Auteur Sujet: Désertion, refuge et compagnon  (Lu 3171 fois)

Justina Aléra

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Désertion, refuge et compagnon
« le: 21 août 2014, 20:57:53 »
7ème décade été 1481

Haven, capitale de Valdemar, son nouveau foyer. Justina se sentait déplacer, à part. Et elle l'était d'une certaine façon. Il y avait beaucoup de réfugier de Rethwellan en Valdemar, mais si peu qui avait changé de camps pendant la guerre. Elle était arrivée la veille dans la capitale, mais elle n'arrivait pas encore à vraiment réaliser tout ce qui était arrivé. Les femmes du camp où elle avait passé quelques jours l'avaient beaucoup aidé à reprendre son identité de femme, à l'apprivoiser. Jusqu'au vêtement. Elles avaient pris les quelques tenues que la jeune femme avait et lui avait montré comment les modifiés pour être à la fois féminine et prête à toutes les éventualités. Elles lui avaient même fournis d'autres tenues de rechange parmi leur propre garde-robe.

Au matin, elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes et de se faire à sa nouvelle vie, de s'y retrouver. Elle avait donc décidé de réaliser un rêve d'enfant, voir un compagnon. Elle ne se pensait pas digne d'être Élue, mais elle voulait les voir, s'enraciner à quelque chose dans cette nouvelle vie pour être capable de se construire. Les compagnons étaient le symbole de Valdemar, de ce pays de liberté et d'acceptation. Elle pouvait difficilement choisir mieux comme base pour concevoir sa nouvelle vie.

Comme elle s'accoudait à la barrière pour regarder les compagnons dans le champ, elle vit quelqu'un du coin de l'oeil tout près. Quelqu'un qu'elle était sure d'avoir déjà vu. Il lui fallu un certain temps à le regarder pour le reconnaître. En effet, elle ne l'avait vu qu'une seule fois, son Chevalier n'étant pas poussé vers la politique, il ne l'amenait pas souvent à la cour, mais une fois, durant leur court séjour, il lui avait montré de loin le bâtard. Car c'était ainsi qu'on parlait du prince Alemdar dans le cercle de la noblesse.

Poussée par la solitude, elle sauta la barrière pour marcher lentement en direction de l'homme et de son compagnon. Elle attendit à une certaine distance pour s'assurer de ne pas trop le déranger, mais comme il n'y avait que l'homme et son compagnon, elle pris son courage à deux mains pour l'aborder.

«Prince Alemdar?.»

Sa voix était légèrement interrogative, elle ne l'avait vu que de loin après tout.

« Je suis désolée de vous déranger, mais je vous ai vue de loin et je n'ai pu m'empêcher de vous approcher. »

Elle avait naturellement parlé en Rethwellanais sans même s'en rendre compte. Elle n'était toujours pas habituée à parler Valdemaran. Son accent campagnard, mais de bonne famille la désignait comme la fille d'un riche
 marchand ou une noble de la frontière.

« Est-ce votre compagnon? »

Contrairement à beaucoup de gens, elle savait qu'un compagnon était une personne à part entière. Les contes de compagnons étaient parmi ses préférés étant enfant. Avec ceux des chevaliers Rethwellanais d'autres fois. Son héroïne favorite, la Capitaine-Héraut Kerowyn. Elle espérait un jour lui ressembler, être aussi honorable qu'elle.
« Modifié: 26 mars 2020, 08:46:32 par Isabeau d'Armentières »

Héraut Alemdar

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Re: Désertion, refuge et compagnon [PV Alemdar]
« Réponse #1 le: 21 août 2014, 22:40:48 »
Comme tout héraut du roi qui se respecte, Alem était complètement surbooké, passant plus de temps le nez dans ses rapports, ou avec le roi, qu'il n'était très sain de le faire. Il ne bougeait plus assez, ne s'entrainait plus assez et franchement, et si Raf était venu le voir dans l'annexe inofficielle de la salle de rangement des rapports qu'était le bureau de sa fonction, le jeune roi n'aurait pas reconnu son frère. Enfin si, mais il était plus pale, il s'empâtait doucement... bref. A l'idée des moqueries de Raf, Alem avait réorganisé ses journées pour avoir une heure de libre par jour qu'il utilisait tour à tour pour s'entrainer à l'épée et pour galoper.

Aujourd'hui, c'était galop. Alem aurait préféré sortir des murs de la vile, mais... Mais ça aurait pris trop de temps, alors qu'il avait un très beau champ des compagnons pour faire le zouave. C'était chouette de galoper avec Taver. Plus que leurs conversations, c'était ça, l'entrainement physique simultané de deux guerriers qui rapprochait mentalement les deux êtres.

Après avoir marché un peu pour se détendre, Alem arracha une touffe de foin et entreprit d'étriller grossièrement son comparse (qui ne manquerait pas de se rouler dans la boue dès qu'il serait à l’abri de toute âme qui vive). C'est alors qu'il ne put s'empêcher d'entendre une présence se glisser derrière lui. Imperceptiblement, Alem se raidit, prêt a une éventuelle attaque quand on l'appelât. Et pas n'importe comment. En lui donnant le titre de prince. En Rethwellan. Il roula des yeux avec exaspération avant de se retourner vers son interlocutrice (car c'en était "une", vu sa mise) et de répondre dans la même langue:

"D'où vous sortez ce titre de prince? Je suis un batard, jeune fille, rien de plus."

Mais rien de moins... Et il était monté au grade de vice-roi, récemment (du pays voisin, certes). Il se retint de refaire faire un tour d'orbite a ses pupilles en entendant la remarque idiote de la jeune fille. Elle n'avait pas pu s'empêcher de l'approcher? Sérieusement?

"Je vois ça..."

Et, jackpot, elle posa la question la plus stupide du monde. Alem détailla ostensiblement le grand cheval d'un blanc lumineux, aux sabots d'argent et équipé d'une selle de héraut et d'un filet sans mort tel qu'on en voyait rarement ailleurs que sur un compagnon.

"Non, c'est un hérisson de poche, ça se voit pas?"


Question idiote, réponse idiote.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Pour les mp, voyez avec la grise qui aspire à devenir archiviste, là, Isabeau de Girier, me semble

Justina Aléra

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Re: Désertion, refuge et compagnon [PV Alemdar]
« Réponse #2 le: 22 août 2014, 01:36:04 »
Justina était suffisamment habitué au combat et à la guerre pour reconnaitre le changement de posture du Héraut. Elle aurait dû attendre qu'il se retourne et la voit. L'atmosphère de Valdemar était trop accueillant, elle en oubliait presque ses habitudes d'écuyer.

« Vous avez le sang de la lignée royale, pour moi cela suffit à faire de vous mon Prince, même si j'ai déserté. Et le fait que vous ayez été élu par un compagnon me prouve que vous êtes digne de ce sang qui coule dans vos veine. Peu m'importe les racontars de la cour.»

Justina ne ressentait pas les choses à moitié, cela pouvait lui jouer des tours, mais le respect, c'était essentiel pour elle. Aujourd'hui plus encore qu'avant, puisqu'elle pouvait être elle-même et respecter comme combattante malgré tout. Puis se fut son tour de se raidir quand elle vit senti qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle avait eu envie et besoin de parler à un compatriote qui avait trouvé sa place, si bien qu'elle s'était approchée sans prendre en considération leur rang respectif. Pourtant, elle tenta malgré tout, de rester polie en parlant du compagnon à son côté.

« Pardonnez-moi, il me semble que j'ai été présomptueuse. Quelqu'un comme moi ne devrait pas vous importuner avec ses problèmes, surtout lorsque vous êtes avec votre compagnon, qui aurait pu être celui d'un autre dont vous prenez soin.»

Elle était très certainement stupide d’avoir voulu lui parler, mais certainement pas assez pour ne pas sentir qu’elle était de trop. Les joues brulante de honte, elle s’inclina devant Alemdar, puis devant le compagnon.

« Tout ce que je voulais, c'était parler de l'adaptation à Valdemar, des Hérauts et des compagnons. Veuillez tout deux me pardonnez, je ne vous importunerai plus.»

Elle n'allait pas ignorer le compagnon non plus, même si elle ignorait toujours son nom. Elle n'aurait jamais dû venir, peut-être même que le champ était interdit au non héraut et qu'elle l'ignorait. Il y avait tellement de choses qu'elle ignorait en Valdemar, les règles de bienséance, le comportement à adopter en présence d'un Héraut et les rangs. Elle n'avait pas été formée pour la diplomatie, mais pour les armes. Elle se demanda fugacement si elle n'allait pas être arrêtée pour porter son épée à la ceinture en présence du Héraut du Roi ou d'un compagnon. En fait, elle était même habillée pour aller s'entraîner après être venu prendre de l'inspiration en regardant les compagnons.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »