Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets scénario => Discussion démarrée par: Héraut Arthon le 06 août 2011, 11:12:08
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Aranel, en bon Héraut du Roi, avait du mal à décrocher de la paperasse. Cartes, comptes rendus, lettres que des soldats se précipitaient pour relayer, elle s'occupait de tout ce que les autres ne pensaient pas forcément utiles à une mission de ce genre et qui était pourtant essentiel. On la voyait donc peu, se mêlant à eux en général pour les repas, ou venant voir de temps en temps durant la marche que tout allait bien. Le reste du temps, elle était trop concentrée, ou en pleine conversation avec Indra pour qu'on puisse la déranger sans s'en vouloir d'interrompre le cours des choses.
Depuis qu'ils savaient tous qu'ils allaient à Iftel, le rythme de marche s'était accéléré. Mettre un nom sur une destination, même si leur but n'était pas juste d'y arriver, cela permettait de se motiver et de moins flâner. De plus, une certaine solidarité s'était enfin installée dans les rangs, et soldats comme nobles ou apprentis (ou autres) se parlaient plus, s'organisaient mieux, et tout semblait aller pour le mieux malgré les questions en suspens qu'on faisait semblant d'ignorer (avant d'en parler à voix basse).
Quinze jours passèrent, semblables l'un à l'autre mis à part le temps (pluie et brouillard, soleil et vent, etc ) sans que rien n'arrive de conséquent. Sans qu'on ne voit rien changer, comme si le temps était immobile.
Pourtant, un midi, un des soldats revint avec une bonne nouvelle: ils allaient traverser la frontière. Iftel (ou plutôt ses hautes autorités) acceptaient de les laisser passer, de les accueillir et de les aider dans leur quête. Comment étaient-ils au courant de tout? Les regards soupçonneux pouvaient se poser sur Indra, le Chat de Feu n'avouerait rien.
Bientôt, ils traversèrent la frontière, s'attendant parfois à ressentir quelque chose. Rien ne se passa du tout, et ce fut comme s'ils n'avaient pas quitté Valdemar. Ce sentiment de temps qui ne passait pas s'accentua (chez ceux qui veulent).
Indra et Maya avançaient de concert maintenant, mais leur regard passait souvent sur les participants, s'arrêtant en particulier sur Fitz (sa main le démangeait alors un peu) et sur Enju.
Une journée après le franchissement de la frontière, un orage fut perceptible au loin. Puissant, se déplaçant vite, il donna rapidement mal à la tête à ceux sensibles aux changements de temps... Et à ceux sensibles à la magie véritable (notamment Eoghan et Nyaeve), sans qu'ils ne sachent trop pourquoi.
Indra disparut alors, pendant que Maya allait se "réfugier" (si on pouvait dire ça d'elle) près de Rohan.
Le luth de Loelia, dans sa protection, cassa toutes ses cordes, avec un bruit de lamentation funèbre. Personne ne remarqua qu'un membre de plus s'était joint à leur équipe.
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[justify:5zyymb1k]Enju restait d'un calme et d'une patience redoutables. Oh, bien entendu, intérieurement, elle aurait tout donné pour que le Chat de Feu la téléporte tout de suite à Iftel. Elle voulait voir cette ville, discuter théologie avec d'autres fidèles de Vkandis, et surtout, surtout, malgré l'hérésie de la chose, elle espérait plus que tout que quelqu'un, là bas, pourrait les aider à traduire les manuscrits qui étaient sa sa possession.
La prêtresse profitait du calme et de la solitude de chaque soir pour se replonger dans la lecture des deux manuscrits. Elle remettait de l'ordre dans ses notes, tentait de nouvelles traductions... Elle avait recoupé certains symboles, repéré des répétitions, comparé aux travaux de Anshuu. Mais elle n'avait, réellement, pas avancé du tout. Cependant, la prêtresse ne désespérait pas : après des jours et des jours, enfin, la nouvelle de la frontière toute proche lui remonta le moral, et sans doute que son sourire fut plus ensoleillé.
Le temps lui avait paru interminable. Les journées ne s'étaient pas ressemblées, pourtant, si elle n'avait pas tenu le journal de l'expédition, comme elle l'avait promis à son mentor Chelmak, Enju aurait été incapable de dire depuis combien de temps ils étaient sur la route. Cette sensation était étrange, et elle ne manqua pas de le noter en marge. Après tout, Chelmak lui avait enseigné qu'il était bon de mettre ses impressions personnelles, et à chaud. Elles pouvaient s'avérer importantes par la suite, bien qu'anodines sur le coup.
En passant la frontière, un frisson d'excitation parcourut Enju. Qu'allait-il se passer ? Ils avaient la permission de passer, mais... Il allait bien se passer quelque chose ? Seule la déception attendit la jeune femme, alors qu'il ne se passa rien. Abasourdie, elle regarda autour d'elle, bien après qu'ils aient franchi cette limite imaginaire. Rien, strictement rien. Oui, Enju fut peut-être un peu déçue. Elle s'était attendu... Elle ne savait pas trop, mais à un éclair de lumière, à une apparition, n'importe quoi qui lui aurait montré qu'elle était sur les Terres du Dieu Solaire ! Mais rien, juste rien... C'était frustrant...
Le voyage continua, et le temps qui ne passait pas semblait plus stagnant que jamais. La patience d'Enju commençait à s'entamer. Bien entendu qu'elle avait l'habitude de rester immobile des heures... Mais là, elle avait l'impression de ne pas avancer depuis des jours ! En relisant ses notes, elle se rendait compte qu'elle avait déjà écrit plusieurs fois aujourd'hui. De quoi s'arracher les cheveux... Et il n'était même pas question de sortir les manuscrits à la vue de tout le monde. C'était son secret, elle en était surtout responsable, et selon elle, une malédiction planait sur ces documents... Raison de plus pour les garder cachés. Pourtant, elle aurait adoré pouvoir travailler dessus !!
C'est un orage qui l'en dissuada. Il était terrifiant, et Enju n'avait jamais beaucoup aimé ces colères du ciel... Elle serra un peu plus près d'elle sa cape de voyage, aux broderies d'or, et son regard marron doré trahissait son inquiétude. Et en toute logique, comme bien des gens dans ces cas là, elle fut incapable de détacher son regard de la source de sa phobie. Même le hurlement de l'instrument de Loelia ne lui arracha qu'un sursaut. D'ailleurs, elle vint chercher la main de la barde, qui avait voyagé exceptionnellement avec elle, et la serra dans les siennes. Elle murmura :
- Je suis désolée... Je n'aime pas les orages...[/justify:5zyymb1k]
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Le voyage était long.
Organisé, mais long. Depuis l'apparition, et tout ce qui s'en était suivi, Fitz avait décidé de prendre une grande partie des tours de garde de nuit. Il voulait protéger le plus possible ses hommes, des risques qu'ils courraient sur cette route.
Mais rien ne se passa, les jours se succédèrent semblables les un aux autres. Et le mercenaire s'était renfermé sur lui même. Il ne supportait pas le calme, cela n'annonçait jamais de bonnes choses, et encore moins sur la route. Et tout était bien trop calme.
Lorsqu'ils furent autorisé à passer la frontière, le guerrier laissa échapper un soupir. Bientôt ils seraient arrivés et alors ils pourraient tous réellement se reposer, et peut être obtenir des réponses. Sauf que rien ne se passa complètement comme il espérait.
Au début il avait cru être piqué par une bestiole. Maintenant il le savait, sa main faisait des siennes, et la plupart du temps quand ça arrivait c'était pas bon signe.
Il préféra donc prévenir Rohan (sans toute foi lui dire comment son intuition lui était venue), et avait décidé de renforcer les gardes autour du convoi. Il avait simplement dit
"Je ne sens pas toute cette affaire, le calme ambiant ne doit pas nous endormir, nous devons redoubler de vigilance tant que nous ne sommes pas à destination."
Il passait peut être pour un fou, mais au moins il était prêt.
Sauf peut être pour le luth de la jeune barde qui décida de rendre l'âme dans un cri strident. Le mercenaire dégaina ses épées, se retournant immédiatement vers la source du bruit, face à la barde, avant de les ranger de nouveau, et de s'incliner devant la jeune femme.
"Veuillez m'excuser dame Loelia, je n'aime pas l'atmosphère que l'on subit depuis que nous avons passé la frontière, je suis peut être un peu trop tendu."
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Eoghan avait voulu voyager. Maintenant c'était chose faite ! Il voyageait ! Et qu'est-ce que c'était long. Il en avait fini de passer ses humeurs sur les autres, en fait, il les regardait faire, se sentant juste... Bizarre. Bizarre au premier coup et plus ils avançaient, moins il se sentait bien. Le voyage était si long qu'il en était devenu presque muet ! Quand vous avez fait le tour des voyageurs avec vous et que vous devez faire plusieurs longs kilomètres avec eux, en bon gai luron, vous devriez mettre l'ambiance ! Et pourtant, Eoghan n'était pas comme d'habitude, il ne faisait pas de blagues foireuses, il ne taquinait personne, il n'était même pas désagréable, il était presque passé en mode automate, ce qui était extrêmement inhabituel chez lui.
Beaucoup de ses nuits il les avait passées à écrire dans son journal près de Fitz. A parler ou non, de toute façon, il n'arrivait pas à dormir alors autant qu'il s'occupe. Notamment à l'approche de l'orage, Eoghan était de plus en plus silencieux et encore plus inhabituel, il se montrait de moins en moins sauf quand on l'appelait pour des tâches ou pour manger. Le reste du temps, il le passait à dormir, s'il le pouvait.
Il avait fermé les yeux, essayant encore de reposer sa tête en laissant sa jument le guider, quand le luth décida de faire 'honneur de sa présence et il sursauta violemment sur sa selle avant de se redresser et de regarder Fitz, prêt à agir. Il regarda partout autour de lui avant de froncer les sourcils et aux mots d'Enju, il releva les yeux sur le ciel menaçant. Il n'était aucunement rassuré. En fait, il déglutit, sa pomme d'Adam réagissant dans sa gorge. Déjà que l'équipée sauvage n'était pas des plus joyeuses mais cet orage ne présageait rien de bon, ça Eoghan le savait.
Il soupira fortement en se passant la main sur le front, les yeux fermés le temps de se réinstaller correctement. Et tel un enfant, il regarda Fitz avec son expression de lassitude prononcée.
_ On arrive quand ?
Son mal de tête plus sa potentielle mauvaise humeur depuis leur départ le rendaient plus vieux, plus sérieux et peut-être lui-même plus menaçant car imprévisible.
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Nyaeve semblait bien s'acclimater à la routine du voyage. Ce n'était pas bien différent d'une transhumance et elle en avait déjà fait deux. La différence est qu'elle avait bien moins à faire, pas de bête à soigner, pas de camp à installer par elle-même. Elle s'occupait la plus grande partie du temps en discutant avec Loelia ou en filant avec son fuseau. Elle était définitivement contente d'avoir pris toute cette laine avec elle. Au début du voyage, tout le monde avait pris cela pour un oreiller, mas celui-ci diminuant, elle commença à se dire qu'ils ne seraient pas à Iftel quelle n'aurait plus rien à filer.
La barrière apparut alors enfin, elle ne savait pas ce qu'elle avait imaginer, mais ce n'était pas cela. Elle eut un moment d'excitation quand ils allèrent la passer et finalement rien, même pas l'impression de passer dans un nuage ou dans du brouillard. Ils étaient de l'autre côté. Et le morne voyage recommençait, elle put sortir ses aiguilles et finalement tricoter tout le fil qu'elle avait produit... Magnifique la vie de voyageur.
Jetant inévitablement un oeil autour d'elle, malgré son activité, elle vit l'orage arriver. Elle commença à ranger son attirail soigneusement dans son sac huilé et imperméable. Elle se concentra sur l'orage, elle espérait y échapper, mais elle se doutait bien que ce ne serait pas le cas. Peut-être était il temps de faire un campement. Elle commença à se frotter les tempes, un mal de crâne insidieux bourdonnait dans sa tête, comme pendant... mais ce n'était pas la période pourtant. Elle se décidait à héler le guérisseur pour lui demander quelques choses quand les cordes du luth de Loelia se rompirent dans un cri d'agonie créant une douleur aiguë dans son crâne.
- Il ne manquait plus que cela...
Elle se tourna vers Loelia
- Ca va tu as de quoi les remplacer.
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Après l'incident de la silhouette dans le feu, le voyage avait continué. Pendant le reste de la route, l'équipe avait peu vu Aranel, occupée sans doute avec la partie administrative de leur mission. La Héraut manquait un peu à Loelia, car elle aimait bien cette femme. Heureusement, elle se joignait toujours à l'équipe durant les repas, avant de repartir dans son coin, concentrée.
Il semblait à Loelia que le rythme de voyage en direction d'Ifetl se faisait plus soutenu, ce qui ne dérangeait pas la jeune fille, toute ankylosée à force de rester assise des heures durant dans le chariot. Toutefois, elle avait eu le temps de pratique son luth et son jeu était devenu réellement bon ; les cordes s'usaient gentiment et elle se félicitait d'en avoir pris deux jeux de rechange dans ses affaires.
Elle commençait également à mieux connaître ses compagnons de route et se sentait plus à l'aise en leur compagnie.
Ils finirent par traverser la frontière au bout de deux semaines, ayant même le sentiment d'avoir été attendus. En tout cas, ils n'eurent pas de problèmes et le changement de lieu se fit sans problèmes. Et rien ne semblait vraiment différent qu'aux alentours de Valdemar, au final. Loelia se demandait donc pourquoi certaines personnes du groupes avaient tant semblé redouter le passage de la frontière, mais elle garda ses pensées pour elle. Elle était surtout contente de constater que le groupe avançait enfin un peu plus vite.
Toutefois, le lendemain de leur arrivée en Iftel, le temps se gâta. Loelia était depuis petite très sensible aux changements de pressions et elle eut rapidement un mal de tête lancinant, qui lui fit enfin apprécier le confort de voyager en chariot. Elle s'allongea un moment, en espérant que sa pression sanguine arrête de danser la gigue.
Soudain, elle entendit un drôle de bruit provenir du coffre de son luth. La jeune femme se redressa péniblement, toujours en proie à la migraine et ouvrit la protection de son instrument.
*Mais… toutes les cordes ont cassé en même temps ? je veux bien qu'elles étaient usées, mais tout de même ? Je crois que je ne suis pas la seule à souffrir de ce temps étrange.*
Elle leva enfin la tête vers le reste de son groupe, regardant comment les autres étaient affectés.
Elle sentit alors la main d'Enjeu serrer la sienne ; tournant son visage vers la jeune femme, elle surpris son regard fixé sur l'orage. Enju avoua alors qu'elle détestait les orages, s'excusant de son geste.
- Ce n'est rien. (Loelia serra sa main dans la sienne) Tout le monde a ses craintes. Rassure-toi, tout ira bien, car nous sommes là, avec toi.
Elle vit également que Fitz et Eoghan avaient entendu les cordes de son luth se briser bruyamment, le second sursautant même sur sa selle. Quant au mercenaire, par réflexe, il avait sorti ses armes et fit brièvement face à Loelia. Puis, réalisant son erreur, il rangea ses armes, s'excusant silencieusement auprès de la jeune ménestrelle, qui lui rendit son salut pour lui exprimer qu'elle comprenait sa surprise.
Nyaeve semblait souffrir également de maux de tête, car depuis quelques kilomètres, les deux jeunes femmes avaient beaucoup moins bavardé que lors du début du voyage. Elle la vit grimacer quand les cordes de son luth se rompirent.
- Ouh, je suis désolée pour ta tête… je souffre moi aussi et ses maudites cordes n'ont rien arrangé ! j'ai en effet de quoi les remplacer, mais je vais attendre que ce temps soit passé…
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[ Hj: Loelia , cocotte, tu es élève ménestrelle, pas barde, pour le moment ^^]
Rohan avait écouté avec sérieux ce que Fitz était venu lui dire. Il avait hoché la tête gravement, tout à fait d'accord avec lui:
"Je fais le tour des hommes, pour leur dire de se tenir sur leurs gardes. Est-ce que ... " et le regard de l'homme avait clairement demandé si Fitz était dans la confidence de quelque chose, passant légèrement sur la main qu'il savait douloureuse de temps en temps.
Le luth et les femmes, et Eoghan l'empêchèrent de poursuivre cette conversation, et Rohan s'éloigna pour parler aux hommes. Pas besoin de précautions supplémentaires: ils étaient visiblement tous sur les nerfs, prêts à bondir (ou à hurler selon le niveau d'expérience et le grade), et le gémissement des cordes leur semblait de mauvais augure.
Ils réussirent à avancer encore quelques lieues avant que la pluie ne les rattrape. Juste avant la saucée, alors que le mal de tête de ceux qui l'avait réussissait à leur donner des nausées et mal au ventre, Rohan ordonna une halte. Ils avaient atteint une grande ferme un peu isolée. Les cultures autour avaient l'air en bon état (après la pluie, on verrait ...), mais la porte était ouverte.
Rohan alla, avec Fitz, vérifier que tout allait bien. Les chariots et les autres du groupe attendaient plus loin, dans la cour, prêts à repartir si on les vidait de là.
Mais avant qu'ils ne puissent atteindre la porte, une silhouette apparut. Derrière elle, des ombres indiquaient qu'elle n'était pas seule.
Une espèce d'énorme faucon, ressemblant un peu aux rares griffons étant déjà passé par Valdemar, se tenait devant eux, l'air un peu étonné (si un bec aussi acéré pouvait donner l'air étonné ). Une silhouette se coula près du faucon pour venir regarder, crocs à l'air. Cette créature devenait étrangement commune ces derniers temps: un kyree! Et vu le ventre énorme, femelle.
[ Fitz, ta main te chauffe une seconde... Mais ce n'est pas douloureux.
Eoghan, dans ta tête, il te semble que quelqu'un cherche quelque chose, doucement,et tu ne l'aurais pas perçu si tu n'avais pas déjà été si mal.
Enju, l'éclat brillant dans le regard du faucon géant ressemble vaguement à un soleil -c'est rassurant pour toi.
Loelia, les cordes de ton luth cassées t'inquiètent sans que tu saches réellement pourquoi.
Nyaeve, tu ne t'attends pas à ce qu'une petite voix, sûrement d'enfant même s'il n'y en a pas autours, résonne dans ta tête en te demandant très gentiment: " t'es quoi comme espèce? " ]
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Nyaeve se massait toujours les tampes, elle répondit à Loelia que ce n'était pas de sa faute et ils continuèrent leur route. La pluie se mit à tomber et les maux de crâne s'intensifièrent. Elle devait se retenir pour ne pas vomir, mais que pouvait il bien se passer. Elle aurait hurler de soulagement quand Rohan décréta une halte, mais elle n'était vraiment pas assez bien pour dire quoique ce soit à ce moment-là.
Elle allait descendre du chariot pour donner libre cours à son estomac quand les deux créatures arrivèrent. Ce fut comme une douche froide. Heureusement qu'elle avait eu l'occasion de croiser un kyree et un gryffon à Haven autrement elle aurait sûrement crié ou tombé du chariot de surprise...
Ce qu'elle faillit finalement faire quand elle entendit la voix d'enfant, elle tourna la tête ne réalisant pas tout de suite que c'était dans sa tête qu'elle l'entendait. Elle réfléchit un instant, ne sachant pas vraiment comment répondre. Elle songea que cela devait être le kyree, mais elle l'imaginait mal avoir une voix d'enfant. Elle fut presque gênée de répondre à haute voix ne sachant pas vraiment à qui s'adresser.
- "Moi, je suis humaine, et toi?" dit elle d'une voix douce comme si c'était réellement à un enfant qu'elle s'adressait.
Elle regarda les gens autour d'elle, on allait la prendre pour une folle, c'était bien sa chance...
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[HJ: Arthon, c'était pour me répondre Loelia en faite, c'est moi qui ait fait une erreur dans mon texte en m'adressant à elle en tant que Barde ^^ L'erreur venait donc de moi à la base :) ]
Edit Arthon: Ok :)
Cette pause était nécessaire, le groupe ne pourrait pas continuer par ce temps, et vu l'énervement qui régnait ces dernières jours, il fallait absolument qu'ils puissent reposer la troupe avant de continuer.
Il ne s'attendait pas par contre à voir un tel attroupement alors qu'ils approchaient de la porte. Des créatures fantastiques il en avait croisé pas mal lors de son séjour à Valdemar, mais en croisait comme ça deux d'un coup, au même endroit, dans ce lieux si étrange, le mercenaire ne s'y attendait pas.
Et sa main non plus visiblement. Un chaleur se mit à envahir son membre sans qu'il ne puisse rien contrôler, et il resta un instant interdit comme "bête" devant eux.
Il se reprit tout fois assez rapidement. Manquerait plus qu'en plus de passer pour un envahisseur, il passait aussi pour un abruti fini. Le mercenaire adressa un signe de tête à Rohan et s'avança de deux pas vers leurs hôtes.
"Bonjour. Je me présente Fitz, actuellement en poste en tant que garde pour le collégium et Valdemar, voici Rohan. Nous sommes désolé de vous déranger ainsi, soyez assuré que nos intentions sont bonnes. Il se trouve que nous sommes une délégation envoyé en Iftel, mais le temps nous a surpris, et la fatigue arrivant au sein de notre groupe, nous avons cherché un endroit où nous abriter"
Le mercenaire présentât ses mains vers l'avant dans un signe de paix visible, et haussa les épaules.
"Je comprendrai parfaitement que notre présence vous dérange et si tel est le ças alors nous chercherons ailleurs, et partirons sans esclandre. Mais je vous avoue que nous serions heureux si vous pouviez nous accorder l'hospitalité dans cette cours au moins pour la nuit. Il y a dans cette caravane des personnes qui ne sont pas habitué à tant de route voyez-vous."
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Partir sans Manu était une chose. Partir sans Elbereth en était une autre. Partir dans la hâte en était encore une autre. Voyage encore encore une autre, voyager avec des "étrangers" et comme seule compagnie une migraine qui vous provoque une hyper sensibilité aux sons et à la lumière ? C'était encore une autre paire de manche. Plus le temps avançait, plus Eoghan avait du mal à garder conscience. Sa tête lui tournait et il ne se sentait vraiment pas bien, jusqu'à c que les nausées arrivent. Pas à l'aise à dos de cheval, il se laissa partir légèrement en retrait des hommes de Fitz et Rohan pour glisser de sa selle avec peu d'élégance. Marcher au rythme de sa jument l'aiderait sûrement et d'ailleurs, cela marcha quelques instants et quand la pluie commença à lui tomber dessus, il la pris pour une bénédiction des dieux. Aussi bien que lorsqu'il fallut s'arrêter, Eoghan pensa ne plus jamais pouvoir mettre un pied devant l'autre. Suivant le mercenaire des yeux, il s'adossa à sa jument, arrêté avec le reste de la caravane et tourna à peine la tête pour voir ce qu'il se passait.
Sa tête lui tournait, il vacillait, et avait du mal à garder les yeux ouverts. En fait, il tanguait et il avait jusqu'à des vertiges sans trop savoir pourquoi. Il mit tout ça sur le compte du voyage, du ras le bol et du moral dans les chaussettes. Mais en relevant la tête sur les individus face à Fitz, il cligna des yeux avant de se les frotter.
Vous savez quand vous lisez des tonnes d'histoires, votre esprit, bien qu'inventif, imaginatif et créatif, sait qu'il ne s'agit là que d'une histoire et qu'en refermant le livre, vous reviendrez à la réalité. Oui mais non. La Kyree, d'accord, Elbereth lui en avait déjà beaucoup parlé, il savait, il suivait mais le reste ? Il chercha à se concentrer, ressentant quelque chose d'étrange sans savoir quoi jusqu'à ce que Nyaeve prit la parole. Même d'une voix douce et faible, dans sa tête, c'était comme si elle venait de hurler tant il était sensible alors il grimaça et la fixa avant de l'interroger des yeux sur la personne à qui elle s'adressait. Mais quand Fitz reprit la parole, il reporta son attention sur lui et se dégagea légèrement de la monture, s'y tenant d'une main au cas où il serait encore pris de violents vertiges.
Quelque chose clochait, quelque chose n'allait pas mais Eoghan avait beau observer tous les alentours, rien n'y faisait, il ne trouvait pas. Ce n'était pas autour, c'était lui. Quelque chose n'allait pas chez lui. Oubliant alors Fitz et sa garde afin d'intervenir en cas de besoin, Eoghan tenta de s'isoler du monde pour ne plus entendre ni ne voir qui ou quoi que ce soit. Le regard dans le vague, il tenta vainement de se concentrer malgré sa migraine bourdonnante au creux de ses tempes, serrant le filet de sa jument dans sa main pour s'y accrocher.
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[HJ : édition du message précédent pour plus de clarté ! au temps pour moi, la petite ménestrel se laisse emporter]
Loelia attendait nerveusement de voir comment le groupe allait se comporter et s'ils allaient poursuivre leur route. Ce qui est sûr, c'est qu'elle se sentait bien mal, sa migraine lui vrillant le crâne de manière intempestive. Elle ne voulait qu'une chose, c'était sortir de ce marasme, pour elle… et pour son luth.
Elle ne s'expliquait pas pourquoi, mais elle était inquiète de ce qui était arrivé aux cordes de son instrument. Elle se sentait tellement déboussolée par ce qui était arrivé qu'elle en profita rapidement pour vérifier l'état de sa flûte. Pendant qu'elle cherchait son instrument, des pensées défilaient dans sa tête :
*J'ai bien des cordes de rechange… mais je n'ai jamais vu ça ! et rien ne garantit que ça ne recommence pas… C'est à n'y rien comprendre. Je suis quasiment persuadée que ce n'est pas quelque chose de simplement physique qui a brisé ces cordes....*
Elle commença même à se sentir tellement mal qu'elle avait des nausées et des douleurs au ventre. Elle était sensible à la météo depuis enfant, mais à ce point non.
A son grand soulagement, le groupe fit une pause sur un ordre de Rohan. Ils s'arrêtèrent auprès d'une ferme, dont la porte était ouverte. Elle profita de cette halte pour s'enquérir de l'état de ses nouvelles amies, Nyaeve et la pauvre Enju, qui était terrorisée par les orages.
- Vous allez bien, les filles ? pour m part, ce mal de tête horrible ne passe pas et je me sens de plus en plus mal. Pas mécontente de faire une halte... sans parler de l'état de mon pauvre luth.
Elle regardait également Rohan et Fitz s'approcher de la ferme quand soudain, elle vit une silhouette dans l'embrasure de la porte. Elle crut d'abord avoir rêvé, mais l'attitude de ses compagnons de voyage lui signala qu'elle n'avait pas la berlue.
Puis une autre forme se joignit à la première.
*Un kyree et un…. griffon?*
Elle sursauta quand Nyaeve parla… mais à qui parlait-elle d'ailleurs ? aux créatures devant la ferme ? elle pouvait les entendre ?
Elle fut encore plus étonnée quand Fitz s'adressa directement à eux. Elle avait entendu dire que les non-humains étaient très intelligents, mais c'était la première fois qu'elle en voyait de sa vie entière. La seule référence qu'elle possédait concernant les non-humains venait des chants qu'elle avait appris depuis son enfance, soit par des marchands passant par son village, soit au détours des couloirs du Collegium.
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[justify:1x3y1xmr]Enju n'aimait pas les orages, mais plus encore, c'est tout ce qui se passait autour d'elle qui ne l'enchantait que moyennement. Déjà, l'histoire du luth de Loelia ne lui plaisait guère et pour elle, c'était un mauvais présage... Peut-être était-ce la fatigue, le stress, qui la rendait aussi paranoïaque... Mais voilà que Nyaeve semblait aussi souffrir de maux de tête, sans parler de ce qui lui semblait être un mage, à cheval. Autant elle l'avait vu souvent solitaire - en fait, Enju était impressionnée par un elle-ne-savait-quoi chez ce jeune homme - et n'avait jamais cherché sa compagnie, autant là, elle s'inquiétait de le voir, visiblement, mal en point. Si tout le monde commençait à être malade... Enju se sentait responsable du groupe, et il faudrait que tout le monde voie un guérisseur en arrivant à Iftel. Ce n'était pas normal que tout un groupe se sente aussi mal au même moment...
Un nouveau grondement remua le ciel, et instinctivement, elle se pencha, les mains sur les oreilles, la tête presque sur ses genoux. Enju avait serré les dents pour ne pas crier. La main réconfortante de Loelia n'eut pas autant d'effet qu'escompté, mais la karsite se sentit mieux. Un tout petit peu.
"Vkankis ! Faites que cet orage passe vite, je vous en prie ! Que Votre Lumière nous guide !"
Enju se redressa pour sourire à la ménestrelle, et lui murmurer un "merci" silencieux. La prêtresse confirma de son côté qu'elle se sentait mal, aussi, même si cela la gênait de reconnaître ce fait. Cela ne la rendait que plus dépendante des autres. Elle désigna du doigt quelques personnes, mais insista sur Eoghan et demanda à Loelia :
- Ne croyez-vous pas qu'il devrait quitter sa monture ? J'ai l'impression qu'il va s'effondrer d'un moment à l'autre, et je ne voudrais pas qu'il se brise la nuque... "
Enju frissonna, mais bientôt, elle eut un autre sujet captivant. Le Kyree n'avait en soi rien d'extraordinaire, hormis qu'elle portait la vie, loin de son clan - ce qui était étrange... Non, ce qui fascina la (presque) prêtresse de Vkandis, ce fut le grand faucon. Symbole de Vkandis, il était plus grand que n'importe quel oiseau. Rencontrer un Faucon sur les Terres d'Iftel, patrie du Dieu Soleil... Ne pouvait être qu'un bon présage. Enju ne sursauta d'ailleurs pas au nouveau grondement du tonnerre, captivée par le regard de l'oiseau, et d'ailleurs, elle le salua d'une courbette gracieuse et pleine de respect. Puis elle se tourna vers Loelia et sourit :
- Nous sommes en sécurité. Je le sais. Mais lui, j'en doute encore... "
Elle avait montré Eoghan, et demanda à celui qui conduisait le chariot de se rapprocher du mage, afin de lui proposer quelque chose de plus stable qu'une selle...[/justify:1x3y1xmr]
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La sruprise semblait totale. Personne ne s'attendait à trouver la ferme habitée, et surtout pas par des créatures assez rares dans ce coin du monde (même si Iftel était plus habituée à ce genre de visiteurs que Valdemar). Et visiblement aucune des créatures ne semblait s'attendre à la visite d'autant d'inconnus.
Seulement il pleuvrait dans les minutes qui arrivaient, et personne n'avait envie d'être entièrement trempés. Les premières approches se firent. D'abord Fitz, qui réagit avant Rohan, et prit la parole pour s'avancer, les présenter, et demander l'hospitalité. Rohan ouvrit de grands yeux, choqué. Il y avait des créatures avec des griffes, des serres, des becs, des crocs, et pas forcément très enthousiastes à l'idée d'avoir des visiteurs, et Fitz se présentait et engageait paisiblement la conversation...
Une seconde, le silence flotta entre eux... Brisé par une Nyaeve étonnée répondant dans le vide. Aucun des présents n'avait encore parlé, et tous les regards se fixèrent sur la jeune Mage.
Ah je connais. On a deux mâles avec nous depuis quelques temps. Tu es un mâle? demanda la voix du gamin.
La kyree sembla s'adoucir au même moment, et une tête beaucoup plus petite, ayant l'air malicieux (tant qu'un kyree pouvait l'avoir) passa à son tour la porte, pour regarder dehors. Les yeux dorés du jeune kyree observèrent tout le monde, sans que sa mère(?) ne le laisse sortir, et la voix résonna bientôt dans l'esprit de Nyaeve de nouveau, mais aussi dans la tête de tous les présents [Eoghan, cela accentue ton mal de tête, et la proposition que fait Enju deviendra certainement bientôt nécessaire même si tu es déjà descendu de cheval: gros vertiges]:
Pourquoi personne ne bouge?
Enju, quant à elle, avait beau s'inquiéter plus pour Eoghan que pour autre chose, mais le griffon semblait la regarder tout particulièrement. Soudain, ce fut lui qui prit la parole, avec un accent étranger fortement prononcé:
" Que Vykaendis vous bénisse et le Vent gonfle vos ailes, étrangers. Il y a de la place pour tous ici, si vous n'êtes pas trop effrayés par les étrangers que nous sommes. Les ... humains ont souvent peur de nous, mais nous jurons sur tous les dieux que nous ne sommes pas un danger pour vous." commença-t-il.
Une voix de femme résonna dans les esprits, et tout le monde se rendit compte que c'était la kyree:
Bienvenue. Il y a de quoi manger et se réchauffer en attendant que l'orage ne passe. Les enfants jouent déjà à l'intérieur. Nos amis vont vous aider.
Le griffon sortit et inclina la tête:
" Je suis Valsin Pèredeplumes, je suis un griffon, et mon amie est Nirsi Griffenoir, et son fils, Selm. Ils sont des kyrees." Un énorme hertasi sortit alors: "Beli est un kyrill, sa compagne Gailee est à l'intérieur. Cerelna et Dissen sont aussi des griffons [des silhouettes bougèrent dans la pénombre] et Oléis de Striesland est ... "
Le griffon hésita. Beli le kyrill commençait à aider Nyaeve et Loelia à sortir du chariot. Il avait l'air très amical, et parlait sans ss sifflant comme les hertasis. Il avait une voix fluette mais douce, quand il leur souhaita la bienvenue et proposa son aide. Rohan quant à lui, après une seconde de réflexion, regarda Fitz, et fit un signe de tête approbateur: Fitz pouvait les présenter. Il salua et alla se porter près d'Enju:
"Puis-je vous aider, Dame? "
A ce moment, Eoghan se rendit compte que quelqu'un d'autre arrivait derrière eux. Pourquoi lui, et pas quelqu'un d'autre? Parce que l'utilisation des courants magiques lui vrillèrent les nerfs une seconde. Il put se retourner et voir arriver deux cavaliers. L'un deux portait visiblement des robes de prêtre - du Soleil, c'était sûr, et l'autre semblait noble. lls semblaient regarder derrière eux de temps en temps avec inquiétude, et en arrivant dans la cour, leurs chevaux visiblement fatigués, ils sautèrent à terre et le noble, peu émus par les créatures, demanda vivement:
" L'orage arrive mais nous avons fermé le portail. Valsin, il faut rentrer maintenant. "
Le prêtre acquiesça, puis regarda Eoghan:
" Vous le sentez. Il faut venir vous reposer, je vais essayer d'arranger ça." Et l'homme prit le Mage par le coude comme s'il le connaissait depuis longtemps. Et au passage: "Si quelqu'un d'autre est malade à cause de l'orage, venez."
[Enju, là encore, tu reconnais les signes de ton dieu. Et quand le prêtre passe, tu remarque avec stupeur ... qu'il est le parfait sosie de Anshuu.]
Entre le Kyrill, Rohan, et la kyree enceinte autour de vous, bientôt tout fut déballé. Soutenu par "Anshuu bis", Eoghan fut le premier à entrer dans la bâtisse, et il fut installé près d'un feu. C'était une grande cuisine habituelle dans une ferme, avec un bon feu, une table des couvertures... Et effectivement, deux griffons (un tenant de l'aigle, noir foncé, et l'autre roux ressemblant plutôt à une grosse chouette) étaient installés dans un coin. Un minuscule bébé griffon était coincé entre eux. Selm, le jeune kyree, les avait rejoint et racontait sans doute ce qu'il avait vu. Et deux très jeunes dyhélis se reposaient près de l'âtre, relevant la tête, inquiets, avant que le prêtre ne les rassure d'un geste. Gailee, la compagne du kyrill, préparait à manger, touillant quelque chose sur le feu. TOut le monde était étrangement silencieux, mais accueillant.
Une fois Eoghan installé près du feu, les autres arrivèrent, découvrant eux aussi cette scène étrange. Les autres créatures rentrèrent - et enfin le "noble" et Rohan, derrière Enju qu'ils avaient descendue de son chariot. Le Noble portait quelques paquets indispensables, dont l'instrument de Loelia, et le kyrill les rejoignit après avoir mis les chariots et chevaux à l'abris.
[ Nyaeve tu entends la conversation du bébé griffon et du jeune kyree: ils parlent de vous, de la pluie, des étrangetés qui font des humains.
Eoghan, tu ne comprends pas pourquoi mais le prêtre t'inspire confiance, et tu le suis, presque privé de volonté par la douleur. Les étrangetés de ce lieu te passent large au dessus de la tête... surtout quand le prêtre (visiblement mage), t'aide à relever correctement tes barrières pour apaiser les remous dûs à la magie.
Loelia, tu te rends compte que les dyhélis font un drôle de bruit. Ils sont très jeunes, visiblement tristes, et semblent comme fredonner quelque chose. Tu sens que c'est musical pour toi - mais ils n'ont pas du tout un rythme habituel pour un humain. Cependant, c'est comme si tu trouve une chose qui t'a manqué, que tu savais que ça existait mais sans comprendre ni trouver ce que c'est. C'est cmme un rêve, et si tu te concentre, cela t'échappe.
Enju, la ressemblance avec Anshuu te marque, et soudain l'impression première avec Valsin revient en force: le Dieu Solaire est présent et ce n'est pas une coincidence. Tu as gardé les parchemins sur la Déesse à proximité, à portée de main bien que cachés, et tu les effleures distraitement: une certitude te vient alors... aussi vite enfuie.
Fitz, ta main ne te fait plus souffrir. Et quand le "noble" te propose de t'installer, elle se réchauffe à peine, comme un simple accord. Quand Enju touche ses parchemins, tu le "sens" sans trop savoir pourquoi, ni ce que c'est, et tu sais que vous êtes en bonne compagnie. ]
Dehors, l'orage éclata enfin. Une tension certaine s'évanouit, et toutes les créatures ne l'ayant pas fait (excepté les dyhélis et le bébé griffon) vous souhaitent alors la bienvenue. Les dernières présentations ont lieu, faites par Valsin:
" Le bébé de Cerelna et Dissen s'appelle Masten. Les dyhélis ... Personne ne sait comment ils s'appellent, mais nous les appelons Fumée et Brume - à cause de leur robe. Oléis de Striesland [le "noble" leva la main] est ... le duc le plus important d'Iftel. Ashun le Rouge est prêtre du Soleil. Ancien Grand Prêtre en fait, jusqu'à ..."
"Ce que Vykaendis décide que j'avais une autre mission." complèta le prêtre avec un sourire fatigué.
-
La voix d'Enjeu lui vrilla les tympans, non que ce soit sa faute mais il le perçut comme tel et grimaça encore plus. En fait, tous les sons qui lui arrivaient, confondus entre les voix et les bruitages, en résonance, peu agréables et parfois douloureux. Pour tout avouer, il avait à peine compris ce que Enju lui avait dit avant qu'il ne descende de cheval, ne remarquant même pas qu'il l'avait ignorée. Tous ces bruits dans sa tête le rendaient proche de la nausée encore qu'il fasse frais et que cet état peu confortable lui soit épargné. Il cligna des yeux vers Enju, comme s'il voulait la remercier de l'avoir aidé à démonter. Certes, passons sur cet état d'assisté, il s'en plaindrait bien plus tard lorsqu'il s'en rendrait compte.
En fait, pour Eoghan, ce qui avait suivi les paroles de Nyaeve n'était qu'un capharnaüm incompréhensible de mots et de voix dont certaines étaient loin d'être familières. Il bougonna un "Pourquoi êtes-vous obligés de parler si fort" avant de soupirer. Il n'était pas comme Manuchan ou comme Elbereth et il n'était pas non plus comme Nyaeve. Son don, il ne le contrôlait pas et selon son pessimisme caché,il ne le contrôlerait jamais. Aussi, tout ceci expliquait pourquoi il était à ce point sensible à presque tout. Il avait cette impression malsaine d'absorber tout ce qui était néfaste près d'eux et de l'emmagasiner en lui. Alors quand les deux cavaliers arrivèrent, il fut comme sur les nerfs et se retourna vivement, l'oeil vif. Il le suivit des yeux jusqu'à ce que le prêtre arriva à lui. A sa remarque, Eoghan regarda autour de lui en fronçant les sourcils. Hey, pourquoi lui ? Et qu'est-ce qu'on lui voulait ? Et puis d'abord, comment savait-il qu'il ne se sentait pas bien ? De plus, Nyaeve aussi s'était plainte de maux de tête, pas de quoi en faire un fromage, il était juste fatigué, éreinté et déprimé. En fait, il aurait bien aimé qu'on le laisse tranquille pour la nuit. Ils auraient sûrement enfin droit à de vrais lits et il s'entendait déjà ronfler comme un bébé !
Cependant, dire non au prêtre était au-dessus de ses forces et il regarda ses compagnons en se faisant entraîner.
_ Je vais bien, je suis pas un gamin. Je suis pas malade, j'ai mal à la tête, vous avez jamais mal à la tête vous ?
Le sarcasme ne nécessitait aucune force chez lui, c'était inné... Mais de toute manière, c'était une pensée qu'il avait pour tenter de rester digne de lui... Il savait qu'il ne marcherait pas seul parce que la terre semblait danser sous ses pieds. Aussi, quand on l'installa près du feu, il se laissa tomber comme ivrogne. Alors quand on reprit la parole non loin de lui, ce fut plus fort que lui et il crispa le visage dans un "CHHHHhhhhhhhhut !" d'agacement.
_ Nous sommes de gens civilisés et nous pouvons tous parler normalement, dans un ton de voix parfaitement correct, sans avoir besoin de hurler... Hein ?
Il ignorait ce que lui faisait le prêtre mais petit à petit, il sembla que, quand bien même la terre s'ouvrait sous ses pieds et le ciel se déchaînait dans sa tête, il avait une meilleure perception de son environnement. De plus, le fait de sentir l'essence de ses compagnons dans la pièce le rassurait sans trop savoir comment. Loin d'avoir réussi à remettre toutes les idées dans l'ordre, Eoghan plissa le nez en fronçant les sourcils et regarda le prêtre - mage - en relevant le menton pour l'observer avant de le montrer du doigt.
_ Et vous êtes qui, vous ?
-
Nyaeve ne sursauta pas à la deuxième fois où elle entendit la voix. Toujours cet horrible bourdonnement dans sa tête, mais elle répondit à nouveau à haute voix.
- Non femelle, tu dis qu'il y a deux mâles, ici?
C'est alors que la créature du parler à tout le monde et plus uniquement qu'à elle car le reste de la troupe réagit aussi. Elle allait répondre à sa question quand le griffon prit la parole et que les deux nouveaux inconnus et la horde de créatures apparurent et surtout le jeune kyree. Elle fut rapide à comprendre qu'il s'agissait de la voix qui était dans son crâne et elle lui sourit. Elle se laissa alors guider à l'intérieur écoutant comme elle pouvait. Elle entendit certains mots portail, fermer et cela s'enclencha dans sa tête sans quelques douleurs d'ailleurs. Elle savait ce qu'elle avait à faire, mais c'était plus facile à savoir qu'à faire.
Peut-être aussi un peu sur les nerfs, elle-même, elle répondit sèchement à Eoghan.
- Ils viennent tous de se présenter et si ta tête est dans le même état que la mienne, c'est juste qu'on est des bleus incapables qui ne savons pas nous protéger d'un orage magique conséquence de la création d'un portail.
Le babillement qu'elle suivait sans le vouloir entre les jeunes créatures ne l'aidait pas à se concentrer non plus. Elle ne comprenait pas vraiment comment cela arrivait. Elle voyait les gens s'afférer et se sentait horriblement coupable de ne vraiment pas avoir la force de faire quelques choses et soudain la culpabilité fut aussi sur comment elle venait de s'adresser à Eoghan, il étaient les deux apprentis et c'était surement normal qu'ils n'aient pas compris tout de suite ce qui se passait. Avoir entendu une leçon et comprendre quand cela arrivait pour la première fois, ce n'était pas aisé.
- Désolée, j'aurais pas du te réponde comme cela. Je crois qu'il faut qu'on essaie de le ver nos barrières, nous isoler des champs magiques...
N'ayant vraiment plus de force, elle alla s'asseoir proche de la source de chaleur et assise par terre, elle mis ses mains bien au sol, essayant de se rappeler des cours d'Arbre tempêtes sur comment lever des boucliers. Heureusement que son ancrage était devenu inné, un peu moins d'effort à fournir, elle essaya aussi d'utiliser son lien avec la terre, toutes les solutions étaient bonne à pendre...
-
Fitz attendait. Certes il avait pris les devant en entamant la conversation, certes quelques un de ses compagnons de voyage avaient du être étonnés. Mais il n’était plus temps à la palabre. Si Il avait été mis sur cette mission, c’est car on savait très bien en haut lieu qu’il préférait agir plutôt qu’attendre. Il restait donc là, à regarder son interlocuteur, un sourire sur les lèvres, comme si tout cela était la chose la plus normale du monde.
Il ne sentait même plus la marque de sa main, ce qui finalement était surement une preuve qu’il avait fait le bon choix en faisant confiance à ses hôtes.
Quand le griffon repris la parole, le mercenaire se sentit soulagé. Finalement il y avait été au culot, mais n’était pas vraiment persuadé d’avoir eu raison.
- Valsin Pèredeplumes, c’est un honneur pour moi de vous rencontrer. Vous nous tirez d’un mauvais pas, et je vous en suis reconnaissant, si je peux vous êtes utile alors surtout n’hésitez pas.
Doucement il jeta un coup d’œil à sa main. Plus aucune douleur, rien. Fitz se tourna, et désignant sa troupe.
- Comme je vous l’ai dit nous venons de Valdemar en mission diplomatique, voici Rohan capitaine de la garde qui est là pour assurer la sécurité des ces gens tout comme moi. Nous avons parmis nous Enju Rakel de ce coté là, Loelia juste à coté d’elle. Pas loin vous trouvez aussi Nyaeve, et ce jeune homme mal en point se prénomme Eoghan.
Puis faisant de nouveau face au griffon il lui adressa un large sourire, et s’inclina.
-Quand à moi, je suis votre obligé, et si je peux vous aidez en quoique ce soit n’hésitez pas.
Saluant d’un signe de tête son hôte il laissa la troupe entrait pendant qu’il donnait les derniers ordres à ses hommes. Ils étaient simples. Pas un seul faux pas sous peine de se voir découper (et cela de façon littéral) par la hache du guerrier. Si avec ca ce n’était pas clair il faudrait qu’il fasse une démonstration. Il entra à son tour dans la demeure, et fut surpris par le calme. Et surtout par l’assemblée, aussi varié qu’étonnante. Adressant à tous un sourire, il partit se réchauffer rapidement les mains auprès du feu. Il écouta la conversation de Nyaeve et Eoghan, et adressa un sourire franc à ce dernier.
-Eoghan, sans vouloir te vexer, la dernière fois que j’ai eu la tête que tu as acutellement c’était du à une hache planté entre mes omoplates. Entre nous, laisse toi faire, tu pourras me râler dessus autant que tu veux une fois que tu seras sur pied.
Le mercenaire détendit ses épaules, et ressentit une sensation étrange. Comme si ce qui l’avait obsédé pendant des jours n’était pas loin, et surtout comme si quelqu’un les touchait. Ils étaient là, il le savait, mais il ne comprenait pas. Et puis la sensation passa comme elle était venu, ne resta qu’une impression qu’il exprima à haute voix.
-Nous sommes en sécurité ici. Nos hôtes ne veulent que notre bien.
Fitz adressa son sourire à tous les gens qui avec plaisir les avaient accueilli. Puis se tourna vers celui qui se prénommait Oléis.
- Veuillez m’excuser, mais si j’ai bien compris vous etes donc un Duc D’Iftel sieur ? Peut être pourriez vous nous apporter votre aide dans notre « entreprise » ?
-
Ne sachant que faire sur le moment, Loelia guettait les réactions de ses compagnons, prête à leur venir en aide s'ils avaient besoin de quoique ce soit. Elle en profita également pour observer les créatures qui se tenaient devant elle et réalisa que ce qu'elle avait d'abord pris pour un griffon était en fait un très grand faucon. Elle n'était en toute honnêteté pas très rassurée, comme quelqu'un qui se méfie naturellement de ce qu'elle ne connaît pas, mais les paroles d'Enjeu la rassurèrent. La jeune femme semblait être plus inquiète de l'état d'Ehogan que de leur situation actuelle.
- En effet, il donne l'impression d'aller vraiment mal. Je suis d'accord avec toi, il n'est pas bon qu'il reste à cheval.
Pendant ce temps, Fitz présentait le groupe aux créatures, qui semblaient au final aussi étonnées que le groupe de cette rencontre. L'une d'entre elle s'approcha du chariot, afin d'aider Loelia et Nyaeve à descendre. D'abord un peu secouée par tous ces événements, Loelia se laissa aider.
*Ils n'ont pas l'air méchant du tout en fait. Il y a quelque chose de rassurant dans leur comportement.*
L'être qui les avait aidées à descendre parlait de manière tout à fait "normale".
- Merci bien pour votre aide, je ne sens plus mes jambes après ce long voyage…!
Elle fit un sourire franc à la créature, essayant d'en retirer toutes les craintes qu'elle avait pu avoir.
Elle s'approcha de Rohan, qui aidait Enju. Elle lui passa une main amicale sur l'épaule :
- Laissez-moi vous aider, s'il vous plaît. Nous avons tous besoin de repos.
Le groupe finit par entrer dans la ferme, Ehogan en tête, qui semblait vraiment fourbu. Il faisait chaud à l'intérieur, car un feu brûlait dans l'âtre de la cuisine.
Loelia remarqua alors deux griffons, avec leur bébé, tout petit, niché entre ses parents. Il y avait d'autres non-humains, mais elle ne connaissait pas bien leur espèce. Il régnait un certain calme dans la pièce, mais Loelia se sentait bien accueillie. Elle savait au fond d'elle qu'elle et ses compagnons ne risqueraient rien ici.
Toutefois, quelque chose attira son attention. Un son. Non, une sorte de bruit, mais en plus musical, duquel une certaine tristesse s'échappe. Ce triste lamento semblait provenir de deux créatures qu'elle ne connaissait pas.
Elle s'adressa discrètement à ses compagnons les plus proches :
- Pardonnez mon ignorance, mais…. (elle les désigna discrètement du menton) ces créatures là-bas, comment se nomment-elles ? Je n'en ai jamais vu de semblable, mais… elles émettent un chant si triste….
Un chant ? cette mélopée était familière à la jeune fille. Pourtant, c'était un rythme trop étrange pour avoir été entendu une fois dans les couloirs du Collegium….
*C'est étrange. J'ai l'impression de connaître ce… chant ? comme si j'attendais de l'entendre à nouveau. Pourtant, je suis sûre que ce n'est pas une mélodie habituelle pour nous, les humains.*
Elle essaya de fixer son attention dessus, voulant retrouver où elle aurait pu avoir déjà entendu cela, à quelle occasion. Mais dès qu'elle pensait toucher quelque chose de concret, ce quelque chose disparaissait, laissant une impression de rêve. Pas désagréable d'ailleurs.
La ménestrel était perturbée, car elle n'avait jamais entendu quelque chose de tel.
Elle s'adressa une fois de plus à Enju :
- Tu as déjà entendu ce chant, toi ?
Elle entendit alors qu'au dehors, l'orage éclatait enfin avec violence. Ils avaient trouvé un abri au bon moment. Elle appris alors que les deux créatures "chantantes" étaient des dyhélis, nommés Fumée et Brume.
Elle avait de la peine à prêter trop d'attention au reste des présentations, car elle avait de la peine à détacher ses pensées des deux jeunes dyhélis. Elle aurait voulu leur parler, pour les réconforter.
Elle entendit vaguement que Fitz faisait le reste des présentations, et elle reprit peu à peu ses esprits avec difficultés.
Pendant que les têtes dirigeantes des groupes respectifs discutaient, elle se leva discrètement et, tout en écoutant leur conversation, elle apporta une boisson chaude à Ehogan tout en lui soufflant gentiment :
- Les maux de tête et le froid ne font pas bon ménage. Bois ce thé, s'il te plaît.
Elle en amena également au reste des membres de son groupe, puis se servit avant de se rasseoir, toujours relativement ébranlée par cette situation pour le moins étrange.
-
[justify:wjygp77a]Bien qu'inquiète pour Eoghan, Enju pouvait sentir le regard du griffon sur elle. Savoir le jeune homme les fesses sur quelques chose de stable la rassurait... Elle n'avait pas peur du griffon, même si une telle créature restait impressionnante. Pourtant, elle sursauta quand Valsin prit la parole, et son regard marron doré se porta sur lui. Il les salua, et Enju lui rendit la pareille. Joignant les mains, elle inclina le buste une fois qu'il se fut présenté :
- Que le soleil de Vkandis éclaire toujours votre ciel, Monseigneur Valsin Pèredeplumes. Il ne fait aucun doute que vous ne représentez aucun danger sur les terres de Notre Dieu Solaire, et je prie pour que personne ici ne vous fasse de mal."
Elle ne connaissait pas chaque membre du groupe pour pouvoir parler au nom de tous. Elle espérait que personne ne le prendrait mal... Rohan s'approcha pour l'aider à descendre, ce qu'elle accepta avec un sourire. Ses deux bras s'enroulèrent autour du cou du soldat le temps qu'il ne la porte à l'extérieur du chariot pour la poser dans son fauteuil, tandis que Loelia finit de l'aider à s'installer correctement. Elle les remercie tous les deux de ce sourire si caractéristique et chaleureux. Une nouvelle voix se faire entendre, et lorsqu'elle lève les yeux, elle remarque tout de suite les symboles du Dieu Solaire. Un Prêtre de Vkandis ! Dans le groupe !
Enju sourit, déjà heureuse de savoir qu'elle pourra avoir de longue discussions avec quelqu'un d'ici, afin de comparer les différences entre leurs cultes. Pourtant, son enthousiasme est très vite remplacé par la stupeur, et peut-être un peu de tristesse, lorsqu'elle remarque que le prêtre en question n'est autre que le sosie parfait du défunt Anshuu, le Robe Rouge mort à Haven pour ce manuscrit à ses côté.
D'ailleurs, il lui faut un certain moment avant de se rendre compte que ses doigts effleurent la cachette secrète, dans son fauteuil, où elle a caché les deux livres. Situé contre sa cuisse droite, il suffit de défaire une vis pour l'ouvrir. Ses doigts quittent rapidement la plaque de bois molletonnée de velours noir. Malgré son trouble, Enju sent pourtant que la présence de Vkandis est plus réelle que jamais. un instant, son regard se voile de larmes, lorsqu'elle pense que Vkandis a eu pitié de Anshuu et l'a ramené sur Ses terres. Une prière silencieuse, pour remercier le dieu solaire...
Pourtant, la raison tente de s'imposer à elle, un instant : et si ce n'était qu'une étrange coïncidence ? Elle avait déjà croisé trois hommes, rien que sur la route entre Sunhame et Haven, qui ressemblaient à Chelmak. Enju ne détacha pas son regard du prêtre, alors qu'elle se dirigeait vers la ferme, comme tout le monde. Elle était curieuse de voir toutes ces créatures, bien que son attention restait focalisée sur le prêtre.
Elle but d'ailleurs chacune de ses paroles, et seule Loelia, qui s'adressa à elle, sortit la karsite de sa rêverie. Enju le regarda, et cligna de ses yeux interrogateurs. Un chant ? La jeune femme écouta les bruits de la salle, mais secoua la tête, désolée :
- Je suis navrée, Loelia, je n'entends pas de chant..."
L'orage qui éclata au dehors fut un nouveau moyen d'être distraite de ceux qui l'entouraient. Sa tête se levait souvent vers le plafond, comme si elle craignait qu'il ne leur tombe sur la figure. Ses mains frottaient ses avants bras comme si elle cherchait à se réchauffer, jusqu'à ce que Loelia ne lui amène une tisane. Elle la saisit sans vraiment s'en rendre compte, mais remercia la ménestrelle d'un sourire où perçait toujours son anxiété. Ce fut à nouveau les paroles de... Ashun ?! Le Rouge ? Ne la tire de ses pensées. En fait, elle fut tellement surprise de tant de ressemblance entre ce prêtre et Anshuu qu'elle en lâcha sa tasse de thé. Les mains tremblantes, Enju ne sut un instant pas quoi faire, tant elle se laissait entrainée par ses émotions.
- Par Vkandis... Je suis tellement... Maladroite... Désolée... Je... Excusez-moi."
Enju se sentit obligée de s'éloigner un peu du groupe, de se trouver un coin aussi sombre et calme que possible, pour éviter de croiser le regard de Ashun. Elle se frotta les yeux, massa ses tempes. Tout ceci n'était qu'une illusion de son esprit et de son corps fatigués. Du moins l'espérait-elle...
(HJ : Serait-il possible de rappeler ce qu'est un Kyrill, stp ? ^^)[/justify:wjygp77a]
-
Ashun sourit d'un air très paternel quand Eoghan protesta au traitement qu'il lui faisait subir, et le força tout de même à s'asseoir et à le laisser faire. La mauvaise humeur du jeune Mage ne semblait pas l'atteindre, et même si le griffon venait de le présenter, il répondit avec simplicité à la question du jeune homme, abaissant son doigt impoli d'une main ferme mais douce:
"Je suis prêtre de Vykaendis, que vous appelez Vkandis, il me semble. Je me nomme Ashun le Rouge, car j'ai porté l'habit rouge de longues années. Je suis Prêtre, ancien Grand Prêtre d'Iftel comme l'a souligné mon ami, et Vykaendis m'a envoyé Son Avatar Lenya pour me dire qu'on me réclamait ailleurs... Je suis Adepte au fait. " conclut-il avec un sourire, amusé de la méfiance de certains des arrivants.
Le regard, serein et intelligent, passa sur les gens qui le regardaient, avant de s'arrêter sur Enju. La tasse sur le sol avait attiré son attention, mais ce n'était pas que cela. La mention de Vkandis l'intéressait aussi, comme cette lumière qu'il voyait chez elle.
" Ma dame... Me trompais-je si je pense que vous servez le même dieu que moi?
_ Que nous." rectifia un des griffons (sans doute la femelle pour ce qu'on pouvait en dire).
Anshu sourit, acquiesça, et lâcha Eoghan pour regarder et attendre la réaction d'Enju. Il n'avait guère fait attention à Nyaeve, à part pour lui adresser un sourire appréciateur et hocher la tête affirmativement lorsqu'elle proposa de lever ses barrières. Sans que personne ne s'en rende compte, sans un contact, sans même la regarder, il l'aida à s'éloigner du flux magique en le tenant hors de portée le temps qu'elle réussisse à s'isoler. Mais les mains par terre, Nyaeve sentit aussi que son sens de la Terre était perturbé, comme brouillé.
Dans le reste de la pièce, des choses étranges se passaient. D'un côté les bébés discutaient entre eux, brouillant un peu la concentration de Nyave, de l'autre, même si on répondait négativement à Loelia, la musique des dyhélis continuait. Quelque chose de très triste flottait dans l'air, seulement ressenti par la jeune ménestrelle. Des frissons parcoururent sa peau, et soudain, lorsque le regard bleu des créatures se releva enfin et croisa le sien, ce fut comme si quelque chose cédait en elle. Une longue seconde s'écoula, comme si un accord profond retentissait en elle - le bruit du luth précédemment, mais avec musicalité, comme si c'était quelque chose de bien qu'il se casse. Mais personne à part Loelia ne sembla s'en rendre compte.
Le griffon Valsin laissa Enju se débrouiller avec Ashun, et Fitz avec Oleis qui vint le rejoindre après sa question. L'homme eut comme un regard triste une seconde:
"Les temps sont mauvais pour Valdemar, je le sais. Iftel n'est pas épargné. Quelque chose brouille tous les Dons, jusqu'à amener Vykaendis à faire une apparition publique. Mon Seigneur m'a envoyé avec Ashun le Rouge sur la route de Valdemar pour participer à quelque chose de grandiose qui a déjà commencé. Mais qui suis-je pour comprendre ce que dit un Dieu?" commença-t-il à expliquer. "Je suis aussi un peu trop puissant à la Cour pour certains... Enfin bref... Nous avons rencontré nos compagnons en route. Ils ont les mêmes croyances que nous, et sont très sympathiques. Ils veulent parler au Roi Uriens, au Capitaine Beltran et à une certaine Maya. Et vous, qu'est-ce qui vous amène ici?" précisa-t-il en invitant Fitz à venir s'asseoir pendant que le kyrill venait les servir en boisson chaude.
Le kyrill Beli passa près de Loelia et la remercia poliment d'avoir fait le service pour les autres. Son sourire semblait un peu forcé, comme peu naturel, mais il ne dégageait de lui qu'une impression de gentillesse. Et l'amour qui unissait le kyrill à sa compagne Gailee était trop visible pour qu'on croit qu'il était méchant ou faux.
"Venez." lui proposa-t-il, et il lui saisit la main pour la relever et l'amena près des dyhélis. "Vous ne pourrez sans doute pas converser sans interprête mais ils veulent savoir pourquoi vous les entendez alors que les autres humains non."
Les deux jeunes semblèrent acquiescer.
Les griffons et la kyree adulte restaient un peu à l'écart, comme veillant sur eux tous. Leur regard absent suggérait cependant qu'ils étaient occupés en esprit quelque part. Les deux jeunes continuaient à bavarder, le petit griffon osant quitter l'abri de ses parents pour aller s'installer avec le kyree près de Nyaeve.
[ Fitz: toujours rien d'inquiétant, et plus Oleis parle, plus tu sens que le but que vous devez atteindre est proche... Mais à quel point? Ta main ne ressent plus rien.
Nyaeve: malgré le bavardage incessant des petits, tu arrives assez à te concentrer pour relever tes barrières, et comprendre que quelque chose cloche dans ton don. Et le petit kyree te demande pourquoi tu les entends et pas les autres, sauf que tu n'as pas de vraie réponse (tu peux cependant faire des suggestions).
Loelia: à part le ressenti étrange, tu sens que tu devrais réfléchir à ce qui t'arrive avec les dyhélis. Le kyrill a raison, vous avez de quoi parler.
Eoghan: ton mal de tête est quasiment passé, et s'apaise presque totalement une fois que tu remontes tes barrières. Tu as l'esprit beaucoup plus clair, assez pour remarquer ce qui se passe autour de toi, et voir le regard absent des griffons/kyree, comme s'ils étaient en transe... malgré toi, tu sens l'énergie près d'eux... Espionne tu?
Enju: le sosie d'Anshuu lui ressemble tellement que tu as l'impression de le voir devant toi... et près de toi à la fois, comme tu l'as déjà "vu" plusieurs fois. Il a quasiment la même voix, mais il est largement au dessus dans la hiérarchie... Et Vkandis lui a parlé, il l'a dit lui-même. Les parchemins te démangent. Les yeux du prêtre se posent là où se trouve la cachette, sans qu'il ne dise rien.]
-
[justify:39tj1eou]Enju resta un court moment dans son coin, à tenter de remettre de l'ordre dans ses idées. A tenter de se convaincre que tout ceci n'était qu'une illusion de son esprit fatigué. Non, ce n'était pas Anshuu, et ils n'avaient pas vraiment, pas tout à fait, la même voix. La presque prêtresse se sermonna intérieurement : tout ceci n'était que le fruit de son désir de revoir le prêtre robe rouge. Pourtant, lorsqu'il parla à Eoghan, Enju ne put s'empêcher de relever la tête et de le fixer, alors qu'il parlait à Eoghan.
Il y avait trop de points communs. La jeune femme poussa son fauteuil roulant jusqu'à eux deux, partagée entre la mélancolie d'avoir un tel sosie devant elle d'un défunt ami, et la fascination de ses paroles. Il avait vu un Avatar de Vkandis ? Il avait pu Le voir ? Abasourdie, Enju ne put répondre tout de suite. Pourtant, elle finit par se ressaisir, à la voix de la Dame Griffon. Elle sourit, bien que toujours émotionnellement instable.
- Oui, je suis au service de Vk... Vykaendis. Simple scribe et secrétaire, j'espère un jour devenir prêtresse..."
Elle avait lâché cet aveu dans un souffle, et avait baissé le regard, incapable de soutenir celui de Anshuu... Ashun. Enfin, du prêtre. Elle ne savait pas du tout comment réagir, en réalité. Il n'était qu'un parfait inconnu, après tout, et leur seul point commun était leur Dieu Solaire. Un nouveau roulement de tonnerre fit trembler Enju. Elle devait changer de sujet, voilà. Pour ne pas se focaliser dessus. La jeune femme regarda Eoghan, puis le prêtre, et lui demanda, soucieuse :
- Y'a-t-il une raison pour que Messire Eoghan soit celui qui se sente le plus... Mal, parmi nous ?"
Elle avait capté le regard, bref, de Ashun sur son fauteuil. Sur une partie bien particulière de son fauteuil, en fait, et instinctivement, Enju posa la main à côté de sa cuisse droite, là où étaient cachés les parchemins. Geste stupide ! Ca le rendait coupable de cacher quelque chose, à présent. Enju se mordit la lèvre. Elle tenta de continuer, comme si de rien n'était. Mais Enju n'était qu'une secrétaire, pas une espionne habituée à cacher des sentiments... Elle bafouillait de temps en temps.
- Depuis que nous avons traversé la frontière, il va de mal en pis... Je sais qu'il y avait une frontière magique, et il est apprenti mage, alors, je me posais des questions..."
Puis son regard fuit à nouveau, et sa main se colla un peu plus contre le panneau de bois, sur son fauteuil, la précieuse cachette des manuscrits maudits.
- Excusez-moi, Messire Eoghan, je parle comme si vous n'étiez pas là... Vous sentez vous mieux ? "[/justify:39tj1eou]
-
Nyaeve se sentait enfin un peu mieux. Elle avait cependant l'impression d'avoir un casque sur la tête. Celui-ci semblait bien l'isoler des perturbations magiques alors elle tenta d'oublier. Elle n'avait pas perçu l'aide appréciable d'Anshu alors elle se concentra sur cette surprise d'entendre les jeunes créatures. Après tout personne ne faisait vraiment attention à elle. Elle sourit même quand le kyree s'approcha d'elle.
- Je m'appelle Nyaeve, ton nom est bien Selm? Je suis ravie de faire ta connaissance.
Elle avança gentiment sa main pour le caresser, elle avait cru entendre que les kyrees aimaient être gratté derrière l'oreille.
- Je ne sais pas bien pourquoi je peux t'entendre, mais j'apprécie. Peut-être est-ce parce que je dois être la plus jeune de notre délégation, je suis la plus proche de vos âges.
Elle accueillit alors le jeune griffon qui s'approchait d'eux.
- Bienvenu Masten, c'est gentil de te joindre à nous.
Elle admira les deux créatures comme si elle se retrouvait dans un vieux conte des anciens temps, elle en train de discuter avec un kyree et un griffon. Elle reprit alors la discussion sur le sujet du comment.
- Je sais que certaine personne ont un don qui s'appelle parole par la pensée, je crois. Jusqu'à aujourd'hui je n'en avais jamais fait l'expérience, mais peut-être est-ce autre chose, tout est si perturbé en ce moment. Alors comme cela vous voyager avec vos parents en direction de Valdemar? Est-ce que cela a été calme jusqu'à maintenant?
Elle hésita un instant se disant qu'il ne pouvait peut-être pas comprendre ce qu'elle allait leur demander mais après tout ils n'avaient peut-être pas le même genre d'éducation qu'elle.
- J'ai cru entendre dire un des deux mâles qu'ils avaient fermé un portail, est-ce que vous êtes passés par une grande porte pour venir ici?
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Malgré l'espèce de brouhaha autour de lui, Eoghan commença à percevoir plus de formes distinctes et non de vagues sensations. Il sentit aussi beaucoup d'agitation autour de lui et la présence du prêtre lui semblait presque intrusive, comment l'expliquer. Il ressentait son aide et ses nerfs, peu à peu, se détendirent à tel point qu'il eut une envie de fermer les yeux et de dormir. Alors les griffons n'étaient pas une image de ses hallucinations ?
_ Hey, je ne suis pas un bleu.
Ceci répondu à Nyaeve, il lui sembla que le son diminuait autour de lui et il pu enfin se concentrer, sans vision brouillée, sur les personnes qui étaient concentrées non loin de lui et constituaient son entourage. Être assis, à même la terre, sans selle qui bouge et tangue, près de ce feu qui réchauffait ses cheveux mouillés, il commença à respirer, comme si jusqu'à présent, son thorax était si compressé que ses poumons ne pouvaient se remplir complètement, l'épuisant à terme. Alors quand il sentit Nyaeve près de lui, puis Enju, il fut obligé de lever les mains.
_ Ca va, ça va, je vais bien ! Je ne suis pas un gamin...
Mais il prit le thé de la jeune mage sans rouspéter et regarda le prêtre. Certains des mots qu'il prononça résonnaient encore dans sa tête comme des incompréhensions agaçantes mais il perçut certains noms dont un pas inconnu. Fronçant les sourcils, il tourna la tête vers Maya pour la dévisager. Cette gamine, agaçante au possible, était la clé de quelque chose ? La clé de quoi, d'ailleurs ? Il y avait une clé ? Il finissait par ne plus vraiment savoir ce qu'il faisait ici. Un nouveau regard à Nyaeve qui l'intriguait à présent et il réalisa à quel point il ne savait rien d'elle. A son arrivée au Collegium, il était resté avec Manuchan et la seule personne vers qui il s'était tourné en l'absence du maître, c'était Elbereth. Cette amitié créée, il n'y avait plus eu de place pour quoi que ce soit d'autre. Peut-être aurait-il dû s'en occuper avant... Mais son caractère de cochon et son égo si énorme qu'il ne passait plus les portes l'en empêchaient.
Le problème d'Eoghan, c'est que Nyaeve avait raison, du moins pour lui. Il était un bleu et surtout un novice, le plus novice de la compagnie, sûrement. Et tout ça ne l'avançait à rien ! Il n'y connaissait rien et que le prêtre puisse voir en Enju une disciple d'un Dieu, juste en la regardant lui sembla aberrant. Et des griffons qui parlent ? N'étaient-ils pas des légendes ? Et pourquoi Nyaeve avait-elle l'air aussi étrange, comme si elle se trouvait dans un autre monde. A présent "éveillé", ses yeux étaient partout et il n'entendait que la moitié de la conversation qui se déroulait car trop occupé à se concentrer sur tout ce qu'il voyait, à présent. Une minute... Nyaeve avait parlé de la création d'un portail ?! Eoghan repartit dans ses connaissances, Manuchan lui avait déjà parlé de cette chose mais il n'en avait pas encore vraiment bien compris le concept. Ce qui expliquait ses maux de têtes. Mais alors pourquoi les ressentait-il plus fortement que Nyaeve qui était une élève de la magie véritable également ?
Il sursauta de surprise alors qu'Enjeu posait à haute voix la question qu'il osait à peine se poser à lui-même dans sa tête et la remercia secrètement d'avoir pris les devants. Eoghan était curieux et assez fonceur mais dans un univers qu'il ne connaissait pas et qu'il ne comprenait pas ? Il devenait vite silencieux et muet. A la remarque d'Enjeu, il secoua doucement la tête dans un faible sourire.
_ Non, ce n'est rien, je pense savoir pourquoi et ça n'a pas grande importance, ce n'est pas comme si j'en étais malade ou mourant... Je vais bien, d'accord ? Mieux !
Il haussa les sourcils comme pour la convaincre de cesser de s'inquiéter pour lui. Il n'allait sûrement pas dire à haute voix ce qu'il pensait être la réponse, il avait un égo à respecter devant tant de femmes ! Il ignorait encore réellement ce que le prêtre - ou Nyaeve - avait fait pour lui mais il se sentait plus au calme à présent et s'en voulait d'avoir pu râler d'une grosse voix alors qu'il était le seul à avoir levé la voix, pensant être entouré d'un brouhaha indescriptible. Cependant... Quelque chose le titillait sans réellement savoir quoi et les réactions d'Enjeu le rendait d'autant plus suspicieux. Malgré tout, certaines choses étaient encore brouillées dans sa tête et il sentait le sang battre ses tempes, trahissant sa concentration. Un regard curieux à Enju, se demandant quelle mouche l'avait piquée bien qu'elle fut toujours assez étrange, il se retourna néanmoins vers le prêtre.
_ Excusez-moi...
Il posa le thé de Nyaeve à côté de lui et regarda Fitz en rapprochant son visage du prêtre non loin de lui. (je suis pas sûre de ce que je vais dire maintenant, mais il me semble que ce n'est pas Ashun qui parlait de leur présence ici à Fitz mais d'un autre personnage. Si je me trompe, merci de me corriger !)
_ J'ai cru entendre parler du Capitaine Beltran et du roi Uriens... Quel est le rapport avec vous ? Ou avec vos... Compagnons ?
"Créatures" n'était peut-être pas le bon terme à employer face à eux mais ils l'intriguaient au plus haut point et Eoghan avait du mal à détacher son regard d'eux. Ils semblaient si.... Irréels. Il se demanda alors s'il pourrait un jour les toucher, juste pour confirmer ce qu'il pensait.
_ Et qui est Maya ?
A part one gamine agaçante aux yeux perturbants qui ne vous donnent pas envie d'être près d'elle ? Et si Maya était une autre clé d'une autre énigme ? Et s'il valait mieux qu'elle soit protégée ? Et si elle était dans ce groupe pour une raison et pas dans un autre pour une autre raison ? Son cerveau fonctionnait à pleine turbine à présent et le sang battant contre ses tempes n'était plus dû à l'orage, ni au "portail", ni à ses migraines, non il était en pleine réflexion. Trop de choses se passaient et il n'était pas sûr d'arriver à démêler l'énorme sac de noeuds qu'on lui imposait à présent.
-
Loelia regardait ses amis prendre peu à peu leur aise au milieu du groupe de non humains et elle commença elle aussi à se sentir rassurée, bien que quelque peu désorientée par cette situation inhabituelle.
Après avoir servi une tisane à chacun des membres présents dans la pièce, ainsi qu'aux non-humains (même si elle ne savait pas trop s'ils allaient la boire), elle s'était rassise et était retournée dans la contemplation des deux dyhélis et réfléchissait à l'effet qu'ils semblaient avoir sur elle. Elle ressentait toujours cette tristesse dans l'air et ce chant… sa peau était parcourue de frissons incontrôlables.
Le regard des deux petits croisèrent le sien. Ils avaient des yeux très bleus, qui surprirent la jeune femme. Au moment où elle s'aperçut du contact entre leurs regards, elle sentit quelque chose d'étrange, comme quelque chose qui se débloquait en elle. Elle sut alors d'où elle connaissait ce son, qui s'était maintenant transformé en un accord plus intense et présent.
Ainsi, elle ne réalisa pas tout de suite que Beli s'était approché d'elle afin de la remercier pour la tisane. Son sourire semblait la remercier, aussi le lui rendit-elle.
Puis, il lui saisit la main, l'amenant doucement près des deux petits.
"Merci de m'avoir approchée d'eux, je n'osais pas trop. En effet, je pense que nous aurons besoin d'un interprète…. à moins que…!"
Une soudaine lueur d'espoir et de compréhension passa sur son visage. Bien entendu qu'elle avait déjà entendu ce son… comme tout le reste du groupe d'ailleurs !
Elle adressa un clin d'oeil aux deux petits êtres :
"J'en ai pour une minute, je reviens !"
Elle gagna le fond de la pièce où le groupe avait laissé leurs affaires. Elle farfouilla un moment avant de mettre la main sur ses bagages et le coffre de son luth. Elle chercha dans les poches de son sac à la recherche d'un jeu de cordes de rechange, pris son luth, puis retraversa la pièce pour revenir auprès des petits.
Elle leur montra ostensiblement les cordes abîmées de son instrument, puis désigna les nouvelles. Puis, elle retira les vieilles cordes et plaça le nouveau jeu avec soin. Puis, elle prit quelques minutes pour calibrer les nouvelles cordes, tout en reprenant la parole.
"En arrivant près d'ici, les cordes de mon instrument se sont brisées. Je ne sais toujours pas comment ni pourquoi. Mais ce que je sais, c'est qu'en se cassant, elles ont produit ce son, celui que vous fredonnez maintenant. C'est en tout cas ce que moi j'entends."
Elle se concentra quelques secondes sur la mélodie des dyhélis et reproduit le plus exactement possible le son sur son luth. En lui donnant la même intensité sinistre que lorsque les cordes s'étaient brisées.
"Vous vouliez nous dire quelque chose, n'est-ce pas ? Le souci, c'est que je ne comprends pas quoi."
Elle attendit, anxieuse de s'être trompée et d'avoir présumé de ses compétences à comprendre les deux dyhélis.
-
Fitz se sentait détendu. Ils les avaient trouvé, ceux qu'il devait chercher. Ce n'était pas forcément EUX le but de sa mission pour Valdemar. Mais c'était bien plus puissant, bien plus profond. Sa main ne le démangeait plus, et il se surprit même à l'avoir oublié ... Et depuis l'accident cela ne lui était jamais arrivé.
Il tiqua cependant lorsque les noms de Beltran, Uriens, et Maya résonnèrent dans la bouche du noble. Le mercenaire se leva, et lui tourna le dos un instant. Certes il savait qu'il était en terrain neutre, et surtout entouré d'ami, mais une mission est une mission.
"Moi Sir, je suis uniquement là pour assurer la sécurité de ces gens coute que coute. Si j'ai osé prendre la parole, c'est qu'on attend de moi que j'agisse pour leur protection rien de plus. "
Il se tourna vers Oelis et le toisa un instant du regard, partagé entre son sentiment de bien être et son devoir. Il s'éclaircit la gorge et d'une voix claire et hautement intelligible il décida de se lancer.
"Je vous comprends plus que quiconque dans cette pièce, lorsque vous vous demandez qui vous êtes pour comprendre un Dieu. Valdemar a été témoin de grand changement sur notre terre, et nous avons été averti qu'un grand danger menaçait nos croyances, nos pays, et nos peuples. Mon travail est d'amener cette délégation en lieu sur pour qu'elle puisse prévenir Iftel et y cherchait un soutient durable lors de la crise qui nous attend. Chacun ici présent est un représentant de Valdemar.
Je suis mercenaire, mais sous les ordres du Capitaine Beltran, tout comme Rohan ici présent. Nous sommes donc ses représentants sur place."
Il sembla peser ses mots un instant, et regarda maya du coin de l'oeil. Ils étaient proches du but mais le tiraillement était si grand. Pourquoi attendait-il son approbation ? Mais une seule chose primait chez Fitz: la protection. Et il ne révèlerait pas la présence de Maya.
"Une sombre magie est à l'oeuvre en Valdemar, je l'ai malheureusement combattu bien plus que je ne l'aurai voulu. Des apparitions divines ont aussi eu lieu, et c’est tout ces événements qui ont amené le royaume a créé cette délégation. »
Le mercenaire s’adossa au mur, et porta son regard sur les compagnons dont parlait Oelis.
« Si vous vouliez parler au Capitaine et à Maya, c’est donc que vous savez certaine chose que nous savons aussi. Et je pense être apte à entendre ce que vous avez à dire »
Doucement, le mercenaire enleva son gant, et laissa sa marque à l’air libre, de facon à ce qu’elle soit visible de tous. Il baissa son regard sur sa paume, et doucement dans un presque murmure il prononca :
« Je pense qu’ici et maintenant, en ce jour, notre avenir à tous se joue. Nous sommes arrivés. »
-
Ashun regarda une seconde Enju. Il savait d'avance qu'elle allait les rejoindre, mais il observait autre chose. Le regard de la jeune handicapée avait un éclat étrange, comme si elle était perdue, et qu'elle cherchait désespérément un signe. Le prêtre avait vu cela chez beaucoup de ses acolytes. Quête du Dieu, de soi-même, de ce que les autres étaient... Il reconnaissait la marque de leur religion chez elle. Il y avait autre chose mais …
Il tenta une approche, tout en s'occupant de Eoghan. Enju finit par confirmer son statut. Ashun sourit:
« Vous pouvez nommer le Dieu comme vous en avez l'habitude chez vous, cela ne me dérange pas. Nous savons tous que Son nom n'est pas à portée de simple mortel, et chacun de nous a sa version prononcée comme nous le pouvons. » théologisa-t-il. « Je ne vous connais pas, Dame Enju, mais … Je sais reconnaître quelqu'un que Vkandis accepterait volontiers à son service. Vous en faites partie, je pense. » fit-il doucement.
L'accent était doux, rappelant encore une fois Anshuu. La question qui suivit fit hausser un sourcil à l'ancien Grand Prêtre:
« Il y a plusieurs raisons, mais il me semble savoir aussi pourquoi Messire Eoghan est très touché. Déjà parce que son Don de Magie est très sensible aux perturbations ici, et parce qu'il n'aime pas perdre le contrôle et que ça lui donne encore plus de réception sur les choses autour de nous. N'y voyez pas offense, jeune homme, j'étais tout comme vous auparavant. »
Le prêtre fit semblant d'avoir finalement ignoré le geste d'Enju sur son fauteuil et prêta attention aux explications.
« La barrière d'Iftel, même maintenant qu'elle n'est plus là, fait effet sur certains. Cela peut jouer aussi. »
Puis Enju s'excusa fort à propos de parler du Mage sans le mêler vraiment à la conversation, et Ashun sourit à la réaction un peu exagérée de Eoghan. Il se comportait réellement comme un adolescent, ce que la douleur passée n'expliquait pas totalement. Plus tôt il avait déjà rabroué Nyaeve, et maintenant c'était leur tour.
Le prêtre sourit:
« Si ça va mieux, c'est l'essentiel, mon fils. »
Le vieil homme remarqua le regard qui se détournait, mais il était bien loin de se douter que dans la petite troupe, la petite fille tranquille avec le Héraut du Roi épuisé qui restait à l'écart était la Maya qu'ils cherchaient. En tout cas, la réponse du jeune homme l'étonna et il se renseigna:
« Vous n'êtes pas d'accord avec mon explication? Excusez ma curiosité... » Le ton était un peu dubitatif – très légèrement – mais surtout intéressé. « Je ne suis pas très au fait de la politesse valdemarane, même si je parle votre langue. »
Le prêtre aimait savoir tout sur tout, c'était évident. Peut-être que cela venait de son ancienne charge? En tout cas, il semblait ouvert et voulait visiblement bien répondre lui-même aux questions. Il haussa un sourcil intéressé à l'apostrophe de l'apprenti, se pencha pour écouter la question.
Le Rouge fronça le nez, le front, puis le défroissa et posa les mains sur sa tasse avant de répondre:
« C'est compliqué. La situation est … Compliquée. » Il regarda Enju, puis Eoghan et se décida: « Nos Compagnons adultes sont des représentants à la Cour d'Iftel. Mon ami est grand Duc. J'étais Grand Prêtre. Nous avons tous des rangs influents à la Cour, mais surtout nous sommes des représentants du peuple d'Iftel. Un Chat de Feu est venu nous prévenir de choses horribles, et qu'il fallait agir. Entre les pressions politiques, économiques, sociales, et racistes, nous avons fait une première équipe... Qui n'est jamais arrivée à Valdemar. Nous avons décidé de partir, sauf que les contacts avec la Cour sont désormais impossible, car un traître dirige tout désormais. Nous sommes des représentants d'Iftel sans plus aucun pouvoir désormais... » soupira l'homme.
Puis il fronça les sourcils à la dernière question:
« Maya est... L'équivalent du Fils du Soleil pour cette déesse disparue. Une Elue de la Déesse, ou une sorte de réincarnation. Une amie de Vykaendis en tout cas. » résuma-t-il brièvement, presque trop simplement pour un vieil homme. « L'avez-vous déjà vue? » fit-il, très curieux, reluquant subitement Enju comme s'il se doutait de quelque chose.
– - -
Plus près du feu, Nyaeve faisait connaissance avec les plus jeunes du groupe. C'était assez étrange pour les soldats surtout de voir une jeune fille parler dans le vide avec des créatures comme ça.
Oui je suis Selm. C'est joli Nyaeve. Très femelle. approuva le petit kyree comme si c'était un grand compliment.
Il se raidit légèrement quand la main de la jeune fille approcha près de lui, mais se laissa faire, et finalement décida que le geste lui plaisait et ne bougea plus. Il se renseigna ensuite et l'explication de la Mage sembla lui plaire. Il ajouta cependant:
Mère dit que certains Mages ont des familiers. C'est des créatures magiques comme nous qui viennent avec eux pour les empêcher de faire des bêtises. Tu crois qu'on est des familiers?
Masten les rejoignit et fut content d'être si bien accueilli. Il se laissa observer comme Selm sans protester, content de l'attention en fait. De loin, les parents semblaient toujours absents.
Les deux jeunes ne croyaient pas que Nyaeve était « plus proche de leur âge ». Pour eux, c'était une humaine donc une « vieille », et ils prenaient chaque parole pour argent comptant. Ils étaient très contents de discuter et ce fut le petit griffon qui répondit:
On voyage avec eux, mais au début on devait rester, sauf qu'il y a des méchants qui aiment pas les plumes. Mais c'est fatigant. Mais c'est joli le paysage. Et je vais bientôt voler. Et Selm sait chasser maintenant.
Les deux « gamins » se rengorgèrent. Mais très humainement, Selm hocha la tête négativement pour répondre à la dernière question:
« Nous on marche, on vole, on court, et y a la cariole pour Béli et sa famille mais c'est tout. Pourquoi prendre un portail pour voyager, c'est lourd, ça sert à rien! »
Gaylee, la kirill femelle jusque là à l'écart, s'était approchée sans bruit. La bouche s'ouvrit, elle semblait peu à l'aise avec les mots humains, et surtout valdemarans.
« Portail, méchants. Eux fermer pour pas être pris. Mauvais pour nous. »
Pourquoi elle parle cette langue bizarre? Comme la tienne, sauf que je comprends , toi, quand tu parles, parce que c'est dans ta tête. se renseigna Selm brusquement.
- – -
Tout le monde parlait plus ou moins valdemaran. Si quelques fautes de langues apparaissaient de temps en temps, tout ce qui était prononcé était plus ou moins compréhensible selon la personne.
Fitz pouvait sentir l'approbation quand Oelis lui répondit:
« Vous avez bien raison de jouer ce rôle. La dame en Blanc doit être votre Héraut. Elle a l'air mal en point, je suggère de la laisser dormir. »
Puis il écouta le mercenaire – pouvait-on encore dire mercenaire alors qu'il dirigeait avec Rohan le détachement de Valdemar? - et tiqua à son tour:
« Nous avons eu cet avertissement aussi. Et nous avons trouvé des traitres chez nous, qui ont pris le pouvoir à la Cour... Vous ne rentrerez pas vivant si vous allez à la capitale. Nous soupçonnons le nouveau chancelier d'être un mage de sang. Rien de sûr, mais il nous a écarté très vite, et la première délégation a disparu à l'endroit où le portail a été refermé, il y a quelques mois. Nous sommes des représentants d'Iftel avant la crise... Maintenant... »
Fitz s'interrompit et regarda une gamine blottie dans un coin. Sa fille? Se demanda Oleis. Il acquiesça doucement:
« La sombre magie est à l'oeuvre partout. Comme lors des Tempêtes. » Puis il leva un sourcil: « Vous avez été témoins de ces apparitions? Ashun a vu un Chat de Feu ... »
Soudain il sursauta:
« La marque! »
La main de Fitz laissait clairement apparaître la spirale. Oleis semblait subitement ému, ou soulagé.
« Oui tout se joue. Tout se joue. » Il respirait difficilement, comme si quelque chose l'étouffait – et cela semblait être le soulagement.
Oleis regarda Rohan qui était sur le qui-vive. Il sourit, et les fit s'asseoir rapproché à une table:
« Je suis le chef … enfin disons le porte-parole... Mais celui qui est le plus versé dans les histoires de dieu, c'est Ashun. Pour résumer, notre Dieu, le Dieu Soleil , est apparu, nous a mis en garde à travers le Chat de Feu et sa Voix, d'un grand danger. Tout doit se régler où tout a commencé, ce qui veut dire... On n'en sait absolument rien, mais il paraît que Valdemar est là où les premières tentatives de compréhension ont commencé, donc on nous a envoyé. Et la marque... Oh, Messire Fitz, vous avez été marqué par la Déesse elle-même. Saviez-vous que vous êtes sûrement Son Glaive? Vous en avez entendu sûrement... Nous avons l'espoir maintenant. Tout n'est pas que chimère. »
Un des soldats les observaient de loin, semblant tout écouter.
- - -
Loelia, dans son coin, semblait se faire aussi de nouveaux amis. Moins bavards, il fallait le dire. Ils ne parlaient pas valdemaran, ni aucune autre langue visiblement.
Béli l'avait amenée, et elle sembla soudain avoir une idée. Le kyrill fut pris de court, mais il sembla soudain comprendre quand elle revint avec son instrument. Il s'installa non loin, légèrement à l'écart pour ne pas gêner, et observa la jeune fille.
Les deux dyhélis semblèrent arrêter une seconde de "chanter", pour regarder ce que faisait la jeune fille revenue. Elle changeait les cordes de son instrument, et au bout d'un moment, l'accorda.
Le kyrill répondit:
"Je doute qu'elles aient fait exactement ce bruit. mais je ne doute pas que vous les ayez entendus. Pourriez-vous jouer..."
Loelia avait déjà commencé. Elle tenta de reproduire les sons, et les dyhélis la regardèrent fixement, sans faire de bruit, avant de reprendre leur fredonnement. Il était plus léger, moins triste.
"Ils disent de continuer. De jouer une chose joyeuse, belle, qui fait comme une famille." transmit alors Béli.
[ Pas de trace du Chat de feu qui faisait le voyage avec Maya .
Loelia: tu t'exécutes, et bientôt les dyhélis semblent plongés dans ta musique. Tu joues de toute ton âme, et tu vis (enfin?) la musique. Pas obligée de reprendre les sons qu'ils faisaient, juste joue.
Nyaeve: tes petits compagnons et la femelle soulèvent des interrogations - rien de spécial ressenti à part ça.
Fitz: ta marque semble reluire quand le Glaive est mentionné.
Eoghan: tu sens qu'il y a peut-être autre chose que les explications données pour ta "sensibilité", mais quoi?
Enju: de plus en plus de ressemblances te sautent aux yeux, et quelque chose te dit de faire confiance à Ashun. Tu te sens presque devenir folle, tellement il ressemble à ton Anshuu, au point de presque les confondre, de ne pas savoir qui est qui. ]
-
Fitz écoutait, attentif à tout ce qui se passait autour de lui, comme si il buvait chaque parole. Un mage de sang parmi les hauts placés de la cours d’Iftel ? Fitz sentit qu’il bouillonnait de l’intérieur. Ils avaient donc vraiment leur entrée partout, rien de tout cela ne pouvait rassurer le jeune homme. Fitz prit place au coté d’Oleis et continua à voix basse.
« Ainsi donc la magie du sang a atteint la cours d’Iftel. »
Il soupira doucement, regarda un instant le plafond et repris la parole.
« Comme je vous l’ai dit de nombreuses choses se sont passé en Valdemar, et j’ai été témoin d’une grande partie d’entre elles. Notamment beaucoup d’actions des mages de sang, qui ont vu la mort de nombreux braves et ceux de façon particulièrement abjecte »
Les images du cadavre revenaient dans sa tête quand il pensait à tout cela, et il serra le poing sans vraiment y prêter attention. C’est là qu’il le remarqua. Sa marque semblait s’activer depuis que le noble avait mentionné la notion de Glaive, et il resta un instant interdit devant. C’était la première fois qu’elle agissait comme cela, et il savait que cela n’était pas innocent. Rien n’était jamais sans raison avec ce truc. Son esprit vagabonda un instant, et il se retrouva au coté de Kayann à élever des chevaux dans une plaine inondé par le soleil. Ce rêve ne verrait surement jamais le jour et il le savait. Il adressa un sourire nostalgique au noble.
« Ce que vous me dites vous me l’apprenez Sir Oleis. Depuis que tout cela a commencé, et que j’ai été marqué, beaucoup d’érudits de Valdemar se sont relayés pour essayer de trouver des réponses. Certes nous comptons quelques élus, qui ont bien voulu me dire ce qu’ils savaient sur cette déesse, mais j’avoue ne toujours pas savoir ce qu’elle attend de moi. Comme je vous l’ai déjà mentionné, je ne suis qu’un mercenaire. »
Fitz désigna de la tête Dame Enju non loin d’eux.
« Dame Enju a fait parti de ce groupe qui a tenté de comprendre, et de m’aiguiller, leur aide m’a été précieuse, mais tout cela reste bien trop trouble pour que nous sachions exactement ce qui nous attend. »
Jetant un coup d’œil sur la compagnie, il regarda chacun d’eux. Il avait entendu de loin ce que le grand prêtre de Vkandkis avait mentionné. Il ne dirait pas que Maya était avec eux. Son regard s’arrêta un instant sur elle, il attendait qu’elle réagisse, qu’elle lui donne un ordre, pourquoi ? Il ne savait pas, mais elle en savait bien plus que lui sur toutes ces choses. Puis son regard se perdit un peu sur Enju. La jeune femme avait eu à cœur de comprendre lors de leur réunion, et sa curiosité et sa foi était un atout non négligeable. Surtout que son intelligence dans le domaine n’était plus à prouver. Quand aux autres. En qui pouvait-il réellement avoir confiance ? En Rohan, il en était sur. L’homme était au service de Valdemar depuis des années, et surtout recommandé par Beltran, ce dernier ne pouvait se tromper.
« Si je comprends bien ce que vous me dites Messire Oleis, c’est en Valdemar que tout se jouera, et c’est donc là bas que nous devons être ? J’ai peur que vos rangs ne soient pas les seuls qui aient été infiltrés par l’ennemi, et le risque est grand pour tout un chacun ici présent. Mais la déesse m’a fait un don qui n’est pas négligeable en ces instants troubles, et les traitres ne pourront se cacher éternellement. »
Il adressa à Rohan un signe de tête, qui semblait tendu. A eux deux ils avaient assez d’expérience pour savoir que leur conversation était observée avec avidité, mais par qui ? Le mercenaire déposa ses lames devant lui sur la table, il regardait avec insistance chaque homme présent dans la salle, s’arrêtant longuement sur ceux qui regardaient dans leur direction.
« J’ai peur Sir Oleis que la corruption soit plus proche qu’on ne le pense. »
-
Toute l'attention de Loelia était maintenant dévolue aux deux jeunes dyhélis. Ils l'avaient comprise quand elle avait joué cet accord, si étrange et avaient repris leur chant de plus belle. Le kyrill l'avait par la suite encouragée à continuer, lui expliquant que les deux petits seraient sans doute sensible à quelque chose de plus joyeux. D'ailleurs, leur mélopée était comme quelque peu éclairée depuis que la jeune ménestrelle avait joué le fameux accord.
Sans un mot, elle se concentra, cherchant dans sa mémoire les mélodies les plus joyeuses, mais belles, qu'elle avait entendues ou apprises au cours de son apprentissage. Puis, mue d'une soudaine inspiration, elle se mit à jouer.
C'était étrange, mais quelque chose s'était comme débloqué en elle au contact des deux dyhélis, mais elle ne savait pas vraiment quoi, juste qu'elle voulait utiliser sa musique pour les faire se sentir moins tristes. Elle avait l'impression de savoir comment jouer son morceau pour apporter de la joie et du réconfort à ses nouveaux petits amis. A ce moment, rien n'importait plus que de faire passer cette tristesse si forte chez eux et elle joua de toute son âme. A tel point qu'elle se laissa entraîner dans sa propre musique, oubliant tout autour d'elle.
A la fin de son morceau, elle sortit de la sorte de torpeur dans laquelle elle était et reporta son attention sur les deux petits, en espérant qu'ils se sentaient moins tristes.
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Eoghan avait froncé les sourcils sur les explications du prêtre quant à sa sensibilité face à l'orage. La douleur dans sa tête passant doucement mais sûrement, il se rassit convenablement non sans se masser la tempe du pouce de temps en temps. Il avait remarqué que comme lui, Enju avait décidé de ne pas révéler qui était Maya. Et Fitz avait également détourné la question aussi il continua sur cette lancée. Cependant, les mots du prêtre l'avaient interpelé. Il se refusait à perdre le contrôle ? Selon lui, il y avait une autre explication mais il n'avait pas non plus envie de s'étendre dessus. Et le fait qu'il l'appelle "mon fils" et qu'il se "compare" à lui en disant qu'il était pareil auparavant le dérangeait. Une certaine familiarité dérangeante, peut-être. Pourtant, Eoghan était loin de deviner ce que le prêtre voulait entendre à son sujet, aussi il préféra l'ignorer pour le moment. Sa curiosité pour Maya le rendait curieux à son tour. De plus, Enju semblait étrange et il l'observa quelques secondes avant de finalement répondre au prêtre en secouant la tête.
_ Non... Jamais vue. Ou alors je l'ignore.
Ce pouvait-il que cette petite gamine pleine de parlote fut la même dont le prêtre parlait ? Autre chose avait interpelé Eoghan maintenant que sa tête fonctionnait mieux.
_ Vous dites avoir déjà envoyé une équipe en Valdemar ? De quel traitre parlez-vous ?
Eoghan avait la sensation dérangeante qu'il se passait quelque chose entre leurs hôtes et eux. Comme si un gouffre était creusé entre les deux compagnies et que chacun faisait en sorte de ne pas le voir. La méfiance de l'un envers l'autre était palpable de son point de vue. S'il faisait montre d'une adolescence en extérieur, à l'intérieur, il était bien différent. Jouer les imbéciles était souvent un masque pour lui, ça lui permettait d'observer et d'étudier sans que personne ne se méfie de lui. Et il lui semblait que ce fossé était d'autant plus creusé entre le prêtre et lui alors que ni l'un ni l'autre ne se disait la vérité, au final. Ca, c'était son impression principale. Etrange, d'ailleurs.
_ Mais quels étaient vos pouvoirs en tant que représentants d'Iftel ?
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[justify:3og3d7b1]Il ne la connaissait pas...
Cette simple phrase brisa le coeur de la jeune femme. Elle essaya de ne rien laisser paraître, mais le mal était là. Cet homme n'était pas Anshuu, ou sa réincarnation. Malgré toutes les coïncidences... Elle tenta de sourire, et le remercia dans un murmure. Oui, elle était au service de Vkandis, et certains prêtres, à Sunhame, trouvaient qu'elle avait trop la foi, par moment. Oui, Enju était une véritable fanatique, bien qu'elle se soit calmée depuis ce tragique incident qui a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui.
En tout cas, pendant qu'il s'était passé trop d'événements à Haven, Iftel n'avait pas été en reste. Habituée à retenir des conférences entières, Enju mémorisait ce que disant Anshuu... Ashun, plutôt. Enju baissa les yeux, et se frotta le front du bout des doigts, avant d'appuyer sur ses yeux. Elle allait finir par devenir folle ! Elle voulait tout savoir de cet homme, elle voulait lui faire avouer ce qu'elle désirait, elle voulait que Vkandis apparaisse pour lui confirmer qu'Il lui avait rendu Anshuu. Mais non, rien de tout cela ne se passa ailleurs que dans son esprit toujours en deuil...
Peut-être y aurait-elle cru un peu plus si une femme ressemblant à Ysaline avait été présente...
Enju ne releva pas la tête, d'ailleurs, quand Eoghan reprit la parole. Il mentait à Ashun ? Etait-il fou de mentir à un prêtre ?! Elle avait honte, mais au lieu de reprendre Eoghan, elle scella ses lèvres. Son regard coula cependant sur le groupe, à la recherche du Chat de Feu... Elle voulait son approbation, ou voir son mécontentement dans ses yeux bleus. Mais il avait disparu. Troublée, Enju se demanda si son absence ne signifiait pas quelque chose.
Peut-être cherchait-elle trop de signes, trop de symboles. Mais toutes ses croyances étaient basées la dessus. Enju en avait besoin pour continuer à avancer. D'ailleurs, même si elle était distraite, elle enregistra ce que dit le prêtre, et fut surprise... Et terriblement honteuse d'avoir manqué de respect à Maya, à Haven ! La prêtresse rougit légèrement, avant de relever son visage neutre. Les dernières questions de Eoghan ne laissaient rien présager de bon. D'ailleurs, Enju ajouta, les mains serrées sur la couverture qui couvrait ses genoux :
- Prêtre Ansh... Ashun. Aanor nous est apparue dans le feu, sur notre route. Elle nous a parlé de traitres, aussi, qui allaient se mettre sur notre route. "Le Noir a l'Orbe et comprend peu à peu son fonctionnement. Il est aidé de plusieurs complices et dans vos rangs, ici ou chez vous, se trouvent des traîtres qui se sont vendus au pouvoir du Noir et de l'Orbe." Tels sont Ses mots. Je suis inquiète pour votre délégation précédente...
Enju voulait parler des manuscrits... Mais elle aurait aimé se retrouver seule avec ce prêtre afin de lui en parler...[/justify:3og3d7b1]
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Nyaeve ne se souciait guère des conversations du reste de son groupe toute accaparée qu'elle était par le jeune kyree et le jeune griffon. Il y avait aussi cette nouvelle créature qui s'était approchée d'eux qu'elle ne connaissait pas. Mais son monde c'était déjà tellement bouleversé quand elle était allée à Haven que cela ne la gênait pas plus que cela.
- Merci, c'est gentil de ta part. Selm aussi est un très joli prénom. Un familier, je ne sais pas, j'ai entendu ce mot quelques fois mais je n'ai pas tout à fait compris de quoi il s'agissait. Essayons déjà d'être ami, non?
Elle se tourna vers Masten
- Voler, cela doit être merveilleux. Tout voir depuis le haut. J'ai toujours eu la mauvaise habitude de grimper partout, j'en rendais chèvre mon père. Je suis sure que tes parents essaient de calmer tes envies. Est-ce que tu dois monter en hauteur et sauter dans le vide ou tu pars depuis le sol. Tu avanceras bien plus vite dès que tu pourras voler.
Elle allait essayer d'expliquer le concept de portail quand elle se rendit compte que, un, elle-même n'était pas trop au clair sur ce que c'était, et deux, cela allait être complètement obscure pour les deux petits.
Elle regarda Gaylee qui semblait un peu plus en savoir sur ces fameux portails. Les kirill devaient être des créatures magiques pour que les portails les affectent ainsi.
- Fermer? Comme s'ils étaient là de manière permanente? Pris par qui, on peut prendre un portail? Désolée pour toutes ces questions, j'apprends en ce moment, ce qu'est cet univers étrange qu'est la magie. J'ai encore de la peine à croire ce que je peux faire.
Elle se tourna encore vers Selm.
- "C'est une politesse, quelques choses de gentil, faire l'effort de parler la langue de l'autre." Elle adressa un sourire à Gaylee. "Les gens ainsi se sentent plus confortable et comme tu l'as remarqué, je pense comme je parles, parce que je parles cette langue ainsi que le rethwellan depuis que je suis née. Gaylee parle normalement une autre langue qui n'a surement pas la même structure." Nyaeve se tourna vers Gaylee." Quelle est votre langue maternelle? Enfin si vous n'êtes pas une créature télépathe comme ces deux là?"
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Au fil de la conversation, Oleis, Rohan, et Fitz s'étaient rapprochés, et finalement s'installèrent à table tout près d'Enju, Eoghan et Ashun. Chacun semblait avoir une oreille sur la conversation des autres, comme si chaque information venait de deux endroits à la fois. Oleis finit même par se tourner un peu pour pouvoir discuter avec tout le monde.
Oléis semblait perturbé. Depuis qu'il avait vu la marque sur la main de Fitz, son regard s'était éclairé, et avait pris une lueur passionnée, ou excitée, et il semblait bouillir d'envie de repartir. Cependant les chocs sourds sur le toit indiquaient que même s'ils n'étaient pas en sucre, la pluie les coinçait ici encore un moment.
Il avait été très étonné d'apprendre que Fitz, qui portait pourtant La Marque, n'était au courant de rien. Oléis en avait le coeur qui battait, fort, fort, fort, mais il soupira: ce n'était pas à lui de dévoiler ce qu'il savait. L'homme qui savait les mots qu'il faudrait dire, c'était justement celui qu'ils avaient rejoint, et qui discutait avec la Karsite et l'apprenti Mage.
"Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, Messire " s'excusa le noble, " mais Ashun le pourra, quand il en aura fini avec vos amis. La Déesse a des choix parfois étranges, et parfois on aurait souhaité ne pas être Son choix justement, mais il faut faire avec, et faire de notre mieux." conclut-il.
Quant à la Magie du sang, il avait tristement acquiescé. La flamme de ses yeux avait brusquement flamboyé de rage - et à mi-voix il avait ajouté qu'il se battrait toujours contre ceux qui lui avaient pris son fils.
Sauf que là, maintenant assis à table, ayant remplacé la vengeance par une lueur victorieuse, il semblait presque en avoir oublié tout ça … Jusqu'à revenir au sujet de Valdemar:
"Oui. Valdemar est un pays symbole de liberté, d'égalité, de solidarité, et je ne sais quoi encore. C'est traditionnel et vos Hérauts l'incarnent. Je pense que c'est une des raisons. Et c'est surtout qu'il est religieusement neutre. Vous avez tous les Dieux, et ce n'est pas un Seul Dieu qui prime chez vous. Peut-être que la Déesse y a trouvé une oreille plus attentive?" tenta-t-il d'expliquer avec ses propres mots, visiblement plus à l'aise avec un discours militaire que théologique.
Puis il fronça les sourcils à la mise en garde de Fitz:
"Je vois." souffla-t-il avant de s'adresser à Ashun d'un air qui n'indiquait pas qu'il avait vu le regard étrange du soldat à l'écart:
"Nous avons trouvé le Glaive, Père."
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Avant l'intervention d'Oléis, Ashun avait fort à faire avec Eoghan et Enju. Ces deux-là semblaient réagir très étrangement à sa présence. L'homme avait l'habitude de la piété, de la déférence, parfois d'un trop grand respect, ou de la jalousie, et pas du tout de la tristesse qui émanait d'Enju, ou de l'agressivité inquiète qu'il sentait chez Eoghan.
Ses perches pour mieux comprendre ce qu'il se passait tombaient lamentablement devant les réponses rapides d'Eoghan: pas de Maya, pas de sourire, rien.
Cependant une petite victoire l'attendait au détour de confidence: l'apprenti Mage se montra curieux. Alors le Grand Prêtre expliqua:
" Avant que nous ne partions de la Cour d'Iftel, nous étions tous des gens très influents. Oléis était Duc et conseiller de la Cour, j'étais le Grand Prêtre, et chacun de nos amis non-humains représentaient leurs races à la Cour. Un jour, un Chat de Feu est descendu dans la salle où nous étions réunis - un soir après un Conseil. Il nous a dit que des horreurs allaient arriver, qu'il fallait nous préparer et que c'est à Valdemar qu'il y aurait des réponses. Nous n'avions pas pensé que ce pouvait être "nous" les envoyés, et nous avons fait faire une première équipe de représentants pour Valdemar, parce que nos rangs nous retenaient à Iftel. Ils sont partis… Et nous n'avons pas eu de nouvelle avant aujourd'hui. Mais à la Cour, nous avons vu les choses évoluer. Des gens disparaitre, des proches à nous. Oléis par exemple… Son fils à naître et sa maîtresse de coeur ont disparu, et on les a retrouvé morts dans un fossé derrière le chateau. Nous avons vu les mages de sang commencer à être plus visibles… Et à prendre du pouvoir comme si notre Empereur ne voyait pas … ce qu'ils sont vraiment. Nous avons décidé de faire notre propre équipe, et de partir. Nous avons été approuvé par la Cour… Et une fois un pied dehors de la ville… Reniés et bannis. Un certain Shartan est devenu premier conseiller. Il n'était que Mage de cour… et je suis presque certain… Non je suis sûr! qu'il est mage de sang. Quand on essaye de voir son aura, elle est entièrement noire." conclut l'homme avec un soupir très triste.
Regardant Eoghan, puis Enju, il continua:
"Nos pouvoirs étaient sans doute équivalent des vôtres, si je ne me trompe. Nous avions le droit de formuler une alliance, de mettre nos pouvoirs au service de Valdemar, de venir chercher des troupes si besoin, et de tout en référer à l'Empereur. Et nos kyrees sont là en tant que chroniqueurs. Même si nous n'avons emmené les petits que pour les protéger."
Ayant ainsi répondu aux questions du jeune homme, Ashun se tourna vers Enju qui avait osé enfin parler. Le regard d'Ashun se voila une seconde:
"J'ai dit que jusqu'à aujourd'hui nous n'avions pas eu de nouvelles. Nous en avons eu aujourd'hui. Nous avons croisé un Portail activé. Un Portail c'est … une ouverture créée par magie permettant d'aller d'un endroit à un autre d'un seul pas. Certains sont volatiles, et d'autres permanents. Celui-là était un permanent qui n'aurait pas dû être activé. Quand nous sommes passés, quelqu'un a jeté des corps au travers. Ainsi que deux wyrsas - des créatures maléfiques, très dangereuses. Nous ne savons pas qui c'est, et nous avons dû tuer les créatures - et mes amis mages ont refermé le Portail. Là ils essayent d'apaiser le temps."
La tristesse du prêtre était largement perceptible.
Il sursauta quand Oléis prit la parole. Puis, enfin, son sourire apparut, effaçant les rides de soucis:
"Vraiment?"
Quand Oléis désigna alors Fitz, les yeux de l'homme se brouillèrent, comme s'il allait pleurer:
"Je suis content, mon Fils."
Et Maya vint s'asseoir près du soldat marqué par Aanor et mit sa main sur son bras, avec un sourire plus large que jamais.
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Loelia avait joué avec son coeur. Visiblement, elle y avait mis assez d'émotion pour calmer un peu les jeunes dyhélis. Ils semblaient apaisés, concentrés sur elle, et le kyrill avait ce qui ressemblait à un sourire avec beaucoup de petites dents.
Une seconde de silence passa, puis il prit la parole:
"Ils disent que tu es gentille et que tu es une jolie musique."
Les fautes de conjugaison importaient peu. Le kyrill continua:
"Ils t'ont emmenée comme guérisseuse, n'est-ce pas? Les petits veulent que tu joues encore." expliqua-t-il.
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Selm grogna de plaisir au compliment de Nyaeve.
Merci. C'est ma maman qui a choisi dans un conte. Selm était un guerrier savant qui se battait avec ses mots plus qu'avec ses armes. J'espère devenir aussi sage. Ma maman est chroniqueuse. Ses parents sont des Mages. conclut-il en désignant son ami ailé.
Puis, comme content d'en savoir plus que la jeune fille, il expliqua:
Un familier c'est une créature magique comme moi qui devient très très ami avec un mage d'une autre espèce pour l'aider à comprendre la nature de la magie et à rester sur terre pour être gentil tout le temps… Je crois… hésita-t-il sur la fin.
Masten aussi était content de l'intérêt que lui portait la jeune élève mage.
J'ai hâte. Mes parents aiment voler c'est facile, ils disent. Mais je ne suis pas encore assez fort.
Il l'était visiblement assez pour tuer un cheval - s'il en avait eu envie - mais ses ailes ne devaient pas être encore assez musclées.
Nyaeve se mit en devoir de leur expliquer un Portail, mais hésita avant de commencer, interrompue finalement par Gaylee. La barrière de la langue était un obstacle, et les inquiétudes de Nyaeve ne trouvaient pas d'échos dans les paroles de la kyrill qui peinait à expliquer:
" Permanent comme "toujours"? " demanda-t-elle. " Pris par Mage de sang. Mauvais mauvais. Mauvaises créatures, tuées. Mauvaise magie, délégation tuée aussi. Triste.
Puis Selm posa une question intéressante, que Nyaeve étudia avant de répondre.
Quand c'est toi qui parle je comprends les mots dans ta tête. Mais quand Gaylee parle dans cette langue, dans sa tête je n'entends pas pareil, ça donne pas pareil. Les sons que tu fais sont bizarres mais c'est pas grave c'est dans ta tête le sens… tu comprends pas…. ragea le petit. Je comprends pas ce que disent tes autres amis aussi.
Moi non plus , confirma Masten.
Indifférente à la conversation, Gaylee répondait audiblement:
"Télépathe moi. Parler kyrill." et elle fit une suite de son sifflants, modulés assez agréablement. "Moi dire: toi avoir don de communiquer avec Non Humains. C'est bien."
Et dans ta tête, une nouvelle voix se joignit à celles des plus jeunes. Une voix de femme, très maternelle, mais surtout très timide:
Parler ainsi est plus facile. Il faut faire attention. Tu es gentille avec les petits, nous allons nous entendre.
[ Eoghan: quand il parle de Portails et d'apaiser le temps, tu as un léger flash. Tu sais qu'il va pleuvoir encore au moins toute la nuit et que le temps sera orageux quelques jours. Pressentiment? Souvenirs de tes cours ?
Enju: tu sens la tristesse du prêtre, et le voir comme ça te fend le coeur comme si c'était Anshuu. Les manuscrits te brûlent (au figuré^^), tu sens que tu pourrai, peut-être continuer le travail d'Anshuu avec Ashun.
Fitz: toutes les révélations du Duc sont dures à avaler, surtout le fait qu'il ne dise rien de précis, mais quand Ashun te regarde avec ces yeux, tu sais que tu vas enfin savoir. Et quand Maya s'assied contre toi, tu es comme réconforté, et ta marque brille faiblement une seconde.
Loelia: tu ne comprends pas l'allusion, mais les jeunes semblent réellement attendre que tu reprennes ton instrument. Tu trouves d'autres morceaux, quitte à en inventer, et tu vois qu'ils suivent le rythme, et commencent à refredonner pour suivre ce que tu fais. Les notes coulent plus facilement, tu te laisses prendre au jeu, jusqu'à entendre leurs murmures dans ta tête, comme s'ils résonnaient dans les cordes de ton instrument.
Nyaeve: Selm a des problèmes à t'expliquer, mais il entend dans ta tête comme si cela traduisait tes mots et que cela ne fonctionnait pas avec la kyrill. Ni les autres. Et soudain, la kyrill te donne un indice de ce qui se passe.
-
Peut-être con l'Eoghan mais de plus en plus dans son élément. Maintenant que son mal de tête n'était qu'une fine couche à peine gênante dans le fond sonore, il ressentait mieux tout ce qui se passait autour de lui et surtout les choses étranges qu'il avait occultée quelques instants plus tôt quand ils étaient arrivés. Tous ces faits étranges s'étaient mélangés dans sa tête et il n'avait pas vraiment pu les identifier proprement. Ce n'était toujours pas le cas d'ailleurs puisqu'il n'avait plus cette impression du moment. Comme les autres, il essayait également d'écouter toutes les conversations à la fois - du moins celles qui étaient dites à voix haute - mais quand le prêtre reprit la parole, il s'y concentra, étrangement subjugué. En fait, ses lèvres entrouvertes prouvaient que le prêtre avait à présent toute son attention. Ce qu'il lui racontait était vague pour l'apprenti mais cette histoire de portails le rendait plus que curieux. En fait, plus que de l'intéresser, ça lui parlait. Eoghan comprenait que ce qu'il avait à savoir était là.
Cependant, bien que le prêtre fut d'une âme précieuse à ses yeux, Eoghan ne savait quoi répondre. En fait... Il était devenu muet. Un regard à Enju qui dura quelques secondes sans qu'il sache vraiment pourquoi, il regarda alors Fitz qu'on venait de "désigner". Celui-ci n'avait jamais été comme les autres gardes, il était étrange et pourtant il attirait Eoghan comme un aimant. Il n'avait jamais vraiment su dire pourquoi mais même si le garde ne montrait que très peu d'amabilité, Eoghan le voyait comme la personne la plus familière de la pièce. Etudiant Maya se rapprocher de lui, Eoghan eut comme un pressentiment. Bien que le prêtre lui semblait gentil et de confiance, il n'arrivait pas pleinement à se dévoiler. De plus, il ne ferait rien tant que Fitz ne bougeait pas le petit doigt. Eoghan n'aimait pas beaucoup les enfants, aussi il avait repoussé Maya tout le voyage et pourtant, il était content de voir que Fitz n'en faisait rien. Au moins se sentirait-elle moins seule.
Un regard à Nyaeve et Loelia, celles-ci semblaient surbookées mais pas en danger. Un nouveau regard à Enju et Eoghan se leva doucement, laissant tout le monde se ravir de la nouvelle découverte qui ne l'émut pas plus que ça au final. C'étaient des choses de gradés, de grands. Lui n'était qu'un apprenti, au pire un homme de main, un "petit homme à tout faire" comme disait parfois sa mère en riant car à la ferme, il s'occupait quasiment de tout.
Doucement, il s'approcha d'une fenêtre mais aussi du soldat à l'écart dont il ne se souvenait pas le nom. D'ailleurs, il lui lança un regard en s'approchant et le quitta pour poser ses yeux sur le volet de la fenêtre. Par un un trou de la taille d'un oeil laissé par le travail du bois, Eoghan pu esquisser un regard sur l'extérieur, cherchant à mettre une image sur le bruit que leur transmettait le plafond sur lequel il posa ses yeux quelques secondes. Tout ce qu'il vit fut une pluie battante qui obstruait sa vision. Tout ce qu'il savait, c'était qu'ils étaient coincés là.
Se redressant, il jeta un oeil au soldat qu'il gardait à une distance respectable mais à portée de bras, puis il se tourna vers leurs hôtes.
_ Notre voyage jusqu'ici n'a pas été sans peine et sans fatigue ni émotions fortes. Je préconise une nuit de repos si nos hôtes n'y voient pas d'inconvénient. Je pense que nous sommes coincés ici encore pour un moment et j'entends toujours l'orage tonner à quelques kilomètres.
Un regard au prêtre et il songea un instant avoir un entretien privé avec lui afin de lui parler de toutes ces choses bizarres survenues depuis leur arrivée en Iftel, à commencer par ces violentes migraines qui avaient chamboulé tous ses sens. Il avait d'abord mis ça sur le compte de la magie mais Nyaeve n'avait pas semble être aussi touchée que lui, aussi il songea qu'il y avait peut-être quelque chose d'autre comme un problème avec lui-même, un mauvais contrôle et il voulait que le prêtre lui apprenne afin de rentrer à Valdemar et de prouver que son éducation n'était pas vaine. Un regard à Maya et il pensa à envoyer un message clair à Fitz mais aussi à tout le reste de la compagnie. Un léger sourire attendrit se peignit sur ses lèvres - n'importe qui le connaissait l'en savait incapable sauf manipulation de sa part.
_ De plus, c'est l'heure pour une jeune et jolie fille comme Elifar d'aller prendre un bon bain chaud. Je propose que nous reparlions de tout ceci plus tard.
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Le mercenaire n'avait même pas remarqué qu'ils s'étaient rapproché les un des autres, mais finalement ce n'était pas dérangeant, ca lui permettrait peut être de tout comprendre sans avoir à tendre l'oreille comme si il était sourd.
Buvant les paroles d'Oleis il enregistrait tout ce qui était dit, notant mentalement chaque donnée. La délégation disparue, les meurtres dans Iftel, le Mage de Sang au plus haut rang, le portail est le Wyrsas.
"Je suis navré pour vos proches, cette "guerre" car cela en est une, aura été vraiment douloureuse pour nombre d'entre nous, et j'ai bien peur que cela ne soit que le début"
Le discours plus militaire d'Oleis permit de remettre les idées en ordre dans la tête de Fitz.
"Vous avez sans doute raison, qu'elle meilleur endroit pour entamer des négociations qu'un lieu neutre pour toutes les parties concernés ? Ce qui me dérange le plus, c'est de savoir où, et contre qui, nous allons réellement devoir nous battre. Je suis heureux de pouvoir compter des alliés tel que vous"
Ce que Fitz avait noté surtout, c'était l'incapacité de son hôte à lui en dire plus sur lui même, et sans savoir vraiment pourquoi, cela l'exaspérait, le tendait même. Il serra son poing droit, le regard perdu et fixé dessus dans une sorte de rage sourde qu'il parvenait difficilement à contenir.
C'est lorsque le mot Glaive fut prononcé de nouveau que le mercenaire sortit de sa posture figée. Il leva alors les yeux vers Ashun pour y croiser un regard emplit d'une tendresse, et d'un espoir qu'il avait rarement vu. Si, peut être dans le regard de son vieux maitre. Mais cela datait d'il y a si longtemps. Personne ne l'avait regardé comme cela avant, et le mercenaire se sentit décontenancé un instant. Il ne put que lui adresser un sourire niais, avant de se rendre compte qu'il allait peut être enfin comprendre... Enfin.
« C’est la deuxième fois que vous m’appelez ainsi Sieur Oléis, et je n’aimerai pas vous causer une quelconque déception quand au rôle que je peux avoir dans tout cela mes amis »
Il ne s'aperçut que plus tard de Maya à ses cotés. La jeune fille lui adressa un sourire si réconfortant, que le coeur du guerrier fondit un instant. Et il y eut le contact, et sa main. Il l'avait desserré la sienne sans s'en rendre compte quand Ashun l’avait fixé, et lorsque Maya le toucha, sa marque se mit à luire légèrement. Le mercenaire rendit son sourire à la jeune fille, restant ainsi dans le silence un instant.
Aux paroles d’Eoghan le mercenaire sortit de sa torpeur.
« Je rejoins ce que dit notre cher ami. Nombreux sont les gens fatigués ici, et je pense que le repos est indispensable pour pouvoir réfléchir à tête fraiche de ce que nous allons devoir faire. Je monterai la garde cette nuit, et Rohan me succédera une fois reposé, si bien sur cela ne te dérange pas. »
Le mercenaire détendit ses épaules un instant, passant sa main libre devant ses yeux. Tout ce temps là il n’avait pas rompu le contact avec la jeune fille. Maya l’avait apaisé. Il arrivait à réfléchir plus tranquillement à tout ca, et il le savait, c’était à elle qu’il le devait. Il regarda de nouveau la jeune fille, et lui adressa à son tour un sourire emplit de calme et de tendresse. Elle savait, Ashun savait, lui… Lui ne savait rien, mais grâce à eux peut être qu’il pourrait enfin être guidé. L’espoir se lisait dans le regard du guerrier.
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La jeune ménestrelle était heures de constater que sa musique avait réussi un tant soit peu à calmer les dyhélis ; pour elle qui avait de la peine à faire passer ses sentiments dans sa musique, c'était une petite victoire.
Mais c'était sans doute une réussite car quelque chose au fond d'elle voulait vraiment aider ces deux petits, qu'elle trouvais très attachant. Ce qui était quelque part étrange, vu que la jeune femme n'avait encore jamais eu de contact avec des êtres non-humains.
Elle était un peu effrayée et à la fois ravie de cette expérience.
Le kyrill semblait de son avis, car il semblait sourire en la regardant, après qu'elle eut joué son morceau. Il lui traduit les "mots" des dyhélis.
Et ensuite, ce qui étonna beaucoup Loelia, il lui demanda si elle était ici comme guérisseuse et si elle voulait encore jouer pour les petits.
"Vos paroles me surprennent, maître kyrill. Je jouerai encore volontiers pour les deux petits, ça me fait plaisir de savoir que ma musique leur apporte quelque chose. Mais non, je ne suis en aucun cas guérisseuse ! juste une apprentie ménestrelle qui étudie la musique dans ce que nous nommons à Haven le Collegium des Bardes. Je suis donc une simple musicienne, c'est tout !"
De voir que malgré tout, malgré son simple statut de "chroniqueuse" des aventures du groupe, elle arrivait à rassurer les deux petits dyhélis, cela lui suffisait amplement pour le moment. Elle avait le sentiment de se sentir réellement utile. Oh bien sûr, elle aimait bien prendre des notes sur ce qui leur arrivait et tenter d'en faire des balades. Mais c'était un travail relativement solitaire qui, quand elle le faisait, ne lui donnait pas toujours l'impression que sa présence soit vraiment indispensable. Dans le sens où, elle le savait, dans le groupe, tous les membres ou presque prenaient aussi des notes au sujet de leurs journées depuis le début du voyage.
Aussi remonta-t-elle joyeusement son luth en position pour jouer, en regardant les deux petits avec un sourire dans les yeux et sur les lèvres.
"Je jouerai aussi longtemps que vous en aurez besoin, je vous le promets."
Elle allait recommencer à jouer quand elle sentit un regard sur elle. C'était Eoghan, qui apparemment portait son attention sur chacun des membres du groupe à son tour, comme pour s'assurer que tout allait bien. Elle lui fit un signe pour lui indiquer que tout allait sans problèmes de son côté.
Puis, après avoir observé chacun des membres du groupe, il se leva, traversa la pièce et se dirigea vers une fenêtre. Il semblait regarder dehors par l'un des volets, comme pour constater que le temps ne s'était pas amélioré.
Elle l'entendit suggérer l'idée de passer la nuit ici, chose qui ne la dérangerait absolument pas, car pour l'heure, elle était épuisée.
Elle en profita pour observer rapidement ses camarades à la dérobée. Visiblement, elle ne semblait pas être la seule à se sentir fatiguée et quelque peu déboussolée.
Mais avant d'aller prendre un bain et d'aller dormir, et éventuellement de discuter un peu avec Enju et Nyaeve de ce qui leur arrivait, elle avait encore quelque chose à faire…
Comme elle ne voyait pas trop quoi jouer pour le moment, elle entrepris, avec un peu d'audace probablement, d'improviser sur le vif quelque chose lui paraissant approprié pour répondre à la demande des dyhéis. Elle puisa son inspiration dans son sens de la musique, assez développé, et également dans les règles de composition et d'harmonie apprises lors des cours au Collegium.
Apparemment, cela devait être bon, car elle sentait que les deux petits avaient compris le rythme qu'elle intimait à sa musique, il semblaient la suivre, tout en refrodonnant les notes produites par la jeune femme.
Rassurée, Loelia sentit les notes venir plus facilement, sans avoir trop besoin de réfléchir à ce qu'elle allait jouer ensuite. Elle se laissa en quelque sorte porter par le morceau qu'elle était en train de jouer.
Toutefois, au bout d'un moment, elle fut étonnée par une chose relativement étrange. Elle entendait le chant des petits dyhélis, ce qui était normal vu qu'ils fredonnaient de concert avec sa musique … mais elle avait le sentiment d'entendre leur chant directement dans sa tête. Enfin, elle n'en était pas certaine, car leur chant s'apparentait à un murmure.
Mais ce chant semblait également résonner dans les cordes fraîchement remplacées de son luth. C'était une sensation assez perturbante.
-
Nyaeve était bien confortable avec sa petite troupe, elle en oubliait presque les fatigues du voyage. Elle essaie d’imaginer la scène d’un oeil extérieur. Elle devait avoir l’air bizarre à parler à haute voie sans avoir aucune réponse à part le regard des non-humains sur elle.
Elle sourit à l’explication sur le prénom de Selm et à son désir de devenir sage. L’explication de ce qu’était un familier la surprit un peu.
- Donc un familier est une sorte de guide d’une autre espèce sur la magie et sur ses dérives. Et surtout un ami qui t’aide à garder les pieds sur terre et ne pas te laisser saouler par l’ivresse du pouvoir. C’est un sacré rôle et cela demande beaucoup de sagesse dis donc. Et c’est donc le non-humain dans toute sa sagesse qui choisit le mage?
Elle ne put qu’avoir un sourire quand Masten se dit pas assez fort, elle n’avait qu’à jeter un coup d’oeil sur ses serres pour frissonner, mais sa voix intérieur était encore tellement celle d’un enfant qu’elle avait de la peine à considérer ce griffon comme un danger.
Selm semblait aussi emprunter qu’elle à expliquer ce qui se passe et comme il se devait, c’est l’adulte qui amena les réponses. Certaines en rapport avec le portail lui firent froid dans le dos. De la magie de sang, il n’y avait rien de lus détestable. Arbretempête en avait fait mention une fois comme la plus vile forme de magie qui soit. Avec son sens de la terre, elle était sensée être particulièrement réceptive à toute utilisation de celle-ci. Mais heureusement pour elle, elle n’avait encore jamais eu à ressentir ses effets. Par contre la réponse sur sa capacité à comprendre les créatures non-humaines la ravit, elle s’était sentit à l’aise avec le griffon et le kyree immédiatement, mais était-ce parce que c’était des jeunes ou parce que c’était des créatures non-humaines, elle ne le savait pas, mais elle avait toujours été confortable avec les animaux.
- Est-ce que je peux aussi parler avec vous sans utilisez ma voix?, dit Nyaeve. Ce serait drôlement pratique et je pense que je ne peux avoir une conversation construite comme celle-ci uniquement avec des créatures évoluées comme vous. En quoi dois-je faire attention, il y a des risques à parler ainsi, est-ce un peu comme en magie si on ne relève pas des boucliers des non-humains pourraient s’infiltrer dans mes pensées? Je pense en effet que nous allons bien nous entendre, vous semblez gentille et prévenante.
Elle regarda la salle autour d'elle, une simple ferme et la pluie qui ne cessait de tomber. Ils étaient surement bloqués là pour la nuit. Eoghan faisait même allusion à ce que Elifar prenne son bain. Elle se retourna, Qui prenne son bain? C'tait Maya qui était juste à coté de lui. Elle ne s'avisa pas de poser une question.
- Bon, il fait faim, non? Nous n'avons pas cessé de marcher de la journée et avec le mal de tête carabiné que j'avais, je n'ai rien mangé. Quelqu'un veut m'aider? Elle se rendit compte du ridicule de sa question en regardant Masten et Selm. Elle posa donc son regard sur Gaylee. Je suis sur que vous pourrez m'apprendre des choses de la cuisine d'Iftel, vous pourriez aussi m'en apprendre sur Iftel, elle-même, il y a toujours eu un voile de mystère autour de votre pays. On m'aurait dit il y a deux ans que je viendrais ici, je ne l'aurais jamais cru!
-
[justify:338zt5z4]Enju buvait les paroles de Ashun. Vraiment, la situation n'avait pas été toute rose de leur côté non plus. Pourtant, leur réponse à eux se trouvait à Iftel, à moins que ce qu'ils cherchaient étaient... Ici ? Dans la même pièce qu'eux tous ? Deux délégations, un seul but. Enju prit le temps de réfléchir un moment, les yeux baissés pour ne pas voir Ashun, ne pas le confondre avec Anshuu... Bien que son regard ne soit posé sur l'ombre du Grand Prêtre. Triste, elle l'était assurément. Frustrée, aussi, car la jeune femme n'arrivait pas à convaincre son coeur et son esprit que c'était un tout autre homme qu'elle avait devant lui, et non ce Robe Rouge pour qui elle effectuait de menus travaux de scribe quand elle le pouvait, et quand il le lui demandait.
Ashuin évoqua des mages de sang, et une fois de plus, Enju ne pu s'empêcher d'effleurer la cachette des manuscrits qu'elle transportait. Ysaline de Louhens avait été une victime d'un tel monstre, et la colère se mêla à la tristesse dans ses yeux. Mais elle resta silencieuse, ruminant ses tristes pensées, jusqu'à ce que Eoghan se lève. Elle le suivit des yeux, et réalisa au bout de quelques secondes qu'elle pouvait parler avec Ashun... Seul à seule ! Essayant - en vain ! - de mettre de côté ses souvenirs, sa tristesse, Enju fixa le Grand Prêtre, et inclina la tête respectueusement. La tristesse de l'homme était palpable, et elle s'en retrouva désolée, bien qu'elle n'en fut pas la cause - du moins l'espérait-elle ! Aussi approcha-t-elle son fauteuil un peu plus du prêtre, les yeux baissés. Elle chercha quoi dire un moment...
- Grand Prêtre An... Ashun. Je suis sincèrement navrée pour vos amis. Nous aussi, nous avons hélas eu des victimes de Mages de sang dans nos rangs, à Valdemar même." Elle frissonna. "J'aimerai vous demander si vous savez où menait ce portail car après tout, qui sait... Cela pourrait être un indice..."
La voix de la prêtresse s'éteignit sur ces derniers mots. Elle poussa un soupir, et sans prendre les milles précautions qu'elle avait prise jusqu'à présent, Enju sortit les deux manuscrits de leur cachette. Elle les tint fermement entre ses doigts, crispés dessus, et les garda près d'elle. Ses yeux plongèrent dans le regard du prêtre devant elle.
- Des gens sont morts pour ces manuscrits, Grand Prêtre. Une amie diplomate, ainsi qu'un... un..."
Des larmes envahirent ses yeux sombres, ses lèvres tremblèrent. Mais elle refusa de baisser la tête.
- Un prêtre de Vkandis a été tué pour ses travaux sur l'un de ces livres. Un... Robe rouge, le prêtre Anshuu... Vous..."
"... Lui ressemblez beaucoup" aurait-elle voulu dire. Mais non. Il n'était pas digne d'elle de se laisser aller ainsi. Enju inspira profondément et reprit d'une voix qui tremblait toujours un peu :
- J'ai tenté de continuer le travail de Anshuu, mais c'est au-delà de mes capacités. Je priai pour trouver de l'aide à Iftel et je crois, j'ai l'intime conviction même, que vous pourriez m'aider à traduire ces manuscrits."
Pourtant, Enju ne les lâcha pas. Elle craignait qu'un maléfice quelconque ne frappe à nouveau quelqu'un, d'autant plus une personne qu'elle avait déjà vu mourir une fois. Enfin, Enju baissa la tête.
- Vous pourriez peut-être trouver des informations intéressantes dans ces maudits manuscrits...", murmura-t-elle.[/justify:338zt5z4]
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La ferme abandonnée bruissait de tous ces sons mélangés. Humains et non-humains faisaient un chassé-croisé impressionnant, presque sensible, tout en gardant une atmosphère générale plutôt paisible. Dans leur coin, surveillant le tout sans s’impliquer, les soldats et les Hérauts discutaient entre eux et arrangeaient leur partie de la salle plus confortablement. Certains étaient allés vérifier dans le reste de la maison si d’autres pièces étaient utilisables. Un des soldats vint discrètement vers Rohan préciser que des chambres étaient prêtes à être utilisées et qu’on pouvait même utiliser le grenier comme dortoir car il était sec et plutôt propre. Sur un signe du chef, la plupart des soldats quittèrent la salle principale pour aller s’occuper des lieux et les rendre propres à être utilisés. D’ailleurs, quelques guérisseurs dans leurs rangs se proposèrent pour faire chauffer de l’eau pour se laver dès que possible. A tant dans une seule maison, l’hygiène comptait pour éviter les conflits de nez.
A table, et près du feu, certaines personnes s’occupaient de l’aspect « diplomatique » plutôt que pratique.
Enfin, diplomatique, ça dépendait pour qui, évidemment. Certains jeunes et avec moins de tact aidaient à faire avancer la conversation, mais on ne pouvait pas dire qu’ils aidaient à avoir de bons contacts avec des étrangers aussi « étranges » que ça.
Trop de choses se passaient, peut-être. Eoghan semblait bizarre. Lui qui avait la langue si pendue habituellement semblait avoir du mal à trouver ses mots, à parler tout simplement. Cela ne choquait pas le prêtre qui ne le connaissait pas, mais d’autres pouvaient s’en rendre plus facilement compte. Cependant Ashun leva le regard, intrigué, quand le jeune mage se leva. Il le regarda se diriger vers la fenêtre, comme s’il se désintéressait de tout. Pourtant de grandes choses venaient d’être avouées. Le Robe Rouge se demanda si tous ceux qui cherchaient des réponses étaient capables de les entendre. Eoghan en savait-il plus qu’il ne le disait ? Leur cachait-on quelque chose ? Oui, ce serait normal de ne pas tout dire à des étrangers inconnus et inhabituels comme eux ; même si eux-mêmes avaient décidé de jouer la carte de la franchise, maintenant qu’ils avaient une preuve de qui étaient leurs compagnons inattendus.
Le grand prêtre garda un œil sur Eoghan tout en suivant le reste de la conversation, et ne fut pas surpris quand il reprit la parole, au contraire du Duc qui sursauta, ne s’attendant pas à une voix derrière son dos.
En tant que chef, Ashun prit la parole :
« C’est normal que l’orage continue, c’est le contre effet du Portail. Nos amis griffons essayent cependant d’apaiser l’énergie au maximum. » expliqua-t-il. « Mais vous avez raison, vous venez d’arriver, vous avez autant besoin de vous reposer que nous. »
L’air du Grand Duc changea. Il ressembla une seconde à un petit garçon contrarié, déçu, mais il se reprit vite après un coup d’œil réprobateur du prêtre qui lui dit qu’ils avaient largement le temps de reparler de tout ça.
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Pendant qu’Ashun surveillait Eoghan à sa fenêtre, Oléis le noble avait continué à discuter avec Fitz. Il avait eu l’air satisfait, voir heureux, après le choc de la marque. Il y avait des choses qui l’inquiétaient, et comme il le dit à Fitz qui s’inquiétait lui aussi du lieu de la Bataille, il n’y avait pas encore de réponses, mais Ashun avait des chances de trouver bientôt les réponses à ce genre de questions si d’autres sages l’aidaient. Il déplora le fait qu’ils soient si peu dans la délégation ; mais si cette guerre contre l’invisible était une priorité, peut-être qu’ils trouveraient d’autres alliés non affiliés aux mages de sang.
Ensuite, la marque sur la main de Fitz avait réveillé l’espoir, même s’ils ne pouvaient dire plus pour le moment. Ashun avait regardé Fitz, et était retourné dans sa contemplation d’Eoghan. Oléis quant à lui avait répondu :
« Vous n’aurez pas … la possibilité de nous décevoir. Vos gestes seront importants, et peuvent changer le cours des choses, mais vous saurez ce qu’il faudra faire quand il le faudra. Enfin, c’est ce qu’on nous a dit. »
La petite Maya près de Fitz sourit plus largement ; mais le sourire se ferma devant le stratagème d’Eoghan. La petite voix sage et sereine s’éleva alors, après que Fitz ait approuvé et proposé un tour de garde que Rohan approuva, et le ton était légèrement oppressé:
« Il n’est pas l’heure de se coucher, et même si un bain me ferait du bien il y a des choses plus importantes pour le moment. Je n’ai pas le droit de trop m’investir dans les affaires humaines, mais puisqu’ils t’ont reconnu, Fitz, pourquoi ne pas comprendre maintenant ? »
La jeune fille sourit à Fitz gentiment, et regarda Oléis, puis Ashun.
« Je vous laisse l’honneur ? » proposa-t-elle aux deux hommes.
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Ashun sembla alors comprendre quelque chose. Cette fillette avec tant d’autorité ne devait pas être ce qu’elle semblait. Il la regarda bizarrement, puis ses sourcils se froncèrent vers Eoghan. Les avait-ils dupé ? Maya sortit alors de sa tunique un pendentif que personne n’avait vu jusque là. En spirale, il était la copie conforme de la marque sur la main de Fitz. Le regard d’Ashun s’éclaira. Il sourit et inclina respectueusement la tête vers elle, avant d’acquiescer.
Même si Ashun ne semblait plus s’occuper réellement d’Enju, il ne l’en avait pas oubliée. Il avait senti qu’elle avait besoin de réfléchir et d’accepter ce qu’il disait, ce que Oléis disait ; ce qui se passait. Malgré son regard en coin pour surveiller Eoghan, et l’intérêt qu’il portait dans le même temps à Fitz, il attendait une réaction de la jeune femme. Il la sentit s’approcher et hésiter, et il attendit que les autres se débrouillent entre eux pour répondre… Interrompu par Maya qui se dévoilait.
Cependant, il reprit vite le contrôle et se tourna, bienveillant, le regard éclairé, vers Enju. SA tristesse était palpable, mais son besoin de savoir aussi. Il répondit :
« Nous pensons savoir qui l’a lancé, mais nous n’avons que des doutes sur l’endroit où menait le Portail. Soit dans un endroit souillé où il y a eu des manipulations magiques, soit dans un endroit non nettoyé par nos amis Tayledras. Nous avons surtout pensé à le fermer et empêcher les créatures de nous tuer. »
Les yeux du vieil homme se baissèrent sur les doigts d’Enju qui sortaient les manuscrits de leur cachette, et il fronça les sourcils, ne disant cependant rien. Il attendit qu’elle parle. L’importance des manuscrits ne lui échappa pas, surtout à cause du ton et des doigts crispés. Il tendit une main réconfortante pour toucher le bras de la Karsite – le bras qui ne tenait pas les manuscrits - et soudain, il sentit son propre menton trembler.
« Je l’ai senti mourir. » chuchota-t-il, presque inaudible.
Il la laissa continuer. Puis il attendit qu’elle les donne, et voyant qu’elle n’en faisait rien, il secoua doucement la tête. Maya les regardait, et hocha doucement la sienne, en acceptation.
« Je peux essayer. »
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Plus loin, Loelia s’étonnait des conclusions du kyrill, et acceptait de continuer à jouer pour les dyhélis, bien que l’air du kyrill indiquait clairement qu’il doutait qu’elle soit une « simple musicienne ». La créature se mit à étudier fixement chacun des gestes de la ménestrelle qui jouait. Les dyhélis firent de même, avant de commencer leur accompagnement étrange. Eux se souciaient peu des humains, à part de celle qui leur tenait compagnie et les drames qui se jouaient plus loin ne les atteignaient pas.
Le temps passa en musique pour eux, et ils semblaient bien plus détendus, moins tristes. Quand l’improvisation de Loelia prit fin, ils la regardèrent d’un air reconnaissant. L’un deux souffla en sa direction, et le kyrill toujours là prit la parole doucement :
« Ils disent merci. Ils se sentent moins seuls. » puis le ton changea, et devint celui d’un ordre : « Votre Don utilise vos forces, allez prendre ce bain dont parlait votre ami, et mangez un morceau avant de revenir. J’aurai à parler avec vous de ce qu’est un tron’dirn. » Et la créature vint aider la jeune fille à se lever, et la chassa presque de la pièce.
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Nyaeve, elle, se débrouillait avec une autre sorte d’enfants. Le griffon et le kyree soulevaient des questions et ramenaient des réponses incomplètes. D’ailleurs, Selm sembla un peu perdu :
Je ne sais pas. C’est la Magie qui choisit le couple je crois. Un Mage peut faire une invocation mais des fois c’est naturel.
Masten réclamait de l’attention aussi, et sembla content qu’elle l’observe aussi attentivement. Il se grandit et fit presque le beau. Il semblait beaucoup s’amuser de ça, d’ailleurs.
Gaylee, la kyrill, elle, amena d’autres réponses… et d’autres questions. On aurait dit un cercle vicieux, mais Nyaeve commençait à comprendre ce qui changeait chez elle.
Vous pouvez essayer. Je pense que vous avez la capacité de nous répondre. Il n’y a pas de risques si vous relevez vos barrières mentales. Et quand vous les abaissez, vous pouvez choisir ce que vous dites. Personne de bien intentionné n’ira forcer votre esprit à donner des informations, et de toute manière vous le sentiriez. L’avantage de parler comme ça, c’est que c’est plus facile de traduire les mots parce que nous parlons en idées et non en mots. expliqua la créature.
Et Nyaeve put sentir que Gaylee était flattée d’être considérée comme avenante et intéressante pour la jeune femme.
La jeune femme fut interrompue par la proposition d’Eoghan, et proposa de manger. Selm et Masten relevèrent la tête, et ils s’exclamèrent dans son esprit que c’était une très bonne idée. Gaylee accepta de l’aider, volontiers, et lui fit signe de la suivre vers le feu et les casseroles. Un soldat venait de leur apporter des rations et Gaylee sortit celles de son groupe. Il y avait de quoi contenter tout le monde avec un bon repas chaud.
Que voulez-vous savoir ?
[ Eoghan : tu peux bien sûr décider de quitter la conversation et aller aider à nettoyer, voire prendre le bain que tu proposais. Aranel a été emmenée dans une des chambres avec d’autres Hérauts pour se reposer, laissant la charge des contacts à votre petit groupe. Si tu restes, tu remarqueras près de griffons concentrés dans le fond, une forme qui te semble reconnaissable. Si tu pars, tu peux prendre ton temps. Quoi qu’il arrive, tu te sens de nouveau barbouillé, comme si tes certitudes vacillaient et se répercutaient sur ton estomac.
Enju : tu captes le signe de tête de Maya et tu te dis que tu peux peut-être en dire un peu plus à Ashun… C’est un bon pressentiment, mais ta peur de le mettre en danger reste présente.
Fitz : l’intervention de Maya te semble presque normale, comme si les pièces d’un puzzle se mettaient en place. Oléis semble brûler d’envie de t’en dire plus mais c’est d’Ashun que viendraient les réponses ? Ashun qui semble très occupé par Enju malheureusement… Peux-tu cuisiner Oléis ou Maya ?
Loelia : tu te sens effectivement épuisée, et l’autorité du kyrill te force à quitter ta chaise et obéir. L’homme qui surveillait Eoghan et les autres (tu ne sais pas que c’est lui) se propose pour t’accompagner et te montrer les bains préparés et l’endroit où vous dormirez.
Nyaeve : tu vas aider Gaylee à cuisiner, et plus le contact avec elle se prolonge, plus il te semble mieux comprendre ce qu’elle dit, comme si c’était moins voilé. ]
-
Quand Eoghan perçut le regard du prêtre, il fronça les sourcils. Pourquoi ce dernier ne cessait-il pas de l'observer ? Ils étaient tout de même assez nombreux pour ça non ? Un regard à Enju et celle-ci lui sembla presque étrangère bien qu'elle ne fut pas plus familière que ça au cours du voyage. Le jeune mage songea que si on l'avait emmené dans la caravane de Valdemar, ce n'était sûrement pas pour jouer aux dames. On le savait assez rusé et observateur, peut-être l'avait-on désigné pour assurer les arrières des autres. Et Enju lui semblait si vulnérable. Ce qui n'était peut-être pas le cas, cela étant.
Pourtant, quand Maya reprit la parole, il ne pu s'empêcher de serrer la mâchoire. Cette petite peste se montrait en public alors qu'il n'était pas sûre qu'elle fut en sécurité. Elle prenait un malin petit plaisir à déjouer ses effets, ce qui, personnellement, l'agaçait. Tant pis pour elle, il ferait en conséquence. Cependant, il lui répondit.
_ Oui mais après tout le voyage, un bain ne te ferait pas de mal.
Il haussa un sourcil et non sans un regard furtif au prêtre dont Maya avait, à présent, toute l'attention, il reporta ses yeux dans le petit interstice pour voir l'orage. Avait-il faim ou était-il contrarié, il l'ignorait mais il sentait son estomac lourd et barbouillé. Dans long soupir, il se redressa et fut pris par sa propre odeur. Une légère grimace et malgré le fait qu'il avait l'habitude d'être sale et en sueur, le fait d'être barbouillé ainsi le gêna plus que de raison.
_ Si tu n'y vas pas, petite fille, c'est moi qui prends ta place.
"Petite fille"... Pas qu'il la détestât mais cependant il l'appréciait guère. Aussi se désintéressa-t-il de la conversation actuelle qui ne le concernait pas de toute façon, et il suivit ceux qui quittaient la pièce dans l'idée de se détendre dans un bain bien mérité, loin de tout ce qui faisait remonter sa migraine, toute aussi légère qu'elle fut à cet instant.
-
Ces quelques, mots, ce contact, cette simple phrase.
Fitz l'attendait.
Juste cette simple phrase.
Il jeta un oeil à Eoghan, et tenta de le rassurer d'un simple regard à son arme, puis au mage. Quoiqu'il arrivait, il ne savait pas pourquoi, il voulait protéger la jeune fille.
"Bien. Si il doit en être ainsi alors il en sera ainsi".
Le mercenaire, se détendit les épaules, posa sa main sur le bras de la jeune fille, et regardant Oléis droit dans les yeux.
"Je suis le glaive, cette marque vous la fait comprendre, je suis donc bien un élu d'Aanor comme vous l'avez compris. Je ne sais rien d'elle, ou si peu. D'autres élus ont tenté de m'expliquer, mais contrairement à eux, je n'ai pas la.... Foi si on puis dire."
Le mercenaire, se concentra un instant avant de reprendre son discours.
"Tout ce qu'ils ont su me dire c'est que je suis différent des autres élus, que mon destin est autre. Et l'autre seule chose que je sais pour ma part, est que la jeune fille à mes cotés, est peut être la personne la plus importante sur cette planète pour la déesse. Je préfèrai vous la cacher, car même si je suis en confiance avec vous, mon travail veut que je ne risque la vie de personne, et certainement pas d'elle. Je vous présente Maya, qui nous accompagne dans ce voyage. "
Fitz laissa un instant cette déclaration planée, il savait qu'ils avaient déjà compris, à partir du moment où elle avait ouvert la bouche, les choses étaient révélées.
"Comme je vous ai dit beaucoup ici en savent énormément sur Aanor, certainement plus que moi qui vous ait accaparé depuis que nous sommes arrivés. Maya bien sur, mais Enju aussi, qui a étudié et essayé d'aider lorsque ces évènements se sont produits chez nous. C'est uniquement grâce à ces gens que nous sommes aujourd'hui ici."
Sur le visage du mercenaire, un sourire triste apparut.
"Mais tout n'est pas si simple, je ne sais toujours rien. J'ai eu des visions, elles m'ont été envoyé, j'ai pu voir des gens morts, et leur parler, je sais des choses sur ceux que je touche, et j'ai cette marque qui me fait souffrir le martyr, moi qui supporte des douleurs au delà de ce que les mortels peuvent accepter.... Et il n'y a qu'une seule question qui tourne dans ma tête......"
Le regard de Fitz se posa sur Maya, Oléis, puis Ashun
"Qu'est-ce-qu'on attend de moi ? "
Il laissa le silence s'installer, et d'une voix intelligible et puissante, le regard perdu dans le bois de la table.
'Est-ce qu'un seul d'entre vous et capable de répondre à cette question ? Vous Oléis ou Ashun, qui semblait tant en savoir sur mon "avenir " ? "
Il tourna son regard vers Maya, son sourire triste toujours figé.
"Ou toi qui est son envoyé, sa parole sur terre, sa voix parmis nous ! "
Puis prommenant son regard dans la salle, il s'arréta de nouveau sur Enju.
"Ou encore vous Dame Enju.... Vous qui semblez si passionée et curieuse vis à vis de tout ca ? "
Le mercenaire souffla un instant, les paumes de la main devant ses yeux.
"Pourquoi moi ? Qu'attend-t-on de moi ? Je ne suis rien, et personne."
A cet instant, à ces mots, le guerrier et mercenaire, si dure et froid, semblait épuisé... Vraiment épuisé.
-
Cuisiner, voilà quelques choses qu'elle maitrisait. Enfin elle n'avait jamais préparé un repas pour un si grand nombre. Entre les rations des deux groupes, il y avait de quoi faire et l'aide de Gaylee était précieuse. Selm et Masten avaient suivi mais à part babiller et piquer un morceau par ci par là, il n'allait pas être d'une grande aide. Se retrouver dans une assemblée avec des gens de tout âge, comme il y en avait si souvent au village, lui avait manqué. La vie au Collegium était si organisée, si sérieuse. Malgré l'importance qu'elle savait de la mission et l'intuition que certaines choses allaient peut-être se résoudre ou avancer ce soir, elle ne pouvait qu'apprécier l'instant. Elle regarda le kyree et le griffon.
"Vous deux, vous vous asseyez là sagement et vous ne touchez à rien, pas de pattes ou de serres sur la nourriture, jusqu'à ce qu'elle soit comestible pour tout le monde." Le sourire qui accompagnait ces paroles n'avaient rien d'autoritaire mais plus de l'invitation à ne pas trop distraire. "Bon, avec tout cela, il y a de quoi faire, je pense que le plus simple sera de faire un ragout, la viande sera plus tendre et cela tiendra bon chaud à tout le monde.
Alors qu'elle mettait un chaudron su le feu avec un fond d'eau et invitait Gaylee d'un geste à couper tous les différents ingrédients, elle recommença à parler de ce fameux Don et d'Iftel.
"Donc si je comprends bien, tout comme en magie, il faut créer une sorte de bouclier ou mur autour de notre esprit et ne laisser filtrer que ce que l'on veut dire et ce que l'on veut entendre? C'est un peu comme ce que tout héraut doit faire dans sa relation avec son compagnon, quand il est doué de Parole par l'Esprit? Mais qu'utilises-t'on comme matériaux pour ce bouclier, en magie, je vois bien, mais comme cela dans l'esprit." Elle essaya de faire une tentative de s'adresser à eux sans mots. Est-ce que vous m'entendez là? pensa-t'elle en essayant de le penser très fort et de le projeter vers les autres.
Elle revint alors sur le sujet d'Iftel.
"A la présentation de vos amis, j'ai cru comprendre qu'il y avait une cour et un clergé assez puissant dans votre pays. Qui est la personne qui dirige le pays, est-ce un élu des dieux et le haut-prêtre de la religion comme à Karse ou est-ce un roi comme à Valdemar et Rethwellan? Et comment viviez-vous avant que la barrière ne s'efface, j'ai cru entendre que vous étiez très friants de tournoi? Et quelle proportion de la population est non-humaine? Je vous harcèle un peu de question, non? C'est juste que je viens du Rethwellan et avant d'arriver à Valdemar des créatures non-humaines pensantes, je n'en avais jamais vus et j'ai l'impression qu'il y en a encore plus chez vous."
Commençant à couper de la viande, elle demanda: "Vous mangez de la viande? histoire de faire un plat séparé si vous n'en mangez pas. Je pense que les dhielis ne vont de toute manière pas manger les légumes bouillis? Qu'est-ce qu'ils vont préférer d'ailleurs?"
-
Depuis que le groupe était arrivé à la ferme, Loelia avait passé le plus clair de son temps à jouer pour les dyhélis, leur tristesse l'ayant vraiment touchée, même si elle ne savait pas vraiment pourquoi. Mais comme il était apparu de manière assez évidente qu'elle pouvait faire quelque chose pour eux, elle ne s'était pas faite prier pour continuer de jouer pour les deux petits.
Toutefois, quand les petits semblèrent détendus et un peu apaisés, le kyrill qui se tenait auprès d'eux la pria d'écouter un peu les suggestions d'Ehogan et de se reposer, car elle devait être fatiguée.
La jeune femme s'aperçu en effet avec une certaine surprise qu'elle était épuisée.
*Sans doute le fait d'avoir joué aussi longtemps, pensa-t-elle. Mais ces petits semblaient vraiment avoir besoin de réconfort. Heureusement que j'ai profité du voyage pour perfectionner ma technique au luth, sinon je n'imagine pas la cacophonie…*
Elle sourit en elle-même. Avant de se rembrunir.
*Il faudrait quand même que je leur demande pourquoi cette tristesse. Je l'ai ai aidé en quelque sorte à adoucir les symptômes, mais la cause doit être profonde et grave pour les avoir mis dans un tel état.*
Mais le kyrill semblait vraiment insister pour qu'elle aille se détendre dans un bain maintenant, et pas après. Ce qui la surpris, c'est que ce dernier annonça également vouloir lui parler des tron’dirn après son retour. Elle ne voyait pas trop ce qu'elle avait à voir avec des soigneurs de griffons, mais elle était curieuse de ce que le kyrill avait à en dire.
Il l'aida à se lever et lui indiqua poliment la sortie de la pièce. Un homme était là, se proposant de la guider vers les bains ainsi que le lieu préparé pour que le groupe passe la nuit.
"Je vous remercie et je veux bien en effet que vous me montriez les bains ainsi que nos "lits" pour cette nuit. Par contre, pouvez-vous attendre quelques minutes, le temps que je vérifie que mes compagnons n'ont pas besoin d'aide?"
Elle commença par Ehogan, qui avait manifesté le premier le désir de prendre un bain. S'approchant de lui doucement, elle se permit de lui désigner l'homme à l'entrée.
"Il va me conduire aux bains, car j'en ai autant besoin que toi voire que l'entier de notre groupe, si tu veux mon avis. Si tu veux savoir où te laver, je te suggère de le lui demander ; je vais moi aussi venir, mais je veux d'abord vérifier si Nyaeve peut cuisiner seule, ou si elle a besoin d'aide."
Elle jeta un regard à Fitz, qui semblait aussi épuisé qu'elle, mais encore en pleine conversation. Elle nota mentalement de l'envoyer au bain dès son retour du sien et de lui servir rapidement à manger quand il aurait fini.
Puis, elle s'approcha de Nyaeve, qui coupait de la viande tout en discutant activement et s'informant de ce que leurs hôtes mangeaient.
"Il me semble que tu es un peu seul pour cuisiner pour notre groupe entier ainsi que nos hôtes. Je suis une habituée de la popote, car je préparais souvent les repas dans ma famille. Que puis-je faire pour t'aider?"
-
[justify:3pb83olp]Enju serrait nerveusement les manuscrits entre ses doigts fins, qui tenaient davantage de serres d'un prédateur au vue de sa prise dessus. La karsite devait se concentrer pour ne pas fondre en larmes et trembler convulsivement. Ces manuscrits, elle les haïssait, pour le malheur qu'ils apportaient, alors qu'ils pouvaient être la source de nombreuses réponses. Alors pourquoi n'arrivait-elle pas à les lâcher, à les donner à ce prêtre en Robe Rouge ? Ce clone de celui qui était mort pour protéger l'un de ces livres ?
Elle ne prêtait qu'une oreille distraite aux questions de Fitz. Elle les entendait, et elle aurait aimé lui répondre. Mais Enju... Avait-elle bien entendu le murmure de Ashun ? Avait-il bien dit ce qu'elle croyait ? La karsite restait bloquée là dessus, les yeux baissés, à fixer le sol. Elle aussi, elle aurait plein de questions. Pourquoi Aanor fait-elle du mal à tous ces gens, de tous ces peuples, pour qu'on se souvienne d'elle ? Pourquoi ne demande-t-elle pas l'aide des autres Dieux, plutôt que de s'en prendre à leurs Leshya'E ? Quels étaient les pouvoirs, réels, de ses Elus ? Y'avait-il réellement un traitre, parmi eux, où n'était-ce que du pipeau ?
Aanor devait elle être sauvée ou non ? Il y avait de quoi se poser la question. Un coup de tonnerre, à l'extérieur, fit sursauter la jeune femme, qui ramena les manuscrits tout contre elle, et se pencha en avant. Etait-ce un signe ? Etait-ce Vkandis qui la rappelait à l'ordre ? Enju pensait en cet instant, alors qu'elle avait le moral bas, combien Aanor semblait mal faire les choses, et surtout, faire du mal. Et si ce n'était pas une bonne déesse ? Ce n'était peut-être pas pour rien que son culte avait été dissout. Nouveau coup de tonnerre. Enju décida d'y voir un signe divin.
Elle avait juré qu'elle ferait tout pour sauver Aanor. Enju coula un pauvre regard vers Maya, dont l'identité était à présent connue de tous, et capta son signe de tête. Perdue, elle se demanda ce qu'elle devait y voir. Un accord ? Bien. Un accord à quoi ? Enju resserra sa prise sur les manuscrits, et se dit : "Oh. Ca." Nouveau regard penaud vers le sol, avant qu'elle ne parvienne, avec force réticence, à tendre les livres à Ashun. Ses mains tremblaient, les livres revinrent contre sa poitrine. Ils firent ainsi l'aller retour plusieurs fois - gymnastique des bras ! - avant qu'elle ne parvienne à garder les livres du côté du prêtre.
- Ces livres sont porteurs de malédiction, Prêtre Anshu. Ashun.
Elle était perdue, elle n'arrivait pas à le regarder. Enju ne se reconnaissait pas, à perdre ainsi les pédales. Mais il fallait qu'ils avancent, qu'ils trouvent des réponses, tous ensemble. Et il y en avait peut-être dans ces livres. La karsite voulut bâiller, et retenir ce réflexe lui montra combien elle était fatiguée. Mais elle ne se laisserait pas démonter. D'ailleurs, dès que le prêtre eut pris les livres, et retira sa planche d'écriture de sa cache, derrière le dossier, et l'étala sur ses jambes immobiles, avant de sortir son matériel d'écriture. Une nuit blanche ne l'avait jamais tuée. Et elle était de toute façon prête à mourir pour que Fitz ait des réponses. Pour que Aanor soit sauvée. De toute façon, elle avait été en contact avec les manuscrits depuis trop longtemps : sans doute le couperet ne tarderait-il pas à lui tomber dessus. Pessimiste ? Enju ne l'était pas. Car elle devait avoir l'espoir que bientôt, tout s'arrangerait. Elle osa enfin affronter le regard du Robe Rouge, et leva les yeux.
- Si vous le voulez, et surtout si vous le pouvez, nous pouvons travailler dessus toute la nuit. Je vous ssisterai du mieux que je peux, sans oublier de vous raconter ce que nous savons déjà...
Mais il fallait avouer que l'aveu d'Ashun résonnait encore dans son esprit. Je l'ai senti mourir... Non, elle ne devait pas lui demander comment ça s'était passé, ni si Anshuu avait souffert, s'il avait entendu un message... C'était au dessus des forces de Enju. Pour le moment...[/justify:3pb83olp]
-
Maya accorda un regard plein d’innocence et un sourire légèrement ironique à Eoghan. Elle savait autant se comporter comme une gamine normale et agaçante que comme l’étrange messager divin qu’on voulait qu’elle soit. Avec Eoghan, c’était souvent son côté enfantin qui ressortait. Mais il fallait dire qu’il était assez facile de le mettre sur la défensive.
« Tu peux y aller alors. » répondit-elle d’un ton léger sans se soucier de son surnom de « petite fille ».
Sa fierté n’était pas mise en cause car les autres adultes la regardaient comme la Voix d’Aanor et non comme la petite sœur un peu peste qu’elle pouvait être.
Elle ne s’occupa plus de lui, alors qu’il s’éloignait, rapidement rejoint par Loelia. Cette dernière avait prévenu Eoghan qu’elle partait avec le soldat. Celui-ci n’avait plus du tout son air trop concentré sur la conversation, et semblait totalement détendu. Il sourit quand il vit qu’on le regardait, et fit signe qu’il était prêt. Il regarda ensuite Loelia s’éloigner pour rejoindre le coin cuisine avec un léger soupir d’exaspération : il n’allait pas attendre trois plombes ! Heureusement, Gaylee refusa l’aide de la ménestrelle :
« Allez détendre vains dans bain tant que l’eau être chaude, nous être assez. Je vous envois Nyaeve après. »
Son mari venait d’ailleurs de les rejoindre, et il donna une petite tape, gentille mais ferme, à la jeune femme :
« Je vous ai dit d’aller vous reposer, et que nous parlerons après. »
Le soldat attendait toujours de guider Loelia.
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Pendant ce temps, Fitz présentait officiellement Maya. Cette dernière hocha la tête gracieusement pour saluer, et sourit gentiment à son protecteur. Oléis et Ashun ne semblaient pas vexés des précautions de Fitz – Oléis s’avouait en fait qu’il aurait agi exactement de la même manière. Ils laissèrent l’homme continuer son petit discours. Oléis se concentrait à nouveau plus sur lui que Ashun. Mais Fitz semblait avoir besoin de réponses plus que de donner des explications. C’était bien normal, et pour une fois, Maya sembla un peu gênée. Elle n’avait rien dévoilé encore d’intéressant. Elle ne savait pas elle-même trop ce qui la retenait, mais Indra n’avait encore rien dit, et elle n’osait s’autoriser à trop en dire… Et même si tout le monde la croyait presque omnisciente, il y avait tellement de choses qu’elle ignorait !
Le plaidoyer de Fitz l’avait émue, surtout sa prise à parti, et elle se mordilla les lèvres. Oléis la regarda. Elle regarda Ashun. Enju avait toute l’attention de celui-ci. Maya fit alors un léger signe de tête à Oléis :
« Dites lui ce que vous savez sur le Glaive, s’il vous plait ; demanda-t-elle.
- Hé bien… Commença Oléis, un peu mal à l’aise, regardant Fitz. Le Glaive est la main armée de la Déesse sur cette Terre. Il doit défendre Aanor contre les agressions. Être en première ligne contre le Mal. Si j’ai bien compris, le pouvoir d’Aanor passe ici par son Elue première, son prophète si vous préférez… Maya. Qui est aussi Grande Prêtresse de Son culte. Même si, sans vouloir vous vexer… Vous êtes un peu plus … jeune que ce que je pensais… Bref… (Il se reprit). L’autre chose est un artefact très puissant, empli de magie divine. L’Orbe d’Aanor. Vous êtes là pour aider le monde à protéger cette Orbe et Maya. Pourquoi vous…
- Parce que vous aviez l’âme faite pour ça. Même les Dieux ne peuvent décider pour le Destin. C’est tombé sur vous parce que vous êtes fait pour protéger, parce que votre Histoire a fait qu’Aanor peut compter sur vous. » conclut Maya.
La main de la jeune fille se mit à caresser la main marquée de Fitz.
« Cette marque est la marque d’Aanor et de notre culte. Je crois qu’elle vous sert autant à pressentir lorsque le Mal est dans les parages, qu’à vous guider vers Elle, et agir contre le Mal, contre l’Ombre. » expliqua-t-elle.
Oléis hocha la tête :
« Et vous allez être notre Guide aussi, Seigneur Fitz. » Et ce n’était pas une question.
« Tout ira bien. » chuchota alors Maya gentiment.
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Nyaeve s’en sortait pas mal avec la nourriture. Gaylee avait validé son idée de ragoût et lui avait donné de quoi jouer du couteau. Masten et Selm semblaient très intéressés par la manœuvre, mais la menace de la jeune mage avait fait effet. Ils s’étaient prudemment mis assez loin, mais écoutaient de toutes leurs oreilles.
Après avoir renvoyé Loelia, la kyrill se reconcentra sur leur conversation. Elle confirma les premières impressions de la jeune femme, en précisant tout de même que n’étant pas mage, elle pensait sincèrement qu’une démonstration par quelqu’un d’autre serait mieux pour qu’elle comprenne comment ça marchait… Et soudain, elle sursauta :
Hé ! Moins fort ! Vous n’avez pas besoin de crier. La moitié de la compagnie vous a entendue, je crois. Vous n’avez qu’à vous concentrer sur la personne à qui vous souhaitez parler, et uniquement sur elle, pour le moment.
- Ca serait mieux. Nous avons failli avoir une attaque. fit une autre voix mentale, d’un ton un peu amusé.
C’était clairement une voix mâle – que Gaylee présenta rapidement comme le père de Masten, toujours dans son coin avec sa femelle et la mère de Selm. La voix continua :
C’est comme lorsque vous vous concentrez sur un sort, vous ne devez pas vous éparpiller. Concentrez-vous sur votre interlocuteur et canalisez votre pensée. Restez ancrée, comme si vous aviez ancré vos boucliers magiques. Je vous apprendrai à le faire quand j’aurai fini mon travail actuel, si vous le souhaitez.
Gaylee avait haché menu des champignons visiblement frais du jour, et elle s’affairait à préparer l’assaisonnement. Elle semblait assez contente d’avoir Nyaeve qui s’intéressait autant à leur pays.
Notre Cour est très complexe. Il y a de nombreux rangs, avec des nobles qui ont beaucoup de pouvoir, des terres et des sous, et d’autres dont le titre n’est qu’honorifique. Ils sont répartis en « partis » : les progressistes, les traditionnalistes, … Tous ces gens ont des envies, des désirs pour leur pays… Mais en général ce sont des gens qui veulent toujours plus de pouvoir. Oléis a le sens de la Terre. Lui, il est stable, ainsi que tous ceux qui ont ce Don. Le clergé est très puissant aussi. Nous avons presque la même religion qu’à Karse – mais le culte d’autres Dieux est accepté bien qu’assez mal vu en haut lieu. Nous autres, le Clan – le Clan regroupe tous les non humains- nous avons nos propres partis, et des représentants à la cour des humains. Nous sommes essentiellement progressistes. Disons qu’environ… Un Iftellien sur quinze est un non humain. Et vous pouvez me poser vos questions ( vous pouvez hacher moins fin, ça sera plus consistant). Nous avons une sorte d’Empereur. Il fait partie de la famille majeure du Parti le plus puissant, et tant que son parti est majoritaire, le pouvoir se passe de père en fils. Il doit avoir l’appui du clergé cependant, sinon des élections peuvent avoir lieu dans la noblesse pour le remplacer ou lui imposer un Premier Conseiller. expliqua Gaylee.
Masten et Selm avaient désespéré, et étaient repartis jouer plus loin. Quant à la kyrill, elle venait d’ordonner à son mari de retirer la marmite de tisane du feu, et de la remplacer par celle qu’elles allaient utiliser.
Les kyrills sont comme les hertasis : pas de viande. Les dihélys non plus n’en mangent pas. Mais tous les autres, vous en avez besoin pour vous tenir au corps. Vous êtes attentionnée, dame Nyaeve. C’est une qualité hautement agréable. Nos petits amis auront une sorte de gruau de grain et du foin. Nous, nous mangerons les légumes et la sauce mais pas la viande. conclut Gaylee.
Leur tâche allait s’achever, quand la viande fut plongée dans le bouillon où cuisaient déjà les légumes. La kyrill assaisonna, puis se tourna vers Nyaeve :
A votre tour d’aller vous laver. Nous parlerons plus tard. Je dois m’occuper de vos compagnons dans les chambres et aux bains. Je vais vous emmener.
Les deux gamins, le griffon et le kyree, se levèrent vite, et rejoignirent la mage :
On peut venir ?
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Bien qu’Ashun garde une oreille prête à intervenir dans la conversation que Maya et Oléis avaient avec Fitz, toute son attention était tournée vers Enju. Il sentait chez elle un mélange confus d’émotions difficiles, et sentait que cela avait autant un rapport avec ce qui se passait en général, les parchemins et… lui. La décision de prendre les parchemins et les lui donner semblait trop dure à prendre. Les multiples hésitations n’ébranlèrent pas la patience du prêtre, qui ne bougea pas tant qu’elle ne fut pas prête. La mise en garde ne l’étonna pas :
« Tout document recélant des secrets sont dangereux, Enju. Et nous qui en manipulons tous les jours, nous le savons. Vous le savez. Je le sais. Anshuu le savait. » expliqua-t-il doucement.
Il prit précautionneusement les documents, et vit avec satisfaction que la Karsite reprenait ses réflexes de secrétaire. Il hocha la tête :
« Nous allons nous éloigner un peu alors, pour les laisser discuter. J’ai besoin de me concentrer. Avez-vous déjà réussi à déchiffrer une partie ? Ce n’est pas une langue très commune. Elle est très vieille. C’est un mélange de vieux karsite et de vieil iftellien. » commença-t-il en se levant péniblement.
Il alla s’installer dans un coin de la salle, plus à l’écart, dans une chaise rembourrée, et commença à lire le temps que sa nouvelle assistante arrive.
« Racontez moi. Je pense que je peux traduire. Et faire ce que mon frère avait commencé sera ma manière de lui faire hommage. »
La voix se brisa légèrement sur la fin.
[ Loelia : tu suis donc l’homme pour aller prendre un bain. Dans une salle du haut, deux bacs ont été remplis d’eau chaude, et des pains de savons attendent. Séparés par des draps pour protéger leur intimité, le soldat en désigna un comme celui réservé aux dames pour le moment. Il s’éclipsa rapidement pour te laisser tranquille, et signala que tu peux fermer la porte de l’intérieur tant que tu es dedans. Tu dois cependant se dépêcher pour que les autres puissent se baigner aussi.
Une fois dans l’eau, l’épuisement se fait sentir. Dans l’eau chaude, tu te détends largement. Tu sens qu’à l’intérieur, tu vibres encore, comme si la musique était toujours en train de résonner. Tu te sens sur le point de découvrir quelque chose… mais la fatigue est trop grande, il faut que tu sortes du bain avant de t’endormir. Une fois séchée et rhabillée, ça va mieux. Mais aller t’asseoir au chaud semble nécessaire. Tu peux retourner en salle commune ou demander au soldat toujours devant la porte un endroit avec un lit.
Eoghan : quand tu regardes le soldat suspect, tu ne vois plus rien d’inquiétant. Quand tu pars enfin pour le bain (d’ailleurs passant près des griffons, de la kyree et de la porte, le nœud de ton estomac se resserre, puis se désserre : tu es soudain presque sûr que demain l’orage sera fini mais tu peux ne pas en être conscient), malheureusement la place est prise par Loelia. On te propose d’aller dans une autre salle. Là, un nouveau bac vient d’être déposé, fumant. Quand la porte se referme sur ton guide (un soldat) , tu te rends compte que tu n’es plus seul. Indra, le Chat de Feu, est là et te regarde. Il a l’air mystérieux, comme d’habitude. Il ne dit rien – le peut-il ? – mais te regarde fixement. Il fronce le museau, puis… disparait. Le bain semble tellement attirant… mais le Chat voulait-il dire quelque chose ?
Nyaeve : l’intervention du griffon confirme qu’on t’a entendu. Le regard des dihélys, des kyrills, des petits, et même des griffons et de la kyree vers toi, confirme qu’on t’a bien entendue… Aucun humain ne semble avoir été gêné. Le ragoût commence, et on te ‘met à la porte’. Gaylee t’ammène au bain, que Loelia vient de quitter. Le soldat devant la porte est toujours là. Il salue, Gaylee te laisse seule. Tu peux te laver, et une fois rhabillée tout va mieux… Sauf que quand tu veux sortir, la porte ne s’ouvre pas. Et le soldat ne répond pas derrière.
Enju : tu peux presque voir une larme dans les yeux d’Ashun. La ressemblance avec Anshuu est presque obsédante… tu crois comprendre. Mais surtout tu sens qu’il tente de contrôler son chagrin en se plongeant dans les manuscrits. Et comme avec Isabeau, quelque chose semble se passer. Il marmonne doucement, lisant à mi voix. Il semble comprendre… Un reflet du feu fait rayonner son pendentif de prêtre… et la voix d’Anshuu murmure dans un souffle, uniquement audible par la jeune femme : « tu as fait ton devoir. Merci. »
Fitz : les premières réponses arrivent. Le contact de Maya est réconfortant, tout comme la chaleur douce dans ta main, comme si elle validait leurs propos. Ton passé est très présent dans tes pensées, ce que tu en sais, ce que tu en as compris… ]
-
Eoghan avait suivi le regard de Loelia pour tomber sur le soldat qui lui semblait bien étrange à être là, sans bouger ni rien dire. Il observa alors Loelia qui se sentait bizarrement à son aise - ce qui n'était pas son cas à lui. Il sourit en constatant qu'il ne devait pas avoir si tort quand il proposait un repos avec un bain. Il n'était donc pas le seul à le penser. Lui-même était épuisé et se trouvait soudain impatient de se mouvoir dans une eau chaude et rassurante. Finalement, il acquiesça de la tête à Loelia en la regardant s'éloigner vers son propre bain. Alors qu'il tournait les talons, il jeta un rapide regard vers le soldat près duquel il se tenait pas si longtemps plus tôt. La conversation animée avait repris et il ne se sentait pas à sa place. Il lui fallait se vider l'esprit quelques heures avant de revenir en pleine forme. Fitz était avec eux, tout irait bien. Aussi, c'est d'un pas lassé qu'il entra dans la petite pièce en soupirant et referma la porte en sortant sa chemise de son pantalon avant de sursauter en voyant le chat.
Le temps qui s'écoula lui parut interminable mais il ne serait pas de ceux qui baissent les yeux. Il le soutint, d'ailleurs, cherchant à comprendre ce qu'il pouvait bien vouloir lui dire, à lui. Il ignora alors combien de minutes s'étaient écoulées jusqu'à ce que Indra disparaisse, le laissant sursauter sur place. Des questions vinrent à lui, alors. Que lui voulait-il ? Devait-il informer Maya ou Fitz ? Et passer pour un froussard ? Jamais ! La main sur la poignée, il s'arrêta et regarda le bain qui lui tendait l'eau chaude. Pourtant, une crainte l'habitait : Et si le chat revenait ? Et le voyait tout nu ?
Prudemment, il se déshabilla avant de se glisser dans l'eau chaude, salvatrice et laissa les frissons lui parcourir l'échine de bien-être. Personne ne pourrait venir le troubler à présent et fermant les yeux, il laissa le bruit de l'eau au fil de ses mouvements adoucir son espace ainsi que sa tête. Il se laissa même immerger totalement, retenant sa respiration avant d'en sortir, secouant la tête.
On n'aurait jamais pu imaginer mieux après une longue journée ! Tout ce qu'il espérait, c'était que le la couchette soit d'aussi bonne fortune. Il se passa un bon moment avant que l'eau ne refroidisse et que Eoghan sorte à contre coeur mais totalement détendu. Se rhabillant, il secoua à nouveau la tête pour se sécher les cheveux et ressortit un large sourire sur les lèvres. Un bain, ça vous change un homme. Puis, tel un habitué aux tâches culinaires, il se joignit aux autres à la cuisine pour aider et pourquoi pas goûter avant le dîner.
-
Le pauvre mercenaire était épuisé au début de la discussion, mais plus les mots pleuvaient sur son crâne plus il se sentait fatigué... Non mais vraiment que venait-il donc faire dans cette galère ?
Un sourire froid et désabusé vers Oléis, un regard un peu perdu.
"Le bras armé de cette déesse hein ? Etre en première ligne contre le mal ? Finalement on m'a choisit car je suis un mercenaire aux mains déjà ensanglantées."
Ces mots il ne les adressait à personne d'autre qu'à lui même. Il se fichait d'être écouté. Là tout de suite il était seul. Enfin pas complètement. La main de Maya vint effleurer la sienne, et étrangement sa marque se mit à chauffer, cela le calmait nettement plus qu'il ne l'avait pensé. Il déposa sa main non marqué sur le crâne de la jeune fille, et lui ébouriffa les cheveux.
"Alors si j'ai bien compris mon job pour l'instant, c'est de te protéger ? "
Et puis d'un seul coup il se souvient. Le protéger du mal ? Le prévenir du danger ? Mais alors.... Beaucoup de choses lui revinrent en esprit, ces visions qu'il avait pu avoir au contact des un et des autres qu'il avait croisé. Ces mots qui avaient étaient prononcé. Maya et le chat de feu. Cette femme qu'il n'avait pas reconnue entourée de flammes bleus, et ce griffon noir contre lequel il se battait.
"Maya... Si cette marque est censée m'aider à reconnaitre le mal, comment puis-je le faire si je ne comprends pas un traitre mot des visions qu'elle m'envoie ? J'en ai déjà eu tant, sans avoir réussi à en trouver une explication. Au départ j'ai cru qu'avec un contact je pouvais... Lire l'âme des gens. Comprendre ceux pour quoi et à quoi ils étaient lié, j'ai cru que je pouvais, interroger de cette façon. Mais visiblement cela ne marche pas comme ca. Maya, penses-tu pouvoir "m'aider" avec ça ? Je ne contrôle rien, rien de rien... J'ai plus l'impression de subir qu'autre chose comment pourrai-je te protéger ? Ou même la protéger elle ? "
Puis le mercenaire se retourna surprit vers Oléis. Les guider ? Une question lui brula immédiatement les lèvres....
"Etre votre guide ? Il faudrait déjà que je sache où je suis censé aller Sieur Oléis ! Franchement, prendre un aveugle comme guide dans un tunnel noire, n'est pas forcément la solution pour réussir à trouver la sortie vous ne croyez pas ? "
Le mercenaire éclata alors de rire... Finalement toute cette situation le dépassait largement, mais en analysant on ne faisait que lui demander ce qu'il avait toujours fait: protéger... Bon cette fois il s'agissait d'une déesse, mais elle pouvait pas être plus difficile à vivre qu'une noble en vadrouille si ?
"Protéger... Finalement c'est ce que j'ai su faire de mieux."
Les flashs apparaissaient. Sa course effrénée dans les déserts, la rencontre de son vieux maitre, son meurtre, et cette errance solitaire sans réel autre but que d'honorer ses contrats. Jusqu'à Valdemar, jusqu'à cette soirée dans la cuisine...
Le mercenaire se mit à sourire doucement, réellement amusé par la situation, puis il posa son regard sur Maya. Comme une fillette qui semblait si jeune pouvait avoir tant de poids sur ses épaules ?
-
Finalement, Loelia se fit sortir de la salle quelque peu sans ménagements. On lui avait assuré que la situation était sous contrôle, qu'on n'avait pas besoin de son aide et qu'elle n'avait qu'à aller se reposer un peu. Elle avait également remarqué une légère exaspération chez Ehogan, visiblement pressé de pouvoir se détendre un peu. Elle se laissa finalement faire, rejoignant l'homme qui devait lui indiquer les bains. Avec l'assurance qu'on lui envoie Nyaeve une fois que celle-ci en aurait fini avec les cuisines.
L'homme la guida à l'étage supérieur, en direction de la salle de bains. Dans la pièce, il y avait deux grands bacs remplis d'eau fumante, ainsi que du savon. La chaleur et l'humidité régnantes dans la pièce firent rapidement sentir (sans mauvais jeu de mots) à la ménestrelle à quel point, sans le savoir, elle avait envie d'un bon bain chaud, après avoir autant voyagé. Les bacs lui paraissent à ce moment précis le lieu le plus accueillant du monde.
L'homme la laissa en lui disant qu'elle pouvait fermer de l'intérieur, pour plus d'intimité - ce qu'elle fit. Après s'être débarrassée avec un soulagement certains de ses vêtements sales et un peu humides, elle se laissa couler dans le bac réservé aux femmes avec un énorme soupir de bien-être. Mais elle garda à l'esprit que d'autres attendaient leur tour et qu'elle n'allait pas rester trop longtemps. Elle se savonna consciencieusement, heureuse de se sentir propre, ce qui n'était pas arrivé depuis leur départ de Haven.
Puis, elle s'appuya contre le bord du bac, laissant ses muscles tendus se détendre sous l'effet de l'eau chaude. Son esprit continuait de vagabonder, ressassant ce qui c'était passé quelques minutes plus tôt en bas, avec les deux dyhélis.
La musique qu'elle avait joué pour eux, ainsi que leur mélopée résonnaient encore à ses oreilles…. non, pas exactement dans ses oreilles. C'est son corps entier qui vibrait.
Elle réfléchit, tentant de comprendre ce phénomène nouveau. Comme si ce qu'on pourrait appeler la "pensée" des dyhélis était parvenue directement en elle par le biais de la musique. Ou quelque chose comme ça. Il lui semblait comprendre quelque chose, mais sans vraiment savoir quoi.
Se sentant trop lasse pour continuer à réfléchir à tout cela maintenant, elle sortit de l'eau et passa une tenue sèche, qu'elle avait emportée dans ses bagages. Elle tressa ses cheveux mouillés pour ne pas qu'ils ne la gênent.
Elle se sentait mieux, mais elle avait toujours un peu froid à l'intérieur. La fatigue sans doute.
Elle remercia l'homme pour le bain et entrepris de redescendre dans la salle commune. Elle eut d'abord envie d'aller s'asseoir près du feu sans demander son reste, mais elle vit qu'Ehogan, redescendu de son bain, cherchait à aider en cuisine. Elle s'approcha doucement du groupe de marmitons, s'en s'imposer cette fois-ci et proposa une nouvelle fois silencieusement son aide.
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Nyaeve sursauta quand elle entendit tellement de nouvelles voix lui répondre. Elle se sentit horriblement gênée quand elle comprit qu'elle avait crié dans les oreilles de tous les non-humains. Elle répondit en pensant comme si elle voulait leur parler à tous doucement et posément.
Veuillez m'excuser, je vais tenter de ne plus le faire.
Se concentrer sur la personne à qui on veut parler. Elle porta son regard sur le père de Masten et se concentra sur lui cette fois-ci
C'est gentil de votre part, ce sera avec plaisir.
Nyaeve voulait être sure de ne plus refaire la même erreur, elle préféra donc continuer sa discussion avec Gaylee.
- Des partis? Non, je ne connais vraiment pas ce genre de structure et l'idée d'élire son dirigeant est quelques choses de particulier. Bon en Rethwellan, c'est une épée magique qui décide, finalement, je ne sais pas si c'est plus saugrenu.
Quand Gaylee parla de Oleis et de son sens de la Terre, elle ne put s'empêcher de l'observer. Elle possédait elle même ce don mais n'en comprenait toujours pas vraiment les implications.
- Vous dites qu'il est stable, parce qu'il ressent en propre toute mauvaise action qu'il infligerait à son pays? J'ai moi-même ce don selon mes professeurs, mais je n'ai jamais vraiment compris. Peut-être est-ce parce que je ne vis plus dans mon pays?
Elle se laissa materner par Gaylee quand celle-ci l'enjoignit d'aller se laver. Elle suivit le guide, quand les deux gamins commencèrent à la suivre.
- Voici votre première leçon sur les humains, nous aimons nous laver seule... mais je ne serais surement pas longue vous pouvez m'attendre et si vous voulez on fera un jeu de devinette, qu'est-ce que vous en dites?
Elle rentra en reculant se doutant bien que Masden ne pourrait pas se faufiler mais elle était un petit peu moins sure pour Selm. Une fois seule dans cette salle de bain improvisée, elle profita de respirer ces premiers instants de solitudes. Finalement cela commençait à faire un moment qu'elle n'avait pas eu un toit sur la tête et ce qu'on pourrait appeler l'intimité d'une salle de bain. Elle se lava précautionneusement sans pour autant s'attarder et fut contente d'enfiler des vêtements propres même si ils n'étaient pas chaud et frais comme au Collegium. Elle se réjouissait déjà de jouer avec les deux monstres quand elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas ouvrir la porte. Elle tapa sur la porte pour attirer l'attention du garde...
- Hey la porte est coincée, vous pouvez m'ouvrir...
Etrange que la porte soit ainsi bloquée rien ne semblait l'en avoir prévenu... Si l'attente se faisait trop longue, Nyaeve n'hésiterait pas essayer d'utiliser cette nouvelle capacité jeunement découverte pour contacter Gaylee par la pensée. Le ton ne serait pas paniqué mais des plus circonspect.
-
[justify:3voao1qt]Enju suivit Ashun à l'écart des autres. Il aurait sans doute préféré en savoir plus sur Fitz, sur la conversation avec Maya. Peut-être qu'elle aussi, elle aurait aimé en savoir plus. Mais il fallait traduire ces manuscrits. Ils devaient leur donner des réponses, pour équilibrer avec les vies qu'ils avaient prises. Oui, la karsite essayait de se convaincre que c'était ça : il leur fallait des réponses, et non pas faire dans le sentimentalisme. Non, elle ne voulait pas passer du temps avec Ashun parce qu'il lui rappelait Anshuu. Enju devait s'en convaincre.
Elle le suivit, donc, et commença à remuer son encre pour qu'elle soit parfaitement diluée. Pourtant, son geste se suspendit aux paroles du prêtre. Pourquoi aurait-il voulu rendre hommage à Anshuu... Pourquoi disait-il "son frère" ? Etait-ce possible qu'elle ait mal entendu ? Il aurait du, éventuellement, parler de confrère... Cela expliquerait cette ressemblance... Des jumeaux ? Le flacon d'encre fermé cogna contre la table, sans se briser. Le murmure acheva la pauvre jeune femme, qui ne tenant plus, finit par fondre en larmes.
- Je suis tellement, tellement ! Navrée, Ashun ! Je n'ai pas pu le protéger, je n'ai pas pu le sauver, je n'ai pu que... qu'assister, impuissante, à la destruction de son travail ! Je devais veiller sur lui, et je n'ai pu sauver que ce... fichu manuscrit ! Pourquoi Aanor fait-elle tout cela ?!
Jamais la jeune femme ne s'était autant lâchée, émotionnellement parlant. Son coeur lui faisait terriblement mal, son estomac se contractait, et se décontractait, face à ce poids qui fondait comme neige au soleil. C'était un fardeau qu'elle portait seule, elle l'avait choisi. Plus tard, elle se sentirait sans doute coupable d'avoir craqué comme elle venait de le faire. Mais pour le moment, Enju détestait surtout sa faiblesse, comme toujours. Ses innombrables larmes en étaient la preuve, à nouveau. Elle était faible. Comment pouvait-elle prétendre aider une déesse quand elle était incapable de garder le contrôle de ses sentiments ?
D'ailleurs, ce n'est qu'en sentant une main sur son bras qu'elle se rendit compte de son état lamentable. Enju hoqueta encore un bon moment, avant de réussir à se calmer, et à lever ses yeux marron clair vers le prêtre Ashun. Anshuu ? Elle restait troublée par cette ressemblance trop parfaite, quand bien même elle avait à présent une explication - erronée, mais une explication quand même. La karsite essuya rapidement ses yeux et joignit les mains, dans une prière repentante. C'était maintenant qu'elle allait se sermonner intérieurement...
- Excusez moi, Prêtre Ashun... Je... Je suis désolée, je n'aurai pas du...
Elle garda obstinément le regard baissé sur sa table d'écriture, pourtant. De ses doigts tremblotants, elle reprit la bouteille d'encre, et recommença à la remuer, d'un geste circulaire du poignet. D'une voix monotone, elle lui raconta ce qu'ils avaient déjà appris, et constata avec étonnement qu'il travaillait... Comme Isabeau. Enju se demanda ce que devenait la jeune bleue, et elle espéra qu'ils trouveraient une solution afin de ne pas gâcher son don, qu'elle puisse réaliser le Destin que Vkandis - ou la divinité en laquelle croyait Isabeau - avait tracé pour elle.
Donc, Enju constata avec étonnement la similitude entre leur façon de faire, mais elle n'en pipa mot, pas tout de suite. Elle préférait ne pas l'interrompre dans sa lecture, ou dans sa traduction. Elle notait ce qu'il lui disait, attentive, et chercha dans sa mémoire des détails qu'elle pourrait ajouter en marge. Quand il ferait une pause, Enju lui demandera :
- Comment faites-vous ? Je veux dire, vous semblez "comprendre" le manuscrit... Une jeune fille, à Haven, traduisait les manuscrits de la même manière, du moins, ça y ressemble... Craignez vous les maux de tête, vous aussi ?[/justify:3voao1qt]
-
Ashun était motivé. Autant pour se mettre au travail que pour achever ledit travail et servir ainsi à continuer l’œuvre de son collègue karsite. Il sentait que ces parchemins recelaient un lourd secret, qui avait coûté la vie à plusieurs personnes, mais aussi qu’ils comptaient assez pour Enju pour qu’elle soit prête à se mettre elle-même en danger. Il était prêt à faire beaucoup d’efforts, dont celui de s’éloigner de celui qui portait tant d’espoirs. Et après tout, peut-être découvrirait-il encore plus ? Il avait, dans la même salle que lui, déjà une envoyée de la Déesse, son Glaive, et des manuscrits « maudits ». Un peu plus, un peu moins…
Soudain il se rendit compte que la jeune secrétaire pleurait. Le Grand Prêtre se sentit impuissant et dépassé par les évènements. Cependant il n’était pas devenu prêtre pour laisser les gens dans la tristesse sans agir. Avec délicatesse, il déposa les manuscrits sur la table, et se tourna totalement vers la jeune femme. Il écarta l’encre, et prit sa main dans la sienne.
« Ce n’est pas votre faute. Cette déesse et notre Vykaendis nous éprouvent sûrement dans un but bien précis, que nous ne pouvons appréhender pour le moment. Il était l’heure pour Anshuu de rejoindre notre Soleil, mais je crois aussi qu’il ne vous a – qu’il ne nous a jamais quitté totalement. Il est toujours là, n’est-ce pas ? Vous savez ce que disent les Ecritures. » fit-il d’une voix douce.
Regardant brièvement le manuscrit, il ajouta :
« Si c’est ce manuscrit que vous avez sauvé, ce manuscrit qui cause la mort de trop de gens, ce manuscrit qui est à protéger… C’est que nous avons une tâche au-dessus de tout. Vous en êtes la Gardienne, et peut-être est-ce une volonté du Dieu – et de la Déesse, que ce soit vous qui l’ayez. »
Il continua à la caresser doucement, paternel, le temps qu’elle assimile ce qu’il disait, et qu’elle arrive à se calmer. Il ne la jugeait pas. De ce qu’il avait compris, elle gardait tout pour elle depuis trop longtemps, il était normal qu’elle craque à un moment ou un autre.
Il n’avait donc rien à excuser, et il haussa les épaules.
Il la laissa raconter tout ce qu’elle savait, le visage impassible, mais les yeux fixés sur elle, montrant son attention. Il commença alors à regarder de plus près les manuscrits. Il avait déjà reconnu la langue – ou plutôt les langues – et quelque chose lui semblait familier. A un moment, il releva la tête, et la question de son assistante le surprit :
« J’ai appris ces langues plus jeune. Je n’aurai pas de mal de tête sauf si j’y travaille des heures. Je suis un érudit et avant de devenir Grand Prêtre j’ai étudié plein de choses que j’ai cru être inutiles jusque là. Ces textes sont écrites dans un mélange de plusieurs langues, dans leur version ancienne. Vous savez que nos Ecritures sont en vieux karsite à la base ? Peut-être savez-vous le lire ? Moi j’ai appris aussi le vieil iftelien, le vieux rethwellanais , … en fait plusieurs variantes… et le vieil hardonien. J’ai fait des recherches sur Vykaendis dans plusieurs pays, et ça m’a servi pour de vieux manuscrits. Ici nous avons un mélange de ces langues. L’auteur utilise les langues à tour de rôle, c’est assez… confus. Mais je crois que j’ai compris la plupart de ce qui est écrit dans le premier manuscrit. Les autres, je les lirai plus tard. Êtes-vous prête à noter ? »
La première chose qu’il traduisit semblait être un conte. Avec une formulation différente, et quelques différences mineurs dans l’histoire, c’est la même que celle que Barrn avait raconté : viewtopic.php?f=99&t=407&start=10 (http://forum.valdemar.fr/index/viewtopic.php?f=99&t=407&start=10) Cette fois Aanor est avec Vykaendis c’est clairement dit. Les yeux de Ashun étaient brillants, étonnés, mais passionnés. C’était la partie qu’Isabeau n’avait absolument pas compris à l’époque.
La suite reprend certaines phrases qu’avaient traduites Isabeau.
Aanor n’a pas restreint sa présence à son île. Sironis n’est que le centre de son pouvoir, centre de son amour. Et l'Orbe est au centre, et au centre est le pouvoir. La vie et la mort y sont réunis, pour toujours danger et espoir, ombre et lumière. Aanor garde en son sein l'Orbe et celui qui la possède tuera la lumière, chassera le vent, et ternira les esprits. L’immense pouvoir ne doit pas tomber dans de sombres mains, et l’île a été détachée de la terre pour se cacher dans le vent. Les Gardiennes veillent et prient, les Gardiens rêvent et créent, et leur parole se transmet par-delà le monde. Ils rencontrent les Fils et les Filles d’Aanor dans le monde entier, mais gardent le secret de l’île du Vent.
S’ensuit une description des devoirs des prêtres et prêtresses d’Aanor, que Maya, la Grande Prêtresse, Fille et Voix d’Aanor, guide spirituellement. Cela continue ensuite sur une sorte de prophétie, ou de mise en garde.
Que le Noir s'en empare et le Vide règnera, tuant à coup sûr les Avatars et éteignant la Lumière. Mais le Glaive s’élèvera alors au rang de Protecteur, et il ralliera même malgré lui les combattants pour ramener la Lumière. Qu’il échoue et l’équilibre ne sera pas rétabli – il n’y aura plus de lumière, plus d’obscurité, seulement le Vide éternel. Ils devront vaincre le Porteur, mais aussi son Maître, guérir les Esprits blessés, et ramener l’énergie, la musique, et apaiser le Vent.
Soudain, Ashun s’arrêta. Il se mit brusquement à tapoter la table :
« Enju. Vous êtes Elue de Vykaendis pour être la Gardienne d’un tel secret… Vous imaginez les conséquences d’une telle découverte : notre Dieu a été assez touché par une humaine pour … pour qu’elle devienne une déesse… Elle s’est inscrite dans l’équilibre du monde, et qu’elle disparaisse est totalement… C’est terrible. Le monde… serait détruit. Je comprends pourquoi le Dieu m’a demandé de partir. C’était ma mission. C’est la vôtre. Vous feriez une bonne prêtresse, avec ce courage. Digne d’une Héraut de Valdemar. »
En karsite, il la regarda et commença à réciter une prière de bénédiction. Puis entre eux vibra le son d’une voix qu’ils connaissaient tous deux. Vous allez dans le sens du vent… Ashun sourit en l’entendant, sans savoir qu’Enju l’entendait aussi.
*****
Oléis offrit un sourire contrit à Fitz. Que pouvait-il dire ? Il n’était pas le bras droit de la Déesse, lui. Il croyait aux Dieux, mais le sien s’appelait Vkandis. Aanor ne le concernait que parce que le Destin l’avait emmené là, et qu’il était de son devoir d’aider son pays – et Velgarth – à aller mieux.
« Dans certains endroits on dit que le sang purifie. » avança-t-il doucement. « Mais c’est vrai qu’on s’acharne à nous prouver le contraire… J’ai trop souffert de la magie du sang pour adhérer à ça. Mais je pense que vos mains n’ont rien à voir dans tout ça. Plutôt votre sens du devoir, de la protection ? Je me trompe ? »
Il était tombé juste, visiblement. Maya hochait doucement la tête, et à la caresse de Fitz, elle sourit doucement de nouveau. Elle acquiesça :
« Tu dois protéger les envoyés de la Déesse, et pour le moment je le suis. Mais je suis là aussi pour vous protéger. C’est très complexe. Indra l’expliquerait mieux, mais Vkandis lui interdit d’en dire trop, comme Aanor ne me laisse pas en dire plus. » avoua-t-elle, avec un petit accent de gamine frustrée qui dura à peine une seconde.
Ensuite, le mercenaire s’inquiéta, et la fillette fit la grimace :
« Je ne sais pas tout. Je n’ai jamais entendu parler de ta marque à part dans certains textes… et je ne comprends pas tous ses pouvoirs. Il faudrait quelqu’un qui comprenne les rêves. Peut-être qu’Ashun pourrait t’aider. Je pense que tu as plusieurs pouvoirs. Celui de voir l’âme des gens doit aider à savoir s’ils sont dangereux ? Elle te fait mal quand le danger arrive, et elle chauffe quand tu es en présence d’amis, n’est-ce pas ? »
Déboutonnant le haut de sa tunique, elle montra, dans le creux des deux os au bas de sa gorge une toute petite marque, identique à celle du jeune homme.
« Je n’ai pas les mêmes pouvoirs que toi, mais je crois que je peux comprendre. »
Fitz avait d’autres questions. Et Oléis qui suivait la conversation avec avidité, leva les mains en signe d’impuissance.
« L’instinct vous guidera peut-être ?
- Ou le vent. Ajouta Maya. D’ailleurs, Indra me dit que nous avons trouvé ce que nous étions venus chercher ici. Aider Aanor aidera Iftel. »
Le Chat de Feu venait d’apparaître derrière eux. Oléis se leva brusquement et salua très respectueusement. Indra inclina la tête poliment, regarda Fitz d’un air amusé, sans rien dire… et s’éloigna.
Il s’installa aux pieds du fauteuil d’Enju, comme s’il veillait sur son travail. Il fut aussi salué très respectueusement par le vieil homme.
L’éclat de rire de Fitz surprit un peu tout le monde et Maya comme Oléis le regardèrent fixement.
****
Le Chat de Feu ne revint pas espionner Eoghan tout nu dans son bain. Et pour cause : il était occupé à espionner Ashun et Enju. Le bain se finit donc correctement, et le jeune homme désormais propre put rejoindre les travailleurs acharnés de la cuisine. Il fut accueilli par les deux kyrills qui s’affairaient à préparer de quoi satisfaire une vraie armée avec les moyens du bord (qui sentaient déjà bons). Gaylee se demandait si elle n’allait pas réussir à faire un dessert… mais sans Nyaeve, sa capacité à communiquer avec les étrangers était bien limitée. Elle fourra donc d’office de quoi installer la vaisselle sur plusieurs tables, et près des bancs, pour que tout le monde puisse manger ensemble plus tard.
Quant à Loelia, ce fut le kyrill mâle qui l’accueillit.
« Donc. Un tron’dirn ne s’occupe pas que des griffons. C’est le guérisseur des non-humains pensants. Comme pour les humains, il y a plusieurs sortes. Les guérisseurs du corps et les guérisseurs de l’esprit. Votre musique a calmé l’esprit des jeunes. » commença-t-il abruptement, tout en lui donnant un tas de pommes à éplucher.
****
Gaylee ne savait pas trop comment marchait le sens de la terre. Elle conseilla à sa nouvelle protégée de se renseigner plus tard auprès d’Oléis. Puis elle l’envoya se laver pendant que les autres revenaient, et que les derniers étaient plongés dans leurs études de cas.
Dans la salle de bain, donc, Nyaeve était juste un peu… coincée. Pas par pudeur comme l’avait été Eoghan (bien qu’elle ait dû expliquer le principe aux deux gamins non-humains), mais parce que la porte refusait de s’ouvrir. Même en frappant et en appelant, rien ne répondait dans le couloir.
Elle ne pouvait même pas être sûre qu’on l’entendait de l’autre côté, vu l’épaisseur de la porte ! Puis la voix de Selm résonna dans sa tête :
Masten va pas bien ! Pourquoi ton humain il a enfermé Masten dans l’eau ! Il semblait inquiet mais pas vraiment affolé, encore. Il se renseignait, conscient que quelque chose clochait, persuadé que sa nouvelle amie allait l’aider…
[ Enju : tu reconnais le conte de Barrn, et les mentions d’Isabeau. Tu entends la voix d’Anshun et tu comprends que ton nouveau maître l’entend aussi donc. Et Indra, le Chat de feu, qui n’a t’a guère fréquenté pendant le voyage, vient s’asseoir à tes pieds, avec une sorte de ronronnement.
Fitz : ta marque réagit à celle de Maya, et à l’apparition d’Indra… L’épuisement commence à se faire sentir, et l’odeur de cuisine commence un peu à te déconcentrer. Mais maintenant tu sais que tu auras des réponses.
Eoghan : tu remarques que les griffons et la kyree commencent à perdre leur rigidité de transe. Les griffons émergent plus doucement que la kyree qui s’ébroue… et a l’air un peu inquiète. C’est toi le plus proche d’eux, et quand elle se lève, c’est à toi qu’elle s’adresse, en te demandant de venir vérifier quelque chose à l’étage avec elle. Elle a une voix inquiète. pour ton post tu peux aller jusqu'à la porte de la salle où est enfermée Nyaeve, pas de clé sur la serrure. Selm est en face, à gratter inutilement contre la porte fermée où toi tu as pris ton bain.
Loelia : avec tes pommes, tu peux demander des informations, et tu vois que les dyhélis sont profondément endormis, presque sereins, serrés l’un contre l’autre.
Nyaeve : l’appel de Selm te donne un mauvais pressentiment. Si tu tentes de contacter Masten, tu échoues, mais c’est sûrement dû à ton manque de pratique. Puis la voix d’une femme – en fait la kyree – retentit, disant qu’elle arrive avec le mage pour aider si besoin. Tu peux essayer d’agir autrement en attendant si tu veux : si tu décides d’utiliser la magie, lance ton sort, et je tire aux dés si tu réussis ]
-
Nyaeve qui n'était pas inquiète jusque là à la remarque de Selm fut limite prise de panique. Pourquoi son humain, et qui pouvait bien être son humain, irait donner un bain à Masten. Elle essaya de contacter Masten pour lui dire de se défendre, gentil et confiant comme il était, il n'allait pas le faire. L'impossibilité de le joindre ne fit qu'accentuer cette peur. Même si cela était du à son inexpérience en matière de communication mentale, elle n'y pensa même pas. Elle craignait seulement que l'adorable petit griffon soit en danger.
Elle ne se soucia plus alors de crier dans les oreilles des non-humains et projeta comme elle put.
Il se passe quelques choses de bizarre avec Masden. Il est dans la salle de bain des hommes.
Elle espérait sincèrement que les parents de Masden l'entendraient et réagirait. Si Selm avait dit que c'était son humain, il devait être de l'équipe des Valdemariens et donc rien à faire avec le petit griffon. Et elle se trouvait coincé dans cette salle de bain. Elle enrageait et cela ne servait à rien. Elle s'arrêta, respira et tenta de se calmer. Il fallait réfléchir. Qu'avait elle pour défoncer cette porte. Rien de rien et elle eut envie de se taper la tête contre le mur: la magie. Elle alla ouvrir la fenêtre pour laisser le vent et son énergie entrer. Elle se concentra, s'ancra, leva son bouclier. Son idée était de projeter le vent avec le plus d'énergie possible sur la porte comme la première fois qu'on avait essayer de couper son lien avec la Terre, mais cette fois, elle essaya de s'arranger pour garder assez d'énergie et ne pas tomber dans les pommes.
Quand elle sentit bien les courants de vents et de magie, elle les attrapa gentiment et les lança mentalement de toutes ses forces contre la portes...
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Le kyrill accueillit Loelia à la cuisine, lui indiquant qu'elle pouvait éplucher quelques pommes si elle voulait aider. Elle se lava les mains, pris un couteau et s'installa du mieux qu'elle put pour commencer son travail. Tout en maniant adroitement son couteau, elle écoutait le kyrill lui parler des tron'dirns.
Il commença par lui expliquer que chez les non-humains, il y avait également plusieurs sortes de guérisseurs, des gens s'occupant du corps, et d'autres de l'esprit. Il lui dit également de but en blanc que grâce à sa musique, elle avait réussi à calmer les inquiétudes des jeunes.
"Je vous crois pour l'avoir constaté. Mais je n'avais jamais encore réussi à faire quelque chose comme cela auparavant. Sans vouloir vous raconter ma vie par le début, je peux vous dire que joue de la musique depuis petite et que cela ne fait que quelques mois que j'ai intégré le Collegium des Bardes de Haven. Mais en tant que ménestrelle, car lors de l'examen d'entrée, je n'ai pas montré de Don. Donc, mes cours m'apprennent uniquement des choses théoriques et très utile sur la musique, comment la jouer, la composer, les techniques de souffle, etc. S'il s'est passé quelque chose avec les dyhélis, je n'ai aucune idée du comment. Ni du pourquoi. Sauf qu'au fond de moi, j'avais vraiment envie de les aider, d'apaiser leur chagrin. Et comme la mélodie que j'ai entendue chez eux contenait les mêmes accords que nous avons tous entendu sur la route, quand les cordes de mon luth ce sont brisées, j'ai voulu essayer. Même si dans le fond, je ne sais pas vraiment ce que j'ai voulu tenter. De communiquer par les sons, sans doute."
Elle rit, tout en commençant à éplucher sa troisième pomme :
"Heureusement que j'avais prévu plusieurs jeux de rechange ! J'aurais bien été embarrassée pour la suite du voyage, sinon !"
Elle se rembrunit un peu, car elle voulait comprendre ce qui se passait.
"J'ai plusieurs questions en fait. Premièrement, je n'ai même pas demandé pourquoi les deux petits étaient si tristes."
Elle leur jeta un oeil depuis son comptoir de cuisine ; les dyhélis se tenaient serrés l'un contre l'autre, dans un coin. Ils semblaient endormis et bien plus apaisés que quand elle était arrivée. Elle les trouvait vraiment adorables.
"Je suis curieuse de savoir ce qui les a mis dans cet état. Verriez-vous un inconvénient à m'en parler ? J'aimerais également en savoir plus sur les tron'dirns ; sont-ce seulement des humains, ou peuvent ils également être non humains ? Je suis vraiment ignorante en la matière. Comment ils agissent ? Par la musique ? la pensée ? Y a-t-il différentes manières de guérir, comme dans le cas des guérisseurs pour les humains?"
Elle était consciente que ça faisait beaucoup de questions. Mais elle voulait comprendre.
-
Fitz s'étira un coup, laissant ses muscles se détendre doucement, il devait se concentrer. Il savait faire, il l'avait appris, il devait ressentir chaque muscle, ils devaient tous répondre à ses envies et besoin. Il suivit tout ce qui fut dit, et compris son rôle.
"Alors je serai votre protecteur, si c'est ce qu'on attend de moi. Si l'on m'a fait confiance en Valdemar c'est bien parque j'ai cette capacité de survivre et d'aider à survivre non ? "
Il avait presque réussi à se calmer, et à reposer son corps, lorsque Maya montra sa marque, il allait répondre à ce qu'elle avait dit, mais voilà que le chat de feu venait à son tour. Et sa marque se réveilla. Une chaleur au creux de la main, comme si cette proximité il devait la ressentir en plus de la voir.
"Oui Maya. Chaleur en présence de personne digne de confiance, douleur quand l'ennemi arrive. Mon plus gros soucis est que je ne suis pas "habitué" à la douleur. Car je suis ce que je suis, j'ai appris à supporter et combattre la douleur, et j'aimerai réussir à contrôler cette main, qui me désoriente lorsque l'ennemi arrive, avouez que ce n'est pas pratique quand même ? "
Ses muscles se réveillèrent, lui faisant remarquer qu'il les avait oublié un instant. Et puis son odorat à son tour...
Il regarda tour à tour ses interlocuteurs, en silence, et puis d'un seul coup.....
"Grrrmblelblelblelblelbelblelbe"
Le ventre de notre mercenaire se rappelait à son tour à son propriétaire.
"Veuillez m'excuser, il me semble que ma faim et ma fatigue se réveille un peu, après un bon repas je serai peut être plus apte à avaler tout ce que je viens d'apprendre ! Et il semble que les odeurs qui me parviennent, m'empêche de me concentrer, c'est que tout ça a l'air très appétissant ! "
Le mercenaire chercha Rohan des yeux. Il fallait que son ami prenne les premiers tour de garde, Fitz n'en serait pas capable et il le savait très bien !
-
Souriant à comment Gaylee s'adressait à Loelia, comme si elle était en pleine leçon via des travaux pratiques de cuisine, il s'affairait à aménager la table, donnant des petits coups de main, de ça de là. Ce bain lui avait fait le plus grand bain, il ne ressentait plus de malaise ni dans sa tête, ni dans son ventre, tout semblait être rentré dans l'ode, ce qui le rendait plus amical à présent et moins bougon. Il n'aurait pas pensé ce serait dans ce genre de situation qu'il apprendrait à connaître les siens un peu plus.
Par curiosité, malice et prudence, Eoghan, une fois la table mise, s'était avancé vers le groupe resté dans la salle principale pour s'assurer que tout allait bien. Il se sentit alors stupide d'avoir été à ce point sur la défensive alors que tout semblait bien se passer. Mais quand il revint dans la cuisine, il fut interrompu par la Kyree qui l'invitait à monter à l'étage. Fronçant les sourcils, il fit un geste à Loelia pour l'avertir qu'il revenait et il suivit la Kyree jusqu'à entendre la voix de Nyaeve crier à qui voulait bien l'entendre. Sa voix paraissait étouffer et il ne comprenait pas bien les mots qu'elle prononçait mais en vérifiant la pièce principale, il avait remarqué qu'elle manquait. Sûrement était-elle en train de prendre son tour aux bains. Aussi ce ne pouvait être qu'elle et il pu deviner ce qu'elle criait.
Il allait lui répondre en posant sa main sur la poignée de la porte alors qu'il ne l'entendait plus quand il s'aperçut que Selm grattait frénétiquement. Eoghan fronça d'autant plus les sourcils et regarda derrière lui, de chaque côté du couloir avant de se rapprocher de la porte de la salle de bain.
_ Nyaeve ? C'est toi ?
Sans s'y attarder réellement, il manoeuvra la poignée de Nyaeve sans la regarder, se disant qu'elle s'ouvrirait tout naturellement mais il fixait l'autre, celle où il était précédemment et s'en approcha pour coller son oreille contre la porte.
_ Il y a quelqu'un ?
Reposant sa main sur la poignée de cette dernière porte, il tenta de l'ouvrir.
(Voilà comme ça, j'ai testé les deux, c'est comme le sésame, on va voir laquelle va marcher !)
-
[justify:3gbe9qfh]Parfois, Enju ne pouvait s'empêcher de penser que la façon dont Vkandis, et plus ou moins les autres divinités, était injuste pour eux, pauvres mortels. Mais Ashun avait raison : ils devaient se concentrer sur ces manuscrits que Vkandis, et peut-être Aanor, avaient mis sur leur route, afin de les réunir en cet endroit et en ce lieu. La prêtresse jeta un regard circulaire sur l'assemblée réunie ici... Mais ce fut bref : ils devaient travailler. Elle murmura de nouvelles excuses, vis à vis de son comportement, et fit ce qu'elle savait bien faire : prendre des notes...
Et surprise de voir à quel point son sens de l'observation l'avait trompée. Enju aurait du réfléchir avant de dire n'importe quoi ! Bien entendu qu'en tant que prêtre, Ashun avait du apprendre à lire des tas de langues... Sa question était stupide, la comparaison avec Isabeau totalement ridicule. La Bleue devait lui manquer... Enju fronça les sourcils, secoua la tête, et se concentra pour se remettre au travail plus sérieusement. Les notes qu'elle commença à prendre la firent tiquer, dès les premiers mots. Elle n'interrompit pas Ashun, mais elle nota simplement en marge : "Conte évoqué par Barrn lors de la première réunion." Ainsi, ils avaient le manuscrit original, et donc, la fin qui manquait au Kyree. Ainsi que les passages restés trop sombres pour le pouvoir d'Isabeau. Le récit était captivant, bien qu'il fit mal au coeur d'Enju : pourquoi Vkandis avait choisi Aanor ? Qu'avait-elle fait de si extraordinaire pour que Vkandis ne lui prête autant d'attention ? Ce n'était pas la jalousie qui motivait ces questions, enfin presque pas. Mais il y avit de quoi être étonné qu'il lui prête cette attention toute particulière. Un Dieu a sans doute autre chose à faire, non ? Ashun se fit la même réflexion, même s'il insinua qu'elle était une Elue de Vkandis. Impossible. Enju ne se rendait pas compte combien elle était parfois orgueilleuse, mais elle avait assez d'humilité pour ne plus vouloir espérer une telle chose. Trop de responsabilités... Elle aimait son poste de secrétaire. D'ailleurs, elle sourit à Ashun et secoua la tête, gênée, et souriante aux paroles qu'elle avait entendues... dans le vent...
- Ne dites pas cela, Prêtre Ashun... Je ne suis élue de personne, je ne suis qu'à Son service, et c'est très bien ainsi. J'ai voulu m'élever au-dessus de ma position, et j'ai été punie pour cela. J'ai retenu la leçon."
Elle avait désigné son fauteuil roulant, sans se départir de son sourire. Puis elle reprit, plus sérieusement.
- L'histoire de ce manuscrit reprend de manière plus précise le conte que nous a narré un Kyree de Valdemar. Il y a des détails intéressants dans ce manuscrit... Aanor est Déesse des Vents... Pourquoi des Vents, alors qu'elle n'était qu'humaine ? Et puis, pourquoi posséder une Orbe aussi puissante ? Je veux dire... En tant que Déesse, son pouvoir devrait être en elle, non ?"
Enju réfléchit à toute vitesse, les yeux froncés, un doigt sur les lèvres. Elle marmonnait parfois toute seule. Elle aurait aimé avoir des réponses, sur ce que faisaient réellement les prêtres et prêtresses de Aanor. Quel était le rôle des hommes, "créer et rêver" ? Celui des femmes était plus évident... Indra vint se nicher contre son fauteuil, mais trop concentrée, elle ne le remarqua pas tout de suite, et reprit à voix haute.
- Qu'en pensez vous ? Je croirais, selon nos recherches actuelles que Aanor est... toujours mortelle. Humaine. C'est pourquoi elle possèderait sa puissance "en dehors d'elle", sous la forme de cette Orbe. C'est pour cela qu'il y a cette mise en garde : si quelqu'un de mauvais s'empare de l'Orbe, rien ne pourrait l'arrêter, car il aurait entre les mains un pouvoir divin... Le Vent doit permettre à la Déesse de se protéger des intrus, de les repousser, ou au contraire, d'attirer les amis, mais sa faiblesse actuelle l'a empêchée de le faire... Ecoutez la tempête là dehors ! N'est-ce pas Aanor qui la déchaîne pour nous garder ensemble ici ? Sans cette tempête, nous ne nous serions probablement pas rencontrés... Nous aurions eu des ennuis à la Cour d'Iftel, et Vkandis seul sait ce qui aurait pu vous arriver sur la route."
Enju ne se rendait pas forcément compte que ses remarques pouvaient être incohérentes. Les idées se bousculaient dans son esprit, en grand désordre, et elle attendait, les yeux brillants, la réponse de Ashun et... Les réactions du Chat de Feu, qu'elle salua avec du retard, le visage légèrement empourpré.[/justify:3gbe9qfh]
-
Maintenant qu'ils étaient tous les deux plongés dans le travail, Ashun se sentait mieux. Le poids de la culpabilité, du devoir, de la tristesse s'évapora pour quelques temps, le temps qu'il mène leur mission à bien. Il devait s'occuper de cette jeune femme, il en était presque certain désormais, et la présente fantomatique de son ami défunt le confortait dans cette idée. Puis il s'arrêta et y alla de son petit discours pour la jeune femme et pour lui. Dire ces choses à haute voix les rendaient plus réelles, plus faciles à appréhender… Pourtant Enju nia, et Ashun sourit:
" Je dis ce que je veux, ma chère. Et je dis ce que je pense. Vous n'êtes pas arrivée à Son service par hasard."
Il regarda le fauteuil, puis la jeune femme:
"Parfois, perdre un sens permet d'en ouvrir d'autres pour trouver la voix qui nous est destinée. Peut-être que vos choix passés n'étaient pas si erronés que ça. Comment expliquez-vous qu'on vous ai choisie pour porter ces manuscrits à celui qui saurait les lire, pour accompagner une mission sur les routes les plus dangereuses et que vous y trouviez le Protecteur, la Dame d'Aanor et peut-être le nom de celui qu'Elle combat? Vkandis met des moyens à disposition de cette… Bien-Aimée, et vous faites partie de ces moyens. Ce n'est pas élégant de penser à soi comme un objet ou une arme à disposition d'un Dieu, certes, mais c'est notre lot, et nous sommes ici au dessus du lot parce que nous en avons les capacités. Pécher par excès d'humilité ne plait pas plus au Dieu que pécher par excès de vanité."
Il la laissa cependant continuer, et hocha la tête d'un air pensif.
"Si un kyree connaît ce conte… peut-être que Selm et sa mère aussi. Un kyree de Valdemar… Ce pays n'est pas réputé pour ses espèces endémiques. Quant à vos autres questions, je n'ai pas encore de réponses. Peut-être dans la suite des feuillets?" espéra-t-il alors qu'elle reprenait sa réflexion.
Il la laissa s'engager dans ce chemin difficile, et suivit son cheminement avec un masque impassible. Puis il émit d'autres hypothèses:
" Kal'enel est Déesse aux Yeux étoilés. Notre Vykaendis, ou Vkandis, est Dieu du Soleil. Chacun des Cent petits Dieux a un Domaine privilégié. Il ne me semble guère étonnant qu'une Déesse choisie en plus par notre Seigneur soit Déesse avec un élément particulier. Le Vent peut être semeur de vie autant que de douleur, cette Déesse ne doit pas être plus commode que notre Seigneur." Puis avec un sourire contrit: "Par contre la tempête ce sont les résultats d'un acte magique important: nos griffons viennent de finir de fermer un Portail magique, et apaisent les lignes de forces."
Le Chat de feu, près d'elle, ne s'offusqua pas qu'elle le remarque seulement. Il émit une sorte de ronronnement approbateur, puis sauta sur le banc à côté d'Oléis. Dans leur esprit à tous les deux, la Voix du Soleil s'exprima:
On ne sait jamais tout sur les Dieux. Mais Aanor n'était pas vraiment totalement humaine dès sa naissance. Il manquait un élément dans l'Equilibre du Monde, et Vykaendis n'a fait que l'aider à s'imposer à la place qui lui était dûe. Les Dieux sont tous liés entre eux, et l'Equilibre doit être respecté. De ce que j'ai compris, si Aanor meure, l'Equilibre sera détruit et le monde avec lui. Ce n'est pas seulement sa propre survie qui en dépend. Les actes des Dieux n'ont pas les mêmes valeurs que les notres. Mais nous sommes les seuls - tous ensemble - à pouvoir les aider parce que nous avons notre libre arbitre. Anshuu l'avait comprit. C'est l'homme de Cerath qui l'a tué. Et je pense qu'il faut vraiment finir de déchiffrer ces manuscrits car la parole des Dieux ne peut être donnée, il faut la conquérir.
Et même s'il ne le dit pas clairement, Enju et Ashun sentirent clairement que cette dernière condition énervait particulièrement le Chat de Feu.
[ Enju: le Chat de Feu te parle et semble apprécier tes efforts. Tu reprends une sorte de confiance en toi, et l'envie pressante de continuer ton travail avec Ashun pour en savoir plus et te montrer digne de tout ça. ]
O-O-O-O
Oléis hocha gravement la tête vers Fitz qui venait d'accepter vocalement son destin. Il l'enviait à la fois d'avoir été Choisi par une divinité, et le plaignait de devoir aller ainsi à l'aveuglette face à son avenir qui semblait à la fois glauque et glorieux. Et enfin, il l'admirait d'y faire face si stoïquement. Il espéra qu'après ces épreuves, les Dieux réservaient de belles choses à cet homme. Et que lui-même qui avait souffert pourrait enfin trouver la paix. L'image de sa compagne lui fit mal, et ses yeux se brouillèrent, ne voyant pas les signes d'épuisement de son compagnon.
Maya avait pris le relais, heureusement, et c'est à elle qu'il s'adressa, laissant le Duc reprendre ses esprits et se réinteresser à la conversation. Maya secoua la tête doucement:
"Ce n'est pas pratique mais tu t'en sors plutôt bien. Je ne sais pas trop quoi faire de plus pour t'aider." avoua-t-elle soudain d'une petite voix.
Soudain elle sourit en entendant le grondement caverneux provenant de l'estomac de Fitz. Ce dernier s'excusa mais la gamine redevint une simple enfant et se mit à rire:
"Heureusement que ton ventre a caché le bruit du mien. Je crois que les autres sont en train de faire à manger pour tout le monde."
Elle se leva et abandonna les deux hommes. Rohan n'était pas à portée de vue mais Oléis, comprenant sans doute ce que Fitz cherchait, précisa que l'homme avait suivi le gamin et la kyree.
[ Fitz : l'abscence soudaine de Rohan, que tu n'as même pas vu partir, t'inquiète. Malgré la fatigue, tu te rends compte que quelque chose cloche. D'ailleurs quand Maya s'en va, ta main te fait soudainement mal, et l'image d'un tourbillon apparait dans ta tête, et te donne la nausée ]
O-O-O-O
Plus loin dans la maison, se jouaient des choses moins amusantes (si on pouvait dire). D'abord, dans sa salle improvisée en salle d'eau, Nyaeve ne recevait pas de réponse de l'autre côté de la porte… A part celle peu réjouissante venant de Selm. Et impossible de joindre Masten.
La tentative de communication sembla ne pas marcher non plus quand elle tenta de contacter les autres, mais soudain une voix de femme répondit: Je viens avec du renfort.
Puis l'apprentie tenta de se servir de ses pouvoirs. Dans une maison, si près d'un orage venant d'un Portail, n'importe quel professeur aurait tenté de l'assommer pour lui éviter d'avoir (encore plus) mal à la tête le lendemain. Le vent s'engouffra dans la pièce, semblant emmener autant de buée que de mauvaises ondes, raffraichissant d'un coup l'endroit. Ils s'enroulaient autour de Nyaeve, et elle finit par être en condition pour les attraper. Lorsqu'elle les lança contre la porte, elle ne sentit aucune résistance. Le vent obéissait … la porte explosa. Le contre-coup fit valser Nyaeve dans la direction opposée, cette fois consciente mais tout de même bien ankylosée.
Face à la porte qui venait d'exploser, le pauvre Eoghan venait de se prendre un gros vent, si on pouvait dire. D'abord Nyaeve n'avait pas pu l'entendre à cause du vent dans la pièce et de sa concentration, et ensuite, lorsqu'il tenta d'ouvrir puis changea de porte pour vérifier que tout allait bien de l'autre côté, il eut tout juste la chance de réussir à l'ouvrir. Ce n'est pourtant pas sur ses pieds mais à plat ventre qu'il atterrit, avec un gros pan de bois dans le dos (l'ayant heureusement frappé à plat et non avec le bout bien échardé et pointu ).
Dans son dos, la kyree avait à peine eut le temps de se pousser, et pas celui de prévenir son aide involontaire. Elle avait senti les courants s'affoler et c'est avec un ton de mère poule énervée qu'elle contacta Nyaeve:
On avait apaisé les courants d'énergie, ça va les remettre en branle ça… Tout va bien?
Mais dans la salle d'Eoghan, le soldat bizarre déjà remarqué tendait la main à l'apprenti. Une main secourable… Sauf que Masten gisait dans le baquet derrière lui ( enfin, un gros paquet de plumes trempées gisait dans le baquet ).
"Couche toi!" hurla une voix d'homme avant qu'un sifflement ne se fasse entendre.
[ Nyaeve: à part des courbatures et un mal de tête qui enfle, tu as encore assez d'énergie pour répondre à la kyree, et même te relever. Tu vois les dégats que tu as fait, mais surtout Selm qui se dépêche de franchir la porte pour se serrer contre sa mère et toi en pleurant que tu as fait mal à l'humain et que Masten est trop mouillé.
Eoghan: tu peux choisir de prendre ou non l'avertissement pour toi, et de prendre ou non la main du soldat. Avant de poster, envoie moi un mp pour que je dise quel effet cela fait ^^ ]
O-O-O-O
En cuisine, loin des drames, le kyrill s'occupait de Loelia. Après la corvée pommes enclenchée, elle aurait de quoi satisfaire ses mains un petit moment. L'avantage pour les non communiquant magiquement, c'est qu'ils n'étaient pas dérangés par ce qui se passait plus loin, le bruit du feu, des hommes discutant, de la tempêche, cachait tout ce qui pouvait se passer derrière des murs un peu épais.
La créature s'affairait à expliquer à Loelia ce qu'il avait remarqué.
" Il existe beaucoup de Dons différents. Les hommes veulent tout classer par genre. Vous avez votre propre Don, et il faut juste trouver la méthode pour le travailler." promit-il en remplissant méthodiquement son saladier de quartiers de pommes.
Il la regarda:
" Quoi que vous ayez fait, c'est passé par la musique. Votre envie de vous en occuper est passé par dessus les barrières de la compréhension et les a touché. Votre musique a ressemblé à leur langage, à un moment. Peut-être est-ce une partie de votre don."
Il sourit à la mention des cordes de rechange mais se concentra sur elle quand elle se rembrunit. Lui-même sembla plus triste:
"Ses parents faisaient partie d'une famille qui … disons simplement qui servent la famille royale. Des mages aussi. Ils ont été tués. Nous nous occupons d'eux comme nous pouvons mais ce sont les seuls survivants de leur groupe, et il faut absolument leur trouver des familles d'adoption. Nous ne pouvions pas les laisser seuls là-bas." affirma-t-il tristement.
Il tenta de se reprendre mais l'affaire le touchait c'était évident. Il prit pourtant le temps de continuer d'écouter la jeune ménestrelle et répondre à d'autres questions:
"Les tron'dirns… Ce sont des Guérisseurs. N'importe quelle créature naturelle peut l'être - et il arrive désormais que d'autres, comme les kyrills, les hertasis, etc, développent le Don aussi. Ils sont spécialisés dans les soins pour les autres créatures non-humaines. En général, comme pour chaque Don, cela passe par l'énergie, la pensée, ou l'Empathie. Ils sont comme les Guérisseurs pour humains, sauf qu'ils sont plus à l'aise avec les créatures - voire ne peuvent utiliser leur Don que pour eux. On m'a déjà parlé de Guérisseurs soignant par la musique, c'est mentionné dans certains contes. C'est peut-être votre cas avec les dyhélis. En tout cas j'ai senti quelque chose."
Et il déposa son dernier quartier de pomme dans le saladier.
[Loelia: plus il parle plus ça te semble bizarre… Mais effectivement, tu sais qu'il s'est passé quelque chose. Sauf que quoi exactement? Peut-il avoir raison? Est-ce de l'espoir pour rien? ]
-
Fitz adressa un sourire presque paternel à la jeune fille qui partait vers la nourriture, mais lorsqu'il revint à la réalité, et qu'il compris que Rohan n'était plus là, le mercenaire se leva d'un bond, sortant les deux lames de derrière son dos. Il tourna son regard de nouveau vers Oléis:
"Quelque chose ne va pas... J'ai mal Duc, et ça c'est que quelque chose ne va pas"
En effet, alors que sa main se fermait sur la poignée de son arme, il sentit la douleur monter depuis sa paume et se répandre dans tout son bras, et il y eut sa vision. Un tourbillon qui apparut dans son crâne, comme si il avait toujours été là, il fut pris de nausée, tentant tant bien que mal de la réprimer.
"Oléis, restez sur vos gardes, protégez les autres, prévenez mes hommes, qu'ils vous aident ! L'ennemi est ici je le sais, je le sens, et croyez moi, je ne me trompe jamais ! "
Réussir à tenir debout et à garder les idées claires, avec la douleur et la nausée ce n’était pas vraiment évident, mais Fitz savait très bien où il devait aller.
Sans plus attendre, les armes prêtes, le mercenaire parti au pas de course vers l'escalier.
Avant de s'engouffrer dans ce dernier, il lança un dernier ordre.
"ENJU, Ashun, je vous confie Maya !! Ne la quittez pas des yeux ! L'ennemi est parmi nous! "
-
[justify:20s6nrh8]Enju aurait aimé contredire Ashun à nouveau. Elle avait capté son regard sur son fauteuil roulant, cette machine si insolite à cette époque. Mais comment avouer l'horrible chose qu'elle avait faite dans son enfance ? Comment garder la confiance d'un honnête prêtre en lui avouant avoir fait partie de ceux qui voulaient renverser le Fils du Soleil afin de remettre au pouvoir un ordre corrompu ? Enju était jeune, mais même encore maintenant, elle se haïssait pour ce qu'elle avait fait à cette époque là, dans l'ignorance la plus totale.
Mais à présent, elle servait Vkandis. Pour de bon. Finalement, le Grand Prêtre avait raison : si le Dieu Soleil lui en voulait encore, l'aurait-il laissée partir sur les routes ? Lui aurait-il confié la garde de ces précieux manuscrits, et surtout, surtout, un Chat de Feu serait-Il à ses côtés ? Enju sourit au prêtre, et le remercia silencieusement. Car si elle ne souhaitait pas être trop importante, par excès de cette humilité qui lui avait fait défaut des années durant, la jeune femme espérait sincèrement qu'elle pourrait arriver au bout de cette tâche, et la mener à bien.
Désormais, elle refusait de douter. Douter de Vkandis, de Aanor, de Ashun. Elle ne profanerait plus le nom de Aanor, et tiendrait sa première promesse : L'aider, et La sauver si elle le pouvait. Il fallait se mettre au travail. Elle sourit au prêtre, et se pencha sur son papier, plume en main.
- Très bien. Alors partons à la conquête de ce...
Mais sa bonne résolution fut interrompue par l'éclat de voix de Fitz. Veiller sur Maya ? Enju tendit la main vers l'Elue de Aanor pour l'attirer entre elle et le prêtre. Surprise, elle lui demanda :
- Que... Se passe-t-il ? Que lui arrive-t-il ? Pourquoi dit-il que l'ennemi...
Enju regarda autour d'elle. Elle gardait la main de Maya dans la sienne, oubliant un instant qu'elle n'avait pas à faire à une petite fille, mais à une Grande Prêtresse. Enju fit appel à son excellente mémoire pour dresser la liste des gens qui manquaient...
[Note : puis-je te demander de me dire qui elle remarquera qu'il manque ? :3 Ce n'est pas par flemme, mais pour être sûre de ne pas dire de bêtise ...][/justify:20s6nrh8]
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Si Eoghan s'était attendu à quelque chose de ce genre, c'était raté. Pourtant, une ou deux secondes avant, il sentit quelque chose venir dans son dos. Il tourna légèrement la tête pour regarder par dessus son épaule mais aussitôt, il crispa les yeux et rentra la tête lorsque la porte de Nyaeve se fracassa pour venir lui frapper le dos. Eoghan s'étala à plat ventre dans la salle de bain qui venait de s'ouvrir. Accusant le coup, Eoghan se protégea la tête en attendant que la bourrasque passe enfin.
Finalement, quand il releva les yeux, il vit le soldat face à lui qui lui tendait la main. Mais derrière lui, Eoghan n'était pas sûr de ce qu'il voyait, aussi il resta à terre et fronça les sourcils. Il avait encore du mal à savoir ce qui s'était passé et il était encore sonné et ne chercha pas à comprendre grand chose alors qu'il tendait la main pour prendre celle du soldat tout en grimaçant du choc reçu dans son dos. Mais entendant crier dans son dos, son instinct lui dicta de se protéger et il plaqua à nouveau ses mains sur sa tête pour se coller au sol. Il ne reconnut pas bien la voix derrière lui dans toute cette confusion mais en relevant les yeux sur le soldat, il vit le couteau et son souffle se coupa. Eoghan n'avait jamais assisté à ce genre de situation et c'est avec stupéfaction qu'il contempla l'homme en train de chavirer.
Pris par l'adrénaline, Eoghan se redressa pour se pencher sur le flanc et s'aider de son coude pour reculer autant que possible et éviter la chute du soldat, le morceau de porte glissant de son dos endolori. L'homme s'étala alors devant ses yeux arrondis et son visage pâle. Mais quand en plus, il lui agrippa le bras, Eoghan se retint de hurler face à la douleur qui lui prenait la tête subitement. Encore une migraine… Vivement, il reprit son bras pour se bouger encore, étalé au sol, presque sur le dos à présent et il fixait le soldat avec une stupeur mêlée de crainte paralysante dans le regard.
Puis, finalement, Eoghan releva les yeux vers celui qu'il supposait lui avoir dit de se mettre à terre et qui avait dû envoyer le couteau. Malgré sa migraine, Eoghan avait toujours les yeux alertes et écarquillés.
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Tandis qu'elle continuait sa corvée de pommes, Loelia écoutait attentivement le kyrill qui lui parlait un peu mieux des différents Dons, lui expliquant que chacun possédait un Don propre et qu'il fallait "simplement" trouver le moyen de le travailler. Il semblait croire que la jeune fille possédait un Don, qui lui aurait permis d'atteindre les dyhélis par le biais de sa musique.
"Je ne sais pas… c'est un peu confus dans ma tête. Tout ce que je sais, vraiment, c'est que je voulais plus que tout pouvoir les aider. Et sur le moment, spontanément, la musique m'a paru une solution plausible. On dit qu'elle peut soulager les moeurs des humains, alors pourquoi pas des non-humains ? on ne doit pas fonctionner de manière si différente…."
Mais elle ne parvenait toujours pas à comprendre comment elle avait fait. Oh bien sûr, elle avait été très déçue, lors de son examen au Collegium, d'avoir été recalée comme Barde (même si, comme on le lui avait dit, on ne savait pas encore si c'était temporaire ou définitif). Se rappelant de cette déception, elle préférait se montrer prudente et garder la tête froide, car elle ne voulait pas être déçue à nouveau. Non, vraiment pas. Elle manquait déjà trop d'estime pour elle et pour ses compétences musicales, elle ne voulait donc pas ramasser une gifle supplémentaire.
Tandis qu'elle ruminait ces sombres pensées, le kyrill lui fit part de quelque chose de plus triste encore : les deux dyhélis étaient devenus orphelins il y a peu, leurs parents, mages au service de la famille royale, ayant été tués. Ils étaient maintenant les seuls de leur groupe… et on leur cherchait des foyers d'adoption.
Cela renvoyait Loelia à sa propre situation.
"Les pauvres… je crois comprendre, ou presque. Je n'ai jamais connu mes vrais parents et c'est une famille d'adoption qui m'a élevée. Ce n'est certes pas trop comparable car finalement j'étais trop jeune pour me souvenir de mes vrais parents .. et je pense qu'ils sont encore vivants… Heureusement, le couple qui m'a élevée était vraiment charmant, gentil, attentionnés… ils m'ont traitée comme leur vraie fille."
Elle tourna encore une fois son regard vers les deux petits, endormis.
"J'espère qu'ils trouveront eux aussi un foyer où ils seront heureux…"
Le kyrill revint alors aux explications concernant les tron'dirns, répondant aux interrogations de la ménestrelle. Elle appris donc que c'étaient des Guérisseurs, mais centrés plutôt sur les non--humains et que n'importe qu'elle créature pouvait occuper cette fonction. Il parla de Guérisseurs officiant par la musique et il semblait sous-entendre que Loelia avait peut-être cette capacité.
"J'aimerais que vous ayez raison, vraiment. Si je pouvais soigner certains êtres par ma musique… j'en serais vraiment heureuse. J'aurais le sentiment de faire quelque chose de bien, d'utile. Mais je ne veux pas me nourrir de faux espoirs."
Elle réfléchit un moment.
"En admettant que j'aie ce Don, quelque part, latent… savez-vous comment je pourrais le tester ? afin de voir s'il y a vraiment quelque chose de plus que mon pauvre esprit fatigué qui a voulu aider deux petites créatures dans le besoin?"
Ses réflexions furent interrompues par du bruit dans la pièce. Quelque chose semblait aller de travers et ses compagnons semblaient soudain en proie à une agitation certaine. Elle entendit les mots "ennemi", "restez sur vos gardes", puis vit Fitz tirer ses armes et foncer vers les escaliers…
-
Nyaeve se releva comme elle pouvait. Est-ce qu'un chariot tiré par des boeufs venaient de lui passer dessus. Chaque petite partie de sa personne était douloureuse. Elle regarda autour d'elle, que s'était-il passé. Elle vit la porte et se rappella. Havens! Masden, la baignoire. Difficilement, elle se remit debout, le trou béant qui avait été la porte de cette salle de bain improvisée était sa destination.
Elle fut un peu surprise quand elle retrouva Gaylee et ses reproches à la porte. Oui, c'était juste, le portai avait perturbé tous les champs magiques mais qu'aurait-elle pu faire d'autre? Sa tête résonnait, est-ce qu'une parade si déroulait.
- Je suis vraiment désolée, aoutch, mais ce que me disait Selm m'a inquiété peut-être plus que cela ne devait où est Masden?
Elle tourna péniblement la tête et tomba d'abord sur le regard apeuré de Selm.
- Excuse moi Selm, comme tu le disais je suis un de ces imbéciles d'apprenti mage qui ne sait pas ce qu'il fait, vas-tu bien? Ou est Masden?
C'était alors la seule préoccupation de Nyaeve, jusqu'à ce que son regard se pose sur Eoghan allongé, blessé par une poutre provenant de la porte qu'elle avait explosé.
- Eoghan
Un sentiment de culpabilité la paralysa sur place mais qu'elle idée avait elle eu d'utiliser la magie. La magie ne s'utilisait pas à la légère et encore moins dans la précipitation, surtout à son niveau. Et elle entendit le sifflement, chercha son origine.
-
[ Hj: Juste, Enju s'il te plait, change de couleur de police, je m'écorche les yeux à chaque fois :s ]
Oléis ne prit pas le temps de demander à Fitz ce qu'il se passait. Il était le protecteur, et le Duc ne pouvait qu'obéir si on lui disait de s'organiser parce que quelque chsoe ne tournait pas rond. D'un signe, il prévint ses amis de se tenir sur leurs gardes. Les kyrills gardèrent de longs couteaux à proximité, les griffons qui s'éveillaient préparèrent leurs serres, et ouvrirent le bec, menaçants. Ils semblaient les plus inquiets d'ailleurs, et mentalement semblaient parler à quelqu'un - seul Oléis le remarqua, parce qu'il les connaissait bien. Les dyhélis s'éveillèrent sursaut, et se mirent difficilement debout, près à ruer ou encorner. Les soldats de Rohan et Fitz dégainèrent leur poignard long (il n'y avait pas de place pour tant d'épées) et attendirent.
Fitz était déjà dans l'escalier et les montait quatre à quatre vers le danger qu'il pressentait.
Ashun avait sorti un long stylet pointu et visiblement aiguisé de sa botte. Il le posa sur la table à portée de main et fit un signe à Maya. Cette dernière avait beau ne rien montrer, elle ne se fit pas prier pour venir s'asseoir à côté du vieil homme. Elle sourit doucement à Enju et accepta le geste qui l'attirait entre la jeune femme et le prêtre.
"Aanor dit qu'il y a des traîtres. Je suppose que Fitz vient de repérer le traître d'ici. Je ne sais pas qui c'est…"
Il manquait beaucoup de gens: des soldats partis se reposer, des guérisseurs, les serviteurs, Rohan, Fitz, Nyaeve, Eoghan, les petits non-humains… Qui d'entre eux pouvait être le traître? Maya s'en voulait de ne pas avoir testé tout le monde. Et Aranel, épuisée, n'avait même pas ouvert un oeil dans le coin où elle gisait. Un de Héraut du groupe avait demandé à un Guérisseur de l'examiner un peu plus tôt et craignait une crise de surmenage.
Ashun resta calme et regarda Maya et Enju:
"Pendant qu'on ne sait pas ce qu'il se passe, continuons avec les parchemins, cela nous sauvera peut-être la vie plus tard. Nous bougerons quand il le faudra."
Le Chat de feu, qui avait quitté sa place pour se coller dans les jambes de Maya, approuva mentalement.
La suite du texte mit moins de temps à être traduit: il s'agissait d'une description du Coeur, sûrement l'Orbe d'Aanor même si elle n'était pas clairement nommée. Encastrée entre les racines d'un arbre géant, elle était de la taille d'un poing d'homme entourée de la deuxième main du même homme. Noire d'encre, elle était striée de lignes blanches qui se rejoignaient en formant des étoiles comme une nuit d'été sans lune. Elle fonctionnait visiblement comme un Node de pouvoir, et était intimement liée à la Déesse et à la Terre.
Venait ensuite la description du Protecteur de l'Orbe. C'était à peu près ce qu'avait expliqué Ashun et Oléis plus tôt, mais le prêtre fut fier de ne pas s'être trompé même s'il le cacha de son mieux.
Maya et Indra approuvaient de la tête après chaque traduction.
****
[HJ: je rappelle que ce n'est pas Gaylee]
Ce n'est pas grave, il y a plus urgent. Je n'entends plus Masden, et Selm est incapable de parler correctement en ce moment.
Le petit kyree vint tout près de Nyaeve et lui fourra le museau dans le ventre.
Alors il faut que je reste avec toi. Mais faut Masden! s'inquiéta-t-il en lui attrapant la manche et tentant de la faire venir dans le couloir.
Sa mère y attendait déjà, vérifiant de loin qu'Eoghan allait bien… dents découvertes, prête à bondir sur l'homme au-dessus du Mage quand la voix intervint pour lui dire de se baisser. Elle-même n'était pas à un niveau dangereux, elle ne risquait pas de se faire toucher, mais elle se replia un peu sur elle-même au cas où.
Quand Nyaeve passa le seuil de sa propre salle, ce fut pour voir le tir précis de Rohan. Son poignard fila droit, évita Eoghan qui s'était rejeté à terre , et rentra dans le soldat. Ce dernier s'effondra presque silencieusement, exhalant un soupir-cri de douleur, et resta allongé à terre, essayant de reprendre son souffle, la main crispée sur le bras d'Eoghan. Le jeune mage se dégagea de lui comme il s'était dégagé du morceau de porte qui le bloquait, et le regarda un moment. Puis il se tourna et put voir la kyree qui se précipitait sur l'homme à terre et le menaçait, crocs au dessus de la gorge, sans ménagement - son gros ventre trainant presque à terre ne lui donnant pas l'air moins dangereux.
Rohan entra à son tour, en ignorant Nyaeve et son familier, et vint aider Eoghan à se relever.
"Tout va bien? Il t'a touché? " s'inquiéta-t-il alors avec empressement. Il commençait déjà à regarder là où les échardes de la porte avaient déchiré le tissu.
Masden! rappela Selm à Nyaeve en se précipitant vers la baignoire. Il attrapa une pâte et commença à tirer - mais il n'était pas assez fort.
***
Bien que le kyrill se soit, ainsi que sa compagne, armé d'un couteau, il continua sa corvée de cuisine, estimant que si un vrai danger les menaçaient, les différents hommes et créatures entre eux et ledit danger suffiraient pour qu'il soit prêt s'ils étaient à leur tour menacés.
" Je ne suis pas le mieux placé pour vous expliquer. Quand vous rentrerez chez vous, je vous conseille quand même d'aller voir un Guérisseur et un Barde." `
Le kyrill hocha la tête tristement quand la jeune fille lui expliqua qu'elle n'avait jamais vu ses parents biologiques, mais que le Destin lui avait quand même donné une vraie famille. Il ne répondit pas au sujet des jeunes dyhélis, qui venaient de se lever, inquiets à cause de l'agitation.
Beli expliqua rapidement ce qu'était un trondi'irn et précisa qu'il faudrait en parler avec un pour qu'il lui explique les subtilités.
" Et il vous testerait. Mais un simple Guérisseur pourra vous dire si vous avez une variante de leur Don. Et je suppose qu'un Barde pourrait le déceler. Mais un Barde vraiment puissant."
Il termina de ramasser leurs pommes et alla les mettre dans la marmite libre pour les faire cuire. Puis il fit signe à Loelia de le suivre et alla voir les griffons adultes. Le male les accueillit d'un ton inquiet pendant que la femelle fermait les yeux d'un air concentré:
"Je suis trop gros pour monter dans cette habitation d'humain, mais on se bat là-haut, et Masden ne répond pas. Selm et Nirsi n'ont pas le temps de …"
Il s'interrompit et sembla écouter:
" Le traître a été immobilisé, et la petite mage s'occupe de notre fils. Le mage mâle est blessé."
Puis il soupira:
"Sais tu où est Valsin? Il a disparu depuis tout à l'heure. Il nous aidait à apaiser le temps mais j'ai peur qu'il ne soit aller vérifier où en était la fermeture du portail."
Puis son regard se posa sur Loelia:
"Jolie demoiselle, pourriez-vous jouer un peu pour Fumée et Brume, ça éviterait qu'ils nous vrillent les oreilles avec leurs pleurs."
A ce moment, Cerelna claqua du bec:
"Le petit mage joue avec le temps, il faut qu'on nous l'amène vite."
[ Enju : le texte te semble de plus en plus important, et dès qu'une phrase est traduite, tu entends la voix d'Anshuu en écho de celle d'Ashun. Cela devient vraiment réellement perturbant. Vas-tu en parler ou non? Depuis que le Chat et Maya sont réunis près de toi, tu entends Anshuu encore plus clairement.
Eoghan: le mal de tête est horrible, et tu as l'impression d'une vraie tempête à l'intérieur de toi, que tu essaie de calmer. mais tu ne sais pas comment t'y prendre, et tu as l'impression de lutter dans le vide. Quand Rohan te demande s'il t'a touché, tu te rends compte que là où le soldat t'a pris le bras tu as une grosse marque rouge, douloureuse, une vraie cloque.
Nyaeve: le ton de Selm disant qu'il va rester avec toi est très définitif, et cela provoque comme un claquement de chose qui rentre parfaitement à sa place en toi. Nirsi n'a pas l'air très concentrée sur vous, mais quand Selm tente de tirer son ami, elle t'ordonne de l'aider et de l'emmener en bas à ses parents.
Fitz: quand tu arrives en haut, tu trouves la situation terminée: Nirsi au-dessus du soldat, Rohan s'occupant de Eoghan, Nyaeve en train de se diriger vers le griffon noyé et le kyree. Ta marque s'apaise, mais tu dois maintenant comprendre ce qui s'est passé (vu le désastre provoqué par la magie de Nyaeve) et surtout interroger l'homme avec le poignard dans la poitrine qui n'est pas mort.
Loelia: le griffon s'adresse en valdemaran à Beli, ce qui fait que malgré l'accent, tu le comprends. Les informations transmises ne le sont pas pour toi mais tu comprends bien. Tu n'entends pas les dyhélis pleurer mais tu les vois bien tristes. Est-ce le moment de les rassurer ou de faire autre chose? ]
-
[C'est trop nul d'attendre pour répondre, en fait… Je reprends ma place parmi les premiers !]
Eoghan grimaça fortement alors que Rohan l'aidait à se relever. Serrant son bras contre sa poitrine, le mal de tête affreux qui le rongeait l'empêchait presque de réussir à se tenir debout. Regardant Nyaeve s'en aller vers le bain, Eoghan voulu l'aider mais il se sentait paralysé, bloqué et s'accrochait au bras de Rohan comme un paresseux à sa branche. Sa tête lui tournait et la nausée lui montait. Les yeux crispés en essayant de reprendre les mots du prêtre pour se calmer, comme il l'avait fait plus tôt, rien n'y faisait. Sûrement qu'en son fond intérieur, son stress et sa panique éprouvée l'empêchait de se concentrait et la peur de créer un malheur comme il en avait eu l'habitude plus jeune, le bloquait.
Alors quand Rohan lui demanda s'il avait été touché, la seule chose à laquelle Eoghan pensa fut à une blessure totalement différente et il secoua la tête énergiquement.
_ Non, non il ne m'a rien fait…
Pourtant, la douleur provenant de son bras l'intriguait et alors qu'il relevait sa manche, il écarquilla les yeux et entrouvrit les lèvres de stupéfaction.
_ Qu'est-ce que c'est ?
Il gémit légèrement sous la douleur combinée entre la cloque et sa tête. Relevant légèrement les yeux pour regarder Nyaeve, il n'eut qu'une envie, c'était de s'éloigner. Pourtant, en regardant l'homme au sol, tout ce qu'il voulait, c'était le faire payer. Aussi, il se retira de l'étreinte de Rohan pour faire un ou deux pas.
_ Je vais lui montrer comment ça se passe chez nous avec les braconniers.
Aussi droit qu'Eoghan pouvait être, c'était avec une voix claire mais profonde et peu rassurante. Il avait beau avoir mal, très mal, la solution qui lui vint à l'idée était de se libérer sur l'homme à terre. Il poserait les questions… Après !
-
Il y a des secondes qui paraissent une éternité, et l'ascension de cet escalier était un de ces moments.
Les armes dégainées, il était enfin là, au milieu du groupe étrange. Rohan en train de relever Eoghan. Soulagé de voir ses amis sur pied, mais déçu de n'avoir pu se dérouiller un peu, le mercenaire s'approcha baissant ses armes.
"Tout va bien ? Que s’est-il passé ? "
Fitz eut à peine le temps de voir Eoghan debout, que ce dernier s'avançait déjà vers son agresseur. Le mercenaire s'interposa, posant ses mains sur l'épaule du mage.
"Du calme. J'ai besoin de lui, et crois moi, tu n'aimerais pas être à sa place. Va plutôt faire soigner tout ca, et prévenir tout le monde que la situation est maitrisée".
Se retournant vers Rhoan, il s’adressa à son camarade calmement.
"Accompagnes le s'il te plait, et envoies moi un homme ainsi qu'un soigneur, une fois qu'il aura vu Eoghan bien entendu. Vérifies que tout va bien, on vous rejoint tout à l'heure".
Lorsqu'il se retourna il put enfin contempler le désastre. Une porte avait complètement explosé, le traitre gisait sur le sol un poignard profondément planté dans le corps, et la Kyree se tenant au dessus de lui. Sa marque ne le faisait plus souffrir, il savait qu'il n'y avait plus de danger. Mais maintenant le plus compliqué arrivait, il fallait que ce prisonnier parle, et il savait aussi que c'était son rôle de le faire parler.
"Nirsi, écartez-vous je vous prie, je vais moi-même m'occuper de cet homme. Pouvez-vous aider Nyaeve ?"
Puis se penchant sur le traitre, il lui murmura doucement à l'oreille.
"Tu vas regretter très vite que je ne sois arrivé plus tôt pour te tailler en pièce... J'étais presque heureux de devoir me battre, et là sur le coup, je suis frustré de ne pas avoir eu le temps de donner un coup d'épée. Crois-moi tu vas me dire ce que je veux, et quand je le veux. "
Il se redressa, faisant craquer sa nuque, ses épaules et ses mains. Pas en signe d’intimidation non, cet homme serait plus difficile à briser que ca, mais de façon à se préparer et à détendre un peu ses muscles.
"Tu me diras qui t’a envoyé, d’où tu viens, quel est ta mission. Tu me diras tout, même ce que je ne veux pas savoir. Tu résisteras, ca je sais que tu résisteras, mais je te briserai. "
Son regard se posa dans chaque coin de la salle. Il lui fallait que peu de choses en somme : Une chaise et des liens pour commencer, cela ferait l’affaire.
-
Nyaeve fut remplie d'une bouffée de soulagement quand Selm se rapprocha d'elle et fourra son nez contre elle. Une grande boule d'angoisse se relacha. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point l'idée d'avoir effrayé le jeune kyree l'avait affectée. Elle lui gratta machinalement derrière l'oreille même si ses réflexions étaient encore sur Masden. Elle vit alors le couteau sifflé et passé devant elle. Elle regarda alors la scène de chaos autour d'Eoghan.
Avec toute l'énergie qui lui restait, elle suivait les consignes de Selm et de sa mère et se rua vers Masden. L'accroche de Selm qui la tiraient dans cette direction ne lui laissait pas le choix. Elle ne jeta même pas un oeil sur l'homme qui l'avait enfermé, cela était à cent milles lieux de ses préoccupations. Son coeur se serra quand elle vit la boule de plume immobile dans l'eau. Elle n'attendit pas pour aller aider Selm qui essayait en vain de le sortir par une patte.
La tête, il fallait absolument commencer par sortir la tête. Il s'agissait peut-être d'un bébé griffon mais il devait bien être aussi grand et en tout ca aussi lourd qu'elle. Elle n'était pas sure de pouvoir le sortir de la baignoire, mais elle pouvait surement dégager sa tête. Pendant toutes ses pensées, elle ne cessait de répéter.
- Aller mon gros, respire, bouge, on est là, tout va bien. Le méchant homme est parti.
-
[justify:27ze3zxf]Enju s'était plusieurs fois demandée, au cours des mois passés à Haven, s'il était normal qu'elle prenne autant à coeur son devoir de secrétaire. Cela lui paraissait normal, mais elle avait entendu, plusieurs fois, des domestiques ou des pages la traiter de cingler. Pourtant, là ce soir, elle était persuadée d'avoir toujours bien fait, jusqu'à présent. Il se passait peut-être quelque chose de grave, là haut, et Ashun ne s'en inquiétait pas outre mesure, préférant faire quelque chose d'utile et constructif : continuer la traduction. Toutes ses incertitudes s'envolèrent, et elle sut alors qu'elle aurait énormément à apprendre auprès de cet homme.
Maya non plus ne semblait pas plus que cela traumatisée par les événements. Elle énonça calmement qu'il y avait un traître, et le - comment avaient-ils dit ? Epée ? Non - Glaive de Aanor s'en chargeait. Enju était une peureuse, ce n'était pas nouveau. Et elle n'était pas particulièrement rassurée. Mais Ashun avait raison : il fallait traduire ces textes, et au plus vite. La karsite jeta un dernier coup d'oeil inutile vers le plafond, pria brièvement pour qu'aucun malheur n'arrive à ses compagnons de route, avant de reprendre sa table d'écriture et son encre, ses plumes.
La traduction semblait être plus aisée pour Anshuu, la prise de note l'était bien moins pour Enju. La voix du Grand Prêtre se dédoublait, et la présence de Maya et du Chat de Feu semblaient rendre la voix du défunt Anshuu. Profitant d'un moment où le grand prêtre était penché sur une nouvelle ligne de texte, Enju, elle fixa Maya, et le Chat de Feu. Pouvait-elle décemment confier ses petits soucis à des personnages aussi importants ? Non, bien sûr que non. Elle leur sourit et se remit au travail. Cette double voix, cet écho constant, allait finir par lui donner la migraine, aussi, Enju s'arrêta en plus milieu d'une phrase.
- L'entendez-vous, Prêtre Ashun ?"
Elle parlait de la vois d'Anshuu. Après tout, ils l'avaient entendue tous les deux tout à l'heure. Cet écho ne gênait donc point le prêtre ? Enju fronça les sourcils.
- Le prêtre Anshuu... Chaque fois que vous parlez, je l'entends, lui aussi, en écho à vos paroles... Étiez vous... Jumeaux, peut-être ?"
Car la karsite était toujours persuadée qu'ils étaient frères de sang, par rapport à leur conversation de tout à l'heure. La jeune femme se tourna vers Maya, et le Chat de Feu, et leur demanda :
- Les pouvoirs de Aanor s'étendent-ils aux esprits des morts ? Je ne cesse d'entendre la voix de cet ami..."
Ou alors, elle devenait folle, et Enju venait de le prouver à ceux avec qui elle devait travailler.[/justify:27ze3zxf]
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Loelia écoutait encore les dernières réponses du kyrill, qui lui conseillait tout de même de se renseigner auprès de Guérisseurs de et de Bardes quand elle rentrerait, car ses réponses à toutes ces questions avaient des limites. Pour les Bardes, elle s'avait par avance à qui s'adresser et en ce qui concerne les Guérisseurs, elle trouverait bien.
"Je vous remercie de vos précisions. J'irai sans doute d'abord me renseigner auprès de la doyenne, si elle veut bien me recevoir. Elle, elle doit avoir quelques connaissances sur le sujet. Et elle savait que c'était un Barde aux capacités très développées."
Puis, ils furent perturbés par de l'agitation venant des pièces du haut. Le kyrill lui demanda de la suivre et s'approcha des griffons qui étaient trop gros pour s'engouffrer à l'étage supérieur. Le mâle concentra son attention sur les deux dyhélis, qui venaient de se réveiller suite au bruit. Il sembla écouter des choses que Loelia ne pouvait entendre, avant de la rassurer sur ce qui se passait là-haut. Le traître avait été maîtrisé et on s'occupait de ses compagnons.
Aussi lui proposa-t-il de jouer encore pour calmer Fumée et Brume, car selon lui ils leur "vrillaient les oreilles avec leurs pleurs". Mais elle n'entendait rien, cette fois-ci.
Et elle était inquiète pour Eoghan également.
Toutefois, elle ne voulait pas laisser les dyhélis ainsi. Même si elle ne les entendait pas, elle voyait dans leur regard que ça n'allait pas.
"Je ne vous cacherai pas que je suis inquiète pour mon ami en haut. Mais apparemment, ils ont l'air assez pour s'occuper de lui pour le moment. Quant à nos jeunes amis, je vais essayer, mais ne les entendant pas cette fois, je pense que ça risque d'être plus difficile. Mais je vais tenter."
Elle s'assit près de Fumée et Brume et repris son luth en main. Elle se concentra sur ce qu'elle avait ressenti la première fois, faute de mieux, tout en tentant de faire abstraction de son inquiétude pour les autres en haut. Là-haut, elle ne serait pas nécessairement utile, mais ici, avec un peu de chance et de concentration, elle pourrait peut-être faire quelque chose.
Elle se mit à jouer quelque chose d'assez proche de ce qu'elle avait choisi auparavant pour calmer les deux jeunes dyhéklis et essaya de retrouver la sensation auparavant ressentie.
-
Rohan continua à soutenir Eoghan sans paraître plus ébranlé que ça par le poids que le jeune homme portait sur lui. Ce qui le gênait c'était surtout de savoir si oui ou non le jeune mage avait été blessé ou touché. La première réponse d'Eoghan amena une lueur de soulagement dans le regard du soldat, mais elle s'éteignit immédiatement quand le jeune homme prouva qu'au contraire, cela n'allait pas.
"Poison je pense." constata Rohan en voyant l'énorme trace sur le bras de son compagnon.
Le soldat n'empêcha pas le jeune homme de s'éloigner de lui mais il lui lança tout de même
"D'abord guérisseur, jeune homme. C'est plus prudent."
Heureusement que Fitz s'interposa entre Eoghan et le soldat avec la dague dans le ventre, parce que l'apprenti n'avait pas l'air d'humeur à conter fleurette au traitre. Rohan tenta d'expliquer rapidement la situation à son collègue:
"Je suis arrivé au moment où ce traître finissait de noyer le griffon et sortait ses aiguilles pour Eoghan. Ils sont blessés tous les deux. Le petit, je sais pas s'il est ..."
Et le soldat évita de regarder Nirsi. Il se concentra plutôt sur ce que lui demandait Fitz et hocha la tête. Il prit Eoghan par l'épaule, juste une seconde avant d'enlever sa main, et le dirigea vers la porte:
"On obéit. On sera plus utile en bas. On vous envoie un soigneur et je remonte ou j'envoie quelqu'un pour ... le corps."
Le chef de l'équipe ne donna pas le choix à Eoghan, et il le força à descendre à ses côtés.
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Nirsi ne voulait pas s'écarter du meurtrier du griffon. Elle voulait savoir pourquoi cet humain s'en était pris à un petit, et elle imaginait déjà la scène si son petit à elle avait été là, dans cette baignoire. Elle vit pourtant une lumière inquiétante dans le regard de Fitz et s'avoua qu'il aurait sans doute plus de chance de faire avouer l'humain qu'elle. Elle s'écarta sans un mot - l'homme était trop choqué et avait trop mal pour tenter de s'enfuir de toute manière.
Il regarda Fitz s'approcher de lui avec des yeux un peu vagues, et ne sembla pas avoir peur quand le mercenaire le menaça. Il ne réagit pas plus quand Fitz se prépara physiquement et seul un demi sourire répondit aux questions que Fitz voulait lui poser. Il ne bougea pas, et dès que l'homme eut trouvé une chaise et des liens, il se laissa attacher sans résister.
[ Fitz: quand tu attaches l'homme, tu remarque des minuscules aiguilles cachées entre ses doigts. En le fouillant tu trouve des armes non réglementaires, dont plusieurs petites fioles. Le regard halluciné du traître est étrange. Explique comment tu l'interroge, et n'oublie pas qu'il a une dague dans le corps^^ ]
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Nirsi se dépêcha de rejoindre la baignoire, Nyaeve et Selm. Le jeune kyree continuait à tirer comme il le pouvait, et grâce à la force qu'il déployait, Nyaeve avait enfin pu sortir la tête de Masten de l'eau. Nirsi aida à tirer, et conseilla mentalement à la jeune fille de pousser.
Pousse comme tu peux hors de la baignoire, mieux vaut un choc contre le sol que rester le bec dans l'eau. Ensuite, je te montrerai comment vérifier si... Est-ce que tu sens son esprit maintenant?
[Nyaeve: tu finis par réussir à sortir Masten de la baignoire si tu fais comme l'indique Nirsi même si c'est dur et que tu es épuisée par la magie. Le choc contre la terre fait sortir de l'eau du bec du griffon, et cela le fait tousser une fois, avant qu'il ne redevienne immobile. Selm a l'air complètement terrorisé par l'état de son ami, et Nirsi lui tourne autour en le reniflant une fois avant de te demander de t'appuyer de tout son poids sur l'estomac du petit pour le faire cracher de l'eau. ]
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[ Eoghan: ça te brûle énormément, comme si la douleur augmentait. Si tu regarde de près tu vois plusieurs minuscules trous au centre de la cloque. ]
En bas, Eoghan et Rohan déboulaient hors de l'escalier, le soldat réclamant un guérisseur. Ce fut Oléis qui se leva et se précipita vers eux. Rohan expliqua rapidement la situation et Oléis demanda à Eoghan de s'asseoir et de lui montrer sa blessure.
Plus loin, Loelia avait commencé à jouer pour les dyhélis. [Loelia: Au début, malgré ses efforts, elle ne ressentit pas la même chose que la première fois. Mais au bout de quelques minutes, quelque chose vibra en elle, et le déclic se fit de nouveau. Les yeux des créatures se fixèrent sur elle, et elle ressentit presque leur peur et leur tristesse. Puis ils se concentrèrent sur sa musique, et s'apaisèrent. L'arrivée d'Eoghan et du soldat brisa la transe et Loelia se retrouva à ne plus savoir comment elle avait réussi à se débloquer alors qu'elle était sur le point de comprendre... ]
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A table, Enju se comportait bizarrement. Ashun leva un sourcil étonné à la question de sa nouvelle secrétaire.
"J'entends quoi?"
L'explication qu'elle donna ensuite l'étonna encore plus mais c'est avec un sourire, quoi que triste, qu'il répondit:
"Nous n'étions pas Jumeaux de sang si c'est ce que vous entendez par là. Mais dans l'univers, chaque chose a son équivalent, son jumeau astral si on peut dire. J'ai eu la chance de rencontrer le mien grâce à Vkandis, et cela nous a rendu plus proches que des frères et... Oui je l'ai entendu."
Maya rendit un regard sérieux à Enjua:
"Aanor n'est pas en cause ici, mais Vkandis. Anshuu n'avait pas fini sa mission et à travers vous et Ashun il la finira. Je pense que c'est ça."
Indra sembla hocher la tête alors même qu'il ne bougea pas. Le pendentif du prêtre capta un éclat de lumière.
[ Enju: la présence d'Anshuu se fait plus forte près de toi, et tu sens que l'explication peut être la bonne... Mais cela soulève plein de questions en toi - et après le médaillon d'Ashun, c'est le regard d'Indra qui t'interpelle. Il est sérieux, mais serein, presque joyeux, et il n'a absolument pas réagi à l'arrivée bruyante d'Eoghan et Rohan.]
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Fitz s’attela d’abord à bien attacher l’homme. Les mains assez éloignées l’une de l’autre de façon à être persuadé qu’il ne pourrait utiliser la première pour libérer la seconde, il trouva à ce moment là plusieurs aiguilles, surement empoisonnées. Il les ramassa avec sa main gantée, et avec précaution les mis dans la bourse vide qu’il avait à la ceinture. Puis il passa dans le dos de la chaise, loin du regard de l’homme. Il regardait le spectacle donné par Nyaeve et leur tentative pour sauver le jeune Griphon. Il ne pouvait pas les aider de toute façon, il ne serait qu’une gêne dans leurs pattes. Il valait mieux qu’il fasse ce qu’il savait faire.
Le mercenaire pris appui sur le dossier de la chaise, et se pencha à l’oreille du traitre.
« Nous allons nous trouver un endroit plus calme si ca te dérange pas. »
D’une main ferme, il pris le dossier de la chaise, et commença à tirer son drôle d’attelage comme si il était un fétu de paille. Il le traina ainsi jusqu’à la pièce qui avait retenu enfermé Nyaeve jusque là, loin de l’agitation, plus proche du calme. Il pouvait commencer.
La première étape était de vérifier l’équipement de l’homme. Il le fouilla donc, découvrant par la même beaucoup de choses étranges. Des fioles, des armes en veux-tu en voilà. Cet homme était une véritable armurerie sur patte, à tel point que Fitz se demandait comment il avait fait pour continuer à marcher avec ce poids.
Il entassa toutes ses découvertes dans un coin de la pièce, loin d’eux. Puis se retourna de nouveau vers l’homme. La deuxième étape était relativement différente, mais il devait vérifier. D’abord, il attrapa d’une poigne ferme la bouche de l’homme, le forçant à ouvrir la mâchoire, pendant que de l’autre main il fouillait sa dentition à la recherche de capsules de poisons qui pourraient s’y trouver.
« Je sais que ce n’est pas agréable, mais nous ne sommes pas là pour un salon de thé. Vous comprendrez bien sur que je me dois de vérifier que vous ne me faussiez pas compagnie de la façon la plus définitive qui soit pendant notre discutions n’est ce pas ? »
Il passa dans le dos de l’homme, sortant ses deux épées, il colla l’extrémité de leur manche de chaque coté des mains de l’homme. D’un coup sec, il brisa ainsi les os au niveau de la paume de la main.
« Bien sur vous comprendrez aussi, que si vous avez eu la prévoyance de mettre d’autres capsules de poisons au niveau de vos doigt je ne peux permettre que vous ayez la force suffisante de vous les casser vous même ? N’y voyez surtout rien de personnel. »
Cela fait, Fitz repassa devant l’homme. Il n’y avait aucun plaisir dans ses yeux, aucune malveillance non plus, il était froid, un bloc de marbre en marche.
« Finalement nous ne faisons que notre métier vous et moi. Au vu de votre arsenal et de vos techniques j’en déduis que vous êtes un assassin, payé pour éliminer une personne de notre compagnie. Pour ma part je suis mercenaire, mon travail est donc de protéger cette même compagnie. Nous intérêts sont donc en conflit. »
Le gant de sa main droite, chuta sur le sol, ses yeux braqués sur l’homme, il le détaillait des pieds à la tête. Cet homme semblait complètement ailleurs, halluciné, comme inerte. Il ne voulait pas parler c’était une certitude, et il ne parlerait surement pas d’ailleurs. Mais cela n’empêchait pas au mercenaire d’essayer.
« Ecoutez-moi bien. J’ai 3 questions pour vous, et je veux que vous y répondiez, je sais que ce ne sera pas le cas, c’est pour ca, pendant que je me permettrai de vous les poser, je vous montrerai la douleur que je peux infliger. »
Fitz s’approcha de lui. Avec son épée il entailla à plusieurs reprises le bras de l’homme tout en le questionnant.
« Première chose : Qui vous envoie ? Deuxième : Qui était votre cible ? »
Puis d’un coup sec il abattit l’arme sur le pied de l’homme, tranchant par la même occasion un orteil.
« Troisième chose : La blessure que vous avez infligé à notre ami est-elle empoisonnée et avez-vous l’antidote ? »
Il le savait un homme de son acabit, ne laissait rien au doute, et la plupart du temps les assassins n’avait pas besoin d’infliger une blessure mortelle il leur suffisait d’effleurer leurs victimes et les poisons faisaient le reste.
Fitz avait aussi un autre plan, un plan de secours. Tout en martyrisant l’homme, il avait posé sa main marquée sur sa nuque, entrant ainsi en contact direct avec sa peau… Qui sait si la torture ne marchait pas, peut être que le « don » de la déesse serait plus efficace.
-
Nyaeve était physiquement vidée, seul la peur, le stress et la colère la faisaient tenir. S'en prendre à un bébé, car malgré sa taille, Masden n'était que cela, un bébé. Sous les conseils de Nisri, elle poussa de toutes ses maigres forces, la kyree tirait de l'autre côté et, enfin, Masden était sorti de cette baignoire. Nyaeve, en poussant, était elle-même plus ou moins tombée dedans. C'est toute mouillée qu'elle se releva et en fit le tour.
Elle avait juste eu le temps de voir Masden toussoter et cracher des poumons avant de revenir immobile. Sans le regarder, elle s'adressa au jeune kyree.
- Allez Selm, parle lui, crie lui dans la tête, fait ce que tu peux.
Elle avait bien compris les explications, mais elle avait quelques réticences. Est-ce que les os de griffons était aussi fragile que les os de volaille en général. Puis, elle appuya de toute ses forces, il fallait mieux quelques os brisés que mort. Elle avait l'impression que cela ne servait à rien, elle appuyait de tout son poids.
- Allez, sac de plume, respire...
Chaque poussée sur son abdomen était un cauchemar, elle attendait un son, une inspiration et elle était tellement fatiguée. Elle jetait des regards implorants vers les deux kyrees, voir s'ils entendaient une réponse mentale de la part du petit. Elle était bien trop épuisée pour réussir à fixer son attention t essayer d'écouter par elle-même. Pour l'instant, elle se concentrait à faire bouger son corps qui était de plus en plus récalcitrant et qui lui criait de s'arrêter. Mais il n'y avait pas moyen, jamais sa conscience ne l'aurait laissée faire.
- Tu ne vas pas le laisser gagner... si tu veux je te donnerai même son foie à manger si tu respires!
Elle n'aurait pas penser que la colère lui donnerait autant d'énergie, c'était comme un regain et elle allait la cultiver, jusqu'à ce que Masden respire!
-
Loelia se rassit auprès des dyhélis et repris son luth en main. Elle vérifia que les cordes étaient toujours bien accordées, observa quelques instants les deux petits puis se mit à jouer.
Elle hésitait quant au choix du morceau et décida de se laisser porter par son instinct ; ses doigts trouvèrent d'eux-mêmes une jolie valse quelque peu mélancolique, mais apaisante.
*Mmmm…. ça me semble plus difficile que tout à l'heure. Je ne parviens pas à me recentrer sur le sentiment des deux petits. Il me manque quelque chose, comme si un mur se dressait entre ma musique et eux….*
Elle décida de ne pas trop réfléchir et de se laisser aller, en suivant ses impressions et sentiments. Après tout, agir ainsi lui avait permis de trouver un morceau adéquat. Elle se laissa aller, focalisant uniquement son attention sur le fait d'aider les dyhélis.
Cela sembla marcher. Elle sentit le regard des deux petits sur elle et elle cru ressentir de la peur et de la tristesse… probablement la leur. Il lui sembla qu'ils commençaient à se sentir mieux.
Puis soudain, elle entendit un grand bruit qui la sorti de sa concentration. Elle cessa de jouer et leva les yeux vers la source de l'interruption. Eoghan et Rohan venaient de revenir en bas. Eoghan semblait blessé et Oléis se précipita sur lui pour voir ce qu'il en était.
Loelia était inquiète pour son amie mais également frustrée. Il lui semblait avoir été sur le point de comprendre quelque chose… mais cette impression avait été dissipée quant elle avait été interrompue dans sa musique.
Elle reporta son attention sur les deux petits, espérant que malgré cela, ils allaient mieux.
"J'aimerais tellement faire plus pour vous. Mais moi-même je ne suis pas encore sûre de comprendre comment je dois faire…."
-
Bringuebalé jusqu'en bas, Eoghan n'eut que le choix de se laisser faire alors qu'il se sentait chavirer à droite puis à gauche. Son état se dégradait à la vitesse de sa chute dans les escaliers aux côtés de Rohan. Epuisé par toutes ses mésaventures (il faut dire qu'il déguste, le pauvre), Eoghan avait de moins en moins de force et la douleur de son bras lui faisait tourner la tête. Lorsque Oleis le fit asseoir, il s'effondra presque en grimaçant et gémissant autant de douleur que d'agacement. Levant son bras tremblant pour montrer la blessure, il blêmit face à l'évolution de la blessure.
_ Si ça, c'est juste du poison alors je suis le plus grand mage que Valdemar ait jamais porté ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Hey hey hey, ne touchez pas !
Eoghan tenta de récupérer son bras. Dans sa folie partielle due à la douleur, il n'avait pas non plus envie de transmettre ce mal. Son visage pâle dissimulait les quelques gouttes de sueur qui perlaient à l'implantation de ses cheveux tant il avait chaud.
_ C'est qui ce gars là ? Et c'est quoi cette histoire d'aiguilles ?
-
[justify:24n1veb2]L'explication se tenait. Oui, Enju voulait y croire. Vkandis l'avait investie de ce devoir de finir ce que Anshuu avait commencé. Il n'avait fait que mettre sur sa route un homme qui pourrait l'aider, elle... Et aussi l'ancien prêtre. Oui, cela se tenait, et rassérénait...
Son soulagement fut cependant de courte durée, alors qu'un vacarme infernal se fit entendre à l'étage, avant de descendre les marches. Enju se retourna, la plume en l'air, pour voir Eoghan s'effondrer sur une chaise, et Oléis s'occupa de lui tout de suite. Inquiète, elle l'était, et la karsite aurait aimé aller voir ce qui se passait. Cependant, l'absence de réaction du chat de feu Indra apaisa ses craintes, et lui fit entendre raison, quelque part. A quoi servirait-elle là bas ? Elle n'y connaissait rien en guérison, ce n'était pas du tout son domaine. Elle était plus utile ici. Un dernier regard inquiet vers Eoghan, et elle se retourna pour se concentrer à nouveau vers Ashun, et leurs écrits.
Chaque passage nouvellement traduit semblait important, cependant, Enju demanda une nouvelle pause, pour se tourner vers Maya, et Indra.
- Excusez moi, mais j'ai cru comprendre que vous étiez les Emissaires de la Déesse Aanor. Je suis sincèrement confuse, vis à vis d'elle... Non pour mes propres croyances, bien qu'il me semble toujours aussi incroyable que Vkandis ait pu s'éprendre ainsi d'une mortelle... Veuillez pardonner mon insolence... Mais je me demandais si vous pouviez me parler de Aanor, vous qui êtes Son Elue. Depuis le début de cette quête, et davantage depuis que nous sommes ici, je me pose énormément de questions à son propos... Je ne sais que penser de cette Déesse. Je ne désire pas, sincèrement, vous manquer de respect, ce n'est nullement mon intention. Mais voyez vous, je vois Aanor autant comme une bonne déesse que comme une... Déesse sombre. Je ne la comprends pas... Je ne peux m'expliquer son comportement. Peut-on être une déesse louable lorsque l'on tue des Compagnons, que l'on rend malade des Leshya'E ? Peut-elle être entièrement mauvaise, alors qu'elle a vu, je suppose, son peuple, et ses fidèles, être exterminés ? Je ne sais pas quoi penser d'elle. Je veux l'aider, car elle est liée à Vkandis. Mais je... Veux être sûre, vraiment, vraiment sûre, de travailler à défendre la bonne cause... Je vous en prie, ne prenez pas mes paroles comme une offense..."[/justify:24n1veb2]
-
Oléis n’était pas plus rassuré qu’Eoghan devant l’état de la blessure.
« Ah mais je pense que ce n’est que du poison. Prie pour que ce ne soit que du poison. » rétorqua-t-il, très encourageant.
Il récupéra le bras que le jeune Mage tentait de mettre hors de portée et toucha les contours du bout du doigt pour voir la réaction. Celle-ci n’était guère encourageante et la fièvre visible sur les traits d’Eoghan n’était guère encourageante elle aussi. Rohan tenait Eoghan pour l’empêcher de tomber (ou de s’enfuir).
« Je ne sais pas qui c’est, à part un traître, et vu ce qu’il t’a fait, je pense qu’il avait des aiguilles empoisonnées… Et que tu vas rester assis là le temps qu’on t’examine. »
Le tu sortait tout seul dans cette situation, et le on, c’était la femelle kyrill qui quitta son coin et les griffons pour venir jeter un coup d’œil. Elle fit un drôle de bruit de la bouche et s’éloigna très vite pour revenir avec une besace. Elle en sortit un petit poignard qu’elle tendit à Oléis en lui demandant de le faire chauffer à blanc. Elle força ensuite Eoghan à avaler une potion amère avec l’aide de Rohan, et saisit fermement son bras avec ses mains-pattes. Elle observa et nettoya tout doucement pour ne pas le faire souffrir trop avant de saisir le poignard qu’Oléis lui avait ramené… et fit quatre entailles à l’endroit gonflé près des petits trous de base. Du pus s’en échappa, avec un liquide brun.
[C’est très douloureux mais la potion t’a engourdi. Le problème, c’est que si tu ne peux pas réagir physiquement, tu boues tellement de l’intérieur qu’il te semble normal qu’au même moment l’orage recommence brusquement – un éclair illumine la pièce, et tu te sens comme s’il t’avait traversé le bras. La kyrill termine les soins sur ton bras sans que tu n’arrives à y porter attention. ]
***
Plus loin, Loelia ne s’occupait pas des problèmes du mage et continuait à s’occuper des dyhélis qui eux, regardaient les adultes s’affairer d’un air inquiet.
***
Auprès du Prêtre, de Maya et d’Indra, Enju cherchait sa vocation et des réponses. Certaines des réponses semblèrent la soulager, mais l’arrivée d’Eoghan en piteux état l’inquiéta de nouveau. Mais puisqu’Indra ne bougeait pas, elle hésita assez longtemps pour se décider à rester à l’écart. Elle aurait gêné de toute façon.
Ses questions reprirent.
« Aanor… n’est pas une déesse sombre. Elle … n’était pas vraiment humaine non plus à la base. Dans la mythologie on la présente comme ça pour une meilleure compréhension, mais il faut connaître l’équilibre du monde. Pour que l’univers fonctionne, il faut un certain nombre de divinités liées à la Nature, bonnes et mauvaises. On ne sait pas trop comment mais une des divinités a un jour mystérieusement disparu. L’équilibre était… bouleversé et le monde en danger. L’essence divine est … revenue en Aanor humaine, et Vkandis l’a aidée à reprendre sa place légitime pour rétablir l’équilibre. Elle ne voulait pas … tuer. Mais entre quelques victimes et l’univers entier, elle a dut faire un choix. Si l’Orbe et Son pouvoir restent dans les mains du sombre, l’équilibre sera de nouveau totalement rompu et on risque la même chose : l’implosion du monde, plus ou moins. » résuma Maya d’un ton léger.
Indra regarda Maya d’un air un peu sévère, et la gamine redevint une fautive, et laissa le Chat de Feu continuer :
Ce que ma jeune amie essaie de dire, c’est qu’Aanor a tenté par beaucoup de moyens de réagir, mais la distance entre les Dieux et les Humains ne doit pas être franchie trop souvent. Ses actions devaient absolument attirer l’attention de ceux qui pouvaient agir. Valdemar est le point de rencontre de toutes les nations et des savoirs, c’était chez vous qu’on devait agir. Malheureusement, les règles du jeu sont compliquées, et nous ne sommes pas au courant de tout au bon moment. Même nous, nous le regrettons. Mais Vkandis et les autres Dieux font de leur mieux pour préserver l’équilibre. Tu en fait partie, Enju, comme tous ceux ici.
L’ombre d’Anshuu acquiesça doucement.
Maya s’éloigna enfin, sans qu’Indra ne la suive, et alla se poser près d’Eoghan.
« Ca va aller … » lui souffla-t-elle dans l’oreille. [Cela sonne très réaliste et censé. Cela t’aide un peu à reprendre le contrôle, Eoghan]
***
En haut, Fitz se défoulait un peu. Après avoir récupéré les armes visibles du traître, et l’avoir attaché, il le trimballa dans l’autre salle pour le faire parler. La suite ne fut pas agréable pour l’homme. Fitz le fouilla de fond en comble pour en sortir tout ce qu’il portait de dangereux – ce qui faisait une sacrée quantité. Après avoir tout posé à l’écart, hors de portée, il retourna… demander gentiment au traître de parler.
Au début, le captif partait dans l’idée de ne pas parler. Dans un second temps, quelques os en mauvais état, des éclairs dans les yeux (et pas seulement parce que la tempête reprenait), le petit discours du mercenaire, et une vague incursion hors de son état léthargique à cause de sa douleur, il commença à réfléchir.
Il n’avait pas encore crié de douleur malgré les sévices infligés mais n’était visiblement pas décidé à tout livrer. Ses explications étaient un brin obscures pour le moment d’ailleurs : des grommellements. Après l’orteil la mémoire lui revint cependant subitement :
« Je devais… créer un… incident diplomatique… à la Cour… Tous exécutés ! »
Et sur le dernier mot un sourire presque sadique apparut mais disparut dès que la main de Fitz toucha sa peau.
« Lâche moi sadique ! Lâche ! »
Malgré les blessures, celles de Rohan et celles de Fitz, il se débattit de toutes ses forces mais soudain sa bouche se délia malgré lui :
« Le … » répondit l’homme avec une fièvre grandissante dans le regard. « Le Noir. Pas le choix. M’a envoyé pour tout gâcher votre mission. Mais comme vous n’allez pas à la Cour je devais agir et faire croire que le bébé griffon vous l’aviez tué… pour vous séparer. Et oui c’est empoisonné et seul un Adapte peut purger le corps du gamin. Il est condamné.»
Une odeur de grillé venait de la nuque de l’assassin qui ferma enfin la bouche avec l’air horrifié devant les aveux. Puis la douleur lui fit fausser compagnie à Fitz en tombant dans les pommes.
***
Dans la pièce d’à côté, Nyaeve se battait contre l’angoisse et la mort. Elle réussit, avec l’aide des deux autres, à sortir le petit corps de l’eau. Il fallait absolument s’occuper de lui, espérer qu’Aanor serait bonne pour lui… et agir c’était sûr. Selm acquiesça à sa proposition et commença à secouer le griffon tout en hurlant dans sa tête de rester avec eux. Le léger désavantage c’était qu’il criait AUSSI dans la tête de Nyaeve.
Cette dernière poussait de toutes ses forces pour forcer le griffonneau à respirer, encouragée aussi par la femelle.
Soudain, le griffon toussa. De l’eau sortit en masse de son bec, et il eut un hoquet phénoménal avant de couiner. Puis sans se rendre compte que Nyaeve était au-dessus de lui, il se renversa sur le côté en l’emmenant au sol avec lui. Il l’écrasa un peu – beaucoup – mais au moins il respirait. Il reprit même connaissance en hurlant dans leurs trois esprits :
IL EST MECHANT EN FAIT IL AVAIT PAS DE VIANDE FRAICHE !
-
Petite nature. Il avait à peine commencé et voilà que l’autre s’était déjà évanoui. Il lui aurait bien mis une tarte ou deux pour vérifier si il ne faisait pas de comédie, mais visiblement l’homme était bel et bien parti pour le pays des songes.
Le mercenaire rangea ses armes, souleva l’homme par le cou, et le balança sur son épaule comme on s’équipe d’un sac de patate, avant de marcher vers l’escalier. Dans la pièce d’à coté la jeune victime semblait avoir reprit ses esprits, Nyaeve avait du être efficace, cela le rassurait. Par contre il était déjà moins rassuré par ce qu’il avait appris sur la blessure d’Eoghan, il fallait qu’il en parle aux autres, et bien sur il ne pouvait pas se permettre de laisser le traître seul derrière.
Voilà donc notre Fitz, avec un traître sur l’épaule, avançant dans l’escalier et réfléchissant à ce qu’on venait de lui annoncer. Il fallait qu’il en discute avec Oleis cela concernait la cours d’Iftel et il serait peut être à même de comprendre.
C’est donc avec le traître inerte que Fitz pénétra dans la pièce où les premiers soins étaient administrés au jeune mage. Il balança l’assassin dans un coin de la pièce sans aucun ménagement, et pendant qu’il prenait du sel sur la table, s’adressa directement à ceux qui s’occupait du mage.
"Il m’a avoué que la blessure est empoisonnée, et que seul un adepte peut purger le mal. Et surtout plus grave, qu’Eoghan est condamné. Comment cela se présente-t-il ?"
Il s’approcha de nouveau de son traître, et balança du sel sur les plaies qu’il lui avait faite. Si cela ne le réveillait pas, au moins ca forcerait la cicatrisation de façon radicale… Et surtout douloureuse.
"Son but était au départ de provoquer un incident diplomatique pour qu’on soit exécuté une fois arrivé à la cours d’Iftel. Mais comme nous avons décidé de ne pas y aller, il a décidé d’agir pour nous séparer les un des autres, tuer le griffon était pour lui la solution."
Il se tourna vers Rohan, et Oléis.
"Il a dit que « le noir » lui avait ordonné de faire cela. Et puis il s’est évanoui. Vraiment les assassins ne sont plus ce qu’ils étaient."
Il posa de nouveau son regard sur le traître, et enchaina immédiatement.
"Le jeune Griffon va bien, de ce que j’ai vu en passant à coté de la pièce il est hors de danger. Par contre pour lui, je dirai qu’il ne semble pas capable de m’en dire plus"
Un détail sembla d’un seul coup frapper Fitz, qui se tourna vers Maya.
"Maya… J’ai voulu « toucher » cet homme pour utiliser mon pouvoir, et j’ai juste senti une drôle d’odeur de grillé venant de sa nuque, et il s’est alors mis à tout me déballer. Ca pourrait en être la cause ou rien à voir ? Non car si à chaque fois que je touche des gens il y a le risque que je leur crame la peau, il faudrait me prévenir… Au moins que je m’achète un mouchoir pour me cacher le nez, je déteste cette odeur."
-
Eoghan écarquilla les yeux aux dires d'Oléis et ses lèvres se mirent à trembler d'inquiétude.
_ Que…
Manquant de rire à cause de la fièvre, il pouffa juste en secouant la tête dans un rictus.
_ Vous ne pouviez pas faire ce genre de choses dans un endroit plus propre ? Et n'en profitez pas pour tripoter autre chose, c'est réserver à celles qui ont plus de poitrine et moins de poils aux pattes...
A Rohan, les joues gonflées de se retenir de hurler, il lui offrit un regard mauvais.
_ J'aimerais t'y voir, toi. Tu as déjà pris un coup de lame jusqu'à l'os ? Je peux t'assurer que c'est bien pire encore !
Laissant sa tête se renverser contre le mur derrière lui, il soupira en fermant les yeux, la douleur commençant à le faire divaguer. Il songea alors à sa situation, à celle des autres, à Fitz à l'étage qui devait très certainement se venger. Jusque là, la Kyrill n'avait pas attiré son attention et sa blessure ne semblant pas se calmer mais plutôt l'inverse, il ignorait comment réagir. Dans son genre, Eoghan n'était pas du type à paniquer. Plutôt rationnel, il était plus facilement celui qui rassurait. Pourtant, aujourd'hui, il lui sembla qu'il était sur le point de paniquer.
_ J'ai voulu partir mais je savais bien que c'était une très mauvaise idée. Mais avec une bande d'incompétents pareils, je ne pouvais pas rester à Haven sans rien faire et tourner comme un griffon en cage, c'était impossible.
Il redressa la tête pour voir le poignard et il manqua de tourner de l'oeil avant de se remettre rire.
_ Ah non, non, non, cette chose ne me touchera pas. Je ne suis pas un ours en peluche qu'on éventre pour cacher des bonbons à l'intérieur en attendant de voir comment ça se décompose au fil du temps ! Je vous juste que si vous me touchez avec ce truc, je hurle comme une pucelle en détresse et je vais vous alerter tous les Dieux alentours, ça va pas traîner ! Et croyez-moi qu'avec tout ce que j'ai à leur dire, ça va pas être triste ! Non… non, Ah non !
Bien que Rohan le maintienne, Eoghan commençait à se débattre quand la Kyrill s'approcha de lui avec sa potion. Et il sembla qu'il avait plus de force maintenant qu'il se débattait qu'il ne semblait en avoir en temps normal. Pinçant fermement les lèvres, il refusa d'abord d'ingurgiter une potion qu'il ne connaissait pas et dont il ignorait les effets. Il n'avait pas très envie que des plumes lui poussent de la plaie !
_ Je te jure qu'en rentrant, Rohan, ta mère, même, ne saura te reconnaître tellement je t'aurais dit ma façon de penser de tout ça !
Mais avoir parlé donna une occasion à la Kyrill pour lui faire boire la potion de force, ce à quoi il gémit de mécontentement avant de tousser d'avoir avalé de travers. Et en voyant le poignard revenir, Eoghan devint d'autant plus blême.
_ Faites ça quand je dors, je sais pas mais… Assommez-moi, tuez-moi ça ira plus vite !
Assurément qu'Eoghan ne devait pas être un patient de tout repos en convalescence. Mais cela, ils s'en apercevraient d'autant mieux plus tard. En attendant, la potion faisant son effet, le jeune mage laissa sa tête lui tourner. La sensation de perdre son corps, d'une certaine manière, était très désagréable, comme s'il perdait tout le contrôle de lui-même. Mais alors que la Kyrill pressait le poignard sur sa brûlure, Eoghan était redevenu silencieux, comme s'il s'endormait petit à petit et au moins, la pièce était redevenue calme de ses jérémiades et de sa vulgarité due à la douleur. Pourtant, la douleur le déchira de l'intérieur et si personne ne pouvait l'entendre, lui s'entendit hurler dans sa tête. Eoghan avait l'impression de brûler de toute part et d'un boucan assourdissant dans sa tête comme dans tout son corps. Dans un éclair de perdition, il tenta même d'appeler à l'aide, il leur hurlait d'arrêter mais rien n'y faisait. Il sentait cette douleur dans son bras, électrique, brûlante, déchirante avec cette mauvaise sensation qu'elle se répandait dans tout son corps.
Alors quand il entendit Maya à son oreille, il avait d'abord eu envie de lui hurler de le sortir de là, qu'il avait besoin de prendre l'air et de rentrer chez lui. Pourtant, petit à petit, il abandonnait et cessa de se battre, quand bien même il criait, personne ne l'entendait et aucun son ne s'échappait de sa tête. Pour ainsi dire, il avait si mal qu'à un niveau atteint, il ne sentait plus rien. Il songea alors qu'il était en train de s'évanouir, très certainement, ce qui l'aida à retrouver son calme, lentement.
-
Loelia voyait bien que les deux petits n'étaient plus du tout réceptifs à sa musique et portaient leur attention vers le jeune mage blessé. Ils semblaient inquiets pour lui et elle décida de se lever et de s'approcher, afin de voir ce qu'elle pouvait faire pour aider.
-Excusez-moi deux minutes, je reviens ; je dois quand même aller voir mes compagnons...
Au moment où elle se levait, déposant soigneusement son luth, son regard fut attiré par Fitz, qui déboulait dans la pièce, portant un homme inconscient. Il jeta l'homme sans ménagement dans un coin et annonça à tous que ce dernier - visiblement l'homme qui avait mené l'attaque - avait avoué voir empoisonné Eoghan.
Jetant rapidement un coup d'oeil au corps de l'homme, Loelia comprit que Fitz l'avait sans doute torturé. Mais elle n'en avait cure, après ce qu'il avait osé faire à leur ami.
Elle était horrifiée et ne savait comment réagir. Elle resta là, les bras ballants, se sentant blanchir, regardant le mercenaire prendre une pleine poignée de sel afin de la jeter sur l'assassin. Elle tressaillit.
L'homme avait de plus tenté de tuer le griffon… qui heureusement allait bien, d'après les dires de Fitz.
Elle reporta son attention sur la Kyrill, qui soignait un Eoghan en piteux état. Bien qu'apparemment, cela ne l'empêchait pas de se comporter de manière désagréable. Elle soupira en se disant qu'il n'avait pas l'air d'aller si mal que ça. Mais au fond d'elle, elle était vraiment inquiète.
- Ce n'est pas possible, .... c'est un vrai cauchemar.... !
Ne sachant vraiment que faire, vu qu'elle n'avait aucune connaissance médicale ou encore de l'art mercenaire de la torture - c'était bien la seule fois de sa vie où elle aurait souhaité pouvoir faire parler un homme par la force, histoire d'en apprendre plus sur ce poison - elle tourna son regard vers le dyhélis, afin de voir où les deux petits en étaient...
-
[justify:2l8flmsc]Enju avait écouté Maya, puis Indra. Tout se tenait tellement bien. Le raisonnement était impeccable de netteté, et pourtant, quelque chose lui échappait. Comme une ultime pièce de puzzle. La karsite avait presque tous les éléments en main, mais... Elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur quelque chose d'important, et cela la frustrait. Pourtant, elle décida de se contenter de tout ce que Maya et Indra avaient bien voulu lui transmettre, et Enju inclina la tête pour les remercier.
Bien que cette histoire, de faire partie de l'équilibre, l'effrayait un peu.
- Merci, Messire Indra. Je sens... Qu'il me manque quelque chose... Cependant, je crois que nous devrions nous concentrer sur ce manuscrit. Je suppose que nous saurons ce que nous devrons savoir en temps voulu, n'est-ce pas ?"
Un sourire. Ce n'était pas un reproche.
- Je suis heureuse de savoir que je suis dans le 'bon' camp, en tout cas. Merci à vous d'avoir dissipé ces doutes, à ce sujet."
C'était la plus grande crainte d'Enju : se retrouver, à nouveau, à se plonger corps et âme dans une quête qui n'était pas la volonté vraie de Vkandis. Pourtant, la simple présence du Chat de Feu aurait du la persuader de cela. Avec un sourire confiant, elle ajouta, à l'adresse d'Ashun :
- Je me demandais... Allez-vous tous nous accompagner à Valdemar ? Nos compagnons, partis ailleurs, auront peut-être des éléments tout aussi importants à nous révéler. "
Après cela, il fallait s'atteler à la fin de la traduction...[/justify:2l8flmsc]
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Nyaeve s'acharna, essayant de ne pas se laisser déconcentrer par les encouragements de Selm au petit griffon. Un, deux, on pousse. Elle n'allait pas abandonner, c'était un griffon, il se devait d'être solide. Quand finalement, il recracha l'eau, elle fut au septième ciel, elle remercia intérieurement Kronos avant de vouloir le serrer dans ses bras. Elle n'en eut pas le temps. Masden voulut se relever et la fit tomber lourdement.
Aie, encore... Le stress étant passé, la dure réalité de ses bêtises et de la fatigue des derniers événements lui revinrent au corps si on puit dire. Plus un seul muscle, plus une seule articulation ne lui faisait pas mal. C'était cela de jouer avec la magie sans réfléchir. Elle se redressa et serra la boule de plume.
Le cri de Masden fut le sommet, cette fois sa tête résonna comme si on venait de lui taper dessus avec un marteau! Elle se tint la tête entre les mains et lui répondit.
- Va voir en bas, ils auront à manger pour toi. Elle évita d'ajouter, je te laisserai bien manger ce traitre par la même occasion.
Elle serra alors Selm dans ses bras.
- Merci, merci, mille fois sans toi, je n'y serais jamais arrivée, accompagne.le, je crois qu'il ne se rends pas bien compte à quoi, il a échappé.
Nyaeve attendit de les voir les trois sortir avant de s'adosser à un mur et simplement s'évanouir, s'endormir, elle ne le savait pas elle-même.
-
Oléis eut un regard incrédule sur Eoghan. Comment arrivait-il encore à plaisanter dans sa situation ? C’était sûrement la fièvre, le pauvre garçon n’avait vraiment pas l’air bien. Ou alors, il ne parlait pas aussi bien valdemaran qu’il le croyait et le jeune Mage était en train de le supplier de le sauver. Ca devait être ça. En tout cas, toutes les protestations que pouvait émettre le héros du jour n’auraient pu empêcher Rohan, la kyrill et Oléis de le soigner envers et contre tout – du moins de tenter de le faire. Personne ne répondit aux provocations du jeune homme même si Rohan sembla éprouvé à l’idée de la douleur. Les récriminations du mage continuèrent un moment et personne n’y prêta attention… si ce n’est pour trouver une ouverture dans le discours hâché et tenter de lui faire avaler de quoi le soulager. Aux dernières menaces, Rohan soupira gentiment :
« Ma pauvre mère ne me reconnait déjà pas vraiment, mon gars, mais ne t’inquiète pas, j’ai le cuir dur, tu pourras te défouler. En attendant… »
En attendant la kyrill avait réussi la première partie de sa mission, et la potion avait glissé dans la gorge du garçon. Les abcès furent percés, le pus et le poison commencèrent à s’écouler hors du corps du jeune homme, constamment essuyés par la diligente kyrill silencieuse qui restait inquiète. Il fallut que Maya arrive pour qu’un regard plein d’espoir se lève vers elle. La gamine chuchota quelque chose à l’oreille du Mage et vint poser une main fraîche sur le bras brûlant, à une main de la zone enflée, avec un léger soupir.
[A moitié évanoui effectivement, tu as l’impression de pulser au rythme des grondements de la tempête dehors. Quand Maya te touche, tu sens que la pulsation s’apaise, la douleur un peu aussi, tu reprends tes esprits, c’est presque supportable. La fièvre est toujours présente … ]
L’arrivée de Fitz et de ses (mauvaises) nouvelles, fit relever la tête à tout le monde, et ils se regardèrent tous d’un air consterné. Le seul ayant un potentiel d’Adepte était Ashun, mais il était très pris… et très fatigué par les derniers efforts effectués pour fermer le portail. Nyaeve ne pouvait pas aider car épuisée elle aussi ; Eoghan n’était pas en état de s’auto-soutenir ; restaient les griffons… Les deux grosses têtes s’abaissèrent :
Nous soutiendrons Ashun. Nous allons essayer de le sauver en tout cas. acceptèrent-ils avant même qu’Oléis ne se tourne vers eux.
Maya hocha la tête et d’une voix fluette affirma :
« Indra aidera aussi. »
La kyrill venait d’avouer l’état inquiétant d’Eoghan au mercenaire : les blessures avaient beau avoir été purgées, le poison était déjà dans le sang et la fièvre le faisait délirer.
La seule bonne nouvelle pour tout le monde, à part que le traître était une mauviette selon Fitz, c’était que Masten allait s’en sortir. Mais il restait des questions majeures et Maya retourna un regard pensif à Fitz :
« Tu es le Glaive. Je suppose que quand tu as besoin de te … dresser contre le Mal tu peux agir. Tu as déjà … fait parler un autre suppôt du noir il me semble. Je pense que oui c’est la cause, mais que tu dois être dans un certain état d’esprit pour que ça fonctionne. Je t’offrirai un mouchoir si tu veux. »
L’Elue tentait de plaisanter, mais elle se sentait comme une gamine désormais, perdue dans la violence des adultes. Elle rêvait de retourner tranquillement se blottir dans une chambre avec Indra comme oreiller et qu’il lui raconte des histoires, comme avant. Elle ne voulait plus voir Eoghan souffrir, les griffons s’inquiéter pour leur enfant, les dyhelis pleurer…
Indra vint à sa rescousse et personne ne put voir qu’elle pensait comme ça. C’était son rôle de faire croire qu’elle était forte et plus sage qu’eux.
A Enju, il avait répondu avec gentillesse :
Continuons, c’est une bonne idée. Et vous êtes dans le bon camps. Ou alors on s’est tous trompé et ce n’est pas de bon augure. Mais quand Vkandis parle, Sa voix ne peut être contrefaite. Ne vous inquiétez plus pour cela.
Il s’était éclipsé pour voir Maya, et Ashun, bien qu’ayant tendu l’oreille pour vérifier l’état du mage et prévenu par ses amis griffons qu’on réclamait son aide, prit le temps de répondre à la karsite :
« Oui nous allons venir et tenir le rôle d’ambassadeurs que nous devions avoir. Nous ne voulons pas quitter le Glaive et l’Elue de toute manière. C’était notre destin de les rencontrer, nous devons nous soumettre au Dieu et apporter l’aide que nous pouvons. Vous savez ce que c’est. »
Il tendit les parchemins à Enju :
« Je dois aider votre ami à survivre. Mettez ces parchemins en lieu sûr ainsi que vos notes. Et priez : la Foi aidera à vaincre le mal. Et je crois qu’Anshuu n’est pas là pour rien. Peut-être qu’il vous en dira plus qu’à moi ? » suggéra-t-il avant d’effleurer la main de la secrétaire et rejoindre l’autre groupe.
Là, il prit le temps de s’installer confortablement après avoir observé attentivement Eoghan. Puis il déclara qu’il était prêt.
[ Fitz, Loelia, vous sentez que des choses se passent, mais rien n’apparait nulle part, à part l’intense concentration sur le front des griffons, d’Oléis, du grand Prêtre, d’Indra et des kyrills.
Les dyhélis reprennent un chant tranquille, hypnotisant, comme si eux aussi participaient à l’effort collectif.
La seule chose tangible c’est que la tempête fait de nouveau rage dehors. Et qu’elle s’apaise brusquement.
Eoghan, tu sens que Maya te soutient mentalement et t’aide à faire barrière contre la douleur. Tu as même la force d’aider Ashun à purger tes barrières… tu le sens drainer des choses en toi. C’est inquiétant de perdre ainsi le contrôle mais la chaleur-douleur s’en va dans le même temps. Au bout d’un temps indéfinissable, c’est fini. Tu es vidé, incapable de faire un quelconque sort, mais tu n’as quasiment plus mal au bras… Par contre, vive les courbatures. La migraine est latente, toujours là mais supportable. Tu es épuisé, une seule envie : dormir. ]
En haut, Nyaeve venait de s’évanouir. Tant mieux pour elle, parce que les énergies déployées, elle, elle les aurait senties.
Selm, qui avait hésité à obéir à ses ordres de descendre et prendre soin de son ami, la vit s’affaisser et décida que Masten s’en sortirait bien tout seul avec ses parents. Nirsi accompagnait d’ailleurs la boule de plumes en lui expliquant ce qui s’était passé ; le petit kyree pouvait donc rester sans crainte. Il se mit tout contre la jeune fille pour lui servir de couverture et d’oreiller et attendit qu’elle se réveille.
Le tonnerre ramena la jeune mage sur terre. Ou plutôt le sursaut apeuré de Selm d’un coup ?
Ton ami a mal en bas. Mais ça va mieux. affirma doucement le kyree en exprimant aussi l’envie de descendre si elle en était capable.
[Tu es épuisée mais ce léger moment d’inconscience t’a redonné quelques forces. Tu peux descendre ou juste trouver un lit pour te reposer comme tu veux.]
Une fois Eoghan à peu près réparé, on put se rendre compte que un : tout le monde ressemblait à une loque sans énergie ou presque ; et deux : Nirsi et Masten étaient redescendus, et le griffonneau se serrait contre ses parents soulagés qui le câlinaient tendrement avec lassitude. La kyree s’était postée à proximité du traître saucissonné et attendait qu’on lui explique tout ce qu’il s’était passé.
[ Fitz, je te laisse organiser la soirée / journée du lendemain où l’orage s’éloigne d’ailleurs / le départ à venir. Oléis te prête main forte. Que fais-tu du traître ? (il est toujours inconscient)
Enju, si tu tentes de parler à Anshuu, tu m’envoies un mp pour que je te dise ce qu’il se passe ou pas. Si tu pries, tu ressens comme une chaleur habituelle mais que tu remarques vraiment pour la première fois… Est-ce Anshuu, ton imagination, autre chose ?
Nyaeve : tu es épuisée, mais tu récupères vite avec du sommeil et à manger – le repas a un peu crâmé mais il est mangeable heureusement.
Loelia : les kyrills te réquisitionnent pour nourrir et aider à s’occuper de tout le monde. Le chant des dyhélis est comme une chanson qui refuse de quitter ton esprit.
Eoghan : tu es dans un état lamentable mais après la douleur, c’est presque un soulagement. Après avoir réussi à manger un peu, tu t’endors d’un coup très profondément. Dans ton sommeil, tu rêves d’orages, de pluie – la pluie délivrance… et le lendemain tu n’as plus de fièvre, même si tu es encore malade. Ton bras a dégonflé et reprend une couleur normale même si les trous sont toujours visibles. ]
-
La notion du temps, Eoghan l'avait perdue depuis un moment. Et cette perte l'avait conduit au réveil, sur le petit matin sans trop se souvenir ni de qui ou de quoi, juste d'une légère douleur au creux de ses tempes qui continuaient de battre la tempête. La veille pour lui n'était qu'une succession d'images incompréhensibles et de certains visages plus marqués que d'autres. Ashun, Rohan... Fitz. Mais surtout Maya. Il la sentait toujours aussi présente, d'ailleurs, comme si elle avait été près de lui au moment où il avait ouvert les yeux.
Ces derniers avaient reconnu le monde de longues minutes après son éveil et la nuit avait semblé si longue qu'il s'en sentait d'autant plus fatigué. Par delà les visages qui marchaient toujours autour de lui, présents et forts, il y avait l'orage, la tempête, élément perturbateur qui lui semblait si familier qu'il n'arrivait pas à le détester. C'était si étrange comme sensation qu'il eut du mal à la comprendre. Il en parlerait à Ashun avant de partir - car il ne comptait pas s'attarder ici ! - Eoghan le Tempestaire, qu'on finirait par l'appeler. Le jeune mage avait toujours voulu qu'on lui donnât un surnom, ce genre de nom qui fait de vous des légendes, suivez mon regard. Sa façon de réagir face aux orages, de les sentir lui traverser le corps, tout cela était bien trop familier pour lui et pourtant... Ca n'avait jamais été le cas avant ce soir. Il en parlerait à Ashun, assurément. Et à Elbereth en rentrant.
Dans un léger soupir endormi, Eoghan se redressa en se frottant la tête et finit par se lever en gémissant à cause des courbatures. Il grimaça mais avança de quelques pas avant de regarder autour de lui. (j'imagine qu'on m'a pas remis à l'étage des fois que je tombe dans les escaliers !! Je suis prudent !)
_ Qui doit-on embrasser pour avoir un bon petit déjeuner, ici ? Je meurs de faim. Le mage... Meurt de faim ! Et il a pour habitude de se goinfrer d'une bonne demi douzaine de loups histoire d'être sûr de tenir la journée... Allo ?
-
Le mercenaire écoutait avec attention Maya, acquiesçant à chacune de ses paroles. Il était un peu perdu dans ses pensées. Ainsi son pouvoir se manifestait différemment selon son « humeur » ? Il faudrait peut être qu’il teste tout ca pour comprendre un peu mieux. Voilà un pas en avant dans la compréhension de ce don qu’on lui avait fait… Ou pas. Le mercenaire se mit à sourire pour lui même, l’avenir le lui dirait de toute façon.
Quand il revint à l’activité dans la pièce chacun était affairé, le mercenaire s’approcha de l’élue, lui adressa un sourire sincère et lui caressa doucement le visage avec tendresse, avant de se fixer de nouveau vers le groupe qui s’occupait d’Eoghan, il semblait tous concentrés, le mercenaire le savait quelque chose se passait. En espérant que cette chose, quoi que ce soit, sauve le mage.
Fitz fit un tour rapide du groupe. Eoghan avait une tête à faire peur, et les autres ne semblaient pas en meilleur état. Ashun et ses amis qui venaient de sauver le mage n’avaient certainement plus d’énergie. Il était temps d’agir. S’approchant de Rohan, il décida de prendre la parole.
« Rohan, je pense qu’il faut que tout le monde dorme. Prends des hommes avec toi, et allez vérifier une des pièces, je veux qu’on y installe tout le groupe, je préfère que vous ne soyez pas séparé, je pense que tu me comprends. »
Le traître gisait toujours par terre, et la question de quoi en faire résonnait dans sa tête. Le tuer ? Là maintenant, tout de suite, en finir avec cet être, pour enfin en être débarrassé et ne plus courir de risque. Oui c’était tentant, mais d’un autre coté… Beltran aimerait surement lui parler, le questionner, et dans ses souvenirs l’exécution ne faisait pas parti de ses attributions. Bien.
« Je vais rester ici avec 2 de mes hommes et… Lui. Les autorités de Valdemar voudront certainement le garder sous la main, il pourrait peut être nous en dire plus. »
Le mercenaire craqua ses épaules, et s’agenouilla devant Maya, un grand sourire sur les lèvres.
« Tu dois dormir, Indra restes avec elle je t’en prie, et installez vous ici pas trop loin de moi, je veux pouvoir veiller sur toi, tu comprends ? »
Fitz se releva, il fallait aussi dire que la présence de Maya à ses cotés le calmait, et lui permettait de mieux réfléchir. Se tournant de nouveau vers Rohan et Oléis
« Que tout le monde dort et se restore, je préparerai la journée de demain durant mon tour de garde. Rohan, je compte sur toi pour organiser cette ronde avec tes hommes dans la salle où vous dormirez tous. »
D’une voix forte il prévint le reste de la troupe.
« Il ne se passera rien de plus ce soir, mangez, et Rohan vous conduira à la pièce où vous dormirez. J’aimerai que vous restiez groupé ce soir, je vous annoncerai la suite des opérations demain matin »
Il s’approcha de Nirsi lui adressant un large sourire.
« Si vous voulez bien manger en ma compagnie, je vous raconterai ce que je sais »
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La nuit avait été bien trop courte au goût de Fitz. Pas qu’il n’ait pas pu se reposer, ses longs trajets en tant que mercenaire lui avait permis d’apprendre à se reposer vite et efficacement. Non, il n’avait juste pas eu le temps de réfléchir à toutes les situations qui pouvaient arriver.
Sur la table principale se trouvait les cartes, avec plusieurs trajets dessinés, il allait laisser à Rohan le soin de choisir la plus approprié, en accord avec Oleis.
Une phrase lui fit sortir les yeux de sa table. Une voix qui faisait plaisir à entendre après tant de péripéties.
« Si tu veux tu peux m’embrasser moi, mais par contre je suis pas certain de te laisser faire ! Viens j’ai préparé de quoi se restaurer sur la table, assieds toi.»
Le mage semblait se portait bien mieux, l’orage était parti, il fallait qu’ils s’en aillent et vite.
« Bon, vu que tu n’as plus l’air mourant, on va partir en début d’après-midi, cela laissera à tout le monde le temps de se préparer, ainsi qu’à Rohan et Oléis de prévoir notre itinéraire, ils ont bien plus de connaissance de ces routes que moi même, j’aimerai juste que l’on rentre vite »
Le mercenaire sur un papier disposait de l’intégralité du groupe, des traits partaient des un vers les autres, se reliant au milieu par des dessins de chariots et autres montures.
Dans le premier chariot Loelia, les Dyhelis seront à leur coté elle semblait capable de les calmer et leur parler, alors autant en profiter, le tout accompagné de Nyaeve, et des petits. Le chariot serait bien rempli, mais les non-humains restant compléteraient ce cortège hétéroclite.
« Eoghan, tu monteras avec Ashun et Enju, je veux un mage frais et dispo dans chaque chariot, tu t’en sens capable, ou tu vas encore jouer ta petite nature ? Par contre je te préviens, il y aura Maya et Indra avec vous, ils sont sous ta responsabilité. Compris ? Ne t ‘inquiète pas vos chevaux respectifs seront attachés aux chariots »
Il avait déjà été cherché une longue corde pour attacher le traître. Il aurait bien voulu le laisser trainer à pied derrière lui, mais cela les aurait retardé. Non cet être devrait avoir une monture, mais ne devrait pas être capable de l’utiliser. Et pourquoi pas continuer à le trimballer comme ce qu’il avait déjà fait : Un sac de patate. Et pourquoi pas carrément balancé sur le dos du poney qui avait porté Maya jusqu’ici ? L’image le fit sourire.
Le mercenaire fit craquer ses épaules, et parti rejoindre Rohan dans la pièce reconvertie en dortoir.
« Rohan, j’ai prévu le plan de la caravane, je veux que tu le valides. Pour la route, j’en ai prévu beaucoup de différentes, mais toi et Oléis êtes les plus apte à nous sortir d’ici de part vos connaissances des lieux. J’aimerai donc que tu ouvres la marche en sa compagnie. J’ai décidé de garder le traître en vie, je m’en occuperai seul à l’arrière de la caravane, nous devons le ramener à Haven. Nos hommes ainsi que les griffons patrouilleront sur les cotés de la caravane. Si la présence des non-humains suffira à faire peur à n’importe quel bandit de grand chemin, je ne veux pas de héro si nous avons affaire à eux. Les griffons nous seront utile pour pouvoir prévenir de tout danger à distance, en vol sur nos flancs. Je veux un pack compact et on ne laisse PERSONNE derrière.»
Le mercenaire jeta un œil sur la troupe, et continua.
« Un mage par chariot, même si ils ne m’ont pas l’air très frais, ils seront capable d’aider si besoin est. Au moindre danger vu par nos amis à plume ou toi même, je te confierai le traître et je partirai avec deux hommes en éclaireur. Eoghan semble en forme, nous partirons en début d’après midi, le temps que tout le monde soit mis au courant du plan. Bien sur nous partirons uniquement si Ashun confirme que notre ami mage peut supporter le voyage.
En attendant je te demanderai d’aller vérifier nos moyens de transport, vérifier que le traître n’est pas causé de dommage qu’on ne pourrait réparer, prends deux hommes avec toi. Je vais demander à Oléis de prévenir du plan tous les membres de la troupe. Ensuite, une fois fait vous trouverez les cartes que j’ai préparé sur la table. Je vais en attendant préparer des vivres et de l’eau pour le trajet. »
La parole était précise, calme. Pas un instant il n’y eut de la fébrilité ou de l’excitation dans sa voix. Non il avait pensé à tout ca au calme. Leur meilleure chance de survie était de tout prévoir, et surtout d’agir vite. Il prévint Oléis de son plan, et lui demanda de faire passer le mot à l’intégralité de la troupe, d’où qu’ils viennent.
Le mercenaire repartit dans la pièce de vie. Le traître était attaché à une poutre dans un coin de la pièce, par les poignets. Ho non la nuit pour lui n’avait pas du être confortable, mais à la limite ca, Fitz s’en moquait comme de sa première paire de botte. Il s’approcha de Maya et lui toucha délicatement l’épaule.
« Nous partons bientôt. »
-
Tous ou presque s'affairaient maintenant autour de Eoghan, dont l'état devenait franchement inquiétant. Bien qu'apparemment celui-ci trouvaient encore le moyen d'envoyer de mauvaises plaisanteries aux gens autour de lui. Soit il était complètement fou, soit il faisait vraiment montre d'une force de caractère incroyable. Loélia éprouvait une certaine admiration pour l'attitude du jeune homme. Quoiqu'il en soit, son équipe de "soigneurs" faisait mine d'ignorer ses boutades afin de se concentrer sur leur tâche. La jeune fille ne pouvait qu'envier leur sang-froid à tous.
De là où elle se tenait, la jeune ménestrelle vit qu'on fit boire le jeune mage et qu'on draina ses différentes blessures. La vue de ce spectacle donna des frissons à Loelia. Elle n'osait imaginer la douleur que le jeune homme devait ressentir.
Tournant brièvement la tête vers une des fenêtres afin de se soustraire à cette vision, elle s'aperçut que la tempête grondait toujours au-dehors, comme faisant écho à leur propre situation.
Sans parler de la chanson des dyhélis…. c'est comme si leur mélopée s'était imprimée dans son cerveau. Elle ne parvenait pas à s'en débarrasser. Et se demandait toujours pourquoi ou comment elle ressentait cela, mais aussi par quel moyen elle pourrait vraiment soulager les deux petits.
Dans un autre coin de la salle, Maya et Fitz étaient en pleine conversation ; un peu plus loin, Indra tendait des parchemins à Enju. Loelia se demanda soudain comment la jeune fille allait, car elle n'avait pas discuté avec elle depuis plusieurs heures.
*Je me suis trop concentrée sur les deux petits, négligeant mon groupe ; en même temps, leur peine m'a tellement …. touchée que je ne me voyais pas les laisser comme ça. Mais il va falloir que je lève un peu les yeux sur le monde alentour et aide du mieux que je peux à prendre soin de mes compagnons.*
Elle observa un moment les allers et venues du groupe, cherchant de quelle manière elle, la petite ménestrelle sans trait particulier ni don, pouvait aider ceux qui étaient en train de devenir des amis, malgré tout. Car elle sentait au fond d'elle qu'après tous ces jours de voyage avec ces gens, elle les portait maintenant dans son coeur.
Et qu'elle avait peur de le montrer, de peur de se rendre ridicule. Ou de se faire rejeter, car elle ne voyait toujours pas comment elle, petite fille de rien du tout, venue de la campagne, pouvait aider ses amis, qui semblaient tous spécialisés dans au moins un domaine.
Elle avait la musique, certes. Mais dans son cas, même si elle l'avait voulu, elle ne pensait pas pouvoir sauver des gens avec. Déjà qu'elle n'avait pas totalement compris ce qui se passait avec les dyhélis…
A un moment, il sembla se passer quelque chose dans la pièce. Loelia sentait confusément que l'agitation générale s'était tue, pour faire place à une intense concentration qu'elle pouvait constater sur le visage de ses compagnons et de leurs hôtes.
Elle se demandait quel était le phénomène en action mais sans parvenir à déterminer quoi, quand le chant des dyhélis reprit à ses oreilles. Ou dans sa tête, c'était difficile de le définir.
Mais la mélopée lancinante et triste s'était muée en quelque chose de plus tranquille, qui avait comme un effet hypnotique sur ceux qui l'entendaient. Elle sentit alors que tous participaient à un effort collectif, sans doute dans le but d'aider Eoghan.
Elle elle se sentit frustrée, une fois de plus, de devoir rester à part. Mais c'était ainsi, elle le savait. Mais cette situation d'impuissance constante commençait vraiment à lui peser, à la rendre malheureuse.
Elle retint ses larmes du mieux qu'elle put. Quelqu'un était en bien plus mauvais état qu'elle.
Puis, la tension sembla se relâcher et on suggéra au jeune mage d'aller s'aliter, tandis que les dernières personnes restées à l'étage en redescendaient, semblant épuisées. Nyaeve était parmi elle et Loelia allait s'approcher pour l'aider quand les kyrills l'interceptèrent afin qu'elle leur donne un coup de main pour s'occuper de tout le monde.
*Voilà au moins une chose que je puis faire….*
Elle était fatiguée, mais moins que d'autres, alors elle s'empressa d'installer confortablement les plus fatigués de ses amis, leur apportant à boire et à manger ; la jeune femme porta une attention particulière à Enju et Nyaeve, leur apportant des tasses de thé fumantes et s'enquièrent de leur état.
*Vous avez l'air épuisées toutes les deux. Tenez, buvez ceci et allez vous reposer. N'hésitez pas à me demander si vous sentez avoir besoin de quoique ce soit, les kyrills m'ont embauchée à la tâche."
Elle s'appliqua à sa tâche, souriant de son mieux, aidant à servir ceux qui en avaient le plus besoin et envoyant au lit ceux qui avaient un air à faire fuir la mort en personne. Elle sollicita discrètement Fitz :
*Je suis désolée, mais je ne préfère pas aller dormir de suite. Les kyrills m'ont demandé de les aider à s'occuper de tout le monde et je tiens à le faire. Et j'aimerais que tu me laisses veiller tant qu'ils auront besoin de moi, car c'est…"
Elle hésita, avant de finir sa phrase dans un murmure.
"… c'est la première fois que j'ai un rôle un tant soit peu utile dans cette mission."
Elle dormit peu cette nuit-là, malgré les ordres clair de Fitz, occupée à se rendre utile. Elle n'aurait de toute façon pas pu trouver le sommeil, le chant des dyhélis tournoyant toujours dans son esprit, de manière entêtante. Elle cherchait toujours ce que cela voulait dire et surtout, ce qu'elle pouvait en faire.
****
Le lendemain (elle avait quand même fermé l'oeil une heure ou deux), elle retrouva Fitz et Eoghan dans la cuisine ; elle fut soulagée de constater que ce dernier semblait ne pas trop mal se porter. Le mercenaire était en train d'organiser leur journée à venir.
Elle s'aperçut que Fitz l'avait placée dans le même chariot de Nyaeve et celui des Dyhélis, ce qui lui apporta un peu de baume au coeur, vu qu'elle semblait ne pas être totalement inutile face aux deux petits.
Apparemment, le groupe repartait avec leurs hôtes, en début d'après-midi.
Elle s'approcha des fourneaux et noua autour de sa taille un tablier qui traînait là, ainsi que ses cheveux.
"Nous ne partirons en tout cas pas le vendre vide, surtout avec la bande d'affamés que vous êtes !"
-
[justify:16i1ak7d]Il fallait avouer que le Chat de Feu possédait une parole qui avait beaucoup de poids, et de sens pour Enju. Un envoyé de Vkandis, qui ne parlait qu'en Son nom, ça avait de quoi impressionner n'importe qui, surtout une croyante aussi fervente que la karsite.
Aussi, quand il lui dit qu'ils étaient dans le bon camps, cela devint une certitude pour Enju. Et ce fut comme si un noeud immense se dénoua entre ses omoplates tendues. Elle était soulagée, de ne pas refaire cette erreur, comme par le passé. La jeune femme regarda Ashun s'éloigner, effleura sa main quand il passa près d'elle et lui murmura : "Faites attention à vous aussi..." avant de se concentrer sur les notes en sa possession.
Avec des gestes précis nés de l'habitude, Enju les tria, mit certaines notes rapidement au propre pour éviter que trois feuilles disent sensiblement la même chose. Tout fut soigneusement consigné, regroupé, et rangé entre les deux manuscrits qui regagnèrent leur cachette - plus si secrète - près de sa cuisse droite, dans une sorte de tiroir secret coulissant de son fauteuil roulant.
A présent que toute la tension se finissait, Enju observa le reste de la salle. Fitz avait attrapé le traitre, et ils étaient à présent tous en sécurité - elle l'espérait, du moins. La fatigue l'écrasa soudainement, et Enju bâilla. L'orage était terminé, et à vrai dire, elle ne s'était pas rendue compte de la force qu'il avait pu avoir, obnubilée par son travail avec le prêtre. Rapidement, les ordres furent donnés, l'état d'Eoghan s'améliora. La prêtresse garda un regard inquiet sur le prêtre, craignant une fois de plus que la malédiction des parchemins ne frappe... Le soir, avant de dormir, Enju prit le temps de prier, longtemps, étreinte d'une douce chaleur qui l'encourageait à toujours plus adresser des mots à Vkandis... Et même à Aanor.
La nuit fut reposante à souhait, après tout ce qui s'était passé. On aida Enju à s'habiller, et à regagner son fauteuil. Fitz donna les plans de calèche, et c'est avec soulagement que la karsite vit qu'elle ferait la route avec le prêtre, Maya et Indra, et Eoghan. Il serait entre de bonnes mains, elle l'espérait en tout cas. Il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas le cas. Après que l'estomac du mage ne se soit exprimé par sa bouche - au moins, il allait mieux ! - Loelia confirma que personne ne partirait le ventre vide, et Enju vint l'aider à préparer les boissons chaudes, et surtout, à les servir - ça avait quelques avantages, au moins, d'être en fauteuil.[/justify:16i1ak7d]
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Fitz avait mérité son titre de Protecteur et ce n'était pas Rohan qui allait se mettre en travers de sa route. Il s'arrangea pour appliquer les ordres de son compagnon du mieux possible, et finalement tout le monde réussit à s'installer pour la nuit, plus ou moins confortablement.
Le lendemain, le soldat se leva de même très tôt. Il partit vérifier les rangs des hommes sous ses ordres, s'assura qu'ils rangeaient la maison pour ne pas la laisser dans un état atroce, s'assura aussi que les serviteurs, guérisseurs, hérauts avaient tout ce qu'il leur fallait et qu'on ne s'était pas uniquement concentré sur leurs nouveaux étranges compagnons, et accueillit Fitz avec la fin de son paquetage.
Il regarda les plans qu'avait fait le mercenaire, et les valida rapidement. Il répondit à Fitz:
"Ca marche pour moi. J'ai déjà fait vérifier les chariots il y a une dizaine de minutes, et nos affaires sont déjà chargées. Je doute qu'Eoghan soit en état de jouer les mages actuellement, alors si Nyaeve est assez en forme, je voudrais qu'elle monte avec lui. Elle saura mieux qu'un soldat si des complications ... magiques lui arrivent."
Et il laissa son partenaire s'en aller vaquer à ses propres occupations. Lui, il allait rendre compte à Aranel. C'est là qu'il se rendit compte qu'elle n'avait pas réapparu depuis leur arrivée. Il la trouva dans son lit, l'air complètement épuisée et profondément endormi. Il eut du mal à la réveiller, à la faire descendre, mais elle finit par se bouger et alla s'installer dans le chariot qu'on lui indiqua - son Compagnon ne semblait pas plus réveillé mais préférait qu'elle continue à se reposer dans un endroit plus stable.
En bas, Maya sourit à Fitz:
"Je suis prête. J'ai le sentiment qu'il faut rentrer vite maintenant. La tempête n'est pas finie mais elle va se calmer si on s'éloigne d'ici, je pense. C'est ce qu'Ashun pense." expliqua-t-elle.
Une fois tout le monde servi pour le petit déjeuner, Rohan vint signaler à Fitz qu'ils étaient prêts à partir. Il indiqua leur place aux présents dans la salle principale et quand tout le monde eut mangé, il s'assura que chacun prenait bien celle qui lui était attribuée.
Le plus dur fut de décider les dyhélis à quitter leur coin. Les kyrills s'y mirent à deux, et finirent par demander à Loelia de leur parler. [ Tu leur parles et même s'ils ne comprennent visiblement pas trop ce que tu dis, ils acceptent de venir avec toi ]
Nyaeve n'était pas quittée d'une semelle par Selm, et Masten, couvé du regard par ses parents, décida de s'installer avec eux. La jeune mage s'installa près d'Eoghan: elle se sentait coupable de l'avoir blessé avec la porte, et confusément se disait qu'il avait été empoisonné par sa faute. Elle voulait la réparer en aidant de son mieux le jeune homme à supporter le voyage.
Les griffons semblèrent soulagés de quitter l'étouffante maison et ils se proposèrent spontanément comme éclaireurs volants malgré la pluie.
Nirsi semblait fatiguée et elle alla s'installer près d'Aranel dans un des chariots, surveillant son fils de loin. Les kyrills se mirent avec ceux qu'on leur avait désigné, prêts à aider au moindre problème. Ashun resta près d'Enju pour discuter au long du voyage. Maya et Indra restèrent avec eux.
Oléis rejoignit Rohan à la tête de la caravane. Le traître était toujours inconscient (ou faisait semblant) et se laissa trainer comme un sac sans réagir.
La première journée de voyage fut éprouvante: au moindre signe d'agacement d'Eoghan, tout le monde avait peur qu'il n'ait de nouveau de la fièvre... Masten toussait de temps en temps, comme s'il avait mal aux poumons. La pluie était glacée, elle fouettait parfois, et le temps n'aidait pas à avoir le moral [ Eoghan, tu ressens le moindre changement de temps avec des variations de ta migraine ].
Heureusement, quand Rohan et Oléis trouvèrent un endroit protégé pour s'arrêter pour la nuit (une sorte de grange à quelques lieues d'une ferme où ils avaient acheté de quoi manger), la pluie ralentit. Durant la nuit, elle cessa complètement. Le lendemain c'est un temps gris mais sans pluie qui les accompagna...
[ Vous avez votre prochain post pour raconter le départ, et la première journée, la nuit, et de nouveau la deuxième journée. Si vous voulez aborder un sujet particulier avec vos camarades de voyage (les plus proches à cause de la pluie vous ne pouvez pas discuter avec tout le monde), n'hésitez pas. Par exemple, Enju, tu peux considérer qu'Ashun t'interroge sur Anshuu et ta foi, tu peux aller jusqu'à te confier?
Loelia, si tu testes de nouveau ta musique (attention, il pleut!) tu sens l'attention des dyhélis mais pas grand chose de plus.
Eoghan, ta blessure t'a affaibli mais elle ne te fait plus souffrir, et les traces disparaissent rapidement... reste l'épuisement et ça, le voyage n'aide pas.
Fitz, tu finis par voir que le traître est réveillé mais il ne proteste pas, ne bouge pas... Résigné?
Nyaeve si tu peux poster: Selm et Masten t'assomment presque de bavardage, et tu fais bien connaissance avec eux. C'est comme si tu avais passé toute ta vie à être leur "grande soeur" en quelque sorte. ]
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Ce bon vieux Fitz. Au réveil, Eoghan s'était surpris à sourire en le voyant et il s'installa naturellement à la table à ses côtés, répondant à sa joute. C'était un sourire espiègle et malicieux comme il en avait l'habitude. Il ne l'avait juste pas encore montré aux autres depuis leur départ de Haven.
_ Je les préfère avec moins de poils aux pattes ! Et sans cheveux au menton !
Il sourit un peu plus à Fitz, se sentant toujours faible mais mieux, un vrai soulagement. Il se sentait étrange d'une certaine manière. Si Loelia s'était pensée inutile durant presque toute la mission, il songeait à la même chose. Quand on y regardait, il se sentait lourd, comme un poids, un fardeau pour ses compagnons. D'abord à cause de son humeur morose et grotesque, ensuite par ses migraines et enfin par cette blessure. Eoghan aimait attirer l'attention, mais pas en passant pour un geignard. Quoiqu'il en soi, il espérait que ces derniers jours sombres étaient derrière lui à présent et que rentrer à Haven rendrait tout l'ordre normal des choses. Il enverrait un message à ses parents et peut-être aurait-il l'autorisation d'aller passer quelques jours chez eux ? Ou eux l'autorisation de venir passer quelques jours chez lui. Il avait tant de choses à leur raconter. Un coude en appui, il écouta attentivement le plan de Rohan et Fitz, baissant les yeux au fait que le mercenaire avait besoin de lui frais et dispo. Il pouvait blaguer, rire mais il se sentait encore tellement fatigué… Pourtant, il ne dit rien. Par fierté peut-être ? Orgueil ? Par imprudence ? Il se sentait capable de le faire, il ne savait juste pas encore vraiment comment. De plus, se retrouver avec Ashun l'enchantait, il avait tant de questions à lui poser. Aussi, Eoghan acquiesça simplement, sa mine reprenant sa morosité habituelle et il porta sa chopine encore fumante à ses lèvres.
_ Je peux supporter le voyage !
Il releva le nez et observa tout le monde alentour. Hey, ce n'était pas comme s'il était encore allongé dans sa couche, inerte. Et il se montra ! En protestant ! Comme d'habitude. Tout allait sûrement mieux, alors. Puis quand Loelia parla, il haussa les sourcils et la désigna d'un geste de la main.
_ Vous avez entendu la dame ? Personne part sans rien n'avoir mangé. Et on est pas affamé… Nous sommes des estomacs vaillants et… Nous requerrons énormément de ressources pour entretenir nos forces. Sinon, comment pourrions-nous combattre les maux qui nous rongent.
Il montra son bras.
_ Tout ça, c'est parce que je mange à ma faim, ma jeune amie ! Bien manger, c'est la clé de la guérison. Et de plus, je ne connais rien de plus satisfaisant à l'estomac, n'est-ce pas Fitz ?
Il haussa les sourcils en regardant son ami puis Rohan, assurément que ces deux-là avaient de quoi acquiescer ! L'arrivée de Nyaeve lui fit bizarre, il ne l'avait pas beaucoup vue ces dernières heures. Il lui offrit un léger sourire, content de la voir en forme avant de lui passer une bonne assiette de bacon grillé. Très certainement aurait-elle besoin de reprendre des forces, tout comme lui.
***
Rendus dans les chariots, Eoghan était pressé. De retrouver Haven, sa chambre, de rentrer, de revoir Elbereth. Il espérait qu'elle allait bien et en même temps, il en était persuadé. Ne pouvait-elle aller autrement, après tout ? Il aurait aimé s'occuper du traitre avec Fitz et Rohan, il aurait aimé lui poser ses questions et l'assommer des fois qu'il résiste. Tout comme Fitz, Eoghan était un peu frustré de n'avoir pas pu faire plus qu'il n'avait fait à part être ce poids pour les autres. Et il l'était toujours, par ailleurs. Il détestait ça, d'ailleurs. Malgré sa fatigue, Eoghan s'affaira autour des chariots, entreposant leurs affaires et tout ce petit monde. Il aida Enju à s'installer et Nyaeve à monter ainsi que Maya pour qui il ressentait une affection particulière, chose qu'il n'avait pas ressentie du tout lors de leur départ. Mais les choses avaient changé. Il avait changé. Une fois le chariot plein et prêt à partir, Eoghan se laissa tomber sur son siège dans un profond soupir et sa tête roula contre la paroi, se laissant battre par les mouvements des chevaux. Sa jument, par ailleurs, elle au moins allait bien.
Une fois le départ bien annoncé, Eoghan ressentit alors toute la fatigue et la flemme de supporter un tel voyage de retour. Aussi redevint-il grognon, la hâte de rentrer ne le rendait pas bien aimable. Il observa Enju et Ashun parler entre eux, captivé autant par leurs voix que par leurs dires. Il laissa même Maya dormir contre lui si elle le voulait et il vérifiait fréquemment que le reste du chariot se portait bien. "Ils sont sous ta responsabilité" avait dit Fitz. Et pour lui, ces mots signifiaient beaucoup. Mais quand personne ne faisait attention à lui, c'était Nyaeve qu'il observait attentivement. Il arrivait à la jeune mage de lui envoyer quelques sourires, timides jugea-t-il (et si c'est pas le cas, corrige moi Nyaeve ;) ) ce qui lui fit froncer les sourcils de curiosité. De tous les mages de Haven, elle était sûrement celle dont il était le moins proche. Mais aujourd'hui, c'était comme si… Ils se voyaient l'un l'autre, aveugles jusqu'ici. Cette pensée lui fit quelque peu bizarre et finalement, il lui rendit ses sourires bien que sa migraine et sa fatigue l'accablaient. Nyaeve ne se sentait pas responsable de ce qui lui était arrivé, tout de même... Il tentait de dormir le plus possible sans y parvenir, le chariot le brinquebalant bien trop. Il aurait mieux dormi sur sa jument mais avec ce temps… Par maintes fois avait-il fixé Ashun, forgeant ses questions dans sa tête sans réussir à les formuler, néanmoins. Il avait parfois ouvert la bouche pour parler mais s'était résigné. Il y avait trop de monde et Eoghan préférait attendre encore un peu, se contentant de caresser, d'une main légère, les cheveux de Maya contre lui.
***
La nuit tombant, Eoghan se laissa tomber du chariot avec un soulagement notable ! Aidant à nouveau Nyaeve d'une poignée de main à descendre puis Maya, il remonta dans le chariot pour porter Enju jusqu'à la grange. (si elle m'y autorise, bien sûr !) C'était bien là, la seule chose qu'Eoghan était capable de faire. Et une fois tout le monde installé, il fallait qu'il s'occupe de sa jument. Il mangea quelque chose de consistant et quand tout le monde jugea bon de dormir, il n'était plus fatigué même si Fitz tentait de lui dire de dormir. Il s'était alors replié sur un muret, contre sa monture, et s'était mis à écrire, ce qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs jours.
Mais quand Ashun se détacha du groupe, il le remarqua et après un temps d'hésitation, il referma son carnet avant de sauter du muret. Il tapota les flancs de sa jument en lui passant à côté et rejoignit l'homme en se raclant la gorge.
_ Ashun… Pardonnez-moi… de vous déranger mais…
Il regarda alentour, vérifiant que pour une fois, ils étaient à peu près seuls. Il soupira alors et acquiesça avant de reprendre.
_ J'ai besoin que vous me parliez de ce qui m'est arrivé. J'ai ressenti des choses et je ne sais pas ce que c'est, ni comment les interpréter. Je me sens… Proche de ce temps misérable, des tempêtes, de l'orage. Comme si quelque part, cela faisait partie de moi. J'ai besoin de savoir avant d'arriver à Haven. Je promets de me concentrer sur mes leçons de magie sans plus faire l'idiot si vous me dites ce qui m'arrive. Je devrais me concentrer bien plus sur mes cours quoi qu'il arrive… N'est-ce pas ?
Son front soucieux argumentait sur l'inquiétude qu'il ressentait face à ces nouveaux éléments dont il ne savait rien, finalement.
_ Qu'est-ce que c'est, c'est… Une sorte de tempestaire ? C'est dangereux ? Comment je peux contrôler mon Don avec tout ça ? Je n'ai eu de cesse que de gémir à cause de ces migraines violentes et l'orage nous aura suivi durant tout notre périple. Ce n'est qu'en nous éloignant de lui que j'ai l'impression de retrouver mes forces et le contrôle de ma tête. Vous m'avez aidé à ériger mes barrières, n'est-ce pas ? Pendant tous ces derniers jours, vous ne m'avez pas quitté, pas vrai ? Parce que vous savez que je ne suis pas comme Nyaeve, je ne contrôle presque rien, je subis tout ce qui vient. Et l'autre soir, sans vous, vous saviez que je n'aurais pu y arriver si vous ne m'aviez pas aidé. Je l'ai senti. Alors dites-moi… Dites-moi ce que je suis, ce que j'ai, ce que je dois faire parce que tel que vous me voyez ? Je n'en ai aucune idée...
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Il était ravi. Ravi de voir le jeune mage manger autant qu’il le pouvait, et acquiescer à son idée. Ravi aussi de savoir que Rohan validait son plan sans rechigner. Certes il avait déjà pensé à faire accompagner Eoghan de Nyaeve, mais il était aussi vrai qu’il espérait que le mage ne prenne pas la mouche en voyant qu’on lui mettait un chaperon. Il fit tout de même un signe à Rohan pour lui spécifier qu’il acceptait sa suggestion et qu’il en serait fait ainsi.
Puis il éclata de rire à la remarque du mage.
-Bien sur que tu as raison ! Manger est la clé du succès. On n’affronte pas les épreuves avec le ventre vide, à moins que nous ne souhaitions échouer !
Lorsque Rohan se mit en marche pour effectuer les tâches qu’il lui avait confiées, Fitz fit de même. Il alla d’abord vers Oléis, lui demander de prévenir toute la compagnie du plan de route, puis il partit à son tour chercher tout ce qu’il pouvait trouver en vivres et autres boissons pour le voyage. En entrant dans la cuisine, Loelia se trouvait là, le tablier autour de la taille.
-Je tenais à vous remercier ma dame, vous avez prouvé votre importance en veillant au bon déroulement des choses. Il faut que chacun puisse se nourrir, et vous semblez avoir un contact particulier avec les Dhyélis. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir placé avec eux.
Il jeta un coup d’œil circulaire dans la pièce, puis revint vers la jeune femme.
-Dites-moi, puis-je vous demander un autre petit coup de main ? J’ai besoin de faire le plein de nourritures et boissons pour le voyage, pouvez-vous m’aider à amasser tout ce qui est comestible et surtout facilement transportable ? Je vois que vous avez déjà trouvé vos marques par ici, et à deux nous irons plus vite.
La tâche fut effectuée rapidement, non sans difficulté, mais rapidement. Lorsque le mercenaire revint dans la salle principale, Maya s’adressa à lui, d’un geste calme et rassurant il lui caressa les cheveux.
-Tu as raison, nous devons partir.
A croire que ces mots devenaient des actes, Rohan pénétra à cet instant là pour leur signifier que tout était prêt. Le départ aurait donc lieux.
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La première journée se passa correctement. Le traître ne posa pas de soucis, jouant l’évanoui. Cela convenait parfaitement à Fitz, qui pouvait ainsi en faire ce qu’il voulait, sans avoir à se fatiguer, tout en réfléchissant à tout ce qui pouvait arriver.
La caravane menée par Rohan et Oléis, cela laissait le temps au mercenaire d’analyser la situation.
Le voyage parut long, mais rien de bien dangereux ne vint troubler leur avancée. Et si ce n’est la prudence excessive de ses compagnons au moindre soupir d’Eoghan, tout le monde était à son poste et effectué la tâche demandée.
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Comme toute journée, celle-ci eut une fin, et c’est donc dans une grange, qu’ils avaient trouvé refuge. Le mercenaire avait déjà préparé les tours de garde dans la journée, et une fois fait le tour de la ferme, il avait décidé de la position de chacun des hommes qu’il voulait voir patrouiller. Le mercenaire quand à lui parti s’installer dans un coin, loin de tous, avec son traître sac de patate à ses pieds. Le silence lui faisait du bien, et il avait sortit un petit canif, s’amusant à tailler un bout de bois surement issu d’une des poutres de leur habitation de fortune.
Alors que beaucoup commençaient à s’endormir, Fitz rompit le silence. Il ne savait pas vraiment si l’homme à ses pieds l’entendait ou pas, mais finalement il s’en moquait, il savait au moins qu’il était réveillé, et donc apte à entendre.
-Tu sais. Je peux presque comprendre ton choix. Il est toujours intelligent pour un homme dans ta situation de se ranger du coté de celui qui semble pouvoir gagner. Mais j’ai une chose à te dire. Je n’ai jamais perdu un combat. Jamais. Et toutes les batailles que j’ai faites mienne, je les ai mené au bout, quelque soit les pertes.
Le mercenaire rangea son couteau dans sa poche, et regarda la petite sculpture de cheval qu’il venait de finir. Elle n’était pas parfaite, et loin d’un travail d’artiste, mais on reconnaissait la forme principale, et c’est ce qui comptait après tout.
-Tu peux encore sauver ta vie. Je peux encore intervenir en ta faveur une fois au collégium. Je te laisse réfléchir à ca. Après tout, rien n’est plus important que le libre arbitre non ?
Le mercenaire fit craquer ses épaules. Il ne dormirait pas ce soir, du moins tant que Rohan n’aurait pas pris sa place auprès de l’assassin. Et il avait fait en sorte que leur guide est une longue nuit. Il devait être en forme pour les mener à bon port.
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Au moins il ne pleuvait pas quand la caravane se remit en marche. Tout le monde était de nouveau à sa place, et son sac de patate se trimballait de nouveau à coté de lui. Si ce qu’il avait dit hier avait touché l’homme, ce dernier en tout cas n’en avait pas encore fait mention.
Fitz leva les yeux au ciel, les griffons pourraient voler sans soucis au moins avec ce temps. Et les mages seraient surement de meilleure humeur.
Devant lui, le chariot transportant, Eoghan, Enju, Ashun et Maya. Il s’approcha rapidement, et interpella la petite fille.
-Tiens j’ai fait ca hier soir, et je n’en ai pas l’utilité. Si cela te plait tu peux le garder, sinon… Tu l’offriras à un prétendant quand tu seras grande.
Il lui tendit la petite figurine qu’il avait taillé la veille, avant de rajouter à voix basse, mais bien assez haute pour qu’Eoghan entende.
-Essaye de ne pas t’amouracher de ce mage, j’ai peur qu’il soit une mine à problème.
Il adressa un clin d’œil malicieux à Eoghan, avant de reprendre sa place un peu plus loin avec le traître, et de partir dans un franc éclat de rire.
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Durant la matinée s'organisa les préparatifs pour le trajet de retour ; Loelia écoutait les chefs du groupe discuter d'une oreille distraire pendant qu'elle aidait aux préparatifs du repas et elle s'aperçut avec joie que Fitz avait entrepris de la placer dans le même chariot que les Dyhélis.
Elle rit également à la rebuffade amicale d'Eoghan :
"Mais je sais bien qu'ici je côtoye des estomacs vaillants ! Je suis d'ailleurs bien heureuse de vous voir d'humeur à la plaisanterie, et je m'en vais de ce pas vous aider à faire le plein d'énergie, on ne laissera pas cette mauvaise blessure au bras vous clouer le bec, ce serait dommage !"
Elle lui fit un sourire espiègle et retourna à sa tâche.
Quand tout le monde fut restauré, Rohan pris les devant et expliqua à chacun quelle serait sa place durant le voyage du retour ; puis, on entrepris de charger tout ce petit monde pour le départ.
Loelia était encore en train de sécher les derniers ustensiles utilisés pour le repas ainsi que ses mains ; alors qu'elle se débarrassait enfin de son tablier et redonnait leur liberté à ses cheveux, elle entendit qu'on la réclamait.
C'était Fitz, qui venait la remercier de l'aide qu'elle avait fournie la nuit dernière en aidant à s'occuper de ceux qui se sentaient le plus mal. Il lui annonça également ce qu'elle avaient entendu auparavant, à savoir qu'elle serait en chariot avec les dyhélis. Elle rougit légèrement quand le mercenaire la remercia d'avoir fait quelque chose d'important pour le groupe, cela lui faisait du bien d'entendre ces mots.
"Je vous en prie, ce fut un plaisir pour moi d'avoir enfin le sentiment de pouvoir faire quelque chose pour le groupe. Je tenais d'ailleurs à m'excuser d'avoir laissé transparaître un tel désarroi hier soir, alors que tant de gens étaient bien plus mal en point que je ne l'étais. Vous pouvez compter sur moi, je ferai de mon mieux avec les deux petit. Je m'y suis attachée, vous savez…."
Elle leur coula un regard en douce tandis que Fitz refaisait un dernier tout de la pièce principale et qu'il revenait vers elle, solliciter son aide pour ramasser les derniers vivres. Les dyhélis étaient enroulés dans un coin, peu décider à en bouger.
"Oui bien sûr, je m'en occupe. Pendant ce temps, collectez les gourdes de nos compagnons et amenez-les moi, je vais les remplir."
Elle entrepris de faire une dernière fois le tour de la maison, collectant tout ce qui pouvait convenir à un voyage. Elle trouva des pommes, des carottes, quelques oignons, des patates, du pain (qu'il valait mieux emmener au lieu de le laisser sécher ici), des herbes en vrac qui pourraient leur servir à faire du thé, ainsi que des restes de viande séchée. Elle empaqueta tout cela soigneusement en autant de sacs qu'il y avait de chariots et les remis au mercenaire.
Puis, voyant que tout le monde était sur le départ, elle reporta son attention sur les dyhélis.
Visiblement, ses amis avaient quelques soucis à faire bouger les deux petits.
La jeune fille s'approcha et, lissant sa tunique de voyage des deux mains, s'agenouilla auprès des deux créatures. Elle avança une main timide et les gratouilla gentiment à tour de rôle, leur parlant de manière la plus apaisante possible.
"Il n'y a rien à craindre : tout ce mouvement est normal, il faut que nous rentrions à la capitale. Et vous venez avec nous, ainsi que tous vos amis ; vous serez plus en sécurité avec nous qu'en restant seuls ici. Je viens aussi, je suis là et je promets que je ne vous lâcherai pas."
Les deux petits ne semblèrent pas vraiment comprendre le sens de ses paroles, mais apparemment le ton de la voix de la jeune femme leur suffit, car ils se décidèrent finalement à bouger.
Ils gagnèrent les chariots et chacun s'installa à la place qui lui était dévolue. La jeune ménestrelle prit place avec les deux dyhélis dans un chariot et ils furent bientôt rejoins par Selm, Masten et Nyaeve. La route promettait d'être animée, surtout avec la pluie qui avait recommencé à tomber. Le temps était glacial mais, comme ils étaient tous relativement serrés les uns contre les autres dans leur chariot, ils ne le sentirent pas trop.
Loelia finit par sortir son luth de sa housse, afin de se dégourdir un peu les doigts. Elle joua deux-trois balades, mais pas trop longues, juste pour apporter un peu de couleur à la morosité météorologique ambiante. Elle observa les dyhélis du coin de l'oeil et vit qu'ils semblaient plus ou moins attentifs, rien de plus. Quand la fatigue s'abattit vraiment sur elle, elle cessa de jouer et rangea son instrument.
Elle s'adressa à Nyaeve, doucement, trop fatiguée pour parler avec une voix soutenue :
"Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas croisées, toutes les deux… Quelle histoire hein ? pour une première mission, c'était relativement éprouvant. J'ai hâte de rentrer à Haven pour en apprendre plus ; mais en même temps, je suis épuisée… Et toi ? que comptes-tu faire en rentrant ? A part te jeter dans un bain chaud, bien sûr !"
*****
Le voyage continua ainsi sans trop de soucis. Un soir, le groupe trouva même une grande dans laquelle s'arrêter et put donc passer une nuit au sec. Loelia entrepris de placer sur un étendard de fortune le plus gros de ses vêtements trempés afin de les sécher un peu et proposa à ses camarades de faire de même.
Ce serait idiot que tout le monde, en proie à la fatigue, tombe malade maintenant.
Puis, elle s'assit dans un coin et sortit un petit carnet de cuir de la housse de son luth.
Il était temps qu'elle se mette à poser par écrit le récit de leurs péripéties.
****
Quand ils se remirent en route le lendemain, la pluie avait eu le bon goût de cesser. Loelia, heureuse d'avoir plus ou moins réussi à enfin sécher ses vêtements, espérait que l'humidité ne revienne pas de sitôt.
Collée contre les dyhélis dans son chariot, elle se mit à penser à son retour à Haven et ce qui l'y attendait.
Il faudrait qu'elle prennent le temps d'aller discuter de ses découvertes et questions avec un Guérisseur : ce qu'elle avait ressenti au contact des dyhélis continuait de la perturber. Et la frustrait car, si elle avait pu les aider un peu, elle n'avait toutefois pas pu faire grand chose pour les soulager sur le long terme. Et elle aurait voulu pouvoir.
Elle se dit qu'une autre personne à voir serait sans doute sa doyenne, Riannon. Elle devait bien connaître quelque information sur une musique qui pourrait avoir la propriété de soigner….
-
Le voyage était assez éprouvant pour tout le monde. Ashun était le plus âgé du groupe et il avait l’habitude de rester assis des heures à travailler, mais pour lui, rester sans rien faire que parler dans un chariot avait un goût d’inutilité profonde. Il n’osait pas demander à remonter à cheval comme avant car la dépense d’énergie qu’il avait dû faire pour Eoghan, et avant pour le portail, l’avait beaucoup affaibli, et il se sentait parfois dans un aussi mauvais état qu’Eoghan ou Nyaeve même s’il n’en laissait absolument rien paraître. Finalement, ils purent descendre pour la nuit, et Anshun se décida après la soirée à marcher un peu. La pluie et la nuit ne lui faisaient pas peur. Il savoura son moment de solitude, puis celui-ci fut interrompu par Eoghan qui l’avait suivi. Le jeune homme semblait retenir maintes questions et c’était le rôle du prêtre de tenter d’y répondre.
« Pas de problèmes. Racontez moi ce qui ne va pas ? » répondit-il simplement, faisant une croix sur sa promenade en solitaire.
Les explications, un peu embrouillées, du jeune mage lui apprirent rapidement ce qui le tracassait. Anshun fit la grimace puis se reprit et regarda Eoghan bien en face :
« Je pense que vos Dons sont liés à la Nature, un peu comme si vous aviez le Sens de la Terre hardornien, mais connecté au temps. Il me semble que ce Don est plus connu chez les femmes que chez les hommes. On les appelle les Sorcières du Temps – mais vous semblez avoir ce don assez puissant. Vous savez que quand vous utilisez l’énergie autour de vous, surtout à un certain niveau, cela a des répercutions ? Par exemple un Portail déclenchera des grosses tempêtes – comme celle qui nous suit actuellement ? Quand cette énergie est déployée, en tant que Mage cela vous rend encore plus sensible au temps qui change. Et de ce que j’ai vu vous pouvez avoir une certaine influence dessus en plus. »
Eoghan avait vu juste sur d’autres points :
« Depuis que je vous ai aidé à supporter votre migraine je maintiens les barrières comme je peux. Je les ai abaissé pour vous soigner, et Maya m’a aidé à les remonter ensuite. Pour le contrôle, c’est un don rare, mais j’ai beaucoup lu dessus et je pense que vos professeurs à Haven pourront vous aider comme il se doit. Nyaeve sait plus instinctivement où et comment s’ancrer, mais vous n’aurez pas à subir toute votre vie. Avec un entraînement adéquat, vous y arriverez sûrement très bien. Pour le moment, permettez-moi de continuer à maintenir les barrières au moins jusqu’à ce que l’orage cesse complètement. On fera un essai ensuite – et nous travaillerons sur vos propres barrières quand vous aurez plus d’énergie. Je ne pense pas que vous soyez dangereux ni en danger pour le moment, et nous avons le temps. L’important pour le moment est que vous retrouviez vos forces et qu’on rejoigne Valdemar au plus vite. Là-bas on se penchera très sérieusement sur votre Don. N’essayez pas encore de l’utiliser, c’est plus prudent. »
Ashun serra l’avant-bras d’Eoghan :
« C’est un don rare que Vykaendis vous a donné, soyez en fier. »
Puis il proposa de retourner auprès des autres. Fitz et Rohan, assistés d’Oléis, avaient tout bien géré et tout était calme. On aurait presque dit une soirée normale de voyage entre amis. Presque. Les patrouilles étaient bien rodées, et Fitz s’était éloigné avec le traître. Ce dernier, enfin clairement réveillé, refusait de répondre aux provocations du mercenaire… Jusqu’au moment où d’une voix rauque il répondit enfin :
« Tu n’as jamais perdu un combat face à un adversaire humain. Mais face au mal incarné, tu t’inclineras comme les autres. Le Sombre ne permet pas qu’on résiste. »
Dans le ton de l’assassin, une peur immense, qui disparut comme si de rien n’était quand Fitz parla de libre arbitre. Le traitre se tut et refusa de parler plus, retournant dans son mutisme infranchissable.
Le lendemain, il était toujours aussi silencieux. Il ne cherchait ni à parler, ni à s’enfuir, et avait le regard perdu dans le vague.
Tout le monde se réinstalla dans les chariots et sur les chevaux, et le trajet reprit, moins tendu – et au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient du mauvais temps, tout le monde reprenait du poil de la bête. Ashun s’était mis près d’Eoghan pour surveiller l’évolution des choses, et il lui confirma rapidement qu’il pourrait bientôt se surveiller lui-même car tout était bien lié à l’orage.
Maya finit par réclamer de monter derrière Fitz car elle en avait assez de rester avec les « vieux grognons » dans le chariot.
Près de Loelia, plus le voyage avançait, moins les dyhélis semblaient tristes. Ils surveillaient fréquemment du regard ce que faisait Loelia, comme si elle les guidait depuis qu’elle leur avait promis de ne pas les laisser. Au bout d’un moment, ils se levèrent, et descendirent du chariot pour trotter simplement à côté. Ils semblaient plus en forme, et à la fin de la deuxième journée, quand les griffons leur annoncèrent à tous qu’il y avait un bois parfait pour camper, les kyrills vinrent voir Loelia :
« Les petits vont mieux. Continuez à vous en occuper, je crois qu’ils vous aiment bien. Acceptez-vous de jouer pour nous tous ce soir ? La musique fait du bien à tout le monde… »
Ils finirent par arriver à l’endroit repéré par les griffons. Ces derniers avaient dégagé un certain espace entre les arbres qui leur ferait comme une clairière aménagée. En léger surplomb, la colline permettrait aussi aux soldats de vérifier leurs arrières. L’orage s’éloignait (définitivement ?).
Selm abandonna Nyaeve dès qu’ils furent arrêtés pour aller courir entre les arbres avec sa mère qui en avait aussi plus qu’assez de paresser dans un chariot et Masten qui avait récupéré complètement. Les kyrills semblaient eux aussi soulagés, et ils s’éloignèrent rapidement ensemble. Les griffons partirent « surveiller » les alentours.
Rohan alla voir Fitz :
« Il me semble que certains d’entre nous peuvent remonter à cheval. Cela enlèvera du poids aux chariots et nous avancerons plus vite. Les dyhélis semblent capable de suivre le rythme, et nos petits jeunes ont bien récupéré. Tu en penses quoi ? »
***
Le lendemain, le voyage se poursuivit un peu plus rapidement. Les dyhélis se fatiguaient vite mais les périodes où ils marchaient, le convoi avançait à bonne allure. Les griffons étaient désormais beaucoup plus à l’aise en vol et malgré le froid, un timide soleil pointa bientôt son nez.
Le voyage continua sous de meilleurs augures. Les ifteliens tentaient de répondre au mieux aux questions qu’on se posait sur eux, et posaient en retour maintes questions sur leurs nouveaux compagnons.
[ Selm est de plus en plus proche de Nyaeve – tu n’arrives pas à te couper complètement de lui… mais ce n’est pas très gênant au quotidien.
Eoghan : au bout d’un moment, Ashun te redonne des cours de base pour l’ancrage et les barrières, et comme tu reprends des forces, cela te semble de plus en plus facile. Au bout d’un moment, tu peux reprendre ton cheval aussi.
Loelia : les dyhélis restent toujours à proximité de toi, surtout quand tu joues. Les kyrills traduisent de temps en temps quand ils demandent des morceaux par exemple. Quand tu joues, tu ne retrouves jamais l’intensité de ce que tu as ressenti quand tu les as « soigné » mais c’est à portée de tes doigts et les accents étranges résonnent toujours en toi. Quand tu sens une baisse de moral chez les petits et que tu joues, cela revient plus fort et il te semble que ça a de l’effet.
Fitz : ta Marque te laisse en paix, mais Maya… te suit partout. Elle semble contente à côté de toi, mais aussi te surveiller. Elle n’approche jamais le traître cependant, et refuse même de parler de lui. Les griffons viennent te faire (et à Oléis) leur rapport régulièrement : rien sur la route, vous croisez juste des marchands qui sont (en général) terrorisés par l’étrange compagnie que vous formez, mais tant que vous êtes en Iftel, pas grand monde. ]
Quand vous repassez enfin la frontière, c’est un grand soulagement. De nouveau, les cordes de Loelia se cassent en faisant un bruit étrange – puis tout redevient normal.
Vous voyagez ainsi pendant encore quelques semaines, puis les griffons annoncent qu’une grande ville est à proximité. Rohan sourit enfin : Haven.
[Les dernières heures sont les plus longues. Vous arrivez alors que la nuit est déjà tombée depuis longtemps (nous sommes en hiver donc il est vers les 18-19h en réalité), accueillis… par la garde, armée, avec des arcs pointés sur les griffons. Il faut que Fitz et Rohan se présentent pour qu’on vous reconnaisse et qu’on vous accueille avec plus de chaleur.
A peine vous passez les portes que la première neige de votre périple tombe enfin. Plus de pluie glaciale mais des flocons et le calme… (Eoghan, ce calme te fait un bien fou).
Vous êtes amenés au chaud, nourris et un Guérisseur vient vous voir avant qu’Arthon lui-même et deux autres Hérauts viennent apprendre de votre bouche les résultats de votre mission.
Fitz, tu es chargé de tout raconter et avec Rohan, Maya et les Ifteliens (à part les petits et les dyhélis) vous êtes immédiatement pris en charge par Arthon qui veut tout savoir.
Aranel est conduite d’urgence à la Maison de Guérison ainsi que son Compagnon.
Les autres, on vous réinstalle dans vos quartiers pour vous reposer – Selm et Nirsi et Masten s’installent avec Nyaeve, les dyhélis ont le droit à une stalle dans le Champ des Compagnons à proximité des autres dyhélis mais refusent de suivre le palfrenier et finissent dans la chambre de Loelia. Enju rejoint sa chambre habituelle et on lui demande son avis pour réinstaller la chambre d’Anshuu pour Ashun – Indra reste avec elle.
Le lendemain, vos récits sont consignés et vos activités reprennent après visite des professeurs.
Pour les demandes particulières, comme des cours, un entretien avec Riannon, etc, MP
ENCORE UN POST CHACUN POUR CLORE ]
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Un sorcier du temps ? Eoghan avait froncé les sourcils quant au féminin employé. Relativement orgueilleux, dans son genre, il n'appréciait guerre ce genre d'emploi à son égard. Pourtant, il n'en dit rien. De toute façon, il n'avait pas assez de force. Il écouta Ashun sans rien dire, attentive, sans blague ni protestation. Après tout, tout prenait enfin un sens.
Il laissa alors Ashun repartir avec les autres. Quant à lui, il resta là et sortit de la grange pour regarder le ciel, curieux et admiratif. Il n'avait pas compris la totalité ce que le prêtre lui avait dit mais il lui avait au moins confirmé certains doutes. Il devrait en parler avec Manuchan en rentrant et avec certains professeurs. Il avait du travail à faire sur lui-même, beaucoup de travail. Pourtant, un sourire naquit sur ses lèvres et il regarda ses mains en considérant le don fort qu'il avait reçu.
Et ce Don, il y pensa tout le reste du voyage. Ashun fut d'une grande aide et avant d'arriver à Haven, il allait beaucoup mieux et commençait à mieux comprendre ses pouvoirs de mage. Aussi, quand il fut enfin arrivé à destination, il était déjà descendu de cheval avant même de passer les portes. Il avait espéré que Elbereth viendrait à sa rencontre mais pourtant, personne. Les rapports, les ceci, les cela… Parlez-nous encore… Eoghan criait d'impatience et quand il fut enfin libre, il courut jusqu'aux chambres des mages dont il ouvrit la porte avec fracas. Mais toujours pas d'Elbereth, aussi décida-t-il de la chercher partout mais sur son chemin, il fut pris par la rumeur disant que les dernières équipes étaient sûrement mortes à l'heure actuelle. Et Manuchan avait disparu aussi.
Finalement, il resta avec Nyaeve à se réinstaller dans leurs quartiers. Et soudain… Il comprit une chose.
Ce soir, il dormirait dans son lit. Avec des yeux ronds, il arriva lentement dans sa chambre avant de se laisser tomber et de s'enrouler dans ses couvertures. Il songerait au reste… Demain.
Pour l'heure… Il dormait profondément dans un vrai lit comme jamais depuis de si longs mois.
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Non en effet. Son adversaire le plus combatif, aussi dangereux soit-il n’était finalement qu’un homme. Mais est ce que cela lui faisait peur ? Non en faite. Etonnamment le mercenaire n’éprouvait aucune crainte, aucun sentiment de danger ou quoique ce soit d’autre.
Tout ceci lui revenait en tête pendant qu’ils voyageaient. Rohan avait mentionné l’idée que beaucoup pourraient remonter à cheval, et Fitz avait accepté. L’état de la compagnie était moins effrayant qu’au départ de leur périple, et cela leur permettrait d’avancer plus vite.
Et en effet c’était le cas, la compagnie avalait les kilomètres se rapprochant peu à peu de leur but. Son traître derrière lui complétement silencieux, et Maya montait avec lui sur Mephisto, Fitz supervisait le tout, écoutant chaque rapport des « gardiens » de sa troupe, avec attention, et les remerciant à chaque fois.
De toute façon le mercenaire le savait, tout irait bien. Sa marque n’avait plus réagi depuis leur départ, et Maya gardait son sourire aux cotés du mercenaire. Même si le guerrier commençait à se demander si la jeune envoyée ne le surveillait pas du coin de l’œil. Mais cela l’amusait plus qu’autre chose, il fallait profiter de ces derniers moments de calme, une fois à Haven ils devraient surement donner des rapports, et surement écouter les nouvelles apportées par les autres troupes, pour pouvoir repenser à la défense du pays.
Le mercenaire en profitait alors. Avec attention, comme un professeur à son élève, il apprenait à Maya tout ce qu’il savait sur la vie sur les routes. Toutes les petites choses qui pourraient l’aider un jour… Peut être… Comment trouver de l’eau, comment fabriquer un abri, ou encore reconnaître une plante comestible. Il ne savait pas vraiment si il lui apprenait des choses, ou même si la jeune fille en aurait un jour l’utilité. Finalement il ne savait même pas, si une fois sa mission finie, Maya resterait Maya, ou grandirait et deviendrait une jeune femme, ou alors disparaitrait complétement. Il se rendait compte qu’il ne savait rien sur elle. Mais cela l’occupait, et il avait l’impression de servir cela lui suffisait.
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Haven… Quand Fitz entendit l’annonce de son approche, un sourire naquit sur ses lèvres. Il resserra les liens du traître, et partit au galop rejoindre la tête de la caravane. Il se doutait que Haven ne laisserait pas entrer des inconnus comme ca, et quand ils arrivèrent à la porte, il se rendit compte qu’il avait raison. Les hommes de la garde se tenaient devant l’entrée, flèches aux clairs pointées sur leurs amis volants.
"C’est comme cela qu’on accueille les gradés ? Baissez vos armes immédiatement, si vous ne voulez pas que je vous mette de corvée de latrine pour les années à venir !!!! "
Fitz avait parlé d’une voix forte, mais on sentait derrière sa menace l’humour caractéristique du mercenaire. Il s’était mis en avant, s’approchant des hommes et de leurs torches à ces mots, sachant très bien qu’il serait immédiatement reconnu.
Vraiment le retour à la maison lui faisait du bien. D’ailleurs cette pensée fit sourire encore plus le guerrier… Alors c’était ca de se sentir chez soit quelque part ?
"Qu’un homme parte annoncer rapidement au Hérault Arthon le retour de Rohan, Fitz, et leur compagnie. Aranel est avec nous, et a un besoin immédiat d’un guérisseur, qu’on aille en chercher ! Prévenez les cuisines aussi, nous avons des affamés !!!! Et bougez vous le train plus vite que ca !!!!! "
Aux hommes restés près de la porte, Fitz lanca un dernier message avant de pénétrer derrière les murs.
"Ces gens sont nos invités, et doivent être traité comme des hôtes de marque ! La moindre incartade et c’est à moi DIRECTEMENT que vous aurez à faire."
L’homme était connu pour son humour et son calme, mais on savait aussi qu’il ne valait mieux pas le mettre en colère. Tous les hommes répondirent par l’affirmative et se mirent en branle pour les satisfaire.
Les premières neiges, dans la nuit noire, Fitz leva les yeux au ciel et laissa la douceur des flocons caresser son visage. Il était heureux, à cet instant là, plus rien ne comptait, il était bien. Il descendit de Mephisto, et aida Maya à descendre à son tour. Puis se tournant vers les hommes sous ses ordres il désigna le traître.
"Enfermez le immédiatement, que 3 hommes patrouillent en permanence devant sa cellule. Une fois que vous aurez transmis mes ordres rejoignez nous aux cuisines, mangez un bout, et considérez vous comme libéré pour l’instant ! Vous avez fait du bon travail messieurs. Du très bon travail."
La salle était chaude, le repas faisait du bien, il avait rapidement expliqué aux Ifteliens les règles de base d’Haven, avant qu’un guérisseur ne vienne prendre soin d’eux. Très rapidement Arthon se joignit à eux. Il était plutôt content, ses ordres avaient été respecté.
Le mercenaire se mit debout immédiatement, s’approchant du Héraut, il lui adressa un salut militaire.
"Sir, content de vous voir en bonne santé. La mission pour Iftel a quelque peut changer ses plans de base, mais nous avons appris beaucoup de choses."
Le mercenaire se mit alors en quête de faire un rapport complet au Fils du roi, sans rien omettre. De l’attaque du traître, à la rencontre des Ifteliens, en passant par les cordes cassées de Loelia, ou encore les migraines de leurs mages, tout y passa. Même les sensations éprouvées lors du voyage par le mercenaire au niveau de sa main. Il n’oubliait rien, détaillait tout. Une fois fini il tendit alors au héraut un carnet.
"Vous trouverez ici jour par jour les étapes de notre voyage. Tout est mentionné, de la composition des équipes de garde, aux repas que nous avons fait. C’est une habitude que j’ai prise. "
Fitz prit une respiration, et regarda le héraut dans les yeux. Il se souvenait parfaitement la première fois qu’il l’avait vu… Cela remontait à une soirée de garde, où il l’avait surpris dans les couloirs, et où ils avaient parlé d’amour. Le mercenaire se prit à sourire.
"En gros et en résumé. Je suis le Glaive, cela me fait une belle jambe, les Ifteliens ici présent combattent le même mal que nous, Mal qui visiblement s’est installé au plus profond des instances dirigeantes d’Iftel, nous avons eu des blessés, et avons rencontré des forces sombres contre lequel nous devons nous préparer à nous battre. Le noir a infiltré nos rangs, et il faut se préparer à une guerre globale. Je vous ai ramené le traître, pas complétement entier, mais vivant. Sir Oléis ici présent pourra vous en apprendre plus sur la situation au sein d’Iftel, et Ashun ainsi qu’Enju travaillent ensemble à mieux comprendre les forces contre lesquels nous combattons. "
Le guerrier se mit à rire un instant, avant d’adresser un clin d’œil à Rohan.
"Le quotidien quoi !"
Puis s’adressant de nouveau à Arthon.
"Les autres missions sont-elles rentrées saines et sauve ? Et le capitaine Beltran ? "
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Le voyage commençait vraiment à toucher à sa fin et, au fond d'elle, Loelia s'en réjouissait, car elle commençait vraiment à se sentir épuisée. Toutes ces nouvelles informations, toutes les choses qu'ils avaient vues, comprises, parfois pas, commençaient à se bousculer dans sa tête et elle ne doutait pas qu'il en était de même pour ses compagnons de voyage. Même si certains s'efforçaient de ne pas montrer leur intense fatigue.
Les dyhélis n'avaient pas quitté Loelia durant le voyage et la jeune femme était heureuse de constater qu'ils semblaient aller un peu mieux. Etait-ce à son contact ? elle ne le savait pas vraiment mais quelque chose au fond d'elle lui soufflait l'intuition qu'elle n'y était pas totalement étrangère.
A un moment du voyage, la ménestrelle les vit avec une joie difficile à dissimuler reprendre du poil de la bête (si on puis dire) et descendre du chariot afin de trotter aux côtés du véhicule. Ils marchèrent ainsi les deux jours suivants sans broncher et, quand le groupe s'arrêta dans un bois pour camper, les kyrills vinrent parler à Loelia, lui faisant comprendre qu'elle semblait bien s'en occuper. Ils lui demandèrent également de jouer pour le groupe le soir, ce qu'elle accepta avec joie.
"Je suis vraiment heureuse de voir qu'ils vont mieux ; je ne vous cache pas la joie que j'ai a les voir gambader ainsi à nos côtés ! quel changement ! c'est avec plaisir que je jouerai ce soir, si le reste du groupe n'y voit pas d'inconvénient."
Cette discussion lui avait mis du baume au coeur et elle avait maintenant un léger sourire presque permanent sur les lèvres.
Quand ils arrivèrent dans la clairière, Loelia rassembla ses affaires de musique et s'assura que les dyhélis et les kyrills étaient bien installés. Et après le repas, elle joua pour le groupe, tout en s'assurant de n'agresser la fatigue de personne avec des notes trop "dures".
Elle porta également son attention sur les deux petits, ce qui n'était pas trop difficile car ils s'étaient spontanément rapprochés d'elle durant qu'elle jouait. A leur contact, elle sentait qu'elle était prête à saisir quelque chose, un peu comme la sensation qu'elle avait perçue quand elle les avait aidés la première fois. Mais une sorte de barrière ténue semblait se dresser entre ses doigts et le résultat voulu.
***
Le groupe avait repris la route et la jeune femme s'employait toujours à jouer, testant de temps à autre l'effet de sa musique sur les dyhélis. Qui lui faisaient, au travers des kyrills, des demandes de morceaux, requêtes auxquelles elle répondait avec joie et empressement.
Quand les dyhélis allaient bien, il lui semblait assez difficile de se mettre "au diapason" avec eux. Par contre, quand les deux petits faisaient état d'une baisse de morale, les notes semblaient venir plus naturellement à Loelia.
"Je commence à savoir interpréter leur chagrin en quelque sorte, pas parfaitement, mais je sens que je peux les aider. Il faudrait vraiment que je cherche à comprendre comment cela fonctionne et que je puisse m'accorder sur eux quelque soit leur humeur."
Elle cherchait, mais ne trouvait pas. Elle aurait visiblement besoin d'aide, que ce soit de Guérisseurs ou de Bardes confirmés.
De plus, une chose étroite se produit à nouveau quand ils passèrent la frontière de Haven : les cordes de son luth se brisèrent à nouveau, dans un bruit assez similaire que la fois précédente. Mais rien d'étrange ne sembla se reproduire plus avant et le groupe continua son voyage.
Loelia était bien contente d'avoir emporté suffisamment de jeux de cordes de rechange, sinon elle aurait dû voyager encore quelques semaines sans instrument.
****
Les jours passèrent et le convoi finit par arriver en vue de Haven, alors que la nuit tombait. L'accueil fut plus que brutal, leurs compagnons non-humains créant la sensation et amenant le groupe à être menacé par l'armée de la ville. Heureusement, quand ils reconnurent Fitz et Rohan, le groupe fut accueilli un peu plus chaleureusement !
Ils passaient les portes de la ville quand la jeune femme remarqua, tout comme ses compagnons, que de la neige commençait à tomber.
Tout doucement, en silence.
Comme en écho apaisant à ces jours agités…
On les amena d'abord dans une pièce, au chaud, et des Guérisseur les examinèrent brièvement. Loelia brûlait de leur poser des questions, mais elle savait que ce n'était pas le moment et elle sauva sa curiosité pour plus tard. Elle se contenta d'écouter Fitz faire un compte-rendu de leur périple, en n'oubliant aucun détail.
Puis, dans la soirée, elle regagna enfin sa chambre. Elle eut à peine le temps de mettre ses vêtements usés par la route au sale, de démêler tant bien que mal ses cheveux et de prendre un bain qu'on lui amenait les dyhélis, à sa chambre. Les petits semblaient vouloir passer du temps avec elle ; la ménestrelle les accueillit avec chaleur auprès d'elle.
"Bienvenue à Haven. Je suis heureuse de vous avoir ici, avec moi. Je ne suis pas encore très habile à communiquer avec vous, mais je vous promets que je vais apprendre…."
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Nyaeve n'avait vu pendant la première partie du voyage que le gros bleu sur la tempe d'Eoghan et s'en était senti tellement coupable qu'elle avait passé son temps à essayer de lui rendre la vie plus facile. Il semblait que ce dernier essayait de faire de même pour tout le monde. Malgré cela, elle avait eu plus que le temps de s'appliquer à cette nouvelle faculté qu'elle s'était découverte. La nécessité avait un peu fait loi, avoir deux petits non-humains qui vous parlent en permanence, cela avait été quelques fois exténuant. Elle y avait tout de même gagné Selm, elle qui s'était toujours senti seule et pas à sa place à Haven, n'allait plus que s'y sentir pas à sa place. Il était toujours là.
Quand ils passèrent la frontière, elle ne put s'empêcher de plaisanter avec Loelia.
- Il semblerait que l'adage "la musique dépasse les frontière" ne soit pas vrai pour Iftel.
Elle regarda alors les deux dhiélis qui suivaient maintenant la ménestrelle partout. Elle n'était pas la seule à s'être fait de nouveaux amis. Elle se demandait beaucoup ce qui allait se passer une fois revenu à Haven. Comment allait-elle se remettre dans le train train quotidien. Même si cette mission avait été fatigante, elle avait apprécié d'être perpétuellement en mouvement comme au temps où elle emmenait paître ses brebis.
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Le voyage touchait à sa fin, les murs de Haven se dressaient devant eux et, par Kronos, des gardes les menaçants de leur pique, quel accueil! Elle allait dire un mot quand la voix de stentor de Fritz retentit. Cela eut un sacré effet et les portes s'ouvrirent immédiatement devant eux.
Tout ce petit monde se sépara, elle vit beaucoup de monde s'enquérir des autres missions et elle écouta avec attention. Mais que pouvait-elle bien faire, elle prit ses affaires et s’en alla dans sa chambre. Elle ne fut pas vraiment surprise de voir Selm la suivre, un peu plus Nirsi et Masden. La chambre sembla bien petite quand tout ce petit monde fut dedans. Elle avait gardé l’habitude de parler à haute voix si le contenu de ce quelle disait n’avait rien de privé.
- Bien voici ma chambre, celui-ci est mon lit, le second est vide pour l’instant. Installez-vous comme vous voulez.
Elle avait beaucoup de question pour la kyree, n’étant plus sure d’avoir compris si elle était mage ou non. Elle espérait rencontrer à nouveau Oleis, puisqu’il avait ce fameux Sens de la Terre qu’elle ne comprenait guère.
-
[justify:3d9d7gfl]Le départ fit donné après que tout le monde eut pris un solide petit déjeuner. Dans le même chariot que Ashun, Enju aurait aimé avoir des tas et des tas de conversations philosophiques, religieuses, avec lui... Peut-être que Eoghan n'était pas forcément d'humeur à entendre toutes ces choses là. Pour la première fois depuis le départ du groupe de Haven, la karsite se demanda quelle était la religieux de chacun ici. Cependant, en journée comme le soir, elle eut la surprise de voir le mage, qui avait été si faible la veille, l'aider à s'installer, la porter même, pour qu'elle aille dormir. Elle avait dépassé depuis longtemps la gêne que ce genre de situation pouvait engendrer, mais quand même, elle en était troublée, et ne cessait de le remercier, chaque soir, chaque matin, chaque fois qu'il le faisait - ce n'était pas son rôle, n'est-ce pas ? Et puis, il avait été si mal en point, elle devrait demander à quelqu'un d'autre...
Le voyage se voulait long et éprouvant, mais pourtant, il sembla plus aisé au retour qu'à l'aller. Comme si le fait de rentrer soulageait tout le monde. Elle semblait loin, l'histoire du traitre qui avait failli faire éclater le groupe. Fini, tout ce stress. Bien entendu, on gardait un oeil sur Eoghan, au cas où il aille mal - des bribes de conversations que le jeune mage avait parfois dans le chariot avec Ashun, la prêtresse comprenait qu'il était connecté au temps qu'il faisait... Mais le temps était doux, la pluie fine, et Haven proche. La karsite ne se plaignait pas de leurs conditions de voyage, mais, il fallait avouer qu'un bain chaud, et une tisane avec du miel, cela lui ferait un bien fou. Le genre de petit bonus qui vous manque, mais qui ne doit pas devenir une nécessité.
Plusieurs fois au cours du voyage, Enju se permettait de réquisitionner Indra pour de longues conversations théologiques. Elle espérait ne pas froisser Maya ainsi - elle lui avait fait savoir, même, que si son comportement était déplacé, il ne fallait pas hésiter à le lui dire. Mais ces conversations, elle les adorait bien plus qu'elle ne le laissait paraître. En plus d'avoir l'honneur de parler à un Chat de Feu de Vkandis, Enju jetait de la lumière sur quelques points restés sombres dans son esprit. Elle se laissa aller à des confessions, elle réfléchissait souvent des jours durant avant de redemander la présence du chat de feu. Une sorte de rituel qui lui avait fait s'attacher au représentant de Sa Voix sur Velgrath.
Pourtant, quand Haven fut en vue, Enju se sentit heureuse. Parce qu'il serait bon d'arrêter d'être sur les routes, parce qu'elle allait retrouver des visages familiers, et peut-être, qui sait ? Sans doute allaient-ils avancer et pouvoir faire quelque chose pour aider cette déesse en danger.[/justify:3d9d7gfl]