Auteur Sujet: Solitude et equidé [Kayann; libre...]  (Lu 4185 fois)

Kayann

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Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« le: 30 septembre 2010, 13:14:46 »
[Après le retour du corps d'Ysaline et son annonce à la salle de détente]

Kayann sut avec certitude qu'elle avait atteint un certain niveau de déprime quand elle pénétra dans l'écurie et que l'odeur équine ne lui arracha aucun sourire, à peine une vague sensation de bien-être, un sentiment de retour parmi les siens.
Enveloppée dans un manteau de laine d'un marron sombre qui ne ressemblait d'aucune sorte à ces mises colorées habituelles, elle apprécia néanmoins la chaleur de l'endroit. D'un pas discret, elle avança sur l'allée central et jetant quelques coups d'oeils sans intérêt aux chevaux qui somnolaient chacun dans sa stalle, comme eux aussi anéantis par les terribles événements qui s'étaient produit.

Depuis cette épouvantable soirée où le corps avait été ramené, Kayann logeait au Collegium, grâce à la sollicitude de Fitz qui avait tenu à la garder près de lui pour lui parler. Mephisto avait rejoint l'écurie avec Safrane tandis que le reste du troupeau, qui se limitait à une poignée de tête depuis le fructueux marché de la St-Jean, avait été confié aux soins d'un palefrenier de confiance. Cela ne faisait que deux ou trois nuits que le cauchemar avait commencé, privant la jeune Shin'a'in de sommeil et de gaité. Elle n'avait parlé à personne depuis, ni Fitz ni Ann'dra n'étaient venu, privés de temps sans doute par les tourments qu'apportait pour la découverte d'un tel drame. Elle ne leur en voulait pas mais aurait aimé en parler, comprendre ce qui s'était passé, qui était ce fameux mage démoniaque qui semait la terreur à Valdemar.
Elle avait l'impression d'avoir rêvé, elle sentait encore au dessus d'elle les battements d'ailes sinistres des carnassiers, l'odeur de la mort sur sa peau, le sang de la morte sur ses mains.

Ses pas la menèrent vers les chevaux qu'elle était venu voir. Mephisto n'était pas là, l'idée lui vint alors d'attendre le retour de la monture et, par conséquent, de son cavalier pour lui parler. Il faut dire qu'elle même ne s'était pas vraiment manifesté mais le besoin d'explications devenait trop pesant.

L'absence de Fitz aussi.

Elle devait le reconnaître, cette tragédie avait tissé un lien entre eux, du moins en avait-elle l'impression, sans qu'elle ne sache de quel nature il pouvait être.

Safrane était là, elle avait reconnu les pas de sa meneuse et s'était tourné vers l'allée pour l'accueillir.
Cette fois, un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle avançait sa main sur le chanfrein de sa monture.

"Bonjour gamine... Tu t'ennuies n'est-ce pas? Pardonne-moi, mais je ne te montrai pas aujourd'hui... En revanche, une virée au parc te dit-elle?"

Partagée entre la culpabilité et la lassitude, elle saisit une corde attachée sur une poutre et la passa simplement autour de l'encolure de la pouliche. Celle-ci la suivit sans rechigner et toutes deux gagnèrent le pré où Kayann la lâcha.
Safrane s'éloigna au petit trot, sans grande conviction. La tristesse de la cavalière déteignerait-elle sur le moral de la jument?
Préférant ne pas y songer, la jeune femme fit demi-tour et decida de s'occuper de l'entretien de son matériel, histoire de s'occuper l'esprit. Elle s'assit sur un banc dans l'allée de l'écurie et se mit à la tâche sans autre bruit que le frottement de la brosse sur le cuir et la respiration des équidés.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #1 le: 01 octobre 2010, 08:41:47 »
Beaucoup de choses s'étaient passées. Beaucoup trop. Fitz avait enfin une soirée à lui. Il avait décidé ce soir là de rendre visite à Kayann, il l'avait négligée et s'en voulait. Mais pour être honnête tout n'était pas de sa faute, Beltran, Aranel, et Riannon l'avait pas mal occupé ces derniers temps, et les ordres passaient avant ses envies. Il se doutait que la jeune femme aurait aimé parler plus, être rassuré, et sur ce point là il n'avait pas été à la hauteur.

Kayann s'était absentée lui avait-on dit. Et dans sa tête une petite voix lui dit simplement "chevaux". Il sourit pour lui même. La jeune femme avait du se rendre au seul endroit où elle savait pouvoir se vider la tête.

Il se rendait régulièrement à l'écurie, rendre visite à Mephisto, et le préparer pour ses patrouilles, mais jamais il n'avait eu l'occasion de croiser la jeune femme.

Qu'à cela ne tienne ce soir, il se rattraperait.

Dans le noir, il sourit à lui même, à la porte de l'écurie, il regardait Kayann prendre soin de son matériel. Il ne s'était pas trompé, mais là où il s'attendait à voir une femme habillé de couleurs vives et joyeuses, il la vit triste et vêtu de sombre. S'approchant dans la lumière de façon à ne pas lui faire peur, il annonça:

"J'éspèrai te trouver ici. Je savais bien que c'était le seul endroit où tu pouvais te rendre en pleine nuit."

Adossé à une porte de boxe il scrutait la  Shin'a'in, souriant amicalement.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #2 le: 02 octobre 2010, 22:53:29 »
Frotte, frotte, contre le cuir, fais le luire, frotte frotte de ta brosse, efface les crottes.... Contre le cuir, fais le luire...
Pour frotter, ça, elle avait frotté! Ses mains avaient rougi tant ses doigts étaient crispés sur la brosse, tant l'air était frais et le geste vif. Plus que rouges, ses paumes l'auraient fait souffrir si elle avait pris la peine d'analyser sa douleur.
Pourtant...
Son geste répétitif l'avait mené à réfléchir, à cogiter, à s'interroger, tant et si bien qu'une sorte de transe l'avait emporté. Elle ne se rendit pas compte de la nuit qui était tombée, ni des pas du jeune homme qu'elle attendait pourtant.

Lorsqu'il parla, son geste s'interrompit mais son regard resta perdu dans le vide un instant encore... Il fallait bloquer le flux de ses pensées pour reprendre pied dans la réalité. Ce qu'elle fit.
En même temps que sa conscience, ses mains se révélèrent sous leur propre douleur et lui arrachèrent une grimace avant qu'elle ne les essuie sur un chiffon et se lève en face du jeune homme.
Une esquisse de sourire prit son temps, mais se dessina finalement sur son visage fermé:

- "C'est bien de te revoir..." dit-elle seulement avant de reprendre un ton grave. "Je ne dors plus, je sens la mort planée sur nous... Tout cela a révélé une terreur imprévisible... Je ne pensais pas être capable de temps de... Noirceur..."

Son regard bleu perdu dans le vague se fixa finalement sur Fitz.

"Il y a que je n'ai vu que peu de cadavre. Deux à vrai dire... et les deux d'une mort atroce... Je m'en remettrai, une fois de plus, mais il me manque des repère à Haven... "

Elle s'avança d'un pas.

"Ou plutôt... Si, j'en ai un, toi. Tu es le seul qui ai vu ce que j'ai vu. Savoir cela m'empêche de sombrer dans la folie, j'ai le sentiment d'avoir fait un cauchemar et de ne pouvoir en parler..."

Se rendant compte de la portée que pourraient avoir ses paroles, elle s'arrêta et esquissa enfin un sourire mutin.

"Tu dois me trouver un peu folle, n'est ce pas?"

Elle fit ensuite demi-tour et s'approcha de la stalle de Safrane qui somnolait.

"C'est que je n'ai pu en parler vraiment depuis notre retour... Cela fait quelques jours... Peut-être ai-je besoin d'exorciser ce malaise..."

En parlant de son malaise, elle se trouva bien égoïste soudainement et se retourna sur le coup.

"Et toi? Comment vas-tu?"
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #3 le: 03 octobre 2010, 08:41:39 »
Du regard Fitz suivit la jeune femme. Elle avait à peine réagit lorsqu'il était arrivé. Il s'en voulait. Il s'en voulait énormément. Il l'avait laissé seul sans l'aider, sans l'écouter, avec un secret dont elle ne pouvait parler à personne, et avec des images qui pouvaient hanter le plus endurci des guerriers...

Et maintenant il arrivait la gueule enfariné, comme si il n'avait pas fait d'erreur. Le mercenaire se sentait coupable, terriblement coupable.

Il l'écouta, elle avait besoin de vider son esprit, de parler un peu, et cela il pouvait le comprendre.

C'est néanmoins la surprise qui apparut sur son visage lorsqu'elle demanda de ses nouvelles à lui. Lui ? Qu'elle importance ?

"Je vais bien Kayann, ne t'inquiète pas pour moi. Et non je ne te prends pas pour une folle".

Il s'approcha à son tour du box de Safrane. Les chevaux autour d'eux était calmes, c'était quelque chose de reposant, qui permettait au mercenaire de poser ses mots calmement, et surtout de choisir avec soin ce qu'il devait dire.

"Je suis navré que tu ne puisses pas en parler. Mais il est vrai que la sécurité d'Haven est notre priorité, et si le capitaine Beltran estime que nous devons garder le silence alors nous devons le garder."

Il réfléchit un instant et continua:

"Mais ce dont je suis le plus navré c'est de ne pas être venu te rendre visite plut tôt. J'ai faillit à ma tâche. Je désirai que tu puisses te reposer sur moi, et passer à autre chose, mais au lieu de ça je t'ai laissé tombé, je me sens extrêmement coupable. Je n'ai aucune excuse"

Le mercenaire planta ses yeux dans ceux de Kayann, il devait trouver les mots mais il savait que cela ne servirait à rien.

"Ce que l'on a vécu... Ce que l'on a vu... "

Il prit une profonde inspiration et s'approcha de la jeune femme:

"L'horreur existe en ce monde Kayann. Des cadavres j'en ai vu plus que de raisons, nettement plus qu'un homme de mon âge aurait du en côtoyer. J'aimerai pouvoir te dire que ça passera, que tu oublieras... Mais c'est faux, et tu le sais aussi bien que moi. Sache juste que même le plus endurcis des guerriers verse des larmes dans son sommeil quand les corps qu'il a pu rencontrer lui reviennent en rêve."

Il lui adressa un sourire triste.

"Après tout nous sommes humains, et c'est parcque nous avons cette humanité que nous pouvons nous rendre compte de l'horreur. Le jour où toute cette monstruosité ne te touchera plus, alors ce jour là seulement tu devras t'inquiéter."

Il regardait la jeune femme, au delà de ses apparences, au delà de sa beauté, elle avait souffert. Lors de leur promenade, c'était certain, mais avant, et cela il en était sur. Il n'avait pas besoin d'être médium pour cela. C'était trop pour elle, comment l'aider, comment la consoler.

Sans vraiment y réfléchir plus longtemps, et sans vraiment savoir pourquoi, il posa ses mains sur les épaules de Kayann.

"La douleur ne disparaitra pas, les images ne s'en iront pas. Tout ce que tu peux faire c'est en faire une force, ta force. Les utiliser à ton avantage. Tout cela doit devenir un moteur pour avancer. C'est ainsi que je fonctionne depuis des années. Et parfois, lorsque tout devient lourd, il suffit de revenir auprès d'une épaule que l'on connait, et se laisser aller".

Sa main sur le menton de la jeune femme, il planta ses yeux dans les siens.

"Laisses moi être cette épaule au moins pour ce soir."
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #4 le: 04 octobre 2010, 11:52:34 »
La quiétude de la jument qui sortit de ses rêveries, sa chaleur lorsqu'elle approcha son nez de la meneuse, apaisait quelque peu les démons de la Shin'a'in qui écoutait attentivement les paroles du guerrier. Sa sollicitude la touchait réellement, elle n'en demandait pas tant. Un soupçon de remords la prit même de faire culpabiliser ainsi le mercenaire.

"Je ne t'en veux pas Fitz! Au contraire..."

Elle aurait voulu continuer, apaiser les remords du jeune homme mais les mots ne venaient pas. Sa propre paix était rompu.
La sensation du crin rêche de la pouliche sous sa paume lui arracha pourtant un sourire triste, adressé à Safrane, puis à Fitz qui faisait de son mieux pour calmer ses angoisses. Et les siennes aussi, peut-être.

Elle parvint à sortir de son mutisme, se râcla la gorge et poursuivit:

"Je connais l'horreur du monde, ne me crois pas naïve. C'est d'y avoir été confrontée de cette manière..."

Ne pas trouver ses mots l'énervait et pourtant, elle devait continuer:


"Beltran et toi pouvez me faire confiance. Je ne lâcherai rien, je ferai tout pour la sécurité de cette ville qui n'est pourtant pas la mienne. Mon propre bien-être ne peut pas passer avant la sécurité des habitants d'Haven... Et de toute façon, ébruitter l'affaire ne calmera pas mes cauchemars...

Les dites images défilaient à vive allure devant ses yeux arctiques, le court de ses pensées furent stoppés lorsque le jeune homme posa ses mains sur ses épaules. Le contact la troubla un instant, mais lui était agréable. Elle décida alors de lâcher une partie de son terrible secret:

"J'ai côtoyé la mort de près, la mort naturelle, la vieillesse, la maladie, que ce soit des humains ou des chevaux. La mort m'est familière. C'est toute cette violence qui m'est inconnue. Je veux dire... Je connaissais son existence, mais elle ne m'avait touché qu'une fois d'aussi près... Je sais que les images ne s'effacent pas, elles hantent le sommeil, envahissent les rêves, elles se posent sous nos paupières et se rappellent à notre souvenir à chaque battement. J'ai pris la route pour ne pas devenir folle dans les Pelagirs. Et je ne sais pas comment je pourrai gérer une tragédie pareille."

Les deux jeunes gens étaient très proches l'un de l'autre. Au fond d'elle, Kayann sentait le besoin de s'agripper à lui pour s'empêcher de sombrer, elle retint une violente pulsion de se jeter dans ses bras, pour le rassurer aussi, lui dire qu'elle ne lui en voulait pas. Toutes son énergie était fixé sur le contact de la peau de Fitz sur la sienne.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #5 le: 06 octobre 2010, 19:31:29 »
Ils étaient là, tous les deux, à compter l'un sur l'autre, à pouvoir s'épancher, et finalement c'est ce qui comptait le plus. Cette main qu'il avait posé sans y faire attention, et par pure instinct, était un pont. Ils existaient, et ce qu'ils avaient vécu existé aussi.

Mais face à tout cela ils n'étaient pas seul.

Kayann lacha une partie de son secret, et il savait que dans une relation de confiance tout est donnant donnant.

"Je te comprends. Je sais combien c'est dure surtout lorsqu'on est jeune."

Il se tut un instant, regardant le plafond de l'écurie comme si un quelconque secret s'y trouvait dissimulé, sa main toujours en contact avec elle. Il ne voulait pas rompre ce lien fragile, quelque chose en lui l'interdisait.

"Tu sais, comme toi, la violence de ce monde je la connais depuis longtemps. J'y ai été confronté il y a bien des années alors que l'enfance ne m'avait pas encore quittée, et certaines marques sur mon corps en sont la trace. Alors tu peux gérer comme moi, et te dissimuler au gens, ne pas leur faire confiance, et haïr les humains. Fuir quand tes sentiments sont en jeu, et continuer chaque jour qui passe, sans réellement savoir où tes pas te mèneront.
Ou tu peux être plus grand, et plus intelligent que le pauvre mercenaire que je suis."

Il baissa les yeux et regardant au fond de ceux de Kayann embraya

"Tu peux te dire qu'il faut se battre pour ceux qui en valent la peine, et pour sauver une espèce qui court à sa perte. Chaque horreur et monstruosité que tu croiseras, deviendront un moteur supplémentaire à ton envie de te battre.
Finalement ce choix là j'étais trop jeune avant pour le prendre, maintenant j'ai peut être une motivation pour aider l'humanité."

Il laissa sa main glissait le long du coup de la jeune femme, n'appuyant pas son contact, tendrement sans chercher à forcer, ni imposer sa présence, et attrapant son menton de deux doigts, il embrassa son front avec tendresse, avant de la libérer de cette étreinte, et de se rendre compte qu'il avait surement été trop loin.
S'éloignant un peu il lui adressa un sourire triste mais déterminé.
Fitz se tourna pour ne plus faire face à Kayann, laissant son bras pendre dans le box de Safrane.

"Que tu puisses vivre comme tu l'entends, et que tu retrouves le sourire, voilà qu'elle est ma motivation."

Ce qui lui prenait il ne le comprenait pas vraiment. Ce qui lui arrivait n'était pas dans ses habitudes. Mais elle l'avait désarçonné, et pour une cavalière autant dire que c'était un paradoxe, depuis le début elle l'avait touchée, et cela bien plus profondément qu'il n'en avait eu conscience.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Capitaine Ellia

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #6 le: 07 octobre 2010, 19:54:28 »
L'air se troubla. [ Kayann, ton estomac se serre et ce n'est totalement dû aux gestes de Fitz. Fitz, ta main commence à te picoter.]

Les chevaux commencent à s'agiter, renaclent, et bronchent, mais en quelques secondes, redeviennent calmes.
Une autre personne se tient dans les écuries, l'air serein. Le couple l'a déjà vu, et pas dans des conditions extrêmement joyeuses. Cependant, elle n'a pas l'air aussi triste que la fois précédente, et la blessure à sa gorge est beaucoup moins visible. Elle ne serait pas légèrement transparente, et vascillant, on aurait pu croire à sa réelle présence.

Elle sourit lentement, et les regarde sans parler, l'air de contempler une scène heureuse, alors que rien ne se prête à cela. Puis sa voix mentale vient effleurer Fitz:

Petit frère, Ysaline vous remercie. Je viens vous prévenir que bientôt on vous demandera de l'aide à l'étranger. Ne dites pas non, vous y rencontrerez de quoi être très utiles à la vie. Dis à ton amie de ne pas avoir peur, elle est assez forte pour avoir le droit à l'amour de deux déesses et de ses chevaux. Quant à toi, ton rôle est loin d'être fini et tu as rencontré quelqu'un qui saura te compléter, tu comprendras bientôt.


Puis avec un sourire maternelle, la Capitaine salue et en un battement de paupières, vous ne la voyez plus.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #7 le: 07 octobre 2010, 22:27:38 »
Le calme de l^écurie et la présence rassurante du mercenaire apaisa peu à peu le malaise de la jeune femme, qui dut admettre en son fort intérieur qu'elle n'était pas seule, voir même plutôt bien entourée. En quelques jours, elle savait pouvoir compter sur Ann'dra, de manière quasi certaine, quand au Capitaine Beltran, malgré sa raideur le soir de la découverte du corps d'Ysaline, était à n'en point douter un homme droit et juste.

Quand à Fitz, plus que la sécurité que son statut apportait, avait sans le vouloir abaisser la garde de sa méfiance et s'était vu accorder une véritable estime et confiance de la part de la Shin'a'in, aussi troublée qu'elle pouvait l'être. Pourtant, d'une part comme de l'autre, cette fusion semblait permettre des gestes qu'ils auraient jugé déplacés dans d'autres circonstances. Ce baiser apaisant par exemple, qu'il déposa avec douceur sur son front. Dans le même élan, lorsqu'il se tourna dos à elle pour s'accouder à la barrière de Safrane, elle posa sa main sur son épaule et sa tête lourde de cauchemars sur son dos. Là, dédaignant les retombées d'un tel geste, elle ferma les yeux et profita du seul instant de semblant de paix qu'elle éprouvait depuis quelques jours, qui lui paraissaient une éternité. Son attention ne perdit pas un mot de ce que disait le jeune homme, sage et humble, tel qu'elle l'avait évalué. Un instant, elle espéra que ce moment ne cesse pas.

Pourtant...

La quiétude de l'écurie disparut soudainement. D'un commun accord, les chevaux redressèrent d'abord les oreilles, puis la tête, avant de faire quelques pas nerveusement, avant de redevenir somnolants et paisibles.
Kayann nota pourtant ce changement et le jugea avec effroi.
Non... Qu'allait-il arriver encore?
Elle crispa ses doigts autour de l'épaule de Fitz, pétrifiée, les yeux grands ouverts dans le vide. Elle savait de quoi il s'agissait. Cela hantait ses nuits, lorsque son esprit tombait littéralement de fatigue, l'entrainant dans un sommeil léger et tumultueux.

Le spectre apparut alors, celui de la mercenaire. Kayann éprouva un soupçon de soulagement en la reconnaissant, alors que ses rêves étaient remplis d'oiseaux de malheurs. La gaieté qu'on lisait sur son visage étonna Kayann qui parvint même à lui adresser un sourire timide. Les yeux du fantôme se posèrent sur Fitz, et la Shin'a'in supposa qu'elle lui parlait.
Cela ne dura qu'un instant. Aussi étrangement qu'elle était apparue, la dame s'en était allée.

La cavalière mit quelques secondes avant de parler, de peur de troubler une sensation de paix que le spectre avait déposé.

"Qu'a-t-elle dit?" murmura-t-elle enfin en se détachant de la carrure du jeune homme.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #8 le: 08 octobre 2010, 07:16:55 »
L'instant était tendre et agréable. Rien ne semblait pouvoir les déranger. Kayann appuyée contre lui, Fitz pouvait sentir la chaleur se dégager de son corps, il voulait que cet instant dure,encore et encore. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas éprouvé un tel instant de quiétude.

Mais il s'en doutait. Cela lui arrivait depuis qu'il avait débarqué à Haven, rien ne serait simple. Lorsque sa main commença à réagir, il voulut d'abord attraper la fourche la plus proche et entreprendre de la découper. Ou alors en utilisant une sangle et en serrant bien, peut être qu'il pourrait rendre le membre inerte ? Non il savait qu'il devrait vivre avec, et cela le terrifiait...

Pourtant il fut soulagé lorsqu'il reconnu l'esprit qui avait décidé d'apparaitre. Et comme toujours elle s'adressa à lui. Et ne sachant pas vraiment si la communication était exclusive il pensa à son tour.

Je lui dirai.


Elle disparut alors, Fitz restant un instant troublé par tout ce qui avait été dit. Il réfléchissait encore lorsque Kayann prit la parole. Il fit alors face à la Shin'a'in lui adressant un sourire plein de tendresse.

"Elle a dit qu'Ysaline nous remerciait. Elle m'a aussi annoncé qu'on nous demanderait bientôt de l'aide à l'étranger, et que l'on ne devrait pas refuser. Elle t'a adressé plus particulièrement une phrase. Tu ne dois pas avoir peur. Tu es assez forte pour avoir le droit à l'amour de deux déesses et de tes chevaux."

Il parut un instant perdu dans le vide, comme si ses yeux cherchaient un point fixe à quoi se raccrocher.

"Quand à ce qu'elle m'a annoncé pour moi.... "

Il prit une profonde inspiration, ne sachant plus très bien quoi dire.

"Quand à moi.... J'ai l'impression que tout cela n'est pas fini"

Comme si tout lui paraissait trop lourd, comme si la fatigue revenait, Fitz s'assied par terre, adossé au box de Safrane, le regard toujours un peu perdu.
Finalement il avait fait le dur tout ce temps là, mais toute sa vie avait été troublée, et modifiée. Et là ici, dans cette écurie où il n'y avait que lui et la jeune femme, il décida qu'il pouvait arrêter d'être solide comme une pierre, et juste être Fitz, le jeune homme, ancien esclave.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #9 le: 11 octobre 2010, 22:46:16 »
Pour qui serait entré dans l'écurie à cet instant, rien ne faisait penser qu'une apparition spectrale avait envahi les lieux quelques instants plus tôt. Tout était d'un calme serein, hormis peut-être celui qui régnait près des deux jeunes gens encore ébahis de ce qu'ils venaient de revoir.

Fitz sembla abattu un instant, une fois qu'il eut raconté les prévisions du fantôme. Une mission à l'étranger? Qui la concernait? Avec lui?
La perspective soudaine d'être envoyée en terrain inconnu sans Fitz lui parut sur le moment paniquante, bien qu'il y ai peu de chance qu'ils fassent équipe. Ils étaient à des lieux d'avoir les mêmes capacités, hormis l'équitation qui les rapprochait.

Le mercenaire donc, se laissa glisser sur le sol, comme emprunt à une grande lassitude. Il perdit son assurance et son regard s'emplit d'une étrange nostalgie. Comme un masque qui tomberait.
Kayann le dévisagea un instant puis, un sourire bienveillant aux lèvres, s'agenouilla face à lui et posa ses mains sur les siennes.

"Tu parles de deux déesses? J'ignorais que Celle aux yeux étoilés n'était pas unique... Ce qui est sûre, c'est que cette divine inconnue semble t'avoir choisi mais que cet honneur semble tenir du fardeau pour toi... As-tu peur?"

Son regard arctique tentait de capter le sien, pour comprendre ce qui semblait abattre le mercenaire qui n'avait pas manquer de vaillance jusqu'à maintenant.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #10 le: 16 octobre 2010, 10:10:53 »
La jeune femme était pleine de sollicitude envers Fitz, et ce dernier s'en voulait de se montrer ainsi. Mais la fatigue l'envahissait peu à peu, et le poids de tout cela devenait bien trop pressant pour le jeune homme.

"J'ignorai aussi le nombre de dieu et déesse. Mais visiblement j'ai en effet été choisi, par une déesse dont personne ne sait rien".

Il leva les yeux et fixa son regard dans celui de Kayann.

"Je n'ai pas peur. Je suis juste épuisé. Depuis que tout cela a commencé j'ai l'impression que le temps ne fait que filer, et que le repos m'est impossible. Et chaque fois que je pense avoir un instant au calme, voilà que tout cela redémarre, et que des prédictions obscures me sont de nouveau faites. "

Il adressa à Kayann un sourire désabusé.

"Il semblerait que mon "rôle" soit loin d'être fini, et que j'ai rencontré quelqu'un qui saura me compléter... La seule chose qui m'inquiète c'est de savoir quel est ce rôle dont elle parle ? Et je me demande constamment: "pourquoi moi?" ... J'ai eu une vie déjà bien remplie, comme bien des gens ici. Des épreuves j'en ai passé beaucoup, des malheurs j'en ai trop vécu, et j'aimerai juste que parfois tout cela s'arrete, et que je puisse juste être moi."

Il fixa un instant le plafond, avant de lancer un profond soupir.

"Un jeune homme qui aimerait juste parfois profiter de la vie. Je ne suis même pas sur de me rappeler ce dernier instant de calme que j'ai vécu"
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #11 le: 28 octobre 2010, 22:38:25 »
Etrangement, la lassitude du jeune homme lui faisait du bien. Sa mélancolie calmait la sienne. Non qu'elle soit ravie de l'état d'âme de son ami, elle ne se sentait plus seule avec lui.

Bien qu'elle écoutait attentivement ce qu'il tentait de comprendre sur cette déesse qui ne lui laissait guère de choix, certaines choses lui échappaient. Il lui manquait trop d'éléments pour comprendre la portée de ces événements, peut-être que Fitz se trouvait dans le même cas. Ils y étaient mêlés, sans connaître le rôle qu'ils auraient à jouer.

"Tu n'as pas le choix que de lui faire confiance, elle t'a accordé la sienne en te nommant porte-parole, tu n'as guère le choix je crois", tenta-t-elle en guise de réconfort, sachant bien que ce n'était pas les mots qu'il devait vouloir entendre.

La pression de ses paumes sur les siennes se fit plus intense avant qu'elle poursuive:

"Quoi qu'il en soit, je ne sais pas de qui parle la déesse en citant cette personne qui te complètera, mais sache que tu peux compter sur moi... Je ne te laisserai pas... Fais-lui confiance... Et fais-moi confiance..."

La fatigue se lisait sur les traits du mercenaire. D'un geste doux, inconsidéré une fois de plus, elle posa sa main tiède sur sa joue et lui adressa un sourire tendre.

"De plus, elle ne t'a pas choisi au hasard. Ton passé aussi lourd soit-il t'a construit tel que tu es et a développé les qualités qu'Elle cherchait. Tout ceci a un sens, même s'il t'échappe encore..."

Sa main se réchauffait au contact de sa joue, tandis qu'il parlait de ce dernier instant de paix qu'il peinait à se rappeler, son regard triste fixé au plafond. Avec toute la douceur possible, elle descendit son visage vers elle et tendrement, approcha le sien pour déposer un baiser aussi chaud que léger sur les lèvres du jeune homme, avant de murmurer:

"Cela pourrait être maintenant..."
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #12 le: 30 octobre 2010, 18:06:19 »
Sa seule présence, apaisé déjà le mercenaire. Certes la vie lui paraissait dure, et il ne comprenait rien à ce qui se déroulait face à lui, mais elle était là et c'est ce qu'il comptait.

Il n'osait même pas espérer ce qui arriva.

Ce contact éphémère, ce baiser déposé, cet instant volé, Fitz le ressentit comme une grande bouffée de chaleur. Il sortit un instant de ce corps meurtri, il sortit un instant de ses souvenirs maussade, il oublia juste que tout était compliqué, il ne pensait qu'à elle.

Cette femme qui l'avait interpellé dés le départ, qu'il avait appréciait dés le début sans savoir pourquoi, elle qui avait été là avec lui lors de ces moments difficiles, et qui maintenant l'accompagnait quand il en avait besoin.

Elle ne jugeait pas ce qu'il était, et ce qu'il avait été. Elle n'avait pas peur du vide qu'il laissait plané sur son histoire. Elle était juste avec lui, et le lui faisait comprendre.

Il posa son regard dans le sien, il n'y avait plus de sourire de façade sur son visage, juste un instant qui flottait, comme si les horloges du pays s'étaient arrêtées. Il y avait cet instant de repos, et de plaisir qui planait.

Il posa sa main sur le visage de Kayann, et lui caressa la joue doucement.

"Tu es mon seul instant de calme. Tu es la seule personne qui m'apaise actuellement. A tes cotés j'oublie la douleur, j'oublie mon passé, j'oublie la haine de ce monde"

Il sembla hésité un instant, chancelant, lui le mercenaire aguerri et solide, lui l'homme de terrain qui n'avait pas peur et qui ne souffrait pas, voilà qu'il ressentait un picotement qu'il ne connaissait pas.

"Kayann... Je te remercie... Sans toi je pense que j'oublierai que ce monde est aussi capable de sentiments doux, et de tendresses.... Sans toi ce monde ne serait que désolation et horreur... Tu es ma bouffé d'air, et ma lueur d'espoir."


Il appréciait être à ses cotés, il l'aimait l'avoir là. Il voulait juste la tenir dans ses bras et laisser le temps passer.

"Merci de me prouver que mon présent est aussi composé de bonheur"
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Kayann

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Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #13 le: 02 novembre 2010, 14:21:19 »
Le contact fut chaud, doux, tendre... Ephémère et si  intense à la fois... Le temps s'arrêta le temps d'un instant, la tourmente quitta l'esprit de la jeune femme qui aurait aimé prolongé ce baiser.
Pourtant, leurs lèvres se séparèrent et le doute envahit Kayann qui chercha dans les yeux du mercenaire le sentiment qu'il ressentait à l'instant. Il ne l'avait pas repoussé, pourtant...

Ce qu'elle vit dans les prunelles de Fitz la rassura entièrement. Il avait vécu cet instant avec autant de plénitude qu'elle, et le lui confirma en la remerciant.
Un brin rougissante, elle resta un instant en suspens, à genou en face de lui, leur visage si proche, leurs mains nouées, leur destins scellés?

Bien sûr, le baiser avait éveillé en elle des désirs depuis longtemps refoulés. Comme s'abandonner dans les bras d'un homme, comme sentir la sécurité de son étreinte, comme celui de ne pas se sentir seule, un moment du moins...
Ses yeux plongés dans les siens, elle voila son trouble et prit le parti de la bienséance en ne tentant rien de plus. Elle ne savait même pas quoi dire.
Un sourire serein aux lèvres, le premier depuis plusieurs jours, elle se contenta de le dévisager, le laissant maître des événements.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: Solitude et equidé [Kayann; libre...]
« Réponse #14 le: 12 novembre 2010, 20:54:28 »
Elle était bien réelle, là devant lui, sublimant simplement le mot magnifique, de part sa simple présence.

Il ne savait pas très bien si elle avait fait ça par pitié pour le petit garçon qui était réapparu un instant, ou si cela comptait autant pour elle que pour lui, mais à ce moment là, à cet instant précis, il s'en moquait royalement.

Il s'installa plus confortablement, et attira Kayann contre son torse. Le visage dans ses cheveux il pouvait s'enivrer, et il savait aussi qu'à cet instant il pouvait le faire pendant des heures. Elle contre lui, et lui enfin complet. Tout ce qu'il désirait à cet instant, tout ce qu'il voulait, c'était que cet instant dure des heures.

Il fallait qu'elle soit là avec lui, et ca il en était sur.

"Kayann, crois tu qu'on peut tenir à quelqu'un tellement fort que sa survit et son bonheur devienne la seule nécessité ? "

Ils étaient posé ainsi, et tout ce qu'il éspèrait c'est qu'elle serait heureuse avec lui, quoiqu'il arrive, et quoiqu'il doive faire, qu'elle soit heureuse encore et toujours.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-