Du regard Fitz suivit la jeune femme. Elle avait à peine réagit lorsqu'il était arrivé. Il s'en voulait. Il s'en voulait énormément. Il l'avait laissé seul sans l'aider, sans l'écouter, avec un secret dont elle ne pouvait parler à personne, et avec des images qui pouvaient hanter le plus endurci des guerriers...
Et maintenant il arrivait la gueule enfariné, comme si il n'avait pas fait d'erreur. Le mercenaire se sentait coupable, terriblement coupable.
Il l'écouta, elle avait besoin de vider son esprit, de parler un peu, et cela il pouvait le comprendre.
C'est néanmoins la surprise qui apparut sur son visage lorsqu'elle demanda de ses nouvelles à lui. Lui ? Qu'elle importance ?
"Je vais bien Kayann, ne t'inquiète pas pour moi. Et non je ne te prends pas pour une folle".
Il s'approcha à son tour du box de Safrane. Les chevaux autour d'eux était calmes, c'était quelque chose de reposant, qui permettait au mercenaire de poser ses mots calmement, et surtout de choisir avec soin ce qu'il devait dire.
"Je suis navré que tu ne puisses pas en parler. Mais il est vrai que la sécurité d'Haven est notre priorité, et si le capitaine Beltran estime que nous devons garder le silence alors nous devons le garder."
Il réfléchit un instant et continua:
"Mais ce dont je suis le plus navré c'est de ne pas être venu te rendre visite plut tôt. J'ai faillit à ma tâche. Je désirai que tu puisses te reposer sur moi, et passer à autre chose, mais au lieu de ça je t'ai laissé tombé, je me sens extrêmement coupable. Je n'ai aucune excuse"
Le mercenaire planta ses yeux dans ceux de Kayann, il devait trouver les mots mais il savait que cela ne servirait à rien.
"Ce que l'on a vécu... Ce que l'on a vu... "
Il prit une profonde inspiration et s'approcha de la jeune femme:
"L'horreur existe en ce monde Kayann. Des cadavres j'en ai vu plus que de raisons, nettement plus qu'un homme de mon âge aurait du en côtoyer. J'aimerai pouvoir te dire que ça passera, que tu oublieras... Mais c'est faux, et tu le sais aussi bien que moi. Sache juste que même le plus endurcis des guerriers verse des larmes dans son sommeil quand les corps qu'il a pu rencontrer lui reviennent en rêve."
Il lui adressa un sourire triste.
"Après tout nous sommes humains, et c'est parcque nous avons cette humanité que nous pouvons nous rendre compte de l'horreur. Le jour où toute cette monstruosité ne te touchera plus, alors ce jour là seulement tu devras t'inquiéter."
Il regardait la jeune femme, au delà de ses apparences, au delà de sa beauté, elle avait souffert. Lors de leur promenade, c'était certain, mais avant, et cela il en était sur. Il n'avait pas besoin d'être médium pour cela. C'était trop pour elle, comment l'aider, comment la consoler.
Sans vraiment y réfléchir plus longtemps, et sans vraiment savoir pourquoi, il posa ses mains sur les épaules de Kayann.
"La douleur ne disparaitra pas, les images ne s'en iront pas. Tout ce que tu peux faire c'est en faire une force, ta force. Les utiliser à ton avantage. Tout cela doit devenir un moteur pour avancer. C'est ainsi que je fonctionne depuis des années. Et parfois, lorsque tout devient lourd, il suffit de revenir auprès d'une épaule que l'on connait, et se laisser aller".
Sa main sur le menton de la jeune femme, il planta ses yeux dans les siens.
"Laisses moi être cette épaule au moins pour ce soir."