Auteur Sujet: Les pieds sur terre... et dans l'herbe  (Lu 2360 fois)

Dyalwen de Bordebure

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Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« le: 24 septembre 2020, 22:26:41 »
10ème jour de la 6ème décade d’été 1485
[HJ- En provenance de Les pieds dans le plat...card.]

Alors qu’elle franchissait le seuil du Palais et prenait la direction du Champ, Fleur de Trevale au bras, Dyalwen ne pouvait pas ignorer la satisfaction de Tisia dans son esprit. Son projet initial de profiter de son emploi du temps allégé de la fin de la décade pour aller passer du temps avec Veladora venait de tomber à l’eau, et ce n’était clairement pas pour déplaire au Compagnon. Oh, et la perspective de se faire admirer n’y était peut-être pas pour rien non plus.

Je ne te savais pas vaniteuse, émit la Grise, amusée.

Tisia répondit par une pichenette mentale mais ne bougea pas du Champ. En temps normal, elle ne se gênait pas pour rejoindre son Élue à peu près n’importe où, mais là, elle attendait sagement derrière la barrière, en mangeant de l’herbe. Ou en faisant mine de manger de l’herbe. Mais Dyalwen n’était pas dupe et un observateur un peu attentif pouvait sans peine remarquer que les oreilles du Compagnon guettaient le moindre bruit alentour.

Elle attendit que les deux jeunes femmes atteignent la bordure du Champ pour relever la tête et s’approcher au petit trot, l’encolure arquée et la queue flottant derrière elle.

Frimeuse.
Pour une fois que je rencontre quelqu’un qui sait faire la différence entre une mule et un Compagnon...
C'est parce qu’elle ne sait pas ce qui se passe dans ta tête.

Sans répondre, Tisia s’immobilisa face à Fleur et inclina légèrement la tête.

« Je vous présente Tisia, ma Dame. Tisia, voici Fleur de Trevale. »

Si j’avais imaginé que tu fréquentais si noble compagnie…
Moque-toi.

Dyalwen n’était pas certaine de comprendre d’où venait l’amusement si perceptible de Tisia. Ça paraissait beaucoup pour juste le plaisir de la voir s’occuper d’elle au lieu de sa jument.

« Elle vous salue, » déclara simplement la rouquine.

Fleur de Trevale

Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #1 le: 28 septembre 2020, 15:57:35 »
C'est ravie, et même surexcitée, mais le cachant un minimum - elle savait se tenir - que Fleur se rendit vers le Champ avec Dyalwen.
Le long du chemin, elle jetait tout de même des coups d'oeil angoissés autour d'elle, pour être certaine qu'on ne la voyait pas. Même si elle ne se faisait pas d'illusion. On la verrai forcément, et Owen l'apprendrait. Mais tant pis ! Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion d'aller voir les Compagnons. Elle en paierait le prix.

Tisia, puisque c'était le nom du Compagnon, vint à leur rencontre et se montra visiblement ravie de rencontrer un nouveau visage. Il n'en fallait pas plus à Fleur pour que son enthousiasme soit total. Elle se fendit d'une charmante révérence.
Oui, Fleur savait parfaitement faire la différence être un simple cheval et un Compagnon; et donc accorder à ces derniers tout le respect qui leur été dû. Et comme ce n'était certainement pas chez elle qu'elle pouvait faire montre ce cette admiration...

"Dame Tisia, c'est un honneur de vous rencontrer !"

Elle tendit la main vers les naseaux du Compagnon pour la caresser doucement.

"Vous êtes magnifique"

Owen, quand il acceptait d'évoquer l'existence de ces démoniaques créatures à haute voix, se faisait un plaisir de dire qu'il ne voyait pas ce qu'il y avait d'exceptionnel dans de stupides canassons blancs qui se ressemblaient tous.

"Combien mon époux à tord. Vous êtes tous unique" réagit-elle. "Vous avez bien de la chance Dyalwen. Montiez-vous à cheval avant d'être élue ?"

Dyalwen de Bordebure

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Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #2 le: 03 octobre 2020, 23:23:56 »
L’excitation et l’enthousiasme de Fleur pouvaient difficilement passer inaperçu, mais Dyalwen ne fit aucun commentaire. Elle n’avait pas eu l’occasion de se rendre au Champ, invitée par un Héraut, entre son arrivée à Haven et son Élection mais sans doute aurait-elle été à peu près dans le même état d’esprit que la Dame de Trevale si ça lui était arrivé. Quoiqu’elle n’aurait peut-être pas fait la révérence. Ou, en tout cas, pas de façon aussi gracieuse que la jeune femme.

Ce n’est pas donné à tout le monde, plaisanta Tisia, en faisant les derniers pas qui la séparaient des deux femmes, pendant que son Élue terminait les présentations.

Elle avança le nez lorsque la noble approcha sa main et se laissa caresser sans broncher. Et même avec un plaisir évident. Surtout aux compliments qui suivirent.

Tu devrais en prendre de la graine.
De quoi ? Que je te donne du « Dame » et que je te fasse la révérence ?
Pourquoi pas ? Tu pourrais essayer.
Dans tes rêves.

Le rire mental du Compagnon fit naître un sourire sur les lèvres de la Grise qui transmit une partie de leur conversation à la jeune femme qui en était exclue.

« Elle vous remercie des compliments… »

Et dit que je suis heureuse de la rencontrer enfin.
Enfin ? Pourquoi « enfin » ?
T’occupes.

« … et elle dit qu’elle est heureuse de vous rencontrer. Et que je devrais prendre exemple sur vous. »

Le sourire de Dyalwen s’accentua lorsque son interlocutrice souligna qu’elle avait de la chance – oui, elle en avait ; partager son esprit avec Tisia, toute tête de mule qu’elle soit, c’était plus que tout ce dont elle avait rêvé – et lui demanda si elle pratiquait l’équitation avant son Élection.

« Ma famille élève des chevaux, répondit-elle. Je monte à cheval depuis que je suis petite. »

Mère ne serait sans doute pas ravie qu’elle s’en vante mais, enfin, il était inutile de nier, non ?

« Et vous ? Avant votre mariage, je veux dire. »

Puisqu’elle avait dit que son mari n’aimait pas les chevaux, il y avait peu de chance qu’elle puisse encore pratiquer. Encore une chose dont Tisia l’avait sauvée : le mariage l’aurait obligée à quitter sa famille, le domaine et l’élevage… mais si son mari avait refusé qu’elle monte à cheval, c’aurait été pire que tout !

Fleur de Trevale

Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #3 le: 23 octobre 2020, 22:17:02 »
Même avec son peu de connaissance en la matière, Fleur sentit que ses caresses étaient appréciées. A bien y réfléchir, elle n'avait jamais eu d'animaux de compagnie - pas qu'elle considère un noble Compagnon comme un simple animal de compagnie ! - mais elle ne connaissait pas cet échange qu'on pouvait avoir avec un animal. Quand elle avait chevauché Athor, elle n'avait pas vraiment savouré cet échange, toute occupée à badiner avec un autre. Aujourd'hui, en revanche, elle sentait sous ses mains cette forme de communication avec Tisia.

"Oh vous n'avez pas à prendre exemple sur moi. Vous êtes une Héraut."

Et si la jeune mère se comportait envers Dyalwen comme le ferait n'importe quelle femme noble bien mariée devant une jeune femme célibataire, elle n'en accordait pas moins spontanément la supériorité à la Grise. Elle avait été élue. Elle était donc au dessus des autres. C'était indiscutable.

"Oh, quelle chance ! Je gage donc que votre famille n'a pas du fréquenter celle de mon époux."

Ses doigts graciles plongèrent dans la crinière du Compagnon. Elle avait envie d'y faire de tresses.

"J'ai appris, sur le domaine où je suis née. Je serai encore capable, je suppose, de tenir sur un cheval si ma vie en dépendait. Sinon mon époux et moi en possédons, c'est indispensable pour voyager entre Haven et Trevale, mais le palefrenier qui en a la charge a installé ses écuries non loin des fermes familiales."

Ce qui était ridicule et demandait une organisation bien huilée.

"Je ne crois pas que votre frère soit fiancé, non?"

Non bien sûr. Fleur le saurai sinon.

"J'espère qu'il trouvera une femme passionnée. Il est important d'avoir des points communs."

Des points communs, Fleur et Owen en avait, heureusement. Mais pas celui d'admirer le Cercle, malheureusement.
Fleur fit un tour sur elle-même pour observer les autres Compagnons ici et là. Malgré elle, elle cherchait Noam, sachant pertinemment qu'il n'était jamais à Haven.
Alors qu'un poulain galopait un peu plus loin, il lui vint soudain l'idée que ses enfants pourraient être élus, un jour. Après tout leur père... Oh, voilà qui serait dramatique !

"Y'a-t-il toujours autant de corvée à remplir en tant qu'étudiants des Collegia ? Même les bleus comme moi n'y échappaient pas..."

Dyalwen de Bordebure

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Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #4 le: 01 décembre 2020, 22:53:45 »
Sans faire complètement disparaître son sourire, une petite moue dubitative tordit brièvement les lèvres de Dyalwen, lorsque son interlocutrice lui dit qu’elle n’avait pas besoin de prendre exemple sur elle puisqu’elle était une Héraut.

« Pas encore, » répondit simplement la Grise, sans développer ce que la réponse de Fleur lui inspirait vraiment.

Depuis son Élection, elle avait l’impression que tout le monde s’attendait à ce qu’elle soit aussi formidable que les Hérauts des légendes. Que les Hérauts de la cour. Mais, même si elle avait commencé à réaliser, grâce à Isabeau, Enora et Méra, qu’ils étaient des personnes normales, elle savait bien, elle, qu’elle ne leur arrivait même pas à la cheville. Elle avait l’impression de ne pouvoir atteindre ni les attentes de Mère qui aurait voulu qu’elle devienne la parfaite demoiselle – ce qui n’était plus à l’ordre du jour, heureusement – ni celles de tous ceux qui la félicitaient pour son uniforme gris, à commencer par Grand-père.

C’est à ça que servent les études, tu sais, émit Tisia tout en laissant Fleur jouer avec sa crinière.

Pas sûr, en revanche, que le Compagnon accepte les tresses sans rien dire. Si elle appréciait les caresses, les compliments et l’admiration de la noble, il ne fallait pas pousser non plus. Elle n’était pas une poupée.

La question sur l’équitation ramena la rouquine en terrain connu et elle avoua sans hésitation qu’elle montait à cheval depuis son plus jeune âge. Et, si Mère n’aurait pas été ravie de savoir qu’elle s’en vantait, la Dame de Trevale, elle, n’en semblait pas choquée. Elle paraissait même enthousiaste et presque envieuse. Ce qui suffit largement à Dyalwen pour oublier toutes ses hésitations et ses questionnements quant à son futur statut de Héraut. Il n’y avait pas grand-chose qui lui était plus naturel que de parler d’équidés.

« Non, en effet, répondit-elle donc à la question sur les fréquentations de sa famille. Je ne connaissais les Trevale que de nom avant aujourd’hui. »

Et encore. Mais bon, elle ne pouvait pas reconnaître qu’elle s’intéressait plus au pedigree des chevaux qu’aux généalogies des maisons nobles, hein ?

Appuyée contre le flanc de Tisia, la Grise écouta sagement la réponse de Fleur sur ses capacités équestres et se sentit évidemment désolée pour elle. Ne plus pouvoir monter à cheval, c’était sans doute difficile, mais ne même plus pouvoir s’approcher d’un équidé parce que son époux les maintenait au loin, c’était presqu’impossible à imaginer. Alors, elle ne prit même pas le temps de réfléchir :

« Ma jument, avec qui j’ai fait le voyage depuis Bordebure, est aux écuries du palais. Je n’ai plus le temps de m’en occuper autant que je le souhaiterais, alors ça ne lui fera pas de mal de sortir si vous souhaitez remettre le pied à l’étrier. »

Elle réalisa, un peu tard, qu’elle aurait peut-être dû réfléchir au moins quelques secondes avant de formuler sa proposition.

« Enfin… Si vous en avez le temps et l’envie. J’imagine que vous êtes très occupée. »

Dyalwen n’avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler l’emploi du temps de son interlocutrice. Elle imaginait facilement le quotidien d’une maîtresse de maison qui devait administrer un domaine, puisqu’elle avait tenté d’aider Mère de son mieux à Bordebure, mais comment les courtisans occupaient-ils leurs journées au palais ?

Il ne lui vint pas à l’idée que se renseigner sur tout un chacun était une occupation comme une autre et, par conséquent, la question sur son frère la prit un peu au dépourvu. Elle se contenta de secouer négativement la tête, en réponse, avant de sourire à nouveau. Les rares fois où les membres de sa famille avaient évoqué le choix d’une fiancée pour Dubhán en sa présence, ils s’étaient focalisés sur l’importance de l’union pour la famille et le domaine. Pas sur les préférences de l’héritier de Bordebure. Dyalwen était à peu près sûre que Grand-père ne forcerait pas son petit-fils à épouser une femme qui ne lui plaisait pas, mais le souhait de Fleur était tout de même plaisant.

« Dubhán aime les chevaux, déclara la rouquine, mais il a plus d’intérêt pour les activités calmes. »

Au grand dam de Grand-père.

« Oh oui, entre les cours et les corvées, on a peu de temps libre, répondit-elle ensuite à propos de l’emploi du temps des Collegia. Mais mon frère effectue la majorité de ses corvées parmi les livres, il est secrétaire du bibliothécaire. Et, de la même façon, j’ai peu de corvées ménagères : le Héraut du Roi m’a demandé de l’assister. »

Fleur de Trevale

Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #5 le: 06 décembre 2020, 21:13:33 »
Dyalwen semblait faire preuve de beaucoup d'humilité, une qualité que Fleur appréciait, dans la mesure où elle-même ne la possédait absolument pas. Face à une telle personnalité, la sienne pouvait aisément prendre toute la place.

"Oui, tout le monde connait notre nom. Mon mari et moi travaillons à le rendre plus célèbre encore."

Enfin surtout Fleur, et encore, à la hauteur de ses capacités. Ce n'était déjà pas si mal.
La proposition spontanée de la jeune grise fut reçut avec surprise et une grande joie, quoique teintée de regret.

"Oh, c'est réellement très gentil de votre part, Dyalwen. Vraiment. Ca me fait très plaisir, et j'adorerai, oh oui j'aimerai beaucoup."

Là, elle fit la moue, une moue adorable mais sincère.

"Ce n'est pas vraiment une question de temps..."

Si Dyalwen la pensait débordée d'occupation, c'est qu'elle donnait bien le change finalement.

"Mais Owen ne voudra jamais. Il en a tellement peur. Il le saurai si je montai dans son dos, c'est sûr."

Il ne la faisait pas suivre à proprement parler. Bien que certains de ses amis le lui ai conseillé, sous prétexte qu'elle était jeune et jolie, et qu'il fallait la surveiller. Mais tout se savait à Haven. Elle la première.
A bien y réfléchir, que son aventure avec Noam soit restée secrète relevait du miracle.

"Mais c'est vraiment très gentil de votre part."

Elle saurai se souvenir de cette proposition.

"Il est en âge de se marier non ? Il n'y songe pas?"

Se marier, pour Fleur, était une fin en soi. Elle avait été élevée dans cette optique. Comme beaucoup avant elle. Et après.

"Je connais les noms de tas de jeunes femmes de son âge s'il est timide ou s'il a besoin d'un chaperon" proposa-t-elle avec un sourire.

Fleur adorait jouer les marieuses. C'était une façon bien commode et amusante de se construire un réseau solide. Son propre mariage ayant été plutôt précipité, voir les autres se nouer sous ses yeux lui plaisait infiniment. En tant que femme mariée, elle faisait figure d'autorité.

"Oh, je n'avais jamais pensé qu'un poste particulier puisse décharger du reste, si j'avais su..."

Si elle avait su rien du tout, soyons honnête, une tâche répétitive et sur la durée n'était pas faite pour elle. Alors que les corvées différente chaque jour étaient plus simple à négocier contre autre chose. Parfois juste un sourire. Ah ça, elle en avait manipulé, des jeunes hommes, pour éviter de faire la vaisselle.

"Vous travaillez pour Almendar ? Savez-vous que je le connais ?.Un jour, j'avais mis une robe à la mode de Hardorn sublime, vraiment une merveille, mais trop serrée. Je ne sais pas comment sont faites les femmes là-bas, mais pas comme nous, je vous le garantis. Je ne suis pourtant pas épaisse, enfin je ne crois pas. Mais je m'égare. Je respirais vraiment très mal, au point d'être étourdie, et devinez qui m'a rattrapé puis délacé le dos de ma robe pour me permettre de respirer ?"

Elle fit un grand sourire amusé. Elle adorait raconter cette histoire. Le Héraut du Roi avait une telle réputation de froideur et de sérieux, et on ne lui connaissait absolument aucune femme, ou homme d'ailleurs, dans sa vie. Fleur s'amusait beaucoup à penser qu'elle était la seule femme qu'il dont il ait jamais délacé la robe.

Dyalwen de Bordebure

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Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #6 le: 17 décembre 2020, 13:42:55 »
Lorsque Fleur renchérit sur le fait que son nom était connu et qu’elle travaillait à le rendre encore plus célèbre, Dyalwen se contenta de hocher la tête. Elle ne pouvait décemment pas répondre que les Trevale n’était pour elle, avant ce jour, qu’un vague souvenir qui lui restait d’elle ne savait où.

« Je suis sûre que vous atteindrez vos objectifs, » émit-elle simplement.

En réalité, elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle n’enviait pas du tout la notoriété des Trevale et ne voyait même pas l’intérêt d’essayer de l’accroître. Les Borderbure étaient une famille de petite noblesse ; Mère, du fond de son domaine, ne semblait pas avoir l’intention d’y changer quelque chose ; Grand-père, bien que pas vraiment anonyme – ne serait-ce que parce que toutes les nouvelles recrues de la garde avaient la joie de passer sous ses ordres – ne pouvait pas être qualifié de célèbre… et c’était très bien ainsi, du point de vue la rouquine. Elle se sentait déjà suffisamment de pression sur ses épaules « pour faire honneur à son nom, » elle n’avait pas besoin de plus.

Mais, heureusement, la conversation revenait sur un terrain qu’elle maîtrisait. Les chevaux, l’équitation, ça elle connaissait. Et sa proposition fusa spontanément quand elle apprit que son interlocutrice ne pouvait plus monter à cheval. Mais, dès les premiers mots de  Fleur, la Grise sut qu’elle allait décliner sa proposition. Elle aimerait beaucoup, ce qui signifiait qu’elle ne pourrait pas. parce que son mari ne voudrait pas. Cette raison, plus que toute autre, semblait particulièrement injuste à Dyalwen. Et pour la énième fois depuis que son regard avait croisé celui de Tisia, elle se sentit immensément soulagée de savoir qu’elle, elle n’aurait à épouser personne. Le mariage l’aurait obligée à quitter le domaine familial et les chevaux qu’elle aimait tant – bon, ça, il fallait reconnaître que son Élection aussi – mais l’idée que son mari aurait pu lui interdire de monter… !

Une pensée affectueuse du Compagnon effleura son esprit, et la Grise la remercia d’une caresse, avant de répondre à son interlocutrice.

« C’est dommage, j’en suis désolée pour vous. Peut-être que votre mari finira par avoir moins peur... »

C’était sans doute peu probable, même si elle avait du mal à envisager qu’on puisse avoir peur des équidés. Mais la peur n’était pas raisonnable, souvent, comme pour la petite page qu’elle avait croisée à la Mini-Vallée.

La conversation dévia sur Dubhán sans que Dyalwen comprenne vraiment comment mais, cette fois, elle ne put retenir une petite grimace quand Fleur demanda si l’héritier de Bordebure songeait à se marier.

« Je pense qu’il se concentre surtout sur ses études pour le moment. »

Et ce n’était pas elle qui allait le lui reprocher. Le jour où Grand-père se mettrait en tête de lui trouver une épouse, Dubhán n’aurait sans doute aucune chance d’y échapper. Il n’était pas du genre à tenir tête à son aïeul. Alors autant qu’il profite de sa « liberté » tant qu’il le pouvait.

« Mais je lui transmettrai votre proposition, répondit néanmoins la rouquine. C’est très gentil de votre part. »

Pas sûr que son frère soit ravi mais s’il pouvait trouver quelqu’un qui l’intéressait avant que Grand-père ne vienne y mettre son grain de sel, pourquoi pas ?

Parler de Dubhán, chez les Bleus, amenait forcément à parler des corvées. Et la Grise ne put s’empêcher de sourire quand Fleur s’etonna qu’une tâche particulière permettait d’esquiver les corvées plus répétitives. Elle n’avait pas réfléchi à ça quand elle avait accepté d’assister le Héraut du Roi – elle n’avait rien contre les corvées de base – mais il fallait reconnaître qu’elle aurait eu du mal à trouver du temps pour les assurer en plus. Les journées n’étaient pas extensibles. Mais son sourire se transforma en expression de surprise quand Fleur raconta sa rencontre avec l’Attitré.

« Le Héraut du Roi a délacé votre robe ?! »

Tu dois bien être la seule du Palais à ne pas être au courant.
Et ? Il ne me raconte pas sa vie privée.
Normal, il n’en a pas.
Qu’est-ce que tu en sais ?
Tout le monde le sait…

Il devait bien en avoir un peu, puisque la Dame de Trevale l’appelait par son prénom. Ils devaient se connaître un peu, forcément.

« Je ne connais pas la mode hardornienne – et pas vraiment la valdemarane non plus d’ailleurs mais c’était un autre sujet – mais j’ai du mal à imaginer une robe si inconfortable. J’ai déjà du mal avec celles que j’ai dû porter avant mon Élection… »

C’est tellement pas pratique en même temps, renifla Tisia dans son esprit.
À qui le dis-tu…

Fleur de Trevale

Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #7 le: 07 mars 2021, 20:55:55 »
"Avoir moins peur, mon mari ?"

Elle lâcha un rire très mondain et ajouta:

"Ses parents ont tout essayé avant moi. Je crains que ce soit sans espoir. Je ne sais pas si vous souffrez d'une phobie, mais il s'agit bien de ça dans le cas de mon époux."

Fleur s'était fait une raison. Elle ne pouvait pas tout avoir. Mais pour une admiratrice absolue des Hérauts, c'était quand même cocasse d'avoir épousé un anti-héraut hypophobe. Le tromper avec un Elu avait été merveilleux et pourrait paraître un bon compromis, si ce n'était si dangereux.

"Ses études ? Voilà un jeune homme sérieux ! J'espère qu'il prend tout de même le temps de s'amuser, c'est important !"

Belle leçon donnée par la dernière personne à suivre en matière de conseils éducatifs.

Comme prévu, l'anecdote au sujet de sa robe fit son effet, et Fleur en fut ravie, elle précisa avec malice:

"Oui, par contre il a été le seul en dehors de mon mari, bien sûr!"


Elle eut un bref souvenir de sa nuit de noce et des minutes désespérantes qu'Owen avaient passés à essayer de délacer sa robe de mariée, tout entier consumé par un désir qu'il n'avait jamais assouvi et qu'il pouvait enfin faire subir à sa si jolie épouse. Fleur avait voulu éviter l'intervention de sa camériste pour essayer d'introduire un peu de spontanéité dans cette soirée, résultat, elle avait fini par sonner une femme de chambre, qui n'avait rien dit, mais pas pensé moins.

"Les robes sont parfois inconfortable, mais le résultat est si seyant que cela en vaut la peine, non?"

En fait non. Mais Fleur était de celles persuadées qu'il fallait souffrir pour être belle, et que c'était normal. Cependant...

"Un jour je vous emmènerai chez ma couturière si vous le souhaitez. Elle sait donner du confort aux modèles les plus... audacieux."

Avec regret, elle regarda le soleil et soupira:

"Malheureusement je vais devoir rentrer chez moi, mais ce fut un intermède charmant. J'espère que nous nous reverrons ? A une réception, peut-être ? Etre Elu n'empêche pas d'y participer, non?"

Dyalwen de Bordebure

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Re : Les pieds sur terre... et dans l'herbe
« Réponse #8 le: 28 mars 2021, 21:17:52 »
« Je comprends, » mentit Dyalwen quand son interlocutrice lui expliqua que la peur de son mari relevait de la phobie.

En réalité, elle avait du mal à comprendre. Les équidés, quels qu’ils soient, lui semblaient si peu effrayant qu’elle avait du mal à imaginer qu’on en ait peur ou, pire, qu’on en soit phobique. Ça lui paraissait aussi étrange que d’avoir peur d’un lapin ou d’un moineau. Mais, si elle ne le comprenait pas, elle pouvait essayer de l’accepter, comme elle acceptait que certains chevaux paniquent devant une feuille d’arbre, une ombre ou une flaque d’eau. La seule différence, c’était que les chevaux, elle pouvait essayer une désensibilisation. Mais elle pouvait difficilement proposer à la Dame de Trevale de désensibiliser son mari, hein…

La Grise ne renchérit donc pas sur la question et la conversation dériva sur Dubhán. La remarque de la jeune femme ne manqua pas de faire sourire la rouquine.

« Je crois que ce sont les livres qui lui offrent ses meilleurs moments de détente, émit-elle. Donc il ne doit pas en manquer. »

Et, depuis qu’elle était arrivée à Haven, il lui semblait que son frère était plus tranquille qu’il ne l’avait été à Bordebure. Il n’avait plus à supporter le regard plein d’attentes de Mère et celui de Grand-père avait d’autres choses à surveiller que les moindres faits et gestes de son petit-fils. Et puis, le fait d’être devenu assistant du bibliothécaire et de se retrouver entouré de livres n’y était sans doute pas pour rien non plus.

Et la discussion dériva à nouveau, comme seules les discussions savaient le faire, pour finir par s’arrêter sur le Héraut du Roi – en même temps, tout avait commencé en parlant de Tisia et des Compagnons, donc bon, c’était pas complètement illogique – et de robes – et là, c’était drôlement moins logique. Au moins autant que d’imaginer l’Attitré délacer ladite robe. Et Dyalwen sentit ses joues prendre quelques degrés quand la Dame de Trevale précisa qu’il était le seul à l’avoir fait.

« Je n’en doute pas, » murmura la Grise.

Jamais elle n’aurait imaginé le contraire !

En revanche, elle avait du mal à imaginer que quelque chose vaille la peine de revêtir une robe inconfortable. En porter une pour satisfaire aux exigences sociales, pourquoi pas, mais pas au prix de toute liberté de mouvement.

« Je préfère pouvoir bouger à peu près normalement, émit donc la rouquine, avant d’offrir un vrai sourire à son interlocutrice : Et puis je n’ai plus vraiment besoin d’en porter à présent. Mais je vous remercie de votre proposition. »

Et c’était sincère. La proposition spontanée de la Dame de Trevale était très aimable, même si elle ne se voyait pas avoir besoin d’une robe « audacieuse » – ou d’une robe tout court… Quoique. Si elle devait effectivement assister à des réceptions… Enfin non. D’une, elle ne dérangerait certainement pas une si noble dame pour une robe et, de deux, il était bien plus probable qu’elle porte son uniforme que n’importe quelle autre tenue. Et c’était tant mieux.

« En effet, ça n’empêche pas, répondit donc la Grise. Et si vous avez envie de revenir voir Tisia sans risquer de fâcher votre mari, n’hésitez pas. »

Elle glissa ses doigts dans la crinière du Compagnon, partagée entre l’envie d’aller voir rapidement Veladora ou celle de profiter de Tisia un peu plus longtemps. Et il n’était pas difficile de savoir quelle option avait la préférence du Compagnon…

« Je vous souhaite une bonne soirée, » salua-t-elle tout de même la noble.