[justify:12nb690u]Feuillemalice ne connaissait pas très bien le Capitaine Beltran. Elle trouvait donc normal le fait qu'il rejoigne celle qui lui avait ravi son cœur, même si cette notion lui paraissait abstraite. Mais apparemment, ça n'était pas de l'avis de tout le monde. Les yeux étaient rivés sur eux, et le pauvre couple n'avait aucune intimité, au centre de l'attention. Les officiels, laissés en plan, jasaient de bon train… Certains moins contents que d'autres. Moui, ceux-ci ne devaient jamais être sortis de leur cocon, et ne pas connaitre la douleur de la distance et le manque, la peur, créés par la situation de guerre. D'ailleurs, elle approuva la provocation du Lieutenant Kalaïd et se mit à sourire elle aussi. Ah ces nobles… Pas un pour rattraper l'autre hein.
Oui mais c'était sans compter la magnifique intervention de son cher Lieutenant. Qui fit s'élancer sa monture sans prévenir, tout en sifflant à vous arracher les tympans. Heureusement la jeune femme était bien accrochée, sans quoi, elle se serait sans doute retrouvée les fesses dans la poussière ! Bon ça aurait pu être du spectacle aussi, mais elle aurait sans doute moins apprécier. Elle vit, impressionnée, les soldats se remettre très rapidement en ordre derrière l'homme qu'elle tenait par la taille, rangés tout comme il faut. Eh ben, si ça c'était pas des soldats obéissants… ! Fitz avait l'air d'avoir une sacré autorité ! Amusée, elle regarda leur monture faire une nouvelle révérence gracieuse. Décidément, elle était très bien dressée !
Son sourire s'agrandit alors qu'il la confortait dans ses idées sur la suite des évènements :
-Alors n'ayez crainte, vous serez entre de bonnes mains Lieutenant…
Elle prit un air un peu plus sérieux, respectueux pour répondre à la suite de sa tirade :
-Je sais bien que la guerre est dangereuse. Ce n'est pas un jeu et le danger est réel. Juste le fait d'y aller déjà, d'être engagé comme vous l'êtes pour la défense de votre pays et de nous, citoyens, fait de vous un homme estimable et vous valez largement mieux, à mon sens, cette brochette de nobles qui passe la journée assis le cul dans leur fauteuil à débattre de la meilleure façon de tenir une épée pour gagner un combat…
Un nouveau sourire éclaira son visage à l'image qu'elle venait d'évoquer. Elle était sincère dans ses propos et vouait une réelle admiration pour ce que faisait l'homme. Rien ne l'y obligeait à vrai dire. Il n'avait pas été Elu ou forcé par quelconque obligation familiale noble. Non. C'était un choix personnel et volontaire. Et c'était cela qu'elle appréciait le plus. Non pas qu'elle méprise les Hérauts ou autres combattants présents de par leur famille, bien entendu. Mais c'était différent.
Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, le Roi de Valdemar en personne fit son entrée… remarquée. Pour l'heure, les regards n'étaient plus tournés ni vers le Capitaine et sa demoiselle, ni vers eux, qui venaient pourtant de s'offrir en spectacle, histoire de laisser un peu d'intimité aux retrouvailles. Elle salua en même temps que son compagnon de euh… cheval, un peu plus droite et plus sérieuse. Sentant qu'ils se remettaient en route, elle s'accrocha à nouveau à Fitz… Mais pas longtemps puisque celui-ci se retourna pour lui parler. Elle sourit, en le rassurant :
-Non, ne vous excusez pas, je vous en prie. D'abord, c'était amusant, ensuite je suis entièrement d'accord avec vous. Il a le grade le plus haut placé, et va sans doutes passer des heures et des heures avec tous ces officiels, après avoir passé des mois au front, loin de celle qu'il apprécie… Alors, effectivement, comme les autres, il a le droit à son moment d'intimité à lui.
Elle se doutait bien que la guerre n'était pas une partie de plaisir et que si les soldats pouvaient s'ennuyer en ville, c'était mille fois préférable à ce qu'ils venaient sans doute de traverser. Ses pensées furent interrompue d'un coup par une onde de joie intense, contrastant avec celles qu'elle sentait émaner du Lieutenant. Et la Guérisseuse reconnut instantanément la provenance de ces ondes. Son regard se tourna aussitôt vers Thalyana, qui était seule avec la monture de son aimé, celui-ci étant à parler avec le Roi Arthon. Ses barrières étaient totalement abaissées, et elle partageait son sentiment. Feuille fronça les sourcils. Exprès ou pas exprès ? Peu après cela s'arrêta et elle en conclut que sa patiente avait fait le nécessaire. Bon, au moins, elle n'était plus dans l'état de stress et de mélancolie dans lequel elle l'avait reçue.
Comme le Lieutenant reprenait la parole, les joues rouges à nouveau, elle reporta son attention sur lui, d'abord amusée puis plus réfléchie :
-N'ayez crainte, le jambon n'est qu'une anecdote, amusante certes, mais elle ne vous définit pas. Loin de là. Et ces quelques instants passés avec vous remonte largement votre virilité, vous pouvez me croire.
Elle lui fit un clin d'œil, avant de poursuivre :
-Bien sûr. Ce n'est jamais facile d'être annonciateur de telle nouvelle. Et votre dévouement envers vos camarades vous honore. Mais vous devez penser à vous aussi. Enfin je veux dire, évidemment la vie de vos amis et de vos hommes est importante. Cependant, la votre ne vaut pas moins. Et maintenant, vous manqueriez au moins à quelqu'un. Enfin, cela n'a rien à voir avec l'attachement que l'on peut voir autour de nous, mais je serai peinée d'apprendre qu'il vous est arrivé malheur.
Elle posa une main sur son épaule, solennelle :
-Vous avez gagné au moins une amie aujourd'hui. Soyez sûr que vous ne serez plus seul lorsque vous rentrerez dorénavant, je me ferai un devoir de venir vous accueillir comme il se doit.
Un petit sourire naquit sur ses lèvres, taquin :
-Sauf si vous trouvez une Demoiselle pour votre cœur, auquel cas je cèderai bien entendu ma place.
Elle écouta ensuite ses question et prit quelques instants pour réfléchir :
-Il est vrai que la vie du Royaume connait des hauts et des bas ces derniers temps et finalement plus de bas que de hauts. Je dirai, pour répondre à l'ensemble de vos questions, que les gens ont peur. Parce qu'ils ne savent pas ce qu'il se passe réellement, ils sont dans le flou et s'imaginent sans doute le pire. Mais regardez la foule venue vous accueillir aujourd'hui. Il y a la curiosité de savoir bien sûr, mais aussi la joie de retrouver ceux qui défendent le pays. Oui les gens ont encore confiance en vous, mieux, ils comptent sur vous. Pour ce qui est des changement à la Cour, je ne sais pas, mais je dirai rien de marquant. Je crois qu'il y a eu une nouvelle Election il y a peu, mais c'est à peu près tout. Là vous en saurez plus auprès des nobles je pense. Ou des commères.
Elle sourit à nouveau. Avant de se demander ce qui préoccupait soudainement son interlocuteur. Et sa question la fit tout bonnement éclater de rire, tellement c'était touchant.
-Pardon, je ne moque pas hein, mais c'était tellement… mignon. Alors, pour vous répondre, je ne soigne pas tout le Palais, mais de ce que j'en sais non, pas d'autre victimes du cochon pas tout à fait mort… Plus de rhumes qu'autre chose à vrai dire ces derniers temps...
*Et une jolie grossesse* pensa-t-elle pour elle-même en jetant un coup d'œil à la jeune Guérisseuse. Elle finit par sourire à nouveau au Lieutenant. Elle était contente d'être là finalement. Elle avait bien fait de venir.[/justify:12nb690u]