Nooooon, traiter Alem de batard n'était pas une insulte. Evidemment que non. Bien sur qu'il l'était, batard, mais ce n'était surement pas une raison pour lui balancer a la gueule au premier conflit. C'était une attitude infantile et oui, insultante. Alem n'était pas idiot. Il savait pertinemment qu'il aurait été différemment s'il avait été un cousin ou un autre noble de plus bas rang. Si cette péronnelle considérait qu'il avait agressé son Roi, c'était un geste plus grave de la part d'un général que d'un frère. En le traitant de batard, non seulement elle jetait volontairement du sel sur une plaie compliquée à porter, mais en plus, elle rabaissait son éclat a une simple querelle fraternelle, rehaussée d'une jalousie stupide. Il devenait le batard de conte. Le personnage maléfique uniquement désireux de s'emparer du trône par amour du pouvoir.
"Batard" avait ce pouvoir avilissant. On ne disait jamais "Le frère batard de Truc a sauvé le pays du gouvernent désastreux et des taxes absurdes que lui imposaient l'héritier légitime" Jamais. Dans l'imaginaire collectif, un batard ne pouvait avoir d'ambitions politique que par envie et malveillance. Un batard n'était pas patriote, n'était pas bon, n'était pas généreux. Un batard ne cherchait pas à être un bon leader. Il cherchait juste le pouvoir. Voila quel était le pouvoir du mot "batard"
Evidement qu'Alem récoltait le terme trop souvent. Et évidemment qu'il ne réagissait pas a chaque fois. Mais franchement, se faire rabaisser au rang de batard envieux par une héraut de Valdemar, Oui, ca touchait le jeune homme. Parce que s'il n'était pas aussi évaporé que l'héritier, ces histoires de hérauts, il les connaissait. Il les aimait. Il avait grandis en entendant sa mère les lui narrer. Bien avant Raf, il s'était imaginé héraut, a vivre nombre d'aventure et a sauver la veuve et l'orphelin. Simplement, lui avait eu le temps de grandir, contrairement à l'adolescent théoriquement à la tète de son pays.
Mais tout le cynisme du monde. Toute la conscience politique des enjeux présents ne pouvaient consoler le petit garçon qui venait de se prendre le terme honni en pleine tète, négligemment jeté par un de ses héros d'enfance. Il avait envie de hurler. De frapper cette femme en lui hurlant qu'elle n'avait pas le droit. Qu'elle n'avait pas le droit de dire ca. Qu’elle était méchante et qu'il la détestait!
Mais plus calmement, il restait d'une immobilité de statue, un regard meurtrier fiché dans celui du Héraut Aenor.
Mais soudain, toute sa colère fut balayée par une douleur bien connue qui ravagea tout sur son passage. Colère, irritation, peine...
Il n'était plus rien. Rien
Juste une boule de douleur, un animal traqué, acculé.
Bon sang, mais COMMENT Raf ne pouvais pas comprendre que c'était Rethwellan qui se vengeait des princes qui le laissait aux mains de l'Usurpateur?
Son seul reste d'humanité était une partie de lui qui se refusais à hurler. Par fierté? Par peur d'attirer l'attention sur sa vulnérabilité? Il ne saurait dire.
La douleur redoubla et ses muscles échappèrent à son contrôle. Il commença à convulser sur le fauteuil. Il serait tombé si une forme claire ne l'avait pas retenu.
Cette fois, il hurla:
"Noooooooooooooooooon, noooooooooooooooon, Pardoooooooooooooooooooooooon, je juuuuuuuuuuure, nooooooooooooooon, Je... JeeaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA..."
En même temps, il se débattait autant que les convulsions le lui permettait, contre l'emprise de la forme fantomatique, forcement une émanation de Rethwellan ou de son père, mécontent de ses agissement.
Le cri du valeureux ex-général des armées Rethwellanes monta crescendo, proportionnellement à sa terreur, jusqu'a ce que tout d'un coup, ses yeux se révulsent et qu'il tombe dans le bienheureux néant de l'oubli.