Auteur Sujet: Volonté de fer  (Lu 2693 fois)

Dyalwen de Bordebure

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Volonté de fer
« le: 15 septembre 2020, 23:14:01 »
2ème jour de la 4ème décade d’Automne 1485

Les dents serrées, Dyalwen s’efforçait d’ignorer la gêne, de repousser la fatigue et de passer outre sa mauvaise humeur. Elle était ridicule, elle le savait. Elle n’avait aucune raison de se plaindre. Sa plaie à la cuisse la tiraillait et la démangeait, mais elle était en bonne voie de guérison. Et, surtout, elle n’était pas grave. Contrairement à certains Hérauts et combattants qui avaient participé à la défense de la ville, la Grise n’était restée que deux jours à la maison de Guérison. Un contrôle et des pansements quotidiens suffisaient, avaient dit les Guérisseurs. Elle était donc libre de vaquer à ses occupations, c’est-à-dire retourner assister le Héraut du Roi et suivre ses cours. Évidemment, elle était dispensée des leçons d’équitation et de défense tant que sa blessure – et celle de Tisia – n’était pas complètement cicatrisée, mais sinon elle avait retrouvé un emploi du temps quasiment normal.

Aucune raison de se plaindre, donc, et aucune raison d’être fatiguée. Même si elle avait mal dormi la nuit précédente. Rien que d’y repenser, d’ailleurs, elle se sentait ridicule. Se réveiller deux fois dans la même nuit pour un bête cauchemar, c’était ridicule. Ne pas pouvoir se rendormir avant de sentir l’esprit de son Compagnon à portée du sien l’était encore plus.

Même si là, maintenant, elle s’en serait bien passé de l’esprit de son Compagnon. Et de ses commentaires surtout.

Si tu n’as pas cours de défense, ce n’est pas pour faire des efforts ailleurs.
Je ne fais pas d’efforts, je vais voir Vela.
C’est pareil.
Tu n’as rien trouvé à redire quand je t’ai pansée ce midi, pourtant.

Tisia renifla.

Je ne suis pas un cheval, moi.
Non : tu es plus grande et plus blanche, ça fait plus de travail.
Mais je ne te bouscule pas.
Vela non plus.

Agacée par les récriminations incessantes du Compagnon, Dyalwen prit une grande inspiration avant de passer la porte des écuries. Elle devait se calmer. Veladora n’y était pour rien et n’avait pas à faire les frais de sa mauvaise humeur. Elle atteignait son box au moment où un palefrenier en sortait, la jument au bout d’une longe. Il l’emmenait chez le forgeron, expliqua-t-il, puisqu’il avait remarqué le matin-même qu’elle avait perdu un fer. Par le Lien qu’elles partageaient, la Grise put sentir la satisfaction de Tisia à l’idée qu’elle allait devoir renoncer à son programme… jusqu’à ce qu’elle échange quelques mots avec le domestique et que la longe change de mains.

Tu ne vas pas… ?
Si.
Ce n’est pas à toi de le faire !
C’est ma jument. Et j’ai un peu de temps devant moi avant de devoir aller retrouver Alemdar.

Et elle ignora résolument la désapprobation du Compagnon, tout en menant l’alezane sur le chemin de la forge. Elle marchait moins vite que d’habitude, un peu gênée par les bandages que masquait son uniforme, mais Veladora calqua son allure sur la sienne sans essayer de la dépasser. Arrivée à destination, elle attacha sa monture à un des anneaux prévus à cet effet en attendant que l’artisan s’intéresse à elle. Ça ne tarda pas – l’avantage de l’uniforme gris, peut-être ? – et Dyalwen s’écarta donc un peu pour laisser l’homme de l’art travailler. Et, comme elle n’avait aucune envie de se lancer dans une nouvelle discussion avec Tisia, elle se contenta de laisser son regard errer sur les alentours. Quelqu’un venait… C’était pas le jeune homme qui s’était aussi retrouvé coincé aux écuries pendant l’attaque ? Celui qui avait été à peine – pour ne pas dire pas du tout – aimable ?

« Bonjour, » salua-t-elle simplement, sur la défensive, mais en tâchant de conserver un ton neutre.
« Modifié: 16 septembre 2020, 11:57:13 par Dyalwen de Bordebure »

Allister

Re : Volonté de fer
« Réponse #1 le: 16 septembre 2020, 11:51:06 »
Allister avait un terrible problème. Ses deux fournisseurs habituels de matière première lui faisaient défaut, il avait épuisé tout son stock de pièce de rechange, nettoyé son atelier trois fois, revu et corrigé tous ses schémas techniques, fait des améliorations et des tests de rendement sur un des derniers prototypes encore fonctionnels, harcelé ses fournisseurs pour qu’il obtienne enfin ses pièces, bref… il ne lui restait plus que deux alternatives, tourner dans son atelier ou sortir pour se changer les idées.

Depuis trois jours, il avait la même routine : Aller voir son père le matin et l’aider un peu (il était sellier, quand il ne travaillait pas pour Allister) puis passer chez le forgeron pour se renseigner sur d’éventuels arrivages impromptus, se balader dans les champs et forêts, se rendre compte qu’il s’ennuyait mortellement au milieu de cette verdure, rentrer dans son atelier et dessiner des plans de projets délirants pour tromper son cerveau et lui faire croire qu’il servait encore à quelque chose et quand la nuit tombait enfin, dormir. Allister se sentait désœuvré et terriblement seul et une petite voix lui soufflait que s’il ne se remettait pas rapidement au boulot, il allait finir par faire une bêtise.

Au quatrième repas de midi partagé avec son père, celui-ci mit un grand coup de pied dans le plat. Il lui dit qu’il s’attendait à ce que son fils ait une grand annonce à lui faire, pour qu’il passe tout ce temps avec son vieux père. Il s’exclama, sans doute pour plaisanter : "Je m’attendais à ce que tu me présentes une fille, ou même un ami, ça changerait d’une énième machine à vapeur !" Allister dû faire preuve de tout son savoir-faire en matière d’annihilation d’émotion pour étouffer les pleurs de solitude de l’enfant qu’il couvrait tout en se retenant de gifler l’une des seules personnes qu’il aimait un peu. Son père comprit vite qu’il avait dit quelque chose de faux et se rattrapa comme il le pouvait mais le mal était fait… Allister se renferma et joua la comédie pour rassurer son père. Il s’éclipsa au plus vite, il n’avait aucune intention d’expliquer ses tourments en détail à son père aussi gentil et bienveillant soit-il.

Après ce repas, Allister était d’une humeur indescriptible. Il n’était pas en colère, pas non plus triste, à proprement parlé. Ça n’était pas non plus du désespoir, de la fatigue ou de l’ennui, c’était quelque chose qui s’approchait du doute avec une touche de mélancolie. Ses pensées l’avaient amené à revisiter une autre époque, celle où il avait des amis, avant qu’il ne soit contraint de se cacher parce que les sourires s’étaient faits moqueurs. Perdu dans ses pensées, il avait naturellement pris le chemin de la forge, la force de l’habitude. Il vit la jeune femme à côté de sa jument mais ne se rendit pas compte de qui elle était. Soudain, elle lui adressa des salutations alors il répondit d’un ton guilleret : "Bonjour noble dame, comment allez-vous aujourd’hui ?"

Allister ne se rendit compte qu’après avoir parlé du fait que la "noble dame" était une grise et pas n'importe laquelle, celle qu'il avait insultée puis considérée comme dégât collatéral durant l'attaque. Il réalisa aussi qu’il n’avait pas du tout contrôlé son ton, son attitude et qu’il avait été… étrangement sympathique. *Et puis pourquoi pas, après tout… être gentil, je fais pas, ça change !*
« Modifié: 16 septembre 2020, 11:56:31 par Allister »

Dyalwen de Bordebure

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Re : Volonté de fer
« Réponse #2 le: 18 septembre 2020, 18:19:50 »
Pour une journée pourrie, c’était une journée pourrie. Qui avait commencé avant même que le soleil ne soit levé. La mauvaise nuit, l’inconfort dû à sa blessure, les récriminations incessantes de Tisia… Rien n’allait correctement. Même la pause qu’elle avait eu l’intention de s’accorder avec Veladora était toute chamboulée. Non seulement elle ne pouvait pas prendre le temps de la panser – activité qui la détendait, en général – mais elle devait en plus l’amener chez le forgeron, ce qui, malgré ce qu’elle affirmait à son Compagnon, n’était pas aussi anodin que d’habitude. Et voilà que l’inconnu des écuries arrivait. Parfait. Vraiment… Parfait.

Méfiante, Dyalwen salua tout de même le nouveau venu – elle était bien élevée, elle – tout en s’attendant à se faire rembarrer. Après tout, il ne s’était pas gêné, une décade plus tôt. Et…

Et il répondait à son salut très poliment et d’un ton joyeux.

« Je ne suis pas une dame, » répondit automatiquement la Grise, à mi-voix, sous le coup de la surprise.

Noble, elle ne pouvait pas trop nier, puisque, comme Tisia le lui avait déjà fait remarquer, elle en avait toujours les manières. Mais pas assez pour être une dame. C’était d’ailleurs un des reproches récurrents de sa mère à Bordebure : elle n’avait pas le comportement d’une dame. Et les habitudes qu’elle prenait depuis son Élection n’arrangeaient sans doute pas les choses… et c’était tant mieux.

« Je vais bien, je vous remercie, mentit simplement Dyalwen, en cachant sa surprise derrière la politesse. Et vous ?  »

Déboussolée par le comportement inattendu du jeune homme, la rouquine se rapprocha de sa jument, sans s’occuper de ce que faisait le forgeron. Sans doute était-il en train de rassembler son matériel. Veladora leva un peu la tête pour souffler dans le cou de sa maîtresse qui lui caressa machinalement le nez en échange, son attention toujours concentrée sur le nouveau venu. Attendait-il qu’elle dise un mot de trop pour lui ressortir une pique blessante ? Après les discussions incessantes avec Tisia, elle n’avait pas envie de recommencer, merci bien. Et d’ailleurs… l’autre mule blanche qui partageait son esprit se montrait étrangement silencieuse tout à coup. Comme si l’herbe du Champ présentait soudain un intérêt beaucoup plus grand que les activités de son Élue. Même s’il était plus probable qu’elle n’en manque pas une miette.

Allister

Re : Volonté de fer
« Réponse #3 le: 22 septembre 2020, 10:11:29 »
Allister ignora la remarque de Dyalwen sur sa qualité de dame. Cependant, les habitudes ayant la vie dure, il ne put s'empêcher de noter dans un coin de sa tête que la Grise rejetait son statut. Çà serait peut-être utile plus tard...

Il écouta le joli mensonge de Dyalwen... elle se débrouillait bien pour les mensonges de convenance. S'il ne l'avait regardée et écoutée que durant sa réponse, il aurait pu être trompé, mais son sourire poli avait disparu trop vite, l'émotion dans ses yeux avait changé dès son mensonge achevé. Il fit ces observations sans réelles intentions de percer la Grise à jour, sans volonté de lui nuire. Il se dit c'était juste son réflexe d'ingénieur, il décortiquait tout, voulait comprendre les mécanismes, mais il savait au fond que ça n'était pas innocent et qu'il analysait tout car comprendre un système permet de le manipuler.

Il hésita à imiter la Grise et à mentir à sa question mais, poussé par l'ennui et la volonté de tester quelque chose de nouveau, il opta pour une réponse assez honnête. Bon, pas entièrement honnête, il n'allait pas se confier à une inconnue non plus !

"Mon état du moment est difficilement qualifiable. Sans aller mal, je ne peux pas vous dire que je vais bien." Il changea de sujet, préférant tout de même écarter la discussion de lui, et enchaîna sans laisser le temps à la Grise de répondre "Mais je vois que vous non plus et j'espère que ça n'est pas lié à moi et à ma méconduite lors de notre dernière rencontre..."

Encore une fois, Allister se surprit à aller un peu plus loin dans la sympathie et l'empathie que ce qu'il avait initialement prévu. Il se dit qu'il était peut-être en train de faire la bêtise qu'il redoutait de faire depuis qu'il était au chômage forcé. Cette pensée aurait du le faire paniquer et le pousser à se reprendre. Au lieu de cela, il se contenta d'exprimer mentalement un haussement d'épaule fataliste et attendit la réponse de la Grise avec un intérêt sincère.

Dyalwen de Bordebure

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Re : Volonté de fer
« Réponse #4 le: 26 septembre 2020, 21:57:39 »
Inconsciente de ce que son comportement pouvait avoir de transparent, Dyalwen s’attendait à un simple échange de politesses – ce qui était déjà bien plus que ce qu’elle aurait imaginé venant de l’inconnu des écuries – avant que chacun reparte à ses occupations. Ce qui, la concernant, consistait à attendre que le forgeron ait fini de ferrer Vela. Mais le jeune homme ne semblait pas avoir les mêmes réticences qu’elle pour dévoiler son état d’esprit. Il n’allait pas bien. Et, si quelques instants plus tôt, la Grise aurait songé que ça ne lui faisait ni chaud ni froid, il s’était cette fois montré suffisamment aimable pour qu’elle ouvre la bouche… et la referme avant de prononcer un mot parce qu’il ne lui laissait pas le temps de dire quoi que ce soit. Et qu’il n’était clairement pas dupe de son mensonge. Et qu’il… Il s’excusait, là, non ?

Encore plus surprise – si, si, c’était possible – la rouquine ne prit même pas le temps de peser ses mots avant de répondre. Ils s’échappèrent tous seuls :

« Je ne m’attendais pas à ce que vous soyez aimable, reconnut-elle, mais ça n’aurait qu’ajouté au reste de la journée, qui n’a rien à voir avec vous. »

Machinalement, elle commença à se frotter la cuisse, à l’endroit où son uniforme cachait son pansement et sa plaie qui la démangeait. Elle cessa vite, avec une grimace qu’elle tâcha de masquer en se retournant vers sa jument. Elle tâcha de donner le change en lui caressant à nouveau le front, mais ne résista pas à la curiosité de reporter bien vite son attention sur son interlocuteur.

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous aider ? » s’enquit-elle.

Elle ne pouvait pas faire grand-chose pour améliorer son emploi du temps mais peut-être qu’elle pouvait faire quelque chose pour améliorer l’état d’esprit de son vis-à-vis. Même s’il y avait de grandes chances qu’il soit là pour voir le forgeron et qu’elle ne puisse rien faire de plus.

Allister

Re : Volonté de fer
« Réponse #5 le: 07 octobre 2020, 11:30:42 »
Allister écouta la remarque peu délicate de la Grise, mais il se rappelait vaguement qu'il avait été bien moins courtois lors de leur dernière rencontre et ne lui en tint pas rigueur. En temps normal, il aurait plongé dans les multiples failles de son interlocutrice, il aurait attaqué, plus par réflexe que par nécessité mais là, il n'en avait pas la moindre envie. Elle avait l'air d'avoir souffert, de ne pas être en forme et il n'était pas spécialement mieux. Il caressa un instant l'idée de se passer les nerfs sur elle, mais il savait que ça n'aurait en rien amélioré son état.

Il fut surpris à son tour par le fait que la Grise lui demande ce qu'elle pouvait faire pour lui, bien qu'il soit conscient qu'il s'agissait principalement d'une question de politesse. "Je ne sais pas vraiment..." Il laissa sa phrase en suspens une seconde, le temps de se décider et il poursuivit d'un ton plus affirmé "En fait, je souffre, entre autres choses, d'un ennui mortel et j'ai besoin de me changer les idées. Dans la mesure où, visiblement, vous aussi, que diriez-vous d'une ballade... ou de toute autre chose si vous avez une meilleure idée !" Il accompagna cette dernière phrase d'un sourire mais son regard laissait clairement transparaître que ça n'était qu'une façade.

Dyalwen de Bordebure

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Re : Volonté de fer
« Réponse #6 le: 22 octobre 2020, 22:02:37 »
Au moment où les mots s’échappèrent de ses lèvres, Dyalwen réalisa qu’elle aurait dû les retenir. Ou, du moins, les formuler autrement. Elle n’avait jamais été très douée pour les mondanités et les échanges de politesses creuses, malgré les quelques efforts de sa mère, et, visiblement, sa mauvaise humeur n’aidait pas. Mais, étrangement, son interlocuteur ne s’en offusqua pas. Entre ça et ses excuses précédentes – à demi-mot, certes, mais des excuses quand même – il ne collait plus vraiment à l’image qu’elle en avait gardé du jour de l’attaque. Peut-être s’était-elle trompée ? Après tout, ils étaient tous sur les nerfs le jour où ils s’étaient rencontrés. Ce n’était peut-être pas juste de le juger sur les quelques mots qu’ils avaient échangés alors.

En tout cas, quel que soit son véritable caractère, s’il n’allait pas mal mais qu’il ne pouvait pas dire qu’il allait bien, il y avait peut-être quelque chose à faire pour l’aider. La Grise doutait qu’elle puisse vraiment être utile, mais proposer n’était que la moindre des choses. Et si elle fut surprise par la première partie de la réponse – il ne savait pas ce dont il avait besoin ou envie ? – la suite la prit complètement au dépourvu. C’était si visible que ça qu’elle avait besoin de se changer les idées ?

Oui. Tu n’es pas très douée pour donner le change, tu sais.
Merci, répondit la rouquine avec un brin d’aigreur.
De rien !

Mais aller se balader… ?

Tu es censée te reposer.
Ça ne va pas me fatiguer…

Et Dyalwen ne laissa pas le temps à Tisia d’émettre un énième commentaire.

« Une balade, ce serait très bien… »


Elle hésita sur la fin de sa phrase. Il souriait mais il y avait quelque chose qui ne sonnait pas complètement juste. Dans son regard peut-être ? Un peu mal à l’aise, la rouquine se tourna une seconde vers sa jument, à qui le maréchal-ferrant ajustait le nouveau fer.

« Il faut juste que je ramène Vela aux écuries avant. »

Elle tenta un sourire, un peu hésitant, à son tour.

« J’avais prévu de m’occuper d’elle avant de devoir retourner travailler, mais elle a déjà changé mon planning. Est-ce que vous avez une envie de promenade particulière ? »

Tu ne devrais pas.
Et toi, tu n’es jamais contente.

Allister

Re : Volonté de fer
« Réponse #7 le: 28 octobre 2020, 11:03:58 »
Une balade alors... Allister aurait du s'en vouloir d'avoir suggéré une activité où il serait potentiellement isolé avec une inconnue, mais le sourire hésitant de la jeune femme l'attendrit un peu et acheva de désamorcer la petite partie de son esprit analytique qui fonctionnait encore. Ce sourire, il était trop faux pour être faux. *Soit je suis face à une maître de la manipulation et du mensonge et au vu de mon état, je suis déjà fichu, soit elle est aussi désarmée qu'elle en a l'air et ne représente aucune menace.*

Assez spontanément, Allister répondit : "Je vous propose qu'on se retrouve à la porte du château d'ici quelques minutes, ça vous laissera le temps de ramener..." il réfléchit au nom du cheval de son interlocutrice et se rendit compte qu'il l'avait déjà oublié. Et cette histoire de nom lui fit réaliser qu'ils ne s'étaient pas présentés. "... votre cheval à sa place."

Son état l'avait empêché de faire les choses dans l'ordre et ça le perturbait. Il voulait d'une part se présenter et d'autre part répondre à la question de la promenade. "Je pensais me balader en ville, je préfèrerais probablement éviter la verdure que je trouve franchement monotone, je m'appelle Allister, mais si vous préférez autre chose, je peux m'y résoudre. Au fait, je ne sais pas vraiment comment vous vous appelez ?"

Il laissa sa question en suspens un instant. * Ouais, ça non plus, c'était pas dans l'ordre... * Il se sentit obligé d'essayer de se rattraper alors il précisa "Je veux dire : pour la promenade, si vous voulez autre chose."

Sortie des tréfonds de son esprit, une voix moqueuse ne put s'empêcher de commenter : *C'est donc ça que ça fait d'être débile ?*
« Modifié: 28 octobre 2020, 11:08:13 par Allister »

Dyalwen de Bordebure

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Re : Volonté de fer
« Réponse #8 le: 05 décembre 2020, 00:45:04 »
Inconsciente des questions que se posait son interlocuteur sur ses motivations, Dyalwen essayait déjà de faire le tri dans ses propres interrogations. Ce n’était pas le fait de savoir si une balade était une bonne idée ou pas qui lui posait question – Tisia soutenait que non mais la Grise ne voyait vraiment pas où se trouvait la contre-indication du moment qu’elle ne forçait pas sur sa jambe ; on ne lui avait pas interdit de marcher après tout – mais plutôt le comportement du jeune homme. Aux écuries, pendant l’attaque de la ville, il avait été particulièrement mal aimable et la rouquine l’avait d’office catalogué dans les personnes non fréquentables, à éviter. Mais là, elle était obligée de réviser son jugement. Depuis le début de leur conversation, il s’était montré parfaitement poli et avait même laissé couler son indélicatesse à elle. C’était sans doute le stress qui avait modifié son comportement le jour de l’attaque.

Résolue à repartir sur de bonnes bases, même si elle se sentait toujours un peu mal à l’aise, et malgré la fatigue et cette fichue blessure qui la démangeait toujours, Dyalwen tâcha de raffermir son sourire. Un nouveau coup d’œil à Veladora lui apprit que le forgeron avait terminé de modifier son fer et qu’il était en train de le clouer au pied de la jument.

« C’est parfait comme ça, » acquiesça-t-elle simplement quand le jeune homme proposa qu’ils se retrouvent à la porte du château après qu’elle eut ramené Vela à son box.

Une petite pointe d’inquiétude fit toutefois son apparition quand il déclara qu’il préférait une sortie en ville plutôt qu’ailleurs. La ville était en contre bas du palais et plus loin que les jardins ou le Champ des Compagnons, et…

Tu ne devrais pas y aller.

La remarque du Compagnon suffit à raviver l’agacement de la Grise… et son esprit de contradiction.

Je ne vois pas pourquoi.
Tu ne dois pas forcer.
Je ne vais pas forcer, je vais juste marcher.

Et, pour ne pas laisser le temps à Tisia de répondre, elle revint aussitôt à son interlocuteur… qui se présentait et reparlait de la balade et lui demandait son nom. Tout ça dans le désordre. Un peu surprise, Dyalwen garda le silence le temps qu’Allister précise sa pensée. Bon. Si elle était fatiguée, elle n’était peut-être pas la seule. Et, pour le coup, toutes les réserves qu’elle pouvait encore conserver suite à leur première rencontre s’évanouirent.

« En ville, ce sera très bien. Je n’y suis pas allée très souvent depuis mon arrivée à Haven. »

D’abord, il y avait eu son adaptation au Collegium, puis son Élection, puis son recrutement comme assistante du Héraut du Roi, puis la préparation de l’attaque sur Haven. Son temps libre s’était réduit comme peau de chagrin et le peu qu’elle pouvait grappiller, elle le réservait à Vela.

« Il faut juste que je sois revenue dans deux heures. Pour mes corvées. »

Elle tenta un nouveau sourire, un peu moins hésitant que le précédent, cette fois.

« Et je m’appelle Dyalwen. »

Le forgeron reposait le sabot de Veladora, et la rouquine se détourna donc de son interlocuteur pour revenir à sa jument. Elle lui flatta l’encolure en remerciant l’artisan, puis décrocha la longe avant de se tourner à nouveau vers Allister.

« À tout de suite. »

Et tâchant d’ignorer la gêne de ses bandages, elle prit la direction des écuries. Comme à l’aller, l’alezane calqua son allure sur la sienne, et la Grise atteignit sans encombre sa destination. Si on excluait la désapprobation palpable de Tisia dans son esprit et ses quelques commentaires désagréables.

Tu n’es pas raisonnable.
Quoi ? Tu devrais être contente, je ne m’occupe pas de Vela.

En effet, après avoir remis la jument dans son box et lui avoir caressé une dernière fois le chanfrein, elle quitta le bâtiment pour prendre la direction de la porte qui donnait vers la ville.

Au moins, avec ELLE, tu ne marcherais pas.
Oh, c’est bon ! Si je t’écoutais, je resterais assise dans un coin en attendant l’heure de rejoindre le bureau d’Alemdar.
Ça, ce serait raisonnable.

Agacée, Dyalwen haussa les épaules, aussi bien physiquement que mentalement et s’appuya contre le mur, près de la porte, en attendant qu’Allister arrive. S’il arrivait.

Allister

Re : Volonté de fer
« Réponse #9 le: 07 décembre 2020, 22:15:42 »
Allister resta planté là en regardant partir la Grise, toujours à moitié perdu dans ses pensées. Il dit "à tout de suite" d'une voix faible alors que Dyalwen était probablement déjà hors de portée.

Il se reprit au bout de quelques instants en se mettant une baffe mentale pour bouger. Il échangea un regard avec le forgeron qui lui signala que, comme il s'y attendait, il n'avait pas de nouvelles pièces pour lui. L'Ingénieur avait donc la confirmation qu'il était venu chercher initialement : il était toujours désespérément désœuvré.

Il se mit en route rapidement et repassa à son atelier. Il récupéra sa bourse, sa dague et une de ses capsules explosives qu'il dissimula dans la besace qui pendait à son flanc (c'était lourd, mais Allister n'était pas suffisamment en quête de stimulation pour cesser d'être prudent). Il s'était confectionné un étui à capsule qui donnait l'impression qu'il s'agissait d'une sorte de gourde.

Une fois équipé, il repartit en direction de la porte et, malgré ses efforts pour être rapide, il vit que Dyalwen l'attendait, adossée au mur. Il lui adressa un signe de la main qui se voulait sympathique et se sentit un poil stupide alors il arrêta très rapidement.

Arrivé à quelques mètres de la Grise, il lui adressa un sourire un poil gêné et lui dit "Vous êtes prête ?"

Il ne s'arrêta pas réellement et passa devant elle en s'attendant à ce que la Grise lui emboîte le pas. En marchant, il tenta de faire la conversation : "Vous connaissez bien Haven ? Parce que moi je connais principalement les cercles extérieurs de la ville, mais je suppose qu'une femme de votre rang n'y a jamais mis les pieds." L'Ingénieur avait commencé sa phrase d'un ton sympathique mais un peu de sa hargne habituelle envers les nobles à cuillère en or bien placée avait ressurgi contre son gré.

Il jeta un regard inquiet vers la Grise, inquiet qu'elle ait pu percevoir son léger changement de ton.

Dyalwen de Bordebure

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Re : Volonté de fer
« Réponse #10 le: 18 décembre 2020, 17:51:50 »
La réponse d’Allister n’atteignit pas les oreilles de la Grise mais celle-ci ne s’en inquiéta pas. Elle avait l’esprit occupé par sa jument dont elle n’allait donc pas pouvoir s’occuper comme elle l’avait prévu et, surtout, par la désapprobation de Tisia qui ne se gênait pas pour lui donner son avis.

Je te préviens, je ne viendrai pas te chercher si tu n’es pas capable de rentrer toute seule.
Je ne suis pas infirme, je suis encore capable de marcher !

Agacée contre le Compagnon, Dyalwen prit tout de même sur elle pour ramener tranquillement sa jument dans son box – Veladora n’y était pour rien, elle – avant de prendre la direction de la porte qui donnait sur la ville. Et il ne lui vint pas une seule seconde à l’esprit qu’elle pourrait avoir besoin de quelque chose. Une promenade, ça ne nécessitait rien de particulier, non ?

Malgré les récriminations mentales de Tisia, la rouquine esquissa un sourire lorsqu’Allister ébaucha un geste dans sa direction. Alors qu’il approchait, elle se redressa pour se décoller du mur puis hocha la tête quand il lui demanda si elle était prête, avant de lui emboîter le pas. Et de réaliser qu’elle ne serait peut-être pas capable de soutenir l’allure s’il marchait trop vite.

Je te dis que c’est une mauvaise idée.
Tu es franchement pénible, tu sais.

Seul un reniflement outré lui répondit et Dyalwen se désintéressa des commentaires éventuels du Compagnon. À la place, elle écouta plutôt ce que son compagnon de promenade avait à dire. Mais elle n’eut pas le temps de s’inquiéter qu’il évoque les cercles extérieurs de la ville – ça ferait une trotte s’il comptait s’y rendre, sans parler du dénivelé – qu’il changeait de ton. Quelques instants plus tôt, elle s’en serait sans doute offusquée mais, là, elle n’était pas sûre de bien interpréter le commentaire d’Allister. Il sonnait moins sympathique, mais elle n’était pas sûre qu’il soit vraiment agressif. Ou jaloux. Ou désabusé. Ou… ? Incapable de vraiment mettre un nom sur ce changement, la Grise jeta donc un regard plus surpris que fâché au jeune homme.

« Mon rang ? » répéta-t-elle.

Elle ne savait même pas ce qu’il entendait par là. C’était son uniforme gris qui lui posait problème ? Ou sa famille ? Ou…

« Je ne connais pas Haven. Je l’ai traversée à mon arrivée mais, depuis, je n’ai pas beaucoup quitté le Palais et les Collegia. »

Sauf deux fois, lors de sa première décade à Haven, pour aller commander puis récupérer ses uniformes bleus. Qui ne lui avaient pas servi longtemps et qu’elle avait remis à l’Intendante du Collegium en échange des gris.

« Entre les cours et les corvées, je n’ai pas beaucoup de temps libre et j’essaie de m’occuper un peu de ma jument… »

Alors que c’est le travail des palefreniers.

« … mais je veux bien voir les lieux que vous connaissez, conclut Dyalwen en ignorant résolument les commentaires de Tisia. Vous habitez en ville, alors ? Je pensais que vous étiez au Collegium. »