Auteur Sujet: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]  (Lu 6404 fois)

Tallulah

  • Apprentis Bardes
  • Messages: 41
    • Voir le profil
Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #15 le: 01 juin 2014, 11:49:41 »
Ca n'était pas forcément très facile pour la petite fille de tout comprendre, et ses sourcils froncés en témoignaient, mais elle tâchait au maximum de rester concentrée sur les propos des deux examinatrices. Elle avait un peu de mal à comprendre le concept des bleus qui ne rentraient pas dans les cases des Collegia, mais... soit. Ca n'était pas comme si elle n'avait pas pris le parti d'admettre les choses qu'elle ne comprenait pas tout à fait, en attendant de rajouter les morceaux de puzzle manquants un jour. Elle fonctionnait ainsi depuis qu'elle était arrivée, au final, et vu comme son attention était capable de vaciller, c'était une drôle de gymnastique qu'elle était un peu tout le temps obligée de faire pour combler les trous. Elle enregistra le fait qu'elle porterait un uniforme brun, à présent. Moins joli que le rouge des Bardes, mais c'était en attendant. Temp... Tempo... Temporaire qu'elle avait dit Béatrice. Un jour, elle serait en jolie tenue rouge comme Margareth, et c'était un espoir suffisant pour continuer à faire briller de petites étoiles dans ses yeux.

La nouvelle apprentie sembla songeuse un instant à l'explication de ce qu'était un parrain ou une marraine. Si c'était comme un grand frère ou une grande soeur, pourquoi y avait-il des mots différents ? Elle hocha la tête cependant. C'était bien d'avoir un grand frère ou une grande soeur, elle avait toujours rêvé que ce fût le cas, mais étant fille unique et un peu trop bizarre pour sa communauté pour que les autres enfants se sentissent l'envie de pousser trop loin leurs relations, elle n'avait jamais vraiment connu ça. Elle ne put s'empêcher de penser qu'il ou elle allait avoir du mal à la comprendre, ce parrain ou cette marraine, parce que ce n'était pas toujours facile pour elle de dire clairement les choses, tout comme il ou elle risquait de s'arracher les cheveux à la voir ne rien piger sur certaines notions qui lui paraîtraient sans doute toutes simples. Elle était sûre qu'en calcul, par exemple, il ou elle allait ramer pour l'aider sur les devoirs.

« Oh j'inquiète pas moi ! »

Elle ne doutait pas que les professeurs des Collegia étaient bons dans leur domaine, à vrai dire, elle les idéalisait un peu. Par contre, elle restait consciente qu'ils allaient avoir du boulot pour réussir à lui faire comprendre des notions qui lui étaient complètement étrangères, avec la barrière de la langue en plus... et sa capacité à être ailleurs. Elle se promit mentalement de faire des efforts pour rester concentrée, même en calcul et en défense, mais... de là à ce qu'elle arrivât à mettre parfaitement ces bonnes résolutions en pratique, il y avait un gouffre. Et puis de manière générale, elle tâchait de ne pas se ronger les sangs pour rien. Elle était peut-être un peu trop dans son monde et insouciante, mais elle préférait ne pas voir les choses en noir tout le temps. Des solutions, il devait bien y en avoir, quelle que fût la situation. Les Dieux veillaient à ça, elle en était persuadée.

Sur la demande de la Barde, elle s'inclina devant Beatrice, de façon presque trop solennelle, une main sur le coeur, mais ne put s'empêcher de se retourner et de lui adresser un grand sourire et un signe de la main avant de quitter les lieux avec Margareth. Elle lui avait fait un peu peur au début, et elle avait toujours l'air plus austère que sa camarade, mais Tal avait eu droit à quelques sourires, et ça suffisait pour qu'elle l'aimât bien, sans plus de raison particulière.

Si elle eut du mal à retenir le nom des gens qu'elle rencontra par la suite, elle repéra assez facilement la beauté des traits de la dame qui l'inscrivit et son sourire, l'enthousiasme de sa marraine - qu'elle avait toutes les peines du monde à ne pas appeler Grande Soeur, d'autant que ses cheveux sombres et ses yeux noirs lui faisaient penser à son propre peuple - et celui plus envahissant encore des autres étudiants à qui elle fut présentée. Difficile cependant de retenir les noms et affectations des professeurs que Valiani lui présenta, mais elle se rassura en se répétant qu'elle les reverrait bien assez tôt pour finir par imprimer.

C'était étrange pour elle qui avait été quelque peu déracinée d'avoir ce sentiment bizarre mais pour le moins agréable d'avoir trouvé sa place. Sa nouvelle chambre ne risquait pas d'être encombrée par ses maigres affaires, mais elle songea un instant à retourner en ville chez Deklan trouver de quoi l'habiller un peu - il y avait tellement de belles choses là-bas, après tout, elle trouverait bien un moyen d'échanger quelque chose, à un moment, restait à trouver quoi. Il ne lui fallut guère de temps pour s'endormir dans sa nouvelle chambre, d'un sommeil peuplé de rêves pleins de musique dont elle ne garda qu'un souvenir diffus au réveil. Son enthousiasme était loin d'être retombé, en témoignait son sourire immense dès qu'elle sortit de sa chambre. Et qui s'élargit encore lorsqu'elle reconnut la professeur d'interprétation musicale au luth, qu'elle salua de façon peut-être un peu trop vive depuis la porte de la salle, sans se permettre toutefois de s'approcher, avant de s'installer parmi les autres étudiants. C'était un rêve qu'elle vivait, et elle ne comptait pas en perdre une seconde. Et si c'était réellement un rêve, elle n'était pas très sûre de vouloir se réveiller un jour.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
UC