7ème décade été 1481
Haven, capitale de Valdemar, son nouveau foyer. Justina se sentait déplacer, à part. Et elle l'était d'une certaine façon. Il y avait beaucoup de réfugier de Rethwellan en Valdemar, mais si peu qui avait changé de camps pendant la guerre. Elle était arrivée la veille dans la capitale, mais elle n'arrivait pas encore à vraiment réaliser tout ce qui était arrivé. Les femmes du camp où elle avait passé quelques jours l'avaient beaucoup aidé à reprendre son identité de femme, à l'apprivoiser. Jusqu'au vêtement. Elles avaient pris les quelques tenues que la jeune femme avait et lui avait montré comment les modifiés pour être à la fois féminine et prête à toutes les éventualités. Elles lui avaient même fournis d'autres tenues de rechange parmi leur propre garde-robe.
Au matin, elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes et de se faire à sa nouvelle vie, de s'y retrouver. Elle avait donc décidé de réaliser un rêve d'enfant, voir un compagnon. Elle ne se pensait pas digne d'être Élue, mais elle voulait les voir, s'enraciner à quelque chose dans cette nouvelle vie pour être capable de se construire. Les compagnons étaient le symbole de Valdemar, de ce pays de liberté et d'acceptation. Elle pouvait difficilement choisir mieux comme base pour concevoir sa nouvelle vie.
Comme elle s'accoudait à la barrière pour regarder les compagnons dans le champ, elle vit quelqu'un du coin de l'oeil tout près. Quelqu'un qu'elle était sure d'avoir déjà vu. Il lui fallu un certain temps à le regarder pour le reconnaître. En effet, elle ne l'avait vu qu'une seule fois, son Chevalier n'étant pas poussé vers la politique, il ne l'amenait pas souvent à la cour, mais une fois, durant leur court séjour, il lui avait montré de loin le bâtard. Car c'était ainsi qu'on parlait du prince Alemdar dans le cercle de la noblesse.
Poussée par la solitude, elle sauta la barrière pour marcher lentement en direction de l'homme et de son compagnon. Elle attendit à une certaine distance pour s'assurer de ne pas trop le déranger, mais comme il n'y avait que l'homme et son compagnon, elle pris son courage à deux mains pour l'aborder.
«Prince Alemdar?.»Sa voix était légèrement interrogative, elle ne l'avait vu que de loin après tout.
« Je suis désolée de vous déranger, mais je vous ai vue de loin et je n'ai pu m'empêcher de vous approcher. »Elle avait naturellement parlé en Rethwellanais sans même s'en rendre compte. Elle n'était toujours pas habituée à parler Valdemaran. Son accent campagnard, mais de bonne famille la désignait comme la fille d'un riche
marchand ou une noble de la frontière.
« Est-ce votre compagnon? »Contrairement à beaucoup de gens, elle savait qu'un compagnon était une personne à part entière. Les contes de compagnons étaient parmi ses préférés étant enfant. Avec ceux des chevaliers Rethwellanais d'autres fois. Son héroïne favorite, la Capitaine-Héraut Kerowyn. Elle espérait un jour lui ressembler, être aussi honorable qu'elle.