"Ce n'est pas tant tuer qui m'a manqué, même si il n'y a rien de comparable à la fureur du combat. Non. C'est d'être là pour mes hommes, pour la couronne, faire ma part."
Il soupira, et se mit à sourire
"Je suis taillé pour me battre. Une fois sur un champ de bataille c'est… Je n'ai plus rien du capitaine. Je fonce, hache au clair, rien ne m'arrête. Je ressors toujours avec des blessures sur tout le corps, de nouvelles cicatrices, mais en ayant accompli ce que je devais accomplir. Je suis fait pour cela. Plus ils me frappent, plus je frappe fort. Je ne dis pas que je gagne des guerres à moi seul, je dis juste qu'une fois lâché dans la mêlée, je suis comme un rocher lancé du haut d'une pente. Je compense mon agilité par la fureur, et cela effraie l'ennemi."
Cela lui manquait oui. Il ne pouvait pas le cacher, il aimait cette sensation, cette sorte de rage qui s'emparait de lui, c'était mécanique, simple, comme respirait.
"Mais cette fois je n'étais pas là. Et mes hommes n'ont pas ma capacité à supporter les coups. Sans moi… Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus encore. Je les ai bien entraînés, je le sais, mais ils n'ont pas ma résistance. Ne pas avoir été là pour les aider me bouffe.
Ils étaient une troupe bien rodée, une unité de spécialiste, on les envoyait pour saboter, détruire les lignes ennemis. Une fois lâchés dans le camps adverses c'était un massacre, ils étaient formé à cela. Mais cette mécanique bien huilée tournait autour d'une détail important: la capacité de leur chef à résister au coup, et sa férocité au combat qui insufflait de la peur. Il est plus facile de saboter, ou détruire, une arrière ligne, quand on a à sa tête un homme qui reste debout après chaque blessure. Mais sans lui ?
"L'équilibre. Notion capitale, surtout pour un héraut ! Je suis content que tu t'en sois sorti, et encore plus que tes erreurs ne te hantent pas. Cela ne servirait à rien. Tu sais ce qu'on dit sur l'évolution ? L'évolution a façonné l'homme avec un seul outil: l'erreur. Il faut apprendre d'elle et non pas la ressasser."
Du coton? Presque, quand il repensait à ses deux ans cela lui semblait finalement… Bien loin.
"Oui et non. On m'a envoyé dans les plaines de Dorisha, pour apprendre à maîtriser ma nature. Pour apprendre à maîtriser ce qu'on m'a offert. L'entrainement n'était pas simple, je ne dirai pas ça. Mais d'un autre côté je rentrais tous les soirs retrouver ma femme, je dormais au chaud, et j'avais un bon repas qui m'attendait chaque jour. Donc oui par rapport aux hommes au front, j'ai été épargné, protégé. Et même si j'étais là bas pour apprendre, cela ne m'empêche pas de penser, qu'au fond, on m'a éloigné du front car j'étais trop…. Précieux. Moi le protecteur je suis devenu l'objet à protéger. N'est-ce pas ironique ?"
Ho si cela était ironique, et dans d'autres situations, Fitz en aurait apprécié toute la saveur. Aujourd'hui, elle lui semblait juste être un fruit un peu amère qu'on mange pour faire plaisir à son hôte.