Le voyage commençait vraiment à toucher à sa fin et, au fond d'elle, Loelia s'en réjouissait, car elle commençait vraiment à se sentir épuisée. Toutes ces nouvelles informations, toutes les choses qu'ils avaient vues, comprises, parfois pas, commençaient à se bousculer dans sa tête et elle ne doutait pas qu'il en était de même pour ses compagnons de voyage. Même si certains s'efforçaient de ne pas montrer leur intense fatigue.
Les dyhélis n'avaient pas quitté Loelia durant le voyage et la jeune femme était heureuse de constater qu'ils semblaient aller un peu mieux. Etait-ce à son contact ? elle ne le savait pas vraiment mais quelque chose au fond d'elle lui soufflait l'intuition qu'elle n'y était pas totalement étrangère.
A un moment du voyage, la ménestrelle les vit avec une joie difficile à dissimuler reprendre du poil de la bête (si on puis dire) et descendre du chariot afin de trotter aux côtés du véhicule. Ils marchèrent ainsi les deux jours suivants sans broncher et, quand le groupe s'arrêta dans un bois pour camper, les kyrills vinrent parler à Loelia, lui faisant comprendre qu'elle semblait bien s'en occuper. Ils lui demandèrent également de jouer pour le groupe le soir, ce qu'elle accepta avec joie.
"Je suis vraiment heureuse de voir qu'ils vont mieux ; je ne vous cache pas la joie que j'ai a les voir gambader ainsi à nos côtés ! quel changement ! c'est avec plaisir que je jouerai ce soir, si le reste du groupe n'y voit pas d'inconvénient."
Cette discussion lui avait mis du baume au coeur et elle avait maintenant un léger sourire presque permanent sur les lèvres.
Quand ils arrivèrent dans la clairière, Loelia rassembla ses affaires de musique et s'assura que les dyhélis et les kyrills étaient bien installés. Et après le repas, elle joua pour le groupe, tout en s'assurant de n'agresser la fatigue de personne avec des notes trop "dures".
Elle porta également son attention sur les deux petits, ce qui n'était pas trop difficile car ils s'étaient spontanément rapprochés d'elle durant qu'elle jouait. A leur contact, elle sentait qu'elle était prête à saisir quelque chose, un peu comme la sensation qu'elle avait perçue quand elle les avait aidés la première fois. Mais une sorte de barrière ténue semblait se dresser entre ses doigts et le résultat voulu.
***
Le groupe avait repris la route et la jeune femme s'employait toujours à jouer, testant de temps à autre l'effet de sa musique sur les dyhélis. Qui lui faisaient, au travers des kyrills, des demandes de morceaux, requêtes auxquelles elle répondait avec joie et empressement.
Quand les dyhélis allaient bien, il lui semblait assez difficile de se mettre "au diapason" avec eux. Par contre, quand les deux petits faisaient état d'une baisse de morale, les notes semblaient venir plus naturellement à Loelia.
"Je commence à savoir interpréter leur chagrin en quelque sorte, pas parfaitement, mais je sens que je peux les aider. Il faudrait vraiment que je cherche à comprendre comment cela fonctionne et que je puisse m'accorder sur eux quelque soit leur humeur."
Elle cherchait, mais ne trouvait pas. Elle aurait visiblement besoin d'aide, que ce soit de Guérisseurs ou de Bardes confirmés.
De plus, une chose étroite se produit à nouveau quand ils passèrent la frontière de Haven : les cordes de son luth se brisèrent à nouveau, dans un bruit assez similaire que la fois précédente. Mais rien d'étrange ne sembla se reproduire plus avant et le groupe continua son voyage.
Loelia était bien contente d'avoir emporté suffisamment de jeux de cordes de rechange, sinon elle aurait dû voyager encore quelques semaines sans instrument.
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Les jours passèrent et le convoi finit par arriver en vue de Haven, alors que la nuit tombait. L'accueil fut plus que brutal, leurs compagnons non-humains créant la sensation et amenant le groupe à être menacé par l'armée de la ville. Heureusement, quand ils reconnurent Fitz et Rohan, le groupe fut accueilli un peu plus chaleureusement !
Ils passaient les portes de la ville quand la jeune femme remarqua, tout comme ses compagnons, que de la neige commençait à tomber.
Tout doucement, en silence.
Comme en écho apaisant à ces jours agités…
On les amena d'abord dans une pièce, au chaud, et des Guérisseur les examinèrent brièvement. Loelia brûlait de leur poser des questions, mais elle savait que ce n'était pas le moment et elle sauva sa curiosité pour plus tard. Elle se contenta d'écouter Fitz faire un compte-rendu de leur périple, en n'oubliant aucun détail.
Puis, dans la soirée, elle regagna enfin sa chambre. Elle eut à peine le temps de mettre ses vêtements usés par la route au sale, de démêler tant bien que mal ses cheveux et de prendre un bain qu'on lui amenait les dyhélis, à sa chambre. Les petits semblaient vouloir passer du temps avec elle ; la ménestrelle les accueillit avec chaleur auprès d'elle.
"Bienvenue à Haven. Je suis heureuse de vous avoir ici, avec moi. Je ne suis pas encore très habile à communiquer avec vous, mais je vous promets que je vais apprendre…."