d’accoucher du premier, alors tu vois... Et puis, honnêtement, il est bien mieux dans les vêtements de ton père que toi. Il a déjà tout du patriarche. En fait, il a toujours eu un comportement de patriarche, quand on y repense.»

Wylan sourit. Oui, on retrouvait l’opiniâtreté partout chez les Greenhaven, de la branche de la plus humble de la famille au Seigneur lui-même. On disait dans les campagnes que les bâtards de la famille se reconnaissaient par ce trait de caractère si célèbre.

« Tu vas pas me faire croire que tu as peur de ta mère. Elle fait au moins une tête de moins que toi. Et sérieusement... je doute qu’elle te batte. Elle préférera te présenter à toutes les gamines nubiles du coin à ta prochaine visite.»

Ainsi le message serait clair, ne te mêle pas de ma vie si tu ne veux pas que je me mêle de la tienne.

« Et je crois que ma mère avait de toute manière l’intention d’aller leur dire bonjour, donc il suffit d’entretenir cette idée.»

Wylan était content de pouvoir parler de ses soupçons à Beltran loin de toute oreille indiscrète. Ce n’était que des pressentiments, des impressions, des craintes, des choses qu’il ne pouvait décemment pas mettre dans un rapport.

« Sérieusement, ici tout le monde pense que la guerre est loin. Regarde les nobles, pour eux, cette guerre ne les concerne pas. Mais je compte sur toi pour en parler à Arthon. Moi tu sais, je passe mon temps à aller et venir, je ne le vois que très rarement. Souvent c’est au Doyen que je parle, à Joald, à toi et parfois à Aranel, quand elle a le temps... Mais c’est certain que cette guerre a une finalité qui nous échappe encore...»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 05 juillet 2014, 18:23:12
Beltran savait que faire confiance à Wylan sur certains sujets était suicidaire, mais bizarrement, il avait bien envie de suivre les conseils de son cousin sur ces sujets-là. Il fallait avouer que le Héraut parlait avec assurance et annonçait les choses d'un ton qui ne laissait pas de doute ou de place à une réplique. Il semblait maîtriser son sujet.

"Je me rappelle surtout l'horrible automne que j'ai passé chez vous pour vous aider à tout remettre en place. J'ai cru que j'allais mourir de froid chaque soir. En campagne, quand nous n'avons plus d'équipement, ça me parait encore moins froid que la maison de tes parents à cette époque..." rétorqua vivement Beltran.

Oui, il avait grandi dans une belle maison, et à l'époque où son père était Prévôt, il avait même vécu dans de vrais palais, mais les Greenhaven avaient beau être privilégiés, les hommes (comme les femmes) devaient se confronter à la réalité du monde pour être pris au sérieux. Et on s'entraide, dans la famille. Assez grand pour porter des sacs de gravat ou des planches pour boucher les trous, Beltran avait été réquisitionné tout un été et un automne chez ses cousins avant d'être renvoyé à son précepteur quand l'hiver avait atteint le domaine. Il n'avait jamais regretté de ne pas avoir à survivre à un hiver chez Wylan malgré son grand sens de ce qui fait la force d'un homme.
Le Capitaine tenta d'imaginer Mina se gelant les fesses dans une ferme hold et soupira. Image peu réjouissante, c'était pourtant une bonne raison pour préférer des manteaux et des bottes à un collier. Il espéra qu'elle l'accepterait quand même et nota dans un coin de son esprit qu'une belle cape pourrait également lui faire plaisir.

"Elle est au Collegium maintenant, elle doit être fournie." conclut cependant le blondinet avec pratique. En tout cas, il comprenait l'aspect ridicule de certaines modes: "Je vois ce que tu veux dire. C'est bien, une écervelée ne me plairait pas de toute façon. Demande à ma mère, elle désespère que je ne sois toujours pas marié. Elle n'a pas encore abandonné pourtant... A ce propos, un seul mot de tout ça à la famille et tu peux t'assurer que ton frère ne vendra jamais sa production..."

Le ton était léger et plaisantin mais Beltran lui-même ignorait quelle vengeance lui viendrait à l'esprit si son cousin le trahissait bassement. Enfin bon, après avoir donné des conseils, le Héraut aurait sans doute le bon sens de regarder l'affaire de loin sans s'en mêler.

En tout cas, il ne se gênait pas pour se moquer de son sérieux cousin. Beltran fit la grimace.

"J'ai de l'humour. Des fois. Vous ne le comprenez pas c'est tout." rétorqua-t-il.

Niveau camaderie... Beltran était loyal, efficace, parfois même amical, mais le mot camaderie ne s'appliquait visiblement pas au type d'homme qu'il était. Quant à la légèreté... Il savait faire semblant d'en avoir, quand il le fallait.

Concernant Liane, Beltran sourit:

"Il faudrait déjà que je la reconnaisse officiellement... ce qui n'est pas dans les projets immédiats. On verra avec Riannon... plus tard. Elle sait que je n'ai pas abandonné l'espoir de pouvoir le faire. Mais même si elle n'est pas Elue, je doute qu'on lui permette d'hériter de tout Greenhaven. Et je n'ai pas l'intention de l'élever pour ça. Ronan est plus... Fait pour ça. Depuis que j'ai pris le commandement de la garde, il assure le rôle de l'héritier, et bien mieux que moi. Nous en avons déjà discuté avec Père. Il y a des moyens légaux pour que Ronan et sa famille prennent le titre quand Père passera l'arme à gauche. Je n'en ai pas besoin - et ils ont déjà tellement donné pour le domaine. L'armée est mon seul vrai titre à vrai dire.... Mais si tu veux savoir ils en sont au troisième gamin, un garçon, et il excelle dans le rôle du patriarche comme tu dis. Il a l'air vieux avant l'âge..."

Souvent, Beltran avait un peu regretté de ne pas ressembler à son frère, père d'une tripotée d'enfants, marié, heureux dans ses fonctions... Mais il avait épousé l'armée et il était fait pour les armes. Alors il se contentait de gâter ses neveux et sa nièce quand il en avait le temps. Ronan ne comprenait pas Beltran mais les deux frères s'aimaient et cela suffisait.

Puis Beltran réenchaîna sur sa terrible mère:

"Mère fait pire que me battre. Tu n'as vraiment jamais eu l'occasion de la voir se mettre en mode commandant? Ca vaut le coup d'oeil. Même mon père ne s'y frotte pas dans ces cas-là..."

En tout cas, les parents vieillissaient et la visite de la famille leur ferait du bien. Depuis que le Seigneur avait quitté ses fonction de Prévôt, il s'occupait du domaine mais regrettait un peu l'agitation de la capitale. En tout cas, l'agitation actuelle ne lui aurait pas plu. A peine rentré, Beltran avait déjà eu vent de certaines rumeurs courant les rues de Haven et cela ne lui plaisait guère. Pas plus qu'à Wylan qui avait pourtant un temps de retard:

"La rumeur commence déjà à courir que nous n'avons aucune chance devant leurs mages. Certains idiots sont allés jusqu'à dire que si je suis rentré c'est que la frontière est perdue. Il faut empêcher l'angoisse de contaminer Valdemar. Les soldats se feront très présents à partir de maintenant, il faut assurer le calme civil." Il hocha la tête: "Mais pour les nobles oui... la technique de l'autruche marche bien. Arthon est au courant mais je lui rappellerai ce point. Je ne comprends pas plus que toi le pourquoi de cette guerre mais mon instinct me dit que nous n'en avons pas fini. S'il n'y avait pas cette équation inconnue avec les mages et démonistes, je serai plus sûr de moi, mais j'ignore encore à quel point nos forces peuvent résister à ce genre d'attaques..." avoua lentement le Capitaine. "Arthon semble plus confiant que moi sur ce point mais il n'a encore jamais dirigé une vraie tactique de guerre..."
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Héraut Wylan le 06 juillet 2014, 10:34:44
« Faut pas exagérer non plus... Mais c’est vrai que toi, tu n’as jamais traversé le Peigne en plein hiver, au milieu d’une tempête de neige.» Il rit. « Maintenant la maison de mes parents est quand même beaucoup plus agréable. Toutes les pièces sont habitables et le toit ne fuit plus. Et avec tous les alambics et les cuves de la mère, la maison est agréablement chauffée.»

La maison des Greenfield avait maintenant belle allure. Elle était très éloignée du Manoir des Greenhaven, tant par la taille que par la richesse de ses intérieurs. Mais elle était confortable, et bien assez grande pour loger toute la famille. Kyle avait bien évidemment ses appartements dans le manoir et il y resterait. Mais les trois soeurs de Wylan vivaient chacune avec son mari dans la demeure familiale, dans l’attente qu’on  construise pour chacune un cottage, où elles pourraient emménager.

Beltran ne réalisait vraiment pas ce que c’était que de ne vivre que du petit pécule accordé par le Collegium. La somme pouvait paraître importante pour des gamins, mais ils devaient se fournir sur cette somme tout ce que le Collegium ne leur donnait pas.

« Fournie sans doute. Mais je vois que tu n’as jamais porté les vêtements qu’on donne aux jeunes qui arrivent ici sans le sou. Évidemment, assez rapidement tu obtiens des affaires à ta taille, mais ils ne fournissent que les uniformes! Si tu veux des vêtements de ville, et que tu n’en as pas pris avec toi, ou qu’ils sont devenus trop petits, tu es condamné à fouiller dans la réserve... Les jeunes achètent assez vite des vêtements pour eux, mais ils ne reçoivent pas une somme si énorme qu’elle permet de faire des folies.»

Wylan fit semblant de s’effrayer de la menace de son cousin. Il savait pertinemment que Beltran ne ferait jamais payer son frère pour ses torts à lui.

« Je ne vois pas trop comment je pourrais en parler à ta mère. Je te rappelle que je repars bientôt pour la frontière. Et tu sais, elle sera très bientôt au courant. Ton comportement d’hier a fait sensation. Les rumeurs vont aller bon train... et quand elles arriveront à Greenhaven, elles seront tellement déformées qu’elles prétendront que tu as passionnément embrassé ta belle devant toute la ville réunie pour vous accueillir.»

Il s’imaginait la tête de la mère de Beltran, quand elle apprendrait qu’il avait enfin une femme dans sa vie. Il la voyait déjà en train d’écrire une lettre à son cher fils pour le prévenir de sa venue prochaine pour rencontrer de sa future bru.

Beltran se défendait sans enthousiasme des railleries de Wylan. Celui-ci prit l’air dubitatif quand le capitaine prétendit avoir de l’humour.

« De l’humour? Toi? Si tu en as, il est soigneusement caché avec ta légèreté et ta tendresse...»

Wylan trouvait cela un peu étrange de parler d’histoire de succession avec Beltran. Mais il imaginait que son cousin n’avait pas beaucoup d’amis avec lesquels partager ce genre de questionnement.

« Je pense que ce serait mieux en effet. Je ne vois pas Liane, même adulte, s’occuper d’un tel domaine. Elle a trop de Dons, et elle serait trop malheureuse. Ton frère par contre semble être né pour cela. Et si tu me dis qu’il se coule parfaitement dans le moule de ton père, c’est parfait... Trois enfants, par contre, ça me semble un bon nombre. Mais je suis certain qu’il en aura au moins encore un. Sa femme est encore jeune. »

Wylan croyait connaître assez bien les Greenhaven, aussi fut-il surpris d’apprendre que la mère de Beltran pouvait se comporter en véritable tyran.

« Non, je n’ai jamais eu ce plaisir. Alors c’est d’elle que tu tiens tes attitudes martiales? Ta mère m’a toujours semblé quelqu’un de décidé, mais je n’imaginais pas qu’elle pouvait faire peur au grand Beltran. Ou à son père d’ailleurs. »

Le Héraut, toujours sur les routes, toujours à l’affut, savait bien que la guerre était plus proche que ce qu’on pouvait en apercevoir de la capitale. Mais il ne comprenait pas les réactions contraires que ce fait suscitait. Les nobles mettaient la tête dans le sable. Les autres s’inquiétaient que Beltran put rentrer dans ces conditions. Mais la guerre n’avait pas encore commencé. Et Beltran était aussi précieux à Haven qu’au front. Quant aux mages, Wylan ne pouvait prétendre s’y connaître, mais ils ne l’effrayaient pas tant.

« Les gens n’y comprennent rien à la magie, moi le premier. Mais je peux t’assurer qu’un mage meurt aussi bien que n’importe quel homme sur le champ de bataille. Et nous avons nos propres mages. Et si tu es rentré, c’est parce qu’on ne t’a pas laissé le choix. Ta place n’est pas là-bas pour le moment. La guerre n’a pas à proprement parler commencé. Et même alors, tu seras mieux ici. Tes officiers font très bien leur travail.» Il soupira. « Les mages ne m’effraient pas tant à vrai dire. Je sais bien qu’ils sont vulnérables. En plus, nous nous sommes spécialement préparés pour ça. Chaque camps est prêt à faire face au feu, aux éclairs, aux hallucinations... Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de plus. Quant à Arthon... tu sais, les Compagnons sont inquiets, mais pas tant que ça. Je pense que ça le rassure. Mais c’est certain que je me réjouirais quand la guerre aura réellement commencé et que l’on saura contre quoi on se bat.»
Titre: Re: [Beltran/Wylan] Dis-moi tout, cousin!
Posté par: Beltran le 14 juillet 2014, 11:08:45
"On ne dirait pas comme ça mais je tiens quand même à ma vie. Traverser le Peigne en pleine tempête est légèrement suicidaire." Avant que Wylan ne le reprenne, Beltran ajouta: "Mais quand c'est vital je suppose qu'on doit prendre tous les risques. Sauf que passer un hiver chez toi n'était pas vital. Du tout même. Il faudrait quand même que je passe voir la maison finie. Peut-être après la guerre."

Quant au reste, Beltran n'avait aucune idée de comment le Collegium était géré. Il savait que les élèves recevaient une somme d'argent régulièrement pour les dépenses extérieures mais il ne s'était jamais intéressé à ce genre de détail. Pour lui un Héraut était en service ou pas là, il n'y avait pas d'entre deux. Voilà qu'Irmingarde bouleversait son univers mental.

"Je n'ai pas vraiment fait attention jusque là." acquiesça le Capitaine.

Se montrant un peu plus menaçant par rapport aux secrets que son cousin devait garder, Beltran secoua la tête avec desespoir.

" Ou alors, je serais déjà marié dans les rumeurs et ma mère en fera une crise cardiaque." complèta-t-il le charmant tableau familial.

Le Capitaine ne tenta pas vraiment de se défendre ensuite. Il avait de l'humour. Il en était même persuadé. Mais il était vrai que ses rares traits d'humour, prononcés avec son sérieux habituel, avaient tendance à être pris au pied de la lettre. Ce qui donnait parfois des situations cocasses au détriment de certains soldats. Et Beltran pouvait être léger et tendre - demandez à Mina. Mais ce n'était pas ses qualités principales, loin s'en faut.
Plutôt que de débattre de dons ordinaires qu'il cachait bien, il se rabbatit sur les histoires de succession. Son cousin était d'accord avec lui. Un jour Beltran aurait une conversation sérieuse avec son père et son frère. Il eut un petit sourire:

"Un enfant de plus et c'en est fini du calme à la maison. Ils sont déjà assez... bruyants." plaisanta-t-il. "Mère a fort à faire pour ramener le calme le soir. Et non, je tiens mon... attitude de mon père, mais mon habitude à être obéi de ma mère, je suppose. Elle a sa manière à elle de se faire respecter. Tout en douceur mais implacable. La Dame de Greenhaven est connue pour ça... Après tout, tous les grands hommes ont une femme qui leur chuchote à l'oreille comme on dit."

C'était un sujet légèrement plus léger que la magie et les combats - mais Wylan comme Beltran étaient plutôt des spécialistes du deuxième thème et ils ne pouvaient y échapper. Wylan analysa la situation simplement et résuma l'avis général.

"Moi aussi..." approuva Beltran d'un air concerné. "Moi aussi..."

Les deux cousins continuèrent à échanger leurs points de vue un petit moment, cernant la guerre avec cynisme et réalisme, avant que Beltran ne doive écourter sa visite pour rejoindre son état-major - une fois la bouteille vide cependant. Il promit à Wylan de garder le contact - privilégié - concernant les sujets martiaux et lui souhaita bonne chance au cas où ils ne se revoyaient pas avant la prochaine attaque. Puis Beltran retourna au sérieux de son poste, légèrement soulagé d'avoir pu parler à quelqu'un à coeur ouvert.

RP CLOS