Le choix
Ce bruit métallique de serrure qu’on tourne, le bruit de tes semelles sur le sol qui résonnent dans mon appartement vide.
Je laisse la larme glisser entre mes paupières closes, je la sens qui roule le long de ma joue et qui s’écrase sur mon oreiller. Je t’entends déposer les clés sur le guéridon à coté de la porte,
Le froid s’engouffre d’un coup dans l’appartement si vide, si grand, un vent glacial, dans mon dos les frissons se forment, ton ombre se découpe sur le sol, je la regarde se dessiner doucement, s’agrandissant au rythme de la porte que tu ouvres. Je sais bien ce que cela veut dire.
Je sais que tu t’en vas, je sais que tu pars, que jamais plus nous ne serons ensemble, que jamais plus je ne sentirai ton corps contre le mien.
J’aimerai me lever, et te ramener sous les draps. Te faire l’amour une fois de plus, comme s’il n’existait que nous, t’aimer de nouveau et m’enivrer de ton corps, te sentir frissonner contre moi, subir les caresses de tes mains, et les griffures de tes ongles, entendre ton cœur s’accélérer, t’essouffler encore et encore, laisser mes doigts courir sur ta peau, ma bouche se perdre dans ton cou, te dire je t’aime dans un souffle, et te le répéter jusqu’à ce que tu n’entendes plus que ça.
Mais je reste là, allongé sous les draps, seul et frigorifié, mes doigts se serrent dans le vide, les larmes ne s’arrêtent plus de couler, tu sembles déjà si loin, j’entends pourtant le frottement de tes vêtements lorsque tu te retournes pour me regarder, je sais que c’est l’instant ou jamais pour te demander de revenir, je sais que c’est maintenant. Mais je n’en fais rien, un bruissement encore, et la porte qui claque. Je suis un homme seul dans un lit froid.
Tu es partie, jamais plus nous ne serons ensemble, jamais plus toi et moi ne ferons qu’un.
J’aurai tant aimé que tu reviennes.
Les larmes coulent toujours, il fait froid, si froid, je me sens seule, je ressers mon manteau, la nuit meurt peu à peu sous le soleil levant. J’aurai tant aimé que tu te lèves, j’aurai tant aimé que tu m’empêches de partir, que tu quittes ton lit pour me serrer dans tes bras, me réconforter, partager ta chaleur et t’offrir à moi comme à jamais je serai à toi. Jamais plus, toi et moi.
Il est trop tard pour cela.