Les vacances étaient finies.
Comme Isabeau le lui avait dit, elle avait été dispensée de cours pendant toute la fin de la deuxième décade pour passer du temps avec Tisia. Et elle ne s’en était pas privée. Mais la troisième décade débutait et, avec elle, les cours au Collegium des Hérauts. Heureusement, grâce au planning qu’on lui avait remis, elle savait à peu près à quoi s’attendre. Déjà, il ne semblait pas y avoir énormément de différence avec son emploi du temps chez les Bleus, ce qui était rassurant. Même si elle ne l’avait été qu’une décade, Bleue. Certaines classes étaient mixtes, Gris et Bleus, et elle n’aurait pas à s’habituer à autre chose qu’à la couleur de son nouvel uniforme. Et puis, elle avait déjà suivi quelques leçons avec le Héraut Jalena pour apprendre à maîtriser son Don – même si elle n’était pas très douée – donc ça non plus ce n’était pas nouveau. Les nouveautés, c’était qu’elle était dispensée de cours de musique et de gestion de la maison – joie ! – mais qu’elle allait devoir étudier le droit. Enfin, ça ne pouvait pas être si terrible, que ça, hein ?
Le plus terrible, en vrai, ce serait de ne plus pouvoir voir Tisia toute la journée.
Aussi, Dyalwen s’était-elle levée tôt pour être sûre de pouvoir passer un peu de temps avec le Compagnon avant de se rendre en cours. Bon, d’accord, pour pouvoir passer beaucoup de temps avec son Compagnon. Genre deux heures. Contrairement à certaines de ses camarades Bleues, elle n’avait jamais aimé passer des heures à se pomponner, et il ne lui avait fallu que quelques minutes pour se préparer et avaler un rapide petit-déjeuner. Alors que son planning prévoyait le début des cours à neuf heures, à sept elle était déjà en bordure du Champ, les mains dans la crinière de Tisia, partagée entre l’envie d’un petit tour à dos de Compagnon et la raison qui lui soufflait de se contenter d’un pansage soigné et d’une visite à Veladora avant que la journée ne commence vraiment.
Les palefreniers s’occuperont d’elle.
Tisia replia son encolure autour de son Élue, comme pour la pousser à monter en selle.
Oui, je sais, mais…
Une voix masculine, dans son dos, interrompit son plaidoyer, et la rouquine pivota sur elle-même pour faire face au Héraut qui l’interpelait. Au Héraut du Roi, même. Qui avait besoin d’elle ?
« Moi, Messire ? »
Non, pas toi. Une des douze autres Dyalwen qui sont autour de nous…
La taquinerie de Tisia, mettant en lumière la stupidité de sa question, fit monter le rouge aux joues de la Grise. Par réflexe, elle se redressa et releva le menton, pour lutter contre l’embarras et ne pas s’écraser devant l’homme.
« J’ai deux heures de libres avant le premier cours, Messire. »
Elle ne voyait pas en quoi elle pouvait être utile à l’Attitré mais il était évidemment hors de question de refuser. Même si elle avait envie de passer du temps avec Tisia, ça ne justifiait pas de refuser de l’aide à qui en avait besoin… et le rang du qui n’intervenait pas vraiment dans la décision. Même si la dernière chose à laquelle elle s’attendait, c’était d’être sollicitée par le Héraut du Roi. Elle. Par le Héraut du Roi.
Un petit coup de nez dans le creux de son dos et une pensée encourageante l’incita à emboîter le pas à l’Attitré – non sans un dernier regard à Tisia au moment où elle quittait le Champ – et Dyalwen se laissa conduire jusqu’à l’Aile royale du Palais. Elle n’avait jamais mis les pieds dans cette zone et elle oublia une seconde ses interrogations pour détailler les lieux qu’elle traversait, jusqu’au bureau du Héraut.
« Qu’est-ce que je peux faire pour vous aider ? »