Wylan faillit s’énerver. Il détestait l’auto-apitoiement et l’auto-dénigrement. Alemdar ne semblait pas comprendre qu’il avait été bien plus blessé que son frère. Rafael n’avait subi aucun dommage, il se portait comme un charme. Alemdar, lui, était dans un état lamentable, autant physiquement que mentalement. Le sort de la mage avait allègrement puisé dans les réserves du jeune homme pour s’auto-entretenir… c’était en tout cas ce que Wylan avait compris.
« Non, vous ne comprenez pas… mais ce n’est pas grave. Mangez, remettez-vous, c’est le meilleur moyen d’arriver à vos fins. Je ne peux rien faire de mieux. »
Il sourit, puis désigna son uniforme blanc.
« Vous savez, ce truc, c’est quelques avantages, mais surtout beaucoup d’obligations, comme celles d’obéir plus ou moins aux ordres et d’agir loyalement… »
( : Loya… quoi? : - : Silence, vieille carne.: )
«... Je suis donc pieds et poings liés. Désolé. Vous le verrez, votre petit frère. Mais pas aujourd’hui. »
L’appétit d’Alemdar fit sourire Wylan. Lui qui avait eu si peur qu’il préfère se laisser dépérir… aucun risque de ce côté là.
« Si cela ne vous suffit pas, je pense que je peux négocier un second service…»
Wylan regarda le jeune homme terminer son repas. Il prit le plateau et le posa à terre. Puis il regarda quelques instants Alemdar droit dans les yeux, cherchant à avoir son attention pleine et entière.
«… S’il-vous-plaît…. évitez de vous échapper. Je n’ai pas dit que vous l’envisagiez, hein… Mmhhhh… Tout cet épisode a été tenu secret, et seuls une poignée de gens sont au courant. Si on vous voit courir dans le Palais à moitié à poil … ça risque de soulever des interrogations. »
Wylan savait pertinemment que le jeune homme n’avait en aucun moment songé à s’enfuir… mais il préférait le mettre en garde avant même qu’une telle idée germe dans son esprit. Certes, dans on état actuel il serait incapable ne serait-ce que d’atteindre la porte. Mais après un bon repas… une bonne nuit de repos… Alemdar était un soldat, doué qui plus est. Il était parfaitement capable de s’enfuir s’il le voulait.