Auteur Sujet: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]  (Lu 6406 fois)

Riannon

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Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« le: 08 avril 2014, 09:03:38 »
2e décade de printemps 1781

Quand Riannon avait pris son poste de Doyenne, elle avait également commencé à changer les choses au Collegium. Une de ses premières décisions en tant que Doyen avait été de s'arranger pour que le nombre d'étudiants Bardes et ménestrels ne baissent jamais trop. Pendant des années, les effectifs avaient continuelle diminué et malgré la bonne volonté des musiciens sur les routes de Valdemar, le nombre de candidats potentiels pour le Collegium avait drastiquement baissé. Il y eut une période, avant la nomination de Riannon, où les classes se faisaient avec à peine cinq étudiants, et les postes dans le pays avaient bien du mal à être remplis. Quand la dame avait été désignée pour prendre la relève, elle avait réuni les professeurs et les Bardes accomplis pour trouver des solutions de rechange. L'une des décisions avait été d'organiser à intervalles réguliers des séances de tests ouvertes à qui le souhaitait. Les annonces passaient dans tous le royaume avec des dates proposées, et quiconque s'estimant capable de réussir le test avait le droit de se présenter devant l'équipe du Collegium. Les classes s'étaient lentement re-remplies même si les vraies bonnes surprises - des élèves avec tous les Dons nécessaires pour être Bardes- avaient tendance à se faire rares.

Quelques jours plus tôt, les annonces avaient été faites à Haven. Le jour du marché avait été transformé, pour qui le voulait, en jour de test. Il n'y avait cependant guère foule aux portes du Palais-Collegia. La sécurité avait été renforcée et les séances de tests avaient failli être annulées devant les conséquences des ordres du Capitaine. A la porte principale, les soldats veillaient au grain, et l'un d'eux accompagnait personnellement chaque candidat jusqu'aux salles de tests. Personne ne passait sans un garde à ses côtés. Cela avait découragé certains mais d'autres s'entêtaient et tentaient leur chance.
Une fois le barrage militaire passé, chaque candidat était amené à une salle de classe où attendait un Barde et un ménestrel et le test pouvait commencer.

[Tallulah, une fois passé le barrage et déposée devant la salle, tu peux entrer. Dans la salle, il y a deux vieilles dames, l'une à l'air très doux, et l'autre à l'air sec et sévère. Cette dernière te fait signe d'approcher et te désigne un tabouret devant leur table.]
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Tallulah

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #1 le: 20 avril 2014, 16:06:06 »
[justify:2nry6ks6]2e décade de printemps 1781

Ca lui avait trotté dans la tête non-stop depuis qu'elle avait travaillé chez Thalyana. Elle avait été gentille la Guérisseuse, Tal l'aimait bien. Bon, il fallait bien avouer qu'elle avait tendance à aimer les gens tout de suite, jusqu'à ce que ça se passe mal et qu'elle les oublie, purement et simplement. Elle n'était pas vraiment difficile à vivre, juste très distraite, ce que nombre de ses patrons lui reprochaient. Sa cheville allait beaucoup mieux, elle n'avait pas vraiment d'autre bobo à déplorer - quelques écorchures, quelques petits bleus, certes, mais c'était habituel - et le grand jour arrivait. Elle les avait comptés, les jours, dès lors qu'elle avait eu vent de l'annonce. Et été encore plus distraite qu'à l'ordinaire, forcément. Des images de ce que ça pouvait être, le test en lui-même, puis la vie au Collegium non pas en tant que page mais en tant qu'élève lui passaient par la tête toutes les trente secondes. Elle fredonnait presque sans cesse - jusqu'à ce qu'on la stoppe dans son élan parce qu'elle avait un peu autre chose à faire.

Le jour du marché, le jour tant attendu, elle avait peine à tenir en place. Excitée comme une puce, elle sautillait presque sur place, courait partout où on la demandait, attendant avec la plus grande impatience de se rendre sur la place... Et en même temps, angoissant énormément quant au résultat de l'entrevue. Et si elle n'était pas bonne ? Et si on lui disait qu'elle ne valait rien ? Elle aimait tellement ça, pourtant, et la Guérisseuse avait dit qu'elle avait ses chances, hein ? Elle passait d'un état à un autre, excitée et enthousiaste, puis déprimée et mélancolique, certaine qu'elle échouerait. Et comme aller jusqu'aux salles de test s'avérait être un peu plus compliqué que prévu - dans sa tête - elle avait failli rebrousser chemin parce qu'il fallait s'adresser aux gardes, les avoir à ses côtés pour passer outre les barrières. Une fois, deux fois, trois fois, elle avait hésité, fait demi-tour, avant de revenir à quelques mètres d'eux... Jusqu'à ce que l'un d'entre eux lui demande ce qu'elle voulait et qu'elle bredouille quelques mots, baragouinés avec son accent à couper au couteau, évoquant le Collegium des Bardes. Ca avait dû suffire, parce qu'on l'avait escortée jusqu'à l'endroit où les tests auraient lieu, la laissant finalement tremblante devant une salle où il faudrait qu'elle entre pour passer lesdits tests.

Elle était restée quelques instants devant les portes, pas très certaine d'avoir le courage de franchir le seuil, avant de finir par se décider et se trouver face à deux dames d'un certain âge - elle se gardait bien de tenter de deviner lequel. L'une avait l'air plus doux que l'autre, qui lui faisait un peu peur. Ce fut elle, pourtant, qui  lui désigna le tabouret au centre, sur lequel elle vint prendre place, plus ou moins difficilement - sans surprise, elle se prit un peu les pieds dans les barreaux et manqua de se retrouver au sol, devant les deux juges... Finalement assise face à elles, son regard passait nerveusement de l'une à l'autre, et ses doigts noués attestaient de sa nervosité.

Et maintenant ?[/justify:2nry6ks6]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #2 le: 21 avril 2014, 10:18:14 »
Margareth était Barde depuis plus de quarante ans. Elle avait passé la soixantaine depuis quelques années déjà mais le Collegium la sortait régulièrement de sa retraite pour assurer quelques cours de temps en temps, et elle se portait elle-même volontaire pour les séances de tests volontaires. Elle avait un caractère doux et patient qui venait à bout des enfants les plus timides et elle avait un instinct particulier pour découvrir les dons et talents malgré l'angoisse des tests.
Sa compagne ce jour-là, Beatrice, était Ménestrelle et professeur de danse pour le Collegium. Elle travaillait souvent avec Margareth et leur complicité durait depuis plus de trente ans. Elles n'avaient pas besoin de se concerter à voix haute pour savoir comment l'autre allait réagir et quand intervenir. C'était un couple idéal pour accueillir les jeunes gens, les tester, et leur annoncer les résultats en douceur, quels qu'ils soient.

Les deux femmes venaient de renvoyer gentiment un jeune homme à son apprentissage. Malgré un joli brin de voix, il n'avait aucun des Dons ou talents nécessaires pour entrer au Collegium - et il manquait de réelle passion pour quitter son apprentissage et rejoindre les ménestrels. Elles avaient donc discuté avec lui et obtenu qu'il vienne suivre quelques cours au Collegium mais n'arrête pas sa formation de tisserand. Il était parti un peu déçu mais pas désespéré. Margareth comme Beatrice espéraient cependant qu'au moins une personne ce jour-là aurait de quoi intéresser les Bardes. Les rangs des Bardes et des Ménestrels se clairsemaient ces temps-ci, et avec la guerre qui se profilait, la relève devenait nécessaire.
Les deux femmes ne montraient rien de ces réflexions graves lorsque la porte s'ouvrit sur une demoiselle à peine pubère.

Beatrice fit signe à l'enfant d'entrer et de s'installer sur un tabouret. Elle leva un sourcil, sans se départir de son air de sérieux, lorsque la jeune fille s'emmêla les pieds et faillit tomber. Une fois Tallulah installée, elle lui décocha enfin un sourire et prit la parole:

"Bonjour demoiselle. Je suis Beatrice, je suis Ménestrelle et professeur au Collegium, et voici Margareth, qui est Barde. Comment tu t'appelles?"

Margareth sourit et salua de la tête la jeune candidate tout en l'observant.
Plutôt petite, pas encore totalement formée, elle semblait plutôt fragile et très timide. Margareth chercha des indications physiques sur ce que l'enfant pouvait faire de ses journées mais ce qu'elle observa pouvait venir de tant d'activités qu'elle laissa tomber pour le moment. Elle observa les mains de l'enfant: elle ne semblait pas avoir les mains d'une musicienne mais elle pouvait se tromper, vu le jeune âge de l'enfant. La Barde se décida pour une approche plus directe:

"As-tu déjà un apprentissage? Pourquoi veux-tu tenter ta chance avec nous?" demanda-t-elle d'un ton doux à Tallulah.
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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #3 le: 21 avril 2014, 12:48:13 »
[justify:1woth2j2]Son regard oscillant de l'une à l'autre, Tallulah gardait le silence, attendant qu'on lui pose des questions ou un signe quelconque lui donnant l'autorisation d'ouvrir la bouche. Déjà peu à l'aise de base, la façon dont elle avait manqué de finir au sol à l'instant ne devait sans doute pas jouer en sa faveur, elle en était certaine. Elle eut quand même droit à un sourire, qu'elle rendit à la Ménestrelle, donc, toujours intimidée mais pas moins sociable pour autant.

« Je suis Tallulah. Mais Tal c'est plus court. Enchantée. »

L'autre femme la dévisageait, et elle ne savait pas trop ce qu'elle devait en comprendre, à vrai dire. En fait, elle imaginait toutes les réactions, tous les jugements possibles et ça n'avait rien de rassurant, puisque, pour la peine, elle ne savait pas du tout à quoi s'en tenir. Et puis elle l'interrogea et la fillette fronça les sourcils, pas très certaine de ce qu'était un apprentissage... mais certain cela étant de ne pas être concernée, pour la peine. Elle secoua légèrement la tête alors, et répondit à ses questions comme elle put.

« J'ai pas ça. Je travaille au Palais. Je suis page, ils disent. »

Bon évidemment, le doute n'était plus trop permis quant à ses origines étrangères, maintenant qu'elle ouvrait la bouche, et elle espérait que ça ne jouerait pas en sa défaveur. Pour le coup, un brin d'angoisse supplémentaire s'empara d'elle, mais elle se morigéna intérieurement. Ca ne servait à rien qu'elle s'inquiète à l'avance. Quant au pourquoi de sa venue aujourd'hui...

« Je sais pas si j'ai... comment vous dites... Mmmh... Un Don ? Ca... je sais pas. Je savais pas j'avais droit, mais la Guérisseuse a dit je pouvais venir. Parce que j'aime ça. Chanter. La Musique. Danser aussi. Je veux bien apprendre. Juste... Je sais pas si je fais bien. »

Malgré l'angoisse, elle souriait à nouveau et ses yeux brillaient sans doute un peu trop. Une enfant devant une montagne de cadeau n'aurait pas eu plus d'étoiles dans le regard qu'elle à cet instant. Avant, elle n'avait pas vraiment le droit, justement, de profiter de la musique. Ca n'existait pas vraiment, chez elle. Mais chez elle, c'était loin, maintenant. Et sans doute qu'elle ne pourrait plus y retourner. Et même si elle était contente d'avoir au moins la chance de pouvoir essayer d'entrer au Collegium, ça n'empêchait pas un brin de nostalgie : ses parents lui manquaient, évidemment. Peut-être que c'était pour le mieux, peut-être qu'elle pourrait avoir la musique, à défaut de sa famille. Elle était pleine d'espoir et de rêves en ce sens, c'était sans doute presque palpable...[/justify:1woth2j2]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #4 le: 22 avril 2014, 09:48:15 »
Calmes et sereines, les deux membres du Collegium observaient Tallulah alors qu'elle tentait de répondre aux questions. Leurs candidats avaient tous tendance à s'angoisser devant elles et elles savaient bien qu'un comportement doux mais ferme rassurait beaucoup d'entre eux. Face à la jeune fille, elles se rendirent vite compte qu'en plus du stress occasionné par le test, la barrière de la langue semblait également jouer un rôle. Margareth comme Beatrice ne purent situer l'accent de la demoiselle, mais aucune d'elles ne montra qu'elle pouvait y réfléchir. Elles se contentèrent de hocher la tête avant que Margareth ne reprenne la parole.

" Enchantée Tallulah. Quel âge as-tu donc?"

Puis Beatrice lui demanda gentiment:

"Tu es page au Palais donc. Tu suis des cours avec les Bleus?"

L'adolescente avait réussi à exprimer son désir de faire de la musique malgré le problème de vocabulaire et sa peur de mal faire. Les yeux brillants, l'enthousiasme se lisant dans toute sa posture et son envie de mettre les bons mots sur sa passion, tout la désignait comme une potentielle élève sérieuse. Encore fallait-il qu'elle ait quelques dons réels.
Margareth prit son tour de parole et demanda alors, veillant à ne pas être condescendante ou de confronter l'enfant à son ignorance:

" Tu as bien fait de venir si c'est si important pour toi. Mais dis moi... Sais-tu comment fonctionne le Collegium? Ou au moins ce qu'est un Barde ou un Ménestrel?"

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #5 le: 23 avril 2014, 16:38:39 »
[justify:1wivrw52]Les efforts de la petite pour comprendre et se faire comprendre étaient visibles, pourtant les deux jeunes femmes semblaient ne pas s'en soucier. Peut-être n'était-ce qu'une façade, mais pour l'enfant, avoir le sentiment qu'on ne jugeait pas son accent à couper à la machette, ses origines incertaines, c'était plutôt rassurant. Quoi que guère parfaitement justifié, car l'interrogation à ce sujet finissait toujours par revenir sur le tapis. Pour l'heure, c'était son âge qui intéressaient les deux femmes. Et son affectation.

« Maintenant j'ai douze ans. Mais je suis pas les cours, ici. Enfin là-bas. Mais apprendre pour parler, ça serait bien. »

Elle avait le droit aussi ? Comme de venir là pour les tests pour le Collegium des Bardes ? C'était presque trop beau pour être vrai ! Quand elle était partie avec ses parents, c'était un voyage magnifique, juste un rêve qui devenait réalité, en fait... « Juste ». Et puis ils avaient disparu, l'avait abandonnée et même si leur lettre affirmait que c'était pour son bien, tout son monde s'était écroulé dans cette boutique d'herboristerie pleine de bric-à-brac. Elle avait tenu bon, parce qu'elle était trop pleine de vie, et elle aimait trop la vie, d'ailleurs, pour gâcher la sienne. Et puis il y avait eu l'entrevue avec Thalyana et ce nouvel espoir, donc, qui faisait qu'elle se trouvait là, aujourd'hui. Elle savait peu de choses, de tout ça, mais ça lui importait peu. Elle avait envie, elle n'allait pas laisser passer sa chance. Même si son ignorance ne jouait pas vraiment en sa faveur - c'est en tout cas l'idée qui lui traversa l'esprit à la nouvelle question qu'on lui posa, et elle secoua doucement la tête.

« Non, je sais pas trop. Chez moi, y avait pas les Bardes ou les Men... hum... Menes... »

Elle grimaça, incapable encore de prononcer ce mot-là.

« Y avait pas. Ici, j'entends souvent la musique, mais je savais pas j'avais droit de venir. Ni que y a des Dons qui peuvent être dangereux. Et je veux pas ça non plus. Mais je sais pas si j'ai le Don, non plus. J'ai pas bien compris ce que c'est, ça... »

Nouvelle grimace un peu embarrassée. Elle se sentait un peu idiote, mais elle n'y pouvait pas grand chose. Tout ça, on n'en parlait pas, chez elle, c'était beaucoup trop futile, et inutile...[/justify:1wivrw52]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #6 le: 25 avril 2014, 11:13:55 »
Les deux professeurs observaient attentivement la jeune fille sans pour autant la fixer. Elles notaient les petits détails visibles, les gestes qui trahissaient son manque d'assurance ou ses efforts pour comprendre tout ce qu'elles disaient. Margareth comme Beatrice n'arrivaient pas à mettre un lieu sur l'accent de Tallulah - et pourtant elles étaient habituées à une grande diversité de languages et d'intonations. Au début, elles avaient pensé à un karsite des campagnes profondes, mais certains sons n'approchaient pas ce dont elles se souvenaient de leurs connaissances karsites. Physiquement, l'enfant pouvait venir de plusieurs endroits et sa carnation comme ses couleurs de cheveux et d'yeux n'aidaient guère à lui donner une origine précise. Les deux femmes mirent peu de temps avant d'abandonner le jeu des devinettes et elles se concentrèrent sur l'entretien. La gamine répondait comme elle pouvait.

"Dis-moi, mon enfant... Tu n'es pas de Valdemar. D'où viens-tu? Est-ce que ta famille sait que tu es intéressée par la musique et par le Collegium?" demanda la sèche Beatrice d'un ton qu'elle tenta de rendre doux.

Sur leurs fiches, elles venaient de noter l'envie d'apprendre de Tallulah. C'était flagrant que l'enfant ne se reposait sur aucun laurier... et ignorait quasiment tout du fonctionnement des Pages, des Collegia, de Valdemar en entier peut-être. C'était peu étonnant de la part d'une étrangère mais les deux femmes notèrent également d'aller parler au chef des pages même si Tallulah ne gagnait pas le droit d'entrer comme élève Barde ou Ménestrel. On ne devait pas laisser des enfants se débrouiller ainsi seuls alors qu'il y avait du personnel compétent à disposition.

Tallulah continuait de répondre aux questions. Elle avoua son ignorance et buta sur un mot. Margareth la reprit:

"Mé-nes-trel. Je vais t'expliquer ce qu'est un Barde et un Ménestrel, mais tu dois me dire si tu ne comprends pas ce que je dis, d'accord?" fit-elle avec douceur. "Ce n'est pas grave que tu ne saches pas tout ça puisque tu n'avais jamais eu de contacts avec nous, ne t'inquiète pas. Beaucoup d'élèves commencent sans savoir réellement ce que tout ça est."

Margareth se détourna et attrappa un luth posé derrière elle. Elle le donna à Beatrice qui s'installa, prête à jouer, mais ne toucha pas les cordes. Margareth regarda l'enfant et tenta de trouver une explication simple et compréhensible.

"Un Barde et un Ménestrel, ce sont des gens qui vivent de la musique. Ils font de la musique pour les gens qui qui en ont besoin, par exemple dans les villages de Valdemar ou pour les malades. Parfois nous sommes payés pour distraire des gens, pour les fêtes, les festivals, les services religieux. Nous faisons de la musique partout dans Valdemar parce que nous apportons aussi les informations partout. Nous faisons de la musique qui raconte ce qui se passe dans le monde. Nous faisons de la musique pour aider les gens et pour leur faire plaisir. Tu comprends?"

Beatrice prit la relève:

"Un Ménestrel fait de la musique que tout le monde peut écouter et se rappeler. C'est un musicien doué, qui peut écrire lui-même ses chansons et qui sert de messager et de diplomate. Je suis Ménestrelle. Je fais de la musique qui veut dire quelque chose."

Elle commença à jouer et chanta d'une voix claire de mezzo le début de la Ballade d'Ombre et Soleil, le grand classique valdemaran. Elle maîtrisait son sujet et pouvait tirer des larmes à un auditoire tant elle savait y mettre de l'émotion. Tallulah n'avait pas besoin de comprendre les paroles pour sentir les sentiments qui se dégageaient de la chanson - Beatrice avait pris la version triste de la Ballade. Quand elle s'interrompit elle sourit à Tallulah:

"Les Ménestrels n'ont pas les mêmes dons que les Bardes mais leur travail est aussi essentiel. Nous ... préservons... nous protégeons la musique en elle-même, alors que les Bardes l'utilisent pour d'autres buts."

Elle passa alors le luth à Margareth qui prit la parole:

"Je suis Barde. Ecoute, et tu verras la différence."

Margareth reprit la Ballade mais dans sa version centrée autour de l'amour. Elle y mit tout son art quelques minutes avant d'arrêter de jouer. [Evidemment, Tallulah se prend les émotions en pleine figure ;) ] Elle sourit à Tallulah:

"Ca c'est le Don des Bardes. Le Don des Bardes c'est ce qui permet de faire vivre les émotions. C'est pour ça que les Ménestrels sont importants: eux ils jouent la musique elle-même tandis que nous jouons avec les émotions."

C'était grossir le trait mais elle ne voyait pas comment mieux expliquer à l'enfant en si peu de temps. Alors elle continua:

"Pour être Barde, il faut obligatoirement le Don des Bardes. Tu dois aussi avoir au minimum un deuxième Don fort. Il existe le Talent, qui permet de savoir bien jouer même sans Don des Bardes, et la Créativité, qui permet d'écrire la musique, de composer. Tu comprends?"

Beatrice demanda alors doucement:

"Sais-tu jouer d'un instrument? Ou veux-tu nous chanter quelque chose?"
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Tallulah

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #7 le: 01 mai 2014, 12:36:46 »
[justify:23yut5br]Ah... La question de sa provenance. C'était LA question. Celle qu'elle éludait souvent comme si elle n'avait pas entendu ou comme si elle ne comprenait pas. Souvent ça passait. Les rares fois où on s'y intéressait vraiment, elle secouait la tête, disait que c'était trop petit pour que les gens connaissent et bien souvent, ça suffisait. Mais elle ne pensait pas que ça marcherait cette fois si. Elle ne pouvait pas feindre de n'avoir rien entendu et si elle n'avait pas compris, elles lui redemanderaient, évidemment. Elle ne savait juste pas trop bien comment elles pouvaient leur répondre, partagée entre l'envie d'être parfaitement honnête avec les deux femmes face à elle et celle de rester fidèle à sa famille et de ne donc rien révéler à leur sujet. Elle secoua cependant la tête. Ce n'était pas un secret qu'elle n'était pas de Valdemar.

« Non, je suis pas née ici. Je viens un endroit loin au sud. Mes parents, je crois ils savent, mais ils sont partis loin aussi. C'était mieux, ils ont dit... »

Enfin écrit. Un endroit loin au sud, c'était le mieux qu'elle avait trouvé, et elle baissait à nouveau le nez, pas très désireuse de devoir essayer de préciser plus encore où était précisément cet endroit. Quant à ses parents, elle ne savait guère quoi dire de mieux, elle restait consciente qu'il y avait peu de chances qu'elle eût à nouveau des l'occasion d'en savoir plus à présent. Ils ne reviendraient sans doute plus, maintenant. Et comme elle craignait, malgré la douceur que la Ménestrelle tentait d'y mettre, que la sécheresse de la voix de cette femme eût une incidence sur ce qu'elle pensait d'elle et de ses réponses, elle n'osa guère relever le regard tout de suite. Elle n'eut guère d'autre choix, cependant, quand la Barde lui demanda directement de lui faire signe si elle ne comprenait pas ce qu'elle lui disait, ce à quoi l'enfant hocha à nouveau la tête. Elle aimait bien la sollicitude de la femme qui cherchait sans doute à la mettre un peu plus à l'aise. Ou en tout cas moins mal à l'aise. Un sourire timide sur les lèvres, elle la regarda prendre en main un instrument de musique dont elle ignorait le nom, qu'elle tendit à sa camarade, prête à jouer. Le silence régna encore un instant pourtant, tandis que la Barde commençait ses explications.

Vivre de la musique. Rien que l'idée illuminait à nouveau le regard de la fillette. Elle avait du mal à concevoir comment ce pouvait être utile, pourtant, chez elle, ça ne l'était assurément pas. Qu'on payât pour être ainsi distrait, c'était surréaliste pour elle... et magnifique. Et puis apporter les informations, elle comprenait. Même si elle fronça les sourcils. En tant que page aussi, elle amenait des informations à droite et à gauche, pourquoi la musique alors ? La réponse vint aussitôt, avant que Margareth cherche son assentiment. Une nouvelle fois, elle hocha vigoureusement la tête.

« Je comprends... je crois. C'est plus facile se rappeler une chanson que juste une conversation, hein ? »

Pour elle, c'était certain, mais de là à savoir si c'était pareil pour les autres... Elle restait particulièrement admirative du fait qu'on s'intéresse ici réellement à la musique, et qu'on ne minimisait pas du tout le bien que ça pouvait faire - dans son petit coeur à elle, c'était indéniable mais de là où elle venait, c'était bizarrement perçu. La Ménestrelle, donc, fit « de la musique qui voulait dire quelque chose », et la mélodie emplit la pièce. Tallulah ne comprenait pas forcément tout le texte, mais les sentiments qui se dégageaient du jeu de la femme ne lui échappaient pas, et son visage en témoignait sans le moindre doute. La mélancolie l'enveloppait, et ses yeux plein d'étoiles s'humidifiaient quelque peu. Ce n'était pas comme si elle n'était pas hyper-sensible, après tout... Quand elle s'interrompit pour lui donner quelques explications supplémentaires sur son travail, la brunette sourit. Protéger la musique. C'était tellement beau à ses yeux... Pourtant, elle n'était pas au bout de ses surprises, bien loin de là. L'autre femme avait repris l'instrument, et reprenait la même oeuvre, dans un autre registre, donc, qui n'échappa pas à la fillette, mais elle n'eut guère le temps de s'intéresser à ce point de détail. Toutes les émotions du morceau semblaient avoir décidé d'entrer en résonance avec elle, faire vibrer tout son être. Et les larmes coulèrent, bien qu'elle ne fût pas réellement triste en soi. « Juste » émue comme elle ne l'avait jamais été de sa vie. Ou en tout cas, elle n'avait pas le souvenir de l'avoir jamais été autant. Elle jouait avec les émotions, donc. Dans la tête de la petite fille, des perles brillantes représentant les émotions se retrouvaient tissées sur une jolie toile qui devait représenter la musique. Elle sécha ses larmes, souriant toujours au milieu d'elles. Si elle n'avait pas été en position de « test », sans doute qu'elle se serait exclamée d'un « whaou ! » sans la moindre équivoque.

« Oui, je comprends. »

Les trois cases se formaient dans sa tête, et elle se demandait sincèrement si elle pouvait inscrire son nom dans l'une d'elles... ou plusieurs ? La question trottait à présent dans sa tête et elle n'avait absolument aucune idée de la réponse... mais c'était pour ça qu'elle était là, n'est-ce pas ? En attendant, une nouvelle interrogation lui était adressée par la Ménestrelle - elle se répétait ce mot en boucle à chaque fois que ses pensées repartaient vers la femme en question.

« Je sais pas jouer, mais je veux bien chanter, si vous voulez. Enfin je connais pas vraiment les mots mais je peux faire la musique... »

Elle n'avait jamais eu un instrument dans les mains à vrai dire, alors forcément, elle n'imaginait pas pouvoir en tirer d'aussi belles choses que les femmes face à elle à l'instant. Quant à donner de la voix... Elle pouvait faire, normalement, mais elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de mettre de vraies paroles sur les mélopées qu'elle fredonnait. Ca poserait problème ? Elle espérait que non... En tout état de cause, voilà que c'était l'instant de vérité, alors... Elle dévisagea tour à tour la Ménestrelle et la Barde, un cran d'anxiété supplémentaire sur ses petites épaules.

« J'y vais, hein ? »

Un instant de silence encore, et puis elle ferma les yeux. Ce serait sans doute plus facile si elle arrêtait de chercher des réactions dans leurs regards - d'autant qu'ils lui semblaient particulièrement insondables. Alors elle se décida à ouvrir la bouche, comme si elle n'était pas là en fait, comme si elle était dehors, pendant un moment libre, ou tiens, comme quand elle rangeait les affaires dans l'armoire de la Guérisseuse qui l'avait poussée à venir ici. C'était le mieux qu'elle pouvait faire, et au fur et à mesure que les notes s'égrenaient et que sa voix cristalline emplissait à son tour la pièce, il fut évident qu'elle se détendait réellement, emportée par sa chanson sans parole, une mélodie douce, un peu nostalgique, mais qui semblait tout de même laisser transparaître quelques notes d'espoir. Elle ne pouvait pas dire clairement ce qu'elle chantait, si c'était quelque chose qu'elle avait entendu au cours de ses pérégrinations ou si ça sortait juste comme ça, de son coeur. Elle se laissait porter, tout simplement... et ne réalisait plus vraiment le temps qui passait.[/justify:23yut5br]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #8 le: 01 mai 2014, 18:13:56 »
La réponse de Tallulah concernant son origine inquiéta quelques peu Margareth et Beatrice qui échangèrent un regard. Ce fut la Barde qui, doucement, se pencha en direction de l'enfant pour insister gentiment:

"Tu es toute seule ici? Tu connais le nom de ton pays? Je connais beaucoup de pays mais je ne reconnais pas ton accent."

Une enfant abandonnée à Haven, voilà qui n'allait pas du tout. Il était du devoir des deux professeurs de s'assurer que l'enfant avait accès à une éducation et un environnement correct. Tel était Valdemar. Les deux femmes auraient une conversation avec le chef des Pages pour se rassurer. La petite serait prise en charge, qu'elle soit ou non acceptée au Collegium. Margareth, tout comme Beatrice, avait vécu une vie plutôt protégée mais avait vu des horreurs durant ses voyages. Parfois les pires atrocités sont commises dans la salle d'à côté - elles n'ignoraient pas que les bas-fonds de Haven même regorgeaient d'enfants orphelins ou battus ou pire, et que si les bons citoyens tentaient de s'en occuper, la misère existait. Voir une de ses victimes arriver les yeux pleins d'espoir devant elles au Collegium forçait les professeurs à se remettre en question et à agir. Même Beatrice sembla s'adoucir ensuite alors qu'elle s'adressait à Tallulah. Elle comprenait mieux l'état de l'enfant et son niveau d'angoisse presque tangible. Qu'elle ait osé demander à passer le test dénotait un courage assez impressionnant.

En tout cas, les premières réponses timides de la demoiselle étaient intéressantes. Beatrice comme Margareth hochèrent la tête de concert concernant les informations que la musique pouvait transporter. Beatrice ajouta aussi:

"Très bonne réponse. Et aussi parce que la musique permet de faire passer des messages secrets. En utilisant des mots codés ou des phrases musicales spécifiques. Seuls ceux qui connaissent le code peuvent comprendre ces informations et elles peuvent voyager très vite dans un pays. De plus, les gens se confient souvent aux musiciens. Et les rumeurs aident beaucoup à comprendre ce qui se passe dans un endroit. La musique adoucit les moeurs et les transporte. Tout peut devenir important. Être Barde ou Ménestrel c'est important."

Pour ne pas se perdre inutilement en suppositions et imagination concernant le reste de l'histoire de Tallulah, les deux professeurs commencèrent leurs explications doublées d'une démonstration. Elles savaient pertinemment que jouer était le seul moyen pour la fillette de comprendre ce que les mots, surtout en valdemaran, ne pourraient expliquer clairement. Elles observèrent également de très près les réactions de l'étrangère face à la musique.
Devant de tels morceaux, certains pleuraient, certains serraient les dents pour cacher leur émotion, d'autres souriaient béatement. Une personne un tant soit peu musicienne était forcément touchée - par les deux interprétations, car elles ne réveillaient pas les mêmes émotions ou sentiments. L'idée était également d'assurer aux candidats que les Ménestrels étaient aussi importants que les Bardes et que s'ils étaient acceptés comme élèves Ménestrels, c'était loin d'être une disgrâce au contraire. Beatrice répétait d'ailleurs souvent à ses élèves que pour rien au monde elle n'aurait voulu être une Barde. Cela comportait trop d'éléments éloignant de la "vraie" musique à ses yeux. Certains Bardes la comprenaient. D'autres la trouvaient bizarre. Ainsi allait la vie. Mais elle mettait un point d'honneur à rendre cet aspect très clair aux yeux des futurs élèves dès leur première confrontation avec le Collegium.

Tallulah eut les yeux humides lors de la première partie d'Ombre et Soleil et son visage exprima ses sentiments aussi clairement que si elle les avait exprimés volontairement. Quand Ombre et Soleil passa à la version Barde, les larmes coulèrent ouvertement. Quand la musique se tut, la gamine sourit et sécha ses larmes. Elle avait compris.
La première partie du test venait donc de s'effectuer. Vint donc la partie technique où la demoiselle entrait en scène. L'explication des facettes des Dons qu'on chercherait chez elle sembla être comprise également. La demande des examinatrices fut accueillie par une réflexion timide. Tallulah ne jouait d'aucun instrument mais pouvait tenter de chanter.

Margareth lui répondit avec simplicité:

"La musique n'a pas besoin de mot. Fais juste la venir de ton coeur."

Elle se tapota la poitrine pour souligner ses mots et sourit à l'enfant. Celle-ci dévisagea les deux adultes avec anxiété. Elle était toute tendue malgré les visages amicaux et silencieux. Elles hochèrent toutes deux la tête pour encourager la gamine à se lancer. Tallulah prit son temps. Elle ne semblait absolument pas sûre d'elle et une seconde, il sembla aux deux femmes qu'elle n'aurait pas le courage d'ouvrir la bouche malgré sa volonté évidente de faire de son mieux. Margareth regardait déjà Beatrice pour lui proposer de trouver un autre exercice plus facile pour l'enfant, mais finalement Tallulah, yeux fermés, laissa la musique passer la porte de ses lèvres.

Le soprano pur d'enfant s'insinua dans la pièce. La voix était légère, peu soutenue, et avait des accents peu communs - sans doute originaire d'une culture différente de celle de Valdemar. La mélodie n'avait pas de mots mais Tallulah y mettait tellement de coeur que les sentiments qu'elle éprouvait étaient bien distincts. Margareth sourit. Beatrice hocha lentement la tête. Elles se regardèrent, firent un signe d'acquiescement, et se concentrèrent sur l'enfant. Détendue, prise par sa musique intérieure, Tallulah se laissait aller.

Les adultes attendirent que la voix de la jeune fille décline jusqu'à se taire et qu'elle les regarde. Le sourire - même celui de Beatrice - était clair.
Margareth pourtant décida de pousser le test plus loin. Quand elle eut l'attention de la candidate, elle lui proposa:

"Je vais chanter quelques notes, et je veux que tu m'inventes une suite. Pas très longue. Mais ça doit aller avec ce que je te chantes. Et à chaque fois, je veux que tu penses au sentiment que je te dirais. D'accord? Par exemple..."

Elle chanta quatres notes courtes et joyeuses et précisa: "Tu continues ça en pensant à de la joie - par exemple une balade au soleil. Essaie."

Après la joie, elle lui demanda le chagrin, la pluie, le sommeil et l'hiver. Ce n'était pas des sentiments mais chacun apportait à ces items un sens particulier. A chaque fois, elle lui donnait un début de mélodie neutre, que la jeune fille devait compléter. Beatrice resta parfaitement silencieuse pendant tout l'exercice.
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Tallulah

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #9 le: 02 mai 2014, 20:11:40 »
[justify:2n20ml1n]A la question de la Barde, Tallulah resta songeuse un moment. Elle ne savait pas trop bien ce qu'elle avait le droit de répondre, ce qu'elle pouvait révéler ou non. Et en même temps, elle n'avait pas envie d'être impolie envers l'examinatrice non plus.

« Oui, je suis toute seule... Je viens... Plus loin que Karse. Vous connaissez, Thurbrigard ? Je viens pas grande ville, non plus... »

Pas d'une réelle « ville » même, mais elle n'avait pas trop envie de détailler son milieu d'origine... Ne serait-ce que parce qu'elle était certaine de ne pas trouver les mots, même si elle avait voulu le faire - ce qui n'était pas le cas. Alors puisque la conversation semblait vouloir revenir sur le thème de la musique, la brunette se focalisa dessus, à son plus grand plaisir. Elle ne doutait pas une seconde qu'être Barde ou Ménestrelle pouvait être important, finalement, quand bien même les siens ne le comprenaient pas forcément, mais il fallait bien avouer que son avis ne pouvait être que biaisé. Pour elle qui admirait aussi profondément ce qu'on pouvait faire avec la musique, c'était forcément quelque chose de particulièrement important, au moins à ses yeux, et tant mieux si ça l'était, donc, pour les autres aussi. Comme quoi elle avait toutes les chances d'apprécier ce pays, il fallait bien l'avouer - mais à vrai dire, il en fallait assez peu pour obtenir son approbation.

Et puis ce fut à son tour de montrer ce qu'elle pouvait faire, donc, et elle y mit tout son coeur, comme la dame le montrait en tapotant sa propre poitrine. Elle ne saurait dire combien de temps, finalement, elle avait laissé sa voix emplir la pièce, c'était une notion tellement flou à cet instant... elle espérait ne pas en avoir fait trop... ou pas assez... mais ses craintes s'envolèrent quand elle rouvrit les yeux pour se trouver face au sourire des deux dames face à elle. Même la Ménestrelle. Et son coeur fit un drôle de bond dans sa poitrine, comme elle supposait donc, qu'elle avait au moins réussi un peu.

Ca n'était pas terminé, et comme Margareth reprenait la parole, elle concentra à nouveau toute son attention sur elle. C'était plus facile dans cette pièce fermée avec pour sujet la musique qui la passionnait que dehors au milieu d'un champ, entourée tout autant de fleurs que de papillons attirant son attention vacillante quand le sujet du jour était - un exemple au hasard - le maniement d'une arme. Elle hocha donc la tête avec vigueur quand la femme chercha son assentiment pour le nouvel exercice. Elle n'avait aucune idée de ce que ça donnerait, mais oui, elle était prête à essayer, et à faire de son mieux, encore une fois.

Quatre notes retentirent et elle se les répéta deux ou trois fois, comme pour mieux s'en imprégner, avant de se remettre à chanter, donc, une mélodie enjouée, sur un rythme assez rapide, finalement, agrémenté de quelques trilles - même si elle ignorait ce mot. Le chagrin lui évoqua une mélopée plus lente, lancinante, pleine de demi-tons mélancoliques - dont elle ignorait pourtant le concept même - et plus grave aussi. La pluie garda les notes mélancoliques, chantée plus rapidement, cependant, comme si elle avait voulu imiter le clapotis qu'elle pouvait entendre sur les carreaux, dans une tonalité plus médiane. Quand au sommeil, il fut représenté par des notes particulièrement longues, et douces, comme si elle avait voulu envelopper le dormeur de sa voix. Enfin, elle resta un petit moment songeuse concernant l'hiver, se demandant si sa propre perception de la saison conviendrait. Elle finit par laisser ses craintes en suspens et les notes aigues, cristallines, qui collaient dans sa tête à la glace qu'elle visualisait, retentirent gaiement. Elle aimait l'hiver pour la neige et ses flocons, et ça se sentait sans doute dans sa façon de l'interpréter.[/justify:2n20ml1n]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #10 le: 04 mai 2014, 18:03:56 »
Tallulah semblait avoir des réticences à avouer d'où elle provenait réellement. Réfugiée politique, abandonnée par ses parents, ou exclue de son groupe, elle avait sans doute une bonne raison pour cela et les deux professeurs n'insistèrent pas trop. Après tout, si elle était réellement seule à Haven désormais, peu importait son origine tant qu'elle arrivait un jour à s'intégrer. Valdemar prenait soin des siens, et les "siens" avait une définition plutôt large. Margareth acquiesça au nom de Thurbrigard. Elle l'avait déjà vu sur des cartes mais elle devait avouer qu'elle n'y avait jamais mis les pieds ni n'avait lu grand chose au sujet de ce pays, et Beatrice semblait dans le même cas. Plutôt que de forcer Tallulah à trop réfléchir sur cet aspect de la question, elles décidèrent donc de passer à la partie pratique du test.

La petite ne semblait pas bête et elle avait l'air même assez vive malgré la barrière de la langue. Les deux femmes ne doutaient pas qu'avec les cours appropriés, elle saurait parfaitement se débrouiller en valdemaran et dans la vie si on lui donnait le coup de pouce nécessaire. Et visiblement, Tallulah avait ses chances pour entrer au Collegium. Sa première interprétation libre prouva aux jurys qu'elle possédait au moins la Créativité et le Talent. Le Don des Bardes était sensible également. Margareth se mit alors en devoir de tester la profondeur des Dons. Le premier exercice imposé consistait à inventer une suite cohérente à un ensemble de notes en faisant passer des sentiments et des images précises. Une fois encore, la gamine prit le temps de la réflexion avant de se lancer dans la musique. Cela prouvait bien que même si son interprétation était instinctive car les Dons n'étaient pas maîtrisés, elle ne se jetait pas la tête la première dans quelque chose de brouillon.

Margareth comme Beatrice souriait à la fin de l'exercice. Le dernier morceau les avait un peu surprises. Souvent les étudiants prenaient l'hiver comme une référence de douceur mélancolique voire de tristesse mais son interprétation à elle était plus joyeuse, comme la joie d'un enfant devant les flocons et la promesse de jeux dans la neige. Peut-être était-ce dû à son âge, ou à son pays d'origine, mais cela ne gênait en rien.

"Tu t'en sors très bien." félicita Beatrice avant de proposer à son tour un exercice. "Je vais te faire un accompagnement musical au luth, et il n'y aura pas de mélodie. Tu dois inventer une mélodie qui va avec la musique. Tu peux la chanter avec des mots, dans la langue que tu veux, ou juste avec des sons. Et tu m'as dit que tu aimes danser. Si tu le peux, montre moi comment tu aimerais danser sur ta musique en même temps. Si tu préfères rester assise, montre moi au moins le rythme avec tes mains d'accord?"

Le ton était beaucoup moins sec qu'au début et le sourire était sincère. Margareth encouragea Tallulah d'un signe de tête.
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Tallulah

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #11 le: 06 mai 2014, 17:12:52 »
[justify:fei84im1]Que les deux examinatrices décident silencieusement de ne pas trop insister sur ses origines arrangeait bien les affaires de la fillette qui ne savait plus trop comment leur répondre. Eussent-elles insisté qu'elle eût sans doute fini par garder le nez baissé sur ses doigts et un silence obstiné. Et vu la pression qu'elle se mettait toute seule sur ses frêles épaules, les larmes n'eussent sans doute guère tarder à couler.

Oh ! Elle espérait bien qu'elle arriverait à se débrouiller. D'une manière ou d'une autre, elle n'était pas du genre à se laisser abattre. Bon, elle restait émotive, c'était une évidence, mais de là à se morfondre, il y avait un gouffre qu'elle n'était pas prête à franchir, et elle espérait bien que ça n'arriverait jamais. Perdre l'envie, et son sourire, et sa propension à s'émerveiller de tout et de rien... Ce serait tellement triste.

Et elle n'avait pas envie d'être triste. Elle avait envie de continuer à être pleine d'espoir, et d'être heureuse. Pour l'instant, ce n'était pas tout à fait ça, mais l'espoir, elle ne le perdait pas, loin de là. Et les réactions des deux femmes à la première partie de son test le ravivaient davantage encore. Elle essaya de faire les choses bien, donc, ensuite, comme Margareth lui donnait un nouvel exercice. Et comme les deux femmes souriaient encore, son visage aussi s'éclaira d'un large sourire. Elle fut ravie d'entendre le commentaire de Béatrice - alors qu'il fallait bien l'avouer, cette femme l'angoissait un peu depuis le départ - et son regard déjà pétillant brilla plus encore de ravissement. Elle écouta ensuite ses directives suivantes, et résolut de se contenter de sons, à défaut de mots intelligibles, s'étant promis de ne pas utiliser sa langue maternelle, et ne maîtrisant que trop peu le valdemaran pour réussir à improviser ainsi avec, moins encore avec le karsite dont elle n'avait, au final, que retenu quelques bribes sur la route, rien de bien concluant, donc. Quant à danser...

Tal bondit littéralement de son tabouret, ravie, mais un peu trop concentrée sur le visage et les doigts de la Ménestrelle, manqua une fois encore de terminer à terre. Elle grimaça, non de douleur, ses réflexes avaient tout de même fini par s'affûter quelque peu à force, mais d'embarras. Cependant, loin d'en rester là, et peut-être aussi parce que Margareth l'encourageait à son tour, elle ne se démonta pas (trop), et se focalisa sur la musique. Trouver une mélodie correspondant à l'accompagnement de Béatrice n'était pas si aisé, cependant. Pour commencer, ce ne furent que les toniques des accords joués qui passèrent la barrière de ses lèvres, tandis qu'une nouvelle fois, elle fermait les yeux et se contentait de battre effectivement la mesure du bout du pied. Quelques instants, quelques mesures, avant qu'elle ne se laisse porter par la musique, celle du luth autant que celle qu'elle tentait d'y associer, quand bien même elle n'était peut-être pas très élaborée, même physiquement. Alors qu'elle avait manqué de se retrouver à terre deux fois déjà, depuis qu'elle avait paru face aux deux musiciennes, à présent qu'elle rouvrait les yeux et se mettaient réellement à danser, ses mouvements se trouvaient à présent parfaitement fluides et assurés. Elle eût été incapable de dire exactement ce qu'elle faisait, d'où ils venaient : ils étaient complètement instinctifs. Et elle-même semblait ailleurs, dans un autre monde. C'était sans doute à peu près le cas...[/justify:fei84im1]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #12 le: 07 mai 2014, 11:46:31 »
Le deuxième exercice que proposèrent les deux professeurs dépassèrent leurs espérances. Devant la timidité de leur candidate, aucune d'elle n'avait sérieusement pensé qu'elle oserait se lever et danser, ou même qu'elle arrive à bien coordonner ses mouvements des mains pour suivre le rythme. Elles ne doutaient guère que l'enfant trouve une mélodie qui se mêle bien à l'accompagnement, mais l'aspect physique de l'exercice leur avait semblé hors de portée de la gamine. Pourtant, le mot "danse" éclaira le visage de Tallulah quand elle le comprit et elle sembla apprécier qu'on lui offre l'opportunité de bouger un peu. La maladresse de la demoiselle fut une fois de plus très visible... avant de s'évanouir dans la musique et la fluidité des gestes. Ce n'était pas une chorégraphie construite, mais la candidate remplissait parfaitement les conditions de l'exercice.

Margareth se pencha vers Beatrice et lui souffla discrètement quelques mots à l'oreille. La Ménestrelle acquiesça et répondit quelque chose à voix basse. Le luth cessa de vibrer et les deux femmes sourirent à Tallulah, lui laissant le temps de revenir au moment actuel. Puis Beatrice prit la parole:

"Tu possèdes le Don des Bardes à un bon niveau, le Talent également et je pense que tu as la Créativité. Tu es trop jeune pour entrer à plein temps en première année, alors tu ne suivras que certains cours au début avec le Collegium et le reste avec les Bleus pour que tu puisses apprendre à mieux parler notre langue, à connaître notre histoire et notre culture. Quand tout cela sera appris, tu pourras suivre les cours du Collegium à temps plein. Nous allons t'inscrire en cours de langue, d'Histoire, de maintien, de lecture et de calcul avec les Bleus, et les cours de défense... Et tu suivras les entraînements techniques du Collegium avec les Bardes et les Ménestrels pour apprendre à jouer d'un instrument de musique, à maîtriser ta voix, et à écrire la musique."

Margareth ajouta:

"Tu es souple et tu as du rythme. Tu seras également élève du Ménestrel Gabriel. Il est également acrobate et danseur. Il t'apprendra son art. Il s'intéresse à toutes les cultures qu'il rencontre et ne danse pas seulement à la mode valdemarane. Il est très gentil et il t'apprendra plein de choses."

Beatrice reprit:

"Tu es très jeune alors nous allons nous occuper de prévenir le chef des pages et nous nous occuperons de te trouver un parrain ou une marraine plus âgée qui t'aidera à t'habituer au Collegium. Tu habiteras au Collegium même et tu prendras tes repas avec nous dès ce soir. Je vais t'accompagner voir ton chef des Pages et voir la Doyenne qui te signera les papiers nécessaires. Si finalement tu décides de ne pas vouloir venir au Collegium, tu peux encore le dire. Et si cela ne te convient pas dans quelques jours, tu pourras toujours en parler à un professeur ou venir nous voir. D'accord?"
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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #13 le: 19 mai 2014, 20:56:06 »
[justify:1syf31n6]La musique l'emportait sur tout aux yeux de la petite, et l'emportait, elle, tout court. C'était quelque chose qu'elle avait toujours eu en elle, quoi que ce ne fût pas très bien perçu là d'où elle venait. Et finalement, se retrouver isolée ici lui ouvrait plus de portes qu'elle ne l'eût jamais imaginé. Quand le luth cessa de vibrer, la petite fille eut besoin de quelques secondes pour réaliser que le silence avait repris ses droits et s'arrêter, puis se tourner vers les deux examinatrices. Elle eut toutes les peines du monde à ne pas sauter de joie quand la Ménestrelle - dont elle arrivait presque à se répéter mentalement la fonction sans (trop) l'écorcher - prit la parole. Ses mains un moment nouées sous sa poitrine inexistante quand elle avait cessé de danser se portèrent aussitôt à ses lèvres étirées en un large sourire quand elle comprit ce que Béatrice était en train d'affirmer. Qu'elle fût trop jeune ne la déçut pas le moins du monde : elle avait sa place, même à temps partiel, et c'était plus que ce qu'elle avait jamais pu espérer.

« Je sais pas bien, c'est quoi les bleus ?... »

Elle voulait bien apprendre tout ce qu'on voulait avec qui on voulait, tant qu'elle avait le droit de venir au Collegium des Bardes. Et puis apprendre la langue, c'était comme la musique, presque. La culture et l'Histoire, elle assimilait ça à des histoires. La lecture, ça lui permettrait même d'en lire d'autres. Bon, elle fronça un peu les sourcils à la mention de « maintien » qu'elle n'identifiait pas, ainsi qu'à celle du calcul et des cours de défense. Se battre, attaquer, on avait essayé de lui apprendre, déjà, et ça n'avait jamais très bien marché. Quant au calcul... Il fallait vraiment ? Elle comptait à peine sur ses doigts, et n'envisageait pas que cet apprentissage-là pût être passionnant. Mais il fallait bien, si elle voulait pouvoir suivre aussi les cours pour jouer et écrire de la musique, et puis chanter.

Elle acquiesça vigoureusement de la tête, à la fin de la tirade de la Ménestrelle, manifestant son acceptation des conditions imposées à l'instant, quand la Barde prit la parole à son tour.

« Gabriel... » répéta-t-elle à voix basse, à l'évidence pour retenir le nom du Ménestrel - elle ne s'était pas risquée à le prononcer, en revanche, de peur de l'écorcher encore - auprès duquel elle apprendrait de vraies danses, pas juste les mouvements instinctifs qu'elle venait de faire quelques minutes auparavant.

« Un parrain ou une marraine ? C'est quoi ? »

Les yeux de la petite s'agrandirent presque d'effroi quand Béatrice évoqua l'option où elle refusait d'entrer au Collegium et elle secoua vigoureusement la tête, peut-être un peu trop démonstrative.

« Oh non ! Je veux venir moi ! Même si je crois c'est dur le calcul et la défense, je sais pas faire. »

Elle comprit un peu tard qu'elle avait le choix, donc, et que sa réaction devait être un peu exagérée. Alors comme l'examinatrice cherchait son assentiment après avoir indiqué qu'elle prendrait son premier repas avec elles dès le soir même, elle hocha à nouveau la tête.

« Oui, bien sûr. Moi je fais comme vous dîtes. »

Et en l'occurrence, au milieu de ses innombrables questions, elle suivit la moindre de leurs directives dès lors, bien décidée à se montrer irréprochable pour garder cette place rêvée qui lui était - à sa plus grande surprise - accordée. Il faudrait vraiment qu'elle aille voir la Guérisseuse Thalyana pour la remercier.[/justify:1syf31n6]
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Riannon

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Re: Voyons si tu portes bien le rouge... [Tallulah]
« Réponse #14 le: 20 mai 2014, 09:42:04 »
Les candidats aux tests du Collegium étaient souvent des personnes enthousiastes et passionnées, mais il était rare que leur niveau d'enthousiasme atteigne les sommets comme Tallulah le faisait. Elle était réellement investie dans ce qu'elle présentait au jury, oubliant jusqu'à son angoisse d'examinée. Margareth ne put s'empêcher de sourire largement, et même Beatrice en devint presque amicale. Lorsque Tallulah comprit qu'on l'acceptait au Collegium sous certaines conditions, le sourire de l'enfant resplendit et reçut en écho celui des deux examinatrices. Beatrice reprit la parole pour expliquer deux ou trois choses à l'étrangère:

" Les Bleus, ce sont des étudiants qui portent un uniforme bleu. Ils ne font pas vraiment partie du Collegium des Bardes ou des Guérisseurs, des Mages ou des Hérauts mais ils ont le droit d'étudier avec eux pour être bien formés. Tu ne resteras à leurs cours que le temps que tu aies le niveau suffisant pour suivre uniquement nos cours à nous. Mais tu porteras l'uniforme brun des apprentis Bardes et tu seras encadrée par notre Collegium à nous. Ce n'est qu'une option temporaire. Qui ne durera pas." précisa la Ménestrelle.

Elle lui expliqua ensuite les autres spécificités de son prochain cursus. Elle savait bien que Tallulah ne saisissait pas toutes les nuances de ce qu'elle lui apportait comme informations mais il lui sembla que l'enfant ne s'en sortirait pas trop mal. Elle semblait toujours aussi enthousiaste à l'idée d'entrer au Collegium. Margareth prit son tour de parole et se mit en devoir de lui expliquer une notion si simple pour un valdemaran:

"Un parrain ou une marraine, c'est une personne plus âgée que toi, qui fait partie des élèves Bardes ou Ménestrels et qui deviendra comme une grande soeur ou un grand frère. Il t'aidera à t'installer, il sera là pour voir si tu as besoin d'aide avec les devoirs, avec les professeurs ou avec les autres étudiants, il te fera visiter le Palais Collegia, la ville, et il t'aidera à te faire des amis. Ce sera ton protecteur ou ta protectrice et ton meilleur ami le temps que tu sois installée."

L'honnêteté de Tallulah n'était pas à mettre en doute, également, ce qui était une bonne chose, car elle osa dire très directement ce qu'elle pensait du calcul et de la défense. Margareth eut un petit rire:

"C'est pour ça que tu suivras quelques cours avec les Bleus: pour que tu puisses savoir faire rapidement. Ne t'inquiète pas, tu auras de bons professeurs."

L'obéissante recrue affirma ensuite qu'elle ferait ce qu'on lui dirait de faire. Bonne initiative pour son âge, mais les deux femmes ne doutaient pas que quelques années plus tard, une vraie adolescente serait moins pliable. Elles lui sourirent puis Margareth se leva:

"Allez, on va t'inscrire et t'installer. Dis au revoir à Beatrice."

La Barde emmena Tallulah voir la seconde de Riannon, une jolie jeune femme aux cheveux courts et au sourire facile, qui inscrit la petite dans ses recueils avec les spécificités demandées par Margareth. Un peu plus tard, la Barde confiait l'enfant à une jolie brune aux yeux noirs de dernière année nommée Valiani qui accepta avec un grand sourire d'être la marraine de la petite nouvelle. Elle l'aida à aller chercher une bonne provision d'uniformes et de quoi suivre les cours avant de l'installer dans une chambre double encore totalement vide et de l'aider à aller chercher le reste de ses affaires. Après une courte visite guidée du Collegium, elle lui présenta quelques professeurs. Le soir même, Tallulah était introduite par Valiani auprès des autres étudiants. L'accent étranger et la jeunesse de Tallulah lui ramenèrent beaucoup de curieux, sympathiques bien qu'un peu envahissants. C'était comme si sa place était restée bien au chaud au Collegium en attendant sa venue. Et dès le lendemain, les cours commençaient. Le cours d'interprétation musicale au luth était dirigé par Beatrice.
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