Auteur Sujet: [Enora/Fitz] Tu sais ce que je lui dis à ta colombe?  (Lu 2654 fois)

Fitz

[Enora/Fitz] Tu sais ce que je lui dis à ta colombe?
« le: 13 octobre 2016, 18:24:48 »
Fin de la 9e décade d'été 1484 - grande salle du Palais

Enora s'était approché de lui, alors que dans chaque coin de la salle les groupes se formaient pour discuter. Il accueilli la blanche avec un sourire.

"Enora ! Pardon, Heraut Enora. Ravi de te voir. Tu es rentrée depuis quand ? "

Oui bien sûr que lui n'était pas content, et il ne s'était pas caché pour le montrer, et bientôt tous les dirigeants le sauraient. Après tout, si il était si important que cela, il pouvait bien faire sa diva et ses caprices de temps à autre. Ca leur ferait les pieds.

"Ho tu sais... C'est surtout que j'enrage de pas avoir pu me battre durant cette guerre, alors que cela me démangeait furieusement. J'ai été foutu à l'écart, et voilà que les combats sont finis. Avoue que c'est énervant."

Il fit craquer ses épaules, son cou, et l'intégralité de son squelette. Il avait besoin de se défouler, clairement, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il en aurait l'occasion.

"Mais ce n'est pas bien grave, ne t'inquiète pas. Et toi. Comment s'est passé ta probation alors ? J'ai été loin de Haven, je n'ai eu que très peu de nouvelles de gens d'ici, raconte moi un peu"
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Héraut Enora

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Re : [Enora/Fitz] Tu sais ce que je lui dis à ta colombe?
« Réponse #1 le: 18 octobre 2016, 04:27:15 »
Enora secoua la tête quand Fitz se reprit.

"Pour toi je serai toujours Enora, pas besoin de titre entre amis, je suis quasiment la même qu'avant de toute façon."

Elle s’abstint de lui faire un clin d'oeil ou de mettre trop d'humour dans sa réponse, elle sentait que son ami avait besoin d'autre chose. Et elle comprit ensuite, enfin, elle pouvait avoir une idée de ce qu'il ressentait.

"Oui, je pense que je peux m'imaginer, même si au final sur ce point, je crois que nous serons toujours différents. Je comprends que c'est énervant d'être mis à l'écart, de ne rien pouvoir faire pour aidé nos camarades, nos frères et soeurs d'armes.  Par contre, je dois bien t'avoué que le moins j'ai besoin de tuer, le mieux je me porte. Je n'aime pas enlever la vie à quelqu'un."

Elle ne regretterait jamais de le faire quand c'était absolument nécessaire, mais contrairement à Fitz, elle ne retirait aucune satisfaction après avoir tué quelqu'un. Elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle savait que tout comme elle, il comprenait la valeur d'une vie, mais il était différent sur ce point.

"Sinon, ma probation s’est bien passés, on a eu des accros et j'ai eu bien de la difficulté à me débarrasser de certains traits de caractère, mais je crois que j'ai réussi à trouver un certain équilibre dans tout cela. J'ai fait des erreurs, aussi, et je les regretterais encore longtemps... mais ce genre de chose ne me hante plus comme autrefois."

Cependant, comme chaque fois qu'elle en parlait, il y avait de la tristesse et du regret dans sa voix. Rien à se rendre malade comme anciennement. Mais elle ne pourrait jamais se défaire complètement de ce trait qui faisait qu'elle était elle. Vouloir faire mieux, avoir de la compassion et le sens du devoir. Se sentir responsable des vies et des erreurs. Juste qu'elle ne laissait plus cela la handicaper ou l'emprisonner. Elle allait de l'avant.

"Et toi ? Ils t'ont certainement pas casé quelque part dans du coton à ne rien faire quand même. Où est-ce qu'il t'ont envoyé ?  Qu'a tous fait ses 3 dernières années ?"

Fitz

Re : [Enora/Fitz] Tu sais ce que je lui dis à ta colombe?
« Réponse #2 le: 26 octobre 2016, 05:18:15 »

"Ce n'est pas tant tuer qui m'a manqué, même si il n'y a rien de comparable à la fureur du combat. Non. C'est d'être là pour mes hommes, pour la couronne, faire ma part."

Il soupira, et se mit à sourire

"Je suis taillé pour me battre. Une fois sur un champ de bataille c'est… Je n'ai plus rien du capitaine. Je fonce, hache au clair, rien ne m'arrête. Je ressors toujours avec des blessures sur tout le corps, de nouvelles cicatrices, mais en ayant accompli ce que je devais accomplir. Je suis fait pour cela. Plus ils me frappent, plus je frappe fort. Je ne dis pas que je gagne des guerres à moi seul, je dis juste qu'une fois lâché dans la mêlée, je suis comme un rocher lancé du haut d'une pente. Je compense mon agilité par la fureur, et cela effraie l'ennemi."

Cela lui manquait oui. Il ne pouvait pas le cacher, il aimait cette sensation, cette sorte de rage qui s'emparait de lui, c'était mécanique, simple, comme respirait.

"Mais cette fois je n'étais pas là. Et mes hommes n'ont pas ma capacité à supporter les coups. Sans moi… Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus encore. Je les ai bien entraînés, je le sais, mais ils n'ont pas ma résistance. Ne pas avoir été là pour les aider me bouffe.

Ils étaient une troupe bien rodée, une unité de spécialiste, on les envoyait pour saboter, détruire les lignes ennemis. Une fois lâchés dans le camps adverses c'était un massacre, ils étaient formé à cela. Mais cette mécanique bien huilée tournait autour d'une détail important: la capacité de leur chef à résister au coup, et sa férocité au combat qui insufflait de la peur.  Il est plus facile de saboter, ou détruire, une arrière ligne, quand on a à sa tête un homme qui reste debout après chaque blessure. Mais sans lui ?

"L'équilibre. Notion capitale, surtout pour un héraut ! Je suis content que tu t'en sois sorti, et encore plus que tes erreurs ne te hantent pas. Cela ne servirait à rien. Tu sais ce qu'on dit sur l'évolution ? L'évolution a façonné l'homme avec un seul outil: l'erreur. Il faut apprendre d'elle et non pas la ressasser."

Du coton? Presque, quand il repensait à ses deux ans cela lui semblait finalement… Bien loin.

"Oui et non. On m'a envoyé dans les plaines de Dorisha, pour apprendre à maîtriser ma nature. Pour apprendre à maîtriser ce qu'on m'a offert. L'entrainement n'était pas simple, je ne dirai pas ça. Mais d'un autre côté je rentrais tous les soirs retrouver ma femme, je dormais au chaud, et j'avais un bon repas qui m'attendait chaque jour. Donc oui par rapport aux hommes au front, j'ai été épargné, protégé. Et même si j'étais là bas pour apprendre, cela ne m'empêche pas de penser, qu'au fond, on m'a éloigné du front car j'étais trop…. Précieux. Moi le protecteur je suis devenu l'objet à protéger. N'est-ce pas ironique ?"

Ho si cela était ironique, et dans d'autres situations, Fitz en aurait apprécié toute la saveur. Aujourd'hui, elle lui semblait juste être un fruit un peu amère qu'on mange pour faire plaisir à son hôte.

"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

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Re : [Enora/Fitz] Tu sais ce que je lui dis à ta colombe?
« Réponse #3 le: 07 novembre 2016, 18:12:14 »
Enora avait écouté en silence ce que Fitz avait à dire. Il en avait gros sur le cœur, des inquiétudes, de la honte, et du ressentiment. Elle comprenait en partie son sentiment, être mis à l'écart, même avec le meilleur raison du monde, laisse un goût amer à ceux qui comme eux, sont taillés pour l'action, qui ont un sens aussi aigu de la communauté et des responsabilités.  Mais elle commence à bien connaitre la couronne de Valdemar. Non pas personnellement, mais dans leur décision, dans leur manière de faire. Et surtout, son entrainement et son expérience de flèche lui ont appris quelque chose de capital. Même sans être au front en train de faire quelque chose qui semble vital sur le coup, peut-être un important et vital à long terme. Même quand on fuit le combat, on accomplit parfois quelque chose de capital qui sauve des vies.

Mais elle comprend aussi parfaitement le sentiment qu'à vécu et vit son ami. La frustration de se sentir inutile, d'avoir l'impression qu'on a abandonné ses camarades, qu'on à été mis de côté.

"Fitz, je comprends ce que tu vis, ta frustration. Être mis à l'écart, être impuissant quand on sait que nos amis, nos camarades sont en train de se battre et pas nous, c'est dur, ça nous ronge de l'intérieur."

Elle savait, elle avait du apprendre à vivre avec ça chaque fois qu'elle allait au front porté des missives ou en chercher, chaque fois qu'elle devait laissé derrière elle un village en train de se faire attaqué, ou ignoré des brigands ici ou là pour continuer sa mission qui était plus importante.

"Mais s'il y a une chose que je sais, c'est que ton éloignement n'était pas pour te protéger. S’ils t'ont éloigné de la guerre, c'était parce qu'aux yeux de la couronne ton apprentissage, et non ta personne, était plus important, plus capital que de t'avoir au front. Que se passerait-il si vient le jour ou tu es absolument nécessaire tu ne contrôles pas ce que tu es, ce cadeau en toi... Alors à quoi tout cela aurait-il servi ? Oui, des gens qu'on connait son mort au front, mais que tu y sois aller les aurait peut-être sauvé, c'est vrai... mais à quel prix dans le futur ?"

Elle se déteste un peu de dire tout ça de cette manière, mais elle est son amie, et elle le comprend tellement. C'est le plus gros apprentissage que son mentor lui es inculqué, et celui qui a été à la fois le plus douloureuse et le plus nécessaire. Elle hait encore cette partie d'elle qui suit désormais cette logique, qui laisse derrière ses camarades pour accomplir la mission, au détriment de leur vie. Mais c'est nécessaire pour sauver plus grand encore que quelque personne.