Auteur Sujet: [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent  (Lu 4820 fois)

Fleur de Trevale

[Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« le: 22 mars 2020, 21:18:10 »
Trevale - 1er jour de la 2eme décade de printemps 1485

La vie était douce pour Fleur, installée, avec Owen, pour quelques décades encore, à Trevale.
De fait, ses beaux-parents ne les avaient pas laissés repartir pour Haven, alors qu'ils avaient fait le voyage pour leur annoncer la grossesse de Fleur
Dame De Trevale avait pleuré de joie quand elle avait appris la nouvelle.
Oui, en cherchant du sang frais dans l'union de son seul fils, le but était de lui permettre d'engendrer, mais elle n'y avait jamais sérieusement cru, et quelques années s'étant écoulées sans aucun signe de ce côté, elle avait abandonné tout espoir de devenir grand-mère.
Elle avait bien trois filles, mais elles étaient si laides qu'il avait été difficile d'en caser une seule, et qui bien sûr, se révélait stérile. 

Alors quand on lui avait annoncé la visite surprise de son fils héritier et sa sa femme, et qu'Owen lui avait annoncé la grande nouvelle, elle avait obligé les deux jeunes gens à rester ici, ou tous leurs caprices seraient assouvis. Et même si à Haven, chez eux, Owen et Fleur ne posaient aucune limite à leurs envies, c'était aussi bien de n'avoir même pas de demeure à gérer et de se laisser dorloter.
Owen remplissait plus que vaguement son rôle de Conseiller, à distance, mais cela avait deux avantages. Il bénéficiait ici des conseils de son père et du gestionnaire de Trevale, mais il était également éloigné des mauvaises fréquentations du Grand Conseil. Quant à Fleur, elle se laissait aller à la langueur qui s'était emparée d'elle depuis le début de sa grossesse, mais aussi aux bon soins de sa belle-mère. Sa propre mère était décédée alors qu'elle était très jeune, elle appréciait d'être choyée de cette façon.

Fleur écrivait beaucoup, pour occuper ses journées. A sa soeur jumelle, déjà trois fois mère, et qui avaient de nombreux conseils à partager. Mais aussi avec son père, son ancienne nourrice, ses amies de Haven, et même Pluiechantante, à qui elle avait tenu à annoncer la nouvelle. Il y avait une seule personne à qui elle n'écrivait pas, bien qu'il occupât ses pensées, et c'était un travail constant de ne pas se laisser trop sombrer dans la mélancolie en pensant à lui.

De toute façon, écrire, il n'y avait que ça à faire. Une main sur son ventre déjà gravide, Fleur regardait avec désespoir la pluie qui s’abattait sur la région depuis des semaines, les empêchant de repartir pour Haven.
Pourtant, il faudrait bientôt qu'il fasse le voyage. Avec angoisse, Fleur sentit son ventre bouger. La Guérisseuse de la région, venue à la demande de sa belle-mère, avait été formelle. Fleur n'attendait pas un, mais deux enfants.  La surprise avait été totale, jamais Fleur n'avait imaginé que sa propre gémellité puisse se reproduire sur sa propre descendance. Pourtant, c'était le cas, et vu le petit gabarit de la jeune femme, elle serait mieux à proximité du Collegium où elle bénéficierait d'un suivi rapproché, avait conseillé la Guérisseusse.
Owen, en bon hypocondriaque, s'était affolé. Il fallait maintenant attendre la fin des pluies pour espérer prendre la route, en priant pour qu'elle soit praticable. 

En ce milieu d'après-midi, Fleur avait installé son écritoire dans un des petits salons de Trevale, entourée de son mari, qui ne la quittait guère, de sa belle-mère, mais aussi son beau-père, venu boire un café fort avant de retourner s'occuper des problèmes qu'engendrait les pluies torrentielles.
C'est ici que les trouva le Régisseur. C'était un homme très grand et très mince, laid à faire peur, mais d'une efficacité qui forçait le respect.

"Seigneur, j'ai reçu une réponse positive à notre requête. Quelqu'un va arriver, le spécialiste dont nous parlions."
"Ah, voilà enfin une bonne nouvelle." s’exclama Paulin de Trevale, le patriarche.

Sa femme et lui échangèrent un regard angoissé, puis le patriarche avisa son héritier.

"Owen, je dois te dire quelque chose."
"Père?" répondit distraitement l’intéressé, plus concentré sur son jeu de carte que sur la conversation.
"Tu n'es pas sans avoir que les pluies ont commencé à faire déborder les rivières, Terilee par exemple."
"Je sais Père, nous en avons déjà parlé."

Sous l'influence de sa femme, Owen essayait sincèrement de s’intéresser à la gestion du domaine, mais cela lui demandait beaucoup d'effort.

"La situation est devenue trop inquiétante. Nos terres sont inondées, les dégâts deviennent de plus en plus important, sans parler de la route commerciale devenue impraticable, ce qui empêche nos commerces avec Hardorn. J'ai donc fait appel à un spécialiste pour nous aider."

Un sueur froide parcouru Fleur, consciente que quelque chose se tramait, quelque chose de dangereux. Elle essaya de ne rien montrer mais tendit l'oreille.

"C'est toujours le même nom qui m'est revenu quand j'ai demandé conseil."
"Fort bien, faites-le venir alors, pourquoi me demander mon avis?" répondit Owen avec ennui.
"Je dois t'avertir que cela ne va pas te plaire, mais que tu devras faire avec."

Owen lança un regard perplexe à son père. Il n'avait pas l'habitude d'être contrarié, aussi le ton employé l'alerta un peu.

"Le spécialiste en question est un Héraut." révéla le beau-père de Fleur.

Un bruit tonitruant fit sursauter tout le monde. Fleur avait fait tomber son écritoire, et plumes, encre et papiers s’étalaient misérablement au sol.

"Fleur, ma chérie, vous allez bien? Les bébés ?" s’inquiéta Owen.
"Je vais bien, désolée, je crois que je me suis assoupie"
"Non, ne vous penchez pas, je vais ramasser" proposa sa belle-mère.

D'une voix blanche, Fleur demanda:

"Un Héraut?"
"Un Héraut?" renchérit sombrement Owen. "Un Héraut ?!"
"Owen, je sais que tu les as en horreur, mais c'est LE spécialiste dans la maîtrise des cours d'eau. Et son cercle a accepté de l'envoyer ici pour aider toute la région. "
"Fort bien, si je ne le vois pas, il peut faire ce qu'il lui chante."
"Mon fils, nous sommes le domaine le plus important de la région." précisa Paulin.
"Cela je le sais..."
"Nous ne pouvons pas ne pas l’accueillir ici le temps de sa mission."
"Quoi?!"
"Owen ! Nous lui devons l'hospitalité!"
"L'hospitalité?! Ils n'ont pas des refuges fait pour les gens de son espèce, au lieu de venir nous envahir?"

Fleur avait envie de se cacher sous terre devant la mesquinerie de son mari. Et en même temps, elle le soutenait secrètement.

"Nous ne pouvons pas nous permettre de le faire dormir ailleurs que chez nous. Je suis désolé mon fils, mais tu devras t'y faire, pour le bien du domaine dont tu hériteras un jour. Cela te demandera des sacrifices, comme celui-ci. Et il n'est pas bien grand."
"Qu'en pensez-vous Fleur?" lui demande gentiment Dame de Trevale.

Fleur se sentir acculée. Sa belle-mère, profitant de sa présence ici, l'associait souvent à la gestion de la demeure, pour la former. Elle avait douloureusement conscience des faiblesses de son fils, et avait de l'espoir dans l'esprit de sa bru, qui avait réussit l'exploit de porter un enfant d'Owen. Elle l'encourageait donc souvent à donner son avis sur les questions pratiques concernant le domaine.
Owen regarda sa femme, de la colère dans ses yeux porcins, attendant son soutien.

"Je... Il n'y a personne d'autre de possible?"
tenta-t-elle en sachant pertinemment que non.
"Le Héraut..." son beau-père déchiffra la lettre, "Noam est le meilleur du royaume. La couronne s'inquiète aussi pour la région et l'envoie en personne."

Héraut Noam. Le nom avait été prononcé. Fleur se sentait glacée.

"Et alors?"
coupa Owen. "Il n'est pas obligé de venir ici?"
"Owen", souffla Fleur. "Si ce n'est pas nous qui l’accueillons, Brolin se fera un plaisir de le loger, et le fera savoir. Ce serait désastreux pour la réputation de Trevale. Pour qui passerions-nous, pour qui passeriez-vous, au Grand Conseil, si tout le monde sait que vous avez refusé le gîte au Héraut venu sauver la région?"

Dame Trevale regarde sa bru avec satisfaction. Elle savait que le bon sens de la jeune femme faisait souvent bon effet sur l'entêtement de son mari. Owen grimaça:

"Mais un Héraut..."

"Vous ne serez pas obligé de lui parler plus qu'il ne faut. Je vous rappelle qu'à Haven, ils sont bien plus nombreux. Et l'aile des invités est loin de nos appartements. Jorden" elle désigna le Régisseur, "et votre père saurons gérer cet homme sans que vous deviez trop vous en mêler."
"Je refuse que son stupide canasson magique côtoie nos chevaux!" bouda Owen.
"Mais vous avez les chevaux en horreur !" s'étonna Fleur.
"Et alors? Je n'ai pas non plus envie qu'ils soient contaminés par ce fichu cheval blanc."
"La construction des nouvelles écuries a du être arrêtée à cause du temps, mais elle est assez avancée pour accueillir le Compagnon", révéla Jorden.
"Avec un peu de chance, son Héraut voudra dormir avec" répondit Owen avec humeur.

L'affaire était donc entendue, et Fleur sentit son estomac se serrer.
Se terrer à Trevale avait aussi eu pour but de sa cacher de Noam. Il était peu à Haven et parcourait les routes, mais elle s'était cru à l'abri ici. Et il allait débarquer directement dans la gueule du Kyree. 

"Quand arrive-t-il?" demanda-t-elle.
"En fin d'après-midi" répondit Paulin. "Le temps pour vous de préparer un accueil digne de ce nom au Héraut Noam."
"Père!" s'opposa Owen.
"Il suffit Owen! Il en va de la pérennité de notre domaine. On ne te demande pas de le prendre dans tes bras, mais tu fera contre mauvaise fortune bon coeur! C'est un ordre!"

Le patriarche Trevale faisait rarement montre de son autorité, mais il se faisait sincèrement, et à raison, du soucis pour ses terres. Assez pour réduire au silence son capricieux de fils.

"Venez ma chère", proposa sa belle-mère à Fleur "Allons préparer tout cela"

Elle tendit son bras à sa bru, et Fleur ne put que la suivre. Une fois loin des oreilles indiscrètes, elle plaisanta même:

"Et puis je sais que vous, vous adorez les Hérauts!"

***

Le soir avait finit par tomber, et tout était près pour un repas qui devait commencer dans une demi-marque. On n'attendait plus que Noam. Fleur avait longtemps pensé à se faire porter pâle. Qui lui en ferait le reproche?
Mais Noam saurait parfaitement chez qui il allait, et qui il y croiserait. La présence du jeune couple Trevale était connu dans la région. Sa grossesse en revanche, c'était moins sûr. Elle était arrivée ici aussi fine qu'à son mariage, et depuis était restée plutôt cloîtrée.
Et puis, pourquoi se cacher ?  Ils finiraient pas se rencontrer, et autant que cela se fasse en public, pour éviter la tentation de lui parler.

Elle lissa les plis de sa robe bleue sur son ventre déjà proéminent. Son futur tour de taille l'angoissait quand elle voyait sa silhouette à juste 12 décades de grossesses. Elle aurait du avoir un ventre facilement dissimulable sous des robes à la coupe étudiée pour, là, son décolleté menaçait d'exploser, et aucune robe ne pouvait laisser planer le moindre doute. 
Elle se sentait énorme, fatiguée, et laide. Et angoissée.
« Modifié: 11 avril 2020, 17:10:28 par Fleur de Trevale »

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #1 le: 22 mars 2020, 22:44:06 »

PNJ: Héraut Noam

Dire que Noam avait eu le cœur brisé aurait été exagéré. Il avait su dès le départ que son aventure avec Fleur ne serait jamais plus qu'une douce parenthèse dans sa vie. Il ne s'était fait aucune illusion. La dame avait besoin de pimenter un peu son existence en mettant un héraut à la plastique avantageuse dans son lit. Une fois ses fantasmes réalisés, elle avait simplement cessé de le contacter.

Keldran avait cependant dû programmer une intervention fraternelle quand il avait découvert que le Héraut ne sortait plus de sa chambre. Ce n'était pas tant que Noam déprimait. Mais voir tous ces Hérauts heureux et libidineux était trop difficile. Même Wylan avait trouvé chaussure à son pied. Le Héraut plus couturé qu'un torchon de cuisine. La vie était décidément injuste.

Heureusement, la fin du printemps avait été pluvieux et il n'avait simplement plus eu le temps de se lamenter. Son devoir l'appelait. Il avait parcouru la moitié du pays pour gérer les risques d'inondation, aider aux renforcement des structures et inciter les villages à se préparer pour les crues à venir. Il n'avait guère eu le temps de chômer. Sa peine s'était doucement effacée. Il ne ressentait plus pour Fleur qu'une tendresse teintée de mélancolie. Il était certain de pouvoir la croiser sans ressentir de douleur.

Puis vint sa nouvelle affectation. Un noble avait demandé son assistance pour gérer la Terilee sur ses terres. Évidemment, il avait accepté sans même discuter. Puis il relut le nom du noble qui l'avait fait mander. De Trevale. Comme Fleur qui était retournée dans les terres de la famille de son époux. S'y trouvait-elle encore? Sans doute. De toute manière, il n'avait plus le choix.

***

Il avait évidemment plu tout le trajet vers Trevale. Ce fut donc un Noam absolument trempé qui arriva au domaine. Athor le déposa au plus près de l'entrée du manoir avant de partir de mettre à l'abri. La porte s'ouvrit avant même qu'il ne puisse annoncer sa présence. On avait visiblement guetté son arrivée.

Un serviteur pincé le mena jusqu'à une chambre en lui annonçant qu'on l'attendait pour le repas. Il se changea rapidement, troquant son uniforme détrempé pour un uniforme vaguement humide. Il tenta de remettre de l'ordre dans ses cheveux, mais les mèches mouillées lui tombaient dans les yeux. Il devrait s'en satisfaire. .

Il fut mené promptement à une salle à manger luxueuse où l'attendait l'entier de la famille de Trevale. On le présenta rapidement avant de lui indiquer sa place. Il n'eut besoin que d'un instant pour repérer Fleur. Et à peine plus pour réaliser qu'elle paraissait différente. Quelque chose dans sa posture était différent. Malheureusement, il ne pouvait se permettre le luxe de l'étudier de manière trop ostentatoire. Aussi reporta-t-il son attention sur les autres membres de l'assemblée. On lui avait visiblement gardé une place à côté de la vieille tante un peu sénile. Soit. Il saurait s'en accommoder.

Le repas débuta dans le silence le plus complet. Puis la vieille dame à ses côtés se fendit d'une remarque qui le fit sourire.

«Vous êtes certain qu'il est le spécialiste envoyé par Haven? Il est beaucoup trop joli pour avoir une vraie cervelle, si vous voulez mon avis.»

Autour de la table, on se retint ostensiblement de pouffer.

« Je suis désolé de ne pas être aussi laid que mes compétences le nécessitent, ma dame.»
« Modifié: 24 mars 2020, 19:50:38 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #2 le: 23 mars 2020, 15:30:05 »
Owen boudait.
Dans moins de quinze décades, il deviendrai père, et pourtant, il restait un enfant capricieux.
Un jour, il deviendrai le Seigneur de Trevale, et pourtant, il était incapable de faire la part des choses entre ses envies, et ses devoirs.
Mais il essayait, il fallait le reconnaître. Il fuyait habituellement comme la peste tout ce qui pouvait se rapprocher d'un Héraut. A Haven, ça donnait lieu à des scènes assez ridicules, mais Fleur avait appris à vivre avec. Là, il n'avait pas le choix, et, assis aux cotés de son père, les bras croisés, il refusait tout bonnement de regarder vers les portes d'entrée du salon. Qu'il ne dise pas un mot ne l'empêchait pas d’alourdir l'ambiance.

Fleur l'observait avec peine, et angoisse. Elle savait que Noam était arrivé et ne tarderait pas à franchir le seuil de la pièce.
Quand il apparut, elle essaya de garder une expression neutre, comme n'importe quelle femme bien élevée. Mais ce fut compliqué. Tout son corps s'émut de le revoir. Elle s'était interdit de trop penser à lui et avait réussit à oublier à quel point il était beau. Son regard bleu se posa quelques secondes sur elle sans s'y attarder. Elle se sentit peinée.
C'était totalement illogique, à quoi s'attendait-elle ? A ce qu'il gémisse en la revoyant après toutes ses décades et lui déclare son amour ? Il était plus que jamais essentiel que chacun fasse comme s'ils ne se connaissaient pas. Mais cela n'empêchait pas de faire mal.

On lui avait réservé une place stratégique. A trois place d'elle, entre eux étaient assis sa belle-mère, une de ses belle-soeur et la tante Tilda, qu'on avait sorti de ses appartements pour l'occasion. Celle-ci se fendit d'une remarque qui aurait été déplacée si ce n'était pas elle qui l'avait dit avec malice. Cela eut le mérite de briser le silence inconfortable initié par Owen.

"Héraut Noam, soyez le bienvenue à Trevale" l'accueillit cordialement Paulin De Trevale en écartant les bras pour englober toute sa famille. "Nous vous sommes reconnaissant d'avoir fait le voyage jusqu'ici pour nous aider à maîtriser les éléments."

Avant la naissance d'Owen, les Hérauts avaient toujours été les bienvenues à Trevale. Puis quand l'héritier avait commencé à manifester son hippophobie, les choses s'étaient compliquées, jusqu'à devenir impossible à mesure qu'Owen grandissait et faisait savoir son désaccord.

"Permettez-moi de vous présenter..."

Il commença à énumérer la longue liste de prénom de sa tante, ses fils, leurs femmes, leurs aînés. Puis:

"Ma femme, Rosine, mes trois filles Hyacinthe, Cecily et Ariane, et son époux, Tancrède. Mon fils et héritier, Owen De Trevale, et sa femme, Fleur."

Owen, la bouche pincée, adressa au Héraut un signe de tête si minime qu'il était presque invisible. Fleur, elle, fit un galant signe de tête assorti d'un sourire étudié, bien qu'un peu triste.

"Peut-être les connaissez-vous? Nous sortons peu de nos terres, mais Owen et sa femme résident en général à Haven."

Cecily donna un coup de coude à sa soeur ainée et murmura juste assez haut pour qu'on entende:

"Ho je pense que Fleur et le Héraut se connaissent. N'est-ce pas à son sujet que nous avons entendu des rumeurs  il y a quelques décades?"

Fleur lança un regard furibond à sa stupide belle-soeur - qui ne méritait absolument pas le qualificatif de belle, et Rosine de Trevale reprit sa cadette d'un ton outré:

"Cecily, n'as-tu pas honte ?!"
"Oui, Cécily enfin!" pépia Hyacinthe en battant des cils vers Noam.

Fleur avait la nausée, et ça n'avait rien à voir avec sa grossesse.
« Modifié: 23 mars 2020, 15:42:29 par Fleur de Trevale »

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #3 le: 23 mars 2020, 17:06:06 »

PNJ: Héraut Noam

Noam remercia l'intervention bienvenue de la vieille tante. Grâce à sa remarque et à sa propre réponse, la table entière sembla se détendre. Le maître de maison entreprit de l'accueillir en bonne et dûe forme.

«Je ne fais que mon devoir, messire.»

S'en suivit une longue liste de noms que Noam allait tenter de retenir, sans doute en vain. Puis sieur de Trevale présenta Fleur. Son cœur manqua un battement. Comme pour chaque dame précédemment cité, il s'inclina poliment. Perturbé, il lui fallut toute sa concentration pour entendre ce que le seigneur Paulin rajoutait et les commentaires que cela suscita. Il enchaîna comme si de rien n'était:

«Je n'ai malheureusement jamais eu le plaisir de rencontrer sire Owen. Un simple Héraut de terrain, tel que moi, n'a que rarement l'occasion de rencontrer les membres du Conseil.» Il adressa à Owen un signe de tête poli. «J'ai par contre eu l'insigne honneur de discuter avec votre belle-fille, une fois que nous attentions chacun quelqu'un au même endroit.»

Il aurait été stupide de nier qu'ils s'étaient rencontrés, car les témoins avaient été nombreux, au vu des rumeurs qui avaient circulé par la suite. À la table, une jeune écervelée ne put contenir le "ooooh" admiratif et choqué qui lui vint aux lèvres. Noam se contenta de l'ignorer. Depuis le temps, il avait compris que l'absence de réaction était la meilleure parade face à ce genre de comportements.

Il ne put néanmoins s'empêcha de jeter un coup d'oeil à Fleur. Celle-ci était blanche et semblait sur le point de défaillir. Il eut envie d'aller la réconforter, mais il se contenta de lui adresser un sourire poli.

Heureusement, l'attention générale fut détournée par l'arrivée d'une bonne portant une lourde soupière.

La vieille tante Tilda en profita pour récupérer son attention.

«Avez-vous fait bon voyage? Et votre Compagnon, n'est-il pas trop épuisé?»

«Le voyage a été... humide. Et Athor profite d'une couverture chaude aux écuries, d'après ce que j'entends.» Il lui adressa son sourire le plus charmant.« Dites moi, ma dame, avez-vous toujours vécu dans la région? Si oui, pourriez-vous me parler un peu de la météo habituelle, de la topographie de la région? Je suis certaine qu'à vous seule, avec votre savoir et votre sagesse, vous valez plusieurs rayonnages de la bibliothèque de Haven.»

Noam laissa la vieille dame déverser un flot de paroles ininterrompues sur lui, ce qui lui donna l'occasion d'osberver Fleur à la dérobée. La pauvre semblait secouée. C'était visiblement difficile pour elle de le revoir dans ces circonstances. Lui-même aurait préféré la recroiser ailleurs qu'au beau milieu de sa belle-famille. Il tenta plusieurs fois d'accrocher son regard, espérait pouvoir lui adresser un discret sourire d'encouragement.
« Modifié: 23 mars 2020, 19:53:51 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #4 le: 23 mars 2020, 18:58:42 »
Il ne faisait que son devoir.
Oui, Fleur eut envie de soupirer devant sa réponse franche. Noam était l'essence même du Héraut romantique de balade. Comment en vouloir à ses laiderons de belle-soeur de se rincer l'oeil devant lui ? Si elles savaient...
Et Noam savait se comporter en société, ne se laissant pas piéger aux remarques déplacées de Cecily et tournant une réponse parfaite.  En revanche, son compliment pour Owen eut moins de succès. Le jeune homme se renfrogna et essaya de se donner plus de prestance en s'asseyant plus droit, ce qui n'eut comme effet que de lui couper la respiration à cause de la table qui s'enfonçait dans son ventre proéminent, rendant son visage encore plus rubicond.  Fleur eut envie de cacher le visage dans les mains, consternée.

De Noam, finalement, elle ne connaissait que peu de chose. C'était bien assez pour regretter chaque jour sa tendresse, mais quant à son véritable caractère, en définitive, il restait assez mystérieux. Aussi, elle ignorait s'il flattait son époux par hypocrisie ou bien sincèrement pour lui faire plaisir à elle. Ou un entre-deux, peut-être? Après tout ce qu'il avait osé faire sa femme - qui était plus que consentante - elle imaginait mal le Héraut être tout à fait honnête envers Owen De Trevale.
Fleur avait bien comprit, au fil de leurs échanges, et plus encore de leur étreintes passionnées, combien Noam était en colère contre Owen, en colère de la négliger. Il ne l'avait jamais vraiment dit, mais même du haut de son inexpérience, Fleur l'avait senti, dans toute l'ardeur presque animale qu'il lui avait consacré. Et repenser à ces instants volés lui donna des bouffées de chaleur, qui tranchèrent affreusement sur ses joues si pâles quelques secondes avant.
Rosine, assise à ses côté, posa une main fraîche sur son avant-bras et lui demanda tout bas:

"Fleur, vous sentez-vous souffrante? Voulez-vous aller vous reposer? Personne ne vous en tiendrai rigueur ma chère."
"Non, merci ma dame, je crois juste qu'il faudrait étouffer un peu les flammes de la cheminée"

Owen, toujours attentif aux besoins de sa femme, fit claquer ses doigts boudinés pour ordonner à un domestique d'aller réduire le feu.

Noam quant à lui avait provoqué une véritable logorrhée de la part de Tilda, qui lui parla du temps en illustrant chaque pluie de ces dernières années par une histoire au sujet de son cher époux disparu top tôt. Les yeux dans le vague, rien n'existait en dehors de ses souvenirs.
Fleur sentit le regard de Noam sur elle, et après avoir vérifié que l'attention d'Owen était portée sur la nourriture, comme toujours, et celle de toute la tablée également, elle leva les yeux vers lui. Elle ne put s'empêcher de lui faire un grand sourire, c'était plus fort qu'elle. Fleur n'était pas faite pour la morosité, et même si sa grossesse bouleversait ses humeurs, sa véritable nature ressortait souvent.
Elle brava son époux et s'adressa directement à Owen.

"J'espère que votre Compagnon s'estime bien logé. Nous avons fait de notre mieux. Et pour vous aussi. N'hésitez pas à nous dire si vous avez besoin de plus. Nous sommes soulagés de vous savoir ici."

Sous-entendu "Je suis heureuse de te voir".
Owen lui lança un regard choqué, outré que sa propre femme se soucie du bien-être d'une créature aussi diabolique qu'un Compagnon. Mais Fleur l'ignora et continua:

"Je sais que beaucoup de paysans se retrouvent sans ressources, leurs récoltes ravagées, et parfois leurs maisons. S'il vous plait, faite-moi savoir  ce dont ils auront besoin pour les aider. J'aurai aimé me déplacer en personne, mais depuis Trevale, je peux organiser certaines choses."

Fleur était sincère. En future Dame De Trevale, le bien-être des paysans et métayers lui était important.
Si seulement sa grossesse avait été normale, et pas si visible, elle aurait même tenté de l'accompagner, quitte à mécontenter Owen. Cela lui aurait donné l'occasion d'un tête à tête avec lui. Mais là, personne, pas même elle, n'aurait envisagé d'aller patauger dans la boue.
Elle trompa sa frustration dans la soupe qu'on lui servit et qu'elle dévora, contrairement à ses habitudes et son appétit de moineau. Elle avait tout le temps faim. Tout le temps.

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #5 le: 23 mars 2020, 20:24:46 »

PNJ: Héraut Noam

Parmi les nombreuses anecdotes que lui partageait la tante Tilda, certaines lui parurent réellement pertinentes pour sa mission. Aussi se força-t-il à les enregistrer dans un coin de son cerveau. Ou plus précisément, Athor se chargea de les mémoriser pour lui.

Quand le flot de paroles se tarit, Fleur en profita pour lui demander des nouvelles de son Compagnon.

: Tu es bien installée?:
:Très, même si on m'a bizarrement isolée des autres chevaux.:


«Athor me dit qu'elle a toute la place qu'elle veut et qu'on a même dégagée les stalles autour de la sienne pour être certaine qu'elle se sente à l'aise. C'est vraiment très aimable.» Il sourit avec douceur en prononçant le nom de son Compagnon. «Et pour ma part, je n'ai besoin de rien, tous mes besoins ont d'ores et déjà été comblés. Un bon repas, une agréable compagnie...» Il se tourna brièvement vers la vieille tante qui gloussa de plaisir. «Je suis certain que mon lit sera parfait, non vraiment. Je regrette juste que la météo soit si mauvaise, et les circonstances si peu propices. J'aurais apprécié de parcours le magnifique jardin de cette demeure et d'y humer le parfum d'une Rose...»

Il écouta ensuite Fleur s'inquiéter sincèrement du sort des paysans de la région. Il fut agréablement surpris, il l'avait crue moins impliquée que cela dans les affaires du domaine.

«Mais je suis certaine qu'avec le bon cheval, vous pourriez vous déplacer en personne, dame de Trevale. J'ai souvent remarqué que les paysans apprécient que leur seigneur et sa famille se déplacent jusqu'à eux. Ils se sentent davantage écoutés et soutenus. En plus, en Compagnie d'un Héraut, vous ne risquez pas de faire de mauvaises rencontres sur la route.» Puis soudain, il comprit. «Évidemment, je ne voudrais pas aller contre les ordres de votre Guérisseur. Votre état demande sans doute des précautions particulières. J'avoue ne rien y connaître. Je suis moi-même un célibataire endurci et je n'ai guère eu le temps de m'intéresser à ces sujets-là.»

: Athor... elle est enceinte.:
: De toi?:
: Pardon? Je ne pense pas, il y a peu de chances, non?:
:T'as vu la gueule de son époux? Il y a toutes les chances, au contraire!:
: Je...:


Noam dévisagea un instant Fleur avec des yeux ronds, puis il se reprit, heureusement avant que quiconque ne remarque quoi que ce soit. Il se tourna vers Paulin de Trevale

«Excusez-moi, mon seigneur, mais où conservez-vous les archives du domaine? Je pense qu'après quelques heures de sommeil, je serai suffisamment reposé pour m'atteler à un peu de lecture. Rien ne vaut les petites heures du matin pour se pencher sur des problèmes épineux.»

***

Il ne savait pas combien de temps il avait dormi. Trop peu. Mais il était temps qu'il se mette au travail. Et qui sait, Fleur, ayant compris son sous-entendu, viendrait-elle le trouver?

Il s'habilla rapidement et se rendit dans la salle des archives, attenante à la bibliothèque du manoir. Il alluma directement la lampe à huile avec sa bougie et éteignit celle-ci. Et il se mit à compulser les relevés des années précédentes.
« Modifié: 24 mars 2020, 13:24:40 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #6 le: 23 mars 2020, 21:53:19 »
Fleur gardait de sa rencontre avec Athor des souvenirs émerveillés. Et cela avait fait parti de ces quelques jours volés à sa vie, en délicieuse compagnie.
Elle comprit immédiatement le sous-entendu de Noam et rosit légèrement. En revanche, elle fronça les sourcils quand il commença à parler d'une éventuelle visite du domaine à cheval. Même sans être enceinte, jamais Owen ne lui aurait permit une telle fantaisie. Encore moins en présence du Héraut Noam, car il n'aurait pas eu besoin de sa sœur pour se souvenir que c'était lui qui avait été impliqué dans la rumeur au sujet de sa femme.
Mal à l'aise, Fleur essaya de trouver une position plus confortable, trahissant les difficultés qu'elle avait à mouvoir son corps difforme. Et elle vit que Noam venait de comprendre dans quel état elle se trouvait. Elle vit aussi son trouble, et eu envie de ricaner de sa réponse. Il n'y connaissait rien, lui? Son propre état était la preuve criante du contraire.
Elle voulait s'accrocher à son regard et y trouver quoi? Du réconfort, de la tendresse ? Mais elle préféra baisser les yeux, comme un aveu de culpabilité. En revanche, elle ne rata aucun de ces mots.

L'estomac finalement noué - alors c'était ça qu'il lui fallait pour arrêter de tout engloutir, une peine d'amour ? - Fleur se leva tant bien que mal et s'excusa :

"Je crois que je suis trop fatiguée, il va falloir m'excuser."

Owen se leva pour l'aider mais Fleur l'arrêta d'un geste de la main.

"Restez-ici, Janee va m'accompagner."


Janee, sa femme de chambre principale, la complice de ses crimes, toujours là pour aider sa jeune maîtresse, passe un bras sous le sien pour l'escorter.
Après un sourire fatiguée, elle sorti sous les regards très différents des Trevale présent ce soir. Ceux inquiets de ses beaux-parents et de son époux. Ceux indifférents de ses belle-soeurs ou sa grande-tante. Mais aussi ceux plus calculateurs voire mauvais des cousins d'Owen qui voyaient disparaître l'héritage de Trevale au profit des enfants qu'elle portait.

***

Fleur souffrait d'insomnies chroniques depuis le début de sa grossesse, elle était capable de s'endormir n'importe où, mais la nuit, elle arpentait souvent les couloirs de Trevale, qu'elle connaissait par coeur. A force de la voir, on la laissait tranquille. Et elle ne dérangeait personne, Owen faisant ici chambre à part.

Cette nuit ne faisait pas exception, Fleur, en déshabillé rose clair, avait passé une robe de chambre en satin blanc et dentelle, des mules à semelle souple qui ne claquait que peu sur le sol du manoir, et se promenait, une bougie à la main, dans les couloirs sombres. Il se trouvait, par le plus grand des hasards, que ses pérégrinations l'emmenaient souvent à la bibliothèque, où elle tentait de se fatiguer les yeux en lisant. N'ayant jamais été une grand lectrice, en tout cas de texte sérieux, elle finissait souvent par ouvrir un roman sentimental, de la collection plus que fournie de la tante Tilda. C'était parfois si osé qu'elle se demandait si Paulin avait conscience du genre de lecture qu'on pouvait trouver dans sa demeure.

Elle vit tout de suite la lumière vacillante qui trahissait une présence dans la salle des archives. Noam était déjà là. Et il savait sûrement qu'elle aussi été tout proche, n'étant pas des plus discrètes.
Fleur avait parfois été lâche dans sa vie, mais ce n'était pas vraiment le moment de se laisser aller à ce vilain défaut et d'attendre qu'il vienne la trouver au milieu de couloir. D'autant que si le manoir était tranquille la nuit, il n'était pas impossible de tomber sur un domestique, et elle préférait éviter cette situation. Elle prenait déjà assez de risque.
Elle rentra dans la pièce plutôt vaste qui sentait le renfermé et repéra immédiatement le Héraut, de dos.
A petit pas, elle s'approcha pour se placer à un mètre de lui et chuchota:

"Bonsoir Noam."

Angoissée, elle serra ses bras sous sa poitrine opulente, ne sachant que faire de ses mains. Dans cette position, son ventre ressortait nettement.

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #7 le: 24 mars 2020, 07:32:56 »

PNJ: Héraut Noam

Noam sursauta. Totalement plongé dans sa lecture, il n'avait pas entendu Fleur approcher. Déchiffrer les pattes de mouche du régisseur lui demandait toute sa concentration. Il avait beau avoir l'habitude de l'exercice, cela n'en restait pas moins fastidieux.

« Dieux, Fleur, tu vas me faire avoir une crise cardiaque.»

Dans cette tenue, sa grossesse ne faisait plus aucun doute. Mais cela lui allait bien. Elle avait pris quelques formes et son visage s'était adouci.

 «Drôles de circonstances pour se recroiser, n'est-ce pas?» Il se leva et lui fit signe de s'asseoir sur l'unique chaise de la pièce. «Je m'attendais à te trouver ici, à dire vrai, quand on m'a parlé de mon prochain assignement. Je savais que tu avais quitté la capitale. Je suppose que l'air du pays est plus favorable dans ton état?»

Noam se sentait un peu mal à l'aise. Il ne savait pas si Fleur désirait aborder le sujet et n'avait aucune envie de l'y forcer. Pour se donner meilleur contenance, il commença à ranger les documents qu'il avait étalés sur la table de travail. Il nota l'endroit où il s'était arrêté dans sa lecture et reforma une pile bien nette.

«Je vais avoir beaucoup de travail ici, d'après ce que j'ai pu constater en venant. Mais, si tu le désires, je peux chercher un autre endroit où me loger pour la suite, et prétexter un avantage logistique, ou que sais-je.»

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #8 le: 24 mars 2020, 12:50:01 »
La surprise de Noam la fit rire, ce qu'elle ne pensait pas trop possible.

"Je préférerai éviter, j'aurai des comptes à rendre à Athor après, et je ne crois pas qu'elle serait contente."

Elle lui fit un signe de tête pour le remercier et s'assit. Etre si près de lui sans le toucher, cela lui donnait comme des fourmillements dans les mains.

"L'air de Trevale ? Pas vraiment. Il est assez... empoisonné. Je ne sais pas si tu as remarqué comment les cousins de mon époux me regardent, mais c'est tout sauf bienveillant. Je ne m'attendais pas à ça. Je n'ai pas... l'habitude."

Durant ces années d'études au Collegium des Non-Affiliées, bien sûr, Fleur avait connu des petites guerres d'influences et des animosités entre étudiants. Mais cette hostilité qu'elle sentait dans le regard des fils de Tilda était nouveau, et glaçant. Ce n'était pas qu'elle se sentait pousser un fol instinct maternel, mais enfin, vu ce qu'elle avait organisé pour tomber enceinte, elle n'avait pas vraiment envie qu'on veuille s'en prendre aux enfants qu'elle portait. L'idée même qu'on puisse le faire la laissait par ailleurs démunie. C'était bien trop violent pour une douce créature dans son genre.

"Nous n'étions venu que pour annoncer ma grossesse, et les bons soins de Rosine et la pluie ont empêché notre retour. Mais je ne resterai pas ici pour mes... mes couches. J'ai besoin d'être suivie au Collegium."

C'était tellement étrange d'évoquer ce genre de détail avec lui. Dans quel mesure se doutait-il qu'il était le père des jumeaux ?
Certes, le hasard avait pu rendre Owen fertile, mais Fleur n'y croyait pas une seconde. Noam lui demanderait-il des comptes ? Oserait-il seulement ?

"Non, tu restes ici. Ne doutes pas que tu es le bienvenue. Bien sûr Owen va bouder et te battre froid, mais ignore-le. J'ai du m'opposer à lui pour lui faire comprendre que nous devions t'héberger. Il peut se montrer vraiment pénible parfois, mais il a tout intérêt à faire passer le bien-être de Trevale avant le sien."

Fleur regardait Noam sans retenue. Ils étaient seuls, elle ne craignait rien à l'admirer.

"Et toi, comment vas-tu? Je suis... désolée de ne pas avoir donné de nouvelles, te voir, j'aurai tellement voulu tu sais mais c'est compliqué, et puis ensuite..."

Elle posa une main sur son ventre, et l'autre alla se perdre dans ses cheveux lâché. Seule avec lui, c'est tous les souvenirs ensembles qu'elle avait tenté d'occulter qui lui revenaient et la faisait rougir.
Il lui avait manqué tellement.

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #9 le: 24 mars 2020, 13:36:59 »

PNJ: Héraut Noam

Noam était attristé d'apprendre que Fleur ne se sentait pas bien dans sa belle-famille, mais il n'était nullement surpris. Tout, ici, respirait les petites haines du quotidien et les rancoeurs du passé.

«En effet, les gens n'ont pas l'air d'abord aisés ici. J'imagine que c'est un problème fréquent dans les grandes familles provinciales. Ils vivent repliés sur eux-mêmes et acceptent difficilement la venue d'étrangers.» Il soupira. «C'est malheureux que tu te retrouves coincée ici... Mais je suis certaine que le Guérisseur local est tout à fait capable de suivre ta grossesse, si nécessaire. Ils reçoivent tous la même formation et les Verts déployés en campagne sont souvent plus dégourdis et débrouillards que ceux restés à la capitale. Après tout, ils ne peuvent compter que sur leur propre savoir-faire.» Il n'était pas certain qu'un tel argument puisse convaincre un citadin pure souche, mais au moins avait-il défendu l'honneur des Guérisseurs de campagne. «Et je te remercie alors de m'accueillir en cette demeure. J'aurais parfaitement compris que tu préfères que je m'en aille.»

Noam sentait le regard de Fleur sur lui et il avait une conscience aiguë de ses propres désirs. La tenue de la jeune femme ne laissait presque rien à l'imagination, et encore moins pour lui, qui l'avait déjà vue nue. Il avait une envie folle de la prendre dans ses bras. À la place, il arrangea chaque pile avec un soin maniaque.

«Je vais bien. Je suis très occupé depuis le début des pluies. J'ai à peine le temps de mettre mon linge à sécher entre deux missions. Ce qui n'est pas une mauvaise chose. Je préfère cela à l'ennui. »

:Et surtout, cela évite que tu ne penses trop à elle.:
:Tu es injuste, je trouve. Je suis en paix depuis plusieurs jours déjà.:
:C'est vrai. Et j'avoue que j'aurais préféré que tu ne la recroises pas si vite.:
:C'est la vie.:


Il savait que son regard s'était perdu dans le vague quelques instants. Aussi esquissa-t-il un sourire d'excuse.

«Et... tu ne me dois rien. Nous n'avons pris aucun engagement, tu n'avais donc pas à me donner de nouvelles. Mais je suis heureux de te trouver plus resplendissante encore.»

:Tu ne comptes pas lui demander si...:
:Non.:
:Pourquoi?:
:Quel bien cela me ferait-il? Aucun.:


«Excuse-moi, Fleur. Athor est d'humeur bavarde et commente chacune de mes réponses.»

Cette situation était étrange. Avec Fleur, ils n'avaient finalement que peu parlé. Dès le début, il était clair pour tous les deux qu'il se passerait quelque chose entre eux, et que leur histoire serait avant tout une histoire de sexe. Discuter avec la jeune noble au milieu de la nuit, sans la toucher, sans même lui faire d'avances, était très déstabilisant pour Noam. Mais il avait décidé de se comporter en parfait gentleman. Il n'était pas question de risquer l'honneur de Fleur en batifolant dans la demeure de sa belle-famille.
« Modifié: 24 mars 2020, 16:58:45 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #10 le: 24 mars 2020, 15:03:06 »
Que Fleur et Noam se soient bien trouvés n'était pas surprenant finalement. A bien des égards, le Héraut était aussi naïf que Fleur.

"Oh, ce n'est pas vraiment moi le problème. C'est plutôt... et bien mon état. Faute de descendance, c'est Clay, le fils ainé de Tilda, qui hériterai de Trevale. Il est déçu à la hauteur de ses espoirs je crois. Je n'aimerai pas trop qu'il fourre son nez dans mes affaires..."

Cette situation angoissait Fleur puisqu'elle ne voulait bien l'avouer. Elle n'aimait pas avoir peur. Elle avait hâte de retourner à Haven.

"Oh, je ne remets pas en cause les talents de la Guérisseuse de la région, vraiment, c'est une femme très habile et compétente. Mais... j'attends des jumeaux, alors, elle préfère que je sois près du Collegium. Et Owen aussi."

Fleur grimaça en changeant de position pour s'assoir. Elle avait mal au dos.

"Jamais je ne voudrai que tu t'en ailles Noam. Déjà parce que même si je ne suis pas un modèle de sagesse" elle s'esclaffa doucement", j'essaye de mon montrer plus censée que mon époux."

Elle laissa quelques secondes passer pour réfléchir à la formulation de sa réponse.

"Mais aussi parce que je suis heureuse de te voir, et que tu sois là. Même si je ne devrais pas."

Il était manifeste qu'il était aussi mal à l'aise qu'elle. Fleur ne voulait rien tant que de briser ses stupides barrières entre eux. Surtout quand il la complimenta. Cela lui fit un bien fou de l'entendre lui, lui dire qu'elle était belle. Elle rosit:

"Tu trouves? Merci. J'ai un peu de mal à gérer... tout ça."


Elle désigna son corps.

"Personnellement je ne me trouve absolument pas irrésistible. C'est même tout le contraire."

Elle ponctua sa remarque d'une moue désolée mais rajouta :

"Toi tu n'as pas changé. Même humide."


Oui, il était toujours aussi beau, aussi tentant, aussi séduisant. La grossesse mettait les hormones de Fleur à rude épreuve depuis plusieurs semaines. En désespoir de cause, Fleur avait même pensé rejoindre Owen dans sa chambre. Après tout, il était là pour ça non ?
Alors voir Noam, dans cette pénombre, seuls, c'était beaucoup pour elle. Elle n'avait pas conscience que son souffle s'était emballé alors qu'elle l'observait. Elle se leva pour s'approcher de lui.

"C'est vrai que tu n'es jamais vraiment seul. Et que te raconte Athor? Ou est-ce trop privé? Peux-tu lui passer mon bonjour ?"

Elle se tenait devant lui, une main sur la table, l'autre sur la hanche, un sourire aux lèvres.

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #11 le: 24 mars 2020, 18:00:01 »

PNJ: Héraut Noam

«Des jumeaux? Toutes mes félicitations! Owen doit être ravi.»

Noa se souvenait bien que Fleur avait une jumelle. Il n'était donc pas vraiment surpris par la nouvelle. Il se demandait à quoi ressembleraient les enfants. À leur mère il espérait, car le père n'avait vraiment pas été gâté par la nature.

:Arrête de te dévaloriser comme ça, Noam.:
:... ce n'est pas amusant, Athor.:


«Je suis heureux, si ma présence te réjouit, Fleur. »

Voir Fleur faire tant d'efforts pour briser la glace l'émut profondément. Ils étaient gênés et Noam ne savait comment retrouver leur intimité passé.  Et il n'était pas certain que ce soit une bonne idée. Cette réserve, ce malaise les protégeait. Mais il voulait tellement plus...

«Oui, tu es resplendissante. Ravissante. Sans doute plus belle encore que dans mes souvenirs.»

Il avait le compliment facile, comme toujours. Un trait de famille. Lui et Keldran avaient toujours été réputés pour leurs beaux mots, leurs compliments bien tournés. Même mal à l'aise, même perdu, Noam trouvait sans réfléchir les mots qui sonneraient agréablement aux oreilles de Fleur. À cet instant, il regrettait d'être si habile.

Le commentaire Fleur sur son état lamentable quelques heures plus tôt le fit rire.

«J'espère avoir un peu séché depuis que je suis arrivé ici. Mais, il est vrai que je n'étais sans doute pas très présentable. Quelle idée aussi, d'accueillir un Héraut qui a des lieues de routes dans les pattes par un repas en grandes pompes.»

Il n'aurait pas dû mentionner Athor. Que se passerait-il si elle l'interrogeait sur le contenu de leur discussion? Ce qui ne manqua pas d'arriver. Il chercha un moyen de ne pas trop en dire sans donner l'impression à Fleur qu'il lui cachait des choses. Ce qui faisait effectivement.

«Athor... raconte des bêtises, essentiellement.» Il sourit. «Disons que nous avons un point de désaccord.»

Un craquement se fit entendre dans la maison et il sursauta. La réalité le frappa durement. Ils prenaient tous les deux de sacrés risques. Un geste, une parole risquait de les trahir. Et qu'adviendrait-il alors de Fleur, si sa belle-famille apprenait la vérité? On la répudiera sans doute! La jeune femme se retrouverait alors sans protection, seule et enceinte... ils jouaient à un jeu dangereux...Et Fleur ne semblait pas vouloir s'arrêter.

«Fleur... comment veux-tu que je me montre raisonnable et que je respecte ton honneur, si tu...» Il tendit la main effleurer les cheveux de la jeune femme. «Fleur, c'est tellement dangereux...»

Dangereux, certes, mais tellement enivrant. Comme l'odeur délicate de ses cheveux dorés qu'il percevait. Il avait envie de plonger son visage dans la nuque de la jeune, de l'embrasser doucement et de la faire rire.
« Modifié: 24 mars 2020, 22:34:47 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #12 le: 24 mars 2020, 19:21:03 »
"Owen?"

Toute entière plongée dans les délices de retrouver son ancien amant, Fleur en oubliait totalement l'existence de son mari.

"Oui, il est ravi, il prends ça comme... un cadeau des Dieux, comme si c'était... grâce à lui."

Les capacités naturelles d'Owen le rendait très facilement fat. Savoir que sa femme allait avoir des jumeaux lui avait parut comme une reconnaissance divine de sa virilité. Et comme il était très important qu'il n'ai absolument aucun doute sur sa paternité, Fleur l'avait poussé en ce sens. Et l'avait regretté.

Mais elle pouvait bien juger son mari, elle lui ressemblait un peu. En tout cas la flatterie fonctionnait à merveille sur elle. Surtout maintenant.
Fleur, en jolie jeune femme, avait toujours attiré son lot de compliment. Comme l'eau est nécessaire à une vraie fleur, la jeune femme avait besoin de ces attentions pour s'épanouir. Enceinte, c'est comme si elle était devenue sacrée. Auréolée de sa future maternité, on ne la flattait qu'à travers ce prisme déformant, et sa personne disparaissait derrière sa fonction.
Noam lui ne semblait avoir aucun problème à la voir comme la femme qu'elle était.

"Ma belle-mère a toujours aimé recevoir, je n'y suis pour rien, mais si j'avais eu mon mot à dire, j'aurai fait la même chose.  Tu mérite d'être accueilli comme il se doit. Ne laisse pas les hommes comme mon mari te faire croire que même les services des Hérauts leur sont dû. Ou que vous n'êtes pas des personnes exceptionnelles."

Du bout des doigts, Fleur tapotait le bureau, luttant contre l'envie de les poser sur le torse de Noam. Elle se souvenait de chacune de ses lignes qu'elle avait explorées avec un appétit vorace.

"Les Hérauts et leur Compagnons peuvent donc être en désaccord? Ca ne doit pas être simple à gérer."

Elle voyait bien qu'il n'avait pas envie d'avouer ce qu'il se disait entre Athor et lui, et respecta cette pudeur. Après, elle aussi avec ses secrets.
Le craquement la fit sursauter aussi, mais cela ne calma absolument pas ses ardeurs. D'autant plus que la retenue de Noam semblait craquer. Il ne ferait rien qu'elle n'initierai pas, elle le voyait bien, et il le disait clairement.
Elle bougea sa tête pour que sa joue vienne caresser sa main et un bruit de gorge semblable à un ronronnement lui échappa.
Oh oui ce serait mal. Ce serait mal, et ce serait terriblement dangereux. Trop.

"Je crois avoir déjà prouvé que j'ai des idées très... larges au sujet de mon propre honneur. Nous l'avons mis à mal si souvent..."

Et elle avait adoré ça. Et lui aussi, elle s'en souvenait parfaitement. Toute ces belles paroles, ces belles idées étaient si loin de ce qu'il pouvait être dans l'intimité
Elle fit un pas de plus pour être encore plus près. Il y avait son ventre entre eux mais elle l'oublia.

"Vous n'aimez pas ça, vous, les Hérauts, le danger ? "

Sa main droite quitta sa hanche pour venir se poser sur son torse. Elle en épousa la forme. Merde, tout son corps en était électrifié. Elle réalisa qu'elle avait pris sa décision au moment même où elle avait posé les yeux sur lui, dans le grand salon. Si elle voulait que des choses se passent, c'était à elle cette fois, de prendre les choses en main.

Elle recula, observant, amusée, la réaction de Noam. A petit pas, elle rejoint la lourde porte qu'elle poussa pour qu'elle vienne se fermer dans un "clac" discret. Il y avait une grosse clef en cuivre dans la serrure qu'elle tourna lentement pour verrouiller la porte, et elle revint lentement vers Noam, la clef dans la main, mutine.
Sans l'éclairage discret du couloir, seule la lampe de la pièce leur permettait de se voir.
Elle posa la clef dans un bruit sourd contre la table, près des papiers rangé en pile nette. Elle passa sa main dessus et s'amusa:

" Tu as beaucoup de travail en perspective, tu as besoin de détente..."

Puis elle attrapa sa main qu'elle posa sur sa joue et embrassa sa paume. Elle avait conscience de chaque fibre de son corps tendue par le désir. Si rien ne se passait, elle allait entrer en combustion spontanée.

"Toi qui est si serviable, tu ne refuserai pas les besoins de la pauvre femme enceinte que je suis."

Fleur ponctua sa remarque d'un sourire gourmand. Sa main gauche quitta les papiers et vint caresser la nuque de Noam avec délectation. Toutes ses nuits près du corps flasque et ronflant d'Owen rendait le corps du Héraut encore plus désirable.

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Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #13 le: 25 mars 2020, 07:28:50 »

PNJ: Héraut Noam

«Grâce à lui? Y a-t-il des jumeaux dans sa famille? Il me semblait plutôt que c'était un trait qui venait de la vôtre. »

Noam jouait volontairement les naïfs. Il ne voulait pas savoir, il n'avait pas besoin de la confirmation. La situation serait bien plus simple à gérer pour lui s'il considérait ces enfants comme ceux de Owen. Même si au fond de lui, il savait pertinemment en être le père.

Enfant d'artisan, il n'avait pas la même conception de ce qu'impliquait recevoir adéquatement un Héraut. Sa mère aurait proposé des vêtements secs, un âtre chaud, un bol de soupe et un lit moelleux. Voilà tout ce à quoi il avait aspiré en arrivant la veille; il avait été déçu. Heureusement, il était habitué, depuis le temps, à subir stoïquement les lubies des gens chez qui il logeait, pour ses missions. Il avait déjà tout expérimenté: lit luxueux, paillasse dans la grange, couverture devant l'âtre, le lit de maître de maison, la couche de la maîtresse de maison, la stalle d'Athor. Son lit dans la demeure de Trevale n'était de loin pas le meilleur qu'il avait connu. À dire vrai, il n'égalait même pas celui qu'il avait au Collegium.

La naïveté de Fleur sur tout ce qui touchait aux Compagnons le fit rire. Elle en avait une image à ce point idéalisée qu'il se sentait tenu de se comporter de manière à la respecter au mieux, allant même jusqu'à forcer sa tendance naturelle à la galanterie.

« Oui, les petites désaccords sont monnaies fréquentes. T'imagines-tu vivre chaque marque de chaque jour avec quelqu'un et ne jamais te disputer? Ne vous arrivait-il pas, avec ta jumelle, de vous accrocher pour des broutilles? La Parole par l'Esprit empêche les malentendus, mais ne guérit pas les têtes de pioche.»

:Ici, tu es le seul qui a une tête de pioche. Je pense que cela vous soulagerait de mettre des mots sur la réalité.:
:Et moi je suis persuadé du contraire. S'il y a bien une chose que j'ai retenu de mes leçons avec Aénor, c'est que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.:


Fleur ne semblait pas se soucier un instant du danger. Elle semblait au contraire émoustillée par ce dernier, comme si envisager de tromper son mari dans la demeure familiale était quelque aphrodisiaque exotique. Noam était bien décidé à se battre avant de rendre les armes. Il était venu ici pour travailler, et non pour recommencer leur aventure.

«Je ne crois pas que l'honneur d'une femme ait quoi que ce soit avoir avec la manière dont elle dispose de son corps. Mais ce sont mes principes, pas ceux des habitants de cette maison.»Il secoua la tête à la remarque effrontée de Fleur.  «Et non, nous n'aimons pas particulièrement le danger, mais celui-ci semble nous trouver où que nous nous rendions.»

Quand Fleur ferma la porte, il se savait perdu. Toutes ses bonnes résolutions, toute sa sagesse s'évapora devant le sourire de la jeune femme. Elle avait l'air tellement plus épanouie ici, avec lui, qu'entourée des siens. Pour Noam, la seule vraie Fleur, c'était celle qu'il connaissait, celle qu'il avait séduite dans les jardins et qu'il avait aimée dans le cabinet d'une kestra'chern. L'autre, celle qui se montrait à sa famille et aux inconnus, n'était qu'une pâle imitation.

« Dame Fleur, vous jouez de mes faiblesses... tu sais bien que je ne peux refuser mon aide à celui qui la demande...»

Il la prit dans ses bras et l'embrassa tendrement. Puis, enhardi, il la souleva pour la poser sur la table. Une pile de papier tomba au sol, mais il l'ignora. Il l'embrassa à nouveau, passionnément cette fois, sa main fermement accrochée dans ses cheveux dorés.
« Modifié: 25 mars 2020, 12:33:32 par Conteur »

Fleur de Trevale

Re : [Fleur/Noam] Quand les éléments se déchaînent
« Réponse #14 le: 25 mars 2020, 11:08:59 »
"Non, mais que veux-tu, c'est ainsi qu'il a choisi de voir les choses alors..."

Sous-entendu "je suis tranquille comme ça".

Fleur repensa à sa complicité avec sa soeur, du temps de leur prime jeunesse. Distraitement, elle passa une main sur son ventre.

"Oui, on s'est souvent chamaillé elle et moi, mais je pouvais aller m'enfermer dans une autre pièce si je ne voulais pas la voir. Toi tu ne peux pas. Je suppose que tu as appris à vivre avec. Et que tu es la tête de pioche, parce que je suis certaine que ce n'est pas Athor."

C'était une façon détournée de complimenter le Compagnon. Mais c'était surtout après le Héraut qu'elle en avait.
Même si elle essayait de faire des efforts pour espérer être digne de son futur rôle de Dame de Trevale, et d'être supérieure à son mari, Fleur n'était pas vraiment réputée pour sa sagesse. Grandir dans une famille de renom, et épouser un héritier nanti ne lui avait absolument pas appris à être raisonnable. Capricieuse ? Oui, terriblement. Mais elle n'avait jamais pensé que c'était un défaut.
Bien sûr, elle avait plus que jamais conscience du danger de flirter à nouveau avec Noam, surtout ici. Elle connaissait mieux que personne les conséquences d'une incartade si elle devenait publique, elle avait bien assez colporté de ragot à ce sujet.
Mais ça ne suffisait pas à la raisonner.

"Chacun à sa propre définition, n'est-ce pas?"


Même alors qu'elle était piégée entre un mariage de convenance et une relation passionnelle, forcée de mentir pour ne pas se compromettre, Fleur ne réalisait pas combien son rôle de femme était défini par les autres. S'encanailler avec un autre était une façon de prendre la main sur sa propre vie, mais le prix risquait d'être trop élevé.
Quand il capitula, un grand sourire illumina son visage.

"Je comptais bien là-dessus."

Elle se laissa enserrer avec délectation et quand Noam posa ses lèvres sur les siennes, elle en gémit de plaisir. Elle gloussa doucement alors qu'il la portait pour l'assoir sur l'austère bureau qui n'avait probablement jamais eu de postérieure féminin posé sur sa surface. Elle le laissa l'embrasser à nouveau et ouvrit sa bouche pour approfondir leur baiser. Ses petites mains vinrent agripper ses cheveux pour l'approcher encore plus d'elle, et quand leurs corps se retrouvèrent imbriqué, Fleur rompit le baiser pour venir étouffer un gémissement contre l'épaule du Héraut.
En éternelle bavarde, Fleur n'avait pas l'habitude de devoir se taire. Pourtant, il faudrait faire ça dans le plus grand des silences. Cette perspective l'électrisait.
Les yeux brillants, elle le regarda avec gourmandise, et, une note de défi dans la voix, elle lui dit:

"Fait-moi taire s'il le faut, mais ne te retiens pas. Je n'ai pas besoin d'être ménagée, je ne suis pas en sucre."

Bien sûr, elle aimait se faire dorloter par sa belle-famille et être placée sur un piédestal, mais elle avait aussi besoin de se sentir vivante. De Noam, elle n'attendait pas la même chose. Elle voulait de la passion. Et comptait bien l'avoir.
Fébrilement, elle descendit ses mains sur l'uniforme du Héraut qu'elle commença à déboutonner comme elle le put. Trop impatience pour réussir à le retirer, elle finit par passer ses mains en dessous et caresser sa peau.

"Tu m'as manqué. Si tu savais combien de fois j'ai rêvé de toi. Et ce que j'ai du faire pour me calmer."


***
« Modifié: 29 mars 2020, 17:55:08 par Héraut Wylan »