«Le début d'une guerre? Non. C'est la dernière bataille, plutôt!» Elle prit la main de Mina.«Et c'est justement parce que l'avenir est sombre qu'il faut se projeter dans le futur! Un soldat qui a un foyer où rentrer est un soldat qui se battra mieux! Refuser d'envisager ta vie au-delà de cette attaque, ce n'est pas de la sagesse, c'est de la résignation.»
Et le meilleur moyen de mourir.
Méra, comme beaucoup de soldats, pouvait se montrer superstitieuse. Mais, plus que tout, elle croyait au pouvoir de la volonté. Les blessés qui avaient une raison de vivre se remettaient mieux, plus vite. Les soldats se battaient avec toute leur âme, quand ils savaient qu'ils le faisaient pour retrouver ensuite la quiétude de leur foyer. Rêver l'avenir, c'était se donner une raison de continuer, même aux heures sombres d'une bataille.
Quant à Éloïse, Méra ne voyait pas ce qu'elle pouvait apporter à Mina. Elles avaient une vision totalement opposée de leur situation. La jeune femme semblait avoir sauté à pieds joints dans la noblesse. À tel point qu'on en oubliait parfois qu'elle était une Héraut. Mina, au contraire, souhaitait s'en tenir la plus éloignée possible.
«Sauf que tu ne comptes pas l'épouser.» Elle dévisagea la jeune femme. «Je te promets que si tu l'épouses, je viendrai te foutre la honte à ta mariage.»
Leur discussion des plus sérieuses fut interrompue par une voix masculine. Wilfried, lavé et vêtu de frais, se tenait dans l'encadrement de la porte.
«Tu es de retour, toi? Tu n'as trouvé personne pour te frotter le dos, dans la douche?»
Elle se leva et rejoignit Wilfried.
«Allez, zou! On t'appellera si on a besoin de toi.» Elle se tourna vers Mina. «On se voit plus tard!»
Elle poussa le Héraut devant elle et ferma la porte sur eux.