:Au temps pour la subtilité...: soupira mentalement Ezarell.
:Tu n'as aucune leçon à me donner en la matière!: rétorqua Irmingarde
Toutefois, il fallait bien admettre qu'elle ne s'attendait pas à une telle souffrance en réaction à sa question, et Mina s'en voulu vraiment. Via son Compagnon, Eryk lui conseilla de suivre Tristan, ce qu'elle fit avec une certaine urgence.
Elle le trouva au bord d'un ruisseau, et la jeune femme se fit la réflexion que pour quelqu'un doué d'Empathie véritable, cela devait être une vraie souffrance que d'être à ses côtés tant le diplomate exsudait sa peine de toute sa personne.
Mina s’aligna à ses côtés, attendant qu'il parle. Elle n'était pas une conseillère hors pair, mais elle savait écouter. Et ce qu'il lui dit lui brisa le coeur.
Elle s'assit face à lui, et attrapa spontanément ses mains. Elle n'était pas vraiment tactile, mais impossible de ne pas vouloir serrer le Héraut de l'Ouest dans ses bras pour le soutenir.
:Réfléchis bien à ce que tu dis: conseilla Ezarell.
:Pèse tes mots. Prudence.::Ouais, ouais...:Le conseil était cependant utile. Elle allait devoir se montrer précautionneuse quant à l'emploi de ses mots, elle qui avait l'habitude de faire des rapports circonstanciés de ses missions, sans prendre en compte l'affect. C'était un luxe qu'on n'avait pas, sur le Front.
"Tu étais à ta place. Chacun l'était. Personne n'est mort à la place d'un autre. Personne. Tu étais là où tu devais être. Les affectations n'ont pas été faites au hasard, peut-être devrais-tu en parler à Alem. Je m'égare..."Les grands discours, c'était pas son truc, mais Mina fit l'effort de se recentrer.
"Je sais ce que c'est de se sentir injustement protégé face au danger. Et je connais plusieurs Hérauts qui se sont senti coupable d'être restés en arrière...":Mauvaise formulation...: prévint Ezarel.
"Hayden était à sa place aussi. Il se sentait à sa place. Je ne peux pas dire qu'on soit forcément heureux de faire la guerre, mais enfin, il savait qu'il était utile là où il était. C'était un Héraut compétent. Rah..."La Boutefeu peinait à trouver les mots, et c'était d'autant plus difficile face à quelqu'un qui savait les manier aussi bien que Tristan.
:Oublie ce que j'ai dit, dis ce qui te viens...: capitula Ezarel.
"Je me suis sentie coupable aussi. J'étais là, et je n'ai rien pu faire pour le sauver. Hayden... Il a rempli sa mission, pour son royaume, et pour son Cercle. Il n'a pas hésité un instant, quelque soit ses pronostics sur ses chances de survie. Il a fait ce qu'il devait. Nous le faisons tous, n'est-ce pas?"Une de ses mains remonta sur l'épaule de Tristan pour l'étreindre.
"Mon amie, Isabeau, la Héraut Archiviste, est aussi restée en arrière. Son amitié m'a manqué, mais pour rien au monde je n'aurai voulu qu'elle soit à mes côtés. Pourtant, jamais je n'ai pensé qu'elle ait été moins utile. Elle a fait sa part là où elle était, comme toi. Et au contraire, j'étais au font avec le Capitaine Beltran, et ni lui ni moi n'aimions l'idée que l'autre soit là, malgré nos compétences nécessaires. Je n'ai pas connu très longtemps Hayden, mais j'ai apprécié le peu de temps que nous avons passé ensemble. Il parlait souvent de toi. Et il avait le plus grand respect pour le rôle que tu remplissais alors. Donc ne te fustige pas. Tu étais là ce jour-là, dans ses pensées. Je suis certaine que tu es la dernière personne à qui il a pensé."La douleur de Tristan la troublait. Mina ne s'était jamais imaginé une folle espérance de vie, mais si elle mourrait, elle espérait de pas laisser une telle douleur derrière elle.
"Comme tu le vois, je ne suis pas très douée pour consoler les autres, mais je crois qu'il faut que tu vois quelqu'un en rentrant. Je ne veux pas te mentir, je ferai un rapport en ce sens à Alem."Son autre main se posa sur son autre épaule comme pour le secouer, sans le faire toutefois.
"Hayden n'a pas souffert, je te le promet sur notre Cercle. Ca a été rapide. Et il a sauvé des vies. Il restera un modèle à mes yeux. Je me souviendrai de lui, alors, il existe encore, d'un certaine façon ?"Mina jeta un oeil vers les Compagnons qui attendaient plus loin, et suggéra:
"Nous sommes proches de Haven. Dis-moi quand tu penses être prêt à repartir."Elle avait hâte d'arriver. Voilà quelques décades qu'elle était partie.
Dernière réponse pour toi et tu peux clore, sauf que tu bcp à rajouter qui attend une réponse de ma part. En tout cas, c'était un plaisir de jouer avec toi, merci.