Ryis sentait, au loin, que quelque chose se passait. Malheureusement, il ne pouvait plus Parler par l'Esprit à son Elu, et il n'osait pas trop essayer de savoir quels sentiments il avait: son compagnon avait le droit à son intimité, et si cela lui donnait la migraine comme le premier jour... Arthon n'en serait guère heureux.
Aussi le Blanc Ryis quitta discrètement ses congénères, à la recherche de son Elu. Celui-ci n'avait pas bougé, et quand Ryis arriva à portée de vision... Il eut un grand sourire mental. Arthon n'avait certes pas besoin de lui à ce moment précis. Il resta cependant à promixité, surveillant les environs, et prêt à intervenir si l'Héritier surestimait ses forces.
Et dans les bras de Saskia, Arthon était quasiment sûr qu'il les surestimait. Il avait déjà cédé aux avances de Saskia malgré ses bonnes résolutions, et il n'y aurait qu'un pas à franchir... Mais il respectait trop Saskia ( et il fallait se l'avouer l'aimait trop) pour lui imposer ses envies quand bien même cela l'aiderait grandement.
Son cerveau de Héraut tenta d'occulter les réactions de son anatomie, mais il gémit presque quand la poitrine de la jeune fille se colle contre la sienne, pour lui rappeler ( au cas où il avait malencontreusement oublié ) qu'elle était très proche.
Heureusement pour lui, elle ne semblait pas avoir remarqué les bouts qui dépassaient, et était très occupée à décider comment elle allait faire craquer l'Elu de Ryis.
Alors qu'il n'avait pas osé l'embrasser totalement, de peur de la gêner ou de la faire fuir, ce fut la blondinette qui prit les devants. Doucement, il accepta la danse des langues, et goûte de nouveau la saveur de la jeune fille, en essayant de ne pas aller trop vite, ni trop loin.
Ses mains semblèrent soudain animées d'une vie propre, puisque son cerveau était totalement concentré sur la bouche de son amie. Des hanches, elles se glissèrent dans le dos avant de revenir plus bas, et se glisser sur le ventre de Saskia. Elles remontèrent jusqu'à sa poitrine, hésitantes, essayant de ne pas être pressante.
Gémissement. Arthon arrêta le baiser d'une dernière carresse, et enfouit son visage dans le cou de la demoiselle. La voix était rauque quand il chuchota:
"Je ne devrais pas faire ça... Il vaut mieux qu'on arrête avant que ton père ne me provoque en duel..."
L'Héritier ne se voyait pas tenter de se défendre devant le Seigneur DeFeriel, mais prendre cela sur le ton de l'humour l'aida à dire ce qui était bien plus sérieux.
"Je t'aime trop pour te déshonorer comme ça."
Il l'avait dit. Et à ce moment-même, il sut que c'était définitif.
Ryis s'était légèrement relevé, plus loin, et il se cacha de nouveau derrière quelques arbres. L'instant avait quelque chose de solennel et le bruit de ses sabots ne devait pas le couper.