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Messages - Enju Rakel

Pages: [1] 2 3 ... 9
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La Taverne de Haven / Re: Le rp et vous : commentaires en direct !
« le: 06 juillet 2014, 11:15:14 »
Citation de: "Irmingarde"
Bon, Saskia, j'ai kiffé ta réponse au cours de Fitz, et avec ton autorisation, Mina peut-elle malmener un peu Saskia dans sa réponse?  :D

Ah mais oui, vas-y, fais toi plaisir x)

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Palais / Re: Regarde moi, même si je me cache dans les ombres...
« le: 06 juillet 2014, 00:31:06 »
Enju se sentait libérée d'un poids immense. En même temps, la culpabilité continuait de l'étreindre tendrement. Comment avait-elle pu infliger cela à Aaron ? comment en était-elle arrivée à se montrer si égocentrique ? Jamais elle ne pourrait se pardonner à elle-même, alors comment espérer avoir celui de son ami - et plus encore celui de Vkandis, qu'elle avait sans doute déçu ! Tandis qu'elle se préoccupait de détester et de juger la romance que vivait son meilleur ami, avait-elle pris le temps de se tourner vers la prière, la méditation ?

Divine Flamme ! Plus elle y pensait, plus Enju se détestait !

Dès qu'Aaron posa les mains sur son visage, et que leurs regards se croisèrent, elle ressentit encore un peu de honte, même si elle obtenait tacitement son pardon. Elle lui rendit son sourire, ses lèvres tremblants légèrement. En cet instant, elle prit une décision importante : elle devait se recentrer sur sa foi, sur elle, sur son entourage... Mais surtout sur Vkandis. Une fois de plus, elle s'était égarée, se plongeant uniquement dans son travail. Quand Enju avait eu des soucis, elle avait préféré se refermer sur elle-même plutôt que de demander conseils à ceux qui auraient pu l'aider Nul doute qu'elle demanderait quelques jours à Chelmak ambassadeur karsite, afin de s'enfermer dans la méditation.

Alors qu'elle s'apprêtait à faire part à Aaron de cette décision, le voilà qui la prend de court. Sa respiration se bloqua un instant, trahissant combien elle fut prise de court. Pourtant, elle sentit que son ami ne la forçait ni ne la brusquait. Comme toujours. Son sourire s'élargit un peu, et son nez se fronça :

- J'espère être prête très vite, Aaron. Même si j'ai un peu le trac, je veux connaître celui qui te rend heureux. Parce que c'est important pour moi de savoir que tu vas bien, Aaron.

A son tour, elle se pencha en avant pour l'embrasser sur le front, puis, mal à l'aise, lui avoua :

- Regarde-moi... Je me suis encore perdue sur un chemin obscur, et tu m'indiques quelle voie suivre... Qu'ai-je bien pu faire pour mériter un ami tel que toi, Aaron !

3
Le soulagement. Voilà l'émotion qui prenait de plus en plus de place dans le coeur de la secrétaire karsite. Enju craignait de perdre Aaron plus que tout autre personne. Bien entendu, elle avait côtoyé nombre de personnes à Haven, et les avait toutes plus ou moins appréciées. Mais Aaron, c'était celui qui avait fait montre d'une patience à toute épreuve, d'un tact constant à son égard. Elle l'aimait bien trop pour pouvoir le perdre. Instinctivement, Enju respira mieux, effectuant sans même s'en rendre compte un rythme apaisant, comme lorsqu'elle méditait.

Bien entendu, son couple restait pour elle quelque chose qu'elle voulait accepter, mais elle avait beaucoup de mal à y parvenir. Il lui parla donc de ce mage - de ce Manuchan - et Enju éprouva encore une fois cette espèce de dégoût face à cette relation qui n'était pas entièrement acceptable. Pourtant - fait exprès ? - Aaron utilisa les mots justes. "Le hasard fait bien les choses". Enju tiqua sur ses mots, comme s'ils réveillaient quelque chose en elle. Mais Aaron semblait attendre quelque chose de sa part, et une fois son trouble éphémère passé, elle soupira :

- Tu te souviens de tout ce que l'on m'avait fourré dans la tête, Aaron ? Que les Prêtres actuels étaient corrompus jusqu'à la moelle, que Vkandis brulerait tous ceux qui étaient contre nous ?

Ce n'était jamais bon signe quand Enju commençait à répondre à une question, même muette, en prononçant le nom de Vkandis. Elle ferma les yeux, et ses mains se posèrent sur ses genoux. Aaron avait été mis sur sa route par hasard - elle y voyait un signe de Vkandis, mais pas le héraut - et cette rencontre avait sans doute été la plus bénéfique qu'elle ait faite de toute sa vie. Pourquoi ça ne pourrait pas être le cas pour lui avec ce Manuchan ? Pourquoi

- J'ai vu des couples... composés d'hommes ou de femmes, être battus et brulés vifs. J'ai toujours appris que l'homosexualité était un crime qui devait être purifié par Sa Flamme. Depuis cette époque, je n'ai jamais été confrontée à ce genre de personnes. Enfin non, pas ce "genre de personne", mais des couples ainsi... Ma religion désavoue ces relations... Je t'avouerai que j'ai été profondément choquée et horrifiée de te voir avec...

Elle sursauta, comme si elle venait de comprendre quelque chose. Les pièces du puzzle se mettaient en place. Enju regarda Aaron droit dans les yeux, elle-même surprise. Puis elle se pencha en avant pour prendre son visage entre ses mains :

- J'avais peur pour toi !! Inconsciemment, ce qui me rongeait, c'était la peur que tu finisses sur un bûcher ! Ce n'était pas seulement de perdre ton amitié ou d'être délaissée, mais... Je suis tellement désolée, Aaron !

Elle s'était fait tant de soucis, égoïstement. Enju avait voulu refuser, de toutes ses forces, que cette union puisse être "normale", surtout si elle impliquait un Héraut. Pauvre Isabeau, qui avait dû l'écouter pleurer à la bibliothèque sur ses malheurs... Alors qu'elle avait la réponse depuis le début. Enju se sentit libérée d'un poids immense, et de nouvelles perles au coin des yeux, un immense sourire rayonnant sur le visage, elle murmura :

- Je suis si soulagée... Et si heureuse pour toi, mon Aaron... Je le suis sincèrement, même si ce fut difficile à accepter... Je voulais que tu sois heureux, vraiment...

Enju s'inclina, son front touchant pratiquement ses genoux, tandis qu'elle continuait à se confondre en excuses.

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Elle sursauta au contact des doigts autour des siens, et Enju s'en sentit presque honteuse de cette réaction, qui n'était que l'écho de sa nervosité. Elle cligna rapidement des yeux, pour chasser les premières larmes, avant de le regarder au travers de quelques mèches rebelles.

La prêtresse tenta, elle aussi, un sourire, tout aussi attristé. Aaron pouvait-il imaginer combien elle s'en était voulue ? Combien ces mots qui lui avaient semblés si simples mais sûrement pas si douloureux à entendre. Aussi hocha-t-elle la tête, repentante : oui, elle comprenait maintenant ce qu'il avait dû traverser, à l'époque, et depuis ce jour. Puis, petit à petit, son visage retrouva un certain éclat, et son sourire se fit plus sincère, plus naturel - et sa gêne fit rosir ses joues. Enju dégagea une de ses mains pour recouvrir celles d'Aaron.

- Merci Aaron... Ne plus te considérer comme un ami aurait été trop douloureux pour moi, tu sais. Tu es celui qui m'a toujours aidée, et soutenue. Tu m'es trop précieux pour que je puisse te perdre... Par ma faute qui plus est...

Un ami, oui, c'est ce qu'il avait toujours été pour elle. Oserait-elle parler d'un frère ? Non, même si les sentiments étaient là, elle n'arrivait pas à le considérer comme tel, d'un point de vue religieux. Mais elle l'aimait, d'une amitié folle, c'était indéniable. Enju n'eut pas besoin de beaucoup lutter contre elle même pour calmer sa nervosité... Sauf quand elle décida d'aborder un sujet un peu plus délicat :

- Alors ainsi, tu as rencontré un... Un...(elle hésita, comme si elle cherchait son mot. A croire que finalement, elle ne l'acceptait pas si bien...) ... Quelqu'un. Tout se passe bien ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

C'était d'une banalité affligeante ! Pour un peu, Enju se serait baffée. Mais après tous ces mois d'un silence gêné, elle ne savait pas quoi dire, sans craindre d'avoir un mot de travers...

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Il pouvait avoir "quelques minutes" pour elle. Enju eut un sourire légèrement crispé, tant elle se sentit mal à l'aise, d'un seul coup. Pourtant, elle décida d'aller jusqu'au bout de ce qu'elle avait commencé, et après un hochement de tête, elle consentit à suivre la direction qu'il lui indiquait. Un salon. Privé. Elle et lui, seuls. La karsite en ressentit un léger malaise, qui se dissipa dès que la surprise s'insinua en elle. Tout naturellement, Aaron poussait son fauteuil. Comme avant. Les mains au-dessus des roues, suspendues, elle ne sut pas trop quoi faire, avant de s'installer au fond de son fauteuil, les mains sur ses genoux. Et un sourire gêné sur les lèvres.

Bien entendu, elle aurait pu se pousser seule, comme elle le faisait régulièrement. C'était pourtant là un geste que seuls les domestiques et ses (rares) amis les plus proches se permettaient. Devait-elle y voir un signe ? Elle se reprit mentalement : "Chaque chose en son temps, Enju. Ne commence pas à essayer d'anticiper l'avenir."

Une fois dans le salon, la tension était palpable, bien entendu. Aaron prit la parole le premier, et Enju ne put s'empêcher de rougir - de honte ! - quand il ne finit pas sa phrase. Elle se pinça les lèvres, et s'agita sur son fauteuil. Divine Flamme, comme elle aurait aimé disparaître, en cet instant ! Que pouvait-elle répondre à ça, sans fondre en larmes aussitôt ?

- Tu sais... A l'époque, je ne me rendais même pas compte combien mes mots pouvaient être blessants...

Enju avait simplement murmuré ces mots, même si elle les détestait. Et après ça, que pouvait-elle dire, hein ? Et s'il était déjà parti ? Elle leva légèrement les yeux juste pour voir un bout d'uniforme blanc, et s'assurer de sa présence. Nerveuse, elle commença à jouer avec ses doigts. Par quoi commencer ? Par le fait qu'elle était heureuse pour lui et cet homme ? Il n'avait pas besoin de sa bénédiction, à ce qu'elle sache ! Des larmes commencèrent à poindre aux coins de ses yeux, tant elle était perdue ! "Sois forte, Enju, au nom de Vkandis !"

- Tu me manques, Aaron.

Ses épaules s'affaissèrent et elle finit par lever son visage pour croiser son regard à lui. "Quelle mine affreuse tu dois lui présenter !"

- Je sais que je t'ai blessé, Aaron, profondément. Et tu n'imagines pas combien j'en suis désolée. Je sais qu'il est facile de présenter des excuses une fois que le mal a été fait. Et quand bien même nous avons été occupés, tous les deux, depuis près d'un an... Avant nous avions du temps l'un pour l'autre. Ô, Aaron... J'ai l'impression d'avoir perdu le seul et le meilleur ami que je puisse avoir. Et même si je suis sincèrement heureuse que tu aies trouvé... quelqu'un, je ne peux m'empêcher de penser, très égoïstement que tu... que tu me manques terriblement. Si tu ne veux plus me voir, je comprendrai tout à fait, mais je...

Elle s'interrompit, ne sachant pas elle-même comment finir sa phrase. Submergée par tout ce qu'elle ressentait, Enju baissa le nez sur ses genoux, et sur ses doigts qui s'emmêlaient, trahissant sa nervosité. Divine Flamme, elle voudrait tellement disparaître!

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Se battre pour "récupérer Aaron" ? Voilà qui surprit énormément Enju. Jamais elle n'y aurait pensé par elle-même, pour être honnête ! C'était bien cela qui était paradoxal : elle n'était pas amoureuse de lui, mais aurait tant aimé qu'il lui soit un peu exclusif, comme il l'avait été jusqu'à présent... Et puis, ne serait-elle pas monstrueuse de détruire le bonheur qu'il pouvait éprouver aujourd'hui, après avoir tourné la page, enfin ?

Et dire qu'elle n'avait toujours pas prêté ses voeux, maintenant qu'elle y pensait...

Comprenant qu'Isabeau ne voulait pas parler d'elle, Enju décida de ne pas remettre le sujet sur le tapis, et d'écouter le reste très attentivement. Dans le fond, elle n'avait pas tort, et à présent qu'elle écoutait la jeune femme, la secrétaire karsite se sentit terriblement bête : si seulement elle avait pris le temps d'y réfléchir, Isabeau n'aurait pas à dire des choses si élémentaires ! Baissant le nez, Enju eut à présent honte : qu'est-ce qui l'avait menée à une telle tempête d'émotions, hein ? Ses sentiments étaient-ils si peu clairs ? Isabeau lui prit le menton pour que leurs regards se croisent, et la karsite lui sourit, comme libérée d'un fardeau :

- Vous avez raison, Isabeau... Je suis désolée de vous avoir prise à partie dans une histoire... qui vous a sans doute parue un peu floue... et pas totalement compréhensible.

Enju entendit l'écho d'une cloche, au loin, comme pour la rappeler à l'ordre. Elle n'avait pas grand chose à faire du reste de son après midi, mais quand même : ce n'était peut-être pas le cas de la Grise ! Enju prit les mains d'Isabeau entre les siennes :

- Merci de m'avoir écoutée, Isabeau. Quand bien même, je suis terriblement confuse et honteuse d'avoir agi comme je l'ai fait. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, à l'avenir. Je... Je vais vous laisser retourner à vos occupations, et rejoindre les miennes.

Elle posa son front contre leurs mains jointes, avant de murmurer dans un sourire :

- Que Vkandis vous garde des ténéèbres, Isabeau.

Et après une dernière courbette, elle quitta la bibliothèque.





- - - [TERMINÉ] - - -

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Palais / Regarde moi, même si je me cache dans les ombres...
« le: 26 avril 2014, 23:11:16 »
Du travail, Enju en avait pas mal. Ses journées étaient largement occupées à diverses tâches - que ce soit comme secrétaire karsite, copiste, ou en recherches dans la bibliothèque, elle avait toujours l'esprit tourné vers Aanor ou Vkandis. Pourtant, dès qu'elle quittait son travail des yeux, quelqu'un d'autre venait hanter ses pensées. Aaron... Enju poussa un soupir à fendre l'âme, allongée dans son lit. Elle était incapable de trouver le sommeil, et son regard marron-doré scrutait les ténèbres du plafond. Elle ne voulait pas déranger l'apprenti héraut qui s'occupait d'elle pour qu'elle puisse aller travailler à son bureau. Ah ! Vkandis ! Que n'aurait-elle fait pour recouvrer l'usage de ses jambes, dans une telle situation !

Au lieu de cela, elle pensait. Elle pensait à Aaron qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Elle eut un bref pincement au coeur, en imaginant que maintenant qu'il partageait sa vie avec quelqu'un, il ne voudrait plus entendre parler d'elle. Enju se torturait de longues heures en écoutant l'écho de cette pensée la hanter. Parfois, comme maintenant, elle en pleurait tant elle souffrait de la perte de son meilleur ami. Et elle n'arrivait pas à imaginer cesser en souffrir un jour. Divine Flamme, comme je peux être égoïste...

Le lendemain matin, les yeux gonflés et courbaturée à cause de la fatigue, Enju assista malgré tout à une réunion qui dura jusqu'en fin de matinée. Concentrée à sa tâche d'écriture dans un premier temps, elle ne se rendit pas compte tout de suite de la présence de Aaron dans la même pièce qu'elle ! Et ce n'est qu'en cherchant à jauger les participants par rapport à leurs expressions qu'elle vit son visage, de profil. Son coeur lui fit mal, brièvement... Avant que la douleur laisse place à une certaine détermination : il fallait qu'elle aille le voir. Rien que quelques secondes, même, le temps de s'assurer qu'il allait bien, vraiment bien. Isabeau lui avait démontré que... sa... ... "relation" n'était pas (trop) inconcevable. Au moins, elle n'en frissonnait plus ! Et elle commençait à réellement se réjouir pour lui. Mais Enju ne voulait pas passer complètement à la trappe...

Honte à toi, Enju : voilà que tu veux t'assurer qu'il pense encore à toi au lieu de t'inquiéter réellement de sa santé. Par Vkandis ! Il semble tellement fatigué.

Après ce court interlude, Enju n'eut plus le loisir de lever les yeux, trop occupée à noircir des feuilles entières de notes. Pourtant, elle était déterminée à aller jusqu'au bout, cette fois, au lieu de fuir comme elle le faisait depuis trop longtemps. Une fois la séance ajournée, elle ne se dirigea pas vers la bibliothèque ou son bureau, mais dans le couloir que le Héraut avait emprunté, sans doute pour vaquer à sa prochaine activité. Roulant aussi vite qu'elle le put, elle finit par crier le nom de Aaron pour qu'il la remarque et l'attende.

Et là, elle se sentit tellement bête ! Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient presque pas parlé. Ils se croisaient, s'adressaient à peine un "bonjour"... Il y eut quelques secondes d'un silence gênant, où tantôt Enju souriait de toutes ses dents, tantôt s'apprêtait à prendre la parole sans qu'un son ne franchisse ses lèvres. Et après un ultime soupir, Enju se lança :

- Comment vas-tu ? Ca fait... Ca fait longtemps qu'on n'avait pas eu le temps de parler un peu... Enfin, tu es peut-être pressé ? Excuse-moi, je n'ai pas pensé que tu étais peut-être attendu...

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Les épaules d'Enju s'affaissèrent. Voilà que Isabeau lui prouvait par la religion que l'homosexualité n'était pas une horreur. Vanyel n'avait pas bonne réputation parmi les Karsites, tout comme nombre de Valdemarans... Mais elle avait un peu raison, la Grise devant elle : d'autres divinités acceptaient ce genre d'union. Mais pas Vkandis - du moins, elle n'en avait jamais entendu parler, et c'était même puni par la loi. Etait-ce une loi des Hommes ou du Dieu ? Etait-ce un mensonge de plus qu'on n'avait pas pris la peine de lui démentir, il y a des années de cela ? Divine Flamme, elle aurait tant aimé pleurer, là ! Cependant, un regard vers le plafond, et Enju ravala tout ça.

Elle resserra ses mains, l'une contre l'autre, au contact de celles d'Isabeau, y puisant une chaleur bienfaitrice. Ses paroles, par contre, l'obligèrent à réfléchir un peu plus. Yeux exorbités, la prêtresse resta bouche bée, incapable de détacher son regard de son amie. Ses questions étaient ultra simple. Sauf que la réponse n'était pas aussi évidente qu'elle l'avait cru de prime abord.

- Je... Je l'ignore.

Et une fois de plus, elle baissa la tête, se voutant comme si elle portait soudain quelque chose de trop lourd pour ses frêles épaules. Alors Enju fit quelque chose qu'elle n'avait encore jamais fait : elle réfléchit à voix haute.

- Je n'en sais rien... Je n'imaginais sans doute pas qu'il irait voir ailleurs. Peut-être que le voir avec un autre homme est plus choquant que de le voir avec une autre femme... Même si j'ignore totalement comment j'aurai réagi... Je sais que les Hérauts sont réputés pour avoir des moeurs légères, dans le sens où ils ne savent pas jusqu'à quel âge ils vont vivre et qu'il y a peu de chances qu'ils ne se marient un jour... Quand même : et si c'était de ma faute ? En lui disant que j'aurai du prêter mes voeux plus tôt. ... Et si je me trompais ? Si je m'étais trompée et que je l'aimais, en fin de compte ?

Elle s'arrêta à ces derniers mots et rougit... de honte. Il était un peu tard pour se poser cette question, à présent. Son coeur se serra à cette pensée. Non, elle ne l'aimait pas de cette façon, c'était une évidence. Enju regarda Isabeau dans les yeux :

- Dites-moi, Isabeau... Après vous être rendue compte que vous aimiez Raimon... Votre comportement a-t-il changé vis à vis de vos amis ? Certains ont-ils désapprouvé vos sentiments, ou votre fiancé ? Ont-ils continuer à vous aimer ?

Qu'importait que ce soit un homme ou une femme, finalement : Enju n'avait presque plus revu Aaron même après leurs retours de missions - pour ainsi dire, en fait, ils s'étaient sans doute croisés une ou deux fois, sans pouvoir se parler. Et Enju se rendit compte qu'il lui manquait. Mais en tant que meilleur ami. En tant que confident qu'il avait toujours été. Et sans doute était-elle jalouse qu'il ait trouvé du temps pour s'épanouir et vivre une histoire d'amour...


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Enju se retrouva surprise par la proposition de Isabeau. Allumer une Flamme ? Quelle idée lumineuse ! Elle prit le briquet avec un sourire reconnaissant. Voir le feu, symbole de Vkandis, la revigora un peu, et acheva de la calmer - plus ou moins. Un peu plus sereine, elle tenta de trouver les mots pour expliquer les choses à Isabeau. Lentement, elle se mit dans le même état que lorsqu'elle devait faire un compte rendu, cherchant à édicter les faits comme si elle n'en faisait pas partie. Comme si ça ne la touchait pas, malgré les palpitations de son coeur. Enju quitta la flamme des yeux et regarda la Grise dans les yeux :

- Non, je voulais dire... Est-ce moral, chez vous, qu'un homme - un héraut, qui plus est... - ait une... Hm... "romance" avec un... Un autre homme ?

Oh, sa voix avait encore fait des trémolos, sur la fin. Enju regarda la flamme, joignit les mains sur ses genoux. Divine Flamme... Elle se sentait ridicule. Mais elle n'arrivait pas à imaginer que cela puisse être normal - et encore moins "moral". Surtout si ça impliquait un héraut.

Enfin, surtout si ça impliquait Aaron, en fait.

- Oh, Isabeau... Je ne me rendais pas compte... Vous savez... Je ne voulais pas le blesser. Je n'ai jamais imaginé d'autre vie, pour moi, que de servir Vkandis, avec tout ce que ça implique. Je pensais qu'il l'aurait compris, et qu'il n'aurait pas eu pour moi ce genre de sentiments... Et aujourd'hui, je le vois dans les bras de...

Par la Flamme ! Enju se massa le front du bout des doigts. Tout ceci était tellement confus dans son esprit ! Dans ses paroles aussi, mais voilà qu'elle ne s'en rendait pas compte, à nouveau.

- Pourquoi ? Pourquoi suis-je mal à l'aise alors que je devrai me réjouir pour lui ?


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La Taverne de Haven / Re: Coup de coeur, coup de gueule 2
« le: 04 mars 2014, 17:44:10 »
Roooh, arrêtez d'être aussi médisants avec PE !

Grâce à eux, prenez une année sabbatique pour voir si vous êtes vraiment prêts à reprendre les études.
Grâce à eux, faites travailler des gens qui vous feront croire que vous devez vérifier et valider votre projet.
Grâce à eux, pensez faire un bon CV.
Grâce à eux, découvrez 1001 excuses pour ne pas être payés.
Grâce à eux, participez à la déforestation mondiale.
Grâce à eux, découvrez combien vous valez (à savoir, rien).
Grâce à eux, vous prendrez conscience que tous vos projets ne vous mèneront nul part, et que c'est de la folie d'entreprendre en ces temps de crise. Vous pourriez presque vous en sortir, faut pas déconner, non plus.

Alors arrêtez d'être méchants avec Pôle Emploi, non mais !  :grumph: Ils sont très utiles.

...  :jesors:

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Une voix annonça qu'elle avait été repérée.

Enju se sentit terriblement embarrassée, et sécha ses larmes rapidement. Hélas, elles semblaient bien décidées à couler, même contre son gré. Alors la prêtresse se laissa entraînée - avait-elle de toute façon le choix, ou le contrôle des événements ? - et chercha à calmer ses pleurs qui frisaient peu à peu l'hystérie... Au moins, une fois dans cette petite salle reculée, elle contrôlait un minimum ses hoquets nerveux, et les larmes coulaient, plus modérément, le long de ses joues.

Son regard fixait obstinément le sol, et elle calmait sa respiration. Isabeau s'installa face à elle, mais Enju n'arriva pas à lever le visage tout de suite. Elle s'éclaircit la gorge plusieurs fois, et parvint enfin à se composer un sourire... Même si sa lèvre inférieure tremblait encore par moment.

- Je suis désolée, Isabeau... J'aurai préféré que vous ne me voyiez pas comme ça...

L'image d'Aaron embrassant Manuchan revint dans son esprit et provoqua un sursaut chez la karsite, en même temps qu'une légère tendance nauséeuse... Elle essuya de nouveau sa joue, et soupira pour se donner un minimum de contenance. A présent qu'elle était obligée de rester maîtresse d'elle-même... Elle pouvait donc se forcer à réfléchir calmement à ce qui s'était passé.

Et à ce qui la mettait dans un tel état.

- Isabeau... Je sais que... Vous savez, il y a de grandes différences culturelles entre Valdemar et Karse, mais... Deux hommes ?!

Oh. Sa voix était partie dans un aigu hystérique sur ces derniers mots. Elle porta la main à ses lèvres et ferma très fort les yeux. Divine Flamme... Enju se ressaisit.

- Je veux dire... Est-ce bien... Vous savez... "Moral". Surtout si l'un d'eux est un Héraut.


Elle appuya sur ces dernier mot. Et de nouvelles larmes naquirent au coin de ses yeux sombres. Ce n'était pas n'importe quel Héraut, qui plus est ? Par Sa Flamme !

Ce pourrait-il que ce soit de sa faute... ?


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Enju n'avait pas eu le temps de chômer, ces derniers mois. Il y avait tant à faire, tant de rapports à consigner, de données à compiler ensemble, d'informations à croiser, de sujets à creuser... Chelmak, l'ambassadeur de Karse, avait entamé des recherches avec elle, afin de comprendre comment - et pourquoi - Iftel avait fini par tomber. C'était mal de critiquer ainsi l'autre patrie de Vkandis, étant donné que Karse avait pendant longtemps été sous le joug d'un pouvoir corrompu. Mais c'est justement parce que leur patrie avait souffert que les deux karsites tenaient à faire des recherches sur leur peu de temps libre.

Et comme aujourd'hui, Chelmak était malade et cloué au lit, le Guérisseur avait conseillé à Enju de sortir de la suite, et de profiter de ce soleil hivernal. Couverte d'une épaisse cape doublée de fourrure, quelques volumes sur les genoux, la prêtresse gagna donc l'extérieur, décidant de se trouver un endroit au calme, dans les jardins, afin d'y travailler.

Mais le soleil fut couvert d'un épais nuage quand, au détour d'une allée, elle le vit. Enfin, elle les vit. Enju se cacha derrière la haie qu'elle avait à peine franchie et plaqua ses deux mains sur sa bouche grande ouverte sur un cri muet. C'était impossible ! Divine Flamme ! Elle se sentit obligée de jeter un nouveau coup d'oeil, comme si ce qu'elle avait vu ne pouvait pas être réel, comme si elle se devait de revoir ces mains tendrement enlacées, ses lèvres trop proches pour être pures et chastes, et ces sourires trop complices pour n'être qu'amicaux pour se convaincre qu'elle n'avait pas rêvé.

Divine flamme !!!

La gorge nouée, les mains tremblantes et le regard troublé, Enju regagna le parvis du palais, et roula, roula... Elle aurait tant aimé rejoindre sa chambre, mais du se contenter de l'intimité toute relative de la bibliothèque. Enju se trouva un endroit à l'écart de tout le monde, posa ses livres sur un bureau à sa hauteur. Les lèvres pincées, elle tentait de réprimer des larmes, et chercha à occuper son esprit au plus vite. Impossible ! Sa tête refusait de comprendre le moindre mot, et prenait un malin plaisir à lui remontrer ces images surprises dans le jardin. Elle porta une main à ses lèvres tremblantes, alors que les larmes se mirent à rouler sur ses joues.

Aaron et un homme.
Aaron et un HOMME.
DIVINE FLAMME !


Enju enfouit son visage dans ses mains et commença à pleurer silencieusement. Elle n'arrivait même pas à comprendre pourquoi ça la mettait dans un tel état. Elle ne parvenait pas à réfléchir à quoi que ce soit, de toute façon, seulement hantée de ces images.


13
[justify:37lmushb]Si elle avait été chanceuse de Voir Vkandis ? C'était bien peu dire. Alors qu'Enju avait été un être immonde, qu'elle avait bafoué Son Nom bien malgré elle, Il lui avait pardonné. Vkandis était un Dieu extrêmement bon, et généreux. ... Même si Iftel était tombé, ce n'était pas sans raison : tout cela devait être planifié, comme lorsque Karse s'était retrouvé entre de mauvaises mains durant des siècles. Peut-être était-ce une épreuve pour Iftel ?

En attendant, il y avait une autre épreuve qui l'attendait. Voilà qu'Isabeau se mit à pleurer. Enju se disait souvent qu'il était plus facile de pleurer sur les genoux d'une personne qui était assise, et bénissait parfois son fauteuil roulant pour ce genre de moments. Elle faisait peut-être bien peu, comme caresser le dos et les cheveux de la jeune fille, mais c'était déjà mieux que rien. Une de ses mains, chaude, était posée sur celle d'Isabeau, et Enju patienta jusqu'à ce que la grise se soit calmée. Inutile de revenir sur ce sujet : la karsite avait promis d'être là pour tous ceux qui en avaient besoin. Isabeau était une demoiselle promise à un bel avenir, mais qui manquait cruellement de confiance en elle ; en tant que prêtresse, elle se devait donc de l'encourager et la forcer à voir le meilleur côté des choses, et le meilleur d'elle même. Et il fallait avouer que ce n'était pas bien compliqué. Enju ne comprenait pas les gens qui se montraient si obstinément aveugles face à leurs plus belles qualités. Elle réarrangea rapidement la coiffure d'Isabeau, avant de rire doucement :

- La quarantaine ! Nous aussi y avions été contraints en revenant. J'espère que votre Compagnon aura pu rassurer tout le monde en précisant que vous alliez bien... Mais ce n'est pas une raison : après des mois passés loin de toute civilisation moderne, un bon bilan de santé vous fera du bien. Vous verrez : avec un peu de chance, ils vous plongeront dans un bain chaud. Croyez moi, il n'y a rien de plus agréable après un tel voyage.

Enju aida Isabeau à se relever en lui tendant la main, et se dirigea vers la porte pour la lui ouvrir.

- Allez, dépêchez-vous donc, n'inquiétez personne ! Oh, Isabeau...

La prêtresse karsite effleura le bras de la grise quand elle passa près d'elle. Avec son éternel sourire bienveillant, elle ajouta :

- N'hésitez pas à revenir quand bon vous semble : ma porte vous sera toujours ouverte, en toutes circonstances. Vkandis éclaire votre chemin, Isabeau : il a déjà éclairé votre avenir.

C'était sans doute présomptueux, dit comme ça, mais c'était un signe pour Enju : Vkandis ne pouvait pas avoir été sourd aux souhaits de la jeune femme, compte tenu des récents événements. Mais la conversation qu'elles venaient d'avoir venait de lui ouvrir les yeux sur un point sombre. Enju ne reprit pas le travail qu'elle faisait précédemment, mais se pencha davantage sur le cas d'Iftel, et sortit un vieux livre d'histoire de Karse. Pourquoi Vkandis aurait laissé tombé sa seconde patrie, après l'avoir protégée d'un bouclier étrange durant des décennies ? Voiloà un sujet qui risquait de l'occuper durant quelques temps, et elle commença par le début : trouver les différence entre son pays et Iftel sur leur religion pourtant commune...

[FIN][/justify:37lmushb]

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[justify:1j1hzszb]Les doigts d'Enju frétillaient. Ah, elle aurait tellement aimé prendre des notes en direct ! Pourtant, elle avait une excellente mémoire, c'était donc inutile ; pourtant, le contact de la plume lui aurait permis de ne pas frétiller d'impatience. Et puis, ce que racontait Isabeau faisait écho à une de ses propres expériences, et elle se sentit obligée de le partager avec la jeune fille :

- Oui, c'est merveilleux, Isabeau, et je comprends parfaitement ce que vous ressentez. Je pense que la béatitude vous a coupé le souffle, et qu'une étrange paix intérieure vous a envahie, telle une lumière aveuglante. Puis un sentiment puissant et incroyable qui vous donne des frissons. Et tout ce qu'il reste, après cet instant qui semble durer des heures mais qui n'a duré que quelques secondes, c'est une paix intérieure, et une certitude totale de quelque chose - même si cette chose est floue, paradoxalement, vous êtes sûre de ce quelque chose.

Enju avait joint les mains sur son coeur, et son regard brillait d'un éclat légèrement fanatique. Puis avec ce sourire si doux et si caractéristique, elle finit par regarder Isabeau, à nouveau :

- C'est ce que j'ai ressenti, moi, quand Vkandis m'est apparu. Je crois que je peux comprendre. Je suis tellement heureuse pour vous, Isabeau...

Ah, elle se répétait. Mais c'était du Enju tout craché, ça. Elle avait tellement besoin d'exprimer sa joie et sa bonne humeur ! Et les moments pour se réjouir étaient tellement rares.

- Vous allez tout de suite emménager au Collegium ? Ou vous allez mener une double vie pour tenter de retarder le moment où vos parents seront au courant ?

Enju changea "subtilement" de sujet, très vite. Elle ne voulait pas s'étendre sur l'apparition de Vkandis. Cela l'aurait obligée à expliquer des choses trop désagréables. Et il n'était pas question de décevoir Isabeau sur la personne qu'elle avait été, il y a longtemps. Alors oui, il fallait passer à autre chose, rapidement.

- Ce serait merveilleux que l'on puisse se voir plus souvent, même si nous aurons chacune un emploi du temps chargé, je suppose. Mais faire quelques recherches avec vous, et Barrn, sera des plus plaisants, je suis sure. [/justify:1j1hzszb]

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Le meilleur pokemon c'est le Taupiqueur o/

♫ Taupiqueur, Taupiqueur, TRIO TRIO TRIO ♪

... Et sinon, je tente de te rep dans la journée, Shan ! x) *revient discrétos au sujet*

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