Auteur Sujet: [Enora/Fitz] Une bière chaude et une taverne fraiche... Ou l'inverse.  (Lu 4734 fois)

Héraut Enora

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  • Compagnon ou Familier: Jorel
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Enora ne s'attendait pas vraiment à ça. La douleur de son amie la touchait au cœur. Jorel restait silencieux, mais Enora se doutait que lui aussi était touchée.

Elle écouta silencieusement son ami se vider le cœur, sans bouger, ses yeux posés sur lui avec compassion. Elle le laissa terminer et laissa aussi un peu de silence s'installer avant de reprendre la parole avec douceur.

"Je me souviens de ce qu'un très sage soldat a essayé de m'apprendre il y a quelques années. On fait tous des erreurs et les ressassé sans cesse nous empêche de vivre. Qu'il faut apprendre à se pardonner."

Elle ne le quittait pas des yeux, tentant de lui communiquer compassion.

"Fitz, tu avais 18 ans, tu étais jeunes, sans expérience dans le domaine. On t'a demandé de partir, tu as cru que c'était la meilleure solution. Tu n'avais pas les outils pour faire face à cette situation, mais en te refusant de choisir aujourd'hui, c'est à feuille, a toi, et aux enfants que tu n'auras pas que tu fait payer cette erreur."
« Modifié: 03 mai 2020, 02:45:21 par Héraut Enora »

Fitz

Elle était gentille. Très gentille. Il voyait bien qu’elle lui cherchait des excuses pour son passé.

- J’ai abandonné mon enfant

Sa voix grave remplit l’espace, il ne dit que ça, ces simples mots résonnèrent dans la pièce, et il les laissa s’éteindre. Il voulait qu’ils imprègnent les murs, de ce qu’ils étaient. Une vérité implacable et froide contre laquelle on ne peut rien.

On pouvait lui trouver toutes les excuses du monde, il les avait lui-même cherché pendant des années :  la guerre, la famine, la peur, les missions, l’insouciance, la jeunesse, l’incapacité. Il ne restait au final que ces 5 mots qui étaient le seul et unique fait :

j’ai abandonné mon enfant.

- Ne t’en fais pas Enora, je ne cherche pas à être consolé, ni même à refaire le passé. J’ai depuis longtemps accepté. Je ne me cherche pas d’excuse, j’ai eu 12 ans pour m’en trouver, et aucune n’a jamais valut le coup. Peu importe mes raisons, elles n’étaient pas bonnes.

Il connaissait la situation qui se dessinait devant eux, ils s’engouffraient tous à pieds joints. Cette guerre sanglante qui verrait des morts, et des mutilés. Il savait aussi qu’il pouvait ne jamais en revenir comme tant de ses frères d’armes. Il mourrait alors là, seul, sa hache à la main et son regard vers le ciel en pensant uniquement à deux personnes. Sa femme qu’il abandonnait, et son enfant qu’il avait déjà laissé.

Voilà pourquoi aujourd’hui, voilà pourquoi ce soir.

- J’y pense beaucoup en ce moment, et je t’en parle car sa mère est décédée il y a peu. Une fièvre la prise, ça a été rapide. Ma fille est maintenant uniquement avec ses cousins, ses oncles, des gens qui ont autant de respect pour moi que de la paille sur une botte. Autant te dire, qu’en plus de l’abandon, elle doit avoir une vision de moi que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.

Il prit une gorgée et reposa de dépit son gobelet sur la table. Celui-ci était déjà vide. Ils les faisaient moins grand qu’avant ou avait-il eu plus soif que d’habitude ? Peu importe, il fixait le bois de la table, son regard un peu perdu, il ne semblait pas triste, il souriait.
Il pensait aux jouets, à ses centaines de jouets qui dormaient dans une armoire. Peut être qu’il aurait du laisser tout cela dormir dans une armoire avec eux, bien au chaud.
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Héraut Enora

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Les yeux et l'émotion qui s'y trouvait été très sincère. Enora avait de la peine face à la douleur de son ami, mais aussi de la compassion. Et surtout, pas une once de jugement. Elle ne le voyait ni comme un monstre, ni comme un pauvre hère. Au contraire, elle revoyait en partie, en lui, ce qu'elle se faisait subir à elle-même à chaque fois qu'elle faisait une erreur. Elle se surpris presque elle-même avec une voix sévère et presque coupante.

"Fitz ! Ce que tu fais est inutile et ne sert à personne. Ni à toi, mais surtout pas à elle. Tu as fait une bourde, une énorme, tu regrettes et c'est bien, mais franchement, tu es le premier à me reprocher de me complaire dans ma culpabilité. Tu penses que ta fille a besoin de ça ? On s'en fou de ce que sa famille pense, mais tu crois pas qu'elle est en droit de comprendre au moins ? Ne pense-tu pas qu'elle a le droit de savoir pourquoi et de juger elle-même ? Tu n'as pas le droit, après tout ça, de juger pour elle. Pas plus que tu n'a le droit de continuer à te complaire dans ta culpabilité quand ta fille as peut-être besoin de toi."


Il y avait malgré la dureté de ses mots et de son ton, une certaine douceur et compassion derrière. Mais elle ne pouvait pas laisser son ami s'enfoncer dans une spirale de culpabilité, et surtout pas juste avant une bataille majeure.

Fitz

Fitz lui souriait tendrement, en sirotant sa bière, et l’écoutant le sermonner.

- Elle sait Enora. Elle sait que j’existe, elle sait qui je suis. Je lui envoie des lettres, souvent. Je ne sais pas si elle les reçoit, si elles sont filtrées ou pas. Mais elle sait que j’existe, et connait mon nom.

Il soupira, et interpella le serveur pour un deuxième service.

- Tu vois… quand je suis parti, je partais pour mourir l’arme à la main. J’étais jeune, j’étais idiot, j’avais une rage sans fin, une soif de combat. Je savais que je rendrai mon dernier soupir sur un champ de bataille. Je ne voulais pas de cette vie là pour ma femme et mon enfant.

Le serveur déposa une nouvelle tournée avant de s’en aller.

- Maintenant je sais qu’il y a une autre sortie possible. Haven m’a apporté ça. Mais paradoxalement c’est aussi maintenant que je suis le moins libre de retourner la voir. Je représente l’armée de Valdemar. Je suis un capitaine, tous mes actes sont la réputation de l’armée. Je ne peux pas débarquer dans un domaine et exiger à revoir ma fille, sans entacher la réputation entière de mes hommes, et mon pays. Je ne peux pas librement débarquer l’arme à la main en exigeant de la revoir.

Il y avait pensé. Déjà. Quand il était mercenaire il aurait pu y aller, personne ne lui aurait demandé des comptes, et il ne risquait rien si ce n’est sa vie. Mais à cette époque tout était différent. Maintenant il avait des responsabilités, il ne pouvait pas faire un esclandre.

- Tout ce que je peux espérer c’est qu’elle a reçu mes lettres, qu’on les lui a bien donné, qu’elle les a bien lu.  Le reste lui appartient.
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Enora écouta son ami parler, elle comprenait ce qu'il voulait dire, mais il avait tort sur un point. Il n'était pas seul et il n'avait pas à y aller en représentant "tout le pays".

"Tu sais, les vacances, ça existe pour quelques choses... Et moi en tant que héraut, je peux aller demander des services sans nécessairement avoir à exiger quoi que se soit, ni être lié directement à toi. Si tu veux, on prend des vacances ensemble après tous ça et on va la voir. Je veux bien te servir t'intermédiaire et lui donner une chance de faire son choix sans interférence. Même si ça veux dire qu'elle te rejette complètement, je peux au moins m'assurer qu'elle sait que tu l'aimes et que tu regrettes."

::Et bien et bien, la jeune fille parfaite a fait beaucoup de chemin en quelques semaines !:: la taquina jorel.

::Et bien, disons que certaines choses vous font sortir la tête du sable.:: Enora était devenue aussi très douée pour l'auto-dérision, au lieu de s'apitoyer.

"Je suis certaine qu'il y a des solutions qui n'implique pas de se mettre à dos sa famille, ou de se battre avec quiconque. Je suis une flèche, si ça n'a aucune utilité pour mes amis, c'est assez décevant non ? Et je ne pense pas que cela fasse de mal ni aux pays, ni à qui que se soit. Je suis aussi une DeLolryn, et donc, quelqu'un qui est un peu plus difficile à fermer la porte aux nez. Je n'irai pas en tant que héraut, ou en uniforme, mais je pense que mes affiliations pourraient quand même valoir quelque chose. Enfin, si tu veux. Je ne veux pas te forcer la main, mais..."

Elle ne savait pas trop quoi dire de plus pour exprimer sa compassion et son désir d'aider son ami. Elle ne voulait en aucun cas qu'il se sente piégé par son offre, mais elle voyait bien à quel point, la situation le faisait souffrir.

Fitz

Re : [Enora/Fitz] Une bière chaude et une taverne fraiche... Ou l'inverse.
« Réponse #20 le: 01 septembre 2020, 19:24:33 »
Il sembla réfléchir un instant à la proposition d’Enora.

- Non. Les vacances c’est bien, mais au vu de mon « destin » j’ai interdiction de m’éloigner de Haven. Je dois être disponible maintenant, tout le temps, et quoiqu’il arrive. Impossible pour moi de partir.

Il manquerait plus qu’on ait besoin du glaive quand celui-ci est à la campagne. Non il devait rester il le savait, et même si cela devait impliquer de ne pas la revoir.

- Mais tu pourrais peut être faire une chose pour moi …

Il sortir de sa poche une lettre, sur l’enveloppe uniquement le prénom de sa fille.

- .. J’aimerai être certain qu’elle ait mes lettres. C’est la seule chose dont je doute, c’est qu’elles lui soient remise correctement. J’aimerai m’assurer qu’elle reçoive celle-ci. En fonction de la bataille à venir ce sera peut-être ma dernière, et j’aimerai m’assurer qu’elle lui parvienne tu comprends ?

Il resta fixé un instant sur le papier qu’il tenait en main.

- Comme tu disais tu es une flèche, et je suis certain que les pas de Jorel t’amèneront dans le coin. Si tu as le temps de la lui livrer, de t’assurer qu’elle l’ait, et uniquement elle. Sa famille avait une certaine admiration et crainte pour les Hérauts, ils ne refuseront pas que tu la voies. De plus ils n’ont aucune idée que tu me connais, pour eux je suis encore qu’un bon à rien de mercenaire.  Je serai certain qu’elle aurait eu celle-là tu comprends ?
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Re : [Enora/Fitz] Une bière chaude et une taverne fraiche... Ou l'inverse.
« Réponse #21 le: 05 septembre 2020, 14:59:39 »
Enora prit la lettre et hocha la tête.

"Bien sur que j'irai la lui remettre. Dès que tous ça sera terminer, je m'arrangerai pour passer sur le domaine de sa famille, et si je peux, je pense que j'essaierai de m'arranger pour avoir une discutions avec elle aussi. Pour te faire savoir exactement ce qu'elle en pense. Ainsi, tu saura si elle veux ou non et ce sera clair. Mais n'oublie pas mon ami, qu'une erreur, aussi monumental soit-elle, ne défini pas notre vie entière. Ne t'empêche pas de vivre, ou ne ferme pas la porte au bonheur pour toi et ton aimée, parce qu'autrefois du à fait une erreur de con. Si tu n'en veux pas pour d'autre raison, pas de problème, mais ne laisse pas tous ça t'empêcher d'être heureux et te donner une chance de rendre des enfants heureux aussi."

Elle ne savait trop s'il écouterais réellement ses conseils, mais Enora avait de la peine pour son ami qui continuait de se punir à ce jour pour une erreur de jeunesse. Il n'était plus le Fitz d'autrefois, il ne méritait pas ça, même si l'erreur semblait énorme, elle partait d'une bonne intention et d'une certaine naïveté. Il voulait offrir à son enfance une chance de grandir loin des problème que sa présence aurait pu causé dans la famille. Il ne l'avait pas fait pour des raison égoïste.