Auteur Sujet: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse  (Lu 6701 fois)

Héraut Wylan

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #15 le: 01 septembre 2014, 12:40:13 »
Wylan voulut se dire qu’Irmingarde ne comprenait pas les conséquences de la démission de Beltran, et que c’était pour cela qu’elle le défendait. Elle le voyait comme un brave homme un peu apeuré par la naissance de son enfant, qui avait pris la première excuse pour s’en éloigner. Or, Wylan était parvenu à la conclusion que Riannon avait sciemment écarté Beltran, car il était sans doute le seul qui aurait compris les changements survenus chez elle. Ou le seul à qui Liane, une fois capable de parler, aurait confié ses inquiétudes quant à sa mère. Riannon avait fait le vide autour d’elle, poussé par sa possession. Si Beltran s’était battu, on aurait décelé la possession plus tôt, Liane n’aurait sans doute pas subi toutes ces souffrances, et Riannon aurait été délivré depuis longtemps. Malheureusement, il ne pouvait pas confier ses conclusions à la jeune femme. Après tout, elle n’avait pas à être au courant de toute cette histoire.

« Ce n’était pas pour sa sécurité que Riannon a demandé à Beltran de s’écarter, ça, je peux te l’assurer ! Si Beltran s’était battu pour Liane, sans doute les choses auraient été très différentes... »

Quant à la question d’Irmingarde, elle provoqua un rire chez Wylan.

« Si je découvrais que j’avais un enfant ? J’imagine que cela dépendrait de l’âge. Si la femme venait me voir pendant la grossesse, je m’assurerais qu’elle ait tout ce qu’il lui faut, puis je pense que je prendrais le temps de venir la voir régulièrement, si elle n’habite pas trop loin. Si l’enfant était encore petit, je m’assurerais de lui fournir une bonne éducation, et d’être présent dans sa vie, même si c’est très difficile pour moi, vu mes missions. Si je découvrais que j’ai un enfant adulte ou presque... »
Il haussa les épaules. « J’imagine que je le traiterais comme n’importe quel jeune. »

Wylan se doutait bien qu’il devait avoir un ou deux enfants quelque part dans le pays. Mais vu qu’il n’avait jamais reçu aucune nouvelle à ce propos, il estimait que les mères s’étaient dépêchées de se marier avec un homme respectable et que l’enfant avait été élevé sans se douter que son véritable père n’était pas le mari de sa mère.

Elle était vraiment naïve cette petite. Avait-elle vraiment oublié l’attitude de Beltran à son retour ? Même sans l’incident de la carafe, les gens avaient eu matière à cancaner pour des semaines avec le baise-main de Beltran.

« Non... vous n’êtes pas mariés. Mais sérieusement, Beltran s’est comporté comme un véritable moine depuis Riannon. Ne t’étonne donc pas que tous te voient déjà comme la compagne légitime et future femme de Beltran. Et personne ne te demande d’écrire. Juste de te comporter avec la décence nécessaire. »

Oui, c’était définitif. Ils partageaient de nombreux points communs, dont une tête plus dure que la pierre et une audition très sélective ! Wylan était exaspéré que la Grise se sous-estime à ce point. Elle faisait partie de l’élite de la société de Valdemar, mais se comportait toujours comme une petite hold mal dégrossie dont le seul avenir était d’élever sa tripotée d’enfants.

« Ce n’est pas ce que Beltran attend de toi, effectivement. Mais lui il attend de toi que tu vives dans une mignonne prison dorée aux murs recouverts de coussins. » Il exagérait peut-être un poil. Mais Beltran était macho, malgré toute sa galanterie. « Par contre, c’est ce que le bon sens requiert. Tu sais, on est souvent confronté à des tas de situations pour lesquels on n’était pas initialement taillé. Tu crois vraiment que le Collegium vous forme à faire face à toutes les situations ? Apprendre à agir en fonction de ce que demande la situation, et non en fonction de ses aptitudes supposées, c’est ce qu’on apprend sur le terrain. »

Elle pensait vraiment qu’elle ne serait amenée à faire que des choses pour lesquelles elle était taillée et formée ? Wylan avait rencontré un bon nombre de situations très particulières pendant ses premières missions. Des situations pour lesquels il n’avait pas été formé.

Si Irmingarde avait été choisie, c’est qu’elle était capable d’apprendre et de s’adapter.

« Bien sûr que tu seras capable. Après, si tu commences par dire que tu n’y arriveras pas, effectivement, il y a peu de chances que tu réussisses. »

Ah ! L’espoir ! Wylan dut se retenir de rire quand elle déclara qu’elle ne serait de toute manière que très peu à Haven une fois Héraut.

« Tu n’as aucune idée de ton affectation future. Vu ton Don, cela semble très improbable qu’on t’envoie au loin. Tu es trop précieuse. »

Irmingarde ne semblait pas croire Wylan quand il affirmait n’avoir aucune vie sentimentale. Pourtant, c’était la stricte vérité. Mais il réalisa que pour la jeune femme, vie sentimentale et vie sexuelle ne faisaient qu’une, et il comprit son scepticisme.

« Tu as parlé de vie sentimentale, pas de vie sexuelle. C’est très différent. Je n’ai absolument aucune vie sentimentale. J’ai par contre une vie sexuelle très active. Mais je doute que c'était de cela que tu souhaitais parler. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #16 le: 01 septembre 2014, 23:34:17 »
Quand Wylan lui affirma que Riannon n'avait pas demandé à Beltran de se tenir à l'écart pour la sécurité de Liane, Mina tiqua. Il lui avait dit le contraire quelques secondes plus tôt! Il y avait une chose qui lui échappait dans cette histoire, une dimension qu'elle ignorait. Qui expliquerait pour beaucoup pourquoi elle avait l'impression d'être à côté de la plaque, et l'amertume qu'elle entendait dans la voix de Wylan.
Irmingarde ignorait de quoi avait souffert Riannon, et n'avait pas posé de question. Ce mystère là plus celui qui planait dans les réponses de Wylan devaient être liés.

"Je ne peux pas me faire d'opinion sur une affaire dont j'ignore visiblement des passages cruciaux. Et si je ne suis pas au courant, c'est que je n'ai pas à l'être, mais n'essaye pas de me convaincre alors que, de toute évidence, quelque chose manque dans la connaissance que j'ai de cette histoire. Je ne peux juger que sur ce que je sais."

L'idée de se découvrir un jour papa amusa visiblement beaucoup le Héraut.

"Et si cette femme ne voulait pas de toi dans sa vie, ni celle de son enfant, tu ferais quoi?" lui demanda-t-elle.

Bon sang, mais c'est qu'il était tenace à vouloir la convaincre de son futur rôle!

"Les gens n'ont rien de mieux à faire, hein, que d'imaginer des trucs improbables? C'est dingue... Enfin, on verra, parce que ce n'est certainement pas moi qui choquerai l'opinion publique!"

Enfin, le problème des amateurs de ragots, c'est qu'ils n'avaient pas vraiment la même définition de ce qui était décent ou pas. Elle s'imagina aux côtés de Beltran lors d'une occasion officielle... L'image que lui renvoya son cerveau était ridicule. Et puis se marier! Heureusement qu'ils avaient déjà parlé de ça, à savoir sur ça ne les tentait ni l'un ni l'autre!

"Tu exagères. Beltran sait parfaitement que je risquerai ma vie pour mon pays, comme lui. Il n'est pas idiot."

Wylan avait quand même semé le doute dans son esprit. A force de lui répéter que Beltran lui transmettait sa parano en la plaçant en position de victime potentielle, l'idée faisait son chemin.
Mais qu'y pouvait-elle? Il se faisait du soucis pour elle, comme elle s'en faisait pour lui, c'était normal. Il ne se rendait peut-être pas compte qu'il en faisait trop, possible, et jusqu'à ce soir, Mina n'avait jamais eu à s'en plaindre.

"Il ne m'aimerait pas si il pensait que je suis le genre de femme à se laisser convaincre de rester dans un coin, surtout une future Héraut."

:Il y a des subtilités qui t'échappent je crois:
:Tu veux bien m'éclairer dans ce cas?:
:Beltran t'aime telle que tu es, avec ton caractère, et tes valeurs, ce qui fait de toi une future Héraut, c'est indissociable de ta personne. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne préférerai pas que tu ne risques jamais ta vie:
:Si j'avais la faiblesse de me comporter ainsi, il ne m'aimerai pas. Et tu me m'aurais jamais élue!:
:Je n'ai jamais dit que c'était cohérent..:


Mina ronchonna.

"De toute façon je recevrai mes ordres de ma hiérarchie, pas de Beltran, il n'aura pas le choix."


Elle espérait ne jamais en arriver là. Elle n'avait pas besoin qu'on homme essaye de contrôler sa vie, c'était hors de question.

"Je pensais faire face à des situations plus dangereuses que le regard des autres tu vois... Quitte à affronter l'inconnu, autant que ce soit plus... qu'il y ait plus d'aventure quoi!"


Quand il lui garanti qu'elle serait capable, elle sourit et secoua la tête:

"On dirai Ezarell"
:Preuve que j'ai raison si je ne suis pas la seule à le dire!: commenta celle-ci.

Un sourire moqueur étira ses lèvres et elle rajouta:

"Ou ton cousin!"

Elle apprécia entendre qu'elle était précieuse, mais moins que cela veuille dire qu'elle serait un peu trop couvée. Elle grimaça:

"J'espère voir du pays tout de même!"

Longtemps elle avait considéré les frontières Hold comme infranchissables, maintenant qu'elle s'en était échappée, elle rêvait de découvrir le pays pour lequel elle allait consacrer sa vie.

Évidemment, elle pouvait compter sur Wylan pour trouver la première occasion d'être cru. Mais l'avantage de l'alcool qui avait fait son œuvre, c'était qu'elle réagit moins violemment qu'au départ, se contentant de rougir et de balbutier:

"Non effectivement je parlais d'amour. Que veux-tu, je dois être fleur bleue au fond... Je ne dissocie pas encore les deux."

Elle réfléchit quelques secondes et rajouta:

"J'ai entendu dire, dès le début, qu'il était difficile pour un Héraut d'être amoureux parce qu'il y avait déjà son Compagnon, Valdemar, le cercle... Mais finalement, je ne pense pas que ce soit parce que notre cœur n'est pas assez grand. Non, c'est une question de soucis, pas de sentiment. Il faut être capable de supporter tous les problèmes qu'apporte sa condition de Héraut et celle d'amant."

Elle soupira et posa son menton dans sa main.

"Tu n'es jamais tombé amoureux?"

La question était risquée, après tout, pourquoi il lui répondrai? Il n'était pas son ami, ils ne s'étaient même jamais vraiment parlé avant ce soir. Mais le personnage l'intriguait.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #17 le: 03 septembre 2014, 09:01:27 »
C’était une sage décision. Wylan aurait dû d’ailleurs réaliser dès le début que la jeune femme ne pouvait saisir les tenants de cette situation, car il lui manquait des informations essentielles. Mais il avait pensé que Beltran l’avait mise au courant. Or, s’il l’avait fait, elle n’aurait jamais tenu un tel discours et elle aurait réalisé à quel point l’inaction de Beltran avait favorisé la “maladie” de Riannon.

Mais elle tenait quand même à lui faire dire qu’il aurait agi exactement comme Beltran. Ce qui semblait peu probable, vu leurs caractères très différents.

« Mon cas est légèrement différent de celui de Beltran. Car quoi qu’il arrive, jamais je ne pourrais être un père présent. Tandis que lui habitait à cent mètres. Mais pour répondre à ta question malgré tout, j’imagine que je reviendrais régulièrement aux nouvelles et que je surveillerais l’enfant de loin. Et s’il avait des problèmes, crois bien que je ne laisserais le choix à personne de me mêler de sa vie. Avec ou sans l’accord de la mère. »

En écoutant Irmingarde s’exaspérer de l’intérêt mal placé que les gens portaient à son encontre, Wylan réalisa à quel point elle était mal dégrossie. Elle avait pourtant dû suivre des cours de bonnes manières et d’étiquette. Il se remémora ses propres leçons et parvint à la conclusion qu’il manquait une dimension sociologique à ces cours. Ils n’expliquaient pas le pourquoi ni la mentalité nécessaire à chaque geste. Il faudrait en toucher un mot à Joald. Qu’il prenne au moins un peu de temps pour expliquer aux élèves des classes les plus basses la mentalité des gens à la cour.

« Non, en tout cas pas les nobles qui résident à la cour. Et les étudiants n’ont visiblement pas assez de devoirs et de cours non plus. »

Irmingarde avait raison sur un point, Wylan exagérait un peu. Mais pas tant que ça. Il essayait simplement de lui faire comprendre la position compliquée de Beltran vis-à-vis d’elle. Ce n’était pas parce qu’il l’aimait indépendante qu’il n’aurait pas trouvé plus simple et reposant qu’elle soit du genre demoiselle en détresse.

« Tu vois le paradoxe ? Il a choisi une femme forte et indépendante, une Héraut. Mais il garde ses réflexes et ses habitudes de bon fils de noble qui cherche à protéger sa faible demoiselle. Je n’ai jamais dit que c’était logique. Il t’aime effectivement parce que tu es courageuse et tête brûlée, mais au fond de lui, ça le rassurerait que tu te comportes plus comme une brave petite demoiselle. Ce n’est pas si facile de se débarrasser de son éducation. Surtout pour lui qui s’est coulé sans difficulté dans le moule. »

Ah ! C’était tellement plus reposant de s’en remettre à une tierce personne plutôt que de régler le problème à deux ! Beltran réaliserait bien la nature de sa compagne le jour où elle serait envoyée en probation. Mais dans l’intervalle, il continuerait à se la représenter comme sa “faiblesse”.

« Ça c’est certain. Et il est bien trop honorable pour tenter d’influencer les décisions. »

De l’opinion de Wylan, le regard des pairs de la cour et les ragots étaient infiniment plus dangereux qu’une volée de flèches. La flèche tuait proprement, au moins.

« Tu crois que la cour est moins dangereuse que les routes ? Tu es encore bien naïve... »

Il comprenait son désir de voyager et de découvrir le pays. Mais bien des Hérauts l’avaient exprimé avant elle, et bien des Hérauts avaient été plus que soulagés de rentrer à Haven après leur probation. La vie sur les chemins n’était pas pour tout le monde.

« Oh, tu en verras. Mais je doute que tu deviennes un Héraut qui parcourt les circuits. »

Irmingarde passa au rouge quand il lui expliqua clairement leur différence de point de vue. Elle lui avait parlé de sentiments, Wylan lui avait répondu franchement. Elle réalisait maintenant sa méprise.

« Ce n’est pas nécessaire de les dissocier, tu sais. C’est même plutôt rassurant de rencontrer une élève de ton âge pas encore totalement débauchée. » Il rit

Il l’écouta exposer ses réflexions sur les problèmes sentimentaux des Hérauts.

« Intéressant point de vue... on voit que tu y as longuement réfléchi. »

Lui-même n’était pas totalement d’accord. Le problème ne se situait pas tant au niveau des soucis, car les Hérauts étaient loin d’être les seuls à en avoir. Le problème, c’était la brièveté et surtout la fragilité de leur existence. S’investir émotionnellement, c’était prêter le flanc à des souffrances qu’on aurait pu s’épargner.

Irmingarde semblait décidée à le soumettre lui aussi à la question. Pensait-elle qu’il éprouvait la même gêne qu’elle sur ces questions ? Elle allait être déçue.

« Oh, j’ai été adolescent, comme tout le monde. » Il haussa les épaules. « Mais il est certain que je n’ai jamais été “amoureux” comme tu l’entends. »

: Surtout, ça c’est très vite éteint. :
: C’est bien ce que je dis. C’était un béguin d’ado. Ça s’est transformé en complicité d’adulte... Et maintenant... :
: Elle est bien plus heureuse maintenant. Tu sais comme elle avait souffert ces dernières saisons. :
: Je sais. :


« Tu sais, tomber amoureux et connaître l’amour, c’est moins fréquent qu’on le pense. Les nobles ne se marient quasiment jamais par amour. Les marchands et les commerçants non plus, ils assurent les intérêts de leur entreprise. Même un paysan voudra voir sa fille mariée avec un bon parti. Finalement, il n’y a que parmi les plus pauvres qu’il est possible de connaître l’amour sans trop risquer de souffrir. Et chez les Bardes, les Guérisseurs et les Hérauts. Mais ceux-ci ont souvent d’autres préoccupations que l’amour. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Irmingarde

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #18 le: 05 septembre 2014, 00:17:04 »
Quand Wylan lui parla de sa vision d'un père, Mina fit une grimace moitié amusée moitié septique:

"J'ai vécu seize ans avec mon père, et crois-moi, qu'il soit si physiquement proche n'a pas développé son instinct paternel et il n'a jamais tenu ce rôle là dans ma vie. Je sais bien que la vie dans les Marches est plus rude et créée ce genre de distance, mais je pense qu'on retrouve ce défaut chez des tas de père de famille dans tout le pays. Enfin, c'est tout à ton honneur."

Elle préféra laissa tomber le sujet qui remuait de l'amertume chez Wylan, et de la tristesse chez elle de l'entendre. Bien sur celui qui suivit ne fut pas plus agréable. Cependant, elle concéda:

"Après tout, je peux comprendre. Ils n'ont pas grand chose à faire de leur journée, il faut bien qu'ils s'occupent, même si je préférerai qu'ils ne le fassent pas à mes dépends... Ce sont plus eux que ma position auprès de Beltran qui m'octroient cette importance dont je me passerai bien..."


Pour le reste, il partageait l'avis d'Ezarell sur l'illogisme de la surprotection de Beltran.

"Puisque mon Compagnon et toi êtes d'accord, je ne vais pas le nier.  De toute façon, nous n'en sommes pas encore là."

Elle n'avait pas envie de trop être d'accord avec eux, de douter de Beltran, même si celui-ci ne se rendait probablement pas compte de ce qu'il faisait.

En ce qui concernait les dangers de la Cour, ce qu'en dit Wylan fit soupirer Irmingarde:

"Je sais, je commence à me rendre compte. D'à quel point la Cour peut être nocive, pas de ma naïveté, ça, je crains que ce soit incurable."

Elle regrettait d'imaginer ne pouvoir parcourir le pays pour y appliquer la justice, découvrir toutes les régions qui composaient Valdemar, dont on lui parlait et qu'elle n'avait jamais vues, autre que la traversée qu'elle avait fait vers Sironis.

"Je ferai ce qu'on me demandera de faire. Nous verrons bien."

La conversation dériva sur le sexe et les sentiments. La remarque de Wylan lui arracha un léger rire:

"Suis-je donc une exception à ce point? C'est inquiétant..."

Elle ne jugeait pas ses camarades et frères de cercle. Chacun faisait bien ce qu'il voulait, et à présent qu'elle savait exactement de quoi il en retournait, elle comprenait qu'on aime multiplier les conquêtes et les aventures, même si elle ne le ferait jamais.
Son opinion sur l'amour et les Hérauts sembla l’intéresser, mais elle vit clairement qu'il ne la partageait pas. Il ne s'en ouvrit pas à elle, aussi, elle n'insista pas.
Il ne fit en revanche pas d'histoire pour évoquer son passé sentimental. Elle ne pouvait pas tellement réagir à ce qu'il lui confia.
Il n'avait jamais été amoureux, s'étant construit une armure encore plus épaisse que la sienne autour de son coeur.

"C'est un bien triste tableau que tu brosses. Je dois donc m'estimer très chanceuse n'est-ce pas?"


Elle finit sa tourte d'une bouchée - tiède c'était tout de même moins bon. Elle songea aux nobles dont il parlait, aux mariages d’intérêt. Elle repensa à ce que lui avait dit Isabeau, ce qu'elles avaient déduit de la jeunesse de sa mère, d'auprès de qui elles pourraient obtenir plus d'information. Elle demanda alors:

"Dis-moi, est-ce que tu connais les Sadare?"
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Wylan

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #19 le: 07 septembre 2014, 09:13:53 »
Irmingarde avait l’air très sceptique, mais elle ne remettait pas en cause les intentions de Wylan. Elle semblait simplement penser que comme c’était habituel pour un homme d’être distant avec ses enfants, cela rendait excusable de l’être. Wylan avait été éduqué par un père présent et une mère très occupée. Puîné d’une fratrie de cinq enfants, il avait toujours été entouré de ses parents, même s’il devait prendre soin de ses trois sœurs pendant que ses parents et que son grand frère étaient occupés par le domaine. Il avait donc grandi dans l’idée que les enfants sont élevés par leurs deux parents. Même une fois confronté à la réalité, il avait continué de penser que son modèle familiale était le meilleur, à défaut d’être le plus courant.

« Je ne parle pas d’instinct paternel, mais de devoir et d’honneur. » Il haussa les épaules. « Je ne pense pas être le genre de personne à pouvoir développer un instinct quelconque pour un mioche, mais par contre, je sais quels sont mes devoirs et mes droits. Un enfant s’épanouit mieux s’il a ses... » Il s’interrompit. la jeune fille avait été élevé par son père, sans connaître sa mère. «... s’il est bien entouré. »

Ils laissèrent là ce sujet épineux et les nobles firent les frais de leur conversation.

« Disons que ta position est enviable et qu’elle suscite des convoitises. Après, tu n’es pas la seule personne sur laquelle ils partagent des ragots. Il suffit de sortir un peu du rang, de faire quelque chose de particulier, pour se retrouver au centre de l’attention. »

Wylan était assez fier de son réseau d’espions et d’oreilles. Mais il devait avouer que les nobles se débrouillaient très bien, malgré leur amateurisme total, pour être au courant de tout. Évidemment, les nobles ne s’intéressaient pas du tout aux mêmes choses que Wylan. Le Héraut cherchait à sonder le peuple, à découvrir des complots et à saisir l’air du temps. Les nobles ne s’intéressaient qu’aux petits scandales.

Le Héraut fut ravi d’entendre qu’Ezarell partageait son opinion sur le comportement de Beltran. Kyra avait donc raison, le Compagnon devait probablement sélectionner ce qui méritait vraiment d’être expliqué et ce qui pouvait attendre.

: Évidemment que j’ai raison! Tu te rends pas compte, mais certains Élus ont besoin qu’on leur explique tout, tant ils ont grandi totalement coupé des réalités. Toi, tu étais plutôt bien dégrossi, petit noble campagnard et débrouillard. :

Quant à la cour, Wylan la jugeait plutôt amusante que nocive, aussi amusante qu’une démonstration de lancer de couteaux.

« Nocive, je n’irai pas jusque là. Mais dangereuse, certainement.  Quant à ta naïveté, je suis certain qu’elle est beaucoup moins grande maintenant qu’à ton arrivée. Tout n’est donc pas perdu. »

Irmingarde ne semblait pas très au fait de la sexualité de ses petits camarades. Wylan avait toujours cru - mais peut-être avait-il pris une exception pour la règle - que les femmes adoraient se raconter leurs histoires d’amour ou de fesses. C’était en tout cas ce qu’Aranel lui avait dit, à l’époque. Les hommes étaient plus réservés. Évidemment, certains adoraient se vanter du nombre de leurs conquêtes (sans doute largement gonflé), mais on en parlait sans détail et surtout sans émotion. D’après ce que Wylan savait, à son époque en tout cas, les Gris avaient une sexualité assez active.

« Vu ton âge, oui, plutôt. Je ne dis pas que ce sont tous des débauchés. Mais après les premiers béguins, je crois qu’ils profitent de leur liberté. Une fois en probation, puis ensuite en mission, ils n’auront plus guère l’occasion de s’amuser et vivre légèrement. »

Wylan n’avait jamais éprouvé d’attirance pour l’amour. Il s’en était toujours bien passé, et savait que nombre de gens faisaient pareil. Certains soupiraient en secret au grand amour, mais la plupart se satisfaisait de la tendresse et de la complicité qui peut naître d’un mariage arrangé, ou même d’une brève rencontre nocturne. Il ne voyait donc pas très bien en quoi ce qu’il avait raconté était triste.

« Trise? Réaliste plutôt. Quant à savoir si tu es chanceuse, le temps le dira. »

Wylan se resservit un verre de liqueur et but une gorgée en écoutant la question de la jeune fille. Il réfléchit quelques instants avant de répondre.

« Petite noblesse du nord, Waymeet, je crois. Ils passent tout l’hiver à Haven, mais à cette saison, ils doivent être dans leur domaine. Pourquoi? »
« Modifié: 30 juillet 2016, 11:08:06 par Héraut Wylan »

Héraut Irmingarde

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #20 le: 16 septembre 2014, 23:21:01 »
Irmingarde sourit quand Wylan lui exposa ce qui, pour lui, était le meilleur entourage qu'un enfant pouvait avoir. Beltran lui avait aussi parlé de son enfance et de son éducation avec la même satisfaction.

"Tu défens la vie que tu as eu, tu as raison. Le devoir et l'honneur hein? Tu es définitivement le cousin de Beltran!"

Espérons qu'il prendrai ça comme un compliment!

Quand il lui expliqua que sa position était enviable, son sourire s’accrut légèrement mais elle ne rajouta rien. Elle avait bien conscience d'avoir de la chance. Elle détestait être enviée, détestait que sa relation s'accompagne de tout ce battage mondain, mais oui, elle avait de la chance.

"Tout n'est pas perdu oui, on fera peut-être quelque chose de moi un jour!"
réagit-elle quand il évoqua sa naïveté.

:Ah ça, tu en as perdu une bonne partie oui!: plaisanta Ezarell d'un ton grivois.
:Oh, je t'en prie...: répondit Mina

"Ezarell dit que je suis vieille avant l'heure, je suppose qu'elle a raison."


Pour ce qui était du béguin, elle ne releva pas. Beltran, ce n'était pas un simple beguin, enfin elle ne pensait pas. Elle ne savait pas trop. Ce n'était pas juste pour passer du bon temps. Combien de temps cela durerait, elle l'ignorait, un jour viendrai peut-être, s'ils aucun d'eux ne mourraient avant, où l'un des deux n'aimerait plus l'autre. Et dans ce cas, ça ne servirait à rien d'essayer de vivre dans le mensonge. Mais ce n'était pas vraiment d’actualité. Et puis... Etre un Héraut vous donnait l'assurance que quoiqu'il arrive, quelqu'un vous aimerait toujours, tous les jours, les heures, les minutes, les secondes... Inconditionnellement.

C'était un peu fatiguant, nerveusement parlant, de discuter avec Wylan. Il avait le don de remettre toutes ses réponses en question.

Sa question sur les Sadare lui apporta une réponse satisfaisante, mais aussi la curiosité de son interlocuteur, bien sûr. En demandant une telle chose, il n'allait pas lui répondre dans essayer de savoir pourquoi, surtout lui.
Mais Mina n'avait parlé à personne des Sadare, pas même Beltran. Elle voulait attendre d'être sûre de ce qu'Isabeau et elle pensaient avant.

"Je crois qu'ils sont... ma famille..."

Elle grimaça. Cela la rendait toujours autant folle de rage d'imaginer sa mère en train de mourir, et elle, écartée, envoyée à l'autre bout du pays dans une région de dégénérés. Pour ne pas ternir la belle réputation familiale...
Irmingarde faisait confiance à Wylan - bien sur, c'était un Héraut! - pour ne pas répéter ses confidences. Elle ne savait pas bien pourquoi au juste elle lui en parlait. Avec un peu d'investigation, elle trouverait les réponses qui lui manquaient pour confirmer, ou non, si elle était une Sadare.
Elle en conclut donc qu'elle devait avoir besoin d'en parler. A quelqu'un d'autre qu'Isabeau, mais pas avec Beltran, qu'elle ne voulait pas ennuyer avec ses histoires fumeuses d'arbres généalogiques tronqué.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Héraut Wylan

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #21 le: 20 septembre 2014, 14:08:58 »
Touché ! Irmingarde avait mis le doigt sur la plus grande honte (enfin...) de Wylan. Malgré toutes les tentatives de la famille Greenfield pour se distancer de sa maison-mère, ils étaient tous atteints de ces foutus traits de caractère typiques : ils étaient tous honorables et avaient une conscience aiguë du devoir. Tout au long de sa vie, Wylan avait pourtant fait son possible pour le cacher. Mais parfois, quand il n’y prenait pas garde, il se mettait à parler comme son cousin. Et alors il n’était plus possible de douter que Kyra avait bien choisi.

« Merde... » Il rit, presque honteux. « Tu m’as eu là. »

: Ta conception de l’honneur reste quand même très différente de celle de la plupart. Mentir et tricher ne te pose pas de problème, si c’est pour le bien commun. Alors que j’en connais, et toi aussi, qui pensent qu’un Héraut se doit de porter son honnêteté en bandoulière, histoire de se faire pigeonner à chaque fois que c’est possible. :
: Merci, ma chérie. Tu sais comment soigner mon orgueil meurtri. :
: Je t’en prie, très cher. :

Elle ne commenta pas plus sa situation à la cour, et ils laissèrent là ce sujet. Mais elle semblait penser que sa naïveté était une tare dont elle se devait de se débarrasser au plus vite. Wylan ne pouvait qu’approuver, bien qu’il ne dit rien.

La jeune fille évoqua un autre de ses défauts, pointé cette fois par son Compagnon, son sérieux si peu habituel chez une jeune fille de cet âge.

« Vieille avant l’heure ? Je ne sais pas. Trop sérieuse sans doute. Mais c’est souvent le cas des jeunes qui ont eu une enfance... compliquée. Enfin, soit ils deviennent excessivement sérieux, soit ils se mettent tout d’un coup à faire des conneries. »

: Je ne te savais pas expert en ados... :
: J’écoute quand mes conquêtes parlent, tu sais. Quand Lynn ou Mira me racontent les problèmes des jeunes, je note soigneusement leurs remarques. Après tout, je suis oncle, et les plus grands sont pile dans la tranche d’âge en question... :
: Tu parles! C’est pour pouvoir ensuite frimer devant d’autres conquêtes ! :
: Aussi, c’est vrai. :


Visiblement, parler d’amour, de béguins et autres mettait Irmingarde plus mal à l’aise que lui, et elle n’épilogua pas sur la question. Elle préféra aborder un sujet plus sérieux.

La question d’Irmingarde sur les Sadare n’avait rien d’innocent, car elle lui avouait maintenant suspecter qu’ils étaient sa famille.

« Ta famille ? Du côté de ta mère donc. » Il haussa un sourcil. « Et... comment as-tu découvert cela ? » Il la fixa intensément. « J’imagine que tu m’en parles pour que je vérifie... Je vais voir ce que je peux faire. Malheureusement, je repars après-demain, donc ce ne sera probablement pas moi qui t’apporterai des nouvelles. »

Pour Wylan, si la jeune fille lui avait parlé de cela, c’était qu’elle attendait quelque chose de lui. Cela ne le dérangeait pas outre mesure, il avait l’habitude d’être sollicité pour des affaires privées. Après tout, recueillir des informations, c’était sa spécialité !
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #22 le: 28 septembre 2014, 16:54:37 »
La franche réaction de Wylan à sa remarque sur sa ressemblance avec Beltran fit éclater Mina de rire. Ce n'était pas rien de réussir de prendre le Héraut Wylan au mot! Elle le rassura:

"Ne t’inquiète pas, tu es tout de même sacrément différent de lui, vous n'avez pas pris des chemins différents pour rien."


En fait, Wylan et Beltran était comme deux faces de la même personne. Le côté sérieux, et celui plus... exubérant. Deux personnalités qui se rejoignaient dans leur conception des responsabilité et de l'honneur. Encore que, dans le cas de ce dernier point, Irmingarde soupçonnait qu'ils avaient chacun leur façon de voir les choses, adaptée à leur mission respective. Même si à coup sûr Wylan était certainement le plus souple quant à son application quotidienne!

"N'ai-je que ces choix-là? Devenir insupportable de sérieux ou de bêtise? C'est encourageant, merci... J'espère bien avoir le temps de trouver le juste milieu!"

:Je te préviendrai quand tu risqueras de devenir l'un ou l'autre!: lui proposa Ezarell.
:Je te remercie!" répondit sa liée.

La suite de la conversation ne fut pas aussi amusante, mais Mina ne devait s'en prendre qu'à elle-même. C'est elle, après tout, qui avait lancé le sujet.

"Isabeau de Girier. Elle s'y entend plutôt bien pour fouiller dans les archives, et si elle ne trouve rien, pour enquêter du côté de ceux qui savent tout, dans son cas, une de ses tantes, je sais plus laquelle. Et il se trouve que les Sadare sont une branche cadette des de Girier, du coup, si ça s'avère être vrai, j'ai une très grande famille..."

Elle réfléchit quelques seconde tout en faisant craquer ses doigts.

"Je fais confiance à Isabeau pour la véracité de ce qu'elle avance. Une des filles des Sadare a disparu de la circulation au moment où ma supposée mère était enceinte de moi, et elle est morte d'une infection inconnue dans son manoir de campagne.  Ma mère était de petite noblesse, et sur ce sujet, mon... père ne m'a jamais menti. Je crois que ça lui plaisait de me faire souffrir en me faisant imaginer ce qu'aurait du être ma vie. Et à l'époque de ma naissance, Kylbeth Sadare est la seule qui rassemble tous les ingrédients parfait d'une grossesse cachée qui se finit mal."


Mina se surprenait de parler avec autant de facilité de ce pan incertain de son histoire.

"Mais rien n'est sûr encore, pas tant qu'on ne peut pas poser les bonnes questions, et directement aux concernés..."

Le ton de la voix de la jeune apprentie laissait transparaître clairement sa colère à l'encontre de "sa famille" naturelle.

"Et les évènement récents font qu'il m'est impossible de me rendre dans cette région du pays pour enquêter moi-même. Mais toi tu voyages beaucoup, peut-être, si tu rencontres quelqu'un dans ce coin, tu pourrais en apprendre plus? Ou alors par ta famille, vu que vous êtes dans le Nord? Je ne peux pas demander ça à Beltran car il... prendrait ça trop au sérieux, il se ferait du soucis pour moi, je n'en ai pas besoin. Il n'en a pas besoin."


Consciente de ce que sa tirade pouvait dire, elle se reprit:

"Pas que ça ne m'ennuie pas de te demander ça à toi, mais tu... tu ne prendras pas ma demande comme il le ferait, on ne partage pas vraiment les mêmes choses toi et moi..."


Encore heureux!

"Enfin juste... si tu en as l'occasion et que ça ne te demande pas de changer tes projets ou t’occasionne des ennuis, je te serai reconnaissante que tu me dises ce que tu pourrais en apprendre. Je te rendrai un service équivalent bien sûr!"


Un service équivalent... Comme si Wylan pouvait avoir besoin d'un service de cette importance!
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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #23 le: 18 octobre 2014, 11:06:21 »
Wylan espérait bien qu'il était différent de son cousin. Les Greenhaven étaient sujets de railleries parmi toutes les branches cadettes de la famille, à raison. Leur sévérité, leur honneur, leur attitude martiale, tout prêtait à rire parmi les autres familles bien plus modestes et campagnardes.

« Je ne sais pas si on a pris des chemins différents... Comme tu le sais très bien, on ne choisit pas d'être Héraut. Mais c'est certain que jamais je ne serais rentré dans l'armée. C'est bien trop rigide pour moi. »

: Ils n'auraient pas voulu de toi de toute manière.:
: Bien probable. Pourtant, je suis un combattant plutôt habile.:
: Oui, mais tu es incapable de te battre en rang. Toi tu sautes partout et tu frappes dans le dos.:


Wylan fréquentait déjà trop l'armée à son goût. Son rôle "officiel" d'agent de liaison entre les Hérauts et l'armée l'obligeait à passer pas mal de temps en compagnie des officiers de Beltran.

Irmingarde ne semblait guère ravie par les options qu'on lui proposait. Wylan, amusé par sa réponse, la rassura:

« Non, tu peux aussi devenir à moitié folle. C'est, après tout, ce qui arrive à la majorité des Hérauts. »

Comment qualifier autrement ce besoin constant de mettre sa vie en danger, d'être indispensable ou de sauver tout le monde? Wylan soupçonnait que les responsables étaient en fait les Compagnons qui farcissaient de bêtises le crâne de leurs Élus.

Irmingarde semblait avoir besoin de parler de ses origines visiblement compliquées, et des recherches qu'elle avait effectuées pour en apprendre plus. Wylan comprenait l'envie de la jeune fille d'appartenir à une famille, de faire partie d'un grand clan. Lui-même appartenait à la plus grande famille du nord de Valdemar, et il devait avouer — sous la torture et à l'abri des oreilles indiscrètes — qu'il aimait plutôt cela.

Mais Wylan entrevoyait aussi les problèmes et les conséquences de ces révélations. Irmingarde réalisait-elle vraiment dans quoi elle mettait les pieds? Sans doute pas.

« Je comprends. Beltran risque de trop s'impliquer. En plus, si la famille Greenhaven s'en mêle, ça va devenir très compliqué. Mais es-tu vraiment certaine de vouloir les poser, ces questions?... »

Mais la jeune fille reprenait déjà. Wylan attendit donc patiemment qu'elle le laisse parler pour lui expliquer sa pensée.

« Je n'ai pas pour projet de me rendre dans le nord prochainement. Mais cela ne m'empêche pas de me renseigner de mon côté. Ceci dit... »
Il s'interrompit un bref instant pour sonder le visage d'Irmingarde. « Si je me mets en quête d'informations sur le sujet, sois certaine que j'obtiendrai des réponses. Cependant, déterrer un tel secret risque de faire du bruit. Si tu prends contact avec eux, attends-toi à provoquer pas mal de remue-ménage. Et Beltran sera vite au courant. Dans la noblesse, tout se sait très très vite. Alors pèse bien ta décision. » Il haussa les épaules. « Évidemment, tu peux aussi te contenter de la vérité et ne pas te mêler de leur vie. Mais, d'après ce que j'ai cru comprendre, tu aimerais bien faire partie de cette famille. » Il sourit. « D'un autre côté, cela rendra ta position auprès de Beltran plus confortable. Tu passerais du rang de petite Hold mal dégrossie à celle de bâtarde. En un certain sens, c'est une élévation sociale. » Il s'étira négligemment. « Tu as pas mal de choses à prendre en considération. Voilà ce que je te propose. Je vais faire ces recherches. Dans l'intervalle, réfléchis bien à ce que tu veux. Quand nous nous reverrons pour que je te communique ce que je sais, tu me diras si tu veux entendre ce que j'ai à dire, si tu veux tout entendre, ou juste la confirmation de vos recherches, à toi et à ton amie, et si tu désires que je te fasse introduire auprès d'eux. »

: Je te trouve bien gentil...:
: Tu sais à quel point la vérité peut faire mal...:


Il finit son verre avant de se lever.

« Bon, il est temps que j'aille me coucher. Demain, j'ai pas mal de choses à faire, car je repars après-demain. Toi aussi, tu devrais aller te coucher. »
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

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Re: [Wylan/Irmingarde] Soirée studieuse
« Réponse #24 le: 18 octobre 2014, 20:38:41 »
Imaginer Wylan devoir se conformer à la vie stricte et réglée des officiers était en effet assez drôle. Beltran aurait détesté avoir un tel soldat sous ses ordres!

"A moitié folle, ça me convient pour le moment, c'est un compromis acceptable."

Surtout que cela risquait d'arriver à force de manquer mettre le feu partout.

Mais cela pouvait aussi arriver avant, puisque de toute évidence, encore une fois, Mina s'embarquait dans une histoire aux ennuis et rebondissements sans fin, si elle en croyait Wylan.
Il semblait très sûr de lui en assurant qu'il trouverait des réponses. Une telle impudence de sa part ne l'étonnait pas outre mesure, mais tout de même, ne doutait-il jamais de lui?

:Wylan? Il ne le montre jamais en tout cas, mais sois sûre que sous cette carapace se cache un être humain pétri de complexe, comme les autres!: réagit Ezarell. :Il a juste trouvé un bon moyen de vivre sa vie sans que ça l'arrête, tu devrais en prendre de la graine d'ailleurs!:
:Bien sûr, bien sûr..."

Forcément, Wylan avait raison. Tout se saurait, à un moment ou à un autre. Mais elle en avait parfaitement conscience, et elle le cherchait aussi. Si les Sadare était réellement sa famille, si ils étaient tels qu'elle se l'imaginait, alors, que ça se sache lui ferait plaisir. Un plaisir un peu malsain. Mais visiblement ce n'était pas ainsi que Wylan l'entendait. Elle l'éclaira:

"Ce n'est pas que j'ai envie de faire partie de leur famille, non, c'est plutôt le contraire. Si tu découvres qu'ils sont bien les parents et frère de ma mère, alors oui, je veux les voir. Je veux que ça se sache, je veux leur mettre le nez dans leur... dans leur merde oui, pardon mais je le pense."

Oui, Mina se trouvait extrêmement vulgaire de dire une telle chose, ce qui donnait une idée de son ressentiment pour qu'elle se laisse aller à cette extrémité.

"Ma mère est morte en me donnant la vie. Si ces gens sont sa famille, ils l'ont mis de côté, laisser seule, et ne lui ont pas donné l’entourage médical nécessaire pour qu'elle survive. Puis ils m'ont envoyé dans les Holds, dans une famille où je n'ai jamais trouvé ma place, où j'ai été malheureuse. Je veux que le monde sache à quel point ce sont des ordures... Je veux entendre leur explications, et leur dire ce que j'en pense. Je me fiche du reste, encore plus d'y gagner en légitimité auprès de Beltran et aux yeux de Valdemar."

Irmingarde ne se rendait pas compte quel jeu dangereux elle envisageait de jouer. Les petites lâchetés, les meurtres, les abandons chez les nobles étaient choses courantes, et ils n'aimaient pas du tout qu'on le hurle sur la place publique.

"Je veux la vérité, pour pouvoir avancer ensuite. Je ne veux pas la vengeance, juste la justice."

La nuance était importante pour elle, autant que pour Ezarell qui voyait les choses d'un oeil assez inquiet. Un Héraut appliquait la justice, mais ne se la faisait pas lui-même. C'était contraire à la raison d'être d'un Héraut.

"Je te remercie Wylan. Vraiment. Bon courage pour la suite, je suppose que tu ne pars pas en vacance."


Elle récupéra son livre et fouilla dans ses poches pour payer le repas et les boissons.

"On se voit à ton retour, quand tu auras le temps."

[RP CLOS]
« Modifié: 29 juin 2016, 17:08:13 par Thalyana »