Auteur Sujet: [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle  (Lu 4605 fois)

Molly

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[Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« le: 24 mars 2020, 22:05:02 »

1ère décade d'été 1485



Elle était restée. Malgré tout ce qui avait pu se passer, tout ce qu’elle avait pu dire, elle était restée. Peut être à cause des cris des enfants qui remplissaient les couloirs du collégium.

C’était tricher elle avait toujours eu de la tendresse pour les jeunes, elle aimait leur spontanéité, leur facilité, leur joie de vivre. C’était sa bouffée d’oxygène.

Loin de toute la petitesse et les manigances des adultes. Pas qu’elle ne s’en sortait pas dans ce domaine, bien au contraire, elle y nageait comme un poisson dans l’eau. Et même si elle avait promis d’être sage pour pouvoir réintégrer le collégium, ça ne l’empêchait pas de jouer avec la limite.

Après tout c’était dans son contrat avec Rianon !

Alors Molly trainait, dans les couloirs, laissant trainer ses oreilles à droite et à gauche. Elle choppa un page par le col qui courrait trop vite à son goût, et le rhabilla correctement avant de le laisser partir

– Un page se doit TOUJOURS d’être présentable mon garçon. Un chanteur passable sera toujours plus apprécié s’il est bien habillé, qu’un bard habile habillé comme un sac de fourniture.

Son furet la précédait, effrayant les jeunes filles qui n’avaient jamais vu des animaux de ce type, ce qui faisait inlassablement sourire Molly.

S’approchant d’une porte pourtant, un fredonnement l’arrêta net. Il y avait quelque chose de clair, de pure, de beau. Quelque chose de simple et de pourtant si… Fort ?

Il fallait qu’elle en ait le cœur net.

La barde poussa donc la porte pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Une jeune femme dansait, elle dansait comme s’il n’existait qu’elle. Ce qui était d’ailleurs le cas dans cette pièce. Mais ça allait plus loin. Elle était le mouvement, de son corps émanait une aura à nul autre pareil. Cette danse venait de plus profond qu’un enchainement travaillé. Elle était naturelle.

Kis’trach entra à son tour dans la pièce et d’un mouvement rapide vint se caler dans le cou de sa maitresse. Molly quant à elle referma délicatement la porte avant de s’adosser au mur de la pièce, dans sa robe rouge à la coupe serrée, elle ne bougeait plus, elle attendait. Les yeux clos, sa voix s’harmonisa au fredonnement de la jeune danseuse pour bientôt ne faire plus qu’une seule voix, un seul ton. Doucement, elle poussa la puissance de sa voix, crescendo, sans brusquer, de peur de couper la danse de la jeune femme, elle emmenait la voix de la jeune femme avec elle, la guidait, l’englobait. A tel point qu’à un moment, leurs voix emplissaient la pièce, résonnant entre les murs. Molly ne quittait pas la danseuse des yeux, admirant le talent dont elle faisait preuve. Et cette gamine en avait du talent.

Et puis elle rompit le chant, plus un son. D’un seul coup le silence.

– Jeune fille, je savais que le collégium regorgeait de talent, je ne pensais pas en voir un aussi impressionnant en action. Vous êtes une danseuse hors pair !

Elle se déplaça vers elle, lentement et avec grâce.

– Mais je ne me suis pas présentée. Je suis Molly, barde de mon état.
« Modifié: 25 mars 2020, 20:24:42 par Molly »

Tallulah

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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #1 le: 25 mars 2020, 14:51:18 »
Quatre années. Quatre années que la fillette qu'elle était en débarquant ici, à Valdemar, arpentait les allées du Collegium des Bardes, à présent. Quatre années où elle avait tant appris, à commencer par la langue valdemarane, et à ne plus se prendre les pieds dans le tapis en permanence. Il lui arrivait encore, parfois, de rester distraite et de se retrouver à terre, mais moins que lorsqu'elle était plus jeune. Chaque jour, elle se montrait aussi assidue qu'elle avait promis de l'être lors de son audition. Chaque jour, elle remerciait les Dieux de l'avoir menée ici, malgré le déchirement que l'abandon de sa famille avait représenté.

Ici, où elle pouvait être elle-même sans craindre de représailles. Ici, elle avait appris à explorer l'univers musical qui la passionnait tant comme elle n'aurait jamais pu imaginer de le faire auparavant. Ici, elle pouvait se laisser transporter par la musique, danser, chanter...

Et ici, elle ne se sentait plus seule.

Elle avait trouvé une nouvelle famille. Qui acceptait, non, encourageait son amour de la musique, et lui offrait plus de merveilles qu'elle n'en avait pu voir pendant les douze premières années de sa vie. Bien entrée dans l'adolescence, elle eût pu devenir une de ces enfants rebelles et réfractaires à toute forme d'autorité, mais la puberté n'avait pourtant pas eu raison de son caractère docile, ni de sa bonne humeur à toute épreuve. Au contraire, il semblait même qu'elle rayonnait davantage de joie de vivre à mesure que les années passaient.

Tal' profitait d'une marque de loisir pour occuper une salle de danse, et laisser libre cours à sa Créativité. Danser l'avait toujours rendue heureuse, et il lui semblait que le soleil illuminant les journées estivales la faisait rayonner davantage encore. Et laisser irradier cette joie de vivre qui la caractérisait n'était pas seulement un désir, presque une nécessité. Alors dans cette salle vide, elle avait commencer à fredonner un air joyeux, avant de se mettre à danser, les yeux tout d'abord fermés. Des mouvements souples et gracieux, d'abord lents, et puis l'entrain avait pris le dessus, et sa mélodie s'était accélérée, de même que ses pas. Elle dansait son bonheur et la lumière qui emplissait son coeur.

Et puis une voix vint accompagner la sienne, d'abord faiblement, puis emplissant davantage la pièce. Si tout d'abord, la voix inconnue s'était fondue à sa mélodie, l'adolescente comprit bien vite qu'elle prenait les rennes, et se laissa guider par la mélodie qui l'enveloppait. Elle mêlait sa voix à celle de l'autre, dansait au rythme de ses intonations. Leurs harmonies résonnaient dans la pièce, l'enveloppant toute entière, la conduisant dans une danse effrénée.

Et puis le silence, presque trop brusque, et après un dernier pas gracile, la brune, avait fini par s'agenouiller et croiser les bras autour de ses jambes, sa longue chevelure tombant devant elle.

– Jeune fille, je savais que le collégium regorgeait de talent, je ne pensais pas en voir un aussi impressionnant en action. Vous êtes une danseuse hors pair !

La femme rousse qui l'avait accompagnée s'approcha avec grâce, tandis qu'elle se relevait, et inspirait profondément, comme on reprend de l'air après avoir passé un moment sous l'eau.

– Mais je ne me suis pas présentée. Je suis Molly, barde de mon état.
- Vos couleurs vous trahissent, fit la jeune fille avec un sourire. Enchantée Molly. Je suis Tallulah. Et vos compliments me touchent beaucoup. 

Si elle avait gagné en aisance concernant la langue valdemarane au cours de ses années d'apprentissage, elle conservait un accent exotique qu'elle peinait à faire disparaître malgré ses efforts. En revanche, son sourire radieux et ses yeux brillants témoignaient de son bonheur et de sa sincérité.
UC

Molly

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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #2 le: 25 mars 2020, 16:10:59 »
Molly pencha légèrement la tête lorsque la jeune fille se mit à parler, un léger sourire aux lèvres.

- Vous n’êtes pas d’ici. Votre accent vous trahit à son tour, tout autant que mes couleurs.

Elle tourna autour de la jeune fille, la regardant de toute sa hauteur, et sous toute les coutures. Qu’elle âge avait cette jeune femme ? 15 ou 17 ans, à peine. Et même s’il lui restait beaucoup à apprendre, Molly ne pouvait qu’admirer la simplicité avec laquelle ses pas s’étaient enchainés, ce qu’elle avait réussit à en dégager. Ce timbre de voix, couplé à sa danse, était hypnotique, elle irradiait ses sentiments, elle irradiait littéralement toute la pièce.

- Je suis navrée d’être intervenue, mais je n’ai pas pu m’empêcher de participer. Ce que vous dégagiez tout à l’heure avait quelque chose d’envoûtant. Cela semblait naturel, instinctif, puissant. Je ne suis pas certaine que vous vous rendiez compte à quel point votre don avait envahi cette pièce.

Kis’trach ouvrit un œil, s’étira, et descendit le long de sa maitresse pour aller renifler la jeune fille. D’un claquement de langue désapprobateur, Molly fit remonter le furet qui retourna se mettre en boule en se frottant à son visage.

-Désolé pour ça, il lui arrive d’être… Indiscret. elle caressa délicatement le furet avant de se concentrer de nouveau sur Tal Mais faisons fi des conventions, je vais me permettre de te tutoyer, c’est plus simple, et si cela ne te dérange pas. Tu peux bien sûr me tutoyer en retour. Dis-moi Tallulah, depuis combien de temps es-tu ici ? Et surtout depuis combien de temps danses-tu ainsi ?

Molly semblait réellement intriguée par la jeune fille. La plupart des bardes réfléchissaient en permanence. Trop au goût de Molly, oubliant un peu leur sens premier, l’instinct de la chanson, de la danse. Ils oubliaient qu’ils avaient eux aussi parfois, juste besoin de communier avec leurs propres sentiments. Mais pas Tal. Tal laissait libre court à ce qu’elle ressentait, elle laissait tout s’échapper. C’était beau. Dangereux aussi surement. Mais beau. Et surtout tellement spontané. Et Molly adorait la spontanéité.

Tallulah

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #3 le: 25 mars 2020, 16:48:52 »
- Vous n’êtes pas d’ici. Votre accent vous trahit à son tour, tout autant que mes couleurs.

Tal sourit. Elle ne se formalisait pas qu'on repérât ses origines exotiques. Plus, toujours. Au départ, elle craignait que ça ne lui attirât des ennuis, et rechignait à laisser la conversation s'éterniser sur sa provenance. Elle n'aimait toujours pas parler de son passé, mais elle était étrangère à Valdemar de par sa naissance, et elle avait fait la paix avec cet état de fait. Alors la mention de son accent ne fit que cet effet, la faire sourire en retour, là où, plus jeune, elle eût sans doute baissé le nez sur ses chaussures, embarrassée.

Le mouvement de la femme lui tournant autour la mit quelque peu mal à l'aise, néanmoins, et elle suivit du regard et de la tête, son déplacement circulaire, se demandant ce qu'elle pouvait bien chercher à voir. 

- Je suis navrée d’être intervenue, mais je n’ai pas pu m’empêcher de participer. Ce que vous dégagiez tout à l’heure avait quelque chose d’envoûtant. Cela semblait naturel, instinctif, puissant. Je ne suis pas certaine que vous vous rendiez compte à quel point votre don avait envahi cette pièce.
- Mmmh... Je ne sais pas. Je ne me pose pas trop la question dans ces moments-là...

Le petit manège du furet, en revanche, lui tira un nouveau sourire, même si le claquement de langue désapprobateur de sa maîtresse le rappela à l'ordre. Elle trouvait la bestiole mignonne, bien qu'il ne lui eut guère été donné d'occasion d'en voir de telle jusqu'à présent. Et il semblait apprivoisé, aussi ne s'en inquiétait-elle pas.

- Désolé pour ça, il lui arrive d’être… Indiscret.
-  Oh ! Il ne me dérange pas ! s'exclama-t-elle aussitôt, guère certaine d'avoir été écoutée, cependant, comme la rousse reprenait déjà la parole.
- Mais faisons fi des conventions, je vais me permettre de te tutoyer, c’est plus simple, et si cela ne te dérange pas. Tu peux bien sûr me tutoyer en retour. Dis-moi Tallulah, depuis combien de temps es-tu ici ? Et surtout depuis combien de temps danses-tu ainsi ?
- Je suis ici depuis... un peu plus de quatre ans. Et j'ai toujours dansé, je crois, mais ça n'intéressait personne avant...

Elle était un peu surprise de l'intérêt notable de cette personne qui lui restait étrangère, trop habituée à n'être que la petite fille étrange, la petite page, ou une aspirante comme les autres.
UC

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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #4 le: 25 mars 2020, 17:30:01 »
- Et c’est ça qui est merveilleux, ne pas se poser de question c’est un peu le début de la liberté.

Elle était rafraichissante. Et cela faisait du bien à Molly, cela la faisait même sourire. Elle partit s’assoir sur des bancs de la pièce. Une fois posée, les jambes croisées, un coude sur le genou, la tête dans la paume de la main elle braqua son regard sur Tal, toujours en souriant. 

- Tant mieux si Kis’trach ne te dérange pas, il peut être envahissant, et certains apprentis du Collégium en ont peur. Tu es donc là depuis 4 ans. Tu as dû avoir pas mal de cours alors ? Quel est la matière que tu préfères ? La danse ? Le chant ? Un instrument peut être ?

Elle invita d’un geste de la main Tal à venir s’assoir à côté d’elle. Avait-elle seulement conscience de son don de barde ? Avait-elle seulement conscience du pouvoir qu’elle avait ?
Et Molly ? Est-elle vraiment la mieux placée pour en parler avec elle ?
Après tout elle avait été cette fillette, il a plusieurs années. Alors certes elle n’avait pas tout de suite eu recours au collégium des bardes, mais elle savait ce que c’était de découvrir ce pouvoir, de découvrir son étendu. Ce qu’il pouvait provoquer.

- J’ai deux autres questions pour toi.. Prends le temps de me répondre avec tes mots, et ton ressenti d’accord ? Premièrement Tal, pour toi, que signifie être Barde, quel est notre rôle dans ce monde ?

La deuxième question de Molly était plus délicate, elle rentrait directement dans le vif du sujet avec la jeune fille. Ce qui l’avait poussée à ouvrir cette porte, à l’accompagner, et maintenant à la détailler avec autant d’insistance.

- Et enfin, que t’a-t-on appris sur le don des Bardes ? elle fit un geste de la main pour demander à Tal d’attendre avant de répondre à cette question Cette question n’est pas sans fondement. Tu as un don puissant Tal, je veux savoir ce qu’on t’a dit à ce sujet, ce qu’on t’a appris, ce que tu sais, et surtout si tu en as seulement conscience.

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #5 le: 25 mars 2020, 18:11:37 »
- Et c’est ça qui est merveilleux, ne pas se poser de question c’est un peu le début de la liberté.

La liberté. Oui, c'était tout à fait ça. Quand elle se laissait aller comme ça, elle était libre, et ça lui procurait un immense sentiment de bonheur. Elle n'aurait laissé sa place ici pour rien au monde.

Quand Molly, donc, s'éloigna pour s'asseoir sur un des bancs, Tallulah suivit le mouvement, docile, et s'installa comme une enfant sage, les genoux côte à côte et les doigts croisés sur ses jambes fines. Elle observait son interlocutrice, et l'apparente désinvolture de sa posture qui contrastait avec le regard qu'elle posait sur elle.

- Tant mieux si Kis’trach ne te dérange pas, il peut être envahissant, et certains apprentis du Collégium en ont peur. Tu es donc là depuis 4 ans. Tu as dû avoir pas mal de cours alors ? Quel est la matière que tu préfères ? La danse ? Le chant ? Un instrument peut être ?
- La danse, oui. Et le chant ensuite. Je suis moins douée avec les instruments.

Simple constatation, ses efforts restaient moins récompensés quand elle n'utilisait pas les capacités directes de son propre corps, elle en restait consciente. Et ça n'avait rien d'un secret, aussi ne voyait-elle aucune raison de ne pas répondre à la Barde.

- J’ai deux autres questions pour toi... Prends le temps de me répondre avec tes mots, et ton ressenti d’accord ? Premièrement Tal, pour toi, que signifie être Barde, quel est notre rôle dans ce monde ? Et enfin, que t’a-t-on appris sur le don des Bardes ? Cette question n’est pas sans fondement. Tu as un don puissant Tal, je veux savoir ce qu’on t’a dit à ce sujet, ce qu’on t’a appris, ce que tu sais, et surtout si tu en as seulement conscience.

Comme elle le lui avait suggéré, et comme le geste joint à la parole le soulignait, la brunette prit le temps de réfléchir à sa question. Le Don des Bardes, elle en entendait parler en classe, en long, en large et en travers. Et dès son premier pas dans ce monde, on lui en avait donné une définition assez parlante.

- On m'a dit quand je suis arrivée que le don des Bardes permettait de faire vivre les émotions. De jouer avec les émotions. Je crois que c'est assez parlant pour... ce qu'on peut faire. Mais je visualise mal l'usage... disons politique qu'on peut en faire.

Elle avait bien compris qu'il y avait cette partie du Don, mais appréhendait difficilement ce rôle, la politique n'étant pas vraiment un sujet qui l'intéressât plus que ça. Elle imaginait ça comme manigance et mesquineries, et ça ne lui plaisait guère. C'était les cours théoriques sur lesquels elle peinait le plus, parce qu'ils s'éloignaient bien trop de sa nature.

- Je sais que je possède le don à un bon niveau, mais je suis encore loin de le maîtriser parfaitement. C'est... compliqué. C'est comme si je mettais une partie de moi en prison. Alors souvent, je viens comme ça profiter de quelques minutes de liberté. Pour ne pas tout laisser exploser.

Tal était instinctive. Elle sentait bien que tout les cours qui visaient à maîtriser, canaliser son don, pouvaient avoir tendance, comme elle ne les maîtrisait pas parfaitement, à contraindre un peu trop ce pouvoir qu'elle ne soupçonnait même pas en arrivant. Lâcher prise, de temps en temps, lui faisait du bien, et elle avait le sentiment que c'était la chose à faire si elle ne voulait pas tout voir éclater au visage de ceux qui l'entouraient.
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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #6 le: 25 mars 2020, 18:53:08 »
– Danse et chant. Je ne suis pas étonnée. L’instrument ça viendra, comme le reste, prends ton temps. Tu en trouveras un qui te conviendra. Pour certains bardes il faut parfois du temps pour pouvoir trouver l’instrument qui s’accord avec leurs dons. Ton don a toi est… Virevoltant, frais, il est logique que tu n’aies pas encore trouvé l’instrument qui te conviennent parfaitement. Prends le temps, ne te presse pas.

Le reste de la discussion laissa cependant Molly songeuse. Politique. Oui c’est vrai, le don des bardes pouvait être utilisait à ces fins-là, c’est pour cela qu’on les courtisait tout autant qu’on les craignait. Mais pas seulement. Elle adressa cependant un sourire franc à Tal quand elle parla de son don à « bon niveau ».

- Ton don est exceptionnel car il est pure. Instinctif. Bien sûr tu dois apprendre à le contrôler à faire attention, mais ton don est puissant, garde ça en tête.

Et Molly secoua la tête en souriant.

- Et oui, nous sommes utilisés à des fins politiques, parfois, souvent, même si notre éthique nous interdit de nous servir trop de notre don, il a une puissance que beaucoup convoitent, et craignent. Nous pouvons faire tourner cours une négociation, ou au contraire permettre à une négociation mal partie de se concrétiser.

Comment expliquer cela simplement.

- Tiens prends l’exemple de deux paysans. Ceux-ci n’arrivent pas à s’entendre sur à qui appartient le champ dans lequel l’âne broute. De toute façon aucun des deux ne sait à qui appartient l’âne. Les deux paysans en arrivent bientôt aux mains, et cela risque fort de finir par un meurtre. Maintenant, imagine un barde itinérant, qui était dans le coin. Que se passe-t-il ? Notre don nous permet de calmer la situation, pour qu’ils puissent y réfléchir à têtes reposées, ou tout simplement d’augmenter la tension pour provoquer l’irréparable.

Et ce serait surement ce qu’on demandera à cette pauvre petite, à un moment décider de l’émotion qu’elle doit donner à des personnes qu’elle ne connait pas.

- Instinctivement, tu projettes tes émotions. Ton chant et ta danse toute à l’heures, ont empli l’air d’une joie de vivre, et d’exister qui se ressentait jusque dans les couloirs du collégium. Vu comme cela, c’est positif nous sommes d’accord. Mais demain ? Tu deviens une femme, petit à petit, et un jour tes émotions ne seront plus « que » joie, ou bonheur, tu connaitras des peines. Je ne te le souhaite pas ! Loin de moi cette idée. Mais il faudra alors que tu apprennes à te contrôler.

Molly prit une profonde inspiration, et posa Kis’trach entre elle et Tal.

-Désolé mon ami murmura-t-elle puis regardant Tal elle reprit Regarde bien le furet

Molly se mit à fredonner, doucement sans monter la voix.
Son mezzo puissant ne nécessitait de toute façon pas de beugler pour envahir l’espace. Sa voix était partout, et pourtant semblait dirigeait vers le furet qui ne bougeait pas, a moitié endormi.

Puis la voix changea, non pas la voix, l’aura de Molly. Son fredonnement devenait plus inquiétant, plus lourd, plus menaçant. Le ton n’avait pas changé, mais la façon dont elle l’utilisait n’était pas la même. Elle modulait son aura plus que sa voix, et le Furet se mit à remuer, frénétiquement, cherchant un endroit où se cacher, semblant perdu, désemparé.

Cela ne dura pas, l’aura changea de nouveau, plus proche de celle dégagée par Tal, il en ressortait un sentiment de plénitude, comme si la nature elle-même avait composés le son, Kis’trach bailla, s’étira le dos comme s’il sortait d’un mauvais rêve, et braqua ses yeux pleins d’amour sur sa maîtresse qui arrêta la chanson

::Pas gentil, pas aimé
::Désolé Kiki je devais lui montrer.


- Ne t’inquiète pas pour Kis’trach, il a accepté depuis longtemps d’être en partie un déversoir de mes émotions, c’est même de son fait à lui. Lorsqu’il me sent énervée, il vient me voir pour que je puisse me recentrer et régler le problème sans être submergée par mes propres émotions. Et il me le fera payer cette nuit en me mordillant les doigts de pied pendant que je dors. Quant à ton don… Tu dois te servir de tes émotions, de ce que tu connais-toi, tu peux difficilement projeter quelque chose que tu n’as jamais vécue. Pour l’instant tu connais la joie de vivre, tu vis dans l’instant présent, et tu projettes, ce que tu connais, maintenant, ce que tu vis maintenant. Plus tard, tu apprendras à projeter des sentiments que t’apportent des souvenirs, des choses parfois douloureuses, triste, gênante, et j’en passe.

Le cours semblait magistrale pour une jeune femme qu’elle rencontrait à peine, alors Molly lui sourit, de son plus grand sourire en plissant des yeux,

- Je ne veux pas t’effrayer Tal, je suis désolée si c’est le cas. Tu as un don, un don puissant, et naturel. Comparé à d’autres bardes il te faudra très peu d’effort pour le déployer, tu me l’as montré tout à l’heure, malgré toi, mais tu me l’as montré. Il était de mon rôle d’ainée, de venir m’entretenir avec toi, et je serai prête à répondre à toutes tes questions.
« Modifié: 25 mars 2020, 18:57:16 par Molly »

Tallulah

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #7 le: 26 mars 2020, 16:05:13 »
Tallulah se sentait épiée, et elle ne savait pas trop sur quel pied danser. Epiée, et un peu soumise à un drôle d'interrogatoire auquel elle ne s'était pas attendue. Elle ne pensait pas avoir commis d'erreur si lourde qu'on la châtie de la sorte, aussi prenait-elle cette conversation pour ce qu'elle était, une conversation fortuite, mais la teneur des propos de la Barde confirmée l'angoissait quelque peu.

– Danse et chant. Je ne suis pas étonnée. L’instrument ça viendra, comme le reste, prends ton temps. Tu en trouveras un qui te conviendra. Pour certains bardes il faut parfois du temps pour pouvoir trouver l’instrument qui s’accorde avec leurs dons. Ton don à toi est… Virevoltant, frais, il est logique que tu n’aies pas encore trouvé l’instrument qui te conviennent parfaitement. Prends le temps, ne te presse pas.

La brunette hocha la tête. Elle ne cherchait pas à se presser, mais savait qu'on attendait d'elle qu'elle finisse par choisir un instrument, pourtant à ses yeux, sa voix était déjà le parfait réceptacle de ses émotions. Et elle avait du mal à s'approprier ceux qu'elle avait eu l'occasion de tester au cours de ces quatre années, qui lui semblaient être des artefacts greffés de façon un peu trop artificielle à ses mains malhabiles. Sans doute l'habitude, la rousse avait certainement raison. Elle était plus expérimentée, et la jeune fille ne mettait pas en doute ses conseils. Elle se demandait simplement quel instrument pourrait correspondre à la description qu'elle venait de faire de son Don. La voix de son aînée la tira de ces pensées, et la ramena un peu trop durement à la réalité. Son Don n'était pas qu'une bénédiction qui lui avait ouvert les portes du Collegium, mais aussi une lourde responsabilité que ses frêles épaules n'étaient pas sûres d'être capables de porter.

- Ton don est exceptionnel car il est pur. Instinctif. Bien sûr tu dois apprendre à le contrôler à faire attention, mais ton don est puissant, garde ça en tête.

Une fois encore, elle hocha la tête.

- Et oui, nous sommes utilisés à des fins politiques, parfois, souvent, même si notre éthique nous interdit de nous servir trop de notre don, il a une puissance que beaucoup convoitent, et craignent. Nous pouvons faire tourner cours une négociation, ou au contraire permettre à une négociation mal partie de se concrétiser. Tiens prends l’exemple de deux paysans. Ceux-ci n’arrivent pas à s’entendre sur à qui appartient le champ dans lequel l’âne broute. De toute façon aucun des deux ne sait à qui appartient l’âne. Les deux paysans en arrivent bientôt aux mains, et cela risque fort de finir par un meurtre. Maintenant, imagine un barde itinérant, qui était dans le coin. Que se passe-t-il ? Notre don nous permet de calmer la situation, pour qu’ils puissent y réfléchir à têtes reposées, ou tout simplement d’augmenter la tension pour provoquer l’irréparable.

L'apprentie buvait les paroles de son interlocutrice, hochant parfois la tête. L'image était très parlante, elle se formait sans peine dans sa tête, et elle en imaginait les deux issues avec facilité. De quoi terroriser la fillette qu'elle avait été. Elle restait consciente du point que soulevait la Barde, cependant, bien qu'elle eût fermé les yeux sur l'irréparable dont elle pourrait un jour peut-être être responsable. Et ça, ça l'inquiétait un peu. Si elle ne parvenait pas à se canaliser suffisamment, et engendrait de tel drame ? Elle ne saurait se le pardonner.

- Instinctivement, tu projettes tes émotions. Ton chant et ta danse toute à l’heure, ont empli l’air d’une joie de vivre, et d’exister qui se ressentait jusque dans les couloirs du Collegium. Vu comme cela, c’est positif nous sommes d’accord. Mais demain ? Tu deviens une femme, petit à petit, et un jour tes émotions ne seront plus « que » joie, ou bonheur, tu connaitras des peines. Je ne te le souhaite pas ! Loin de moi cette idée. Mais il faudra alors que tu apprennes à te contrôler.

Une nouvelle fois, elle hocha la tête, mais fronça les sourcils, perplexe, quand elle vit la femme déposer son furet entre elles deux et lui présenter des excuses.

-Désolée mon ami... Regarde bien le furet.

L'animal semblait à moitié endormi, et Tal ne le quittait pas des yeux. Tout comme elle écoutait attentivement la mélodie qui emplissait la pièce. L'instant d'après, ce fut le grondement de l'orage qui résonna dans la voix de la rousse, et le furet s'éveilla parfaitement, pris de panique, cherchant sans doute un terrier pour se cacher. Et puis les sentiments dégagés par la mélodie changèrent encore, et la brune reprit son souffle, qu'elle n'avait pas remarqué avoir coupé, soulagée. Le furet s'étira de tout son long et bailla avant de se tourner complètement vers sa maîtresse. La démonstration était stupéfiante, et particulièrement parlante. Et l'adolescente, peinée pour le pauvre animal.

- Ne t’inquiète pas pour Kis’trach, il a accepté depuis longtemps d’être en partie un déversoir de mes émotions, c’est même de son fait à lui. Lorsqu’il me sent énervée, il vient me voir pour que je puisse me recentrer et régler le problème sans être submergée par mes propres émotions. Et il me le fera payer cette nuit en me mordillant les doigts de pied pendant que je dors.

Elle esquissa un léger sourire, guère rassurée en réalité concernant l'animal, quand bien même l'imaginer mordiller les orteils de cette femme à l'allure aussi fière avait de quoi la faire rire.

- Quant à ton don… Tu dois te servir de tes émotions, de ce que tu connais-toi, tu peux difficilement projeter quelque chose que tu n’as jamais vécu. Pour l’instant tu connais la joie de vivre, tu vis dans l’instant présent, et tu projettes, ce que tu connais, maintenant, ce que tu vis maintenant. Plus tard, tu apprendras à projeter des sentiments que t’apportent des souvenirs, des choses parfois douloureuses, triste, gênante, et j’en passe.
- Je n'ai pas vraiment envie de projeter ces choses-là... souffla-t-elle, le souvenir de l'abandon de ses parents, et de la dureté de son peuple d'origine se rappelant à sa mémoire.

Elle avait l'air pleine de joie de vivre et d'entrain, et oui, elle se concentrait sur le moment présent et sur ce bonheur sur lequel elle se focalisait chaque jour. Mais elle n'oubliait pas pour autant la petite fille incomprise et abandonnée qu'elle avait été.

- Je ne veux pas t’effrayer Tal, je suis désolée si c’est le cas. Tu as un don, un don puissant, et naturel. Comparé à d’autres bardes il te faudra très peu d’effort pour le déployer, tu me l’as montré tout à l’heure, malgré toi, mais tu me l’as montré. Il était de mon rôle d’ainée, de venir m’entretenir avec toi, et je serai prête à répondre à toutes tes questions.

Une fois de plus, elle sembla songeuse quelques secondes, et puis elle osa poser une première question, sans savoir si elle en poserait d'autres par la suite.

- Est-ce normal que j'aie ce sentiment de... me mettre en cage lorsque je suis les directives des professeurs et canalise mon Don ? Ce que vous avez vu tout à l'heure, c'est plus qu'une envie de danser, c'est un réel besoin. Je... ne me sens pas bien si je ne lâche pas la bride au moins un peu de temps en temps. Est-ce qu'on doit vivre tout le temps comme ça ?...

Ca lui semblait un prix bien lourd à payer, même si elle ne rejetterait ni son Don si son appartenance au Collegium pour ça. Elle n'était, surtout, pas certaine d'être capable de ne pas se laisser aller par moments sans exploser comme elle l'avait souligné juste avant, et craignait des conséquences plus lourdes encore si c'était le cas.
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Molly

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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #8 le: 26 mars 2020, 17:10:22 »
La barde soupira.  Bien entendu qu’elle n’avait pas envie de projeter ce genre d’émotions, bien entendu qu’elle voulait continuer à être insouciante, jeune et pleine de vie. Mais le temps viendrait bien assez tôt où elle se rendrait compte que parfois… Parfois nous n’avons pas le choix.

-Tu n’as pas envie pour l’instant. C’est normal. Mais ne les oublie pas pour autant. Ces sentiments apporteront de la nuance à tes compositions.

La question suivante par contre surpris Molly. Un oiseau en cage, l’image était belle. Quelque part c’était une des raisons de son propre départ. Ça et les rumeurs qui ont couru sur elle…

– Tu as encore tellement à apprendre… le sourire qu’elle adressa à la jeune barde avait quelque chose de mélancolique Je ne vais pas te mentir. Oui. Oui tu te sentiras parfois comme un oiseau en cage, privée de ce que tu es vraiment capable de faire, bridée dans ton talent, oui on te demandera de te contrôler, de toujours faire attention, baisser la voix, contrôler tes émotions, chaque émotions, mais…

Molly se redressa, déposant Kiki de nouveau sur le banc, elle se dirigea d’abord au centre de la pièce, et elle se mit à fredonner, un chant festif, qui semblait venir du plus profond d’elle, au fur et à mesure qu'elle avançait, son fredonnement se transforma en mélodie, puis en chant qui sembla emplir la pièce, et Molly se mit à bouger, à danser, danser en rythme avec son chant. Claquant des mains, tapant du talon, entraînant le monde avec elle comme s’il n’y avait qu’elle. C’était un chant puissant et instinctif, un mélange de passion et d’amour qui venait des tripes et se montrait au monde. Plus sa danse accélérait, plus sa voix devenait puissante, impérieuse. Sa robe serrée ne semblait pas l’encombrer plus que ça, ses mouvements étaient vifs, elle tournait, se penchait, virevoltait dans un rythme endiablé que sa voix lui imposait, les mains au-dessus de sa tête, claquant des paumes pour accompagner sa voix, le talon sec sur le sol qui appuyait son chant.
Sensuel et sauvage, ce qui caractérisait finalement le mieux Molly. Sa voix elle s’élevait, claire et enivrante, la pièce semblait tourner autour d’elle, et elle… Elle en était son centre. Uniquement de la joie, le bonheur de vivre.

Puis la chanson se calma et avec elle sa danse. La descente se fit en douceur, laissant petit à petit la place au silence.

… Tu ne dois jamais oublier ce qui te fait vibrer. Tant que c’est toi qui choisis ta cage, c’est toi qui en as la clef. Tu peux donc l’ouvrir à ta guise. Tu dois toujours avoir un endroit, un lieu, un ancrage qui te permette de t’exprimer.  Sans ça nous dépérissons, nous disparaissons. Nous avons des règles au collégium, tu les connais. Tu entendras sûrement que je les ai déjà enfreints, ça c'est pour la version courte, et que j'ai été bannie. Je suis revenue, et j’ai appris à suivre les règles, mais n’oublie jamais ce que tu es au risque de perdre cette petite étincelle qui te rend spéciale. Ne devient pas banale. Rien n’est pire qu’une barde « banale », sans saveur, sans émotions.


Kis’trach ouvrit un œil, et revint renifler la jeune fille, avant de se blottir sur ses genoux.


- J’ai l’impression que la bestiole t’aime bien. elle retourna s’assoir à côté de la jeune fille Ca peut être déroutant à ton âge toutes ces émotions. Je peux répondre à toutes les questions que tu te poses. Sans aucun filtre, ni mensonge. Absolument toutes.

Molly se retrouvait un peu dans cette insouciance. Elle avait été laissée seule avec son don enfant, sans qu’on lui en explique les tenants et les aboutissants, et elle était arrivée au collégium bien trop tard, on lui avait imposé des règles qu’elle n’avait jamais eu jusque-là, et elle avait découvert la vilenie des hommes avant d’être calomniée puis répudiée. Les gens avaient toujours peur d’un don qu’ils ne maitrisaient pas, et encore plus quant il est dans les mains d’une personne qui ne ressemble pas assez aux autres. Elle avait été salie, par des gens mal intentionnées. Peut-être était-ce un peu pour tout ça qu’aujourd’hui elle avait ouvert cette porte pour parler à cette jeune femme.

Tallulah

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #9 le: 27 mars 2020, 13:55:53 »
Tallulah baissa la tête. Elle n'avait pas envie de repenser au passé, préférait se concentrer sur le moment présent qui la remplissait de joie. Pourtant, elle écoutait attentivement son aînée, et les conseils apportés, les exemples qu'elle lui montrait.

-Tu n’as pas envie pour l’instant. C’est normal. Mais ne les oublie pas pour autant. Ces sentiments apporteront de la nuance à tes compositions.

Peut-être. Peut-être que ce pourrait être bénéfique à terme. Mais pour l'heure elle n'y voyait que les souvenirs douloureux qu'elle gardait plus volontiers enfouis dans un petit coin de sa mémoire. Elle ne les oubliait pas pour autant, elle en aurait été bien incapable, mais elle refusait de se laisser son esprit vagabonder vers eux.

– Tu as encore tellement à apprendre… Je ne vais pas te mentir. Oui. Oui tu te sentiras parfois comme un oiseau en cage, privée de ce que tu es vraiment capable de faire, bridée dans ton talent, oui on te demandera de te contrôler, de toujours faire attention, baisser la voix, contrôler tes émotions, chaque émotion, mais…

La brune ne put s'empêcher d'échapper un soupir découragé. Ca n'avait rien de particulièrement attrayant que de savoir que ce contrôle qu'elle s'efforçait de maintenir et qui lui donnait cette impression d'emprisonnement devrait faire partie de son quotidien. Mais la rousse se leva, et elle la suivit du regard, tendant machinalement la main vers le museau de la bestiole à côté d'elle comme pour la laisser la renifler. Molly se mit à fredonner, un chant joyeux qui emplit son coeur d'allégresse. Instinctivement, l'adolescente se mit à battre du pied, accompagnant le rythme imposé par la Barde, tout en l'observant évoluer dans la pièce. Le sourire qui s'était quelque peu affadi sur les lèvres de l'apprentie reparut, radieux. Et quand la musique cessa, laissant à nouveau place au silence, les yeux de la jeune fille brillaient d'admiration.

… Tu ne dois jamais oublier ce qui te fait vibrer. Tant que c’est toi qui choisis ta cage, c’est toi qui en as la clef. Tu peux donc l’ouvrir à ta guise. Tu dois toujours avoir un endroit, un lieu, un ancrage qui te permette de t’exprimer.  Sans ça nous dépérissons, nous disparaissons. Nous avons des règles au Collegium, tu les connais. Tu entendras sûrement que je les ai déjà enfreints, ça c'est pour la version courte, et que j'ai été bannie. Je suis revenue, et j’ai appris à suivre les règles, mais n’oublie jamais ce que tu es au risque de perdre cette petite étincelle qui te rend spéciale. Ne deviens pas banale. Rien n’est pire qu’une barde « banale », sans saveur, sans émotions.

Une fois de plus, elle buvait les paroles de son aînée, et savoir qu'elle avait été bannie l'inquiéta quelque peu. Non pas qu'elle eût peur d'elle, simplement qu'elle se demandait si elle allait pouvoir rester, encore, ou si elle devrait partir à nouveau. Elle appréciait la conversation qu'elle avait avec elle, et ce côté sauvage, indomptable, qu'elle venait de lui présenter. Elle aimait l'entendre dire qu'elle devait garder ces moments de liberté, sous peine de s'éteindre, elle se sentait comprise. Alors elle n'avait aucune envie de voir la rousse disparaître dans la nature.

Le furet s'approcha et revint la renifler avant de se blottir sur ses genoux, ce qui la fit sourire.

- J’ai l’impression que la bestiole t’aime bien.
- Je l'aime bien aussi.

Doucement, délicatement, elle caressa la fourrure de l'animal tandis que son aînée revenait s'asseoir.

- Ca peut être déroutant à ton âge toutes ces émotions. Je peux répondre à toutes les questions que tu te poses. Sans aucun filtre, ni mensonge. Absolument toutes.
- Je ne sais pas si j'ai vraiment d'autre question... J'ai juste cette impression que tout ce que je garde enfermé risque d'exploser si je ne laisse pas un filtrer par moments... Pour le reste... Je suis juste heureuse d'être ici. Est-ce que vous allez rester ?

C'était la question qui la taraudait le plus, comme elle se rendait bien compte qu'elle appréciait le contact de la femme en rouge à ses côtés et n'avait guère envie de la voir disparaître de son entourage : est-ce qu'elle n'allait pas disparaître de sa vie, elle aussi ? Sa peur de l'abandon refaisait surface, et elle hésitait à se laisser aller à la sympathie qu'elle commençait à ressentir, de peur de voir Molly disparaître elle aussi. Après tout, ses propres parents l'avaient abandonnée, et même si c'était pour son bien, la blessure restait là...
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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #10 le: 27 mars 2020, 18:40:54 »
- Tu auras parfois cette désagréable sensation oui, mais crois-moi, le jeu en vaut la chandelle.

Elle aimait bien Tallulah. Elle était naïve, comme on l’est à cet âge. Comme elle l’avait été par le passé. Quant à la seule question qu’elle lui posa, Molly leva un sourcil circonspect.

– Rester ?

Elle prit un peu de temps avant de répondre. Pas qu’elle n’avait aucun doute sur le fait qu’elle resterait ici mais… A quel prix ?

- Je n’ai pas prévu de partir. Et puis après avoir trouvé un talent comme le tien bien entendu que je compte rester. Il faut bien quelqu’un pour surveiller ton énergie débordante

Oui Molly l’aimait bien. Par le passé, elle avait été en désaccord avec le Collégium, sur comment utiliser ses dons, et sur la limite à ne pas dépasser. Elle s’était sentie brimée, et elle en avait payé le prix fort. Alors voir un don aussi pur, aussi innocent, il ne pouvait pas la laisser livré seule aux crocs de Haven.

- Tu sais quand je suis parti la première fois c’est parce que j’étais comme toi, et que cela m’a joué des tours. Pas tant que j’ai désobéi, même s’il m’est arrivé de le faire, mais plutôt parce que j’ai été frappé par la dureté que les autres peuvent avoir avec nous. Et je détesterai qu’il t’arrive quoique ce soit.

Et c’était vrai. Quelque part Molly aimerait préserver la naïveté de la jeune femme, sa danse était l’expression du sentiment le plus pure, le plus intense, et elle détesterait qu’elle le perde, comme elle-même l’avait perdu par le passé. Il lui avait fallu plusieurs années seule, dans sa tour, avec Kis’trach comme seul témoin, pour retrouver cette sensation de légèreté.

- C’est décidé, à partir de maintenant, quoique il arrive, quoique il T’ARRIVE, tu pourras toujours venir m’en parler. De tout. Aucune limite, aucune question, aucun jugement.

Et à ces mots, elle adressa son plus beau sourire à Tal

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #11 le: 28 mars 2020, 18:33:48 »
- Tu auras parfois cette désagréable sensation oui, mais crois-moi, le jeu en vaut la chandelle.

La brunette laissa échapper un soupir. Oui, c'est bien ce que le Collegium lui apprenait, qu'il fallait garder le contrôle, en tout temps. C'était bien ce qui la terrorisait. De perdre le contrôle et d'être privée de son Don, autant que de devoir passer sa vie prisonnière. Alors que la femme rousse lui parle avec un naturel aussi déconcertant sans lui asséner les mêmes leçons que ses professeurs et leur éternelle rengaine, ça lui faisait du bien. Aussi s'inquiéta-t-elle de pouvoir la revoir encore, à l'avenir. Et peut-être trouver une oreille plus compréhensive que les autres.

– Rester ? Je n’ai pas prévu de partir. Et puis après avoir trouvé un talent comme le tien bien entendu que je compte rester. Il faut bien quelqu’un pour surveiller ton énergie débordante !

Un sourire sincère étira les lèvres de l'apprentie à cette confirmation. Pour un peu, elle lui aurait sauté dans les bras, mais elle se retenait par souci de convenances... et parce qu'elles ne se connaissaient que depuis quelques minutes et elle ignorait donc comment ce geste peut-être trop affectueux aurait pu être pris. Quelques années auparavant, elle ne se serait peut-être pas refrénée, cela dit, et parfois, elle regrettait son insouciance de l'époque.

- Tu sais quand je suis parti la première fois c’est parce que j’étais comme toi, et que cela m’a joué des tours. Pas tant que j’ai désobéi, même s’il m’est arrivé de le faire, mais plutôt parce que j’ai été frappé par la dureté que les autres peuvent avoir avec nous. Et je détesterai qu’il t’arrive quoique ce soit.

Les mots de son aînée la terrifiaient, se rapprochant de ce qu'on leur inculquait ici. Et si sa danse de tout à l'heure lui attirait des ennuis ? Et si on lui interdisait à l'avenir ce genre de petite entorse au règlement sur le contrôle de son Don ?

- C’est décidé, à partir de maintenant, quoique il arrive, quoique il T’ARRIVE, tu pourras toujours venir m’en parler. De tout. Aucune limite, aucune question, aucun jugement.
- Et bien...

L'adolescente fronça les sourcils.

- Vous avez dit tout à l'heure que mon Don se faisait sentir jusque dans les couloirs...

Elle cherchait visiblement comment tourner ses phrases, et la pointe d'angoisse qui étreignait son coeur gelait quelque peu sa maîtrise du valdemaran. Son accent ressortait davantage encore, s'il eût pu être plus prononcé, et elle semblait chercher ses mots.

- Est-ce que ça peut poser problème ? Si un des professeurs était passé à votre place... Est-ce qu'ils peuvent me réprimander pour ça ?

Elle avait peur autant des remontrances que de ne plus pouvoir se laisser aller par moment à ce genre de "soupape de sécurité".
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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #12 le: 29 mars 2020, 08:34:29 »
Risquait-elle quelque chose ? Question intéressante. Finalement tout dépendait beaucoup sur qui elle tombait. Certains lui ferait des remontrances, certains lui donnerait un cours « magistrale » sur le comment se retenir. Tout dépendait beaucoup de quel barde lui tomberait dessus. Mais ce n’était pas tant d’eux qu’elle devait se méfier.

- Tu aurais eu droit à un cours magistrale sur comment se retenir et se contrôler. Peut être une remontrance ou deux. Mais rien de définitif.

 Molly ne comprenait pas toujours les règles des bardes, et elle avait souvent été en désaccord avec eux. Cependant elle savait qu’ils avaient à cœur de prendre soin des leurs. Même si elle n’en était pas le meilleur exemple, mais le passé est le passé.

- Tu sais. Tu apprendras très vite que ce n’est pas le collégium des bardes, ni les professeur ton problème. C’est plutôt comment les autres te voient. Tu dois surtout faire attention avec les gens qui n’ont pas de don. Ce sont eux les plus à même de te faire du mal, car on craint forcément ce qu’on ne possède pas.

Et quand elle parlait de posséder, elle parlait autant du don, que d’elle. Les bardes avaient été intransigeants avec elle, mais le problème ne venait pas d’eux, il était plus insidieux, il venait d’un noble, d’un amoureux éconduit, et des rumeurs qu’il avait fait courir sur une femme avec un don qui lui faisait peur.

- Quand tu seras une barde accomplie, tu auras l'occasion de naviguer dans énormément de milieux différents. Se sera grisant, mais c'est aussi là que tu affronteras les plus grand de tes défis, et que tu courras le plus de risque.

Aurait-elle du lui mentir ? Non... Molly modifiait souvent la vérité, elle l'arrangeait un peu, mais elle ne mentait pas, certainement pas aux jeunes. Et il valait mieux qu'elle apprenne tout ça de sa bouche, plutôt que sur le tas.

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Re : Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #13 le: 05 avril 2020, 14:34:03 »
L'adolescente craignait qu'on la rejette, et qu'elle doive délaisser les habits d'apprentis qu'elle affectionnait tant. Elle pouvait encaisser des remontrances - ses maladresses lui en valaient déjà parfois certaines - mais elle n'aurait pas aimé devoir partir, et perdre ce Don qui lui avait octroyé une place dans une nouvelle famille. Alors elle avait posé la question à son aînée, inquiète.

- Tu aurais eu droit à un cours magistrale sur comment se retenir et se contrôler. Peut être une remontrance ou deux. Mais rien de définitif.

Un soupir de soulagement lui échappa. Au moins ne devrait-elle pas s'en aller, et ça la rassurait grandement. La suite du discours de Molly, un peu moins.

- Tu sais. Tu apprendras très vite que ce n’est pas le collégium des bardes, ni les professeur ton problème. C’est plutôt comment les autres te voient. Tu dois surtout faire attention avec les gens qui n’ont pas de don. Ce sont eux les plus à même de te faire du mal, car on craint forcément ce qu’on ne possède pas.

La brune hocha la tête. Elle se souvenait parfaitement des regards lourds des gens de son peuple, quand bien même ne comprenait-elle pas alors tout ce que ça pouvait impliquer. Sans doute sans trop le comprendre savaient-ils déjà qu'elle était différente, non seulement par ses rêveries, mais aussi par ces Dons qu'elle possédait et dont elle ignorait encore tout à l'époque. Sans doute la redoutaient-ils eux aussi, autant qu'ils ne la comprenaient pas. Sans doute, alors, ses parents avaient-ils fait le bon choix en la menant jusqu'ici, et en l'y laissant au soin de ceux qui sauraient gérer le Don des Bardes et le Talent qu'elle possédait. Elle n'imaginait pas encore les implications plus physiques du discours de son aînée, peu versée sur les choses charnelles bien que les hormones eussent dû jouer leur rôle. Elle était bien trop rêveuse encore pour ces choses-là, malgré son âge.

- Quand tu seras une barde accomplie, tu auras l'occasion de naviguer dans énormément de milieux différents. Ce sera grisant, mais c'est aussi là que tu affronteras les plus grands de tes défis, et que tu courras le plus de risque.

La frayeur s'immisça dans le coeur de l'adolescente. Elle ne savait pas bien ce à quoi elle devait s'attendre, mais craignait le regard des autres et les écueils. Elle craignait, aussi, de ne pas être à la hauteur et d'échouer, de ne pas parvenir à se sortir de situations délicates et d'entraîner d'autres dans sa chute.

- Mais comment savoir si je serai prête à les affronter, ces défis et ces risques ? Je suis parfois tellement... gauche...

Elle avait muri, certes, mais il lui arrivait encore de perdre sa concentration et de se mêler les pieds dans un tapis. C'était fatiguant, de faire toujours attention à tout, et elle ne savait pas si elle serait capable de le faire éternellement. Alors elle avait peur, oui, d'échouer et de commettre de graves impairs qui lui coûteraient son Don, tout autant qu'elle craignait ces risques dont la rousse parlait.
« Modifié: 05 avril 2020, 20:33:35 par Tallulah »
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Re : [Tallulah/Molly] Comme une ritournelle
« Réponse #14 le: 08 avril 2020, 07:42:54 »
 La question de la jeune femme était légitime. Après tout, c’était une question que toute personne investit de responsabilité se posait un jour. Héraut, barde, garde. Est-ce que je serais prêt ?
- Non.

Elle éclata de rire un instant, avant de reprendre un sourire aux lèvres en regardant la jeune barde.

- Désolé, je ne me moque pas de toi mais comment t’expliquer. Nous ne sommes jamais prêtes. C’est d’ailleurs ça qui fait de nous de bon barde. Une personne avec des dons qui dit être « prêt », tout avoir sous contrôle, commet forcément une erreur.

Et elle en avait croisé des comme ça dans sa vie.

- C’est le doute qui fera de toi une bonne barde, une barde consciente de tes pouvoirs, de ce qu’ils peuvent provoquer et des risques que cela peut engendrer.

Le regard de Molly se perdit un instant dans le vague. Après tout, elle avait elle-même crut pouvoir tout contrôler, sans douter un instant, et c’est ce qui avait provoqué son éviction.

- Mais que cela ne t’empêche pas de profiter ! Tu es magnifique quand tu danses, que tu t’exprimes, il y a quelque chose en toi qui résonne. C’est beau. Et même si tu dois être consciente de tes dons, consciente de tes capacités, tu ne dois en aucun cas perdre tout ça

Ce serait dommage. Elle avait du talent, et une fois bien taillée, elle pourrait devenir un des plus beaux joyaux du royaume.