Auteur Sujet: Vandalisation libresque  (Lu 4988 fois)

Yvelin

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Vandalisation libresque
« le: 22 septembre 2014, 14:43:01 »
Première décade d’automne 1481 - Bibliothèque principale

Il y avait bien un lieu où la grande taille d’Yvelin était pratique, c’était la bibliothèque. Il avait très rarement besoin d’échelle pour atteindre les rayonnages les plus hauts, et se débrouillait presque toujours pour ne pas avoir à aller chercher un escabeau.

Comme à son habitude, il préféra se dresser sur la pointe des pieds en se contorsionnant pour attraper l’ouvrage désiré, plutôt que d’aller chercher l’échelle qui, cette fois, ce serait avérée utile. Du bout des doigts, il parvint à atteindre la tranche du livre tant convoité, un épais traité sur la règne des co-consorts Arden et Leesa. Il sauta pour mieux saisir le dos du livre et le tirer hors de son logement. Celui-ci ne se dégagea que partiellement et dépassait maintenant de quelques centimètres du bord de l’étagère. Il tendit à nouveau la main et l’attrapa. Il le tira vers lui et le saisit du bout des doigts. Malheureusement, il avait sous-estimé le poids de l’ouvrage et celui-ci lui échappa des mains pour aller s’écraser lourdement sur le sol, à quelques centimètres à peine de ses orteils. Le bruit sourd sembla résonner loin dans la bibliothèque.

Gêné, Yvelin se baissa pour ramasser son livre. Il constata alors que la couverture s’était abîmée lors de sa rencontre brutale avec le sol. Le coin inférieur était maintenant largement corné et replié vers l’extérieur. Yvelin tenta se l’aplanir et de le lisser, sans succès. Inquiet, il regarda autour de lui. Il fallait qu’il arrange ça avant que la surveillante le surprenne! Il sentit l’angoisse monter. Il détestait être pris en faute, surtout dans son lieu préféré, la bibliothèque.

Paniqué, il commença à s’agiter dans tous les sens, espérant qu’une solution lui tomberait dessus avant la surveillante. Son boucan finit par faire venir quelques curieux, qui battirent en retraite devant l’air un peu fou du jeune homme. Celui-ci était maintenant installé à sa table de travail et lissait mécaniquement, follement, la couverture abîmée.

[ Ewenn?]
« Modifié: 04 juillet 2016, 10:55:12 par Yvelin »

Ewenn Trisgan

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Re: Vandalisation libresque
« Réponse #1 le: 28 septembre 2014, 20:26:17 »
Ewenn s'étira longuement en grognant légèrement, avant de se frotter les yeux. Il leva la tête de son manuscrit avant de regarder autour de lui. Il bailla, sans omettre sa main devant la bouche, tout en observant les personnes qui se trouvait là à étudier ou simplement lire. Ils étaient peu à vrai dire. A cette heure de la journée, les gens étaient plutôt dehors, à profiter des derniers moments de douceurs de l'été qui s'en allait doucement.

Revenant sur ce qu'il avait sous les yeux, il soupira intérieurement. Voilà deux heures qu'il planchait sur cette fichue dissertation autour des relations dans l'histoire entre Valdemar et Karse et il avait à peine réussi à commencer à imaginer un plan. Pourtant généralement il n'avait pas trop de mal à se concentrer, mais aujourd'hui, ça ne voulait pas venir. Il y avait des jours comme ça. Alors, il ferma les yeux un instant en se massant la nuque. Il fallait tout de même qu'il avance, sinon il se retrouverait à devoir faire une nouvelle nuit blanche.

Le jeune homme se replongea alors dans ses différents livres, lorsqu'un bruit sourd le fit sursauter. Décidément, les Dieux ne voulaient pas qu'il travaille ! Quelqu'un était tombé ou quoi ? Il leva donc à nouveau la tête, un peu agacé parce que le silence complet qu'il affectionnait tant ne semblait pas vouloir se réinstaller et chercha la source de tout ce "raffut". Plusieurs s'étaient levées, pour aller finalement se rasseoir, laissant apparaître un adolescent, sans doutes de quelques années son benjamin, un Apprenti-Barde selon sa robe, qui s'agitait un peu dans tous les sens.

Allons bon, que se passait-il donc ? Les sourcils froncés, il le regarda caresser le livre en se demandant ce qu'il pouvait bien passer par la tête de ce pauvre garçon, lorsqu'il aperçut le coin de l'ouvrage que le fautif s'efforcer de cacher, l'air un peu paniqué. Tu m'étonnes ! Si la surveillante lui tombait dessus, elle n'allait pas faire dans le crochet ! Le livre avait du lui échapper des mains, à tous les coups. Bon. C'est pas en s'agitant comme ça qu'il allait sans tirer discrètement. Décidant que sa dissertation n'avancerait pas plus pour le moment, Ewenn se leva à son tour et s'approcha de l'Apprenti, qui s'était rassi, avant de lui chuchoter :

-Si tu veux mon avis, il vaudrait mieux se faire plus discret, sinon tu vas finir par attirer toute la bibliothèque...

Il lui montra d'un signe du visage le dragon qui rôdait non loin, prête à sauter sur le premier qui ferait une incartade dans SA bibliothèque, dans un sourire amical, avant de poursuivre :

-Moi c'est Ewenn.

Le bleu regarda rapidement autour de lui, histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas de foudre à l'horizon, en espérant que son interlocuteur ne se mette pas à faire une crise de panique, parce que là, vu son état, il n'en avait pas l'air loin...
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Yvelin

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Re: Vandalisation libresque
« Réponse #2 le: 27 octobre 2014, 13:35:28 »
Yvelin espérait qu'il parviendrait à dissimuler la catastrophe, à lisser suffisamment le pli pour que celui-ci ait l'air d'avoir toujours été là. C'était la seule solution. Une fois qu'il aurait "réparé" les dégâts, il remettrait le livre dans le rayon, et attendrait une décade ou deux avant de venir le consulter.

Avoir un plan l'aida à se calmer. Il perdit un peu son air fou, ce qui sembla attirer vers lui un Bleu. Celui-ci engagea la conversation par une mise en garde qui laissa d'abord Yvelin perplexe.

«Hein? Euh... oui... euh... désolé. J'espère qu'Éloïse n'a rien entendu. Je n'aime pas trop me retrouver en face d'elle.»

Personne n'aimait se confronter à Éloïse. Non que le Héraut soit particulièrement colérique ou sévère, mais on se retrouvait toujours à être d'accord avec elle, à admettre toutes ses fautes, sans trop savoir pourquoi. Oh, il était toujours possible de tenter de lui mentir. Si c'était fait avec suffisamment de talent, on pouvait s'en sortir. Mais la plupart n'avaient d'autre choix que d'admettre leur faute et de s'en excuser platement.

À nouveau, le Bleu parla à Yvelin. Celui-ci mit quelques instants à comprendre ses paroles puis y répondit à grand renfort d'hésitations.

«Ah... euh... Yvelin.»

Yevlin leva enfin les yeux de son livre abîmé. Ewen, le nouveau venu, avait vraiment tout d'un tombeur, le visage, la carrure. Sans doute était-il courtisé par des hordes de jeunes filles. Tout le contraire d'Yvelin qui tout en étant très apprécié pour sa capacité à écouter n'attirait absolument pas ses camarades féminines. Il ne savait d'ailleurs pas trop si cela le dérangeait ou non. Il savait bien qu'à son âge, il aurait dû rechercher des expériences, courtiser les jeunes filles et leur voler des baisers. Mais il ressentait plus souvent l'envie d'embrasser ses camarades masculins que féminins. Ne sachant pas très bien comment il acceptait la chose, il préférait se tenir à distance des histoires de cœur, pour le moment en tout cas.

L'élève Barde eut un petit geste machinal, un bref mouvement de main comme pour chasser toutes ces pensées inopportunes. Puis il regarda à nouveau Ewen. Puis le livre. Puis Ewen. Enfin autour de lui.

«Il est euh... mal tombé. Je voulais l'attraper, et comme il était lourd, j'ai pas pu euh... le retenir. Enfin. Je vais essayer d'arranger ça et le remettre dans le rayon. Si j'ai de la chance, personne saura et la prochaine personne à le prendre pensera qu'il est dans cet état depuis longtemps.»

Yvelin avait toujours un peu de peine à enclencher la fonction parler. Mais une fois les premiers mots et les premiers "euh" passés, il parlait en fait avec l'aisance d'un Barde.

«Ça m'ennuie. Je voulais vraiment le consulter, ce livre. Je ne sais pas trop comment je vais avancer dans mes recherches sans cela. Enfin... tant pis. J'ai une composition à rendre pour la semaine prochaine, j'imagine que maintenant je n'ai plus guère le choix de m'y mettre.»
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Ewenn Trisgan

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #3 le: 03 juillet 2016, 19:08:01 »

Un sourire amusé s'afficha sur le visage d'Ewenn. De prime abord, le jeune homme qui lui faisait face semblait timide, voire même apeuré, comme pris en faute et ce qui était arrivé à ce livre paraissait être une catastrophe. Le noble songea alors au dragon qui gardait la bibliothèque et acquiesça pour confirmer ce que lui disait l'apprenti-garde :

-Oui je comprends… Il faut dire qu'elle peut se montrer… autoritaire. Surtout lorsque ça concerne ses livres.

Il fallut un temps au Rouge pour comprendre ce que le non-affilié venait de lui dire… son prénom donc. Mais bon, Ewenn comprenait, c'était parfois compliqué pour certaines personnes d'engager la conversation avec d'autres personnes. Enfin, chez les bardes généralement, c'est plutôt le contraire, on avait du mal à s'en débarrasser tellement ils parlaient ! L'adolescent embarrassé finit lui dire son prénom et le Bleu fit un signe de tête :

-Enchanté Yvelin.

A son tour, Ewenn observa la personne qu'il avait en face de lui. Ils devaient être à peu près du même âge, mais il était plus frêle que lui. En même temps sa profession ne lui demandait pas d'être Monsieur Muscle et puis s'il savait proposait une oreille attentive, c'était le principal ! En tous cas, Ewenn le trouvait amusant et pensait que le personnage devait gagner à être connu. Son manège de regards amusa une nouvelle fois le Bleu, même s'il n'en montra rien. Il n'était pas étonné que le livre eût été trop lourd pour lui, vu l'épaisseur de l'ouvrage.

-C'est vrai que ce n'est pas le livre le plus léger et le plus petit de la bibliothèque que tu as choisi là… alors avec un peu d'élan… ça aurait pu déstabiliser n'importe qui.

Ou presque. Mais bon, l'apprenti lui attirait une certaine sympathie. Il lui semblait qu'ils pourraient bien s'entendre tous les deux. Il lui proposa donc une alternative à sa solution qui paraissait le mettre dans l'embarras pour son travail :

-Sinon tu le consultes comme prévu et si on te pose des questions, tu expliques que tu l'as trouvé comme ça, qu'il avait dû être mal rangé. Comme ça tu ne te pénaliseras pas dans tes recherches.

Jetant un coup d'œil alentours pour voir s'ils ne faisaient pas trop de bruit pour le dragon, le non-affilié lança un regard complice et fit mine de retourner s'assoir à sa table, l'invitant à le suivre :

-Et sur quoi porte donc tes recherches, source de ta mésaventure ?

Finalement cette pause impromptue et inattendue était la bienvenue !


Yvelin

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #4 le: 04 juillet 2016, 14:10:20 »
Yvelin doutait fortement qu'un homme tel que Ewenn ait pu être déstabilisé par un quelconque livre. Mais il apprécia la délicatesse dont celui-ci fit preuve.

Il n'avait pas pensé à faire comme de rien. Il n'était pas spécialement doué pour mentir ou faire semblant. Il savait jouer la comédie ou interpréter, ce qui était à ses yeux très différent. Yvelin détestait être pris en faute. Il détestait se sentir coupable, cela lui faisait perdre tous ses moyens.

«Je ne suis pas certain de savoir mentir assez bien. Surtout pas devant Éloise. Avec son Don, c'est bien plus difficile que devant Isabeau. Comment tu veux mentir à quelqu'un dont le Don oblige les gens à être d'accord avec elle?»

Ewenn semblait pressé de retourner à ses études, car il laissa là Yvelin. Mais il lui fit signe de le suivre. Yvelin jeta un coup d'œil inquiet à ses affaires entassées sur la table. Pouvait-il les laisser là sans risque? Ne ferait-il pas mieux de tout ramasser? Et pourquoi Ewenn voulait-il qu'il le suive. Il lui semblait qu'ici était aussi bien que là-bas pour discuter. Avait-il vraiment envie de discuter? En même temps le bleu était plutôt beau, et Yvelin manquait d'inspiration pour sa prochaine balade.

Avec un air absent, Yvelin fit une pile avec ses affaires et la laissa bien en vue sur le bord de la table. Puis il suivit le grand Bleu jusqu'à la place de travail qu'il s'était choisi. Le Barde en herbe jeta un coup d'œil sur les ouvrages rassemblés sur la table. Ils semblaient majoritairement traiter de politique, un sujet qui n'intéressait que moyennement Yvelin. Heureusement (ou malheureusement), le Bleu posa la seule question capable de s'attirer les bonnes grâces du jeune homme. Celui-ci se fit une joie de lui répondre.

«Actuellement j'étudie le règne des co-consorts Arden et Leesa. C'est une période fascinante de l'histoire de Valdemar. Tu vois, grâce à leur règne éclairé, la culture s'est particulièrement développée à cette époque. Par exemple, on constate un renouveau manifeste dans la musique. Les anciennes mélodies, jugées lourdes et trop convenues, sont peu à peu remplacées par des airs plus légers, avec une ligne mélodique principale, facile à retenir. Et l'instrumentation s'est à la fois complexifiée, pour les œuvres importantes, et simplifiées pour les ballades. On a aussi vu l'apparition de nouvelles techniques musicales. Les modes ont aussi été peu à peu abandonnés au profit d'une musique tonale. Et dans le domaine de l'architecture, de nombreux progrès ont été réalisés, ce qui a permis de construire des bâtiments à la fois plus hauts et plus solides. Il y a de nombreux domaines qui ont bénéficié de ce règne. La qualité du papier s'est elle aussi grandement améliorée à cette époque, ce qui a permis son utilisation pour des livres, alors qu'avant, on devait se contenter d'utiliser du vélin, qui coûte très cher...»

Il avait monologué sans reprendre son souffle. Il réalisa soudain qu'il s'était (à nouveau) laissé emporter par sa passion et il se sentit mal à l'aise.

«Enfin, tu vois, c'est très intéressant. Et toi, sur quoi travailles-tu?»
« Modifié: 19 juillet 2016, 17:08:02 par Yvelin »

Ewenn Trisgan

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #5 le: 19 juillet 2016, 17:01:35 »
La réflexion d'Yvelin amena un sourire amusé sur le visage d'Ewen qui opina du chef :

-Effectivement, mentir à Eloïse peut s'avérer plus que compliqué que prévu. Mais avec un peu d'entrainement, on doit pouvoir cacher une partie de la vérité. Et puis un futur barde doit avoir des talents de comédien j’imagine ?

Il lui fit un clin d’œil avant d’arriver à la table où étaient posées ses affaires. C’est vrai qu’il n’avait pas pensé que son compagnon de bibliothèque était sans doute installé quelque part avant de venir chercher ce fameux livre. Yvelin eut l’air d’hésiter puis finalement le rejoignit là où il s’était posé. Décidant la pause bienvenue, il poussa les livres posés sur la table, ainsi que ses parchemins et écouta le jeune homme parlait avec passion de son devoir. Même s’il ne comprit pas tout, ce que débitait l’étudiant l’intéressait. Il faut dire qu’il avait une façon d’en parler qui devait captiver n’importe qui. Il répondit :

-Il est vrai que le développement culturel dans l’histoire est fortement influé par les personnes au pouvoir à chaque époque. En tous cas, si tu le rédiges comme tu en parles, ça ne fait aucun doute que tu impressionneras ton correcteur. Moi en tous cas, ça m’intéresserait de les lire tes recherches.

Il grimaça à la question que lui retourna le rouge et fit une moue d’ennui :

-Mon devoir à moins est moins… prenant. Enfin, il pourrait l’être, mais sa forme protocolaire enlève un peu du charme au sujet. Je dois disserter sur les relations en Karse et Valdemar à travers l’histoire et notamment sur l’influence de la religion de Vkandis sur ces relations. Enfin pour l’instant, j’essaie de mettre en forme ma problématique et mon plan.

Ewenn se mit à sourire de nouveau :

-Et donc ta rencontre était la bienvenue, car ce bout de papier allait finir par me donner la migraine !

Ouais. Pour l'instant il n'avait vraiment aucune envie de s'y remettre.

Yvelin

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #6 le: 21 juillet 2016, 22:19:56 »
La méprise était commune et beaucoup de gens ne faisaient pas de différence entre l'interprétation et la capacité à jouer la comédie. Les deux talents étaient certes proches, mais pas suffisamment pour pouvoir se substituer l'un à l'autre... surtout quand on possédait le Don des Bardes.

«Hum... non. Un Barde n'a aucun besoin d'avoir des talents de comédien. Un ménestrel oui, sans doute. Mais nous... pour peu que ce que nous chantons nous touche, il n'est nul besoin de savoir jouer la comédie pour l'interpréter. Notre Don nous suffit.»

Ewenn sembla intéressé par la leçon du jeune Barde. Yvelin, il est vrai, parlait d'une voix chaude et bien modulée. Il racontait ses recherches historiques comme un autre aurait raconté un conte. Peut-être utilisait-il inconsciemment une pointe de Don. C'était parfois tellement difficile de ne pas l'utiliser...

Yvelin constata avec amusement que le Bleu pensait que ses recherches étaient en lien avec un quelconque devoir.

«Rédiger? Je fais ces recherches par intérêt, pas pour un devoir. Simplement...»

Il n'allait pas avouer qu'il avait pris tellement d'avance avec ses cours qu'il s'ennuyait ferme en classe. Il savait que ce genre de réflexions énervaient facilement les gens. Il n'y pouvait pourtant rien s'il était passionné par les études et qu'il avait beaucoup (trop) de facilité. Il n'allait pas s'abrutir pour suivre le rythme d'escargot du reste de la classe!

Le jeune non-affilié lui exposa le sujet de ses propres recherches, visiblement effectuées dans son cas pour rédiger une dissertation. Quand il entendit sur quoi portait son travail, il ne put s'empêcher de montrer qu'il connaissait le sujet.

«Tu as parlé de l'intronisation du Héraut Talia comme prêtresse de Vkandis lors de la guerre contre Ancar? À quel point la religion et la politique étaient clairement dépendantes l'une de l'autre? C'est un acte religieux qui a scellé une alliance politique. D'ailleurs, aucun pacte n'aurait été possible sans un clair changement d'orientation religieuse de la part de la Grande Prêtresse Solaris. En abrogeant des édits, elle a rendu possible d'envisager de voir Valdemar autrement que comme un ennemi. À partir du moment où les Hérauts n'étaient plus des démons, Karse n'avait plus de raison d'être en guerre contre Valdemar. Et en intronisant Talia, elle a confirmé le retour en grâce des Hérauts.»


La politique actuelle n'intéressait vraiment pas Yvelin. Mais il s'agissait là de parler de la politique ancienne. Et c'était intéressant, car, finalement, c'était de l'histoire!

Quand Ewenn se plaignit d'avoir la migraine, Yvelin dut presque se retenir de faire un commentaire désobligeant du genre: oui, réfléchir, ça fait mal quand on a pas l'habitude. En même temps, la belle gueule du bleu semblait justifier de tels préjugés...

«Je suis content de te distraire de ta migraine. C'est vrai qu'écrire une dissertation avec un mal de crâne, ce n'est pas évident.» Il sourit. «Peut-être devrais-tu aller prendre l'air plus souvent.»
« Modifié: 09 septembre 2016, 10:39:56 par Yvelin »

Ewenn Trisgan

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #7 le: 06 septembre 2016, 11:38:36 »
Bon apparemment son humour n’avait pas fait mouche. Mais à vrai dire, la nuance apportée par Yvelin lui rappela qu’effectivement, le Don se suffisait à lui-même. Il hocha donc la tête, montrant qu’il comprenait la différence. Il sourit à nouveau en essayant une nouvelle blague :

-Et bien, il ne te restera plus qu’à chanter pour sauver ta peau !

Ecouter le futur barde parler était loin d’être désagréable. S’ils avaient des professeurs aussi intéressants… Quoique, Ewenn était mauvaise langue. Certains enseignants étaient réellement captivants et suivre leurs cours devenait un véritable plaisir. Mais on a tous des matières où on s’investit plus que d’autres ! La politique et son histoire intéressait le jeune homme, mais parfois, la manière d’enseigner était loin d’être idéale. D’abord surpris par la révélation du Rouge, le non-affilié acquiesça :

-Simplement parfois on a besoin de sortir des sentiers battus. Il m’arrive aussi de lire des livres sur des sujets qui m’intéressent, en dehors de mes cours, et c’est bien plus agréable finalement. Mais tu as l’air d’être particulièrement pointu et travailleur.

… Pas comme moi, pensa-t-il. Non pas qu’il fût particulièrement mauvais élève, Ewenn restait plutôt sérieux dans son travail, il tenait à garder toutes les opportunités à portée de main et ça impliquait d’avoir des résultats corrects. Cependant il était loin d’être un rat de bibliothèque et appréciait les moments entre amis bien plus que ces fichus rédactions protocolaires. Par contre ce que venait de dire Yvelin sonna comme une évidence et il se frappa le front de la paume de la main, avant de prendre quelques notes :

-Mais oui bien sûr. J’avais complètement oublié. Pas l’intronisation de Talia comme prêtresse, ça je m’en souvenais, mais tout ce travail autour de la vision des Hérauts qui a fait grandement avancer les relations entre les deux pays. Merci, tu viens de m’enlever une belle épine du pied, je sais vers où je vais aller maintenant. C’était ce qu’il me manquait.

La remarque du jeune homme fit sourire le Bleu qui s’étira en faisant une moue amusée :

-C’est vrai que je suis enfermé ici depuis… ce matin. J’avais beaucoup de travail aujourd’hui.

Il bailla, la main devant la bouche, avant que son regard ne s’éclaire et un sourire ne se dessine à nouveau sur son visage :

-Dis, ça te dirait pas de prendre l’air ? Ou d’aller grignoter un truc ? Je sais comment avancer maintenant, donc… D’ailleurs si je peux t’être utile un jour, je t’en dois une !

Oui, il pourrait terminer sa dissertation ce soir. Sans soucis.

Yvelin

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #8 le: 09 septembre 2016, 11:59:11 »
«J'ai déjà essayé. Elle aime pas.»

Non, Yvelin n'était pas très doué pour comprendre l'humour. Il repérait les blagues quand elles étaient attendues, mais la plupart du temps, il était bien trop sérieux pour envisager qu'on puisse plaisanter.

«Hum...»

Yvelin ne se considérait pas comme quelqu'un de travailleur. Certes, il aimait passer des heures à étudier de sujets obscures à la bibliothèque. Mais il travaillait finalement assez peu pour les cours généraux. Il devait fournir plus d'efforts pour les cours de musique, mais il n'avait pas l'impression de devoir passer beaucoup de temps à étudier pour obtenir des résultats bons. La seule branche où il peinait à dépasser la moyenne était la composition. Il n'avait aucun talent pour cela, et n'en aurait sans doute jamais. Quand il travaillait raisonnablement, il obtenait tout juste la moyenne. Quand il passait énormément de temps sur son morceau, il ne faisait guère mieux. Alors, pourquoi s'acharner sur cette matière quand il y en avait tant d'autres à étudier?

«C'est surtout que j'aime les livres.»

Pour lui, c'était un bon résumé. Cela avait le mérite d'expliquer pourquoi il en savait si long sur des sujets pointus ou obscurs. Quand il s'ennuyait, il aimait prendre un ouvrage au hasard dans la bibliothèque pour le lire. Il se retrouvait ainsi parfois plongé dans un ouvrage d'architecture, ou encore dans un guide traitant de l'élevage des chiens de chasse. Celui-ci lui avait d'ailleurs donné des rêves étranges.

«C'est toujours très intéressant de voir les liens entre religion et politique à Karse. Rien n'évolue sans décret religieux là-bas. Enfin, je suis content de t'avoir aidé.»

Il regarda le Bleu s'étirer et bâiller avant de proposer qu'ils sortent prendre l'air. Yvelin eut l'air un peu gêné. Il n'avait pas l'habitude de "traîner" avec des gens.

«Euh... on peut sortir un peu si tu veux.»

Il jeta un coup d'œil à la table où étaient posées ses affaires. Elles ne risquaient rien ici, même s'il n'aimait pas trop l'idée de les perdre de vue. Par contre, il se devait de récupérer son instrument. Il était hors de question qu'il laisse son théorbe sans surveillance. Il retourna rapidement à sa table de travail et lança le vieil étui râpé sur son épaule avant de revenir vers le Bleu.

«Tu... tu veux aller où?»

Ewenn Trisgan

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Re : Vandalisation libresque
« Réponse #9 le: 14 septembre 2016, 16:47:30 »
Ewenn sourit, amusé, en imaginant la scène d’Yvelin chantant devant le Dragon pour tenter d’apaiser son courroux. Effectivement, ça pouvait être cocasse. Par contre le jeune homme ne fut pas étonné de la révélation du futur Barde de son amour pour les livres. Il faut dire, sans vouloir faire preuve de préjugés, qu’il avait la tête de l’emploi. Ewenn aimait bien ce genre de personnes, curieux par nature, qui n’hésitaient pas à se cultiver sur tout et n’importe quoi.

Le Rouge eut l’air gêné quand le jeune homme lui proposa d’aller faire un tour. Il était de nature assez sociable et oubliait souvent que tous les gens n’avaient pas la même facilité que lui à être à l’aise en société. Mais Yvelin finit par accepter sa proposition, pour le plus grand plaisir du Bleu qui avait quand même très, très envie de cette pause. Il réfléchit un instant lorsque l’apprenti lui demanda où est-ce qu’ils allaient.

-Hum… Un casse-croûte en cuisine, ça te dit ? Je pense que le ventre un peu rempli, l’inspiration viendra toute seule !

Une grimace amusée se dessina sur le visage d’Ewenn qui rassembla ses affaires pendant que son compagnon récupérait son instrument. Bon de toute façon, il y avait peu de monde qui risquait de lui voler sa dissertation, il pouvait donc la laisser ici en toute tranquillité, surtout vu son état ! A la vue de son étui, le jeune homme se promit de demander au futur Barde de lui jouer un petit quelque chose. Il était toujours fasciné par ce Don que possédaient tous les apprentis du Collegia et ne se lassait pas de les découvrir. Les deux garçons partirent donc en direction des cuisines laissant là feuilles et plumes, vers un goûter bien mérité.

RP CLOS